Dans la tête d'Elton Munk - Ralph Vendôme
Parution : 21 août 2025
Pages : 196
Isbn : 9782807005228Prix : 20 €
Présentation de l'éditeur
Le bureau de Lloyd était situé en haut d'une tour d'où la vue sur les assurés était panoramique.
- Une assurance sur mon intelligence. Si je la perds, vous payez.
- Vous êtes sérieux, Elton?
- Très sérieux, Lloyd. L'intelligence est mon outil de travail. Si je la perds je suis foutu. C'est comme le tennisman et son bras, le dessinateur et sa main, la soprano et ses cordes vocales.
- Mais qu'est-ce qui vous fait croire que vous risquez de la perdre? Vous êtes plus brillant que jamais! Si j'en crois ce que je lis, vous êtes au sommet de votre art.
- Il ne faut pas croire ce qu'on lit, Lloyd, il ne faut pas voir ce qu'on voit, penser ce qu'on pense. Là est le danger! C'est parce que je commence à entendre ce que tout le monde entend et à penser ce que tout le monde pense que je veux faire assurer mon intelligence. Quand on rejoint la meute, on ne crée plus rien.
- Que voulez-vous dire?
- Je veux dire que j'ai peur de devenir con."
Elton Munk, un des hommes les plus puissants du monde, maître des technologies nouvelles et de la conquête spatiale, découvre qu'il n'est pas tout à fait insensible aux futilités qui accaparent ses contemporains. La phobie de « devenir con » s'empare de lui et le conduit, avec l'aide d'un psychiatre, dans un inquiétant voyage intérieur pour tenter de comprendre comment le petit Monkey est devenu l'homme qu'il est aujourd'hui. C'est au terme d'un long périple, dans un motel perdu au milieu du désert, que se fera la révélation. Et puisqu'Elton Munk est un personnage d'exception, le dénouement de ce récit ne pourra être que hors norme, en orbite autour de la terre, sous les regards ébahis, admiratifs ou railleurs du monde entier.
Rédigé avant que son modèle devienne mégalomane et commence à vraiment faire peur, Dans la tête d'Elton Munk, mélange d'humour et de clairvoyance, anticipe le basculement civilisationnel qui s'effectue sous nos yeux impuissants.
Ralph Vendôme
Ralph Vendôme est né à Beyrouth et vit à Bruxelles depuis son adolescence. Il avait publié jusqu'ici des nouvelles en revue et en bookleg, ainsi que deux recueils remarqués par la critique, "La théorie du parapluie", qui explore les similitudes entre enfance et vieillesse, et "Dans quel monde on vit", qui oriente le projecteur de manière à créer d'immenses ombres au tableau de la société contemporaine.
"Dans la tête d'Elton Munk" est son premier roman.
Mon avis
Elton Munk est connu dans le monde entier, c'est le pape des nouvelles technologies. Il est novateur, a créé la voiture électrique, développé l'intelligence artificielle, est à l'initiative des paiements électroniques, de fusées révolutionnaires pour visiter l'espace. Il a une intelligence hors normes et est capable de transformer l'univers.
Il crée, invente, solutionne des problèmes pour ses congénères avec aisance et aujourd'hui une crainte le préoccupe, il a peur de devenir con ! Et veut assurer son intelligence !
C'est comme cela qu'il rencontre David Allen, psychiatre. David va tenter de comprendre et entamer avec Elton un grand voyage intérieur pour voir comment le petit "Monkey" enfant est devenu l'homme d'aujourd'hui. Essayer de comprendre les motivations de Munk aujourd'hui, pourquoi veut-il à tout prix lier l'intelligence humaine à l'intelligence artificielle et greffer un implant dans le cerveau des gens, pourquoi veut-il manipuler le monde ?
Munk est hyper intelligent mais il est aussi colérique, mégalomane, égocentrique. Il peut certes trouver des solutions rapides grâce à une faculté de synthèse hors normes, mais la morale et l'éthique ne l'étouffent pas vraiment. Résoudre les problèmes migratoires et climatiques sont bien entendu aussi à sa portée, avec des solutions qui nous choquent mais surtout lui rapportent toujours plus d'argent.
Ce premier roman est plein de dérision et étonne car il a été écrit avant toutes les réalisations du vrai Munk. On sourit beaucoup sur les descriptions du personnage mais le récit pose de vraies questions sur notre société actuelle, sur ce qui nous façonne, nous motive. Les choix de nos vies ne sont-ils pas inconscients, liés entre passé et avenir ?
Une lecture passionnante, qui nous interroge sur nos comportements, sur l'utilisation des réseaux sociaux par l'intermédiaire du personnage d'Irène Schwab, préoccupée surtout comme Munk par ce que lui rapportent ses nombreux followers. Elle a un point commun avec Munk, elle a peur de changer de comportement et de devenir intelligente.
Un roman bien construit qui vous procurera des surprises. J'ai passé un très bon moment.
Ma note : 8.5/10
Les jolies phrases
En gros, une intelligence préserve des conneries. Mais la connerie est la chose la mieux partagée au monde, elle n'a ni race, ni religion, ni sexe. Tôt ou tard elle s'immisce dans nos pensées, et pollue nos réflexions. Quand on se sent menacé dans nos libertés, quand le monde nous paraît incertain, on se replie sur nous-mêmes et on n'écoute plus que les gens qui pensent comme nous. On manque de discernement.
La définition qu'Elton préfère de l'intelligence est la faculté à modifier l'environnement pour l'adapter à ses propres besoins. Et la capacité à traiter l'information pour atteindre ses objectifs.
Le passé oriente l'avenir et l'histoire est un éternel recommencement.
Comment évolue un doute dans un esprit cartésien ? Il grignote le terrain, se répand dans les zones les plus perméables de la raison, entame l'ultime ascension avec la confiance des conquérants et plante son drapeau au sommet de l'intelligence.
Au fond, le besoin de reconnaissance est le même que l'on soit riche ou pauvre, idiot ou haut potentiel, muet ou bavard, dans l'antiquité comme dans l'avenir. En temps de guerre ou en temps de paix. Le besoin d'être écouté.
L'humanité ne doit-elle pas son épanouissement au progrès technique et scientifique ?
Dois-je dresser les bienfaits de la science pour l'homme ? L'homme d'aujourd'hui n'est sûrement pas meilleur ou plus heureux que celui d'hier en terme absolu. Le bonheur n'est pas tributaire d'une seule science. Il y avait des gens heureux et des gens malheureux avant la pénicilline ou le vaccin contre la variole. Il y avait des gens heureux et malheureux avant Galilée, avant Newton, avant Einstein. Avant Freud et avant moi. Chacun d'eux a dû subir les forces d'inertie de son époque. Mais qui voudrait revenir en arrière ?
Le monde craint que les machines remplacent les hommes. Le monde craint que les machines deviennent plus intelligentes que l'homme et prennent le pouvoir.
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