vendredi 31 mai 2019

A comme Eiffel - Martin Trystram

A comme Eiffel       -   Martin Trystram/Xavier Coste

A comme Eiffel

Casterman
Biographie
Scénario : Martin Trystram
Dessin :  Xavier Coste
Parution : le 20 mars 2019
ISBN : 9782203164383
Prix : 14.99€

Présentation de l'éditeur 

Eiffel, l’ingénieur amoureux

Que cache la vie publique étonnamment lisse de Gustave Eiffel ? Nous connaissons ses grands travaux (sa Tour, la structure de la statue de la Liberté, le canal de Panama...), mais l’homme beaucoup moins...
Ingénieur paradoxal (il pratique le magnétisme, fréquente Victor Hugo et la franc-maçonnerie), Eiffel entretient un rapport particulier avec les femmes de sa vie : sa mère, sa fille, sa femme
et surtout sa cousine Alice avec qui il vécut une relation cachée pendant de très nombreuses années. Alice, la muse qui inspira peut-être par son initiale la fameuse tour. Alice, dont la beauté emportait le rigide Eiffel, travailleur infatigable et apôtre de la technique... Entre réalité historique et fiction romantique, A comme Eiffel nous entraîne à la rencontre d’un Icare moderne qui connut l’ascension puis la chute, vivant aujourd’hui encore dans nos imaginaires à l’ombre de son œuvre la plus célèbre.




Mon avis

Vous voulez savoir pourquoi A comme Eiffel, lui qui se nome Gustave ?  Alors lisez cette BD super intéressante qui nous conte la vie du génie.

L'album commence le 31 mars 1889, c'est l'exposition universelle de Paris et c'est tout en haut de la tour qu'on lui remettra sa légion d'honneur.

Mais qui était vraiment Eiffel ?

Il n'aura plus aucun secret pour vous à la fin de cet album.  Il passe son enfance avec sa cousine Alice dont à l'âge de 16 ans il est éperdument amoureux.  Il quittera sa province pour poursuivre ses études d'ingénieur.  Il travaille beaucoup et à l'âge de 30 ans, toujours célibataire, sa mère s'en mêle et il épousera Marguerite.

C'est un bosseur Monsieur Eiffel, parcourant le monde pour exercer son savoir : les viaducs de Gabarit, Porto, la gare de Budapest c'est lui .  Il préconisera la modernité - ironie du sort, cette même modernité qui aura raison de sa mère (fumées, suie etc) - remplacera la pierre par le fer pour les ponts de chemins de fer (Porto).

Il rencontrera Bartholdi et créera "La statue de la Liberté".  C'est Victor Hugo qui lui parlera du concours pour l'exposition ; construire la plus haute tour de Paris.

Mais, ce n'est pas que la gloire qui accompagne Eiffel, il aura ses années noires avec l'affaire du canal de Panama.

Envie d'en savoir plus, ouvrez la bd et lisez.

Une jolie mise en page et graphisme.

Ma note : 9.5/10

Les jolies phrases

L'univers des possibles est infini.

Le temps n'existe pas.  Ah le temps !  Le temps n'est qu'une illusion.  Peut-être la pire invention de l'homme.  Une invention pour contrôler la nature.

Toute médaille possède deux facettes.  Rien ne peut-être tout bon ou tout mauvais.  Parfois, il faut des décennies ou des siècles pour remarquer la face sombre d'un progrès.  Mais nous devons aller de l'avant.




jeudi 30 mai 2019

DOUBLE JEU - Jean-Philippe Blondel

Double jeu     -       Jean-Philippe Blondel

"Double jeu" de Jean-Philippe Blondel chez Actes Sud ...

Actes Sud Junior
Collection : roman ado
Dès 15 ans
Parution : août 2013
Pages : 144
ISBN 978-2-330-02211-2
Prix : 11,00 €

Présentation de l'éditeur

Renvoyé de son lycée, Quentin est placé dans un lycée bourgeois du centre-ville. D'origine beaucoup plus modeste que ses nouveaux camarades de classe et loin de ses amis d'enfance, le garçon se sent étranger, exclu. Dans sa classe de première L, la majorité des élèves suit les cours de théâtre de Mme Fernandez, la professeur de français.

Rapidement fasciné par cette femme charismatique, Quentin va se laisser convaincre et intégrer le cours d'art dramatique pour incarner Tom, le héros de La Ménagerie de verre, la pièce de Tennessee Williams.

Quentin accepte progressivement de baisser la garde, de remettre en cause ses propres préjugés et se familiarise peu à peu avec les codes de ce nouveau milieu... Il se rapproche de ses partenaires de jeu, d'Heathcliff, jeune dandy solitaire, et de Julie, dont le charme ne le laisse pas longtemps indifférent. Mais, de plus en plus absent pour ses proches, Quentin se sent tiraillé entre deux mondes. Ce malaise latent fait écho à la pièce de Tennessee Williams et, entre la vie et les répétitions du spectacle, l'acteur et son personnage, les frontières tendent à s'abolir. Finalement, un seul choix s'impose à Quentin : celui de faire du théâtre sa vie.



Questions à Jean-Philippe Blondel :


Dans Double jeu, l’expression artistique est une étape déterminante pour le héros, et l’occasion d’une reconstruction de lui-même. Ce sujet semble être une thématique essentielle dans vos romans pour adolescents ((Re)play !, Brise-glace…). Comment commenteriez-vous cette facette de votre écriture ?

La découverte de soi à travers l’expression artistique est effectivement au centre de mes préoccupations dans mes romans, parce que je l’observe chez mes élèves – qui révèlent une partie d’eux souvent insoupçonnée des adultes quand ils se lancent dans l’artistique (le slam, la musique, la danse, le théâtre) –, et aussi parce que cet élément a une résonance autobiographique certaine : je me suis construit par l’écriture, elle m’a stabilisé. Elle m’a aidé à survivre dans les moments de tempête. Elle m’a permis de me comprendre et de comprendre les autres, et le monde autour de moi. Trouver l’expression artistique qui permet l’épanouissement me paraît central – encore plus à l’adolescence, qui à la fois a besoin de cadres et d’intimité. Il n’y a guère que l’art qui permette de faire coexister une subjectivité et un format.




Dans votre roman Double jeu, le contexte social est particulièrement marqué. Il met en scène un adolescent en décalage, en hésitation entre deux mondes. Quelles raisons vous ont poussé vers cette voie ?



Une fois de plus, c’est un faisceau d’éléments : beaucoup d’observation face aux injustices sociales subies par certains de mes élèves (au lycée, elles sont cachées mais prégnantes, notamment dans les choix d’orientation) et une part autobiographique indéniable (l’accès à la culture quand on vient de la petite classe moyenne provinciale et qu’on a grandi dans les années 1970 n’est pas une évidence, et la “montée” à Paris révèle les manques et les inadéquations). Mais ce qui m’intéresse avant tout, c’est de construire des ponts, entre les univers, les classes sociales, les gens, la littérature jeunesse et la littérature générale. Quentin Silber est un de ces ponts. J’espère en être un aussi. Je trouve que c’est beau, d’être un pont – de se faire rouler dessus, soit, mais d’amener les autres d’un point à un autre, plus loin, plus avant…

Source /  Actes Sud Junior

Mon avis

Quentin Silber est adolescent, il change de collège à la rentrée, c'est sa seconde chance !  Il arrive au lycée Clémenceau, un autre univers que le sien.  En effet il vit avec sa soeur Anna, son père ouvrier d'usine et sa mère caissière dans un HLM, à l'école , il n'y a que des riches !

Différence de classe, il a du mal à s'intégrer.

Un jour en classe, il a la tête ailleurs.  Il pense à Dylan, son ancien pote de la cité.  Il est repéré par la Fernandez, sa prof qui lui demande ce qu'elle vient de dire.   Et là avec beaucoup d'applomb, il sort la réplique, un peu arrogant, et lui sert presque mot à mot les cinq dernières minutes de cours.

Il pense être puni mais pas du tout, au contraire, il impressionne , on s'intéresse enfin à lui., il devient populaire au point que, quelques jours plus tard, on lui suggère de rejoindre le groupe de théâtre.  La Fernandez y monte chaque année un spectacle, c'est un peu le "Graal" du lèycée d'en être.

Fernandez lui propose le rôle principal de "La cage de verre" de Tennessee William.  Une histoire qui ressemble un peu à la sienne.., il est tiraillé entre l'envie de tout plaquer pour voir le monde et celle de se battre.

Affronter les autres, soi-même, se dépasser.  La différence des classes, l'amitié, la littérature, beaucoup de thèmes dans ce roman jeunesse passionnant , c'est super bien écrit, fluide.

Lu et approuvé par mon ado de 14 ans.

Quel bonheur de trouver des enseignants qui donnent l'envie de lire come "La Fernandez" donne à Quentin les repères pour évoluer, pour se construire.

Une très belle lecture.

Ma note : 9/10

Les jolies phrases

Chacun sa route. Il y a un moment où c'est important d'être égoïste.  Tu vis pour toi, pas pour les autres.

Son regard e fait penser aux phares, sur les bords de mer : c'est un faisceau qui tourne et éclaire la plage, les vagues, les navires, l'horizon.

Si tu lui ressembles trop, tu vas t'identifier et une des premières choses qu'on apprend dans le cours de théâtre, c'est que la scène, ce n'est pas la vie.  Qu'il faut savoir redevenir soi-même quand les lunières s'éteignent.

En classe, vous jouez.  Constamment.  Tous.  Vous avez vos petits rôles que vous vous êtes distribués, ou que d'autres vous ont distribués.  Et vous vous jouez la comédie, toute la journée.  L'intéressant, Silber, chez vous, c'est que le changement d'établissement vous a poussé à changer de rôle.  C'est comme une mue, pour les reptiles.  Vous êtes le même mais vous avez été obliger d'abandonner votre vieille peau à l'extérieur.  Par moments, ça doit tirer et être douloureux, mais c'est avec la douleur et le souvenir de la douleur qu'on fait du bon théâtre, n'est-ce pas ?

Un metteur en scène, avant de vraiment mettre en scène, il rêve, il visite les personnages, il trouve des similarités, des dissemblances, il fait le tour du propriétaire. Et ensuite, il frappe dans ses mains, il sonne le rappel - fini de jouer, au travail.


mardi 28 mai 2019

Mauvais Genre - Isabelle Villain ♥♥♥♥♥

Mauvais genre          -    Isabelle Villain

Mauvais genre
Taurnada éditions
Parution : le 15 novembre 2018
Pages : 252
ISBN : 978-2-37258-048-9
E book : 978-2-37258-049-6
Prix : 9.99 €



Présentation de l'éditeur

Hugo Nicollini est un garçon différent des autres gamins de son âge. Un père brutal. Une maman protectrice. Un soir, il est témoin d'une dispute entre ses parents. Une de plus. Une de trop. Cette fois-ci, sa mère succombera sous la violence des coups.
Vingt-trois ans plus tard, l'équipe du commandant Rebecca de Lost enquête sur la mort d'une jeune femme, sauvagement poignardée dans son appartement. Pas d'effraction. Pas de vol. Pas de traces de défense. L'entourage de la victime est passé au crible, et l'histoire du petit Hugo va refaire surface bien malgré lui.

Mon avis

Ce n'est pas le premier roman d'Isabelle Vilain car on retrouve l'équipe du commandant de Lost.  Rassurez-vous, c'est le premier que je lis et cela ne m'a posé aucun problème de lecture.

Le 16 juin 1993, Hugo a douze ans, il fait de la pâtisserie avec sa mère Coralie lorsque son père Sébastien Nicollini rentre.  Comme souvent il tabasse sa mère en envoyant Hugo dans sa chambre.
Scène très violente, très réaliste à la limite de l'insoutenable.  Hugo se décide à appeler les secours et à porter plainte.

Vingt-trois ans plus tard, le 16 mai 2016, Angélique, une kiné ouvre sa porte et se fait poignarder à mort.  C'est le commandant de Lost et son équipe qui vont gérer l'affaire.

Un corps est retrouvé dans la rue, les doigts en bouillie, un mot sur la victime à l'attention du commandant de Lost "en souvenir du bon vieux temps".  Le tueur au marteau, tueur en série qui avait stoppé ses activités depuis sept ans reprend du service, oui mais pourtant il est toujours en prison ...

Le commandant de Lost reçoit régulièrement les derniers teps des sms et courriers de menaces.

Le décor est planté, 3 histoires, 3 enquêtes qui s'entremêlent.  Il est question d'identité, de mémoire, de traumatismes.

L'auteure utilise le présent ce qui donne l'impression au lecteur de vivre les scènes.  Les phrases sont courtes, c'est intense, super bien rythmé.  L'ambiance est glaciale par moment.  Belle construction, c'est rempli de fausses pistes, maîtrisé, on soupçonne chacun tour à tour, on se fait balader.  La psychologie des personnages est bien fouillée.

Suspens garanti jusqu'au bout, j'en veux encore..

Un coup de ♥

Les jolies phrases

Et rigoler sur une scène de crime, c'est une question de survie.  Seuls le détachement et la plaisanterie peuvent aider à rendre la mort tolérable.

Doit-on tout faire pour être heureux ?  L'homme ne peut pas ne pas rechercher le bonheur.

Même celui qui cherche à se suicider cherche la vois vers son bonheur car il et fin à son malheur.

Les psychopathes naissent psychopathes, les sociopathes le deviennent.

dimanche 26 mai 2019

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire




Le dernier volet de la troisième pentalogie "L'ombre et le chardon" est paru.  Impossible de la laisser en librairie, il a donc rejoint ma PAL.

Maïmaï         -  Aki Shimazaki



Leméac / Actes Sud
Parution : avril 2019
Pages : 176
Isbn : 9782330116071
Prix : 15€

Présentation de l'éditeur

La mort subite de la séduisante Mitsuko prend tout le monde par surprise, y compris les clients de sa librairie. Alors que des visiteurs se présentent pour rendre un dernier hommage à sa mère, Tarô, son fils sourd et muet, est préoccupé par certains détails de son histoire familiale. Mais qu’importe. Il est charmé par la beauté naturelle d’une jeune femme venue lui présenter ses condoléances. Tous deux éprouvent rapidement des sentiments si vifs qu’ils désirent s’épouser. Ce bonheur semble complet, rien ne pourrait le compromettre.

Aprés la rencontre de Louvain-La-Neuve l'envie de découvrir le dernier Livre d'Olivier Norek .

Surface -  Olivier Norek

PDF gratuit Surface

Michel Lafon
Parution : 04 avril 2019
Pages : 430
ISBN : 9782749934983
Prix : 19.95 €

Présentation de l'éditeur

Ici, personne ne veut plus de cette capitaine de police.
Là-bas, personne ne veut de son enquête.

Nouveau partenariat avec Now Future, envie d'un petit essai de temps à autre.

La puissance de l'espoir  -  Bleri Lleshi


Now Future 
Parution : mai 2019
Pages : 248
ISBN : 9782930940267
Prix : 19.90 €

Présentation de l'éditeur

Injustices & antidotes

L’espoir, n’est-ce pas une chimère, une béquille pour les naïfs ? Soyons lucides : le monde tel qu’il est nous plombe les ailes. Cette sombre ambiance était déjà celle dans laquelle baignait Martin Luther King. À une époque de racisme écrasant, il a refusé de baisser les bras et il a agi. Son action lumineuse a rendu espoir à ceux qui souffraient sous le poids de l’injustice. En fédérant les énergies, en les encourageant à la solidarité, il leur a montré la puissance cachée dans leurs mains.

Aujourd’hui encore, Martin Luther King nous ouvre la voie. L’espoir n’est pas un souhait, il est action ! La lutte contre les injustices sociales et économiques n’est pas achevée. La précarité guette un nombre croissant de citoyens. Le racisme ordinaire fait toujours des ravages. Fuyant la mort, les réfugiés sont traités chez nous comme des criminels. Il est temps de balayer la résignation et la passivité complice, comme en Espagne ces serruriers qui ont refusé d’expulser des gens de chez eux, en Grande-Bretagne ces employés de nettoyage qui ont exigé un salaire décent ou en Belgique ces familles qui ont accueilli des migrants.

Mais la générosité et le courage individuels ne sont pas suffisants. L’auteur explique comment construire une mobilisation efficace et à long terme. Comment transformer les intérêts individuels en un projet d’intérêt public. Comment rassembler les rêves de chacun en un plan d’avenir solide porté par tous.

L’espoir se décide et se construit. Et il soulève des montagnes.

Préface de Jerry King Luther Afriyie, poète et défenseur des droits de l’homme.


Je me suis laissé tentée par la proposition d'un auteur, une parution aux éditions abordables

L'homme perdu  -  Pascal Deloge

Première de couverture de l'ouvrage

Les éditions abordables
Parution : mars 2019
Pages : 276
Isbn : 9782374311357
Prix : 18.90 €

Présentation de l'éditeur

Dans sa jeunesse, Henri-Louis Chossard voulait voyager. Mais un autre rêve avait pris le dessus : il dirigerait l’armurerie familiale, et son fils après lui.

Août 1914. La Belgique est défaite. L’Allemagne s’impose. Henri-Louis est aux commandes de l'usine. Mais toute cette pression chaque jour, chaque nuit. Et le rêve des Chossard qui lui meurt entre les mains. Où est le cap ? Comment choisir ? Reste-t-il seulement quelque chose à choisir ? Où est l’Amérique ?

Belle arrivée cette semaine, une auteure belge Corine Jamar

Les replis de l'hippocampe   -   Corine Jamar

BD REPLIS DE L'HIPPOCAMPE (LES)

Grand Angle
Parution : 09 mai 2019
Pages : 310
Isbn : 9782818968093
Prix : 18 €

Présentation de l'éditeur

Le combat d’une mère qui aspire à une existence normale et heureuse malgré les difficultés de la vie.


Salomé fête son dix-huitième anniversaire. Et comme toujours, c’est sa mère qui souffle ses bougies à sa place. Calista s’était pourtant fixé un objectif : à dix ans, sa fille réussirait à les éteindre toute seule. Cet objectif n’a pas été atteint, malgré tous les artifices pour l’aider à muscler ses joues, le contour de sa bouche. L’année où Salomé devient majeure (responsable, émancipée – libre ! – si elle n’avait pas été handicapée), Calista apprend que son mari la trompe. Depuis dix-huit ans. Et avec la même femme.


samedi 25 mai 2019

L'oeil soldat - Larry tremblay

L'oeil soldat    -    Larry Tremblay



La peuplade
Parution le 12 mars 2019
Pages : 96
ISBN : 978292489253
Prix : 15 €


Présentation de l'éditeur

Récit poétique bouleversant, L’œil soldat présente l’univers d’un jeune homme halluciné et du pacte qu’il passe avec le Diable. Ce pacte lui permet, par un simple jeu de paupières, de changer de sexe, de couleur et d’époque. Devenu ainsi soldat en un clignement d’œil, il ne peut soudain plus taire l’horreur de la guerre. Pendant qu’il pleut des morts, une pensée adolescente à fleur de peau fait rage. Qu’y a-t-il derrière ce qui est ? Combien de fois encore faut-il trancher les gorges ? Que faut-il cesser d’être pour apaiser le rouge ? Soutenant un rythme implacable, Larry Tremblay témoigne d’une expressivité brute et imagée pour révoquer les fondements de la violence. Il invite à décontaminer les mots, à bien ouvrir l’œil – le gauche ou le droit.

Mon avis

C'est l'auteur de "L'orangeraie" pour ne citer que son roman le plus connu, il est québecquois et c'est avec joie que j'ai eu l'occasion de le rencontrer en mars chez Tulitu (la belle librairie bruxelloise où l'on peut s'approvisionner en littérature québécquoise).

C'est un récit poétique qu'il nous propose, un récit au rythme implacable.  C'est fulgurant, je l'ai lu en partie à voix haute pour percevoir la force et la puissance des mots qui racontent le chaos, la guerre, la violence.

C'est puissant.  Un jeune homme dont j'ai perçu l'histoire de la naissance à ce jour, fait un pacte avec le Diable.  Il peut en un clignement de paupière changer de sexe, de couleur et d'époque.  Il est devenu soldat.

Le récit est divisé en deux parties.


  1. L'oeil gauche
Ce sont des vers qui nous décrivent sa vie, son parcours, le déchirement entre le Bien et le Mal, tuer, obéir.  Plutôt qu'un discours voici des extraits :  

Qui dort
dans mes draps d'enfant
moi ou le corps
agité 
de ma pensée ?

   ---

On me donne le choix
entre le mal et le bien

Cela me paraît peu
y a-t-il autre chose ?

Je gratte le mal
trouve le bien

Je gratte le bien
trouve le mal

---

S'il y a Dieu
il y a le Diable
qui me prouvera
que l'un n'est pas l'autre


---

J'ai raté l'enfance
son train est parti sans moi

---

Je dois
accomplir le mal
avec tout le bien
disponible

Ou le bien
avec tout le mal
du pareil au même
me chante le Diable

---

Il pleut des morts
mais cette pluie
ne lave rien
n'étanche rien


2. L'oeil droit

Le style est différent, successions de mots.

C'est la description de la guerre, d'un génocide, de la haine, l'horreur.

En voici quelques extraits

faut-il que la langue
pour désintégrer
les mots prières
les mots attentats
se suicide ?

---

les mots tombent sur la terre
la transforment en boue
les mots entrent dans ses entrailles
lui volent sa pesanteur

je sens les phrases
grouiller sous mes bottes
j'agrandis ma bouche
avec la barre d'un cri
je dégueule plus fort

mot crasse

mot orage

salive acide

syllabes meurtrières

barbelés de cris

mot génocidaire

mot pétrole

mot diamant de sang

combien d'autres fois
faut-il coudre nos bouches
charniers où notre langue
se décompose ?



C'est fort, puissant, un récit qui interpelle.  A lire ♥

Ma note coup de ♥

Du même auteur j'ai lu

Mon avis en cliquant sue les couvertures

CouvertureL'orangeraie - Larry Tremblay - Folio


mardi 21 mai 2019

Intrigue chez Virginia Woolf - Anne-Marie Bougret

Intrigue chez Virginia Woolf   -    Anne-Marie-Bougret




Auteur indépendant
Egalement sur kindle
Parution : 20 janvier 2019
Pages : 372
Prix : 13.90 €

Présentation de l'éditeur

Clara lit dans le journal que son amant est mêlé à une affaire de meurtre et de proxénétisme. Un comble quand on est une fervente admiratrice de Virginia Woolf et de son féminisme avant-gardiste !Pour tirer cette affaire au clair, elle entraîne sa vieille amie Sally dans une histoire qui les dépasse, à travers une région où rôde le fantôme de la célèbre romancière.Clara parviendra-t-elle à échapper à la mafia, et à réhabiliter à la fois l’honneur de son amoureux et la mémoire de son égérie ?

L'auteure : Anne-Marie Bougret




Anne-Marie Bougret a dirigé une école de danse durant 22 ans , avant de se passionner pour la littérature et particulièrement pour Virginia Woolf.

C'est un premier roman.


Mon avis

Un tout grand merci à Anne-Marie Bougret pour l'envoi de son premier roman auto-édité.  Un roman de grande qualité que je vous invite à découvrir si vous aimez ou pas Virginia Woolf, un mélange de genres; fiction oscillant entre romance et policier sur un fond d'éléments biographiques. C'est vraiment très réussi.

Clara Sainclair est française et vit depuis trois ans dans le Sussex.  Elle est passionnée de la vie de son auteurs préférée, comme Anne-Marie Bougret, j'ai nomé Virginia Woolf, tout comme sa vieille amie Sally.

Imaginez-vous en train de prendre une tasse de thé dans un cottage avec un jardin fleuri, en discutant de cette auteure moderniste du XXème siècle.   Et bien, je peux vous dire que la plume est très visuelle, j'étais dans le Sussex à Monk's house et ses environs.

Une ombre au tableau, la police enquête sur le meurtre d'une étudiante à Brighton, le principal suspect étant le petit ami de Clara.  Il faut dire que son identité est mystérieuse.  Clara est bien décidée à connaître la vérité et va se mettre à enquêter pour connaître le fin mot de l'histoire mais non sans risque.. ça c'est pour le côté "policier".

D'autre part la vie de Virginia Woolf est mise en lumière, son oeuvre, sa défense de la place de la femme en littérature et ailleurs.  L'auteure nous parle de son enfance difficile suite à la perte de ses parents, de sa demi-soeur, de son état psychique instable, de ses créations, de son couple avec Léonard et de son suicide mais aussi de son esprit indépendant.  On ressent la recherche biographique, c'est bien documenté pour nous emmener vers une fiction en exploitant les zones d'ombre, en les creusant.

J'avoue ma méconnaissance au départ du sujet mais une chose est certaine, j'ai bien envie de lire "Mrs Dalloway" - dont je me souviens de l'adaptation cinématographique " The hours" en 2002 - et "Orlando" par exemple.

L'écriture est agréable, fluide, une immersion totale au siècle dernier dans la campagne anglaise.  Un beau voyage.  Il y a du rythme, la lecture est captive et rapide.

Ma note : 9/10

Les jolies phrases

Elle savait si bien évoquer le talent féminin annulé ... car "les femmes, durant tous ces siècles, avaient servi de verres grossissants dont le magique et délicieux pouvoir réfléchissait la silhouette naturelle d'un homme en multipliant sa taille par deux."

Les mots sont si puissants qu'ils vous font vivre ou mourir.

En fait, l'écriture était son seul espace de liberté ?
Probablement ! Elle écrivait à cette époque : "Penser est mon combat"

Parfois il suffit d'une seconde pour faire basculer une vie, juste une seule ...

dimanche 19 mai 2019

Rencontre avec Peter May ♥

Rencontre avec Peter May ♥♥♥

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Mardi 14 mai 2019, j'ai eu la chance de participer à un déjeuner organisé par Rouergue que je remercie vivement.

Peter May fait partie des auteurs dont je guette fébrilement la parution d'un nouveau titre, un de mes auteurs préférés.  Alors, vous pensez bien que le rencontrer en compagnie de son épouse , de son éditrice et quelques journalistes littéraires était pour moi un grand moment.

Le déjeuner avait lieu dans un restaurant slowfood situé à Bruxelles "God save the cream", un lieu british qui vous propose une délicieuse cuisine à emporter ou à consommer sur place.  J'ai testé le "home made beef pie" un délice, à consommer sur place ou à refaire chez soi si vous le souhaitez.

Page d'accueil

En effet, Rouergue vient de publier un superbe livre de cuisine qui reprend bon nombre de recettes à tester.

"Les festins partagés" 



Emmanuel Gaspart
Gwanaëlle Mignon
208 pages
25,00 €
ISBN
978-2-8126-1794-2



Vous adorez passer du temps avec ceux qui vous sont chers, de préférence autour de bons petits plats, mais vous en avez marre d’être coincé aux fourneaux une bonne partie de la soirée ? Chez God Save the Cream, la gourmandise se partage autour d’un buffet généreux : des légumes vraiment savoureux, des plats de viande opulents, des desserts un brin rétro et franchement irrésistibles. Son créateur, Emmanuel Gaspart, vous propose 9 tables gourmandes qui sortent de l’approche classique « entrée-plat-dessert » pour une convivialité plus contemporaine. Des tablées garnies de plats salés majoritairement à base de légumes et de quelques desserts et boissons maison. Tout se prépare à l’avance avec une poignée de beaux produits bien choisis. À vous de piocher au gré de vos envies dans ces 90 recettes originales et de créer vos tables idéales !



Peter May était à Bruxelles pour la parution de son dernier roman qui s'y déroule.  "La petite fille qui en savait trop", un roman de jeunesse écrit il y a 40 ans.  Un roman noir, sur fond politique, un sujet toujours actuel.    

En 1979, le Royaume Uni se posait la question de l'adhésion au "Marché Commun", entendez par là, l'Europe, aujourd'hui le sujet divise toujours autant les Britanniques.  A l'heure du Brexit, l'éditeur anglais a proposé la réédition de ce récit.  Peter l'a relu, un peu adapté mais très peu...



l'avis complet sur mon blog ici 

Peter se souvient que lors de l'écriture de ce livre, il était jeune journaliste pour un journal écossais, mal payé, une femme, un enfant et un crédit logement sur le dos.  Pas les moyens de prendre l'avion, trop cher.  Son voyage a duré treize heures pour venir à Bruxelles.   Un train de nuit sans couchette, Glasgow-Londres, Londres/Douvres, la malle jusqu'à Ostende, et le train pour Bruxelles...   un périple, c'est d'ailleurs la première fois qu'il revient à Bruxelles depuis 40 ans.

Il avait réservé un petit hôtel pas cher côté gare du Nord, un quartier glauque.  Il y a déposé son sac et une semaine durant a parcouru à pied les rues de la capitale s'imprégnant de la ville. Un ami lui avait obtenu une accréditation à la salle de presse du marché commun, il a pu s'en imprégner et avoir une vue sur la vie politique européenne de l'époque.

Intéressant de voir comment tout a changé, d'imaginer les salles de presse sans ordinateur, avec un télex et des machines à écrire, pas de portables pour téléphoner, l'obligation d'avoir des pièces et de trouver une cabine téléphonique.   Des moyens d'enquête différents.

L'inspiration du roman est venue suite à l'assassinat du prince Jean de Broglie en 1976, affaire étouffée rapidement, ainsi qu'un article parlant d'une enfant autiste douée en dessin.  Peter May avait la base de son histoire que je vous invite à lire.  Mon billet complet est ici 

Après avoir été journaliste , puis scénariste pour la BBC en 1996, il quitte la télé.  Il se rendra 10 à 12 fois en Chine et sera le premier auteur de l'ouest à être admis à la police chinoise, ce qui va lui permettre de s'immerger, de comprendre la façon de fonctionner là-bas.

Entre 1996 et 2004, il écrira 6 volumes de la série chinoise, l'intégrale republiée en 2 volumes en 2016.




Origine de Rouergue Noir

Peter May s'est installé dans le Lot en 2002, et un hasard, une belle rencontre avec Ariane Bataille, traductrice sera à la base de la collaboration avec les Editions Rouergue.  Il parlera de la série chinoise qu'il était en train d'écrire, la traductrice prendra l'initiative de traduire le premier tome et lui présentera lors d'une réception Danielle Gastugue fondatrice des éditions Rouergue.  Passionnée de la Chine comme lui, elle montrera de l'intérêt et publiera la série.  C'était en 2005, le commencement de Rouergue Noir, qui aujourd'hui nous propose de belles découvertes en publiant 6 titres en moyenne par an.

Genèse de la trilogie écossaise

Quelques temps plus tard, Peter May parlera à son éditrice d'un manuscrit dans ses tiroirs, ce qui pour lui est le plus beau livre qu'il ait jamais écrit.  "L'île aux chasseurs d'oiseaux".  Un livre refusé partout en Grande-Bretagne, personne ne voulant le publier.

Sous le charme, l'éditrice veut le publier et réclame les droits mondiaux !  Sans elle ce livre aujourd'hui traduit en 26 langues, vendu à 3 millions d'exemplaires en Grande-Bretagne n'aurait jamais vu le jour.



Peter May avait tourné pour la BBC une série "Machair" qui se déroule aux îles Hébrides, au Nord de l'Ecosse.  Imprégné de celle île magnifique au rude climat, il avait écrit "l'île aux oiseaux" en arrivant en France.  Un livre qui nous parle de la vie des îliens , de leur culture  et traditions dont ce rite de passage existant toujours aujourd'hui.  Durant deux semaines, chaque année, les jeunes du village vont sur "Le rocher" exposé aux éléments qui se déchaînent pour tuer des milliers de goélands.  L'auteur a imaginé un meurtre et l'arrivée de Fin Mac Leod  (mon billet est ici)



Lors d'un déjeuner, son éditrice lui a demandé d'en faire une trilogie, ce qui était inimaginable pour l'auteur.  Impossible, il y a en moyenne un meurtre par siècle sur les Hébrides, pour Peter May, cela n'avait pas de sens.  Il refuse à nouveau.  C'est à l'usure et grâce à son épouse Janice que Peter a fait des recherches sur le passé de l'île. Sur base de faits historiques bien documentés est finalement née la magnifique "Trilogie écossaise"  Une pépite à lire absolument.

La nature y est un personnage à part entière, grâce à l'écriture on la voit, on l'imagine, on la ressent, on sent les embruns, la pluie, le vent...  Une écriture visuelle, captive, superbe.



J'espère vous avoir donné l'envie de découvrir si ce n'est déjà fait la plume de Peter May dont je résumerais les ingrédients de ses livres comme suit :

- un fait divers ou un fait de société
- un développement historique bien documenté
- des personnes vulnérables, sensibles, avec une psychologie profonde
- une ambiance
- une écriture captivante

Je remercie encore Noémie et Nathalie des éditions Rouergue pour cette belle et riche rencontre, un moment magique.

vendredi 17 mai 2019

Mon ombre assassine - Estelle Tharreau ♥♥♥♥♥

Mon ombre assassine  -  Estelle Thareau

Livre: Mon ombre assassine, Tharreau, Estelle, Taurnada ...
Taurnada
Parution : 17 janvier 2019
Pages : 260
ISBN 9782372580502
Prix : 9.99 €

Présentation de l'éditeur

En attendant son jugement, du fond de sa cellule, Nadège Solignac, une institutrice aimée et estimée, livre sa confession.
Celle d'une enfant ignorée, seule avec ses peurs.
Celle d'une femme manipulatrice et cynique.
Celle d'une tueuse en série froide et méthodique.
Un être polymorphe.
Un visage que vous croisez chaque jour sans le voir.
Une ombre. Une ombre assassine.

Estelle Tharreau



Après avoir travaillé dans le secteur privé et public, cette passionnée de littérature sort son premier roman en 2016, Orages, suivi de L'Impasse en 2017 "De la terre dans la bouche" en 2018.
Depuis, elle se consacre entièrement à l'écriture.



Mon avis

Une auteure à découvrir absolument, j'avais aimé et dévoré "De la terre dans la bouche" - mon avis ici -  je vous confirme l'écriture d'Estelle Tharreau est vraiment captive, c'est un page turner qu'elle nous propose.  Un excellent thriller au rythme endiablé.

Juillet 2018, Nadège Solignac est incarcérée pour le meurtre d'un policier Fabien Bianchi, retrouvé mort dans sa piscine sous les yeux de sa fille de 4 ans.  Nadège est l'institutrice de cette petite, elle se défend et plaide la légitime défense suite à une tentative de viol sur sa personne.

Nadège utilise le "je" pour s'adresser à nous lecteurs.  On la retrouve aujourd'hui mais aussi dans le passé via des "flash-back" qui nous raconte l'histoire sa triste enfance.  Une enfance difficile avec une mère dépressive, une soeur handicapée, elle l'enfant non-désirée.

Mais qui est donc vraiment Nadège ?  , celle que tout le monde encense, si secrète, discrète, elle, l'institutrice hors pair :

- Victime ou bourreau ?
- Une Sainte ou le mal incarné ?

A vous de le découvrir.

C'est un thriller glaçant, super bien construit.  C'est fluide, précis, rythmé.  Le style est implacable, la plume est efficace.  On ne le lâche pas une seule seconde.  Chaque élément est pesé aussi bien au niveau des actes que des sentiments.

Un malaise s'installe à la lecture, on oscille entre l'empathie et le dégoût, l'horreur vis à vis du personnage principal. 

Je ne vous en dis pas plus mais vous reconfirme , une auteure à suivre assurément.

Ma note :  coup de ♥♥♥


Attention, ne lisez pas les jolies phrases avant la lecture du livre !!

Les jolies phrases

..écrire, c'est quand on veut dire quelque chose, mais qu'on ne peut pas le faire en parlant.  Et lire permet aux gens de connaître ce qu'on ne peut pas leur dire en parlant.

...J'ai appris deux choses fondamentales: qu'il faut se méfier de soi-même et que la frontière entre le bien et le mal dépend également du "profil" de l'agresseur et de sa victime.  Les deux catégories peuvent même s'inverser.

Les regards aimants n'existent pas.  Ils ne sont qu'une apparence sociale, une technique de manipulation, une mise en confiance nécessaire.  Nous sommes condamnés à vivre seuls avec nous-mêmes. L'autre n'est qu'un moyen ou un danger.

Comme précédemment, mes actes meurtriers s'étaient nourris des opportunités que m'offrait la vie de mes proies. En effet, de quoi se repaissent les crimes, selon vous ?  Le crime prend irrémédiablement racine dans vos faiblesses, vos défauts, vos mauvaises habitudes petites ou grandes.  Il s'en inspire, s'en nourrit jusqu'à les phagocyter et vous engloutir avec elles.


C'est à ce moment précis que je compris que le plaisir de la mort s'étirait sans fin dans la souffrance de ceux qui avaient aimé la victime. Je pouvais me nourrir de leur douleur afin de prolonger cet instant.  Le crime, l'impunité, les ricochets de la souffrance.

Les plus grands prédateurs essuient les affres de la disette.  L'important est de tenir jusqu'au retour des grandes chasses.


Comme précédemment, mes actes meurtriers s'étaient nourris des opportunités que m'offrait la vie de mes proies.  En effet, de quoi se repaissent les crimes, selon vous ? Le crime prend irrémédiablement racine dans vos faiblesses, vos défauts, vos mauvaises habitudes petites ou grandes.  Il s'en s'inspire, s'en nourrit jusqu'à les phagocyter et vous engloutit avec elles.

Du même auteur j'ai lu

Cliquez sur la couverture pour lire mon avis

De la terre dans la bouche


lundi 13 mai 2019

La petite fille qui en savait trop - Peter May ♥♥♥♥♥

La petite fille qui en savait trop   -   Peter May   ♥♥♥♥♥



Rouergue Noir
Traduit de l'anglais par Ariane Bataille
Parution le 1er mai 2019
Pages : 320
Isbn : 9782812617805
Prix : 22 €

Présentation de l'éditeur

Bruxelles, 1979. Alors que Neil Bannerman, un journaliste d’investigation envoyé par le Edinburgh Post, découvre les us et protocoles de la jeune Communauté européenne, un homme d’un tout autre calibre arrive lui aussi du Royaume-Uni. Ancien combattant des forces armées britanniques, Kale est devenu un tueur professionnel redoutable et s’il a rejoint le continent c’est pour une exécution. Un crime qui serait parfait si une étrange petite fille, incapable de parler ni d’écrire, mais extraordinairement douée en dessin, n’en était le témoin. Tania saura-t-elle donner un visage à l’assassin de son père ? En aura-t-elle le temps ?
Peter May lance un infernal compte à rebours dans la capitale belge, cœur de la vie politique européenne, épicentre de tous les jeux de pouvoir. Bannerman, l’Écossais impliqué à son corps défendant dans le meurtre d’un compatriote, pourra-t-il prendre de vitesse un assassin qu’aucune pitié n’a jamais arrêté ? Et, tandis que les autorités belges et britanniques s’acharnent à étouffer une affaire aux ramifications politiques, parviendra-t-il à démêler les motivations du meurtre d’un homme que beaucoup considéraient comme le futur Premier ministre du Royaume-Uni ?

L'auteur

Peter May: 'I'll Keep You Safe' Gets to No.1 - Midas PR ...

J'ai la chance de le rencontrer mardi, je vous en parle très vite.

Mon avis


Cette fois Peter May ne nous emmène pas en Ecosse, c'est un écossais qui vient à Bruxelles en la personne de Bannerman, il est journaliste à l'Edinburgh Post.

Nous sommes en 1979, en pleine campagne britannique. Des élections auront bientôt lieu pour désigner le futur Premier Ministre du Royaume Uni. Bannerman arrive à Bruxelles pour quelques semaines et découvre les us et protocoles du Marché Commun (à l'époque, le prédécesseur de la Communauté Européenne) Il est à la recherche d'idées d'articles. C'est son collègue Timothy Slater qui l'hébergera durant son séjour bruxellois.

En même temps que lui arrive Kale, un ancien combattant des forces armées britanniques, il a un contrat pour exécuter Gryffe ( l'actuel Ministre des Affaires étrangères britannique en poste à Bruxelles, il est pressenti comme prochain Premier Ministre) et Slater.

L'assassinat a lieu chez Gryffe. Il n'y a aucun doute sur le meurtre, l'arme se trouve dans la main droite de Slater qui est gaucher, c'est bien l'arme de Gryffe mais il n'a jamais pris d'entraînement de tir, une mallette contenant 250.000 GBP est retrouvée. Malgré tout l'affaire qui dans un premier temps fait beaucoup de bruit est étouffée , classée sans suite. Étrange !

Bon, on pourrait croire au crime parfait mais pas vraiment, Tania la fille de Slater a tout vu, elle était dans le hall d'entrée attendant son père. Tania est autiste, elle ne parle pas, difficile de communiquer avec elle mais elle est extrêmement douée en dessin et a reproduit la scène, interrompue, elle n'a pas terminé le visage de l'assassin, on le surnommera "l'assassin sans visage".

Pour Bannerman, le crime est évident, il va mener l'enquête pour en comprendre les raisons et pour en connaître le commanditaire. Il doit bien cela à Tania qu'il veut protéger et pour qui il porte une affection particulière.

C'est palpitant. Une fois de plus, Peter May nous capte d'entrée de jeu et nous invite à résoudre l'enquête avec ses personnages. Ce qui est frappant, c'est qu'il s'agit ici d'une oeuvre de jeunesse, il avait 25 ans à peine lors de l'écriture. Une écriture déjà caractéristique, fluide, très visuelle. Les descriptions sont précises, minutieuses. Le roman est super bien construit, les pistes et les motivations des personnages restent mystérieuses jusqu'à la fin. On reste en haleine et veut comprendre qui tire  les ficelles et pourquoi.

J'ai aimé replonger fin des années 70, dans la salle de presse ; un télex, des machines à écrire, des journaux et téléphones fixes, rien à voir avec aujourd'hui et les nouvelles technologies et le tout fonctionne parfaitement bien.

C'est fou comme la psychologie des personnages est bien fouillée. Peter May déjà dépeint parfaitement la nature humaine, les profondeurs de l'âme. Ses protagonistes sont particulièrement bien aboutis.

Un roman qui nous parle de la vision de l'Europe, de l'euro scepticisme anglo-saxon, des ghettos eurocrates au coeur de la capitale ne s'intégrant pas à la population. Une certaine vision de mon pays - pas accueillants les belges, non ça je ne peux le croire ☺- nos deux langues utilisées sans nous accorder entre le Nord et le Sud, alors vous pensez bien l'Europe !! Nous sommes en Belgique au pays du surréalisme.

Et puis, un peu d'amour dans ce monde de brutes, la difficulté d'aimer, la peur de s'engager pour Sally et Bannerman, se reconstruire sur des blessures ce n'est pas simple. N'oublions pas le beau personnage de Tania, enfant autiste, un sujet dont on parlait très peu à l'époque.

Un grand Peter May, lu avec énormément de plaisir. Si vous voulez en savoir plus sur ce palpitant roman noir paru chez Rouergue que je remercie, rendez-vous chez votre libraire préféré.

C'est un coup de ♥♥♥♥♥



Les jolies phrases

 Ce sont des gens si bizarres.  Ils ne peuvent même pas se décider à parler le français ou le flamand.

Vous savez, il n'y a pas moyen d'échapper aux choses qu'on regrette.  Elles restent là, elles vous façonnent, même sans qu'on le sache.  Et puis quelque chose ou quelqu'un fait tout remonter à la surface, et tout paraît encore pire après ces années d'enfouissement.

La situation avait un côté irréel.  Comme un rêve.  Ou, plus exactement, un cauchemar.  Une suite d'événements qu'il avait traversés sans avoir l'impression d'y participer.

Les gens ne sont pas toujours ce qu'ils paraissent être.


Ce qu'un homme fait avec ses mains est souvent le reflet de ce qui se passe dans sa tête.

Les pensées dérivaient dans son esprit comme des écharpes de brume.  Dès qu'elle voulait s'en saisir, elles disparaissaient, et elle abandonnait.

Ce sont trop souvent ceux qui ont le plus besoin d'amour qui sont les plus difficiles à aimer.

En vérité, Janssen, l'on ne peut exister sans l'autre.  Dans nuit, il n'y a pas de jour.  Sans haine, il n'y a pas d'amour.  Sans compassion, il n'y a pas d'égoïsme.

Parfois librement, parfois sous la contrainte. Un bon journaliste n'est pas seulement doué avec les mots, il sait obtenir des informations, il sait chercher.  Sait où fureter, à qui demander.

Ce n'est pas non plus très juste, hein ? On peut s'avancer dans la vie en s'attendant qu'elle soit juste.  Dieu, s'il existe, devait avoir la tête ailleurs le jour où il nous a mis sur cette planète, ou alors il joue à des échecs célestes dont nous sommes les pions qu'on peut facilement sacrifier sur le grand échiquier de l'univers, qu'on trouve ça juste ou pas.  On peut parler de bien et de mal, même si c'est différent pour chacun de nous... Mais rien n'est juste.

Le pire, c'était de ne pas savoir ce qui était le mieux pour elle.  Quand il s'agit de soi, on s'en fiche.  On se maltraite.  On fait tout de travers.  On boit, on ignore les ordres du médecin.  Mais quand il s'agit de quelqu'un d'autre, on se sent investi d'une responsabilité.

La perfection ne s'atteint qu'une fois.  Jamais la deuxième fois.  Ni la troisième.  On passe le restant de sa vie à essayer de rattraper une illusion perdue.

Même ceux que nous aimons, ou pensons aimer, ne sont pas aussi importants à nos yeux que nous-mêmes.  Voilà la véritable condition humaine.  C'est ce que nous ressentons tous, mais nous avons honte d'admettre.  Pourquoi, je n'en sais rien.  Car l'égoïsme est l'essence de l'existence. (...)
Pouvez-vous me dire, par exemple, ce qui détermine notre vote dans une élection ?  Nous votons évidemment pour le parti que nous jugeons le plus apte à nous procurer des avantages.  Pourquoi pleurons-nous quand un être aimé disparaît ?  Parce que nous avons subi une perte.  Toutes les motivations sont égoïstes, même les motivations religieuses lorsqu'on promet la vie éternelle au ciel en récompense d'une vie pieuse sur la terre.


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