dimanche 27 avril 2014

Mamette tome 5

Mamette


Nob
Tome 5  La fleur de l'âge
Format : 215 x 293 mm
48 pages
Parution 11/2011
Façonnage: Cartonné
EAN/ISBN : 9782723480710
Prix: 9.99€

Résumé

Le bonheur de vivre !


Les nouvelles aventures, toujours plus tendres et réjouissantes, de la grand-mère que tout le monde aimerait avoir ! Ce qui est bien, avec la retraite, c’est qu'on a le temps de voyager ! Et avec le club des seniors, une virée à Barcelone promet d'être joyeuse. D'autant plus que c'est l'occasion pour Mamette de resserer les liens avec sa petite-fille qui accompagne la joyeuse bande de retraités, tous plus délurés qu'une bande de garnements en colonie de vacances. Une petite-fille qui a bien besoin de la joie de vivre de sa grand-mère pour reprendre confiance en elle. Mais les voyages, c'est comme la vie, on ne sait pas toujours ce qui vous attend, et celui-ci va vite prendre des chemins de traverse et croiser la route de personnages inattendus !


Nob




Né à Tours en 1973, Nob effectue ses premiers pas de dessinateur dans un fanzine qu'il crée au lycée. Il fait son entrée dans le magazine "Tchô !" après avoir remporté le Concours Jeunes Talents organisé par les éditions Glénat. Il crée les aventures de Bogzzz, puis devient rédacteur en chef du journal en 2003. L'année suivante, il lance Mon ami Grompf dans le mensuel "D-Lire" en poursuivant ses activités dans Tchô ! Nob trouve l'inspiration et le temps pour mettre en scène l'adorable Mamette, une mamie douce et sucrée, comme les choux à la crème dont elle raffole. En 2009 ont également parues Les Souvenirs de Mamette, dont le premier album a été sélectionné au Festival d'Angoulême 2010 ! Nob vit désormais à Saillagouse dans les Pyrénées.

Mon avis

Un régal comme toujours.  Mamette part en vacances en autocar avec des retraités comme elle et sa petite fille Lola.  Une véritable histoire cette fois, pas une multitude de petits gags à lire séparément cette fois.  Nous partons donc vers l'Espagne mais un souci de car oblige nos  joyeux lurons à faire escale. Une colo de retraités vous imaginez ?? Non alors il vous faut lire cet album savoureux.  Beaucoup d'humour cela m'a fait rire de bon coeur.  De bons gags, de nouveaux personnages un papy motard et son petit fils Jonny, Melle Pimbèche....et bien d'autres...  Pour passer un bon moment

Ma note 9/10


samedi 12 avril 2014

Pour quelques milliards et une roupie Vikas Swarup ***

   

Pour quelques milliards et une roupie



Vikas SWARUP
Traduit par Roxane AZIMI
Avril 2014
Littérature étrangère
21,90 € - 425 p.


Un grand merci à Babelio et aux Editions Belfond pour ce partenariat.


Résumé

Après "Les Fabuleuses Aventures d'un Indien Malchanceux qui Devint Milliardaire" et "Meurtre dans un Jardin Indien", le grand retour de Vikas Swarup. Un palpitant conte de fées moderne sur une jeune femme pauvre de New Dehli qui se voit offrir une fortune par un mystérieux milliardaire. Mais à quel prix ? Entre réalisme brut et merveilleux débridé, un panorama fascinant de l'Inde d'aujourd'hui.


Par l'auteur de l'inoubliable Slumdog Millionaire, un roman picaresque foisonnant, drôle, émouvant, doublé d'un page turner redoutable. Des paillettes des plateaux télé de Mumbai aux sous-sols des bidonvilles de Delhi, un trépidant voyage au coeur de l'Inde d'aujourd'hui.

Les contes de fées, il y a bien longtemps que la jeune Sapna Sinha n'y croyait plus. Écartelée entre un propriétaire sans scrupules, une soeur qui se prend pour Miss India et une mère malade, elle a dû renoncer à ses rêves et accepter un poste de vendeuse en électroménager.

Et puis un jour, le miracle ! Le rendez-vous qu'elle attendait avec son destin. Ou en l'occurrence avec Acharya, un industriel richissime, qui lui fait une proposition hallucinante. Son entreprise, sa fortune, il lui lègue tout. À une condition : que Sapna réussisse sept épreuves.

Don du ciel ou pacte avec le diable ?

Et voilà notre jeune Sapna embarquée dans une suite d'aventures rocambolesques où elle devra, pêle-mêle, sauver une jeune fille d'un mariage arrangé, démasquer l'avarice d'une star bollywoodienne adulée, partir à la rescousse d'enfants réduits en esclavage ou encore révéler l'odieux trafic d'un médecin au-dessus de tout soupçon.
Dans ce périple au bout d'elle-même, Sapna saura-t-elle ne pas se perdre ? Jusqu'où est-elle prête à aller pour quelques milliards et une roupie ?

L'auteur




Il est l'auteur du roman Les Fabuleuses Aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire (2005), adapté au cinéma en 2008 par le réalisateur britannique Danny Boyle sous le titre Slumdog Millionaire. Ce récit, qui est son premier roman, est intitulé Q&Adans sa version originale, et raconte l'histoire d'un jeune Indien misérable et sans argent qui devient le grand gagnant d'un millard de roupies lors d'un célèbre jeu télévisé de son pays, en parvenant à répondre aux questions du jeu grâce à différents épisodes et rencontres de sa vie. Le roman a été traduit dans plus de 43 langues et a remporté de nombreux prix littéraires, tels que le South Africa’s Exclusive Books Boeke Prize 2006 ou le Prix Grand Public au Salon du livre de Paris 2007. Simon Beaufoy a adapté l'histoire en scénario pour Danny Boyle et leur film a remporté 8 Oscars en 2009.

Le second roman de Vikas Swarup, Six Suspects, a été publié par Transworld le 28 juillet 2008. Ce roman est en cours de traduction dans de nombreuses langues et a été publié en français sous le titre Meurtre dans un jardin indien. Il doit être adapté à son tour pour le cinéma.

Son troisième roman intitulé "Pour quelques milliards et une roupie" est paru en 2014.

Mon avis


Merci aux éditions Belfond et à Babelio pour ce voyage en Inde via le dernier roman de Vikas Swarup.
Je l’attendais avec impatience ayant savouré « Les fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire » devenu célèbre par son adaptation cinématographique sous le titre de « Slumdog Millionaire ».  J’avais également adoré « Meurtre dans un jardin indien ».

J’étais donc très impatiente de le commencer. Le quatrième de couverture était plus qu’alléchant mais quelle douche froide après avoir lu une centaine de pages ! La magie n’opérait plus; c’est le sentiment de déception qui m’a gagné. 

Certes, la patte, l’écriture fluide et facile m’ont emmené au fil des pages avec cet humour caractéristique de Vikas Swarup mais les ficelles étaient trop visibles. Son mode de fonctionnement est identique au deux premiers romans. Tout est trop prévisible; je n’avais plus d’effet de surprise…. Jusqu’au dernier tiers où on retrouve le talent de l’intrigue de Vikas Swarup et une fin tout à fait inattendue.  La dernière partie vaut vraiment la peine.

Sapna Sinha, notre héroïne est vendeuse en électroménager. Elle a dû renoncer à ses rêves et à ses études pour faire survivre sa famille. Elle a perdu son père dans un accident peu après le suicide de sa sœur. Leur vie a alors basculé.  Sa mère est malade et sa sœur a des rêves que Sapna ne veut pas décevoir.

Un jour, en sortant du temple, elle se fait accoster par Monsieur Acharya. C’est un riche industriel, à la tête de la société ABC Industries. Acharya lui fait une proposition hallucinante : Sapna doit réussir 7 épreuves et elle sera désignée PDG à la tête de son empire et disposera de sa fortune.  Elle décline son offre. Que cela cache-t-il ?

Un peu plus tard, par la force des choses, elle est contrainte d’accepter sans vraiment y croire.  Elle sera soumise à 7 épreuves pour tester ses capacités de manager : leadership, intégrité, courage, clairvoyance…
Le récit s’annonçait donc bien. Allais-je vivre un conte de fée des temps modernes ?

Vikas Swarup au fil des aventures de Sapna nous décrit l’Inde, pays de contrastes par excellence, les riches, les pauvres, la vie en ville ou à la campagne.  Il nous dépeint avec humour et optimisme la société indienne et ses travers : la condition de la femme et les mariages forcés, la force de la télévision et ses jeux de téléréalité, Bollywood, l’esclavage et le travail des enfants, la corruption, le trafic d’organes, la justice…..

Mais où est le problème, qu’est-ce qui cloche ?

C’est que Sapna est trop parfaite, elle est trop top, battante, elle a la solution pour tout, pitié stop, c’est trop… Cela en devient lassant, trop prévisible. C'est une 'wonder woman', une justicière des temps modernes. Non désespérément non, je me suis un peu forcée tellement c’était cliché sur cliché.

Heureusement dans la dernière partie du roman, une nouvelle intrigue voit le jour, et là, la sauce reprend. Une nouvelle part de suspense comme on en avait l’habitude. Cela devient passionnant pour une fin tout à fait inattendue.

Vous l’aurez donc compris, une lecture mitigée, un bon moment tout de même grâce au dernier tiers du récit.  Cela se lit toujours très vite. Je suis peut-être trop habituée à son style. Si ce roman avait été ma découverte de Vikas Swarup, je suis certaine que j’aurais été plus charmée. Je pense qu’il serait judicieux qu’il se renouvelle.

Ma note globale 6.5/10


Les jolies phrases


Dans la vie on n’obtient jamais ce qu’on mérite ; on obtient ce qu’on a négocié.

Le premier pas vers la réussite, c’est le désir de réussir. De notre volonté dépend notre destinée.

Un leader n’a pas besoin d’être le plus beau, ni le plus fort, ni le plus intelligent.  C’est quelqu’un qui montre la voie, qui incite les gens ordinaires à faire des choses extraordinaires.

En fait, il n’y a qu’une catégorie de gens qui vivent heureux jusqu’à la fin des temps.  Qui ça ? Les morts.

C’est la vie qui distribue les cartes, et vous qui jouez. Moi, je ne suis qu’un croupier qui annonce les résultats.

Le courage n’est pas le contraire de la peur : c’est la capacité d’agir « malgré » la peur et face à l’adversité.

Rappelez-vous simplement ceci, il y a trois choses qui n’attendent pas : le temps, la mort et la chance. 

Je vais te dire quelque chose, Sapna.  Il n’y a pas d’avenir en Inde pour les gens comme toi et moi.  Seuls les très riches et les très pauvres peuvent s’en sortir ici.  Les autres, personne ne se soucie d’eux. Même en période électorale.

Ce matin-là, pour la première fois, je prends conscience de la nature profonde du lien mère-fille, de son intensité, de sa force indestructible et, par-dessus tout, de son pouvoir rédempteur.

Ils ont rejoint ma Pal

Du belge pour commencer, de la poésie.


  


Antoine Wauters vous le connaissez n'est-ce pas c'est le vainqueur du Prix Première 2014 avec Nos mères  

Le voici dans son registre premier la poésie.

Sylvia


Antoine Wauters
Cheyne - Grands Fonds
28 Février 2014
Littérature Française Romans Nouvelles Correspondance
96 pages, 22.5 X 14.5 cm, 225 grammes


« Maintenir vos yeux, comme clarté pure ou diffuse joie, je dois. » C'est de ses grands-pères, décédés quasi simultanément, que parle ainsi Antoine Wauters et le devoir qu'il s'impose d'en garder la mémoire éclairée malgré la maladie et la mort est, autant que dette ordinaire de l'amour, effort de la conscience pour ne pas se laisser submerger par le désaveu et la perte. Car la vie est l'expérience crue des contraires : au moment où meurent les deux grands-pères, un enfant vient au monde. De cette expérience à vif, la poésie est la mesure exacte. Celle, ici, de Sylvia Plath dont l'écriture extrême et sans compromis accompagne l'auteur dans ces heures critiques où l'existence douloureusement se tend entre perte et joie. Lire Sylvia, sa soeur dans l'âme, aide alors Wauters à saisir au coeur des circonstances ces vérités intenses que promet à tous la poésie qui ne ment pas : la vie tombe dans sa nuit et la joie demeure.



Encore merci à Babelio et masse critique jeunesse



Le temple des Mokus

Le Temple des Mokus - Geoff Rodkey


Le Temple des Mokus
Geoff Rodkey
Traduit par Rosalind Elland-Goldsmith
Date de parution 10/04/2014
Fiction
372 pages - 15.90 € TTC

Résumé

Après s’être échappés de justesse de l’île de Temps-Mort, Egg et Tripoux embarquent pour les Terres Nouvelles afin de trouver des Okalus capables de déchiffrer la mystérieuse carte au trésor. Mais le terrible Roger Pembroke les suit à la trace, bien décidé à mettre la main sur la carte. Et les Terres Nouvelles regorgent de dangers…

Peuvent-ils faire confiance à la jolie Kira, princesse okalu dont Tripoux est tombé amoureux ? Ou à Millicent, la fille de Pembroke ?

Une chose est sûre : Egg et Tripoux peuvent compter sur leur amitié.



vendredi 11 avril 2014

L'étranger adaptation bd Jacques Ferrandez ♥♥♥♥

        


L'ÉTRANGER


Par : Jacques Ferrandez
D'après l'œuvre d'Albert Camus
Collection : Fétiche
Date de parution : 12 / 04 / 2013
136 pages
22 €
210 x 280 mm
ISBN : 9782070645183
Code distributeur : A64518
Gallimard

Résumé

Le jour où sa mère est morte, Meursault a remarqué qu'il faisait très chaud dans l'autobus qui le menait d'Alger à l'asile de vieillards, et il s'est assoupi. Plus tard, dans la chambre mortuaire, il a apprécié le café que lui offrait le concierge, a eu envie de fumer, a été gêné par la violente lumière des lampes électriques. Et c'est avec une conscience aiguë du soleil qui l'aveugle et le brûle que l'employé de bureau calme et réservé va commettre un acte irréparable. Camus présente un homme insaisissable amené à commettre un crime et qui assiste, indifférent, à son procès et à sa condamnation à mort.

Le chef d'œuvre d'Albert Camus en bande dessinée. Jacques Ferrandez en offre une relecture passionnante en bande dessinée, sans en épuiser le mystère.

La presse en parle

«Sa plus belle réussite, en la circonstance, est d'avoir offert à Meursault, cet étranger à soi et au monde, un visage et un regard questionnant les certitudes sur lesquelles sont fondées nos propres communautés humaines : la morale, Dieu, l'amour, la famille» (Le Point).

«On sent l'artiste porté par une force éblouissante et radieuse» (Le Figaro).

«Au plus près du texte original, le dessinateur excelle à retranscrire le drame de Meursault, le héros indifférent aux autres et à lui-même de "L'étranger"» (Direct matin).

L'auteur


Jacques Ferrandez naît en 1955 à Alger. Après l'École des arts décoratifs de Nice, il se tourne vers l'illustration et la bande dessinée. En 1987, il débute «Carnets d'Orient», une fresque sur l'histoire de la présence française en Algérie, qu'il achève 20 ans plus tard. Spécialiste incontesté de la question algérienne, il adapte la nouvelle de Camus, «L'Hôte», en 2009. Ses livres font l'objet de nombreuses expositions, en France et en Algérie, notamment aux Invalides à l'occasion des 50 ans de la fin de la guerre d'Algérie, en 2012. Il a reçu pour ses «Carnets d'Orient» le prix spécial du jury Historia 2012. 


Mon avis

L'étranger de Camus, un grand classique, un rendez-vous scolaire obligé dont pour ma part j'avais gardé un excellent souvenir, Camus étant un de mes auteurs favoris. L'étranger fut son premier roman.  
J'ai eu la chance de recevoir dans ma boîte aux lettres cette magnifique adaptation en BD , merci à la librairie Pages après Pages de Paris pour ce très beau cadeau.

Meursault apprend le décès de sa mère.  Elle était à l'hospice depuis trois ans car il n'avait pas les moyens de lui offrir une garde malade à demeure.  Il se rend à Marengo à 80 kilomètres d'Alger pour la veiller et l'enterrer. 

En rentrant, il va se baigner et rencontre Marie, une ancienne collègue avec qui il se rendra au cinéma pour voir un film de Fernandel. Elle deviendra sa compagne et envisagera de l'épouser.  

Son quotidien à Meursault : c'est Monsieur Céleste, Raymond Sintes (un maquereau un peu violent), Salamano (son voisin, le vieux au chien).

Un jour Raymond l'invite avec Marie chez des amis; les Masson, qui ont une cabane sur la plage.  Des arabes en veulent à Raymond, il y a de la bagarre.  Raymond est blessé au visage par un couteau, il est furieux, reste sur ses gardes.  Il possède un revolver, et confie à Meursault que si les arabes se représentent il l'utilisera. Meursault lui dit qu'il est plus prudent de lui confier son arme. Coïncidence sur la plage, il se retrouve nez à nez avec l'arabe qui le menace à son tour. En légitime défense il tire et tue l'arabe.

La seconde partie nous parle du procès qui attend Meursault.  Celui-ci est confiant, sur de son bon droit.

Nous assisterons ici non pas au procès de faits, ni d'un homme présumé innocent.  Chaque trait de caractère, chaque attitude de notre protagoniste sera utilisée et son jugement se bâtira sur quantité de préjugés, d'injustices.

Un récit débattant de la justice ou des injustices, de la peine capitale, de l'analyse d'une société cherchant à tout prix un coupable, un acharnement, un destin malheureux.
Un homme atypique qui n'attend apparemment rien de la vie, elle passe, on se demande ce qu'il fait là, il ne se révolte pas, il  est juste présent, spectateur. Pourquoi suis-je ici ?  Que m'apporte la vie ? semble-t-on entendre. 

Une très belle adaptation.  L'Alger des années trente est très bien rendu. De superbes aquarelles et un graphisme magnifique agrémentent ce texte d'anthologie.  Les illustrations se substituent au récit à certains moments.  J'ai adoré l'ambiance chaude et les jolies couleurs, particulièrement les scènes de la ville et de la plage. 

La noirceur apportée dans la seconde partie du procès et les traits des personnages sont d'une véritable justesse.  J'ai vraiment passé un très bon moment.


Un petit coup de coeur.

Les jolies phrases

On ne change jamais de vie, en tous cas, toutes se valent et la mienne ici ne me déplaît pas du tout.

Mais sa maladie c'était la vieillesse, et la vieillesse ne se guérit pas.

Oh il y a plus malheureux que moi.  Ma mère répétait souvent qu'on finirait par s'habituer à tout.

Hier, demain sont les seuls mots qui gardent un sens pour moi.

Rien n'est plus clair, en somme.  C'est toujours moi qui mourrai, que ce soit maintenant ou dans vingt ans, du moment qu'on meurt, comment et quand, cela n'empêche pas, c'est évident.


mercredi 9 avril 2014

La solitude du papillon Laurence Bertels *****



La solitude du papillon        


Laurence Bertels




Pendant qu’Isabelle lit Madame Bovary pour la quatrième fois, se languit et s’interroge sur sa vie de couple, un accident survenu en montagne bouleverse l’existence de sa fille, Clara. Chrysa­lide appelée à devenir papillon, la jeune fille va surmonter de nombreux obstacles pour attirer enfin les regards vers elle… Elle passera ensuite sans transition de l’enfance à l’âge adulte, celui où les amours se déchirent, où les solitudes s’installent.
De Paris à Gérone, en passant par la petite ville côtière de Veules-les-Roses en Normandie, se tissent les destins de personnages intimement liés sans le savoir par des secrets de famille.

Laurence Bertels



Journaliste culture à "La Libre Belgique"

MON AVIS


Laurence Bertels est journaliste culture à La Libre Belgique.  Elle est belge et lorsqu’elle avait 20 ans s’était dit qu’à 40 ans elle écrirait un roman. 40 ans se passent, 41, 42, 43  et ce roman ?  Elle a essayé et voici le résultat un très beau roman à quatre voix ayant pour thème les rapports mère-fille, quatre destins très intimement liés par un secret de famille.

Isabelle, la quarantaine relit pour la quatrième fois Madame Bovary. Elle est mariée à Philippe, maman de trois enfants Maxime, Clara et Ben le dernier « le ciment et la faille de son mariage » - Ben est handicapé .  Elle fait le bilan de sa vie.

Clara, 17 ans, a pour amies Margaux et Camille.  Elle partage tout avec elles.  Malheureusement, un drame survient et transforme la vie de Clara.  Camille perd la vie dans une avalanche et laisse un vide immense autour d’elle.
Clara perd pied, elle s’enfonce, s’accroche à son amie Margaux et à l’écriture.  Celle-ci sera salutaire : un blog dans un premier temps, des mails ensuite échangés avec Margaux.

A ce moment important de sa vie, entre en lice Matteo, l’ami de son frère Maxime, à qui Clara s’accrochera comme à une bouée salvatrice.  Et puis il y a aussi le théâtre qui jouera un rôle déterminant, elle reprend le rôle d’Iphigénie que jouait Camille, s’investira corps et âme malgré ses doutes qu'elle veut dépasser en mémoire de son amie disparue.

Autres personnages clés du roman : Catherine, la maman de Camille, amie d’Isabelle à la fac et Philippe, le père de Clara. 

Isabelle perd pied à son tour.  40 ans au service de sa famille, toujours présente pour tous, décide de prendre du recul, un peu de solitude dans la maison de famille à Veules-les-Roses ne lui fera pas de mal.  Elle doit faire le point, lâcher prise. Elle veut comprendre ce qui la dérange dans sa vie et réapprendre à voir celle-ci en face, reprendre contact avec elle-même, avec la vie.

Ces quatre destins sont intimement liés par un secret de famille qui les unit.  Ecrit de manière cinématographique avec une écriture contemporaine très touchante qui vibre de sensibilité et de tendresse.  Ce premier roman est très touchant.  Les phrases sont courtes. Il y a beaucoup de dialogues.  J’ai eu envie de faire un parallèle avec « Les choses de la vie » de Claude Sautet.

Un livre qui explore également d’autres chemins de Paris à Veules-les-Roses, en passant par Géronne.  Un Matteo à la recherche de son passé, obsédé par le franquisme et les liens qui pourraient y avoir entre lui, cette horreur et son ascendance.

Un très beau récit empreint d’émotions qui nous montrera comme son nom l’indique comment la chrysalide devient papillon avec l’éclosion à la vie pour Isabelle qui renaîtra et Clara qui prendra son envol quittant l’adolescence vers la vie d’adulte.  Ceci par le chemin de la littérature (Flaubert, Racine, Sweig) et de l’écriture.

Une très belle découverte que je vous conseille vivement.


Ma note  9/10


Les jolies Phrases


Pourquoi faut-il souffrir pour comprendre l'essentiel ?


C’est un ensemble de choses, des doutes, des questionnements, des frustrations.  Comme si j’étais à la croisée des chemins.  Rien d’important en somme.
Oui et non.  Je te comprends.  L’horloge tourne c’est pour cela qu’il faut savourer chaque instant, sans penser à demain.   


Le noir occulte la vie.  Un tourbillon plane au-dessus de leurs têtes.  Le néant arrive à pas de géant, juste avant le retour à la réalité qui toujours succède à la petite mort.

Isa est troublée certes, mais pas comme l'était Emma.  Elle a retrouvé les plaisirs de la chair, c'est vrai, mais elle n'a pas le coeur à l'envers. Juste les idées.

Cependant, pour pardonner, il faut savoir, comprendre, excuser.  Ex causa : expliquer les causes.
Qu'est-ce qui a poussé les gens à dénoncer leurs voisins ou parfois les membres de leur famille, sachant qu'ils seraient torturés, voire garrottés, par les policiers ?  Qu'est-ce qui peut justifier tant de lâcheté?

On dit parfois que les larmes guérissent.

Tout a été si vite.  La vague est montée puissante, aucune digue n'aurait pu l'arrêter.  Elle n'a pas eu besoin de courage.  Aujourd'hui, elle se sent soulagée.  Elle a l'impression d'avoir enfin traversé le gué et ne mesure pas encore les conséquences de son acte.  Précieux entre-deux.

Les roses sont floues, teintées de douceur et de non-dits, ceux qui justement révèlent tout.

Elle prend conscience de son pouvoir et de son charisme : une certaine justesse et une sincérité désarmante, malgré les maladresses.  La chrysalide devient papillon. La douleur la grandit et surtout l'embellit, même si la petite fille résiste en elle.  Ce soir, elle va tout donner.  Elle veut toucher le ciel de ses ailes fragiles, frôler Camille, rire avec elle, l'embrasser avant de la quitter.


mardi 8 avril 2014

Diagonale : un prix bd de chez nous



Un petit bonus dans le mois du belge....

DIAGONALE A L'INITIATIVE  DE LA VILLE D'OTTIGNIES-LOUVAIN-LA-NEUVE

Le Prix Diagonale est né en 2008 à l’initiative d’auteurs de Bande Dessinée  : le Président, Jean Dufaux, s’est entouré de Jean Van Hamme, Raoul Cauvin, Hermann, Dany, Cosey, Jean-Claude Servais, Jean-François et Maryse Charles.  
Depuis 2013, le Prix Diagonale a noué un partenariat avec le journal Le Soir et la Fondation Raymond Leblanc qui récompense un jeune créateur pour les 4 premières planches. Ce prix est assorti d’un montant de 20.00 euros pour créer leur album publié dans l’année aux éditions du Lombard.  
La remise des Prix Diagonale-Le Soir 2014 aura lieu à la Ferme du Biéreau, à Ottignies-Louvain-la-Neuve le 22 mai prochain. Le Prix Diagonale-Le Soir est la principale distinction BD en Belgique Francophone.
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Autant les prix BD importants fleurissent en France (Prix d’Angoulême, ACBD, RTL, France Info…), autant en Belgique, terre nourricière de la BD, les prix même prestigieux restaient relativement confidentiels. C’est dire si l’initiative qui suit est plutôt spectaculaire et ambitieuse…

Partant de ce constat, trois opérateurs importants ont allié leurs forces et leurs compétences respectives. Jugez plutôt : un « prize money » de 20 000 euros en cash, une campagne média de 100 000 euros, une publication dans le plus grand quotidien national, une dream team d’auteurs populaires… Voici donc

Les Prix Diagonale-Le Soir : les partenaires

  • le quotidien « Le Soir » (le journal de référence en Belgique francophone, dont les exclu BD et les éditions spéciales ne se comptent plus). Véritable prescripteur, le « Soir » a toujours fait de la bande dessinée l’un de ses domaines de compétence, mettant en avant tant le patrimoine que la création contemporaine.
  • le Prix Diagonale, initié il y a 5 ans par Jean Dufaux et la ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, seule initiative existante d’envergure en Belgique destinée à récompenser les meilleurs créateurs BD, composée d’un jury prestigieux : Dufaux, Van Hamme, Hermann,  Dany, Cauvin, Servais, Maryse et Jean-François Charles ainsi que notre confrère Daniel Couvreur.
  • la Fondation Raymond Leblanc, du nom du mythique fondateur des éditions du Lombard. Depuis 2006, la Fondation valorise, rassemble et conserve l’œuvre de Raymond Leblanc, créateur des Editions du Lombard. Par ailleurs, elle encourage et soutient la jeune création par l’attribution d’un prix annuel à de jeunes auteurs.

Quatre prix seront décernés dès le mois de mai de cette année à Ottignies-Louvain-la-Neuve :

  •     le Grand Prix, qui récompense un auteur pour l’ensemble de son œuvre
  •     le meilleur album de l’année
  •     la meilleure série de l’année
  •     le prix Raymond Leblanc de la jeune création

A la clé, pour le Prix Raymond Leblanc, une bourse à la création de 10 000 euros et un contrat d’édition (aux Editions du Lombard) de 10 000 euros d’avance sur droits. Pour chacun des prix, une campagne de communication d’une valeur de 100 000 euros sur les supports du « Soir »,  une interactivité avec les lecteurs du Soir (dont le vote sera pris en compte pour l’attribution des trophées). Le tout assaisonné d’une édition spéciale du « Soir illustrée en BD », d’une master class, d’une cérémonie délirante 100% humour belge…

Une opportunité de promotion pour tout le secteur

La Belgique (7% de la population francophone) absorbe entre 10 et 20% de la production BD franco-belge. On considère par ailleurs que 25% des auteurs professionnels sont Belges ou habitent en Belgique. Les nombreuses écoles de BD forment les nouvelles générations. Le réseau de vente (librairies généralistes, spécialistes BD et marchands de journaux) bénéficie d’un maillage beaucoup plus dense qu’en France. C’est dire l’important taux de pénétration du 9e art en Belgique.

Les Prix Diagonale-Le Soir, par leur puissance de feu, représentent une occasion unique pour les éditeurs de mettre en avant leurs productions. Par leur côté généraliste, ces prix permettront de promouvoir tant la BD grand public que des productions plus pointues, en dehors de toute guerre de chapelle.

Les organisateurs envisagent de mettre en place une opération commerciale au bénéfice des livres qui seront primés chaque année. Sous la forme d’une mise en avant (bandelettes, plv, relais média) dans un réseau de libraires participants, avec la complicité des éditeurs des œuvres primées.

Il n’y avait pas de prix BD retentissants en Belgique ? En voici quatre d’un coup. Et des beaux, des prestigieux. Une initiative solide et à vocation populaire, qui s’est donné les moyens de ses ambitions et qui entend promouvoir la BD franco-belge de qualité. 


source : le site de la ville d'Ottignies-lln

Votez dès à présent sur le site "lesoir.be/voteBD" 

Si vous souhaitez participer à la soirée de remise des prix le 22 mai à la Ferme du Biéreau 010/43 61 01  ou diagonale@olln.be




Alice et l'homme-perle Valérie Cohen ****



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Alice et l’homme-perle – Valérie Cohen


EN PARTENARIAT AVEC LES EDITIONS LUCE WILQUIN


 


Sméraldine
Editions Luce Wilquin
14 x 20,5 cm, 192 pages
ISBN 978-2-88253-479-8
EUR 19.-

RESUME


Alice, Juliette et Gisèle partagent leur quotidien dans une Résidence pour sexagénaires argentés de Saint-Germain-en-Laye. Lorsqu’elle commence à oublier la couleur des yeux d’un ancien amant, Alice sombre dans une profonde mélancolie. Hormis son époux décédé, Diego est le seul homme qu’elle ait jamais aimé. Pourquoi vivre encore si l’essentiel lui échappe ? Ses amies lui organisent alors un voyage surprise à Séville avec l’objectif inavoué de retrouver Diego. Un professeur de dessin taiseux, un juge vieux garçon et la sulfureuse directrice de la Résidence les accompagnent. Un périple cocasse, durant lequel leur propre histoire s’invite. Tout comme leurs désirs, leur envie d’oser de nouvelles routes. Leurs peurs aussi…

MON AVIS

Un tout grand merci aux Editions Luce Wilquin pour ce magnifique partenariat.  C'est un véritable cadeau que la découverte de ce troisième roman de Valérie Cohen.

Après Double vie d'un papillon 2010 Dorval
Nos mémoires apprivoisées  2012 Luce Wilquin

Alice Romain est à l'aube de ses 66 ans. Voilà à peu près six ans qu'elle a décidé de quitter Paris pour le calme de la Résidence "Les eaux douces" à Saint-Germain-en-Laye.
Elle est veuve. Depuis peu, elle a des petits trous de mémoire, oeuvre du temps; elle oublie certains détails et cela l'énerve.
Chaque jeudi elle se rend à l'aéroport pour voir les passagers qui débarquent et se donner un peu de rêve et d'évasion.
Elle y récupère aujourd'hui son amie Gisèle Noiret, qui pour oublier les effets du temps, s'est donné quelques coups de bistouri pour conserver une certaine jeunesse.  Gisèle est riche, célibataire et sans enfant.

A la résidence, Alice partage le quotidien avec son autre amie, Juliette Doutremont, une mamy comme on les aime, un peu rondelette, maman et grand-mère, bavarde, toujours de bonne humeur, positive, tournée vers les autres.

Il y a aussi Simon qui donne des cours de dessin et Jean-Louis un ancien juge, ami de Juliette , et miss Létiquette (on la surnomme ainsi car elle aime montrer qu'elle porte des marques).

Tout ce beau monde est encadré par Sylvie Joris, la directrice. La quarantaine, célibataire sans enfant  -elle ne pourra jamais en avoir -, elle se cherche au niveau sentiment.


Un jour au cours de dessin, Simon leur demande de dessiner le modèle présent.  Alice préfère en dessiner un de tête, son Diego ancien amant, amour de sa vie, perdu de vue depuis plus de 25 ans. Mais, catastrophe, sa mémoire, bon Dieu, elle ne se rappelle plus son regard, la couleur de ses yeux lui échappe.  Elle claque la porte du cours de dessin et devient encore plus nostalgique.

Un peu plus tard, avec la complicité de Sylvie, se met en place un voyage à l'initiative de Juliette qui a tout compris pour retrouver "l'homme-perle" d'Alice.

Un très beau récit, une plume magnifique très fluide, remplie de tendresse nous entraîne dans ce périple. Le livre est émaillé des différents courriers ou petits mots laissés jadis par Diego et nous décrit à merveille la passion qui fut entre Diego et Alice.

Le personnage de Sylvie n'est pas anodin, elle s'embarque sans réfléchir à la recherche du bonheur passé d'Alice avec "ses aînés".  Son parcours est intéressant, interpellant et va lui faire prendre conscience de son chemin vers le bonheur.

Un récit qui nous dépeint avec humour et tendresse, l'approche de la vieillesse avec ses réalités, la maladie, la mort qui n'est plus très loin mais aussi le fait que tout est toujours permis. La vie avance certes mais tout est toujours possible, les projets sont présents et doivent être vécus.  Chacun peut encore surprendre l'autre,- n'est-ce pas Juliette?- l'amour peut toujours être au rendez-vous.

Un livre lumineux qui nous parle de l'approche de la vieillesse avec de l'espoir, de l'humour et de la tendresse.  Il faut continuer à vivre, à être heureux, se réaliser, s'assumer, être heureux , il n'est jamais trop tard.

Merci Luce Wilquin, ce livre est un cadeau.

Ma note 9/10

LES JOLIES PHRASES


Vieillards, ce mot la terrifiait. Mourir était un concept acceptable. Vieillir, impensable.  Mille pensées contradictoires l’avaient envahie.  

…St Germain-en-Laye est devenu son port d’attache, un sentiment tardif et apaisant.  Une bouée à laquelle se raccrocher quand la vie a des airs de naufrage.

Le futur, pour elle, ne peut être qu’une succession de parenthèses ensoleillées.

Une envie de le secouer, et de lui faire mal.  De lui hurler que rêver n’est pas un délit punissable comme le croit sa fille Sylvie, mais une manière comme une autre, sa manière, de survivre au quotidien.

Nos muscles fondent, nos cheveux tombent et notre mémoire s’épuise. Mais crois-moi, notre cœur ne prend pas une ride.

Vivre un jour à la fois.  Je n’ai rien trouvé de mieux pour supporter l’absence.

Un dimanche par an, ses proches lui rappellent que durant des décennies, sa vie n’a été qu’une succession de fabuleux métiers peu lucratifs ; puéricultrice, infirmière de nuit, psychologue, chauffeur de taxi, cuisinière, réparatrice de portes trop fortement claquées, de pantalons troués et de cœurs brisés.  Mère.

Ce n’est pas grave de tomber et d’avoir mal.  Fais-moi confiance, les regrets mettent plus de temps à cicatriser que les plaies.

Ecrire c’est sa façon de voyager.  Son antioxydant lui permettant, depuis des années, de s’inventer mille vies et de se couler dans la sienne avec la certitude que demain elle pourra être institutrice, femme d'affaires ou princesse en pantoufles de vair.

La Folie. Douce folie. Aimer à la folie.  Être folle, fol dingue, folle à lier.  Ce mot, elle l’apprécie de plus en plus, et Juliette se met à regretter d’avoir attendu tant d’années pour en comprendre pleinement le sens.

Lucie se sent un peu comme une superbe résidence secondaire sans jardin à la campagne. Jolie, mais inutile.  

Tu m’as appris à rêver ; mais c’est douloureux, les rêves qui ne prennent jamais vie.  

L’homme-bonbon.   
"Le premier se déguste comme une friandise, d'où son nom.  Une fois l'emballage ôté et le bonbon consommé, il ne reste pas grand-chose.  Du léger, du tendre, du doux, un arrière-goût, voire rien.  Ou si peu que la mémoire en garde un souvenir pastel et gentil, parfois même vaguement ennuyeux.  Vous comprenez ce que je veux dire par là?"

L’homme-perle  
"Qu'il soit père, mari, frère, amant, poursuit Gisèle, l'homme-perle laisse en nous une trace indélébile, et celle-ci nous habite pour toujours, au-delà de l'amour, du plaisir, des blessures ou de la tristesse.  De la mort aussi.  Peu importe que nous ayons eu mal à en crever, cet homme nous a fait grandir, a grandi en nous, avec nous.  Il devait croiser notre route. une évidence, un cadeau de la vie.  Le karma, diront certains.  Il nous a laissé une empreinte.  C'est important, l'empreinte.  vous comprenez ce que j'essaie d'expliquer, Lucie?"


Toi et moi nous le savons : un chagrin d’amour ne tue pas, même si on le souhaite de toute notre force.  La vie trouve toujours le chemin pour nous ramener à elle.

Centenaire, à quoi bon ?  Serais-je capable de vivre sans rêver ?  Et si c’était cela, le début de la vieillesse : accepter de ne plus rêver et attendre ?





jeudi 3 avril 2014

Benny, Samy, Lulu et autres nouvelles Geneviève Damas


Mois belge Logo Folon Redstar 38 gras blanc ombre orange 1 sans bord



478blog
Euphémie
14 x 20,5 cm, 96 pages
ISBN 978-2-88253-478-1
EUR 10.-

Editions Luce Wilquin

Quatrième de couverture

Douze nouvelles, douze trajectoires de vie, douze moments où des êtres atteignent leur point de rupture. L’occasion de regarder les choses en face et, pourquoi pas, de prendre une trajectoire inexplorée, d’affronter ce qui fait peur, de larguer les amarres.
Élisabeth quitte précipitamment une réunion de famille pour aller acheter du wasabi, ‘Ma trottine le long d’une grand-route avec Benny, Jonas est sous l’emprise de son chat, Alice choisit d’enfoncer ses talons aiguilles dans la neige, Samy cherche quelqu’un à qui parler, un jeune professeur de français défend un projet théâtre face à un conseil de classe… Tour à tour, ces personnages prennent la parole, à leur manière, l’occasion de murmurer une vérité qui jamais n’a été dite.
Par l’auteur de Si tu passes la rivière, Prix Rossel 2011 et Prix des Cinq Continents de la Francophonie 2012

Les premières lignes

«J’ai oublié le wasabi.» C’est ça que je leur ai dit : «J’ai oublié le wasabi, je cours chez le Japonais du coin de la rue et je reviens.» Ma mère a froncé les sourcils, «Tu es d’une distraction, Élisabeth, franchement.» «Je sais, je ne serai jamais bonne à marier, M’man. Bon, si vous mourez de faim, vous n’avez qu’à ouvrir le frigo, les zakouskis vous attendent sur la deuxième planche, pour les curieux, le gâteau est dans le bac à légumes.» Jean-Paul a souri. Et j’ai tourné les talons.
Évidemment que je l’avais acheté, le wasabi. Je pouvais vraiment leur faire gober n’importe quoi. Le wasabi, c’est ce qui me réveillait mieux que le café le matin et me tirait de l’abrutissement le soir. Seulement, ce jour-là, alors que depuis un mois je m’étais préparée à l’idée de cette soirée, « Ça peut être agréable, une famille », à l’image de ma mère déballant son cadeau d’anniversaire, à ses remarques cinglantes « Encore un livre, c’est original », au regard adipeux de Victor, le beau-père, toujours prêt à promener ses mains sur ma nuque et mes épaules « Détends-toi, Élisabeth, tu es si tendue », au sourire triomphant de ma sœur « Je ne me suis jamais sentie mieux qu’enceinte » et à la mine fatiguée de Jean-Paul, le beau-frère, quand je les ai vus arriver sur le palier, s’embrasser, se réjouir de cette soirée, parler de leurs vacances, du bébé, j’ai su tout à coup qu’il me faudrait prendre l’air, sortir quelques minutes, sous n’importe quel prétexte. Et le wasabi est le premier que j’ai trouvé.

L'auteur



     Après une licence en Droit à l’université de Louvain, Geneviève Damas suit une formation de comédienne à l’IAD-Théâtre puis elle se tourne vers différents métiers du théâtre. 

     Comme comédienne, elle se perfectionne avec John Link à la Central School of Speech and Drama à Londres puis joue sous la direction de Valérie Cordy, Christian Crahay, Pascale Tison, Frédéric Haëtty, Laure Delcampe, Pietro Pizzuti, Christian Rist, Ariane Buhbinder, Janine Godinas, Nathalie Hanin entre autres… 

     Comme assistante à la mise en scène elle travaille avec Jean-Claude Berutti, Philippe Sireuil, Pietro Pizzuti et Jacques Delcuvellerie ainsi qu’avec Joël Dragutin à Paris. 

     Elle met en scène Le Retour au Désert de Bernard-Marie Koltès dans le cadre de la Quinzaine Théâtrale de l’ULB, participe à l’élaboration des Petits Poissons qui vont dans l’eau, de la compagnie des Zerkiens, mention du jury à Huy en 2002 et, met en scène Déclownestration de Francis Monty en mars, dans le cadre du festival Les Giboulées à L’L en 2003. Elle se tourne vers l’opéra avec la mise en scène de Didon et Enée au Blac dans le cadre du Printemps Xtra Large au Blac la même année. Elle met en scène pour le jeune public Qui se cache ? pour la compagnie des Zerkiens en 2005 et Cajou de Patrick Lerch pour la compagnie Albertine en 2006, deux spectacles sélectionnés aux Rencontres de Huy. 

     Depuis 1999, elle organise les soirées Portées-Portraits, soirées littéraires et musicales d’abord au Centre D’Art-Chapelle de Boendael, puis à la Librairie Chapitre XII, à la Maison du Spectacle-la Bellone et enfin à Passa Porta à Bruxelles. 

     Elle adapte pour le théâtre Le Livre des Nuits de Sylvie Germain. Elle écrit, met en scène et interprète La Clef des Sons, commande de Mons-Musiques pour l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie. Son texte pour jeune public La fée au cerf-volant est lu dans le cadre de la manifestation Vent du Nord au Théâtre des Doms en juillet 2002 ainsi qu’à Noël au Théâtre et bénéficie d’une bourse de la SACD. Il est créé dans la mise en scène de l’auteur et sélectionné au festival de Huy 2004. Molly à vélo, qu’elle a écrit en 2002 et publié chez Emile Lansman, a obtenu que le Prix du Théâtre- Meilleur Auteur 2004, ainsi que le coup de cœur des lycéens de Loire-Atlantique 2006. Molly au château (Lansman 2007) a obtenu une bourse de la SACD et est créé en 2007 au festival de Spa. 
     L’Epouvantable petite princesse (éditions Lansman 2007) est mis en scène par Atriane Buhbinder et sélectionné aux rencontres de Huy 2008. 
     En 2008, Geneviève Damas écrit Voleurs d’eau une commande de l’asbl Douzerome pour des adolescents qui est créé au Centre Culturel Jacques Franck. 
     STIB qu’elle a écrit en 2006 sera créé par Janine Godinas au Festival de Théâtre de Spa cet été et joué ensuite à l’Atelier-Théâtre Jean Vilar et au Théâtre le Public à Bruxelles.
     Son texte Le pays sans anniversaire est lauréat du concours organisé par le Créa-Théâtre en 2009 à l’occasion de ses vingt ans d’existence.


Comédienne et metteur en scène, Geneviève Damas a obtenu le Prix Rossel 2011 et le Prix des Cinq Continents de la Francophonie pour son premier roman, Si tu passes la rivière, publié chez Luce Wilquin. Elle vit à Bruxelles.  Un second roman "Histoire d'un bonheur" est sorti en février 2014 chez Arléa (voir ma chronique)

Mon avis

Seconde parution de ce début d'année pour Geneviève Damas, un recueil de nouvelles chez Luce Wilquin.

12 nouvelles : 12 trajectoires de vie / 12 instantanés
12 nouvelles  : 12 vies qu'on effleure le temps d'un instant

Le point commun : l'atteinte d'un point de rupture.

Les protagonistes ont conscience d'une peur, d'une vérité, qu'il est temps de passer à autre chose, de changer de cap, de lâcher prise.  Une libération arrive à chaque fois.



  • Wasabi : un prétexte pour ne pas faire face, une fuite, une rencontre avec un animal
  • Le retour de Boris P : l'amour triomphe malgré ses sacrifices
  • Sabayon : bonheur et racines
  • Magnolia : j'ai adoré la sensibilité, regard sur une vie et rapport à la nature
  • Sultan : animal, meilleur ami de l'homme ??  superbe récit
  • Nuit de noce : magnifique.  l'amour, l'espoir au centre des querelles, de la guerre
  • Samy : solitude et (in)communication

Très beau recueil, belles réflexions avec beaucoup de tendresse, sensibilité, fragilité, dans une écriture très proche de l'oralité.

Avec un peu de recul sur la lecture les qualités reprises ci avant se révèlent encore plus.  

Lisez, savourez, laissez mijoter, vous apprécierez d'autant mieux qu'il en reste beaucoup de très jolies réflexions.

ma note 8.5/10