Agnès Dumont est licenciée en philologie romane, elle enseigne la littérature à de futures bibliothécaires. C'est une romaniste passionnée. Elle a participé à de nombreux ateliers d'écriture.
Elle aime sa ville : Liège. Son art de prédilection est la nouvelle.
Elle a au départ participé à divers concours et remporté de nombreux prix.
Il y a eu une belle rencontre avec Quadrature à Louvain-La-Neuve, c'est LA maison d'éditions incontournable du genre nouvelle.
Elle y publie en 2008 un premier recueil : "Demain, je franchis la frontière"
Ce premier recueil a un thème récurrent : le franchissement d'un cap et des limites à dépasser. Ce thème est souvent abordé au féminin.
Une montagne de prix dont Le grand prix du polar 1997 de la RTBF pour "Une bonne mère
Mon avis sur ce premier recueil se trouvera ici
Le second : "J'ai fait mieux depuis " est paru en 2011 et a reçu le Prix Georges GARNIR
Le thème abordé est la quête de reconnaissance de personnes mal aimées.
En 2013, toujours chez Quadrature est sorti "Mola Mola"
mon avis se trouve ici
Le fil rouge ici est de confronter la réalité de nos protagonistes à une vedette, un héros sportif, littéraire, de série ou de cinéma. Une personnalité connue passe à chaque fois dans la vie de nos acteurs des nouvelles.
Et enfin, fin 2014, Agnès Dumont passionnée de polar, se lance dans un autre genre puisque à la demande de Luc Pire dans la série Roman de Gare, Kill an read, paraît "Le gardien d'Ansembourg" Mon avis est ici
Un court roman très réussi se passant à Liège.
Agnès Dumont cultive notre imaginaire; En partant de l'instantanéité du quotidien, elle nous emmène là où l'on ne penserait pas aller. Une caractéristique commune l'humanité de ses divers personnages et une grande psychologie.
J'ai eu la chance de la rencontrer lors du festival Nuits d'encre, un tout grand merci à elle pour sa spontanéité et sa gentillesse. Voici le résultat de notre rencontre.
Agnès Dumont, d'où vous vient ce goût pour l'écriture ? Et en particulier celui des nouvelles ?
AD : J'ai toujours été attirée par l'écriture, il est vrai que ma formation de romaniste et la participation à des ateliers d'écriture m'ont donné l'envie d'écrire. La forme brève des ateliers d'écriture amènent naturellement à la nouvelle. La nouvelle est un genre exigeant . L'envie d'être lue et d'avoir un retour m'a aussi dirigée vers les concours.
De nombreux prix, ce n'est pas un hasard, cela salue un talent certain. Mais au départ, y avait-il aussi le goût des concours ? Dans l'affirmative, pourquoi ? L'envie d'une mise en danger, un booster ?
AD Les concours, c’est avant tout un bon moyen d’être lue par un public « averti » qui sort du cercle des amis et des gens que l’on connaît ; par ailleurs, on se confronte à un thème imposé ou un nombre de signes prévus etc. bref des contraintes qui paradoxalement peuvent stimuler la créativité. Enfin, les concours donnent accès à des publications dans des recueils collectifs ou en magazines, des enregistrements radio parfois, bref on entre peu à peu dans le monde de la diffusion. On peut décider d’écrire sans avoir envie d’être lu mais ce n’était pas mon cas…
Avec Quadrature votre éditeur, c'est plus qu'un éditeur ? C'est une belle histoire ? C'est aussi de belles rencontres, de l'amitié, de la complicité? Car 3 publications dans une maison qui publie peu c'est un exploit ?
AD Avec Quadrature, c’est plus qu’une simple relation éditeur/auteur en effet, cette ASBL était constituée d’une équipe de huit personnes (sept maintenant car Catherine, membre très actif, vient de décéder) liées entre elles par une solide amitié et ce lien s’étend peu à peu aux auteurs qui eux-mêmes se lient entre eux… une grande famille où je me sens bien. Et qui m’a fait confiance.
Comment cela se passe-t-il avec votre éditeur? Y a t-il un cadre fixé ? Une totale liberté ?
AD Pour chaque publication, l’auteur est « suivi » par deux parrains de l’équipe qui aident à la relecture du manuscrit, suggèrent, portent un regard critique sur le texte, sa construction d’ensemble aussi bien que de petits détails ; ce regard est toujours bienveillant et mène à l’aboutissement final. Les discussions entre les partenaires sont très constructives et au final bien sûr, si on n’est pas d’accord, c’est l’auteur qui tranche sauf concernant la longueur totale d’un recueil car là interviennent des notions de coût qu’un auteur ne maîtrise pas toujours.
AD Pour le premier recueil, ce fut le fruit d’une sorte de hasard : j’avais écrit un certain nombre de textes qui avaient reçu des récompenses et je me suis aperçue à postériori qu’ils tournaient tous autour de cette idée de frontière franchie ou à franchir, symboliquement bien sûr. Par la suite, mon travail a été plus réfléchi même s’il m’arrive souvent d’être surprise moi-même par des liens secondaires entre mes textes, liens auxquels je n’avais pas pensé de prime abord. Comme l’âge des protagonistes dans Mola Mola : ils sont pour la plupart assez vieux…
AD Je suis très éclectique, mais je préfère parler de mes goûts plutôt que de mes influences car ce serait bien prétentieux de me comparer aux auteurs que j’aime même s’ils doivent forcément m’influencer d’une manière ou d’une autre. Alors dans les classiques, Proust avant tout. Des anglophones : Henry Miller, Ph. Roth, D. Lodge, William Boyd… j’en oublie plein. Une Cubaine aussi, Zoé Valdés. Les Français : JP Dubois ou Ph Djian... Chez les Belges, j’adore notamment Xavier Hanotte.
AD Une passion. Les nordiques notamment, Indridasson, Mankell… mais aussi Simenon ☺
La ville de liège est le centre de la majorité de vos récits, à de rares exceptions, pourriez-vous situer l'action ailleurs ?
AD Oui, Cela m’est d’ailleurs parfois arrivé, simplement il faut que le lieu me parle, et surtout que je le connaisse suffisamment pour le faire vivre comme un personnage, avec noms (j’aime les sonorités des toponymes, même en langue étrangère, pour la musicalité), caractéristiques etc.
Quelle est la part entre réalité et fiction ?
AD La réalité tient dans les émotions ressenties, qui ont dû être éprouvées pour que je puisse en parler… la fiction sera dans le récit qui a provoqué ces émotions, enfin le plus souvent mais chaque cas est unique.
Vos personnages ont des failles, la psychologie de ceux-ci me semble être le dénominateur commun, cela me semble être le point central avant l'intrigue.
AD Vous avez raison, j’aime les anti-héros un peu loosers, sans cape ni caleçon rouge. Et quand un personnage existe vraiment dans ma tête, il devient le décideur de la suite de l’histoire, sa psychologie m’empêche de lui faire faire n’importe quoi, parfois j’essaie des choses et puis je dois faire marche arrière parce que ça ne colle pas avec son caractère.
AD Quotidien quand c’est possible, ce qui n’est pas toujours le cas. Mais même si je n’écris pas vraiment un jour ou deux, mon histoire, mes personnages continuent de m’habiter et j’écris dans ma tête, en conduisant ou en faisant la vaisselle. Et je prends des notes dans des petits carnets en attendant.
AD J’en ai été la première surprise et pourtant je ne crois pas trop au hasard : le sujet devait me travailler sans que j’en aie conscience ; je crois que j’envisage le troisième ou même le quatrième âge comme le dernier espace de liberté possible pour tous ceux qui ont été sérieux et responsables et tout et tout durant toute leur vie : enfin le pas de côté, la liberté, la transgression, la folie joyeuse et assumée, pourquoi pas ?
J'ai adoré la description des personnages, l'esthéticienne dans Angela et la remise de diplôme, toujours beaucoup d'humanité dans les personnages
Encore merci à Agnès Dumont de m'avoir consacré de son temps pour cet entretien, merci également à Marie Lequeux qui est l'instigatrice de cette belle rencontre.
2 commentaires:
Merci d'avoir partagé cette intéressante interview, qui donne un bon aperçu de l'oeuvre d'Agnès Dumont.
Tout le plaisir était pour moi
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