mercredi 23 avril 2025

L'homme qui écoutait battre le cœur des chats - Mathias Malzieu

L'homme qui écoutait battre le cœur des chats  -  Mathias Malzieu




















Albin Michel
Parution : 12 mars 2025
Pages : 208
EAN : 9782226496720
Prix : 19.90 €


Présentation de l'éditeur

« Ils m’ont appelé Tornado comme le cheval de Zorro. Mon pelage est noir et mes yeux sont deux putains de pépites d’or… Autant le dire tout de suite, je suis absolument irrésistible. »



Tornado et June sont deux chats consolateurs, adoptés par des maîtres qui ont perdu leur enfant à naître. Deux chats qui, nourris de poésie et de musique, se sont mis à penser et se racontent, à tour de rôle. Ils vivent sur une péniche avec « Ceux-qui-se-croient-leurs-maîtres ».

Ces derniers ne sont pas très doués pour se reconstruire et June abrite en son cœur le fantôme de Macha, cette petite fille qui aurait pu naître. Mais quand le récit commence, un autre drame menace. Tornado est malade et n’a peut-être plus que quelques jours à vivre. Comment faire face à cette nouvelle perte qui s’annonce ? Un traitement miracle pourra-t-il le sauver ?

Mathias Malzieu 



Mathias Malzieu entame sa carrière d’homme poétique en 1993 en fondant le groupe de rock Dionysos. Peu enclin à choisir entre sa vocation de chanteur et d’auteur, il développe depuis lors un univers sous forme de livres, de disques et de films. Il connaît un immense succès populaire en 2007 avec La Mécanique du cœur, traduit dans plus de vingt pays et adapté au cinéma ; son bouleversant récit autobiographique, Journal d’un vampire en pyjama (2016), a reçu le Prix Essai France Télévisions et le Grand Prix des Lectrices de Elle, et son dernier roman, Une Sirène à Paris (2020), s’est accompagné d’un disque et d’un film éponyme réalisé par Mathias Malzieu avec Nicolas Duvauchelle et Marilyn Lima.    
 Source : Albin Michel











Mon avis

Mathias Malzieu nous revient avec un conte autofictionnel.  Comme toujours il aborde un sujet grave, à savoir la perte de son enfant à naître, avec beauté et nous entraîne dans un monde onirique, magique, enchanteur.

C'est l'histoire de Neige - la belle griffue - et du vieil enfant à vibrisses, de ceux qui se croyaient être les maîtres de deux félins June et Tornado qui nous conte cette histoire. 

Nous sommes sur une péniche, sur la Seine, June et Tornado sont deux chats consolateurs, réceptacles de câlins, adoptés par ceux qui se croient leurs maîtres peu après la perte de leur enfant à naître.  June et Tornado se nourrissent de poèmes en grignotant les livres ou de la musique des vinyles qu'ils aiment écouter à leur façon (avec leurs griffes).  Tornado, le chaton noir aux yeux orange est très malade, il est prévu de mettre fin à ses jours le lendemain à 17h, un événement difficile pour la belle griffue et le vieil enfant à vibrisses, qui replongent dans leur chagrin au pays des fantômes.

Et si un miracle se produisait ?  Il y a un espoir mais le chemin ne sera pas facile.

Mathias donne la parole aux félins pour petit à petit surmonter cette épreuve, laisser partir les fantômes, accepter. C'est un récit très émouvant qui aborde le deuil et le chemin de la résilience.

La langue de Mathias est onirique, poétique à souhait, de l'ordre du merveilleux.  Il joue avec la langue, avec les mots, leur sonorité.  Il nous envoûte, nous enchante avec délicatesse et humour. C'est beau, surréaliste, émouvant.

Les jolies phrases

Ce sont les fruits et légumes de l'esprit, au bas mot les fleurs comestibles de l'âme. Toute la vitalité se cache dans les livres, surtout lorsqu'on ne peut pas voyager ni se confronter à l'altérité.


Les chats sont décidemment d’excellents colmateurs de brèches. Ils peuvent aider à réparer les enfants intérieurs, et tout un tas de choses impalpables. Et lorsque l’on ne peut vraiment plus rien sauver, ils sont le coton dans les angles.


L'odeur du vent charrie des exhalaisons de terre mouillée. J'écoute le courant bruire et les oiseaux de nuit bâiller. Une grue rouillée clignote dans les nuages, des ouvriers doivent être en train d'y fabriquer le petit matin.

La péniche a beau être bien amarrée, je crains que, sans sa capitaine, le vieil enfant à vibrisses ne parte rapidement à la dérive. 

Papa chantait en souriant, son regard restait allumé.  La vieille tondeuse à gazon oubliée qu'était sa mémoire redémarrait à chaque chanson.  Les chats nous regardaient, l'air de se demander pourquoi la musique nous faisait rire aux larmes.  Un je-ne-sais-quoi de comédie musicale avec un vieux papa.  "J'ai ma mémoire qui flanche/J'me souviens plus très bien..." fredonnait-il. Alors l'humour revenait tout à coup comme un pare-chocs d'auto-tamponneuse. 

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