dimanche 31 octobre 2021

Jacqueline Jacqueline - Jean-Claude Grumberg

 Jacqueline, Jacqueline   -   Jean-Claune Grumberg








Prix littéraire Le Monde 2021
Seuil
La librairie du XXI siècle
Parution : 19 août 2021
Pages : 352
ISBN : 9782021486155
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur



C’est durant la réception internationale de La Plus Précieuse des marchandises que Jean-Claude Grumberg perd Jacqueline son épouse.

Depuis, jour et nuit, il tente de lui dire tout ce qu’il n’a pas pu ou pas osé lui dire. Sans se protéger, ni rejeter ce qu’il ne peut ni ne veut comprendre, il dialogue avec la disparue.

Incrédulité, révolte, colère se succèdent. Dans ses propos en cascades, réels ou imaginaires, qui évoquent la vie de tous les jours, Grumberg refuse de se raisonner, de brider son deuil. Les jeux de mots, l’humour, l’ironie, l’autodérision n’y changent rien.

Dans ce livre, où alternent trivialité et gravité, entre clichés et souvenirs, l’auteur dit la difficulté d’exprimer ce qu’il ressent.

Jean-Claude Grumberg fait son livre « pour et avec » Jacqueline, exaltant l’amour et l’intimité de la vie d’un couple uni pendant soixante ans.

L'auteur


Jean-Claude Grumberg est l’auteur d’une vingtaine de pièces de théâtre, dont Demain une fenêtre sur rue, Rixe, Les Vacances, Amorphe d’ottenburg, Dreyfus, Chez Pierrot, En r’venant d’Expo, L’Atelier, l’Indien sous Babylone, Zone libre, L’Enfant do, Rêver peut-être. Il est aussi l’auteur de Marie des grenouilles, pièce de théâtre pour la jeunesse créée en 2003 par Lisa Wurmser.

L’ensemble de son œuvre théâtrale est disponible aux éditions Actes Sud/Papiers qui ont également publié un recueil de ses pièces en un acte aux éditions Babel.

Il a reçu le prix du Syndicat de la critique, le prix de la SACD, et le prix Plaisir du théâtre pour Dreyfus, le prix du Syndicat de la critique, le grand prix de la Ville de Paris et le prix Ibsen et le Molière pour L’Atelier, ainsi que le Molière du meilleur auteur et le prix du théâtre de l’Académie française pour Zone libre et le Grand Prix de la SACD 1999 pour l’ensemble de son œuvre.

Rixe, créé en 1968 à Amiens dans une mise en scène de Jean-Pierre Miquel, est présenté en 1971 à la Comédie-Française dans le cadre du cycle Auteurs nouveaux dans une mise en scène de Jean-Paul Roussillon, avant d’être repris en en 1982 au Petit-Odéon. Au même programme figure Les Vacances dans une mise en scène de Jean-Paul Roussillon.

Amorphe d’Ottenburg est créé en 1971 au Théâtre National de l’Odéon par les Comédiens-français, dans une mise en scène de Jean-Paul Roussillon et entre au répertoire de la Comédie-française en 2000 dans une mise en scène de Jean-Michel Ribes. Sa dernière pièce L’Enfant do a été créée en 2002 au théâtre Hébertot dans une mise en scène de Jean-Michel Ribes.
Outre l’adaptation de La Nuit tous les chats sont gris (Babel /Actes Sud), qu’il a lui-même adapté pour le théâtre, il a également adapté Le Chat botté de Ludwig Tieck, Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller (Molière de la meilleure adaptation), Les Trois Sœurs d’Anton Tchekhov, et Encore une histoire d’amourde Tom Kempinski (Molière de la meilleure adaptation) et Conversation avec mon père d’Herb Gardner.

Source : Le seuil éditions


Mon avis

C'est difficile parfois d'exprimer ce que l'on ressent, encore plus lorsque l'on perd l'être aimé, chéri, adulé pendant près de soixante ans.  Ironie de la vie et de la mort, c'est lorsque le succès est au rendez-vous avec "La plus précieuse des marchandises" - que je vous conseille vivement - que Jean-Claude Grumberg perd sa muse, son amour, sa raison de vivre, celle avec qui il a partagé sa vie : Jacqueline, son épouse.

Depuis, la douleur de l'absence ne le quitte pas.  Il veut prolonger son contact avec Jacqueline, ne pas l'oublier, et pour la garder avec lui, pour rester en sa compagnie il entreprend ce magnifique récit.  Un sublime récit sur le deuil, qu'il refuse et ne peut accepter.

Ce texte est universel, c'est un cri d'amour, l'amour de sa vie avec ses joies, ses regrets, sa honte de ne pas avoir su sauver celle qu'il aime et aimera jusqu'à son dernier souffle.

Il nous parle de l'absence, impossible d'imaginer et à accepter, des manques éprouvés physiquement, charnellement, sensuellement. Il écrit pour lui rendre une place dans son oeuvre, il refuse l'oubli.

Il nous raconte leur vie, leur rencontre, le devoir de mémoire des proches disparus, l'atelier, sa vie d'acteur, d'auteur, sa dépression après le succès de "L'atelier".  Il nous crie sa rage de ne pas avoir réussi à sauver Jacqueline, en l'empêchant de fumer, ses remords de ne s'être focalisé que sur le premier cancer, les poumons et d'avoir négligé le reste.

Il hurle sa rage, son désespoir, sa honte, sa douleur.  L'ironie de la vie qui lui donne le succès lorsque Jacqueline s'en va le jour de l'anniversaire de leur fille Olga.

Un texte magnifique à découvrir au plus vite.

Ma note : 9/10  


Les jolies phrases

Quand le passé devient trop présent, il est grand temps d'oublier le futur.

Ils te portent dans l'escalier.  Ils t'arrachent à la vie en te portant en triomphe.

L'amour qui cependant résista, surmonta, et surmonta même l'usure, la fameuse usure des couples dont nos contemporains nous ont rabattu les oreilles.  Ni usure, ni ennui, jamais, jamais au grand jamais, durant ces soixantes ans passées collés l'un à l'autre, agrafés pour ainsi dire dans le même pli creux, jamais, jamais on ne s'est ennuyé, ne fût-ce qu'une seconde; toujours captivés par l'autre, toujours discutant, se disputant, se réconciliant, échangeant toujours. 

A certains moments, sans que rien m'y prépare, seul ou en compagnie, la honte, la honte s'abat sur moi et m'accable, chassant la douleur et le chagrin.  La honte de qui ? La honte de quoi ? La honte de vivre encore alors que tu ne vis plus ? La honte du lâche qui accepte d'être au monde sans toi ?  La honte de l'impuissant qui n'a rien pu faire pour toi ?  La honte de celui qui, n'ayant rien pu faire, tente avec ses écrits dérisoires de te maintenir vivante sur le papier griffoné?

Depuis que tu es partie, je suis comme un enfant envoyé en colo pour le reste de sa vie , avec des moniteurs incompétents, condamné à vivre ainsi, en vacances, sans fin, comme un enfant abandonné parmi d'autres enfants abandonnés. 

C'est pourquoi j'écris, j'écris pour faire ce qu'il me reste à faire, ce que je crois savoir faire, pour te retenir, pour te garder encore, pour garder l'être aimé qui s'éloigne inexorablement, happé par les trous noirs du temps qui passe et qui efface ta douceur et ta beauté.

Moi j'écris comme d'autres édifient des monuments pour honorer la mémoire de leurs disparus.  Je tente ainsi d'ériger du bout de ma plume un palais de papier accessible à tous ceux qui n'ont pas eu la chance de te connaître, donc de t'aimer. 

Avec l'espérance de vie qui s'allonge, divorcez le plus tôt possible. Ne vous attachez pas, résistez ! Ne laissez pas l'autre devenir une moitié pour vous.  On souffre trop, on souffre trop quand cet autrre devenu une partie de nous s'arrache à nous.  Quittez-vous, quittez-vous avant que l'amour soit trop fort.  Changer de partenaire, profitez de votre jeunesse, partouzez, échangez, visionnez des films pornos, mais ne restez pas à vous aimer.

Le pain du deuil  se mange seul et se mâche longtemps tant il est dur à déglutir. 

Ce fut cette nuit-là que je découvris qu'on n'écrivait pas pour gagner sa vie, qu'on écrivait pour crier sa douleur ou son amour, sa joie ou son désespoir, ou les deux.  Et depuis je n'ai jamais pu revenir en arrière et écrire quoi que ce soit "pour gagner ma vie", ou la tienne. 

La douleur ; la douleur chasse le moindre souffle de joie, mais cette douleur m'est précieuse, si elle venait à disparaître elle aussi, je la regretterais.  Cette douleur est la rançon du bonheur partagé.  Cette douleur témoigne de ton absence.  J'aime cette douleur.  Elle me rappelle la joie de t'avoir connue et la peine infinie de t'avoir perdue. 

Je pense, vois-tu, que c'est le premier avis sans frais que le propriétaire de la planète, quel qu'il soit, qu'il existe on non, adresse à ses locataires peu scrupuleux.  Locataires qui pensent être devenus eux-mêmes les propriétaires et qui se conduisent sur la planète comme chez eux, c'est-à-dire comme des sagouins, des salopards disons, pour ne pas insulter les espèces.  Des locataires qui pillent les sols, coupent les arbres, tuent les animaux, liquident les espaces verts, font de plus en plus de saccages sur cette planète qui fut conçue pour Adam et Eve et qui abrite aujourd'hui neuf milliards d'individus, tous susceptibles d'attraper et de propager le corona.  Le proprio a tous les droits, il peut nous virer, nous envoyer nous faire voir ailleurs, sur Mars ou Vénus.  C'est d'ailleurs incroyable et troublant que nous soyons à deux doigts d'aller visiter Mars et dans l'incapacité de trouver un traitement pour stopper et faire cesser cette saloperie.

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samedi 30 octobre 2021

Le fils de l'homme - Jean-Baptiste del Amo

Le fils de l'homme     Jean-Baptiste Del Amo
































Ecoutez lire
Gallimard
Parution : 19 août 2021Lu par Mathurin Voltz
Contient 1 CD audio au format mp3.
Durée d'écoute : env. 7h30 min
Isbn : 9782072951411

Prix : 21.90 €
version papier : 19 €
Pages : 240


Présentation de l'éditeur

Après plusieurs années d’absence, un homme resurgit dans la vie de sa compagne et de leur jeune fils. Il les entraîne aux Roches, une vieille maison isolée dans la montagne où lui-même a grandi auprès d’un patriarche impitoyable. Entourés par une nature sauvage, la mère et le fils voient le père étendre son emprise sur eux et édicter les lois mystérieuses de leur nouvelle existence. Hanté par son passé, rongé par la jalousie, l’homme sombre lentement dans la folie. Bientôt, tout retour semble impossible.

Mathurin Voltz nous emporte avec un talent rare dans ce roman sauvage et ensorcelant, qui interroge la filiation de la fureur.

L'auteur

Jean-Baptiste Del Amo, de son vrai nom Jean-Baptiste Garcia, est un écrivain français, vivant à Montpellier.

Après avoir suivi un cursus littéraire, il travaille pendant un temps comme animateur socio-culturel. Il part ensuite pour une mission humanitaire en Afrique.

En 2006, il reçoit le Prix du jeune écrivain francophone pour sa nouvelle "Ne rien faire", écrite à partir de son expérience de quelques mois au sein d'une association de lutte contre le VIH en Afrique.

Fin août 2008, son premier roman, "Une éducation libertine", paraît dans la collection "blanche" chez Gallimard. Le roman est à mi-chemin entre le roman historique et le roman d'apprentissage. Il évoque l'homosexualité, la prostitution et le libertinage bourgeois.

Il est favorablement accueilli par la critique et reçoit le prix Laurent-Bonelli fin septembre 2008.
En mars 2009, Jean-Baptiste Del Amo se voit finalement attribuer le Prix Goncourt du premier roman, à l'unanimité dès le premier tour de scrutin. Il est également récompensé par le prix François Mauriac.

Son deuxième roman "Le sel" est publié en 2010. En 2013, il publie "Pornographia", qui obtient le prix Sade. En 2015, il est lauréat de la Villa Kujoyama.

En 2016 paraît son quatrième roman, "Règne animal", qui retrace du début à la fin du vingtième siècle l’histoire d’une exploitation familiale. Ce roman obtient le prix littéraire "Les lauriers verts".

Source Babelio




Mon avis

Je n'ai pas lu ce livre, j'ai écouté Mathurin Voltz qui le lisait, une nouvelle expérience bien agréable le temps de faire la route vers Nancy pour "Le livre sur la place".


Un prologue surprenant nous immerge au temps des chasseurs-cueilleurs. C'est la vie qui se perpétue en pleine nature avec ses joies et ses dangers. Un cycle complet : l'accouplement, l'accouchement, l'arrivée de bébés vivants ou non, l'apprentissage de la survie, la chasse, la pêche, manger, mourir.


Ensuite réapparaît le père, il arrive dans la cour de l'école auprès de l'enfant âgé de 9 ans, cela faisait six ans qu'il avait disparu mystérieusement. On sent la violence dans les attitudes, les regards lorsque la mère les découvre à son tour.


Trois personnages innommés, utilisés à la troisième personne, démontrant déjà la froideur de cette 'famille'.


L'écriture de Jean-Baptiste Del Amo est sublime, un style virtuose, des phrases longues, descriptives, immersives qui nous font non pas imaginer mais voir les scènes, les ressentir, les vivre presque avec intensité.


Je voyais la ville, ce quartier ouvrier rural mais je voyais aussi le chemin du voyage entrepris vers la montagne et le hameau des Roches où se dresse un semblant de maison en ruines. C'est là que le père emmène tout le monde pour un séjour au départ estival mais qui risque bien d'être plus long que prévu.


C'est l'héritage du père, la maison de son enfance, où il a vécu. Il veut la reconstruire et retrouver l'unité d'une famille.


La nature d'abord hostile pour l'enfant, magnifiquement décrite deviendra pour lui une alliée.


La plume est splendide, le vocabulaire riche et précis, accessible d'un grand réalisme. Ce texte est âpre, sombre, tragique. Il parle de la transmission des violences humaines, de la souffrance, de la domination des femmes par l'homme, de l'emprise. Il met en exergue la confrontation de la violence du monde adulte et de l'enfance.


Ce récit alterne entre passé et présent pour comprendre l'origine de la violence qui anime le père. L'intensité de l'écriture secoue, dérange, enchante. Ce récit c'est aussi l'amour et la cruauté, la beauté et la noirceur, l'opposition entre la nature et la ville, la complexité de l'être humain, la jalousie qui mène à la folie.


La lecture de Mathurin Voltz est parfaite, sa voix est posée, le ton est juste, c'est captivant.


Immense coup de coeur de cette rentrée littéraire ♥

lundi 25 octobre 2021

Madame Hayat - Ahmed Altan ♥♥♥♥♥

 Madame Hayat   -   Ahmed Altan   ♥♥♥♥♥




















Actes Sud
Traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes
Parution : septembre 2021
Pages : 272
Isbn : 9782330154530
Prix : 22 €


Présentation de l'éditeur

Fazil, le jeune narrateur de ce livre, part faire des études de lettres loin de chez lui. Devenu boursier après le décès de son père, il loue une chambre dans une modeste pension, un lieu fané où se côtoient des êtres inoubliables à la gravité poétique, qui tentent de passer entre les mailles du filet d’une ville habitée de présences menaçantes.

Au quotidien, Fazil gagne sa vie en tant que figurant dans une émission de télévision, et c’est en ces lieux de fictions qu’il remarque une femme voluptueuse, vif-argent, qui pourrait être sa mère.

Parenthèse exaltante, Fazil tombe éperdument amoureux de cette Madame Hayat qui l’entraîne comme au-delà de lui-même. Quelques jours plus tard, il fait la connaissance de la jeune Sila. Double bonheur, double initiation, double regard sur la magie d’une vie.

L’analyse tout en finesse du sentiment amoureux trouve en ce livre de singuliers échos. Le personnage de Madame Hayat, solaire, et celui de Fazil, plus littéraire, plus engagé, convoquent les subtiles métaphores d’une aspiration à la liberté absolue dans un pays qui se referme autour d’eux sans jamais les atteindre.

Pour celui qui se souvient que ce livre a été écrit en prison, l’émotion est profonde.

L'auteur
















Ahmet Altan, né en 1950, est un des journalistes les plus renommés de Turquie. Son œuvre de romancier, qui a par ailleurs connu un grand succès, est traduite en plusieurs langues. Après Comme une blessure de sabre (Actes Sud, 2000) et L'Amour au temps des révoltes (Actes Sud, 2008), ses textes de prison intitulés Je ne reverrai plus le monde ont paru en 2019. Ce livre a été couronné par le prix André Malraux 2019.

Accusé pour implication présumée dans le putsch manqué du 15 juillet 2016, Ahmet Altan a été emprisonné plus de quatre ans à Istanbul avant d'être libéré (avril 2021) sur ordre de la Cour de cassation de Turquie.

Source : Actes sud 

Mon avis

C'est un très beau romann écrit en captivité que nous propose Ahmet Altan.  Un roman émouvant qui nous parle de la vie, de la liberté, d'amour, de littérature.  Il nous parle également sans jamais le nommer de son pays;  la Turquie, un pays dont les habitants comme Fazil notre narrateur perdent leurs repères et leurs racines.

Hayat veut dire vie, plaisir, volupté.

Fazil est un jeune étudiant en littérature.  Sa famille est ruinée, elle a tout perdu, son père ne l'a pas supporté. De riche il est devenu pauvre, c'est un déclassé social parce que le régime en a décidé ainsi.  Il vit en colocation avec un poète - un engagé, résistant par les mots au régime -, une petite fille Tevhide et son père, Gülsum le travesti, Moyambo l'africain émigré, Bodyguard..  Des représentants de la vie d'avant, à l'époque d'une vie dense dans les rues de la ville.

Fazil va pour survivre participer comme figurant à des cabarets télévisés, il y rencontrera Madame Hayat, une quadra toute en rondeur, voluptueuse, sensuelle qui célèbre la vie et en fait toujours un moment de joie.

Il va vivre une relation intense avec elle, ils regardent ensemble des documentaires animaliers comme si la nature humaine ne la surprenait plus.  

Fazil va aussi rencontrer une autre déclassée sociale, étudiante ;  Sila, qui comme lui partage sa passion pour la littérature.  Tous deux ont du mal a accepter d'être devenus pauvre du jour au lendemain.  Ils voient leur pays se transformer, la répression arriver, la dictature émerger, entraver leur liberté, heureusement la littérature est là.  

Ce roman initiatique est une ode à la liberté, deux histoires d'amour, d'attirance, de déchirement. 

Un récit indispensable, une écriture magnifique, riche nous parlant aussi du pouvoir des mots. C'est d'autant plus fort qu'Ahmet Altan a écrit ce récit en captivité et qu'il avait écrit dans "Je ne reverrai plus le monde " cette phrase forte :

"Me jeter en prison était dans vos cordes; mais aucune de vos cordes ne sera jamais assez puissante pour m'y retenir.
Je suis un écrivain.
Je ne suis ni là où je suis, ni là où je ne suis pas.
Enfermez-moi où vous voulez, je parcours encore le monde avec les ailes de l'imagination."

La liberté on la porte en soi.  Un récit indispensable que je vous invite vivement à découvrir.

Ma note : ♥♥♥♥♥


 


Les jolies phrases

La société se trouvait dans un tel état de décomposition qu'aucune existence ne pouvait plus se rattacher à son passé comme on tient à des racines. Chaque être vivait sous la menace de sombrer dans l'oubli, abattu d'un seul coup comme ces pantins qu'on prend pour cible dans les fêtes foraines.

Comme beaucoup d'hommes avant moi, je devais découvrir que la meilleure façon de se protéger d'un malheur qui nous frappe est d'en accumuler d'autres pour les utiliser comme une sorte de bouclier. 

Mais on n'apprend pas grand-chose sur l'existence, dans les familles heureuses, je le sais à présent, c'est le malheur qui nous enseigne la vie.

Les riches sont des trouillards, tu sais, et plus ils sont riches, plus ils ont peur.  Mais il faut tomber dans la pauvreté pour s'en rendre compte, quand on est riche cette peur-là paraît absolument naturelle...

La littérature ne s'apprend pas. Je ne vous enseignerai donc pas la littérature.  Je vous enseignerai plutôt quelque chose sans quoi la littérature n'existe pas : le courage, le courage littéraire. 

Ne comprend-on le sens de la liberté que lorsqu'on a touché le fond ? 

J'ignorais alors qu'entrer dans la vie de quelqu'un, c'était comme pénétrer dans un labyrinthe souterrain, un lieu hanté de magie dont on ne pouvait sortir identique à la personne qu'on était avant de s'y engouffrer. 

Le fond de toute littérature, c'est l'être humain...  Les émotions, les affects, les sentiments humains.  Et le produit commun à tous ces sentiments, c'est le désir de possession.  Quand vous voulez posséder quelqu'un, vous rendre maître de son coeur et de son âme, c'est l'amour. Quand vous voulez posséder le corps de quelqu'un, c'est le désir, la volupté.  Quand vous voulez faire peur aux gens et les contraindre à vous obéir, c'est le pouvoir.  Quand c'est l'argent que vous désirez plus que tout, c'est l'avidité.  Enfin, quand vous voulez l'immortalité, la vie après la mort, c'est la foi. La littérature, en vérité, se nourrit de ces cinq grandes passions humaines dont l'unique et commune source est le désir de possession, elle ne traite pas d'autres chose.  Tel est le fond. 

Les hommes peuvent tout changer, sauf eux-mêmes.  C'est la seule chose qu'ils sont incapables de transformer.  Telle est leur malédiction.  

Il ne faut avoir peur de rien dans la vie... La vie ne sert à rien d'autre qu'à être vécue.  La stupidité, c'est d'économiser sur l'existence, en repoussant les plaisirs au lendemain, comme les avares. Car la vie ne s'économise pas...  Si tu ne la dépenses pas, elle le fera d'elle-même, et elle s'épuisera. 

La vie ne fait pas peur à ceux qui meurent, mon garçon.  La vie et la mort s'arrêtent ensemble quand on meurt ... Seuls les vivants ont peur de la mort. 

La critique est l'une des branches les plus importantes de la littérature.  Vous ne devez jamais oublier qu'elle lui appartient de plein droit, la valeur littéraire d'une critique dépendant alors soit de l'oeuvre qu'elle critique, soit du mérite que retire cette oeuvre à être critiquée. 

Chacun fait ce qu'il peut.  L'essentiel, c'est de savoir ce qu'on peut et ce qui est au-dessus de nos forces.  

Quand tu as vu les choses en face une fois, tu ne peux plus fermer les yeux, c'est fini.  Ça explique d'ailleurs pourquoi les gens préfèrent rester aveugles...

Le passé de quelqu'un est une chose dangereuse.  Tu ne peux rien y changer, et si tu essaies, tu deviens son ennemi mortel, tu veux tuer ce passé.  Mais pour pouvoir tuer le passé de quelqu'un, c'est la personne qu'il faut tuer.  Et tu finiras par la tuer, juste pour anéantir son passé. 

C'est étrange comme le malheur et le bonheur se ressemblent, l'un comme l'autre nécessitent qu'on oublie la réalité telle qu'elle est. 

Du même auteur j'ai lu et adoré

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dimanche 24 octobre 2021

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire et Lisez-vous le belge ?

 Ils ont rejoint mon Himalaya à lire et la campagne Lisez-vous le Belge ?




Comme chaque semaine, je vais essayer d'être régulière, voici les petits derniers arrivés dans mon Himalaya à lire. une particularité cette semaine uniquement des maisons d'éditions de Belgique !

Ça tombe bien car Pilen organise une campagne de promotion de la littérature belge. 

#Lisez-vouslebelge?







Du 1er novembre au 6 décembre 2021, la diversité du livre francophone de Belgique sera célébrée à travers une grande opération de promotion intitulée « Lisez-vous le belge ? ». L’objectif ? Faire (re)découvrir au grand public, toute génération confondue, un panel varié de genres littéraires : du roman à la poésie, de l’essai à la bande dessinée, des albums jeunesse au théâtre.


« Lisez-vous le belge ? », c’est une campagne interprofessionnelle coordonnée par le PILEn qui a été inaugurée en 2020 dans le cadre des mesures de soutien à la chaîne du livre mises en place par la Fédération Wallonie-Bruxelles suite à la pandémie. Forte du succès de cette première édition, la campagne revient en 2021 plus motivée que jamais.

Qu’entend-on par « livre belge francophone » ? Tout livre de langue française, distribué et édité de façon professionnelle dans le respect des droits d’auteur, écrit par un·e auteur·rice de nationalité belge et/ou résidant sur le territoire belge, qu’il·elle soit édité·e en Belgique ou à l’étranger.

« Lisez-vous le belge ? », c’est une campagne de 5 semaines pendant lesquelles tout le secteur du livre belge s’unit de manière inédite pour visibiliser ses forces vives : des auteurs, des autrices, 51 maisons d’édition, 63 librairies, 289 bibliothèques, ceux et celles qui travaillent dans la médiation du livre (foires, salons, bookstagram, etc.).


« Lisez-vous le belge ? », c’est une programmation riche et variée, qui « fait ricocher la curiosité » (à l’instar du slogan de cette deuxième édition) avec des interviews, des rencontres, des sélections de titres, des conférences, des jeux, des concours, des événements en Wallonie et à Bruxelles, des animations dans les écoles, mais aussi 10 illustrations et 10 textes poétiques expressément commandés pour l’occasion à des artistes belges (Ian De Haes, Renaud De Heyn, Noelia Diaz, Sara Gréselle, Pascal Lemaître, Cyprien Mathieu, Alain Munoz, Maud Roegiers, Elisa Sartori, Mathilde Van Gheluwe, Lisette Lombé, Colette Nys-Mazure, Claire Deville, Anne Guinot, Morgane Eeman, Karel Logist, Paul Mathieu, Alexis Alvarez, Jean-Philippe Convert, Sébastien Fevry). « Lisez-vous le belge ? », c’est une opération qui mobilise plus de 30 partenaires. Parmi eux figurent des associations professionnelles du livre (la Scam, l’ADEB, le SLFB, la FIBBC, l’APBFB, l’ABDIL et Les éditeurs singuliers), des institutions publiques (FWB et WBI), des projets liés au Service général des Lettres et du Livre (Le Carnet et les Instants, Objectif plumes, les AML, Lirtuel, Espace Nord, Lettres Numériques, Librel, Bela, Prix du livre), des lieux culturels (Passa Porta, les Midis de la Poésie, la Foire du livre de Bruxelles, la KBR, Le Comptoir, Le Wolf et le Centre belge de la BD) et des médias (Le Soir, la RTBF avec les Grenades et ReStart, Karoo). La section belge francophone de l’IBBY, Le 140, l’Association belge des professeurs de français et l’asbl TraduQtiv rejoignent la campagne cette année. « Lisez-vous le belge ? », c’est une campagne nationale qui résonnera à travers le monde grâce aux agents du réseau de WBI qui démultiplieront pour l’occasion leurs actions de valorisation des livres belges francophones du Brésil au Japon, en passant par l’Europe. Save the date : la campagne « Lisez-vous le belge ? » aura lieu du 1er novembre au 6 décembre 2021 ! «

Voici quelques idées de lecture  :

Un tout grand merci aux éditions du Cerisier que je découvre par la même occasion.  J'avais entendu un reportage sur le récit sur la Première et j'ai très envie de le découvrir.

Couvrez-les bien, il fait froid dehors...  Sophie Pirson 


  



















Editions du Cérisier
Collection : Faits et gestes
Parution : septembre 2021
Pages : 112
ISBN 9782872672325
Prix : 12 €

Présentation de l'éditeur



C’est à l’été 2018 que Sophie Pirson rencontre Fatima Ezzarhouni dans un groupe qui rassemble des proches de jeunes radicalisés, des personnes victimes ou proches de victimes des attentats et des intervenants de première ligne.
Le 22 mars 2016, la fille de Sophie a été blessée dans l’attentat du métro Maelbeek. Le fils de Fatima est parti combattre en Syrie le 16 juin 2013.
Ces deux mères que tout devrait opposer vont se parler, se découvrir, se construire ensemble une amitié et une intimité fortes, à partir de leurs déchirures et au-delà de l’horreur.
Sophie Pirson peint d’une écriture sensible ce récit croisé où les deux voix se répondent en harmonie.
Pour conclure son ouvrage symboliquement le 22 mars 2020.

David Van Reybrouck, dans sa belle préface écrit :
« Cet ouvrage est plus qu’un livre sur les attentats et les combattants en Syrie. (…) C’est le récit d’une amitié nouvelle, inattendue et improbable entre deux femmes fortes, marquées par la vie, mais pas captives. (…) C’est un livre empli de douceur, sur le pouvoir de la vulnérabilité et le réconfort de la beauté. »

Sophie Pirson écrit les chemins qui se croisent, l’amitié partagée, les larmes et les rires rassemblés.
« Nous goûtons à la chaleur de nos élans avec bonheur. Je te lis les pages écrites. Tu complètes, corriges, acquiesces, précises. Nous nous sommes approchées et rapprochées avec notre passé et notre présent. Aujourd’hui, à travers nos échanges, nous nous efforçons d’inventer un futur. »

Une écriture limpide où la narration se tisse dans l’entrelacs de la conversation, de la réflexion et de la poésie.
Une fenêtre largement ouverte sur un monde qui respire.

L’ouvrage est conjointement publié dans sa traduction néerlandaise (Alle moeders wenen dezelfde tranen) aux éditions EPO, avec la même préface de David Van Reybrouck.

La traduction en néerlandais est de Marijke Persoone.
Pour la version originale en français, la préface de David Van Reybrouck est traduite par Catherine Martens.

Je pense déjà à la préparation de mon café littéraire de janvier dont l'invitée sera Dominique Costermans.  Un tout grand merci aux éditions Renaissance du Livre.

Le bureau des secrets professionnels - Histoires vécues au travail

Dominique Costermans et Régine Vandamme
















La Renaissance du Livre
Parution : 24/09/2020
Pages : 224
Isbn : 9782507056865
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur

Le bureau des secrets professionnels est un recueil de 200 histoires vécues au travail par des personnes de tous horizons, jeunes et moins jeunes, en quête de réalisation ou de sens, actives, à la retraite, en burn-out, en transition...Elles confient pour la première fois des souvenirs, des histoires, des anecdotes, des rêves, des aspirations, des doutes, des défauts, des petites lâchetés, des solidarités exprimées sur leur lieu de leur travail. Cela se passe en France, en Belgique, en Afrique, en Italie, en Hollande, dans des trains, des avions, des bureaux, des hôpitaux, des écoles, dehors... Toutes sont vraies et se lisent comme des nouvelles de fiction parce qu’elles surprennent autant qu’elles font rire, pleurer ou réfléchir...

Le bureau des secrets professionnels tome2
















La Renaissance du Livre Tome 2
Parution : 23/02/2021
Pages : 256
Isbn : 9782507056964
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur

Dominique Costermans et Régine Vandamme ont recueilli pendant deux ans une centaine de confidences, de souvenirs et d’anecdotes vécues au travail. Livrées sous forme de récits, heureux ou malheureux, légers ou dramatiques, ce second tome du Bureau des Secrets Professionnels emmène le lecteur des coulisses bruissantes de la presse à l’intimité des ateliers d’artistes, de l’univers kafkaïen des administrations au monde impitoyable de l’entreprise, mais aussi dans ces zones de « non-travail » que sont le chômage et la retraite.


En filigrane de ces récits qui se lisent avec émotion, sur le mode de la nouvelle ou du texte court, il est question de la vertu sociale du travail et du besoin de chacun de se sentir utile et créatif.


Ces histoires portent aussi la voix de ceux et celles qui résistent aux contraintes absurdes ou aux pressions en tous genres, jusqu’à se demander... s’il faut vraiment travailler.

Dominique Costermans est une nouvelliste maintes fois primée (Prix de la Francité, Prix International Annie Ernaux). Elle publie son 1er roman en 2017Outre-Mère (Wilquin), finaliste du prestigieux prix Marcel Thiry.
Auteure de plusieurs romans pour adultes et enfants (Ma mère à boire -Prix 2002 de la première œuvre du Ministère de la Culture de la Communauté française de Belgique), Régine Vandamme a également fait un détour par le monde de la culture où elle a œuvré pendant une dizaine d’années à l’émergence d’événements inédits.

Que diriez-vous d'un peu de poésie ?  Retrouver la plume de l'auteur de Tram 83.

Kasala pour mon Kaku         Fiston Mwanza Mujila




























L'arbre à paroles
If
Parution : Octobre 2021
Pages : 112
ISBN: 978-2-87406-713-6
Prix : 14 €

Présentation de l'éditeur

Écrire de la poésie depuis plus d’une quinzaine d’années et parcourir en long et en large sa production littéraire, c’est comme effectuer un périple en train — de Moscou à Cap Town. Vous traversez des bourgades de mille âmes, des mégalopoles, des forêts, des prairies, des landes, des espaces désertiques… Vous entrevoyez toutes sortes de nuages. Des animaux chevauchant la savane. Des éoliennes. Des cimetières. Des églises. Des gares désertes et paumées par-dessus le marché. Des cockpits soudoyés par le soleil. Des restaurants à trois sous l’assiette. Des montagnes enlacées par les eaux. Des usines à l’abandon. Des ponts suspendus. Des cars de camping. Il en ressort de ce voyage de l’émerveillement, de la déraison et de la fatigue, mêlés aux questions existentielles.
Ce livre occupe une place particulière dans mon parcours. S’il reprend les thèmes que j’affectionne, il contient également des germes de rupture. Il est mon tout premier ouvrage à s’inspirer de manière directe de la tradition orale luba. Je puise dans la spiritualité de ce peuple dont je suis issu. J’évoque sa marche vagabonde à travers le passé. Je réanime les us et coutumes et tisse des liens avec le Kasala, genre littéraire oral. C‘est un retour au pays natal, après une dizaine de vies en Europe.
— Fiston Mwanza Mujila

Deux réceptions de Maelström Réévolution que je remercie

Longtemps et des poussières...    Francesco Pittau



















Maelström Réévolution
Parution : octobre 2021
Pages : 316
Isbn : 9782875054029
Prix : 18 €

Présentation de l'éditeur

1969, loin des hippies, loin de la contestation, dans une cité ouvrière peuplée principalement d’Italiens, Gio fait la rencontre de Mario. Les deux jeunes garçons à l’imagination débordante développent alors une amitié qui passera les années.
Le Quartier c’est chez eux, d’abord terrain de jeux, il devient vite l’endroit où ils se confrontent aux autres, à la croyance, à la sexualité, au monde. Une rumeur d’abord lointaine devient de plus en plus bruyante, celle du monde qui n’a jamais cessé de s’ébranler, et qui finit par les atteindre. Malgré cette base commune, une vie parallèle et assez semblable, ils finissent par trouver des chemins différents.
Ce roman d’apprentissage, c’est celui de deux personnages amis et antagonistes dont les choix respectifs conduiront peut-être à la séparation…

Une plume que j'ai envie de découvrir, celle de Luc baba

L'arbre du retour   Luc baba



















Malström Reevolution
Parution : octobre 2021
Pages : 264
ISBN:978-2-87505-401-2
Prix : 17 €

Présentation de l'éditeur

Alabama 2013. Insulté par un policier blanc, un professeur à la retraite se met en quête de son histoire et de ses racines. Deux siècles plus tôt, au Dahomey, Ayo est embarqué sur un navire négrier.

« Emily contemplait ses doigts aux ongles vernis en se demandant ce qu’elle pouvait en faire pour aider.
Ses enfants seront les prochains héritiers de la souffrance des ancêtres, mais parce qu’elle arrose l’arbre de la mémoire, je peux rejoindre celui du retour, où vit l’esprit d’Ayo, qui portait « la joie » comme prénom.
L’arbre d’oubli n’existe pas. S’il existait, on ne pourrait aimer ni les arbres ni l’oubli. »

Une fresque romanesque sur 9 générations. Un livre nécessaire.
Un roman ancré plus que jamais dans l’actualité, du début de l’esclavagisme dans les années 1800 au Black Lives Matters aujourd’hui.





vendredi 22 octobre 2021

Mes mauvaises filles - Zelba ♥♥♥♥♥

 Mes mauvaises filles      -   Zelba  ♥♥♥♥♥













Futuropolis
Parution : 8 septembre 2021
Pages : 160
ISBN : 9782754830539
Prix : 21 €

Présentation de l'éditeur

En 2006, deux sœurs aident leur mère à mourir. À sa demande, elles donnent la mort à celle qui leur a donné la vie. Après Dans le même Bâteau, Zelba signe un roman graphique bouleversant et lumineux sur cet acte vertigineux. Elle évoque le moment, à la fois intime et universel, de la perte d’un être cher. Il aura fallu 13 ans à Zelba pour raconter cette histoire, croiser ses souvenirs avec ceux de sa sœur, changer certains noms et romancer en partie. Elle aborde de front l’euthanasie, ou la mort assistée, sujet qui suscite des débats contradictoires en Europe. Forte de son expérience, elle milite pour que chaque personne puisse choisir, le moment venu, de mourir comme elle l’entend.

À quel moment les soins palliatifs se transforment en acharnement thérapeutique ? Combien de temps peut-on décemment prolonger l’agonie ? Peut-on décider de mourir ? L’euthanasie, ou la mort assistée, est une question délicate à laquelle les pays d’Europe répondent de manière très différente. C’est en tout cas un sujet sensible qui parle à tout le monde.

Le jour de la mort de Vincent Lambert, le 11 juillet 2019, Zelba décide de raconter les derniers instants de la vie de sa mère et dans quelles circonstances sa sœur et elle ont accepté de l’assister à mourir. Cette histoire, Zelba la porte en elle depuis 13 ans et avait tenté plusieurs fois de la raconter avant de renoncer. Ce jour-là, elle comprend qu’il est temps de témoigner et partager cette expérience douloureuse et universelle.

Zelba





Wiebke Petersen, alias Zelba, est née en ex-RFA en 1973.
Avant de devenir illustratrice, elle est championne de monde junior d’aviron (en deux sans barreur).
En 1999, elle intègre l’agence berlinoise « Hirschpool ».
Depuis 2006, elle publie des bandes dessinées aux éditions Jarjille et Marabulles avant de rejoindre Futuropolis. Avec Dans le même bateau, elle revient sur sa pratique de l’aviron à haut niveau à la fin des années 80 en Allemagne au moment de la chute du mur de Berlin.




Mon avis

En nous racontant un pan de son histoire, Zelba nous propose un superbe roman graphique au thème universel de l'euthanasie ou de l'acharnement thérapeutique.  

C'est un sujet difficile, un récit puissant, intime et universel dédié à Vincent Lambert maintenu durant onze ans dans un coma thérapeutique.

En 2006 deux soeurs vont répondre à la demande de leur maman Bri qui après avoir perdu, son mari, son amour, reste seule avec sa maladie qu'elle porte depuis de nombreuses années.

Elle demande à ses deux filles de ne pas s'acharner, de la laisser partir.  

Peut-on demander à celles à qui on a donné la vie de donner la mort ?  Question difficile et douloureuse.

Zelba donne la parole à sa maman Bri qui nous raconte son histoire à travers ses dessins.

La vie continue mais les deux soeurs gardent en elle ce moment difficile, elles se souviennent des moments de leur enfance, des moments vécus avec leur maman, de la promesse faite.

C'est un témoignage d'amour inconditionnel, un geste fort, douloureux, indispensable mais c'est aussi l'absence, la douleur, le deuil à faire...

Ce roman graphique est lumineux.  J'ai beaucoup aimé le graphisme, la manière de rendre Bri présente accompagnant ses filles.  C'est fort, c'est touchant, c'est universel.

Je vous le recommande vivement.

Ma note : ♥♥♥♥♥

Les jolies phrases

J'adore l'idée d'avoir donné la vie à celles qui allaient me donner la mort.  Mon côté théâtral je suppose.

C'est pas nous qui manquons aux morts; C'est le contraire.  Les fleurs n'y changent rien !

Perdre sa mère laisse un trou béant.  Un cratère que l'on comble de chagrin.  Elles me noieraient de leurs larmes versées, si je ne m'étais pas déjà noyée dans l'eau de mes propres poumons...

L'aider à partir en toute conscience est sans doute moins insupportable que de la perdre un jour..par mégarde.

En France, la grossesse est une maladie.  Si t'es pas dans les normes, on te fait culpabiliser à mort.  Faut croire que l'Homme veut tout maîtriser, appliquer ses lois en toutes circonstances...  que ce soit pour le début ou pour la fin d'une vie...

Là, c'est différent.  On va jouer un rôle actif dans sa disparition.  
C'est ça qui est insupportable.
Au premier abord, oui. Parce que nous nous voyons toujours comme ses enfants.  Les enfants ne veulent pas régler les problèmes de leur maman.  Ils veulent être protégés par elle. 

Penser aux conséquences néfastes d'une action peut s'avérer un frein énorme...  J'avais alors préféré penser aux conséquences positives de mon geste pour la petite Anja.  Devenir mère devrait toujours se choisir et non se subir.

Du même auteur j'ai lu

Cliquez sur la couverture pour avoir accès à l'article





jeudi 21 octobre 2021

Des nouvelles, un petit mot juste pour garder le contact

 Des nouvelles, un petit mot juste pour garder le contact




Coucou les lecteurs,


Juste un petit mot pour vous donner des nouvelles. Je suis un peu moins présente sur les réseaux, enfin moins régulière dans mes publications et je m'en excuse.


Je vous rassure, je prends toujours autant de plaisir à lire et à partager avec vous sur mes découvertes littéraires. Je pense par contre arriver à une période de saturation d'écrans et avoue ne plus avoir toujours l'envie d'allumer mon pc le soir et de rédiger un article, le publier, le partager. C'est que tout cela demande du temps et de l'énergie.


J'ai un vrai travail à temps plein à côté de ma passion, je suis toujours aussi boulimique de lecture, de théâtre, de ciné, de concerts, mais il faut suivre et écouter, je pense son rythme.


Il est vrai que depuis septembre je propose un café littéraire bimestriel à la bibliothèque de Wavre, ce qui implique pour moi des relectures, j'ai aussi le plaisir d'animer ponctuellement des rencontres. C'est humainement enrichissant d'autant plus que les contacts sont "dans la vraie vie".


Pour les Wavriens, vous pouvez aussi me retrouver dans le magazine "Bonjour Wavre "pour une rubrique de deux pages tous les deux mois.




Je voudrais remercier tous mes partenaires pour leur confiance et leur patience car il est vrai qu'il m'est matériellement impossible de lire et chroniquer toutes mes réceptions de plus en plus nombreuses depuis un an.


Je vais essayer de résorber mon retard en publiant plus la semaine à venir ... vous allez donc avoir pas mal d'idées lecture à venir ☺


Avis aux amateurs, je suis un peu plus active sur instagram ... et le mois qui arrive on va beaucoup parler d'auteurs de mon pays, la Belgique dans le cadre de l'action #lisezvouslebelge


Merci en tous cas de me suivre de plus en plus nombreux, la vie est belle et lire c'est libre...


















mercredi 20 octobre 2021

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

 Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

Quand on passe une semaine cela s'accumule, voici les petits derniers arrivés.




Un livre qui m'intrigue publié chez "Les Arènes" que je remercie

Le livre des petits plaisirs coupables















Les Arènes - Humour
Parution : 28 octobre 2021
Illustrations : Satoshi Hashimoto
Pages : 224
Isbn : 9791037505255
Prix : 15 €

Présentation de l'éditeur

Spoiler, filouter, fayoter, pontifier, profiter, flamber, resquiller, picoler, zapper, conspirer, sextoter, procrastiner, buller, minauder, snober, musarder...
110 petits travers secrets qui en diraient tant sur nous... si nous ne les gardions pas
soigneusement cachés.
Un livre à l'humour décalé, illustré par les dessins chics de Satoshi Hashimoto.

Je suis vraiment contente de retrouver Soledad Bravi, en compagnie de Pascale Frey, elle continue à explorer les classiques de la littérature, une façon originale de les remettre en avant

Avez-vous lu les classiques de la littérature ?
Soledad Bravi et Pascale Frey



























Rue de Sévres
Parution : 13 octobre 2021
Tome 4
Dessin : Soledad Bravi
Scénario : Pascale Frey
Isbn ‏ : ‎ 978-2810200313
Pages : 168
Prix : 14 €

Présentation de l'éditeur

Si vous pensez que Dorian Gray, sous l'oeil protecteur du Chien des Baskerville a séduit Eugénie Grandet en lui murmurant la chanson de Roland ...
Alors ce livre est fait pour vous !
Sont également convoqués Hansel, Atos, Portos, Gretel, La Sanseverina et bien d'autres.  Ils sont venus, ils sont tous là !
Soyez rassurés, ils vont vous aider à tout remettre en ordre.

Une fois encore, les irrésistibles Pascale Frey et Soledad Bravi conjuguent leurs talents pour décliner à tous les temps vingt classiques de la littérature. 


Saviez-vous qu'une campagne de promotion de la littérature belge se met en place pour la fin de l'année ? Cela commence en novembre, pendant deux mois on va vous parler de la littérature belge et je pense bien avoir de la matière à ce sujet.





Si on lisait un peu du noir ?  Au dernier week-end d'octobre aura lieu le salon d'Iris Noir à Bruxelles, c'est un super salon, sa troisième édition, voici le lien de leur site 




Ce sont d'autres auteurs que je vous propose dans la collection Noir Corbeau chez Weyrich


Neige sur Liège  -  Dumont-Dupuis


























Weyrich
Noir Corbeau
Parution : 04/10/21
Pages : 248
Isbn : 9782874896552
Prix : 18 €

Présentation de l'éditeur

Une disparition inquiétante, un appel au secours. Il n’en faut pas plus pour que Roger Staquet et Paul Ben Mimoun reprennent du service. Après Une mort pas très catholique, le vieux flic retraité et le jeune inspecteur sillonnent la région liégeoise à la recherche d’Honorine, réfugiée sans papiers qui s’est volatilisée… un soir d’été. Pas de flocons dans le ciel de la ville, mais une autre neige, addictive, illégale, pour laquelle on n’hésite pas à tuer. Une énigme difficile que nos amis auront beaucoup de mal à résoudre.


On quitte Liège pour Charleroi avec une enquête d'un autre genre

Le jugement de Dieu  -  Christian Joosten




























Weyrich éditions
Noir Corbeau 
Parution : le 4 octobre 21
Pages : 208
Isbn : 9782874896545
Prix : 17 €

Présentation de l'éditeur

De Sarajevo à Charleroi, d’une zone de guerre à la rédemption, il n’y a parfois qu’un coup de pinceau. Invité comme expert par l’inspecteur Francis Jean, Guillaume Lavallée reprend ses habits de flic pour découvrir le passé d’un ami disparu. Entre enquête et vengeance, il n’y a parfois qu’un coup de poing. Sous les traits du Jugement de Dieu se cachent parfois des vies inavouées.


Deux parutions également chez EditionsFDeville

La rivière et la mer   -  Dominique Kesteloot




Editions F Deville
Parution : 14 octobre 2021
Pages : 756
Isbn : 9782875990457
Prix : 29 €

Présentation de l'éditeur



Être l’archéologue de son passé apporte une plus grande conscience de la complexité de ce corps humain que j’habite. Ce corps, je ne l’ai pas fabriqué moi-même. Je n’en suis pas propriétaire. Je le loue à l’évolution qui l’a façonné et me l’a prêté pour un laps de temps très court. Cette exploration révèle la longue route de l’Histoire de la vie qui a commencé depuis l’aube de notre univers et qui passe, aujourd’hui, en moi. Tout ce qui m’a précédé depuis les premiers rayons des étoiles trouve un sens dans ma personne. Chaque homme porte en lui l’accumulation de tout ce passé. L’Histoire de la vie circule en chaque être humain, elle est notre véritable sang.



Dominique Kesteloot nous entraîne sur la Rivière du temps. Conciliant sens aigu de la narration et précision historique, il nous plonge dans une chronique familiale qui s’écoule sur près de deux siècles.

Chez le même éditeur que je remercie

La complainte d'Isabeau   -    Brigitte Moreau



 























Editions F Deville
Parution : 04 novembre 2021
Pages : 270
Isbn : 9782875990464
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur



Aurore s’attend à passer un été morne et ennuyeux loin de Paris, de la Sorbonne et de son amour. Elle retrouve, le temps des vacances, le village perdu où elle a passé ses premières années, entourée par les deux femmes qui l’ont élevée, sa mère et sa grand-mère.

Elle récupère sa chambre d’enfant qui, la nuit, devient le théâtre de visions étranges : une dame blanche vient lui chanter une berceuse singulièrement familière. Ces visites nocturnes sèment le trouble dans son esprit et réveillent la mémoire familiale.

Poussée par la curiosité et malgré le mutisme obstiné de son entourage, Aurore questionne, fouille, écoute et suit les indices qui se présentent à elle. Peu à peu, elle recompose l’histoire de sa famille et lève le voile sur un secret qui fait basculer sa vie.

Oh que je suis curieuse! Il me tente beaucoup ce nouveau roman chez Onlit

Une grande autrice  -   Stefan Liberski




















Onlit éditions
Parution : 13/10/21
Pages : 212
ISBN 978-2-87560-141-4
Illustration de couverture : Olympe Tits
Couverture : studio alvin
Prix : 18 €

Présentation de l'éditeur

À défaut d’exister, Jacqueline Boulanger peut jouer tous les rôles. Elle joue bien. Elle séduit tout le monde. Son mari. Ses enfants. Ses amis. Les hommes de son entourage.
Le vide qui la ronge la pousse toujours plus loin dans sa quête d’une image flatteuse d’elle-même. Un jour, contre toute attente, Jacqueline tombe sous le pouvoir d’une autre femme, Josyane, une sorte d’ogre, un monstre hanté comme elle par le néant. Un livre violent, terrible et drôle.

Stefan Liberski est écrivain, réalisateur et comédien. Il a publié de nombreux romans depuis G.S, écrivain tout simplement chez Albin Michel (1995) jusqu’à La Cité des femmes chez le même éditeur en 2018, en passant par Des Tonnes d’amour chez Niffle-Cohen ou Le Triomphe de Namur, à La Muette/Le Bord de l’eau. Au cinéma, on lui doit, entre autres Bunker Paradise et Tokyo Fiancée. Sa plume humoristique au sein des Snuls, de JAADTOLY ou encore de Froud et Stouf, a fait rire plusieurs générations.


On termine avec un beau livre édité chez Casterman

Bruxelles Un rêve capital   -  Schuiten et Peeters



















Casterman
Parution : 20/10/21
Scénario : Benoît Peeters
Dessin : François Schuiten
Pages : 128
ISBN : 9782203229778
Prix : 29 €

 Présentation de l'éditeur


De Brüsel à Bruxelles… une visite inédite


Comme en réponse à l’album Brüsel, cinquième volume des mythiques Cités obscures, Schuiten et Peeters nous donnent à voir la ville sous un angle à la fois historique, architectural et onirique…
« Les âmes cachées dans les villes, comme les fleurs qui se cachent dans les prairies, sont toujours les plus jolies. Ah ! je voudrais bien voir ce qui se cache à Bruxelles… » Ces mots d’Octave Mirbeau, Benoît Peeters et François Schuiten les reprennent volontiers pour lever quelques coins du voile. Bruxelles a été bouleversée par l’histoire, à l’image d’une Belgique enfin parvenue à l’indépendance en 1830. Jamais depuis sa capitale n’a cessé d'être ouverte au monde, abritant quelques bâtiments remarquables comme l’imposant Palais de Justice, les maisons de Victor Horta ou encore les galeries royales Saint-Hubert... Dans ce beau livre en forme de promenade, Schuiten et Peeters nous invitent à (re)visiter la capitale de l’Europe, une ville aux multiples charmes qui résonne depuis toujours avec leur œuvre…


Me voici enfin à jour.  Je vais essayer d'être régulière et de vous reproposer cette rubrique le dimanche.