samedi 6 décembre 2025

Ces Lignes qui tracent mon corps - Mansoureh Kamari ♥♥♥♥♥

 Ces Lignes qui tracent mon corps - Mansoureh Kamari  ♥♥♥♥♥





















Casterman
Parution : 10/09/25
Pages : 200
Isbn : 9782203290006
Prix : 24 €

Présentation de l'éditeur


Un album qui met en lumière l’oppression des femmes en Iran.


En Iran, selon la loi islamique, le père de famille est propriétaire du sang de ses enfants, il ne peut donc être poursuivi pénalement s’il s’en prend à sa progéniture. De là découle en partie la construction de la société iranienne où l’homme a les pleins pouvoirs, notamment sur les femmes, en toute impunité. Mansoureh Kamari se souvient ici de son enfance et de son adolescence sous ce joug masculin. Elle expose des faits : les interdictions multiples (rire, chanter, danser, aimer), la possibilité d’être mariée à 9 ans, exécutée à 15, après avoir été violée... Elle raconte les agressions sexuelles répétées, dans la rue, le taxi, chez le médecin, à la fac... Et la peur constante, l’impuissance, l’incapacité à maîtriser son destin. Mais Mansoureh a fuit l’Iran, elle a réussi à sortir de cette oppression permanente, et cet album est aussi l’histoire d’une métamorphose, celle d’une femme recouvrant sa liberté.



Mansoureh Kamari

Mansoureh Kamari est née et a grandi à Téhéran, en Iran. Elle y a obtenu son diplôme en dessin industriel mais a toujours été passionnée par le cinéma d’animation.

Après son arrivée en France en 2011, elle a poursuivi ses études en cinéma d’animation aux Gobelins à Paris. Depuis 2015 elle travaille pour les studios d’animation en tant que dessinatrice des personnages, en France et à l’étranger.

"Les lignes qui tracent mon corps" (2025) est son premier album de bande dessinée.


Source Casterman



Mon avis

Coup de cœur, coup de poing,  un album magnifique, émouvant, autobiographique qui nous parle de la condition de la femme en Iran. 

Mansoureh pose comme modèle vivant, on entend juste les traits de fusain qui dessine son corps de manière bienveillante.  Elle s'évade vers son passé et se souvient de son enfance.  Les planches représentant le corps en mouvement sont couleur chair, elles passent au gris et noir, lourdes de tristesse pour sa vie à Téhéran.

Elle se souvient de sa petite enfance, de ses jeux en toute liberté avec son frère qui se sont terminés lors de l'entrée à l'école à l'âge de 7 ans.  Fini de rire, commence alors la loi de l'interdit, le port d'un petit voile, de jupes au dessous du genou.   Elle se souvient de la tristesse de sa mère, des tâches ménagères, de son asservissement à un seul homme, son père, celui dont elle a peur.

A 9 ans en Iran, une fille reçoit le voile fleuri - Jashn-e-taklif - marquant le passage à l'âge adulte, le droit d'être donnée en mariage par le simple consentement du père.  Elle se souvient des INTERDICTIONS : rire, marcher librement, de sport, de chant, de danse, de s'habiller comme elle le veut, d'être elle-même.

Aujourd'hui, elle a fait le choix d'être modèle vivant, de dessiner, mais cela ne l'empêche pas de replonger à nouveau dans sa vie passée, avec le poids de la honte, la peur, le devoir d'accepter le regard et les gestes déplacés des hommes, la peur de payer de sa vie comme ses cousines pour avoir été en possession d'un tract dissident, et d'être violée avant d'être mise à mort.

Un récit fort, qui secoue, qui émeut et  témoigne de la condition des femmes  paralysées par la peur, cette peur, séquelle de ce passé qui fait perdre confiance, qui rabaissait son talent et son devenir d'artiste.  Un témoignage bouleversant, d'espoir qui nous montre l'éclosion d'un talent, d'une femme recouvrant sa liberté.

À lire absolument !

Coup de ♥








vendredi 5 décembre 2025

Jeux de lumière - Daniel Kehlmann

 Jeux de lumière -  Daniel Kehlmann















Actes Sud
Lettres allemandes
Parution : février 2025
Traduite de l'allemand par Juliette Aubert-Affholder
Pages : 416
ISBN : 978-2-330-20134-0
Prix : 23.50 €

Présentation de l'éditeur

Le réalisateur G. W. Pabst tourne en France au moment où Hitler prend le pouvoir outre-Rhin. Fuyant l’horreur qui se dessine dans cette nouvelle Allemagne, il se réfugie à Hollywood, mais là-bas, celui qui fut l’un des maîtres du cinéma allemand d’avant-garde, qui a dirigé les plus grandes stars du muet, n’est qu’un réalisateur parmi d’autres. Même Greta Garbo, qu’il a immortalisée dans "La Rue sans joie", ne peut rien pour lui. Lorsqu’il apprend que sa vieille mère est malade, Pabst rentre dans son Autriche natale, annexée par
l’Allemagne nazie, mais la guerre éclate et les frontières se ferment. Bloqué dans le Troisième Reich, Pabst est vite confronté à la brutalité du régime. Bientôt Goebbels, le ministre de la Propagande du Reich, veut faire tourner le génie du septième art. Persuadé de pouvoir résister à ses avances et de ne se plier à aucune autre dictature que celle de l’art, Pabst fait alors le premier pas vers un enlisement sans retour.
Daniel Kehlmann revisite avec maestria la vie de l’un des géants du cinéma et montre ce que peut la littérature : se rapprocher de la vérité par l’invention.



Daniel Kehlmann

Né en 1975 à Munich, Daniel Kehlmann a passé son adolescence à lire Nabokov et Borges. Après des études de philosophie et de littérature à l’université de Vienne, il a publié son premier roman à 22 ans, La Nuit de l’illusionniste, publié dans une version revue et abrégée chez Actes Sud en 2010.

Les Arpenteurs du monde (Actes Sud, 2007 ; Babel n°940), le plus grand phénomène littéraire allemand depuis des décennies, a été traduit dans une quarantaine de langues. En France, critique et public ont été enthousiastes. Il a publié chez Actes sud son roman Friedland en 2015. Le Roman de la vie de Tyll L’Espiègle s’est vendu à 500 000 exemplaires en Allemagne.


Lauréat d’une douzaine de prix littéraires, il vit actuellement entre Berlin et New York

Portrait © Sven Paustian     Source: Actes Sud

Une lecture de mon mari



Traduit de l’allemand, ce roman nous raconte la vie du réalisateur allemand G.W. Pabst avant et pendant la seconde guerre mondiale.

Le titre est un peu déroutant car s’il y a bien un court chapitre sur la rencontre entre Greta Garbo et Pabst, on ne parle nullement de Goebbels. Ce n’est donc pas un roman à proprement parler sur la seconde guerre mais sur le combat que Pabst va mener pour pouvoir continuer à faire des films tout en se préservant d’être étiqueté nazi.

Pabst était exilé en Californie avec son épouse et son fils avant la guerre. Là il va tourner un film qui se révèle être un bide commercial. On voit alors lui proposer au mieux des rôles d’assistant ce qu’il refuse. Il reçoit alors un message comme quoi sa mère vivant en Autriche est très malade. Il décide alors de retourner en Europe mais arrivé là-bas, la guerre éclate et Pabst se retrouve coincé, il ne peut plus sortir d’Autriche. Le régime nazi le considère comme communiste ce qu’il réfute. Pour obtenir sa redemption, il va devoir travailler pour le 3ème Reich. Il va heureusement éviter les films de propagande nazie pour faire des films plutôt dans un registre de comédie. Il sera aussi assistant sur un film de Leni Riefenstahl, la réalisatrice attitrée de Hitler ce qui ne se passera pas très bien. Vers la fin de la guerre, Pabst va adapter le roman d’un écrivain nazi, Karrasch du titre de Molander. Pabst veut vraiment faire le film de sa vie, braver les difficultés de tournage en plein débâcle de l’armée allemande. Cette partie du roman est particulièrement haletante digne d’un thriller.

Le livre se découpe en chapitres qui nous narrent autant des moments de tournage que la vie menée par Pabst et sa famille en Autriche et en Allemagne. Ce tiraillement continu entre servir le Reich tout en ne faisant pas de politique et en restant silencieusement anti-nazi.

Pabst c’est aussi Loulou avec Louise Brooks cette actrice américaine dont il sera amoureux mais qu’il ne pourra jamais conquérir.

Une lecture passionnante qui donne un éclairage sur le travail des cinéastes sous le régime nazi.




Sa note : 9/10

mercredi 3 décembre 2025

Bilan de lecture de novembre

 Bilan de lecture de novembre



Encore un mois qui se termine, on va bientôt entamer la dernière ligne droite vers 2026 et j'ai encore beaucoup de lectures à vous faire découvrir ! 16 articles écrits, décembre sera intense en publication !

Ce mois de novembre était exclusivement consacré à #lisezvouslebelge!  car je vous ai fait découvrir 15 auteurs de mon pays !  Et je ne compte pas m'arrêter là car il y a tant de talents !

Novembre c'était aussi le café-littéraire  de Salvatore Minni,  des concerts, du théâtre et des expos mais aussi pas mal de lectures diverses et variées que je vous présente ici.

Comme à chaque fois il suffit de cliquer sur la couverture pour avoir accès à l'article si ma chronique est publiée.  La mise à jour se fait de façon mensuelle !


Retrouvez Clara Lodewick dont je garde en mémoire son premier album: "Merel".  Elle nous fait prendre conscience du sort des jeunes migrants mineurs non accompagnés, de leur santé mentale, tout en humanité . 


Un deuxième roman magnifique pour Dominique Costermans : mensonge, mythomanie, poids des secrets,  un très beau roman




Relire Salvatore Minni pour préparer un café-littéraire, c'était un très bon moment.  Thriller psychologique au rendez-vous .



On reste dans le thriller psychologique et les violences familiales 


Il y a aussi une série jeunesse au répertoire de Salvatore Minni




Un petit album jeunesse de saison, les dessins sont magnifiques ! 



Oh comme j'ai aimé lire ce roman et découvrir la plume de Thierry Coljon,  un retour en enfance nostalgique, une amitié éternelle !



Un livre qui s'adresse aux ados et pas que !  J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce récit dystopique qui pousse les ados à se poser des questions, à développer leur sens critique !



Une petite pépite ce dernier Aliénor Debrocq, à découvrir au plus vite ! 



C'est déjà le cinquième roman de Dominique Van Cotthem et à chaque fois, elle m'embarque dès les premières pages.  Elle a le talent de nous emmener à la lisière du roman noir et thriller psychologique en y ajoutant une touche d'amour et d'humanité.  Si vous ne connaissez pas sa plume, découvrez-là, vous ne serez pas déçu.es


En mode graphique, un très beau roman sur le parcours de Frida Kahlo, sa vie de femme, de compagne de Rivera mais aussi son engagement politique.



Je termine le mois de novembre par ce graphique qui compare le management moderne en entreprise et l'organisation nazie.  Troublant, interpellant !  



Belles lectures


mardi 2 décembre 2025

Café littéraire coup de ♥ ou comment trouver des idées de cadeaux pour les fêtes !

 Café littéraire coup de coeur -  En manque d'idées cadeaux





Les fêtes approchent à grands pas, que diriez-vous d'un petit café littéraire spécial "coups de cœur"  histoire de trouver de l'inspiration pour vos cadeaux de fin d'année ?

Mais aussi pour le plaisir de se retrouver en mode "auberge espagnole" autour d'un verre et de sucreries dans un moment convivial et de partage. 

Je vous proposerai, ainsi que les bibliothécaires et les libraires de chez Claudine, des idées de lecture,  en partageant avec vous des coups de cœur, mais c'est aussi l'occasion pour vous aussi de nous partager un ou deux livres qui vous ont émus, surpris, touchés afin qu'ensemble nous partagions et repartions avec des idées de lecture.


Trois auteurs surprises viendront nous présenter leur bouquin.


Cela vous tente ? 

 Notez la date  : le 11 décembre à 19h à la bibliothèque Maurice Carême de Wavre.

Adresse du jour : rue de l'Ermitage 65 à 1300 Wavre

Attention pour la bonne organisation de l'événement il est INDISPENSABLE de s'inscrire en téléphonant au 010/230415 ou en envoyant un mail à bibliocareme@wavre.be


En espérant vous y voir nombreux.ses. 


dimanche 30 novembre 2025

Retour à la vie risquée - Dominique Van Cotthem

 Retour à la vie risquée  -  Dominique Van Cotthem





























Genèse
Parution : 17/10/25
Pages : 240
Isbn : 9780382010464
Prix : 22.50 €

Présentation de l'éditeur

Un thriller psychologique haletant !

Libéré après une détention de quatorze ans au cours de laquelle il n'a cessé de clamer son innocence, Théo Bargny se rend à Aurillac en train de nuit. Il a sur lui de quoi tuer le magistrat qui l'a fait condamner pour le meurtre de sa femme, Céline.
Giselle Delourne vient de perdre son mari Paul et sa sœur Clara dans l'incendie de sa maison. Elle prend le même train de nuit avec l'intention de renoncer à sa part d'héritage dans une villa de vacances à laquelle Paul tenait beaucoup.
La rencontre fortuite entre Théo et Giselle va se transformer en un brûlant attachement qui mettra à nu leurs douleurs secrètes, mais leur ouvrira aussi le chemin du retour à la vie risquée.
Dans ce thriller psychologique, son cinquième roman, Dominique Van Cotthem dissèque l'âme humaine avec la même maestria qui lui a valu la reconnaissance du public et des médias ainsi que de nombreux prix littéraires : Grand Prix Femme Actuelle, Coup de cœur des lectrices pour "Le sang d'une autre" en 2017 ; Prix des librairies Club pour "Adèle" en 2022 ; Prix Soleil noir jaune rouge pour "Réparer nos silences" en 2023 ; et son roman paru en 2024, "Les eaux assassines", est en lice pour plusieurs prix.


Dominique Van Cotthem





Dans ce thriller psychologique, son cinquième roman, Dominique Van Cotthem dissèque l’âme humaine avec la même maestria qui lui a valu la reconnaissance du public et des médias ainsi que de nombreux Prix littéraires : Grand Prix Femme Actuelle, Coup de cœur des lectrices pour Le sang d’une autre en 2017 ; Prix des librairies Club pour Adèle en 2022 ; Prix Soleil noir jaune rouge pour Réparer nos silences en 2023 ; et son roman paru en 2024, Les eaux assassines, est en lice pour plusieurs Prix.




source : Genèse éditions






Mon avis

Dominique Van Cotthem a vraiment le don de capter votre attention dès les premières lignes, deux courts chapitres qui nous permettent de découvrir les personnages et comme un envoûtement, le besoin de lire, de s'immerger dans le récit, dans la tête des personnages et de dévorer le récit.

Lu en deux morceaux de soirée, celui-ci ne déroge pas à la règle.

Deux personnages centraux qui évoluent alternativement au fil du roman et se rencontrent par hasard dans un train de nuit à destination d'Aurillac.  

Théo, qui sort brisé de prison après plus de 14 ans d'enfermement.  Il a toujours clamé son innocence dans le meurtre de son épouse, il a la rage, il est bien décidé à se venger contre l'avocat responsable de sa peine, un ténor du barreau.

Giselle, une femme brisée qui a perdu son mari et sa sœur dans un incendie.  Elle porte le poids du deuil et de la culpabilité, elle se rend à Aurillac pour refuser son héritage.  Elle porte un handicap à la jambe depuis son plus jeune âge, un handicap physique mais aussi psychologique.  

Un événement tragique va se produire dans le train de nuit, un événement qui va les mettre en rapport et changer leur vie.

Dominique Van Cotthem va comme à chaque fois nous emmener à la lisière du roman noir et thriller psychologique en y ajoutant un peu d'amour et beaucoup d'humanité.

Deux êtres fragiles, portant leurs secrets.  Théo, déterminé, brisé, en colère, il veut juste la justice et comme Giselle a besoin d'être aimé.  Giselle partagée entre la culpabilité et ses souffrances.  Les deux doivent se reconstruire, faire leur deuil, cette rencontre providentielle leur permettra-t-elle d'y arriver ?

Une plume dynamique, fluide qui va au plus profond des âmes en présence avec une grande justesse et beaucoup d'humanité.   Elle explore le deuil, la culpabilité, le besoin d'amour mais aussi les inégalités dans notre système judiciaire.


Un coup de cœur.  Plaisir de lecture garanti.  


Les jolies phrases

On ne devrait jamais dire "courage" aux gens effondrés de douleur.  Le courage est une force.  On ne demande pas à un être anéanti de se relever en conquérant.

Théo maudit la faiblesse des hommes.  Ils oublient de penser tant ils ont besoin d'être guidés même sous la menace, même au péril de leurs libertés. L'actualité est un exemple criant !  Les fake news sont mieux relayées que les faits avérés.  Plus c'est gros, plus ça passe ! Le troupeau obéit à la loi du pouvoir sans résistance.  Tant pis si la soumission mène ces moutons à l'abattoir.  

Le regard des autres, toujours, en filigrane.  L'obligation de se justifier, l'envie de se taire. L'impudeur des blessures visibles est lourde à porter. 

Que reste-t-il de nous quand personne ne se souvient de la singularité de notre passage sur Terre, Combien de temps vit un mort si personne ne l'évoque ?


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