Debout dans l'eau - Zoé Derleyn
Rouergue
La Brune
Parution : 05 mai 2021
Pages : 144
Isbn : 9782812621963
Prix : 16 €
Présentation de l'éditeur
La narratrice, une enfant de onze ans, vit chez ses grands-parents, dans le Brabant flamand. Sa mère l'a abandonnée des années auparavant. C'est l'été dans cette vaste maison bordée d'un étang et d'un magnifique jardin. Le grand-père est en train de mourir dans une des chambres à l’étage, visité chaque jour par une infirmière. Cet homme autoritaire, distant, intimidant, est l'ombre manquante dans le jardin, espace de prédilection où sa petite-fille l'assistait dans ses occupations. Alors que la mort approche, autour de la fillette prennent place les différents protagonistes de ce lieu où la nature est souveraine : ses grands-parents bien sûr, les trois chiens, un jeune homme qui s'occupe des gros travaux, une baleine qui un jour a surgi dans l'étang. Elle rêve aussi d'un ailleurs qui pourrait être l'Alaska, la mer des Sargasses ou les Adirondacks.
Dans ce premier roman qui impressionne par sa sobriété et sa maîtrise, Zoé Derleyn interroge avec subtilité la manière dont se construit une filiation.
Zoé Derleyn
Zoé Derleyn a publié en octobre 2017 aux éditions Quadrature un recueil de nouvelles, Le Goût de la limace, lauréat du prix Franz De Wever 2018, décerné par l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. En 2021 paraît son premier roman, Debout dans l'eau, dans la brune au Rouergue.
© Cyrus Pâques
Mon avis
La narratrice a 11 ans et demi et nous raconte les liens qui se tissent avec la nature protectrice. Abandonnée par sa mère alors âgée de trois ans elle nous parle de son univers, de l'étang entourant la maison dans le Pajottenland, du jardin dans lequel elle aidait son grand-père aujourd'hui mourant.
Elle apprend à vivre avec elle-même, on immerge avec elle dans son intime, dans le récit de son enfance solitaire. L'étang est son refuge, elle y nage, y pêche, c'est la vie mais c'est aussi le reflet de ses peurs, de ses cauchemars, de la mort de son grand-père. C'est l'héritage, l'amour du jardin, des chiens qui l'accompagnent sous le vent, sous la pluie.
C'est un premier roman d'ambiance, du temps qui passe.
Les thèmes abordés sont l'abandon, la colère, l'angoisse face à la mort mais aussi un monde hanté d'imaginaire.
J'ai pris énormément de plaisir à la lecture. L'écriture est d'une grande finese, subtile, poétique et sobre.
Ma note : 8.5/10
Les jolies phrases
Nous sommes ici pour les mêmes raisons, notre propriétaire précédent ne voulait plus de nous. Et aucun de nous n'a de pedigree, lui n'est ni un labrador noir comme Baron ni de la race dont j'ai oublié le nom comme Tempête, qui est gigantesque et de couleur fauve et qui ressemble à un lion qui aurait une tête noire, et moi, je suis à peine la fille de ma mère. Mais je ne me sens pas proche de lui. C'est juste un chien, haut sur pattes, noir et touffu, et qui sent mauvais quand il pleut, exactement comme les autres.
Mon grand-père a cessé de rétrécir. Hier soir, Inge a dit qu'il avait mangé avec beaucoup d'appétit. Je l'ai entendue en parler avec ma grand-mère. J'ai essayé, une fois de plus, de faire barrage aux mots, mais ça ne les a pas empêchés d'entrer dans ma tête. C'est une chose très difficile d'arriver à ne pas entendre.
- Souvent, juste avant la fin, on dirait qu'ils guérissent, a dit Inge.
C'est vrai qu'il a de l'appétit. Je me demande comment son corps fait pour avaler toute cette nourriture, comment il est encore capable de la mettre quelque part. Il est plat comme le loup du dessin animé après qu'un énorme rocher lui est tombé dessus. Bip bip !
Je ne sais pas ce qui se passera, quand mon grand-père sera dans son cercueil. Je ne sais pas ce que son absence changera. Peut-être que ce sera comme quand un arbre tombe, après une tempête. Au début, ça fait un trou dans le paysage et puis on s'habitue. On oublie que la vue était différente avant.
Du même auteur j'ai lu
Cliquez sur la photo pour avoir accès à l'article
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire