Et de 7....
BLANES Hedwige JEANMART
Gallimard
272 pages
140 x 205 mm
Parution le 28/08/2014
Genre : Romans et récits
Autres littératures européennes
Pays : Belgique
ISBN : 9782070145447
Prix 18.50
Quatrième de couverture
«Et si on allait à Blanès? C'était mon idée. Je l'avais lancée le samedi 10 mars vers onze heures du matin, après mes deux cafés, consciente de ce que je disais et aussi du fait que je le disais pou lui faire plaisir, sans soupçonner une seconde que cette phrase innocente serait celle qui me ferait chuter tout au fond du gouffre où je suis. Pourtant des phrases, j'en ai dit. J'ai trop dit je t'aime alors que je savais que cela le fatiguait, j'ai dit des choses intelligentes aussi, puis des conneries comme tout le monde. Mais je n'aurai pas survécu à cette phrase-là. Samuel a répondu pourquoi pas? Ça te dirait? J'ai dit oui ça me dirait, on n'est jamais allés à Blanès, ce n'est pas si loin, une heure en voiture depuis Barcelone, à peine plus. On s'est mis d'accord, on irait le lendemain. Le soir, on s'est couchés en chien de fusil dans des draps blancs comme un linceul, j'ai respiré son odeur du soir, un peu âcre, et senti la chaleur de sa cuisse sur laquelle j'avais posé la main. Je me suis endormie heureuse sûrement, sans doute, pourquoi pas? Je ne savais plus bien à présent, et le matin du dimanche 11 mars, en fin de matinée, nous avons pris chacun un livre et nous sommes partis pour Blanès.»
Genre : Romans et récits
Autres littératures européennes
Pays : Belgique
ISBN : 9782070145447
Prix 18.50
Quatrième de couverture
«Et si on allait à Blanès? C'était mon idée. Je l'avais lancée le samedi 10 mars vers onze heures du matin, après mes deux cafés, consciente de ce que je disais et aussi du fait que je le disais pou lui faire plaisir, sans soupçonner une seconde que cette phrase innocente serait celle qui me ferait chuter tout au fond du gouffre où je suis. Pourtant des phrases, j'en ai dit. J'ai trop dit je t'aime alors que je savais que cela le fatiguait, j'ai dit des choses intelligentes aussi, puis des conneries comme tout le monde. Mais je n'aurai pas survécu à cette phrase-là. Samuel a répondu pourquoi pas? Ça te dirait? J'ai dit oui ça me dirait, on n'est jamais allés à Blanès, ce n'est pas si loin, une heure en voiture depuis Barcelone, à peine plus. On s'est mis d'accord, on irait le lendemain. Le soir, on s'est couchés en chien de fusil dans des draps blancs comme un linceul, j'ai respiré son odeur du soir, un peu âcre, et senti la chaleur de sa cuisse sur laquelle j'avais posé la main. Je me suis endormie heureuse sûrement, sans doute, pourquoi pas? Je ne savais plus bien à présent, et le matin du dimanche 11 mars, en fin de matinée, nous avons pris chacun un livre et nous sommes partis pour Blanès.»
Une découverte faite à l'Intime Festival de Namur fin août
Mon avis
Un premier roman pour ma compatriote Hedwige Jeanmart, originaire de Namur. C'est deux jours après la publication de son livre que je l'ai découverte lors de l'Intime festival de Namur.
La lecture des dix premières pages de son roman m'avait donné envie de découvrir la suite. J'en suis heureuse.
Blanès, une petite station balnéaire située à une centaine de kilomètres de Barcelone. Sa particularité : elle fut celle de l'écrivain chilien Roberto Bolaño, dont l'âme plane toujours aujourd'hui. Depuis sa mort, elle attire des pèlerins de tous les horizons, les "Bolañistes". Ils sont à la recherche des traces du "maître".
Samuel est écrivain et grand admirateur de Bolaño. Eva, -sa femme, notre héroïne -, lui suggère de se rendre à Blanès. Le dimanche 10 mars, ils visitent la ville. A table Samuel lui lit "Le discours de Blanès" écrit par Bolaño. Au retour à Barcelone, Samuel a disparu avec son livre, il est "mort".
Eva est seule, désespérée de son amour perdu, elle veut comprendre ce qui s'est passé.
Et si nous n'avions pas été à Blanès, se questionne-t-elle , tout n'aurait-il pas été différent ?
Elle fait part de la "mort" de Samuel à Luis, son ami, à Anita l'éditrice de Samuel, à Bernard son beau-père mais elle n'en a pas d'écho. C'est seule qu'elle devra faire son deuil car personne ne la prend au sérieux, personne ne la soutient.
Ce travail elle va l'accomplir à Blanès. Elle part à la recherche de chaque élément de la journée, du discours de Bolaño. Elle est persuadée que ce livre de Bolaño est au centre de tout, qu'il a fait dévier le cours de sa vie.
Elle est déterminée, elle rencontrera au cours de sa quête des personnages haut en couleur. Hantée par la mémoire de Bolaño, Hedwige Jeanmart a ici une approche des faits, des lieux particulière.
Un roman qui nous interroge sur le pouvoir des livres et de la littérature. Les livres peuvent-ils dévier le cours d'une vie ?
Une véritable secte littéraire est décrite par le biais des aficionados de Bolaño. Ces gens qui veulent créer un lien avec l'auteur et qui au final, parlent de tout et de rien, peu de sa littérature mais élèvent leur idole en star.
Ce roman joue beaucoup sur la fiction et la réalité. Eva est souvent au bord du vide dans sa quête de vérité et de sérénité. C'est un personnage attachant, vrai, rempli d'humour et de fantaisie, ouvert aux autres.
Ce roman est émouvant. L'écriture sort des sentiers battus , elle est épurée et m'a réellement séduite. Un beau premier roman qui est dans la première sélection du prix Médicis.
Ma note 7.5/10
Les jolies phrases
...et j'ai fondu en larmes encore une fois. Je n'aimais pas particulièrement ça, pleurer, mais je n'y pouvais rien. Personne n'aime les filles qui pleurent, les hommes qui pleurent non plus d'ailleurs, ni les oiseaux qui tombent par terre ou les poissons qui remontent à la surface de l'au bouche ouverte.
Disons qu'il était comme mort et j'étais comme veuve et je voulais comprendre pourquoi c'était arrivé. Ne pas retrouver le corps est la pire des choses, ne pas comprendre ce qui s'est passé est insupportable, on ne vit plus.
Rien de ce qui est mangé dans un livre n'est innocent, me dit-il. Je voulais bien le croire, je ressentais toujours de l'angoisse, une sorte de vide existentiel dans un livre où personne ne mangeait jamais rien, de même qu'avec les films sans table et sans dîner.
Et si Eva n'avait pas dit que Blanès n'était pas loin, et allons-y à Blanès. Que ce serait-il passé ?
Je m'installais à Blanès où tout m'était désagréable et je m'y complaisais. C'était comme si j'acceptais de souffrir d'une maladie et que cette maladie devenait tout pour moi, que je ne pouvais plus m'en passer. Mon état empirait de jour en jour et rien dans doute ne viendrait freiner ma détérioration.
L'auteur
Hedwige Jeanmart est née à Namur en 1968. elle s'est installée depuis quelques années à Barcelone.
Elle a fait des études de journalisme et de philologie slavistique. Elle a bougé beaucoup en travaillant dans l'humanitaire pour MSF. En Russie, en Sibérie et dans le Caucase, toujours pour MSF, elle s'est installée à Barcelone depuis sept ans. Blanès est son premier roman.
Mon avis
Un premier roman pour ma compatriote Hedwige Jeanmart, originaire de Namur. C'est deux jours après la publication de son livre que je l'ai découverte lors de l'Intime festival de Namur.
La lecture des dix premières pages de son roman m'avait donné envie de découvrir la suite. J'en suis heureuse.
Blanès, une petite station balnéaire située à une centaine de kilomètres de Barcelone. Sa particularité : elle fut celle de l'écrivain chilien Roberto Bolaño, dont l'âme plane toujours aujourd'hui. Depuis sa mort, elle attire des pèlerins de tous les horizons, les "Bolañistes". Ils sont à la recherche des traces du "maître".
Samuel est écrivain et grand admirateur de Bolaño. Eva, -sa femme, notre héroïne -, lui suggère de se rendre à Blanès. Le dimanche 10 mars, ils visitent la ville. A table Samuel lui lit "Le discours de Blanès" écrit par Bolaño. Au retour à Barcelone, Samuel a disparu avec son livre, il est "mort".
Eva est seule, désespérée de son amour perdu, elle veut comprendre ce qui s'est passé.
Et si nous n'avions pas été à Blanès, se questionne-t-elle , tout n'aurait-il pas été différent ?
Elle fait part de la "mort" de Samuel à Luis, son ami, à Anita l'éditrice de Samuel, à Bernard son beau-père mais elle n'en a pas d'écho. C'est seule qu'elle devra faire son deuil car personne ne la prend au sérieux, personne ne la soutient.
Ce travail elle va l'accomplir à Blanès. Elle part à la recherche de chaque élément de la journée, du discours de Bolaño. Elle est persuadée que ce livre de Bolaño est au centre de tout, qu'il a fait dévier le cours de sa vie.
Elle est déterminée, elle rencontrera au cours de sa quête des personnages haut en couleur. Hantée par la mémoire de Bolaño, Hedwige Jeanmart a ici une approche des faits, des lieux particulière.
Un roman qui nous interroge sur le pouvoir des livres et de la littérature. Les livres peuvent-ils dévier le cours d'une vie ?
Une véritable secte littéraire est décrite par le biais des aficionados de Bolaño. Ces gens qui veulent créer un lien avec l'auteur et qui au final, parlent de tout et de rien, peu de sa littérature mais élèvent leur idole en star.
Ce roman joue beaucoup sur la fiction et la réalité. Eva est souvent au bord du vide dans sa quête de vérité et de sérénité. C'est un personnage attachant, vrai, rempli d'humour et de fantaisie, ouvert aux autres.
Ce roman est émouvant. L'écriture sort des sentiers battus , elle est épurée et m'a réellement séduite. Un beau premier roman qui est dans la première sélection du prix Médicis.
Ma note 7.5/10
Les jolies phrases
...et j'ai fondu en larmes encore une fois. Je n'aimais pas particulièrement ça, pleurer, mais je n'y pouvais rien. Personne n'aime les filles qui pleurent, les hommes qui pleurent non plus d'ailleurs, ni les oiseaux qui tombent par terre ou les poissons qui remontent à la surface de l'au bouche ouverte.
Disons qu'il était comme mort et j'étais comme veuve et je voulais comprendre pourquoi c'était arrivé. Ne pas retrouver le corps est la pire des choses, ne pas comprendre ce qui s'est passé est insupportable, on ne vit plus.
Rien de ce qui est mangé dans un livre n'est innocent, me dit-il. Je voulais bien le croire, je ressentais toujours de l'angoisse, une sorte de vide existentiel dans un livre où personne ne mangeait jamais rien, de même qu'avec les films sans table et sans dîner.
Et si Eva n'avait pas dit que Blanès n'était pas loin, et allons-y à Blanès. Que ce serait-il passé ?
Je m'installais à Blanès où tout m'était désagréable et je m'y complaisais. C'était comme si j'acceptais de souffrir d'une maladie et que cette maladie devenait tout pour moi, que je ne pouvais plus m'en passer. Mon état empirait de jour en jour et rien dans doute ne viendrait freiner ma détérioration.
L'auteur
Hedwige Jeanmart est née à Namur en 1968. elle s'est installée depuis quelques années à Barcelone.
Elle a fait des études de journalisme et de philologie slavistique. Elle a bougé beaucoup en travaillant dans l'humanitaire pour MSF. En Russie, en Sibérie et dans le Caucase, toujours pour MSF, elle s'est installée à Barcelone depuis sept ans. Blanès est son premier roman.