dimanche 31 mars 2024

Vivian Maier Claire-Obscure - Marzena Sowa / Emilie Plateau ♥♥♥♥

 Vivian Maier  Claire-Obscure   -  Emilie Plateu et Marzena Sowa




















Dargaud
Parution : 26/01/2024
Scénario : Sowa
Dessin : Emilie Plateau
Pages : 136
Isbn : 9782205088939
Prix : 19.95 €

Présentation de l'éditeur

Qui était Vivian Maier, cette « nounou pas comme les autres » dont on découvrit à titre posthume le talent immense de photographe ? Vivian Maier décède en 2009, à 83 ans, dans le plus grand anonymat. On redécouvre ses photos pleines d'humanité et d'attention envers les démunis et les perdants du rêve américain par hasard dans des cartons oubliés au fond d'un garde-meuble de la banlieue de Chicago. Personnalité complexe et parfois déroutante, femme libre dont le destin s'est écrit entre la France et l'Amérique, elle avait choisi de vivre les yeux grands ouverts. Vivian Maier claire obscure est le portrait par Émilie Plateau et Marzena Sowa de cette invisible photographe de génie.


Marzena Sowa



Née en Pologne en 1979, Marzena Sowa arrive en France en 2001 à l'université Michel de Montaigne à Bordeaux pour terminer ses études de lettres modernes commencées à Cracovie. Elle y rencontre Sylvain Savoia un peu par hasard.

C'est en lui racontant son enfance dans la Pologne communiste des années 1980 que naît l'idée d'adapter son histoire en bande dessinée. Elle apprend le métier de scénariste tout en découvrant ce média. Savoia se charge du dessin. En résulte en 2004 le premier tome de « Marzi », publié chez Dupuis. La série connaîtra 7 opus, puis sera adaptée en roman graphique en trois volumes, avant d'être réunie en deux intégrales chez Aire Libre en 2019 et 2020. Reconnue internationalement, cette autobiographie dessinée est nominée aussi bien au Festival de la BD d'Angoulême qu'au Prix Eisner.

En 2013, elle publie chez Aire Libre « N'embrassez pas qui vous voulez » avec Sandrine Revel, le récit de deux enfants dans une société staliniste condamnant toute liberté individuelle. L'année suivante, elle scénarise « L'insurrection avec le dessinateur polonais Gawron », un ouvrage sur la Pologne au crépuscule de la Seconde Guerre Mondiale, peu de temps avant de tomber sous le joug de l'URSS.

Elle scénarise également deux bandes dessinée jeunesse : « Histoire de poireaux, de vélos, d'amour et d'autres phénomènes », avec Aude Soleilhac (Bamboo, 2015) et « La grande métamorphose de Théo », avec Geoffrey Delinte (éditions de la Pastèque, 2020).

Parallèlement à son travail de scénariste, Marzena traduit des bandes dessinées, dont « Les Cahiers Ukrainiens et les Cahiers Russes » en 2013, chez l'éditeur polonais Timof Comics.

En 2019, elle réalise son premier film, un court-métrage documentaire Un essai sur nous deux qui est remarqué par Arte dans le concours Et pourtant elles tournent.

En 2023 avec Dorothée de Monfreid, elles gagnent Le Prix des Ecoles au festival d'Angoulême pour leur bande dessinée « La Petite Evasion », publiée à la Pastèque.

En 2024, paraît chez Dargaud « Vivian Maier », une bande dessinée biographique qu'elle réalise avec Émilie Plateau.

La même année, elle adapte avec Sylvain Savoia le livre de Gaël Faye, "Petit Pays".

Emilie Plateau

Auteur - Scénario - Dessin - Couleurs


Après des études à l'École supérieure des beaux-arts de Montpellier, Émilie Plateau emménage à Bruxelles où elle commence à faire de la bande dessinée, d'abord sous forme de fanzines personnels puis au sein des maisons d'éditions 6 pieds sous terre ("Comme un plateau", 2012 et "De l'autre côté à Montréal", 2014) et Misma ("Moi non plus", 2015). En 2019, chez Dargaud, elle adapte en bande dessinée le livre de Tania de Montaigne, "Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin" (Grasset, 2018).

Elle travaille également pour l'édition jeunesse et la presse et participe à de nombreux collectifs de bandes dessinées.

En 2021, elle signe "L'épopée infernale : le livre dont vous êtes l'héroïne" (Misma).

En 2024, elle s'associe à Marzena Sowa pour réaliser "Vivian Maier" (Dargaud)

Mon avis

J'avais découvert l'existence de Vivian Maier avec la lecture de "Une femme en contre-jour" de Gaëlle Josse et depuis cette femme et son travail me fascinent. 

Un roman graphique de Pauline Spucches,  "A la surface d'un miroir", nous donnait une fiction et un certain regard, ici Marzena Sowa pour le scénario et Emilie Plateau au graphisme nous donnent à voir une autre vision du personnage.

En voyageant dans le temps et dans l'espace à différentes période de sa vie, on découvre Vivian Maier comme une nounou aimante, seule, isolée donnant à voir aux enfants dont elle s'occupe une certaine vision du monde.  Vivian Maier est une femme libre, émancipée qui traverse son époque en l'observant, elle s'insurge des injustices du peuple noir et des personnes défavorisées, elle est assez solitaire, indépendante, préfère prendre des photos plutôt que de converser avec les gens, à l'exception des enfants dont elle s'oocupe.

On la voit ici avec une relation privilégiée en particulier avec les enfants Gensburg de Chicago qu'elle cotoyera pendant 17 ans.  Elle va emmener Matthew avec elle pour voir une certaine réalité du monde, lui montrer les quartiers défavorisés, les injustices, subies par les afro-américains et les plus démunis.  Elle leur montre l'envers du décor.  Une femme libre dont on perçoit ici aussi son côté féministe.

J'ai beaucoup aimé le graphisme d'Emilie Plateau, de jolies couleurs pastel douces, les pages sur fond "sépia" pour représenter la France et le noir et blanc pour représenter les photographies de Vivian.  On reconnait bien Vivian avec son rolleiflex toujours autour du cou.

Un autre regard qui m'a convaincu, le scénario est clair et pour terminer une petite bio vous permet de resituer la chronologie des événements.

Une très belle réussite.

Ma note : ♥♥♥♥♥

Les jolies phrases

Tu nous montres toujours l'envers du décor.  Et l'envers, c'est ce qui est le plus intéressant.  "J'aime les endroits, j'adore les envers." Ce sont tes mots.  

Je photographie tout.  Je photographie le monde dans lequel je vis, dans ses moindres détails.  Parfois même ces derniers sont plus révélateurs que les unes des journaux, mais les unes, je les photographie aussi.  Les maisons, les arbres, les gens, les riches mais aussi les poubelles, les cheveux, les ongles coupés, les dents qui tombent.  Je les garde d'ailleurs très précieusement. 
Vous allez me demander : pourquoi ?
Et je vous répondrai : pourquoi pas ?
Est-ce qu'on doit tout justifier ?
J'aime ça, puis c'est tout !
J'aime le monde qui m'entoure, je le mémorise dans sa beauté et sa laideur.  Dans tout ce que les gens ne voient pas.  Moi, ça m'intéresse.





vendredi 29 mars 2024

La constance du prédateur - Maxime Chattam

La constance du prédateur  -  Maxime Chattam





















Pocket
Parution : 01/02/2024
Edition Originale : Albin Michel 2/11/22
Pages : 528
Isbn : 978-2266311274
Prix : 9.50 €


Maxime Chattam















Maxime Guy Sylvain Drouot, connu sous les noms de plume Maxime Chattam et Maxime Williams, est un romancier français, spécialisé dans le thriller.

Au cours de son enfance, il fait de fréquents séjours aux États-Unis: sa première destination en 1987 est Portland dans l'Oregon, ville qui lui inspirera son premier roman.

Rêvant d'abord d'être comédien, il suit le Cours Simon, devient figurant dans un spectacle de Robert Hossein et joue dans plusieurs téléfilms.

En 1988, il passe un certain temps dans la jungle thaïlandaise, rédigeant un journal de cette expérience. Cela marque ses premiers pas dans l'univers de l'écriture. Il ébauche son premier roman, "Le coma des mortels".

Il fait plusieurs petits boulots pendant plus de deux ans et reprend ses études de Lettres modernes. Il écrit "Le Cinquième règne" à cette époque puis fin 1999 il devient vendeur de romans policiers à la FNAC. "Le Cinquième règne" est publié bien plus tard, en 2003, sous le pseudonyme de Maxime Williams, et obtient le Prix du Roman Fantastic'Arts du Festival de Gérardmer 2003.

Il suit une formation en criminologie pendant un an à l'Université de Saint-Denis. Durant cette année, il apprend les rudiments de la psychologie criminelle, de la police technique et scientifique et de la médecine légale.

Toujours libraire, il consacre ses week-ends à son projet de thriller. Il rédige "L'âme du mal" en 2001, qui est publié l'année suivante chez Michel Lafon. Signé du pseudonyme de "Chattam", en référence à une petite ville de Louisiane, le livre crée la surprise et conquiert rapidement un public.

Ce roman devient le premier volet de la "Trilogie du mal," suivi de "In Tenebris" (2003) et "Maléfices" (2004). Il a par la suite écrit un préquel à sa Trilogie du Mal, "La Promesse des ténèbres" (2009).

Marié à l'animatrice Faustine Bollaert (1979) depuis 2012, il est père d'une fille née en 2013 et d'un garçon né en 2015.


Source : Babelio

Présentation de l'éditeur

Un thriller sur la transmission familiale du mal.

Ils l'ont surnommé Charon, le passeur des morts. De son mode opératoire, on ignore tout, sauf sa signature, singulière : une tête d'oiseau. Il n'a jamais été arrêté, jamais identifié, malgré le nombre considérable de victimes qu'il a laissées derrière lui. Jusqu'à ce que ses crimes resurgissent du passé, dans les profondeurs d'une mine abandonnée...
Plongez avec Ludivine Vancker dans le département des sciences du comportement, les profilers, jusque dans l'âme d'un monstre.


Mon avis


Je découvre la plume de Maxime Chattam et l'existence de Ludivine Vancker par ce quatrième volume de la série et honnêtement cela ne m'a posé aucun problème de compréhension à la lecture, les événements importants à connaître étant subtilement mentionnés.

Ludivine Vancker, gendarme aux affaires hors normes à la section recherche de Paris en a bavé dans sa carrière, on le comprend très vite, un nouveau départ se profile avec une mutation prévue. 

Une nouvelle affaire , un cold case précipite son arrivée au sein du département des sciences du comportement (DSC) , elle va devenir profileuse, se mettre dans la tête du tueur pour comprendre et imaginer comment celui-ci agirait.

Á peine le temps de faire connaissance avec sa supérieure Lucie Torrens, que les voici embarquées à Fulheim dans une mine désaffectée, 17 corps de femmes  sont retrouvés dans un puits désaffecté, cela fait 40 ans qu'ils sont là.  Vu le nombre de victimes à identifier, les moyens sont déployés.  Mise en scène macabre, elles ne sont pas au bout de leur surprise car visiblement celui qu'elles ont nommé Charon sévit encore...

Quelle plume addictive, de courts chapitres rythmés, une écriture fluide, un suspense qui monte en intensité. C'est très visuel, les scènes sont bien décrites sur une toile de fond d'un bassin minier à l'abandon.  Maxime Chattam est diabolique, il joue avec le lecteur comme Charon le fait avec ses victimes.  Il nous donne une vision de la noirceur de l'être.  Plus on avance dans le récit, plus on plonge dans l'horreur, multitudes de détails de plus en plus atroces nous plongent entre passion et répulsion.
Quel imaginaire!  La construction est juste parfaite.

J'ai beaucoup aimé l'instrospection et les pensées de Ludivine Vancker qui veut à tout prix se mettre dans la tête du tueur pour le comprendre.  Ludivine c'est une femme forte qui accepte ses faiblesses, elle utilise ses failles et émotions pour comprendre  la noirceur de l'âme humaine.

Ce n'est pas mon style de lecture habituel, je suis sortie de ma zone de confort , Chattam nous décrit la noirceur de l'être, une ambiance glauque, des personnages immondes mais même si à certains moments j'étais partagée entre passion et répulsion, sa plume m'a captivée et l'envie de connaître l'issue finale était plus forte.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases

Tout ce qui nous séduit un jour finit par nous repousser le suivant.

La cruauté est le virus de l'humanité, hautement contagieux, surtout sur les tendres psychés en construction.

Décortiquer le pire de l'homme, c'est se rassurer sur tout le reste, non ?

Les monstres naissent dans l'enfance.

Tant que le sale boulot était fait, le monde se fichait de savoir par qui et à quel prix.

Se glisser dans la peau d'un pervers.  D'un monstre.  Sans le devenir soi-même.

Pourquoi ils tuent ?  Inconsciemment ?  Pour se réparer.  Consciemment parce que leurs pulsions déviantes l'exigent pour atteindre un plaisir ultime, du moins en avoir l'impression.

Non, la vie n'était qu'une saleté de lutte pour la survie.  Vous faisiez de votre mieux, mais si vous n'aviez pas de bol, vous croisiez la route du mauvais type, et c'était terminé.  Aussi fugace et injuste que le sort d'un magnifique papillon qui n'a que quelques heures dont profiter et qui se prend dans la toile d'une araignée dès sa première envolée pour se faire dévorer vivant. 

Les seuls monstres qu'on rencontrait n'étaient-ils pas, après tout, ceux qu'on se créait soi-même, avec ses peurs et ses névroses ?  Ils jaillissaient de nos propres failles.  Ne disait-on pas "nos démons" pour évoquer nos tourments ?





mardi 26 mars 2024

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire







10 arrivées cette semaine, va falloir augmenter mon rythme de lecture...  Chacune trouvera le bon moment.


Un graphique pour commencer


Fragile  -  Mathilde Ducrest



 

















Casterman
Parution 3/04/24
Pages : 184
ISBN : 9782203257962
Prix : 25 €


Présentation de l'éditeur


Certaines rencontres changent une vie, surtout quand on ne s’y attendait pas !


Emily, étudiante, souhaite gagner un peu d’argent durant l’été et répond à une annonce de la très riche et influente Famille Rascines, qui lui inspire des préjugés plutôt hostiles. C’est ainsi qu’elle rencontre Suzanne, l’aînée de la famille, qui lui confie la tâche de promener tous les jours son chien Mitsou. Suzanne accompagne Emily durant les premières promenades et, contre toute attente, une complicité très forte naît entre les deux jeunes femmes. Peu à peu, Emily s’interroge sur les sentiments qu’elle éprouve pour celle qu’elle appelle désormais Sue. Un jour comme les autres, alors qu’Emily attend Sue et Mitsou, personne ne vient à sa rencontre. Quelque chose de dramatique est arrivé. Comment le lien qui les unit va-t-il s’en trouver transformé ?


Un premier roman à découvrir

Et si tu revenais    -  Coralie Janne




















XO éditions
Parution : 21/03/24
Pages : 320
ISBN : 9782374486260
Prix : 19.90 €

Présentation de l'éditeur



Mia se sent responsable de la mort de Stan. Elle ne veut pas lui survivre. Alors, une dernière fois, elle se rend sur sa tombe. Pour se rappeler le couple fou d’amour qu’ils étaient. Pour demander pardon, aussi, d’avoir laissé la rancœur et la douleur la submerger.

Sur le banc du cimetière, elle est abordée par un inconnu qui semble tout savoir d’elle. La question qu’il lui pose va bouleverser sa vie. Et, par-delà la mort, celle de Stan…

– Que seriez-vous prête à faire pour que revienne l’homme que vous aimez ?

– Tout. Je serais prête à tout…

Un roman bouleversant sur l’amour absolu.

Autre premier roman chez Albin Michel

Emirage   -   Emma Frey






























Albin Michel
Parution : 27 mars 2024
Pages : 304
Ean :9782226493415
Prix : 19.90 €


Présentation de l'éditeur



« J'en ai marre de voir défiler des vies de ouf sur les réseaux depuis mon lit une place ». Quittant son Marseille natal, Norma se lance à la conquête des réseaux sociaux après un passage par la télé-réalité. Pari gagné : forte de millions de followers, elle devient l'étoile montante de l'influence à Dubaï. Mais lorsqu'elle disparaît brutalement des radars, Alice, sa meilleure amie, décide de partir à sa recherche et embarque pour le golfe Persique. Ce qu'elle va découvrir dépasse l'imagination.


Mêlant enquête et thriller, Emirage est une plongée sidérante au coeur des paradis artificiels dubaïotes, royaume de l'influence. Libéralisme débridé, charia et sexe surtarifé, luxe et esclavagisme... Emma Férey, 27 ans, saisit avec acuité les violents paradoxes d'un monde aussi fascinant qu'effrayant dans un premier roman à couper le souffle.

Tout autre registre chez Denoël avec le nouveau roman de Pauline Guéna

Reine  -   Pauline Guéna





























Denoël
Parution : 06/03/2024
Pages : 256
EAN : 9782207181089
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur 

« Il se réveille en sursaut. Les cris et les rires des enfants ne sont pas ceux de l’école du village, mais c’est bien l’odeur sèche du béton et celle, suffocante, de la tôle chauffée à blanc qui ont mêlé dans sa sueur et dans la crasse les années et les lieux. Il se redresse, sa prise sur l’arme resserrée, aux aguets. Les enfants se sont tus. Comme les oiseaux. »

Marco est tueur à gages. C’est un professionnel fiable et efficace qui a toujours honoré ses contrats. Jusqu’à ce jour d’été où Marco va tuer par amour.
Sa cavale commence. À ses trousses, le milieu, la police et un jeune journaliste en quête de gloire. Devant lui, rien d’autre que l’été qui n’en finit pas, et la femme qu’il aime.

Une parution d'avril chez Meo

Les dessins du diable   -   José-Alain Fralon




























Meo
Parution : 09 vril 2024
Pages : 232
Ean : 9782807004405
Prix : 23 €

Présentation de l'éditeur

Né à Anvers en 1942, Arthur Langerman échappe par miracle à la Shoah qui va décimer sa famille. Seule sa mère en réchappera. L’enfant pauvre connaît les affres de la misère et de la solitude. Il doit abandonner une scolarité brillante pour travailler dans le diamant où il végète jusqu’au jour où il comprend que les pierres de couleur, alors méprisées, vont prendre de la valeur. Devenu « Le roi du diamant de couleur », il vendra ses gemmes dans le monde entier, non sans aventures rocambolesques.
Mais jamais il n’oubliera le massacre des siens. Pourquoi cette haine viscérale des Juifs qui a conduit à leur massacre ? Il croit entrevoir la réponse en découvrant sur le marché aux puces de Bruxelles une horrible carte postale caricaturant «â??un vieux “Juif” dégueulasseâ??» en train de sodomiser une petite fille. En un éclair, il comprend que la banalisation du mépris et de la haine des Juifs sous couvert d’un humour nauséabond a conditionné les esprits et déblayé pour Hitler et ses sbires la voie du génocide. Il va dès lors collectionner les affiches, dessins, tableaux antisémites. Des caricaturesâ??? Non, la dégradation de millions d’êtres humains en vermineâ??!
Après en avoir exposé une partie au mémorial de Caen, il cédera les dix mille pièces de cette collection hors du commun à une fondation allemande qui la fera circuler dans le monde.
À l’heure où l’antisémitisme connaît une recrudescence dramatique. José-Alain Fralon nous offre la biographie passionnante et pleine d’humour d’un homme hors du commun.
José-Alain Fralon, journaliste né en 1945 en Algérie, a été grand reporter pour Le Matin, l'Express et Le Monde avant d’être correspondant du Monde à Bruxelles puis rédacteur en chef-adjoint du journal. Il a publié chez des éditeurs comme Fayard, Gallimard, Calmann-Lévy ou J.C. Lattès des ouvrages d’inspiration journalistique, dont "Baudouin : L'homme qui ne voulait pas être roi.
Préface de Diane von Fürstenberg.

Côté littérature belge : deux titres ches Gallimard

Pax  -  Grégoire Polet



























Gallimard
La Blanche
Parution : 07/03/24
Pages : 448
ISBN : 9782073055170
Prix : 23.50 €

Présentation de l'éditeur

« Ça commence avec un bateau, le paquebot George Washington, qui emmène le président Wilson en Europe, et ça finira avec le même bateau ramenant le président Wilson aux États-Unis. Entre les deux, je noue des boucles de temps avec passages réguliers au point de Paris 1919, dans l’espoir par-ci par-là de faire apparaître des dieux le long du chemin. »

Dans ce voyage littéraire, Grégoire Polet traite la matière historique comme du souvenir personnel, vivant, où tout est intimement lié, tressé, aussi éloignés que les événements ou les personnages puissent paraître. L’écriture circule dans le temps comme le sang dans un corps, descendant dans le dix-huitième siècle, remontant vers aujourd’hui, retournant à 1919… Ainsi chemine-t-on en compagnie de Wilson, qui vient en Europe pour la paix de 1919, mais aussi de Da Ponte, le librettiste de Mozart, qui fait la traversée inverse un siècle plus tôt et s’installe à New York, ou de Goya, de Victor Hugo, de Marcel Proust, qui reçoit le Goncourt justement en 1919 et à qui le narrateur rend une visite importante pour sa compréhension du temps.
Ce roman d’une grande virtuosité déborde d’un plaisir d’écriture communicatif. On en sort secoué, avec le sentiment d’avoir vécu une véritable aventure littéraire.

Et enfin retrouver la plume de Caroline De Mulder

La pouponnière d'Himmler  -  Caroline De Mulder






























Gallimard
La Blanche
Parution : 07/03/2024
Pages : 288
ISBN : 9782073035455
Prix : 21.50 €

Présentation de l'éditeur

Heim Hochland, en Bavière, 1944. Dans la première maternité nazie, les rumeurs de la guerre arrivent à peine ; tout est fait pour offrir aux nouveau-nés de l’ordre SS et à leurs mères « de sang pur » un cadre harmonieux. La jeune Renée, une Française abandonnée des siens après s’être éprise d’un soldat allemand, trouve là un refuge dans l’attente d’une naissance non désirée. Helga, infirmière modèle chargée de veiller sur les femmes enceintes et les nourrissons, voit défiler des pensionnaires aux destins parfois tragiques et des enfants évincés lorsqu’ils ne correspondent pas aux critères exigés : face à cette cruauté, ses certitudes quelquefois vacillent. Alors que les Alliés se rapprochent, l’organisation bien réglée des foyers Lebensborn se détraque, et l’abri devient piège. Que deviendront-ils lorsque les soldats américains arriveront jusqu’à eux ? Et quel choix leur restera-t-il ?

Reconstituant dans sa réalité historique ce gynécée inquiétant, ce roman propose une immersion dans un des Lebensborn patronnés par Himmler, visant à développer la race aryenne et à fabriquer les futurs seigneurs de guerre. Une plongée saisissante dans l’Allemagne nazie envisagée du point de vue des femmes.

Emmanuelle Pirotte a publié un nouveau roman en janvier

Flamboyant crépuscule d'une vieille conformiste 

Emmanuelle Pirotte




















Le cherche midi
Parution : 11 janvier 2024
Pages : 160
EAN : 9782749177182
Prix : 18.50 €

Présentation de l'éditeur

« Je m’appelle Dominique Biron et j’ai décidé de mourir dans trois jours. C’est le temps qu’il a fallu au Christ pour revenir d’entre les morts, ça me suffira bien pour faire mon petit ménage. »
Quand Alzheimer frappe à sa porte, Dominique, 81 ans, préfère ne pas s’attarder. Elle se prépare à dire adieu à sa petite vie, ses enfants, ses bibelots… Lorsqu’elle fait le tri dans ses souvenirs, c’est avec une réjouissante férocité. Car l’ennui bourgeois n’a pas réussi à priver Dominique d’une certaine hauteur de vue sur l’Existence.

Le plus difficile est de prendre congé de sa petite-fille adorée, Victoire, 20 ans. Que lui dire ? Que lui écrire ? Comment lui faire comprendre que le choix de sa grand-mère est celui de la liberté et, paradoxalement, de la vie ?

Dans un texte qui claque comme un uppercut, Emmanuelle Pirotte fait du lecteur le dépositaire d’une singulière confession, implacable, drôle et tendre. Travaillé par les problématiques qui hantent nos sociétés modernes, le roman interroge sans concession notre rapport à la mort et au libre arbitre.

Flamboyant crépuscule d’une vieille conformiste est le portrait d’une femme qui se lance, avec panache, dans un ultime face-à-face avec elle-même.

Citoyen engagé, journaliste jusqu'il y a peu, le voici en écrivain avec 

Ils vont beaucoup t'aimer   -   Michel Visart





























Editions Mols
Autres sillons
Parution : le 25 avril 2024
Pages : 288
Isbn : 9782874022968
Prix : 22.90 €


Présentation de l'éditeur

Fin des années trente, les bruits de bottes se font entendre. Dans le petit village de Saint-Cassien, Victor et Mariette unissent leurs destinées. 1940, l'armée allemande envahit la Belgique. Victor est fait prisonnier et envoyé dans un camp. Il restera en Allemagne jusqu'à la fin du conflit. Comment se retrouver après cinq ans ? Se reconnait-on alors que l'autre a tellement changé au fil des événements ? Un enfant va naître, une fille, elle est différente, très différente. Quand l'histoire croise la vie, elle laisse des traces. Elle bouscule les individus dans une tempête qu'ils ne maitrisent pas. Victor et Mariette vont-ils réussir à se reconstruire ? A mener leur aventure commune ? A être tout simplement une famille ? Avec la forêt en toile de fond, c'est l'être humain qui est coeur de ces pages. Avec ses envies, ses doutes, ses passions, ses vérités. Et, pour Mariette et Victor, cet amour inconditionnel pour Rosaline, leur fille. Sur fond de la grande histoire et d'une nature très présente, c'est la vie tout simplement, celle de trois êtres humains qui demandent à être heureux. Peuvent-ils l'être ensemble ?

On termine par un jeunesse

La traversée de Jim   -  Alia Cardyn / Nathaniel H'Limi




























Robert Laffont
Jeunesse
Parution : 21/03/24
Pages : 72
EAN : 9782221264126
Prix : 14.90 €

Présentation de l'éditeur

Jim, jeune pré-adolescent, voit son monde s'effondrer le jour où il apprend qu'il est atteint d'un cancer. Ce livre raconte son voyage vers la rémission.

« Bonjour, je m’appelle Jim. Ceci est mon histoire. Je veux la raconter parce que le jour où mon monde a été secoué par la maladie, j’aurais aimé savoir où j’allais. J’aurais surtout aimé savoir que la vie continue, même avec un cancer. Que l’on continue à rêver, à s’aimer, à rire, à pleurer, à être juste soi, parfois si petit, parfois si fort. »



Pour écrire ce roman lumineux, Alia Cardyn est allée à la rencontre de jeunes patients, de leur entourage proche, d’infirmiers, de médecins et de psychologues. Porté par les illustrations de Nathaniel H’limi, Jim nous rappelle la sagesse et l’humanité qui sont en nous.


Voilà belles lectures ! 

dimanche 24 mars 2024

L'horloger - Jérémie Claes ♥♥♥♥♥

 L'horloger  -  Jérémie Claes  ♥♥♥♥♥




























Héloïse d'Ormesson
Parution : 08/02/24
Pages : 460
Isbn : 9782350879291
Prix : 22.90 €


Présentation de l'éditeur

La tête de Jacob Dreyfus est mise à prix depuis qu'il a participé au démantèlement d'une milice suprémaciste sévissant jusqu'au Capitole. Mais c'est sa femme qui est prise pour cible. Après cet assassinat, Jacob est exfiltré sous une nouvelle identité dans un petit village de Provence, où il tente de se reconstruire. Dix ans plus tard, alors qu'il coule enfin des jours apaisés dans une bastide des gorges du Loup, son passé le rattrape. La seule vengeance peut-elle expliquer la chasse à l'homme acharnée dont il est la proie ? En compagnie de Solane, le vieux flic français chargé de sa protection, Jacob se lance dans une traque obsessionnelle de la vérité.

Thriller étourdissant qui nous entraîne de la Louisiane à Bruxelles, de la Patagonie à Paris, L'Horloger est une mécanique implacable qui révèle la part la plus sombre de l'humanité mais aussi la plus lumineuse.

Jérémie Claes


Né en 1975, Jérémie Claes est caviste et chroniqueur à la télévision belge. Il vit entre Bruxelles et Namur, et retourne régulièrement en Provence, à Forcalquier et à Gourdon, le village de sa grand-mère. L’Horloger est son premier roman.


©Philippe Matsas / Leextra / éditions Héloïse d'Ormesson



Mon avis

Attention coup de coeur ! Premier roman, un thriller magistral d'une efficacité redoutable. 

Jacob Dreyfus a participé au démantèlement de "Aryan Blood", un groupe suprémaciste implacable en infiltrant le groupe une année durant.   Jacob est Juif, prof de philo, il a reçu le Prix Pulitzer pour cela mais il est devenu une cible avec sa famille pour s'être engagé contre le racisme et l'antisémitisme.  

Exfiltré, on le retrouve en exil à Gourdon dans le sud de la France en compagnie de Solane, un flic épicurien de 62 ans.   Dix ans plus tard, son passé le rattrape, le danger est toujours présent.  

Ce premier roman est un tour de force, il est magistral.  Comme un horloger, Jérémie Claes maîtrise tous les rouages du thriller, du suspense.  Aucun temps mort, une intrigue étourdissante à la temporalité étonnante (1942 - 2009 -2019 ), on voyage aux US, Provence, Bruxelles, Patagonie et Auschwitz dans ce récit mélangeant les genres Fantastique-Thriller-Science Fiction.

Mais qui est l'horloger ? le maître des machines ou encore le Scorpion ?  Jacob Dreyfus est bien déterminé à le savoir. 

L'écriture de ce roman noir contemporain est fluide, cinématographique, addictive. Un peu d'humour, de la bonne chère et de bons vins complètent notre plaisir de lecture.  Il aborde la dérive de notre monde, des démocraties, le racisme, l'antisémitisme, l'extrémisme, le suprémacisme, le complotisme, le pouvoir et la science mais aussi l'amour, l'amitié, la fraternité et le besoin de justice.

Excellent moment de lecture garanti. 

Enorme coup de coeur ♥♥♥♥♥




Les jolies phrases

Le village est un escargot de calcaire qui se recroqueville dans sa coquille.

Jacob Dreyfus se sent libéré.  Il a passé un an parmi eux, il les a côtoyés, il a prétendu, lui, le Juif, être leur frère, quand il ne rêvait qu'à exterminer les siens. 


Les montagnes alentour dominent Gourdon, elles portent des noms de Provence, Cavillote, Courmette, une toile de Cézanne , et, en été, l’émeraude sombre des chênes lutte avec le vert constellé de jaune des genêts et cède le terrain à la roche grise aux reflets bleus et dorés.


Les craquements des parois de bois martyrisées qui grincent aux cahots, les râles des femmes et des hommes épuisés, les enfants qui s’affaissent et meurent étouffés. Les ordres braillés des Allemands qui font décharger les cadavres aux arrêts. L’odeur épouvantable de mort et de sueur, d’urine, de crasse et de merde. L’odeur des frères et sœurs d’Adam, l’odeur d’Adam lui-même, l’odeur des Juifs dans le convoi, comme une insulte. La chaleur infernale, l’intenable promiscuité, l’exiguïté, les corps serrés comme les arbres d’une mauvaise futaie.
La faim. La soif. La soif.
Et la peur.


Devant la ferme, le panorama lui coupe une fois de plus le sifflet. À droite, le village, à gauche, la montagne de Courmette et au milieu, la Côte d’Azur. Ça t’a une sacrée gueule et Solane oublie son impatience pendant quelques secondes, estomaqué par tant de beauté. Il voudrait jouer au blasé, mais ici, à Gourdon, il a laissé tomber depuis longtemps. Il sent tous ses chakras s’ouvrir comme des boutons de fleur, il en entend presque les claps-claps qui le connectent au cosmos. S’il croyait à toutes ces conneries, il planerait littéralement. Ce petit bout de France, malgré les couillons qui votent encore et toujours pour Le Pen à chaque élection, malgré les promoteurs immobiliers et les corrompus des ronds-points, ce petit bout de France ressemble bien à un Eden.


L'homme leur sourit et ses dents font comme un clavier. Une noire, une blanche. Et une langue jaune pointillée de rouge qui darde comme un oisillon entre les lèvres.



L'Horloger attaque sa deuxième cuisse de poulet rôti.  Il déchire la peau grillée, rompt les cartilages, avale la chair.  Le Scorpion lui a rendu son rapport.  Il est sans équivoque.  Willard B. King et Turner Davidson restent dangereux.  De toute manière, la procédure est claire : le Mécanisme doit rester inatteignable.  Il ne peut subir aucune menace.  Le Mécanisme est la menace. 


Il croit comprendre, la trouille, ça ne se commande pas, c'est atavique, c'est le mécanisme de sauvegarde des proies face à leurs prédateurs. 








samedi 23 mars 2024

Un soir d'été - Philippe Besson

 Un soir d'été   -   Philippe Besson





















Julliard
Parution : 04/01/24
Pages : 208
EAN : 9782260055808
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur

« Nous étions six – cinq garçons et une fille – insouciants, frivoles, joyeux, dans un été de tous les possibles. Pourquoi a-t-il fallu que l’un d’entre nous disparaisse ? »
S’inspirant d’une histoire vécue, Philippe Besson retrace un drame de sa jeunesse, survenu dans l’île de Ré, un soir de juillet, au milieu des années 80.

L'auteur





crédit photo:
©Maxime Reychman


Philippe Besson est un écrivain, scénariste et dramaturge. En l'absence des hommes, son premier roman, publié en 2001, est couronné par le Prix Emmanuel-Roblès. Depuis lors, il construit une œuvre au style à la fois sobre et raffiné. Il est l’auteur, entre autres, de Son frère, adapté au cinéma par Patrice Chéreau, L'Arrière-saison (Grand Prix RTL-Lire), Un garçon d’Italie et La Maison Atlantique. En 2017, il publie Arrête avec tes mensonges, vendu à plus de 120 000 exemplaires, couronné par le Prix des Maisons de la Presse et Un personnage de roman, portrait intime d’Emmanuel Macron, alors engagé dans la campagne présidentielle. Il revient à l'autofiction en 2019 avec Un certain Paul Darrigrand puis Dîner à Montréal​. Ses romans sont traduits dans vingt langues.

Un tango en bord de mer, sa première pièce en tant que dramaturge, a été jouée à Paris près de 200 fois en 2014 et 2015 au Théâtre du Petit Montparnasse.
Il a également multiplié les collaborations avec le milieu du cinéma et de la télévision, ayant notamment écrit le scénario de Mourir d'aimer (2009), interprété par Muriel Robin, de La Mauvaise rencontre (2010) avec Jeanne Moreau, du Raspoutine interprété par Gérard Depardieu, et de Nos retrouvailles (2012) avec Fanny Ardant et Charles Berling.


Mon avis


On retrouve Philippe l'été 1985, l'année de ses 18 ans.  Comme chaque année avec ses parents, il se rend sur l'île de Ré chez son ami d'enfance François. Il va faire la connaissance de Nicolas, un garçon un peu particulier arrivé sur l'île l'hiver dernier qui a raté sa terminale.  Dans la bande il y a Christophe aussi qui fêtera ses 18 ans le 19 juillet.  C'est l'été, le temps des vacances, François flashe sur une fille, quoi de plus normal lorsqu'on a 18 ans.   La fille c'est Alice, avec son frère Marc, rejoigne le groupe d'amis.

Ils sont donc six, cela devrait être le temps de l'insouciance, des jeux de la séduction, des amours naissantes, de la frivolité, du bonheur d'être ensemble.  Pas de téléphone portable à l'époque, de vrais contacts, Philippe est à l'écoute de Nicolas qui est un peu perdu dans son monde, solitaire et fait des dessins bizarres.  Il écoute ses confidences, une amitié se noue. 

Ils sont bien tous ensemble sur la plage jusqu'au jour où Nicolas disparait, ils ne seront plus que cinq. Stupéfaction, doute, peur, manque, ils vont quitter le monde de l'insouciance pour devenir adulte, se sentir responsable, coupable de ne pas avoir pressenti.  Pour Philippe, cette disparition est une cicatrice, des regrets de ne pas avoir compris, de ne pas avoir agit.

Philippe Besson nous fait revivre l'été de ses 18 ans.  Il y a de la nostalgie, de le mélancolie.  C'est tout en douceur, toute en langueur comme l'été .  La plume est douce, sensible, pudique, tout en finesse.

Un bon moment de lecture.

Ma note : 8.5/10


Du même auteur j'ai lu

Cliquez sur la couverture pour avoir accès à l'article









 


 

mercredi 20 mars 2024

Le témoin silencieux - Arnaud Nihoul ♥♥♥♥♥

 Le témoin silencieux - Arnaud Nihoul ♥♥♥♥♥





















Genèse
Parution : 05/03/23
Pages : 256
Isbn : 9782382010242
Prix : 22.50 €


Présentation de l'éditeur



New York. Elena Tramonte, une célèbre galeriste, disparaît et le peintre qu’elle représentait est retrouvé assassiné le jour du vernissage. Trois mois plus tard, Lawrence Mason, le compagnon d’Elena, homme d’affaires et grand collectionneur, meurt à son tour d’une crise cardiaque dans son appartement de Central Park.

Dans son testament, celui-ci lègue à la fille d’Elena, Kerry, jeune photographe, trois magnifiques tableaux figurant sa mère. Peu à peu, Kerry va noter un lien singulier entre ces portraits et trois peintures d’Edward Hopper retrouvées à Cape Cod cinquante ans après la mort du peintre.

Y a-t-il un rapport entre Hopper et la disparition d’Elena ? Avec l’aide de Julian Taylor, expert en art, Kerry démontera l’incroyable machination dans laquelle sa mère a été piégée.


Arnaud Nihoul




À côté de son métier d’architecte, Arnaud Nihoul consacre tout son temps à l’écriture. Après quelque quinze nouvelles très remarquées et deux romans plusieurs fois primés, Caitlin et Claymore, ce passionné des mots nous entraîne au cœur de Manhattan dans les arcanes du monde de l’art.


Mon avis

Quelle belle découverte ♥

Tout commence avec Edward Hopper dans un prologue.  On a retrouvé trois tableaux à Cape Cod, cinquante ans après sa mort. Le ton est donné , bienvenue dans le monde de l'art et de la peinture. 

Trois mois plus tôt, New York, une célèbre galeriste, Elena Tramonte a disparu lors du vernissage consacré à un peintre, lui même retrouvé assassiné dans son atelier. 

Elena était la compagne de Lawrence Mason, un collectionneur immensément riche qui meurt à son tour d'une crise cardiaque, laissant à sa belle-fille, Kerry, jeune photographe,  trois magnifiques tableaux représentant sa mère.

Julian Taylor est l'expert en charge de la collection.  

Kerry va rencontrer Julian, découvrir les toiles et être intriguée par des éléments troublants qui évoquent Edward Hopper.  Elle est persuadée qu'il y a un lien entre ces toiles, Hopper et la disparition de sa maman.  Commence alors une enquête avec l'aide de Julian.  C'est passionnant, cela prend la tournure d'un polar.  Des indices, des fausses-pistes, on croit arriver près du but et il y a d'autres rebondissements.  Véritable maître du suspense, Arnaud Nihoul nous dévoile les coulisses du monde de l'art, c'est passionnant.  New York est également un personnage phare du roman, on voyage dans la ville merveilleusement bien décrite.  Un moment d'évasion garanti.

Original, très bien ficelé, je vous le conseille vraiment.  C'est aussi le livre qui vous donne envie de revoir les oeuvres de Hopper dont, m'a confié l'auteur, chaque chapitre en porte le nom.

C'est belge, c'est un gros coup de coeur à découvrir d'urgence.

Ma note : ♥♥♥♥♥

 
Les jolies phrases

Aimer l'apparence, ce n'est pas aimer.

La vie est comme un songe, menée par le pouvoir de l'imagination.

La photo est vite produite et peut facilement être dupliquée, rien à voir avec la réalisation d'une toile.  Pourtant, si on considère que le regard de l'artiste est essentiel, les deux modes de création se rejoignent pleinement. Sans parler de la parfaite maîtrise technique, la capacité d'en tirer le meilleur parti, d'en connaître la puissance et les limites.  Les grands photographes sont, à cet égard, dignes des peintres les plus réputés.

Quand on pose un regard de photographe sur le monde et qu'on trouve l'évasion dans les livres, on n'est jamais seul. 

En plus, je suis un fan absolu de Hopper ! Ce type était un génie.  Et un original.  Il a capturé dapuis le métro aérien des scènes théâtrales magnifiques.  Et peint des toiles horizontales dans une ville résolument verticale. On retrouve un peu de la grammaire du cinéma dans ses peintures, ce sont de véritables décors de films ...  Il y a énormément d'atmosphère dans ses tableaux.
On disait que les silences de Hopper n'étaient pas vides, continua Harry, ceux de ses toiles pas davantage.  Il ne jugeait pas, il observait et révélait.  Certains le surnommaient d'ailleur le témoin silencieux.

Il suffit parfois d'une simple rencontre pour faire dévier une vie.



dimanche 17 mars 2024

Dernier bateau pour l'Amérique - Karine Lambert ♥♥♥♥♥

 Dernier bateau pour l'Amérique -  Karine Lambert  ♥♥♥♥♥










Hachette
La belle étoile
Parution : 13 mars 2024
Pages : 352
Ean : 9782501171960
Prix : 21.90 €


Présentation de l'éditeur

On a bien failli le rater, ce bateau de la dernière chance. On nous a prévenues à 6 heures du matin que le Serpa Pinto avait enfin accosté au vieux port. Nous avons rassemblé nos affaires à la hâte et nous sommes parties avec les valises et les paquets à travers les rues sinueuses de Marseille, soufflant, trébuchant, courant comme des poules sans tête. Les passants nous regardaient ébahis. Moi je craignais qu’on se trompe de direction. J’ai découvert le navire en deux temps. D’abord l’odeur de la fumée. Puis en arrivant sur le quai, l’immense coque noire et les trois cheminées rouges alignées. Il était sur le point de larguer les amarres. Valia a crié : « Attendez-nous ! »

Anvers, 10 mai 1940. Pianiste prodige, Germaine Schamisso s’apprête à fêter ses dix ans au moment où les Allemands envahissent la Belgique. Benjamine d’une famille d’émigrés juifs russes, elle fuit avec les siens.

Bruxelles, aujourd’hui . Karine Lambert apprend la mort de Germaine, sa mère, qu’elle n’a pas vue depuis vingt ans. Surgit alors chez la romancière le désir de comprendre qui était cette femme qui ne lui a jamais dit qu’elle l’aimait. Ni avec ses mains, ni avec ses yeux, ni avec ses mots. Encore moins avec ses baisers. Au fil des mois, son enquête la conduit d'Odessa à Anvers, de Marseille à Ellis Island, de New York à Bruxelles. Elle découvre le tumultueux destin de ses ancêtres, leurs déchirures, leurs secrets enfouis. La vie que sa mère ne lui a pas racontée, elle décide de l’imaginer.


Dans une narration virtuose entre les lieux et les époques,
Karine Lambert livre son roman le plus personnel.

Karine Lambert

Observatrice et sensible au monde qui l’entoure, Karine Lambert est une romancière et photographe belge. Derrière son objectif, elle capte des instants de vie essentiels : éclats de rire, de fragilité et de vérité. Que ce soit avec des images ou avec des mots, elle raconte ce qui la touche. Passionnée par l’être humain et sa capacité à se réinventer, les thèmes qu’elle explore et les univers qu’elle crée sont à chaque fois très différents. Il est cependant toujours question d’amour de la vie, de perte de repères et de solidarité. Ses livres sont publiés en treize langues dans plus de vingt-cinq pays.
« Écrire, c’est mettre de l’ordre dans mes émotions, un espace de liberté, un grand terrain de jeu … et vivre toutes les vies que je ne vivrai jamais. Je suis tour à tour danseuse étoile, gardien de zoo ou platane centenaire. »


Mon avis



Karine Lambert nous propose son roman le plus personnel, une enquête pour comprendre ses racines et l'origine du manque d'amour maternel mais aussi un fabuleux voyage à travers le temps et l'espace, émotions garanties. ♥

Au décès de sa mère qu’elle n’avait pas vu depuis plus de 20 ans, Karine a reçu un message de Viviane, sa cousine d’Amérique dont elle n’avait plus de nouvelles depuis un demi-siècle. Ce message l’a bouleversée et elle s’est questionnée sur la notion de famille, pourquoi sa mère, Germaine Schamisso avait coupé tout lien avec celle-ci, pourquoi sa mère n’avait jamais témoigné pour elle le moindre geste d’amour ? Pourquoi sa mère avait-elle dédié sa vie pour plaire à son mari ? Elle qui était une pianiste virtuose, une femme en quête de liberté ?

La narration est originale et émouvante. En alternance, l’autrice nous raconte l’évolution de son enquête, les maigres éléments en sa possession mais aussi ses sentiments et émotions à l’écriture, ses doutes, ses peurs et la nécessité de savoir. D’autre part, le roman prend le dessus et l’on découvre qui était Germaine Schamisso, une petite pianiste prodige qui allait fêter ses 10 ans à Anvers le 10 mai 40, jour où tout bascula, le début de la guerre. Issue d’une famille d’émigrés juifs russes, commence pour elle un nouvel exil, un long voyage vers le Sud de la France, New York, Anvers en passant par la fabuleuse Julliard’s School , Carnegie Hall où Germaine donna un concert à l’âge de 15 ans.

On découvre la famille, la fuite contre le nazisme, un nouveau départ, des peurs, des craintes mais le plus fort est ce sentiment d’espoir, de liberté.

La plume de Karine Lambert est magnifique, bouleversante, c’est une raconteuse d’histoire née, beaucoup d’émotions ressenties à la lecture. L’écriture est belle, pudique, juste. J’ai vraiment été emportée par cette histoire, le sentiment de l’avoir vécue, d’avoir accompagné Germaine et Karine durant la lecture.

Lisez ce livre, il est magnifique.



Coup de ♥


Les jolies phrases



Ma mère est morte il y a un mois.
Je ne suis pas allée à son enterrement.
Vingt ans que je ne l'avais pas vue.
Elle ne m'avait jamais dit qu'elle m'aimait.
Ni avec ses mains, ni avec ses yeux, ni avec ses mots.
Encore moins avec ses baisers.

Pour l'instant tout va bien, mais le malheur traversé ne protège pas d'un nouveau malheur.

Un elle écrit.  Un  je  murmuré.  
En elle, je pèse chaque mot, je nuance.  En je, je me laisse aller.

Être juive, c'est ainsi. On n'a plus rien, on est nu, on a froid, on est seule.

Juive.  C'était un mot vie. Vide de savoir, de sens, de liens.  Ma mère a manqué à cela aussi.  Partager la richesse de ses origines.  Je commence à percevoir le paradoxe. Faire partie de la grande famille, c'est à la fois bénéficier d'un terreau fertile et devenir une cible.

Pour raconter leur histoire, je ne dispose que d'ombres, parfois d'un peu de lumière.  

Elles ont un point commun, les trois soeurs.  L'urgence de vivre pour compenser leur jeunesse volée.  Briller leur prenait tellement d'énergie qu'il ne restait pas de place à ces femmes pour être mère.

Pour les sortir de l'oubli, , je suis sourcier, paratonnerre, éponge. J'essaye d'être authentique.  J'essaye de réduire au mieux l'écart entre légende et vérité.  Je tente de dater avec précision les événements.  J'explore les silences, j'appréhende les secrets. Le reste, je peux, je dois le fantasmer.  Si je ne trouve pas de réponse factuelle à mes interrogations, je privilégie la dramaturgie de l'histoire.

Je ne connais rien qui puisse autant me raccrocher à la vie que l'écriture. C'est aussi fort que d'être amoureuse. Chaque livre est une nouvelle histoire d'amour. Je pensais que celle-ci n'en était pas une.

Pour moi, Juif, cela signifie la terreur, l'horreur, le malheur.  J'ai déjà quitté un pays à cause de toi, ma carrière de l'autre côté de l'Atlantique à cause de toi.  Je ne suis plus le paquet que vous déplacez à votre guise.  Je n'irai pas en Israël, je n'irai pas à New York, je n'irai plus où tu veux.  Mon mari deviendra mon continent. 


Si l'on avait été deux, le silence n'aurait pas pris toute la place.  On aurait terrassé le chagrin et l'indifférence.  Je ne peux m'empêcher de penser que cela aurait tout changé. 

Du même auteur j'ai lu


Cliquez sur la couverture pour avoir accès à l'article




Image