Mademoiselle Papillon Alia Cardyn ♥♥♥♥♥
Robert Laffont
Parution : 15 octobre 2020
Pages : 272
EAN: 9782221249352
Prix : 18.80 €
Présentation de l'éditeur
L’histoire inouïe de Thérèse Papillon, reconnue juste parmi les nations, révèle la force de nos rêves.
Gabrielle, 30 ans, infirmière, s’occupe de grands prématurés dans un service de néonatologie intensive. L’univers de la jeune femme s’est réduit aux quelques mètres carrés de sa salle, la salle 79, où elle glisse lentement dans l’indifférence, lorsqu’elle découvre l’histoire de Mademoiselle Papillon.
En 1920, dans une France ravagée par la Première Guerre mondiale, cette infirmière de la Croix-Rouge est envoyée au dispensaire de Vraignes-en-Vermandois. Alors qu’elle tente de mener à bien sa mission, la vision des enfants qui succombent dans la rue l’obsède. Une ambition se forme et prend bientôt toute la place : elle doit bâtir une maison pour les protéger.
Lorsqu’elle franchit le seuil de la sublime abbaye de Valloires, Mademoiselle Papillon est convaincue d’approcher son rêve.
Ce roman mêle le destin de deux infirmières et met en lumière une femme exceptionnelle : Thérèse Papillon, qui a sauvé des milliers d’enfants et a été reconnue Juste parmi les Nations. Après avoir mené une véritable enquête – en néonatologie mais aussi auprès de ceux qui ont connu Thérèse Papillon –, Alia Cardyn livre un hommage sensible et lumineux aux femmes qui ont l’audace d’incarner le changement.
L'auteure
©Astrid di Crollalanza
Belge, diplômée en droit et en sciences politiques, Alia Cardyn a été avocate. Aujourd’hui, elle consacre son temps à l’écriture. Elle a publié plusieurs romans aux éditions Charleston : Une vie à t’attendre, lauréat du prix des Lecteurs de la chaîne de magasins belges Club (2016), Le Choix d’une vie (2017) et L’Envol (2019) et Mademoiselle Papillon est son quatrième roman, le premier aux Éditions Robert Laffont.
Mon avis
Attention pépite ! ♥
C'est le quatrième roman d'Alia Cardyn. Que de chemin parcouru depuis son premier roman "Une vie à t'attendre" prix Club 2016.
Ce sont deux destins de femmes qui sont mis en lumière. Deux femmes extraordinaires qui se dévouent aux autres, aux enfants plus particulièrement.
L'une est actuelle, il s'agit de Gabrielle, infirmière en néonatalogie, un métier oh combien difficile, où il est parfois difficile d'accepter la vie qui s'en va. Elle est investie dans son travail, se donne à fond, très professionnelle, consciencieuse mais sa carapace s'ébrèche et la douleur des autres la touche plus qu'il n'en faudrait. Elle doute, se sent fatiguée, vulnérable.
Du côté sentimental, c'est pas brillant non plus, elle se cherche, rêve des amours, les imagine, elle n'est pas prête, pas disponible pense-t-elle.
Sa mère, Rachel Adelman, est écrivaine et lui confie la lecture de son dernier manuscrit, un livre qui est très important. Il lui est dédié et raconte l'histoire de Thérèse Papillon, un personnage hors du commun qui a vraiment existé et qui a dédié sa vie aux autres.
Tout commence après la première guerre mondiale en 1920. Thérèse arrive comme infirmière au dispensaire de Vraignes-en-Vermandois. Tout est à refaire après des années de guerre, c'est la désolation, le manque est partout. Les enfants malnutris traînent dans les rues, les maisons sont abîmées, humides, pas bien chauffées, la tuberculose est latente et dans ces conditions peut très vite devenir active. En se rendant au dispensaire, elle croise un petit garçon Pierre, il est maigre, ne grandit pas beaucoup. Thérèse est touchée, elle rêve d'un endroit , d'une maison à construire pour sauver les enfants de cette misère. Son idée créer un "préventorium". Cela devient une idée fixe, son combat, sa mission. Au départ de rien on peut construire, on fait avec ce que l'on a. Sa pugnacité, sa volonté lui donneront accès à un bon toit, celui de l'Abbaye de Valloires.
Le hasard fait qu'il y a un an, je l'ai visitée, l'endroit est magnifique, toujours dédié aux enfants et l'aura de Mademoiselle Papillon est toujours là.
Gabrielle va lire le manuscrit de sa maman et trouver des similitudes entre elle, ses doutes et Mademoiselle Papillon. Elle aussi peut changer les choses et donner une meilleure vie à ses petits protégés de la salle 79.
Ce récit est magnifique, lumineux. La plume d'Alia est très agréable, elle nous permet de vivre avec ses personnages de papier. Le livre se dévore, c'est une pépite qui fait du bien.
La construction est parfaite, roman polyphonique qui passe d'une époque à une autre, d'un combat à l'autre. Peu à peu Gabrielle s'exprime, se réalise et découvrira le message que sa maman veut lui faire passer à travers ce récit.
Un magnifique hommage aux infirmières.
Lisez ce roman c'est une petite merveille ♥
Coup de ♥
Les jolies phrases
Le temps est l'unique réponse à toutes les angoisses. Dans notre médecine, il n'y a aucune constante. L'incertitude est reine. On ne peut qu'être là. Être là, c'est faire de son mieux.
Pour accéder à la liberté, le bébé doit pouvoir respirer tout seul, digérer, maîtriser sa température, s'alimenter de façon autonome et avoir un certain poids.
Ce qui nous sépare, Mademoiselle Papillon et moi, n'est pas tant le contenu, des qualités présentes ou non, mais surtout une vision.
Face à la souffrance, aider est la seule façon de pouvoir gérer.
La peur influe sur notre façon de percevoir la réalité.
Le temps qui n'est pas consacré aux autres est du temps perdu.
Ce qui rend heureux, c'est d'en avoir bavé... puis de s'en être sorti.
Les gens jugent quand ils ne connaissent pas. Les gens rejettent quand ils se sentent exclus.
J'ausculte, je soigne, j'assiste notre unique médecin, agacée par mon manque d'efficacité. À quoi servons-nous si nous laissons traîner les petits dans la rue, premières proies pour la maladie qui sévit ? Cela revient à soigner certains tout en contemplant d'autres devenir nos futurs patients. Sauf qu'un bandage ne pourra rien contre la tuberculose.
J'ai l'impression que notre métier ne tolère aucune autre difficulté que celles rencontrées ici, poursuit-elle. Pour pouvoir être une infirmière solide, on devrait toujours avoir une vie privée agréable. Pour conserver les deux plateaux de la balance en équilibre.
C'est le principe même de notre existence. Perdre l'équilibre puis le rétablir. Chaque fois plus solide.
De toutes façon, si on consacre sa vie aux autres pour des mercis, cela ne dure pas longtemps. On donne parce que cela a un sens profond pour soi. Parce que c'est ce qui nous nourrit, nous élève, nous anime. C'est une tout autre posture. On devient ces mains qui dessinent un rêve et l'individu disparaît au profit d'un miracle, celui d'enfants qui trouvent enfin refuge.
Ce soir, je pense aux parents de Madeleine. À leur chagrin, à l'amour immense qui pousse à préserver l'autre au mépris de soi-même, en s'infligeant la plus douloureuse des souffrances, celle e peut-être toucher son enfant pour le dernière fois.
C'est la relation aux autres qui donne toute sa valeur à la vie. L'être humain existe pour cela.
Notre monde n'a que le sens que nous lui donnons.
Je voulais raconter une histoire sur le pouvoir du don de soi. On oublie que lorsque l'on prend soin d'un autre être humain, on prend soin de ceux qui croiseront sa route. L'amour suscite l'amour. Cela nous donne un pouvoir personnel infini.
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