vendredi 26 juillet 2024

Terrasses ou Notre long baiser si longtemps retardé - Laurent Gaudé

 Terrasses  -  Laurent Gaudé  ♥






























Actes Sud
Parution : avril 2024
Pages : 144
Isbn : 9782330189143
Prix : 14.50 €

Présentation de l'éditeur

Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l’impatience de se retrouver ; des jumelles s’apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s’autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n’annonce encore l’horreur imminente.

Laurent Gaudé signe, avec “Terrasses”, un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l’humanité qui éclot au cœur d’une nuit déchirée par l’impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.

Laurent Gaudé

Portrait © Jean-Luc Bertini

Né en 1972, Laurent Gaudé a fait des études de Lettres Modernes et d’Études Théâtrales à Paris. En 1997, il publie sa première pièce, Onysos le furieux, à Théâtre Ouvert. Ce texte sera monté en 2000 au Théâtre National de Strasbourg dans une mise en scène de Yannis Kokkos. Suivront alors des années consacrées à l’écriture théâtrale et à la création de ses pièces sur les plus grandes scènes, en France (Pluie de cendres jouée au Studio de la Comédie-Française, Nous, l’Europe, banquet des peuples et La dernière nuit au monde au Festival d’Avignon, Terrasses au Théâtre de la Colline) et à l’étranger (Combat de Possédés, en Allemagne, Danse, Morob à Dublin, Le Tigre bleu de l’Euphrate à Montréal).

Son premier roman Cris, sur les atrocités de la Première Guerre mondiale, est publié en 2001. Avec La mort du roi Tsongor, il obtient, en 2002, le Prix Goncourt des Lycéens et le Prix des Libraires. En 2004, il est lauréat du Prix Goncourt pour Le soleil des Scorta, un roman qui se déroule dans les Pouilles en Italie, sa terre d’adoption.

Engagé dans son temps, les voyages sont pour lui une nécessité, l’occasion de se “frotter au monde”. Écrire est, peut-être, une façon de faire retentir le cri des disparus ou des plus démunis.
Port-au-Prince, le Kurdistan irakien, le Bangladesh ou la jungle de Calais donnent lieu à des reportages journalistiques et à des romans comme Eldorado sur le sort des migrants ou Danser les ombres sur le séisme qui a frappé Haïti en 2010.

Reconnu pour son écriture au souffle épique, son style lyrique et sa capacité à explorer des thèmes universels avec empathie et humanité, ses œuvres interrogent notre rapport à l’amour, la fidélité, le deuil, l’exil, la mémoire et la vengeance tout en laissant place à l’espoir et à la beauté de la vie.

Au fil des années, Laurent Gaudé ne cesse de se renouveler et démontre sa capacité à absorber de nouveaux genres littéraires. La poésie avec De sang et de lumière ou Nous l’Europe, banquet des peuples qui obtient le Prix du livre Européen en 2019.
Dans son roman Chien 51 ou ses pièces de théâtre La Dernière nuit du monde et Même si le monde meurt, il explore les territoires de l’anticipation et de la dystopie pour mieux donner à entendre les tourments de notre monde.

Avec Terrasses publié en 2024, il renoue avec la tragédie contemporaine dans un récit choral sur les attentats parisiens de novembre 2015.

Laurent Gaudé fait aujourd’hui partie intégrante du panorama littéraire français du XXIe.
Ses œuvres sont régulièrement prescrites dans les classes de collège et de lycée et rencontrent un grand succès auprès des enseignants.

Source : Actes sud

Mon avis

Laurent Gaudé dans ce texte magistral a réussi à mettre des mots sur l'indicible. 

Vendredi 13 novembre 2015, Paris, il fait une belle journée, on pense à la soirée qui devrait suivre, un verre en terrasse avec des amis, un concert, la fête.  La vie qui bat son plein et jamais on n'imagine ce qui va arriver, l'inimaginable.  Cette soirée d'anniversaire pour deux soeurs, l'impatience de deux amoureuses, cette mère qui s'autorise à sortir sans sa fille....  Une soirée qui très vite tourne au cauchemar, inutile de vous en dire plus cette soirée, elle est je pense gravée dans toutes nos mémoires.

C'est un texte puissant d'une extrême humanité que nous propose Laurent Gaudé.  un récit polyphonique où se croisent des passants, des victimes, des survivants, des policiers, les troupes du GIGN, des soignants, un urgentiste qui devra faire d'horribles choix, des parents, des proches.  Ce sont des destins brisés, marqués à tout jamais de façon indélébile.  

Ce qui est incroyable dans ce texte d'une beauté extrême, sans pathos, c'est qu'à la lecture on a l'impression d'être dans la tête des différents protagonistes, l'impression d'être là, de vivre avec eux cet insoutenable cauchemar.  J'ai ressenti l'horreur, l'injustice, la colère, la tristesse infinie à la lecture mais aussi de l'humanité, de la compassion.  Je n'oublierai pas Mathieu et Julie ♥

Ce récit découpé en 10 séquences est un très bel hommage à ceux qui ne sont plus, à ceux qui de près ou de loin ont vécu ce drame marqués à jamais.  L'écriture est poétique, sensible, pudique.  

Une lecture indispensable dont on ne sort pas indemne mais où l'amour et l'humanité sont signes d'espoir.



Ma note  :  ♥♥♥♥♥

Les jolies phrases

Le Hasard s'empare de nous, de tout, déchire des jeunes gens dans des flaques de sang et leur tord les traits.  Il dévie nos chemins avec une joie féroce et donne à l'horreur le nom de destin. 

Le Hasard continue à jouer avec nous.  Il invente des retardements cruels, de faux espoirs, des trajectoires de tirs improbables, des chances inespérées, des armes qui s'enrayent.  Nous retenons notre souffle.  Attendons, prions, supplions, essayons d'espérer.

Toi, oui. L’autre, pas. » A une seconde près, un centimètre près. Avoir de la chance ou pas.

Il faut quelques secondes pour saccager une vie mais des années pour la réparer.


Tous inconnus les uns des autres. Tous incapables d’imaginer que nous serons bientôt unis.

Si l'enfer existe, nous y sommes. La lenteur de leurs gestes lorsqu'ils approchent d'un corps. L'assurance de leur domination sur nous. Leur calme. Il ne reste rien face à cela — que notre peur.


Y a-t-il un bruit que le malheur aurait fait en se levant et que nous aurions dû reconnaitre ?

Je suis dans la fosse. Abasourdi par l'explosion mais soulagé. Il se passe quelque chose. A partir de là, ce n'est plus un massacre, c'est un combat. Des hommes viennent à notre aide. Les tueurs vont devoir partir, se replier. Tout bascule. Vous avez fait cela. Vos balles ont éloigné la mort comme quelqu'un qui tape sur le sol pour éloigner les serpents.

Nous savons, à cet instant, que nous faisons partie de la longue chaîne de la vie qui se met en branle pour essayer de contrecarrer la mort, la longue chaîne qui s'est formée sur les boulevards, puis les ambulances, la longue chaîne de vie que la ville oppose à la barbarie, et nous nous sentons graves. Chacune sait que c'est pour cela qu'elle a choisi ce métier : soulager, guérir, sauver. Alors nous toutes, chacune à notre poste, nous essayons de ne pas laisser la nervosité nous gagner, mais comme le temps est long... Et finalement, les premiers blessés arrivent.


C'est la lenteur qui vient maintenant.  Il faut quelques secondes pour saccager une vie mais des années pour la réparer.  Longue patience du corps qui va devoir se rééduquer, gagner du terrain, séance après séance.  Volonté des muscles d'aller plus loin, de tirer un peu plus fort, de repousser les limites, pour marcher à nouveau.  Longue patience patience de l'âme qui s'effondre parfois, se met à pleurer, pense que rien n'aura plus jamais le goût d'avant puis se reprend, s'accroche.  Vivre à nouveau.  C'est un exercice difficile. 

Nous avons appris qu'on pouvait mourir de marcher dans la rue, de s'attarder autour d'un verre avec des amis.  Et pourtant, il faut continuer.  Vivre.  Comme on aime. Au nom de ceux qui sont tombés.  Nous serons tristes, longtemps, mais pas terrifiés?  Pas terrassés.


Du même auteur j'ai lu et chroniqué

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mardi 23 juillet 2024

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

 Ils ont rejoint mon Himalaya à lire




Beaucoup d'arrivées durant ma semaine à Avignon et celle-ci.  Un colis que la poste gardait précieusement avec de belles surprises chez Albin Michel.


L'impossible retour  -   Amélie Nothomb
















Albin Michel
Parution : 21/08/2024
Pages : 162
Isbn : 9782226495945
Prix : 18.90 €

Présentation de l'éditeur

« Tout retour est impossible, l’amour le plus absolu n’en donne pas la clé. » Amélie Nothomb

Très attendu également, le nouveau Viola Ardone

Les merveilles -  Viola Ardone



















Albin Michel
Parution : 21 août 2024
Traduit de l'italien par : Laura Brignon
Pages : 400
Isbn : 9782226491428
Prix : 22.90 €

Présentation de l'éditeur



Sélection du Prix du Roman FNAC 2024.

« L’amour est incompréhensible, une forme de folie. »

Elba porte le nom d’un fleuve : c’est sa mère qui l’a choisi. Seuls les fleuves circulent librement, lui disait-elle, avant de disparaître mystérieusement. Depuis, Elba grandit seule dans cet endroit qu’elle nomme le monde-à-moitié : un asile psychiatrique, à Naples.

C’est là qu’elle pose son regard d’enfant, sur le quotidien de cette « maison des fêlés, avec dedans plein de gens qui ressemblent à des félins », nourrissant de ses observations son Journal des maladies du mental. Jusqu’au jour où le jeune docteur Fausto Meraviglia décide de libérer les patients, comme le prévoit une loi votée quelques années plus tôt en 1978, et de prendre Elba sous son aile. Lui qui n’a jamais été un bon père apprend le poids et la force de la paternité.

Après le succès du Train des enfants et du Choix, Viola Ardone poursuit son exploration de l’Italie du xxe siècle. Une ode aux mots qui rendent libre et au pouvoir des femmes, par l’une des grandes voix de la littérature italienne d’aujourd’hui.

Toujours chez Albin Michel, un nouveau Mélissa Da Costa

Tenir debout  -  Mélissa Da Costa





















Albin Michel
Parution : 14 août 2024
Pages : 608
Isbn : 9782226472731
Prix : 22.90 €

Présentation de l'éditeur



Jusqu’où peut-on aimer ? Jusqu’à s’oublier…

Le nouveau roman de Mélissa Da Costa nous plonge au cœur de l’intimité d’un couple en miettes et affronte, avec une force inouïe, la réalité de l’amour, du désespoir, et la soif de vivre, malgré les épreuves.


« Elle a conquis ses lectrices avec Tout le bleu de ciel, les a désarçonnées avec La Doublure et enthousiasmées avec Les Femmes du bout du monde. » Olivia de Lamberterie, Elle


« Un succès complètement mérité. » Augustin Trapenard, La Grande Librairie


« Mélissa da Costa, la jeune romancière qui chamboule tout ». Mohammed Aïssaoui, Le Figaro littéraire

Chez Gallimard, un nouveau Carole Martinez 

Dors ton sommeil de brute   -   Carole Martinez




















Gallimard
La Blanche
Parution : 15/08/2024
Pages : 400
ISBN : 9782072929861
Prix : 22 €

Présentation de l'éditeur

« Un long hurlement, celui d’une foule d’enfants, secoue la planète. Dans les villes, le Cri passe à travers les murs, se faufile dans les canalisations, jaillit sous les planchers, court dans les couloirs des tours où les familles dorment les unes au-dessus des autres, le Cri se répand dans les rues. »

Un rêve collectif court à la vitesse de la rotation terrestre. Il touche tous les enfants du monde à mesure que la nuit avance.
Les nuits de la planète seront désormais marquées par l’apparition de désordres nouveaux, comme si les esprits de la nature tentaient de communiquer avec l’humanité à travers les songes des enfants.
Eva a fui son mari et s’est coupée du monde. Dans l’espace sauvage où elle s’est réfugiée avec sa fille Lucie, elle est déterminée à se battre contre ce qui menace son enfant durant son sommeil sur une Terre qui semble basculer.
Comment lutter contre la nuit et les cauchemars d’une fillette ?

J'avias adoré "Petit Pays"  suis vraiment impatiente de relire la jolie plume de Gaël Faye

Jacaranda  -  Gaël Faye

























Grasset
Parution : 14/08/2024
Pages : 288
Isbn : 9782246831457
Prix : 20.90 €

Présentation de l'éditeur

Quels secrets cache l’ombre du jacaranda, l’arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante.

Chez Belfond, un auteur japonais

Source de chaleur  -  Soichi Kawagoe




















BelfondParution :22/08/2024
Traduit par Patrick Honnoré
Pages : 442
EAN : 9782714499721
Prix : 24 €

Présentation de l'éditeur

Exceptionnelle et brillante, une incroyable épopée historique - courant sur près de soixante-dix ans -doublée d’une bouleversante histoire d’amour et d’amitié qui pose des questions essentielles et douloureusement contemporaines.
Comment survivre et protéger les traditions lorsque l’impérialisme tente d’imposer la civilisation ? Comment préserver son identité dans un pays qu’on ne reconnaît plus ?

Ces interrogations qui l’assaillent depuis que les Russes ont envahi la Pologne ont conduit le jeune étudiant Bronisław Piłsudski au pire. Pour avoir ourdi un complot visant à assassiner le tsar, il est condamné à l’exil sur l’île de Sakhaline, dans l’archipel d’Hokkaidô.
Alors qu’il survit péniblement dans cet endroit désolé au climat extrême, il découvre la chaleur des Aïnous, un peuple autochtone aux coutumes aussi fantasques qu’émouvantes, et se lie d’amitié avec Yayomanekh, un jeune homme qui a quitté le Japon pour revenir vivre sur la terre de ses ancêtres.

Fasciné par la culture aïnoue, Bronisław va aider ses nouveaux frères d’armes à lutter contre les attaques, tantôt russes, tantôt japonaises.
Réussiront-ils à sauver leur peuple et à résister à la tragédie en marche ?



dimanche 21 juillet 2024

Désobéissance - Salvatore Minni

 Désobéissance - Salvatore Minni












Harper Collins Poche
Première éditions : M+ 
Parution : 03/04/2024
Pages : 336
ISBN: 9791033915973
Prix : 8.3 €


Présentation de l'éditeur



Un thriller diabolique et addictif sur la folie d’un père et ses traumatismes d’enfance

À son retour d’un voyage d’affaires, Guillaume voit son existence basculer. Son ex-femme et sa fille, Mia, sont retrouvées entre la vie et la mort. Malgré les soins prodigués par les secours, Mia finit par décéder. La perte brutale des deux êtres qui lui étaient le plus cher est un tournant pour Guillaume : ce traumatisme fait resurgir des fantômes du passé, le transformant peu à peu en ce père qu’il détestait. Guillaume décide alors de reconstituer sa famille à tout prix, mais jusqu’où sera-t-il prêt à aller ?

Une histoire sombre qui prend place à Bruxelles dans une ambiance à la fois oppressante et mystérieuse.

Salvatore Minni

Salvatore MINNI  entreprend des études de traduction avant d’exercer, entre autres, le métier de professeur de FLE qui lui permettra de transmettre sa passion à ses étudiants.
Son premier roman Claustrations a remporté le « Prix Mot Passant », « Coup de Coeur 2019 du Jury du Prix du Balai » et a également été finaliste de deux autres prix littéraires : « Prix Découverte Mines Noires 2019 » et « Auteurs Inconnus 2018 ».
En 2019, Salvatore revient avec Anamnèse, un second thriller psychologique, finaliste du « Prix des lecteurs Club » et du « Prix découverte de Noir Charbon ».

Source M+




Mon avis

Un auteur belge perdu trop longtemps dans ma Pal, c'est le troisième roman de Salvatore Minni et c'est avec celui-ci que je découvre sa plume.  J'ai été scotchée, une lecture addictive, impossible de le poser tellement c'est bien construit, fluide et rythmé.

Guillaume est divorcé, il est en voyage d'affaires à l'étranger lorsque suite à un cambriolage son ex- femme et sa fille Mia sont tuées par leur agresseur.  Sa fille, c'était son équilibre, sa raison de vivre.  Guillaume a eu une enfance compliquée, un père dominateur, manipulateur, il avait réussi à se reconstruire grâce à un traitement médical.  

Lorsque Mia meurt, tout bascule, il ne voit plus l'utilité de continuer à prendre ses médicaments et il va peu à peu s'enfoncer dans la folie.

Ravagé par sa peine, il veut à tout prix reconstruire sa vie de père, recomposer une famille.  Mais à quel prix ?

Sarah est une femme célibataire qui ne pense qu'à sa carrière, elle est victime d'un accident, va sombrer brièvement dans le coma.  Depuis ce moment, elle n'est plus elle-même, elle a des apparitions d'une petite fille, Mia.  Mia veut la mettre en garde, lui dire des choses, demande de l'aide.   Rationnelle et battante, Sarah va essayer de comprendre et voir un psychiatre pour l'aider.

Au fil de ce récit à la frontière de l'irréel et du fantastique, on découvre la psychologie des personnages en croisant tout à tour le récit de Guillaume et de Sarah.

Un thriller psychologique puissant, noir, angoissant  qui nous emmène aux confins de la réalité et de la folie.  Il aborde le deuil, l'emprise, l'enfance.   J'ai passé un excellent moment de lecture, accro, impossible de lâcher le bouquin.

Bravo Salvatore Minni.

Ma note : 9.5/10








vendredi 19 juillet 2024

Appels en absences - Nora Dasnes

 Appels en absence  -  Nora Dasnes





















Casterman
Parution : 1/05/24
Traduit (norvégien) par : Aude Pasquier
Pages : 288
ISBN : 9782203241848
Prix : 25 €

Présentation de l'éditeur


Le terrorisme, un sujet malheureusement universel


Oslo, automne 2011. Peu après les attentats qui ont frappé la capitale norvégienne et l’île d’Utøya le 22 juillet 2011, Rebekka et Fariba entrent au lycée. Alors que Fariba rejoint la Ligue des jeunes travaillistes (dont le camp d’été a été la cible du terroriste), Rebekka, même si elle ne connaissait aucune des victimes, se révèle profondément marquée par cette tragédie. Submergée par un traitement médiatique sensationnaliste, incapable de comprendre les motivations du tueur, elle perd peu à peu pied...
Comment surmonter l'horreur et le traumatisme, même lorsqu’on n’en est qu’une victime par procuration ? Nora Dåsnes avait 16 ans en 2011. Son ressenti a fortement nourri son récit.









L'autrice



Née en 1995, Nora Dåsnes se forme en illustration et en animation à l’université Kingston à Londres puis devient graphiste. Après le succès de L’Année où je suis devenue ado, son premier roman graphique traduit dans 11 langues et sélectionné au FIBD d’Angoulême, et de Le jour où j'ai voulu sauver la forêt, elle se consacre à la bande dessinée. Elle vit à Oslo, en Norvège.



Photo : Oda Berby for Aschehoug


Source : blog de l'autrice







Mon avis

La vie a changé ce 22 juillet 2011 pour Fariba et Rebekka, deux amies qui vont effectuer leur rentrée au lycée à Oslo.  Terminé le temps de l'insouciance, elles prennent conscience qu'à 17 ans la mort peut les toucher. 

Pourtant ce jour là, elles n'ont rien vu , elles étaient au skate park lorsqu'une explosion a fait 8 morts au centre d'Oslo et que la tuerie de l'île d' Utoya emportait 77 autres vies et d'innombrables blessés.  

A partir de ce moment la peur va les tenailler, Fariba qui se fait traiter de sale islamiste sans raison rejoint la ligue des jeunes travaillistes, Rebekka qui n'est pourtant pas touchée directement veut absolument comprendre ce qui s'est passé, pourquoi cela a eu lieu.

La surmédiatisation de l'événement a laissé un tramatisme latent, pour les parents, pour les jeunes, toute la société a peur, l'extrémisme n'est pas une réponse. 

Ce roman graphique, c'est la libération de la parole pour évacuer, la nécessité de dire l'indicible, d'exprimer ses peurs et d'honorer la mémoire des disparus;  C'est un roman graphique lumineux rempli d'espoir.

Ma note : 9/10

Les jolies phrases

Peut-être cesse-t-on d'être un enfant le jour où on comprend qu'on peut mourir.
Pas dans 70 ans, mais demain.
Parce que le monde est trop vaste et trop sombre, et que ceux qui nous protègent ne sont que des êtres humains.


Je n'ai pas envie que tu me promettes que tout ira bien.
Personne ne peut promettre une chose pareille.
En revanche, je veux que nous nous serrions les coudes.
Aussi fort qu'on peut.
Car personne ne sait ce qui peut se passer demain.





mercredi 17 juillet 2024

La liste 2 mes envies - Grégoire Delacourt

La liste 2 mes envies  -  Grégoire Delacourt








Albin Michel
Parution : 17 avril 2024
Pages : 256
EAN : 9782226494474
Prix : 19.90 €


Présentation de l'éditeur



Dans "La liste de mes envies", Jocelyne avait gagné 18 millions qu’elle refusait d’encaisser.

Dans cette suite très attendue, il lui en reste 15, et une seule envie.

Les dépenser.

L'auteur






Grégoire Delacourt a publié onze romans dont L’Écrivain de la famille (Lattès, 2011, Prix Marcel Pagnol 2011, Prix Carrefour du Premier Roman 2011, Prix Cœur de France 2011) ; La liste de mes envies (Lattès, 2012), ou encore L’enfant réparé (Grasset, 2021).














Mon avis

J'avais un excellent souvenir du tout premier, dévoré à l'époque, alors vous pensez bien quel bonheur de retrouver Jocelyne douze ans plus tard. 

Souvenez-vous, Jocelyne, mercière à Arras, avait gagné un peu plus de 18 millions à l'Euromillions, elle avait dressé la liste de ses envies.  Son mari Jocelyn lui avait subtilisé le chèque, en avait dépensé une partie, cela avait abouti à un divorce.  Rongé par les remors, il lui avait finalement rendu le solde peu avant sa mort.   

Jocelyne a finalement encaissé le chèque de 15 186 004,72 € et est bien déterminée à le dépenser mais cela va s'avérer plus difficile que prévu.

On retrouve donc Jocelyne qui a compris depuis longtemps que l'argent ne fait pas vraiment le bonheur, dans les réunions d'un groupe un peu particulier, celui des G.A., entendez par là les "gagnants anonymes", une belle trouvaille de l'auteur, un groupe de personnes devenues soudainement riches et qui échangent sur leurs ressentis, comportements et rapports à l'argent.


Jocelyne a décidé que cet argent, elle voulait s'en défaire et créer un peu de bonheur autour d'elle mais elle va vite déchanter car un méchant monsieur du fisc l'a repérée et va lui couper son élan de générosité.  Pas simple de donner son argent autour de soi et de rendre les gens heureux, je vous dis...

C'est un roman qui fait du bien, qui fait prendre conscience que les choses essentielles comme le temps, la gentillesse, le respect, la tolérance, l'amour pour n'en citer que quelques unes ne s'achètent pas.  

J'ai beaucoup aimé la relation entre Jocelyne et son père dont la mémoire s'étiole atteint d'Alzheimer, l'amour qu'elle lui porte en lui inventant chaque jour des vies différentes.

On est d'accord, ce n'est pas de la grande littérature mais peu importe ce qui compte c'est qu'on se laisse emporté dans ce roman qui fait du bien.  C'est un roman drôle, attachant qui vous fera passer un bon moment et oublier la morosité du quotidien.  Le ton est léger, rempli d'humour et de tendresse.  

Ma note : 8/10

Les jolies phrases

On est toujours le riche de quelqu'un, c'est horrible. 

On rêve d'avoir plein d'argent, on se dit qu'on ferait ça, qu'on achèterait ça, qu'on offrirait ça, qu'on irait là, qu'on changerait de vie, de maison, de voiture, qu'on ne regarderait plus jamais le prix des choses, et quand on en a soudain beaucoup, voilà qu'on se rend compte que le bonheur c'est de continuer à désirer ce qu'on possède, qu'on est riche de tout ce que l'on a déjà, mais qu'on ne le voit plus, tant on se lasse si vite de tout.  

J'aurais dû partager davantage, chuchote Fanny, parce que même quand on a rien, il y en a toujours un qui a moins que rien.

Les femmes savent que la vie, ça se donne.

Comme la plupart d’entre vous, je pourrais m’acheter tout ça, mais je n’ai envie de rien. Je m’en fiche. Je ne désire plus rien. Ce qui était beau, c’était le désir justement. C’était économiser. C’était attendre. C’était rêver. Cet argent m’a amputé de tout ça. Dépossédé de ce qui rend chaque jour magnifique : l’envie de quelque chose.

Le bonheur, mon Jo, ce n'était pas nos rêves.  Il faut que les rêves restent des rêves, sinon on s'ennuie, on ne tremble plus, on ne risque plus rien, et c'est justement le risque qui maintient en vie.  C'est l'audace. Les joyeuses incertitudes.  

L'oubli, c'est le vide, Jo. N'oublie jamais.

En chemin, nous n'avons plus parlé mais je sais que nous nous sommes dit mille mots.

Tu peux être fier de notre fils, Jo. Il est resté un rêveur et ce sont les rêveurs qui dessinent le monde. 

L'argent permet d'acheter bien des choses : une maison, mais pas un foyer. Un lit, mais pas le sommeil. Une montre, mais pas le temps. Un livre, mais pas le savoir. Un spectacle, mais pas la joie. Un emploi, mais pas le respect. Des relations, mais non l'amitié. Un médicament, mais pas la santé. Du sang, mais pas la vie. Le plaisir, mais pas l'amour. Des diplômes, mais pas la culture. Des tranquillisants, mais pas la paix intérieure. Beaucoup de choses, mais pas le bonheur.

Dans ma tête se crayonne alors la liste de ce que j'attends de la vie :
La gentillesse.
La générosité.
La tolérance.
Le respect.
La courtoisie.
L'équité.
La miséricorde.
La simplicité.
La nature.
L'amour.

Rien de ce que l'argent puisse acheter, en fait.

Du même auteur j'ai lu et chroniqué

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