Albin Michel
Parution : le 27 février 2019
Pages : 256
ISBN : 9782226436665
Prix : 18 €
Présentation de l'éditeur
Dans le petit immeuble parisien du Marais où elle vit depuis des lustres, Hectorine voit d’un jour à l’autre l’appartement du dessous investi par une nouvelle voisine, Sarah. Pour lui souhaiter la bienvenue, la vieille dame dépose une lettre sur le pas de sa porte. Cette missive sera suivie de beaucoup d’autres, retraçant une traversée du XXe siècle incroyable, entre le Cabourg de La Recherche, le Berlin du IIIe Reich et le Paris d’après-guerre.
Mais pourquoi toutes ces lettres? « Un jour, vous saurez », promet la centenaire à Sarah qui se prend au jeu, intriguée par cette voisine invisible dont les confidences laissent percer l’aiguillon d’un douloureux secret…
Dans ce roman totalement insolite qui redonne vie et fraîcheur au genre épistolaire, Florence Herrlemann insuffle un véritable hymne à la vie, à la parole qui délivre et à la transmission entre générations. Ce voyage fascinant au cœur de l’Histoire nous rappelle aussi que l’amitié est le plus tendre des pactes.
L'autrice
Née à Marseille, Florence navigue entre Lyon, où elle vit, et Paris, où elle travaille. Premier bain artistique à 15 ans à Nice, avec trois ans de cours de théâtre. Plus tard, à Paris, ses rencontres avec de nombreux artistes lui permettent de "toucher" à la musique et à la sculpture avant de décider, en 2003, de passer derrière la caméra. Elle réalisera, entre autres, un film de sensibilisation à l'enfance maltraitée, diffusé par le Ministère de la Famille.
Le Festin du Lézard son premier roman est paru en avril 2016 chez Antigone 14
Mon avis
C'est avec joie que je retrouve la plume de Florence Herrlemann. J'avais adoré son premier roman dont l'écriture particulière m'avait emportée (c'est ici). C'est dans un style totalement différent qu'elle nous revient puisqu'il s'agit d'un roman épistolaire. La plume est toujours aussi belle, "happante", fluide, vive.
Je vous dis déjà qu'il s'agit d'un gros coup de coeur !
Nous sommes dans le quartier du Marais à Paris, dans un petit immeuble où vit depuis des lunes, Hectorine, une centenaire confirmée.
Lorsque Sarah emménage dans l'appartement du dessous, Hectorine pour lui souhaiter la bienvenue dépose une lettre sur le pas de sa porte. Une missive qui en appellera beaucoup d'autres...
Sarah, au départ réticente et ne comprenant pas cette démarche, suggère de lui rendre visite mais Hectorine refuse préférant l'échange épistolaire.
Hectorine est née à Berlin le 1er décembre 1913 - dans six mois elle fêtera ses 104 ans - d'une mère allemande et d'un père français. Dans ses courriers, elle raconte sa vie, son parcours, sa grand-mère Ma-Paule vivant à Paris, ses souvenirs de Cabourg, fief de Proust - clin d'oeil à plusieurs reprises avec les délicieuses "madeleines" d'Hectorine - "A la recherche du temps perdu"...
à la recherche de quoi ? Que veut-elle à Sarah ? "Un jour vous saurez, je vous le promets.."
Hectorine est passionnée de musique, de littérature et de son chat..
Peu à peu, Sarah entretient cette correspondance, elle se livre aussi, lui raconte son arrière-grand-mère, sa mère, le manque d'hommes dans la famille.
Une amitié épistolaire naît.. mais que veut vraiment Hectorine...
Un roman hors du commun qui nous parle d'amitié, de littérature, d'écriture, du poids des secrets, de la transmission entre les générations.
C'est magnifique, je l'ai dévoré en deux courtes soirées et aujourd'hui Hectorine et Sarah hantent encore mes pensées. L'écriture est vive et dynamique, fluide avec une pointe d'humour.
De lettres en lettres, les secrets se livrent.
C'est tendre, émouvant, ça remue. Je l'ai terminé les yeux mouillés face à tant de beauté et d'humanité.
Merci Florence , ta plume est juste magnifique. Une petite merveille d'émotion à découvrir d'urgence, alors foncez chez votre libraire préféré.
Ma note : immense coup de coeur
Les jolies phrases
Il faut avoir vécu pour se rendre compte que la vie et son éphémère beauté ne sont que ce qu'elles représentent dans l'immédiateté de notre conscience si tant est qu'elle soit éveillée, notre conscience.
Nous nous vidons tous de ce temps qui nous est imparti. Eh oui, une belle supercherie ! qui maintient dans l'illusion que l'incessant mouvement du balancier ne cessera jamais jusqu'au jour où, sans crier gare, il s'immobilisera à jamais. Alors nous disparaîtrons, car tout doit disparaître. Même les souvenirs s'éteignent, comme les étoiles.
Nous les vieux, les inutiles, les ruines, les vains, les finis, les usés, les démodés, les poussiéreux, les oisifs et pleure-misère. Nous, pleure-misère ? Pour la majorité d'entre nous, nous avons juste de quoi subsister en attendant notre fin prochaine. Nous les périmés, nous agrippant, pitoyables que nous sommes, à nos idées réactionnaires. Nous les vioques, les croulants décrépits, les fossiles délabrés, les usagés obsolètes. A vos yeux nous sommes pénibles et encombrants, râleurs, radoteurs, menteurs, orgueilleux, hâbleurs, nous octroyant des médailles, pleurnicheurs inconsolables, plaintifs, suintants et dégoulinants, semeurs sans complexe de puanteurs nauséabondes annonciatrices de la mort imminente. Car comble de tout, nous avons l'outrecuidance de vous jeter en pleine figure, de vous rabâcher, en espérant bien vous le mettre en tête, qu'un jour, vous aussi les jeunes, vous aussi vous serez vieux, ridés, malades, accablés, seuls, abandonnés et malheureux. Que vous aussi, vous y passerez !
L'imagination et le rêve m'ont toujours permis de continuer d'avancer sur ce champ de bataille qu'est le monde.
Nous avions franchi une autre dimension. L'humain s'avérait parfaitement inhumain, nous étions réduites à l'état de bêtes par des hommes et des femmes rendus totalement insensibles à nos souffrances : le mal devenait banal, comme l'explique très bien Hannah Arendt. Nous allions vivre un cauchemar sans issue, chaque jour recommencé. C'est à cette époque que je sus ce qu'était véritablement la peur.
Je sais combien l'ignorance des choses peut-être bien plus douce que la vérité.
La vie devint rapidement pénible. Un voile ténébreux avait recouvert Berlin, tout le pays, l'humanité entière. Nous marchions sur une route pavée de bonnes intentions, sans savoir qu'elle avait été tracée par le Diable en personne.
Nous portons en nous la mort autant que la vie, et ce , avec plus ou moins de talent, de courage, et d'inconscience aussi.
La vie s'épuisait telle la flamme fragile d'une chandelle, mais l'espace de quelques instants, cette naissance avait été comme un point de lumière dans les ténèbres.
Je suis amoureuse, Hectorine. J'ai dans la poitrine comme un lâcher de chevaux au galop qui auraient pris mon coeur pour les steppes de Mongolie. Ma cage thoracique est sur le point de céder, d'exploser. J'ai comme un phare planté dans le plexus qui irradie sa lumière au-delà des océans.
Du même auteur j'ai lu et adoré
Mon billet en cliquant sur la couverture
Je vous dis déjà qu'il s'agit d'un gros coup de coeur !
Nous sommes dans le quartier du Marais à Paris, dans un petit immeuble où vit depuis des lunes, Hectorine, une centenaire confirmée.
Lorsque Sarah emménage dans l'appartement du dessous, Hectorine pour lui souhaiter la bienvenue dépose une lettre sur le pas de sa porte. Une missive qui en appellera beaucoup d'autres...
Sarah, au départ réticente et ne comprenant pas cette démarche, suggère de lui rendre visite mais Hectorine refuse préférant l'échange épistolaire.
Hectorine est née à Berlin le 1er décembre 1913 - dans six mois elle fêtera ses 104 ans - d'une mère allemande et d'un père français. Dans ses courriers, elle raconte sa vie, son parcours, sa grand-mère Ma-Paule vivant à Paris, ses souvenirs de Cabourg, fief de Proust - clin d'oeil à plusieurs reprises avec les délicieuses "madeleines" d'Hectorine - "A la recherche du temps perdu"...
à la recherche de quoi ? Que veut-elle à Sarah ? "Un jour vous saurez, je vous le promets.."
Hectorine est passionnée de musique, de littérature et de son chat..
Peu à peu, Sarah entretient cette correspondance, elle se livre aussi, lui raconte son arrière-grand-mère, sa mère, le manque d'hommes dans la famille.
Une amitié épistolaire naît.. mais que veut vraiment Hectorine...
Un roman hors du commun qui nous parle d'amitié, de littérature, d'écriture, du poids des secrets, de la transmission entre les générations.
C'est magnifique, je l'ai dévoré en deux courtes soirées et aujourd'hui Hectorine et Sarah hantent encore mes pensées. L'écriture est vive et dynamique, fluide avec une pointe d'humour.
De lettres en lettres, les secrets se livrent.
C'est tendre, émouvant, ça remue. Je l'ai terminé les yeux mouillés face à tant de beauté et d'humanité.
Merci Florence , ta plume est juste magnifique. Une petite merveille d'émotion à découvrir d'urgence, alors foncez chez votre libraire préféré.
Ma note : immense coup de coeur
Les jolies phrases
Il faut avoir vécu pour se rendre compte que la vie et son éphémère beauté ne sont que ce qu'elles représentent dans l'immédiateté de notre conscience si tant est qu'elle soit éveillée, notre conscience.
Nous nous vidons tous de ce temps qui nous est imparti. Eh oui, une belle supercherie ! qui maintient dans l'illusion que l'incessant mouvement du balancier ne cessera jamais jusqu'au jour où, sans crier gare, il s'immobilisera à jamais. Alors nous disparaîtrons, car tout doit disparaître. Même les souvenirs s'éteignent, comme les étoiles.
Nous les vieux, les inutiles, les ruines, les vains, les finis, les usés, les démodés, les poussiéreux, les oisifs et pleure-misère. Nous, pleure-misère ? Pour la majorité d'entre nous, nous avons juste de quoi subsister en attendant notre fin prochaine. Nous les périmés, nous agrippant, pitoyables que nous sommes, à nos idées réactionnaires. Nous les vioques, les croulants décrépits, les fossiles délabrés, les usagés obsolètes. A vos yeux nous sommes pénibles et encombrants, râleurs, radoteurs, menteurs, orgueilleux, hâbleurs, nous octroyant des médailles, pleurnicheurs inconsolables, plaintifs, suintants et dégoulinants, semeurs sans complexe de puanteurs nauséabondes annonciatrices de la mort imminente. Car comble de tout, nous avons l'outrecuidance de vous jeter en pleine figure, de vous rabâcher, en espérant bien vous le mettre en tête, qu'un jour, vous aussi les jeunes, vous aussi vous serez vieux, ridés, malades, accablés, seuls, abandonnés et malheureux. Que vous aussi, vous y passerez !
L'imagination et le rêve m'ont toujours permis de continuer d'avancer sur ce champ de bataille qu'est le monde.
Nous avions franchi une autre dimension. L'humain s'avérait parfaitement inhumain, nous étions réduites à l'état de bêtes par des hommes et des femmes rendus totalement insensibles à nos souffrances : le mal devenait banal, comme l'explique très bien Hannah Arendt. Nous allions vivre un cauchemar sans issue, chaque jour recommencé. C'est à cette époque que je sus ce qu'était véritablement la peur.
Je sais combien l'ignorance des choses peut-être bien plus douce que la vérité.
La vie devint rapidement pénible. Un voile ténébreux avait recouvert Berlin, tout le pays, l'humanité entière. Nous marchions sur une route pavée de bonnes intentions, sans savoir qu'elle avait été tracée par le Diable en personne.
Nous portons en nous la mort autant que la vie, et ce , avec plus ou moins de talent, de courage, et d'inconscience aussi.
La vie s'épuisait telle la flamme fragile d'une chandelle, mais l'espace de quelques instants, cette naissance avait été comme un point de lumière dans les ténèbres.
Je suis amoureuse, Hectorine. J'ai dans la poitrine comme un lâcher de chevaux au galop qui auraient pris mon coeur pour les steppes de Mongolie. Ma cage thoracique est sur le point de céder, d'exploser. J'ai comme un phare planté dans le plexus qui irradie sa lumière au-delà des océans.
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