Traduction Martine Aubert
Genre littérature américaine
Collection Littérature étrangère/Rivages
Editions Payot
Date de parution 21/08/2013
Prix 24.50 euros
559 pages
RESUME
Dans les Appalaches, au coeur de la forêt, Dellarobia Turnbow aperçoit une lumière aveuglante. La vallée semble en feu. Mais ces reflets rougeoyants n'ont rien à voir avec des flammes. Ce sont les ailes de centaines de papillons qui recouvrent le feuillage des arbres.
Cette étrange apparition devient un enjeu collectif : la communauté religieuse de la ville croit reconnaître un signe de Dieu et certains scientifiques invoquent une anomalie climatique. Toute l'Amérique se met à observer ce coin isolé, ancré dans les traditions rurales : Dellarobia comprend que de simples papilons vont bouleverser sa vie, et peut-être l'ordre du monde.
Roman militant, dénonçant l'opportunisme politique et médiatique, Dans la Lumière révèle les angoisses de notre époque : ce besoin éperdu de croissance, de progrès, sera-t-il notre faiblesse ? Quel avenir attend les générations futures ?
L'AUTEUR
Barbara Kingsolver née le 08 avril 1955 à Annapolis, dans le Maryland est une écrivaine américaine. Journaliste, poéte et romancière, elle a écrit une dizaine de livres, dont L'arbre aux haricots, Un été prodigue ou Un autre monde, tous parus aux Editions Rivages. Connue pour son engagement écologiste, elle tient une place à part dans la littérature américaine. En 2010, elle a obtenu le prestigieux Orange Prize pour Un autre monde.
MON AVIS
Un grand merci à Oliver de Price
Minister Rakuten pour cette
découverte. J’ai effectué cette lecture
dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire, grâce à qui, pour ceux qui
me suivent depuis le début j’ai l’an dernier créé mon blog.
Le quatrième de couverture me
faisait vraiment envie . Mon bilan est mitigé.
Je ne sais pas si c’est la littérature américaine en général qui fait
que j’ai du mal à m’accrocher mais cette lecture était vraiment difficile par
moment, l’ennui l’ayant accompagné presque durant les 555 pages. Non l’ennui m’a quitté dans les 70 dernières
pages, dans lesquelles j’ai vraiment été émue.
Trop de descriptions, trop de longueurs à mon goût, certains personnages
et dialogues n’apportant rien à l’histoire, elle aurait pu être allégée de 150
pages sans problème.
Mais tout de même beaucoup
d’autres choses positives et intéressantes, amenant beaucoup de pistes de
réflexion et de débat.
Nous sommes dans l’Amérique
profonde, dans les Appalaches et nous allons partager une tranche de vie, celle
de Dellarobia l’héroïne du roman.
Dellarobia Turnbown, mariée trop
tôt, à l’âge de 17 ans est mère de 2 enfants : Preston (enfant très vif,
curieux, éveillé à la nature et précocement mature) et la petite Cordelia. Elle
est mariée à Cub -mari un peu lourd,
benêt soumis à 100% à ses parents – depuis 10 ans.
Elle avait des rêves, hélas abandonnés, pour cause de « polichinelle dans le tiroir », en effet elle aurait aimé avoir une autre vie, de l’instruction, étudier pour sortir de ce « trou ». Elle vit dans l’exploitation agricole familiale – qui élève des moutons – et la relation est difficile avec Esther sa belle-mère qui la domine. C’est la crise, les temps sont très difficiles.
Elle avait des rêves, hélas abandonnés, pour cause de « polichinelle dans le tiroir », en effet elle aurait aimé avoir une autre vie, de l’instruction, étudier pour sortir de ce « trou ». Elle vit dans l’exploitation agricole familiale – qui élève des moutons – et la relation est difficile avec Esther sa belle-mère qui la domine. C’est la crise, les temps sont très difficiles.
Dellarobia est prête à tout
quitter pour enfin vivre, se sentir libre.
Elle se dirige vers la forêt, dans la montagne. Un rendez-vous galant est prévu là-haut, elle est résolue et sait qu’après cela rien
ne sera plus comme avant.
Tout à coup elle a le sentiment
que la montagne prend feu. Elle assiste à un spectacle étonnant.
« Un petit interstice entre nuage et soleil modifia la lumière, et
le paysage tout entier s’intensifia, s’illuminant sous ses yeux. La forêt flamboyait de sa propre flamme
intérieure . … Le soleil se montra davantage, propageant sa chaleur sur la
terre, et la montagne explosa de splendeur.
Une lumière d’une nouvelle intensité remonta la vallée par ondes
successives, telle la surface troublée d’un lac. Chaque branche rutilait d’un
éclat orange. …. La flamme semblait
maintenant jaillir de chaque arbre en une pluie d’étincelles orange, explosant
à la manière d’une bûche dans un feu de camp quand on le tisonne. Les étincelles fusaient, tourbillonnant, se
creusant comme des nuages en entonnoir. Des
tornades de lumière sur fond de ciel gris.
En pleine journée, incrédule, elle regardait. Du sommet des entonnoirs les étincelles
s’élevaient dans les airs et faisaient route à l’aveuglette au-dessus de la
noire forêt. »
Et elle a comme une révélation, serait-ce la main de Dieu ? « Des
arbres changés en feu, n buisson ardent » . Et elle rentre chez elle, revenant à la vie
qui devait être la sienne.
Les conditions de vie sont
difficiles, l’élevage des moutons ne permet pas de joindre les deux bouts, et
son beau-père décide de mettre à nu cette montagne. Dellarobia dit à Cub qu’il faut aller voir
ses terres avant de décider, qu’il y a peut-être des choses intéressantes, des
richesses inestimées. Cub s’y rend à son tour et il voit ce magnifique
spectacle, ces millions de papillons monarques (majestueux, oranges, lumineux).
Le poids de l’église est
important dans cette communauté et le dimanche suivant à l’église Cub prend la
parole et parle de la « prédiction, de la vision » de sa femme. Est-ce un miracle ? Un signe ? Quelle est l’influence de la religion dans
l’Amérique profonde ? Le sujet est
abordé ici.
La nouvelle se répand dans la
région et tout le monde veut voir les papillons.
Les médias arrivent. Autre sujet intéressant comment rendre l’information ,un fait divers, un problème écologique, le réchauffement climatique, le point de vue scientifique. Un autre sujet intéressant dans le réel traitement de l’information.
Les médias arrivent. Autre sujet intéressant comment rendre l’information ,un fait divers, un problème écologique, le réchauffement climatique, le point de vue scientifique. Un autre sujet intéressant dans le réel traitement de l’information.
Les scientifiques arrivent pour
étudier le phénomène, et ici on ressent l’engagement profond de Barbara
Kingsolver qui vraiment maîtrise parfaitement le sujet. Les causes de la
migration des papillons, les problèmes liés à travers le monde dans les liens
de causalité avec le changement climatique.
Je me suis vraiment régalée dans ces différents passages. Notre héroïne
prenant conscience au sens de sa vie, s’engageant pleinement pour la cause.
Un passage m’a vraiment fait
sourire mais il démontre la légèreté avec laquelle nous traitons le
problème. Un militant écolo distribue des tracts avec
des conseils pour réduire les émissions de carbone sur la planète. Ces conseils sont tellement peu appropriés
par rapport à la pauvreté et la réalité du terrain de nos pauvres fermiers des
Appalaches, ils dénoncent indirectement l’inégalité de la répartition des
richesses, de l’idée que la consommation conduit au bonheur.
« Pour réduire les dommages causés à la planète par les émissions
de carbone :
1. Apportez-votre propre Tupperware avec vous
au restaurant pour récupérer les restes, aussi souvent que possible.
« -J’ai pas mangé au
restaurant depuis au moins deux ans..
2. ….Apportez votre bouteille Nalgene au lieu
d’acheter une bouteille d’eau
« -L’eau de notre puits est
bonne. On irait pas en acheter dans un
magasin.
3. Réduire la consommation de viande
rouge » alors qu’ils n’en
consomment même pas tous les jours….
Voilà pour un livre dont j'ai eu un peu plus de mal dans la lecture, je trouve qu'au final il en reste beaucoup vu la longueur de cet avis. J’ai eu l’impression pendant tout le récit de lire un combat de la vie
et de la mort. Vraiment de très belles
et nombreuses réflexions malheureusement ternies par d’interminables longueurs. Malgré tout une découverte qui ne laisse pas
indifférent.
Ma note 6.5/10
LES JOLIES PHRASES
La vie n'était que la longue attente de quelque chose qu'ils ne voyaient jamais venir.
La vie qu'elle avait récemment laissée pour morte attendait toujours attendait toujours. Rien sur cette terre n'avait changé, et pourtant rien n'était plus pareil.
Les branches ployaient sous le poids jusqu'au point de tout rompre. Le poids des papillons. La vérité de cette chose lui coupa le souffle. Un million de fois rien ne pesait rien. Son esprit était confronté à une mathématique qu'elle avait toujours pensé relever du domaine des professeurs, et être pure invention.
Nous avons tous le don de croire dans le mensonge, et d'y croire en toute bonne foi, quand nous voulons qu'il soit vrai.
Pourquoi la majeure partie de la population monarque qui passe l'hiver au Mexique depuis que Dieu l'y a lâchée comme vous dîtes, se rassemblerait tout à coup dans le Sud des Appalaches, pour la première fois de mémoire d'homme, sur les terres de la famille Turnbow.
Deux mondes qui se faisaient face, chacun se comportant comme si le sien était tout ce qui comptait. Avec une telle réticence à communiquer l'un avec l'autre. Pratiquement sans langage commun.
Ils sont beaux dit Ovid d'une voix égale. Les choses terribles ont parfois de la beauté.
Tu peux m'expliquer pourquoi les gens cultivent les illusions chez les enfants, et les soignent chez les adultes ?
Mais voyez, il n'y a pas de place pour tout le monde au sommet. Nous traversons la vie en somnambules, la plupart d'entre nous, pour accepter notre condition de défavorisés.
Je crois que les gens ont peur d'affronter les mauvaises nouvelles. C'est humain. Comme ne pas aller chez le médecin quand on découvre une grosseur. Si on a le choix entre se battre ou fuir, c'est plus facile de fuir.
Une route était faite pour rouler dessus. Les bonbons dans l'assiette étaient là pour être mangés, l'argent de la banque était dépensé. Ces gens revendiquaient tout ce qui leur tombait sous la main. N'était ce pas plus ou moins automatique ? L'être humain ne pouvait pas faire moins.
La vraie vie et ce qui se passait à l'intérieur d'un poste de télé appartenaient à des univers différents. Les gens ne pouvaient pas imaginer Qu'ils seraient transformés en singes une fois dans cette boîte.
Une tendance est intangible, mais réelle, poursuivit-il avec calme. Une photo ne peut pas prouver qu'un enfant grandit, mais plusieurs photos montrent le changement qui a eu lieu avec le temps. Alignez-les et vous pouvez prédire ce qui va se passer. On ne voit jamais tout à la fois. Il faut se concentrer un certain temps.
Un monde où l'on ne pouvait compter sur rien de ce qu'on avait placé sa confiance, n'était pas un endroit où on avait envie de vivre. Si tant est qu'il soit possible de comprendre cela, elle pensait qu'elle le comprenait.
Son bonheur ardent paraissait si complet qu'elle sentait quelque chose se fendre à l'intérieur d'elle. Comme un pot de fleur qu'on a laissé geler dehors, quelque chose d'aussi stupide que ça. Après coup, elle identifia cela comme étant de l'espoir juste au moment où le mot lui-même devenait hors d'atteinte.
Les êtres humains sont programmés pour vivre en société, dit-il. Ça ne se discute pas, nous avons évolué avec cela. Savoir lire les signaux et se maintenir à l'intérieur du groupe, voilà l'outil de survie numéro 1 pour notre espèce. Mais j'aime penser que les universitaires sont les arbitres. Que nous sommes capables de parler à tous les camps.