Mathieu Ménegaux
Grasset
Parution : le 02 mai 2018
Pages : 234
ISBN : 978-2-246-81743-7
Prix : 18 €
Présentation de l'éditeur
Une journée particulière. Gustavo, père de famille, directeur financier, doit effectuer une présentation importante devant l’état-major de sa multinationale. Des mois de préparation, un tournant pour sa carrière.
Au lieu de l’heure de gloire espérée, la police faire irruption à son domicile, à l’aube. Perquisition, accusation d’homicide volontaire, indices concordants, Gustavo va être placé en garde à vue et traité sans ménagement. Heures sombres, qui vont déstabiliser un cadre supérieur sans histoires et le conduire à redouter le pire pour son avenir.
Son épouse Sophie va mobiliser son réseau et son énergie pour démontrer l’innocence de son mari et préserver leurs deux garçons des conséquences dévastatrices de cette mise en cause.
Mais comment rétablir la balance de la justice dans un univers gouverné par l’émotion et la recherche immédiate d’un coupable ?
Avec un style direct et tendu, Mathieu Menegaux nous livre un roman haletant, une plongée en apnée dans le monde de l’injustice.
L'auteur
Mathieu Menegaux est né en 1967. Il est l’auteur Je me suis tue (Grasset, 2015, Points 2017), primé aux Journées du Livre de Sablet, et de Un fils parfait (Grasset, 2017, Points 2018), prix Claude Chabrol du roman noir, en cours d’adaptation pour la télévision.
Olivia de Lamberterie nous en parle (extrait de Télé Matin)
Mon avis
J'ai découvert le premier roman de Mathieu Menegaux le 1er avril de cette année sur les conseils de ma libraire que je remercie encore vivement. Sous le charme de cette plume, il me semblait donc évident de découvrir ce tout dernier roman..
Une claque ! Comme à chaque fois Mathieu Menegaux a le don de retourner les situations, de faire en sorte que tout bascule dans une vie pourtant bien rangée.
Bertrand et sa fille Claire vont comme chaque semaine faire les courses avant d'aller fleurir la tombe de Nathalie, l'épouse, la mère partie trop tôt.
Pressé par le temps, Bertrand laisse sa fille sans surveillance, une seconde seulement, le temps de finir de payer. Sur le parking du centre commercial Claire a disparu, un homme essaye de l'enlever. Bertrand entendant le cri de sa fille, accourt, Claire s'échappe mais Bertrand continue à poursuivre la voiture de l'inconnu, une Mégane blanche qui braque et lui fonce dessus. Bertrand meurt devant les yeux de sa fille.
Trois ans plus tard, le 22 mars 2016, Gustavo Santini, argentin d'origine est réveillé en sursaut. C'est une journée très importante pour lui - il est directeur financier dans une société pharmaceutique - c'est aujourd'hui qu'il présentera le projet sur lequel il travaille ardemment depuis des mois, un projet d'acquisition important qui devrait même être le plus beau jour de sa carrière.
Oui mais, on frappe à sa porte. Des flics par dizaine débarquent chez lui avec un mandat de perquisition. Tout bascule, ils vont mettre la maison sans dessus-dessous sans grande communication, un vrai champ de bataille. Sa femme et les enfants sont questionnés. Ils sont heureux de trouver une Mégane blanche, une vieille veste en jeans.. Gustavo est emmené en garde à vue au DRPJ pour tentative d'enlèvement de mineur et homicide volontaire.
Gustavo est perdu, ok il a une Mégane blanche et une veste en jeans ... et alors, comment se souvenir ce qu'il faisait trois ans plus tôt !
Un roman qui nous parle une fois encore de la "justice", point commun avec les précédents romans.
Il nous parle plus exactement de la manière dont la justice fonctionne ou dysfonctionne...
Pas de gants, pas d'écoute et d'empathie, juste du traumatisme et de l'humiliation au rendez-vous. Un manque complet d'humanité.
Sans vouloir en dire trop, l'auteur s'interroge également sur le rôle des médias et réseaux sociaux qui peuvent manipuler l'opinion publique, l'orienter, créer des croyances.
Ce que j'aime chez Mathieu Menegaux c'est que le coeur de ces romans pose toujours questionnement sur des faits de société; le fonctionnement de la justice, la nature humaine. La psychologie des personnages est superbement bien rendue. Nous sommes à la lecture dans la tête des protagonistes, ressentant tout à tout inquiétude, espoir, doute et empathie.
La tension monte progressivement, l'écriture est directe, claire, limpide et addictive. Lecture faite en apnée, impossible de poser le livre sans l'avoir terminé. Une belle analyse de notre société.
Gros coup de coeur pour moi.
Si vous ne connaissez pas cette plume, n'attendez plus, vous ne serez pas déçu.
Les jolies phrases
Ce n'est plus une intrusion. C'est un viol. Toute sa vie est là, étalée devant lui, par terre, dans un capharnaüm indescriptible...
Si tout point vers lui, à la fin, c'est que c'est lui.
La télévision et les réseaux sociaux vont réussir là où ils ont échoué ; faire condamner un innocent.
Son avenir n'est plus qu'une suite d'orages jusqu'à ce que le ciel finisse par lui tomber violemment sur la tête.
Il s'y était engagé, contre toutes les consignes, contre les usages, contre les années de son expérience accumulée, contre toute forme de bon sens. Comme si un chirurgien promettait avant l'opération d'une tumeur au cerveau qu'il allait sauver la vie de son patient ! Jamais. On promet qu'on va faire de son mieux, donner le meilleur de soi-même, mobiliser l'équipe idéale, attribuer des moyens, remuer ciel et terre, mais s'engager ainsi sur un résultat devant une victime traumatisée ?
D'expérience, il préférera toujours être trop suspicieux que bienveillant ou coulant. Relâcher un coupable est bien pire pour lui que garder un peu trop longtemps un innocent, qui s'en remettra avec le temps et des excuses.
"Tout le monde ment", c'est son quotidien de flic. Tout le monde ment, sur tout, tout le temps. Coupables, innocents, tous ont quelque chose à dissimuler, une vérité à travestir pour les convenances, pour la famille, pour la société. C'est aussi ce qui rend son métier fascinant. L'imagination humaine est sans limites et ces moments sont ceux qu'il affectionne le plus. Démêler le faux du vrai, mettre en lumière les contradictions, faire surgir la vérité touche par touche, par la force du raisonnement, la puissance des faits et quelques ficelles de praticien chevronné.
Ça doit ressembler à ça la guerre. Un escadron qui débarque chez vous, qui occupe les lieux et installe dans votre maison un poste de commandement, qui vous dépossède et vous asservit en moins de temps qu'il faut pour le dire.
A-t-il dû avouer, lui aussi, des crimes qu'il n'aurait pas commis pour protéger sa famille et son existence ?
...les héros ne sont plus ceux qui agissent, mais bien ceux qui peuvent revendiquer le statut de victime, victime de l'injustice, victime du système, victime des circonstances.
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Mon avis
J'ai découvert le premier roman de Mathieu Menegaux le 1er avril de cette année sur les conseils de ma libraire que je remercie encore vivement. Sous le charme de cette plume, il me semblait donc évident de découvrir ce tout dernier roman..
Une claque ! Comme à chaque fois Mathieu Menegaux a le don de retourner les situations, de faire en sorte que tout bascule dans une vie pourtant bien rangée.
Bertrand et sa fille Claire vont comme chaque semaine faire les courses avant d'aller fleurir la tombe de Nathalie, l'épouse, la mère partie trop tôt.
Pressé par le temps, Bertrand laisse sa fille sans surveillance, une seconde seulement, le temps de finir de payer. Sur le parking du centre commercial Claire a disparu, un homme essaye de l'enlever. Bertrand entendant le cri de sa fille, accourt, Claire s'échappe mais Bertrand continue à poursuivre la voiture de l'inconnu, une Mégane blanche qui braque et lui fonce dessus. Bertrand meurt devant les yeux de sa fille.
Trois ans plus tard, le 22 mars 2016, Gustavo Santini, argentin d'origine est réveillé en sursaut. C'est une journée très importante pour lui - il est directeur financier dans une société pharmaceutique - c'est aujourd'hui qu'il présentera le projet sur lequel il travaille ardemment depuis des mois, un projet d'acquisition important qui devrait même être le plus beau jour de sa carrière.
Oui mais, on frappe à sa porte. Des flics par dizaine débarquent chez lui avec un mandat de perquisition. Tout bascule, ils vont mettre la maison sans dessus-dessous sans grande communication, un vrai champ de bataille. Sa femme et les enfants sont questionnés. Ils sont heureux de trouver une Mégane blanche, une vieille veste en jeans.. Gustavo est emmené en garde à vue au DRPJ pour tentative d'enlèvement de mineur et homicide volontaire.
Gustavo est perdu, ok il a une Mégane blanche et une veste en jeans ... et alors, comment se souvenir ce qu'il faisait trois ans plus tôt !
Un roman qui nous parle une fois encore de la "justice", point commun avec les précédents romans.
Il nous parle plus exactement de la manière dont la justice fonctionne ou dysfonctionne...
Pas de gants, pas d'écoute et d'empathie, juste du traumatisme et de l'humiliation au rendez-vous. Un manque complet d'humanité.
Sans vouloir en dire trop, l'auteur s'interroge également sur le rôle des médias et réseaux sociaux qui peuvent manipuler l'opinion publique, l'orienter, créer des croyances.
Ce que j'aime chez Mathieu Menegaux c'est que le coeur de ces romans pose toujours questionnement sur des faits de société; le fonctionnement de la justice, la nature humaine. La psychologie des personnages est superbement bien rendue. Nous sommes à la lecture dans la tête des protagonistes, ressentant tout à tout inquiétude, espoir, doute et empathie.
La tension monte progressivement, l'écriture est directe, claire, limpide et addictive. Lecture faite en apnée, impossible de poser le livre sans l'avoir terminé. Une belle analyse de notre société.
Gros coup de coeur pour moi.
Si vous ne connaissez pas cette plume, n'attendez plus, vous ne serez pas déçu.
Les jolies phrases
Ce n'est plus une intrusion. C'est un viol. Toute sa vie est là, étalée devant lui, par terre, dans un capharnaüm indescriptible...
Si tout point vers lui, à la fin, c'est que c'est lui.
La télévision et les réseaux sociaux vont réussir là où ils ont échoué ; faire condamner un innocent.
Son avenir n'est plus qu'une suite d'orages jusqu'à ce que le ciel finisse par lui tomber violemment sur la tête.
Il s'y était engagé, contre toutes les consignes, contre les usages, contre les années de son expérience accumulée, contre toute forme de bon sens. Comme si un chirurgien promettait avant l'opération d'une tumeur au cerveau qu'il allait sauver la vie de son patient ! Jamais. On promet qu'on va faire de son mieux, donner le meilleur de soi-même, mobiliser l'équipe idéale, attribuer des moyens, remuer ciel et terre, mais s'engager ainsi sur un résultat devant une victime traumatisée ?
D'expérience, il préférera toujours être trop suspicieux que bienveillant ou coulant. Relâcher un coupable est bien pire pour lui que garder un peu trop longtemps un innocent, qui s'en remettra avec le temps et des excuses.
"Tout le monde ment", c'est son quotidien de flic. Tout le monde ment, sur tout, tout le temps. Coupables, innocents, tous ont quelque chose à dissimuler, une vérité à travestir pour les convenances, pour la famille, pour la société. C'est aussi ce qui rend son métier fascinant. L'imagination humaine est sans limites et ces moments sont ceux qu'il affectionne le plus. Démêler le faux du vrai, mettre en lumière les contradictions, faire surgir la vérité touche par touche, par la force du raisonnement, la puissance des faits et quelques ficelles de praticien chevronné.
Ça doit ressembler à ça la guerre. Un escadron qui débarque chez vous, qui occupe les lieux et installe dans votre maison un poste de commandement, qui vous dépossède et vous asservit en moins de temps qu'il faut pour le dire.
A-t-il dû avouer, lui aussi, des crimes qu'il n'aurait pas commis pour protéger sa famille et son existence ?
...les héros ne sont plus ceux qui agissent, mais bien ceux qui peuvent revendiquer le statut de victime, victime de l'injustice, victime du système, victime des circonstances.
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