mercredi 1 juillet 2020

Pastorale - Aki Ollikainen ♥♥♥♥♥

Pastorale   -    Aki Ollikainen  ♥♥♥♥♥

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Héloïse d'Ormesson
Parution : 16 janvier 2020
Traduit du finnois par Claire Saint-Germain
Pages : 144
Isbn : 978-2-35087-54-8
Prix : 16 €

Présentation de l'éditeur

Dans la campagne finlandaise, un homme croise un loup à l’orée de la forêt. Le prédateur rôde autour du hameau, menaçant ses habitants et leur troupeau. Pourtant, c’est un soleil radieux qui ce matin illumine le bout de terre où Meri, Kaius, Vilho, Sirkka, Reino et les autres vont partager des instants volés, des souvenirs, des secrets, et parfois se bousculer.


Alors que les corbeaux cancanent à l’abri des hauteurs, jaugeant les hommes et leurs faiblesses, la journée poursuit sa course, portant son lot de présages. À l’aube nouvelle, chacun sera transformé.
Rythmé par les murmures de la nature souveraine et les chatoiements de la lumière, Pastorale est un conte cruel et poétique. Avec une épure remarquable, ce récit aux accents bibliques alterne entre mythe, scène champêtre et chronique familiale.

L'auteur

Auteurs | Éditions Héloïse d'Ormesson

© LAURA MALMIVAARA

Né en 1973, Aki Ollikainen est un photographe et journaliste finlandais. Son premier roman, La Faim blanche, a été récompensé par de nombreux prix et a figuré dans les sélections 2016 du Man Booker International Prize et du prix Femina étranger. Pastorale est son deuxième roman. Il vit en Kolari, au nord du pays.

Source : éditions Héloïse d'Ormesson

Lac FinlandeFinland travel guide


Mon avis

Pastorale c'est à la fois une chronique familiale, une ode à la nature et à l'amour, c'est aussi une fable, un conte cruel qui donne la parole aux animaux et nous parle du cycle de la vie.

Reino le citadin est venu enterrer son frère Peenti au pays..  Il revient sur cette presqu'île de Finlande orientale.. un retour aux sources, à ses racines, la maison du vieux.. celle d'Aatu et Elina, les voisins de Vilho chez qui il se trouve.

Imaginez une barque, un lac, une nature luxuriante, un soir d'été, une presqu'île reculée loin de tout, deux maisons, deux saunas ... et trois générations.  La nature est un personnage à part entière, elle est décrite merveilleusement, on vit ici quelques heures aux temps ancestraux.

Il y a Vilho le grand-père qui revient de la pêche avec sa petite fille Meri, le tout sous l'oeil attentif de Kronos l'énorme brochet maître des lieux, enfin pour l'instant...

Vilho, toujours amoureux, attendri, amoureux de Sirkha son épouse, un corps de vieille femme enfermant son esprit fuyant retombant en enfance, perdant la raison.

Il discute avec sa fille Leena et son gendre Esko.  Ce matin Vilho a vu un loup.  Esko est déterminé à le piéger, le chasser pour garder la quiétude des lieux.

Son voisin Aatu est berger, en symbiose parfaite avec sa petite brebis muette.  Il possède un troupeau sur l'île mais le danger est là mais est-ce là seulement qu'il se cache, avec Elina, il pensait trouver le bonheur en s'installant ici en pleine nature.

Leur fils Kaius est adolescent et découvre ses premiers émois avec Méri.

Aki Ollikainen nous parle d'amour, dans tous les sens du terme, du désir, de sexualité, de la vieillesse, du temps qui passe et forme un cycle.  C'est poétique, magnifique, dans un style épuré, imagé.  Il donne la parole aux animaux comme dans un conte, le brochet, les corbeaux nous parlent d'un mode de vie en extinction.  C'est un conte cruel d'une beauté mystique, on entre en symbiose avec la nature.

Une petite pépite.


Cycling around Finland's beautiful lakes and forests on ...



Les jolies phrases


La jeune fille en colère était devenue une femme mûre colérique, et cela faisait une différence, pour sûr. Une jeune fille en colère était une force dynamique, régénérative de la société. Mais une femme mûre colérique était juste amère. Tout ce qui allait de travers repassait par le prisme de ses propres déceptions et ratages. L'être humain était comme une pâte à modeler : neuve, toutes ses couleurs brillaient dans leurs pots, mais quand les teintes se mélangeaient, il ne restait plus qu'un boudin informe d'un gris dégoûtant, qui prenait le poussière dans un coin de la chambre des enfants.


Le paysage se dédoublait. Les fins nuages disparaissaient sur le miroir du lac, ils s'évaporaient comme l'humidité sur les pierres noires brûlantes du sauna.


Où pouvait se promener le regard de sa mère ? Etait-il parti au loin ou avait-il fait demi-tour à l'intérieur de sa tête ?
Un loup n'était pas n'importe quel bestiau.  C'était un symbole, le dernier adversaire digne de l'homme finlandais.  Sa malice était limpide, c'était une partie de la nature. Le loup et l'homme des bois, un combat comme ça doit se livrer au plus profond de la forêt, c'est là qu'on pourrait les mesurer l'un à l'autre.  Le combat du bien et du mal.

Peut-être que l'esprit de sa belle-mère était semblable à cet oiseau.  Lui aussi avait fini par se poser sur un étang trop petit et ne parvenait plus à s'envoler.

Mais sa belle-mère était un plongeon qui donnait l'impression d'avoir toujours cherché sa piste de décollage, un lac au dos suffisamment long où courir jusqu'à l'envol. Son lac avait finalement été refermé par la végétation, il s'était réduit à un étang minuscule et avait enchaîné les pensées de cette âme libre.

Il doit y avoir un point, dans l'esprit humain, à partir duquel la pensée fait demi-tour.
Quand tu deviens suffisamment vieux dit Méri.
Tu veux dire qu'elle retourne en enfance ?


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