lundi 22 mars 2021

Le dernier enfant - Philippe Besson

 Le dernier enfant   -    Philippe Besson





















Julliard
Parution : 07/01/2021
Pages : 208
Isbn : 9782260054672
Prix : 19 €

Présentation de l'éditeur

« Elle le détaille tandis qu’il va prendre sa place : les cheveux en broussaille, le visage encore ensommeillé, il porte juste un caleçon et un tee-shirt informe, marche pieds nus sur le carrelage. Pas à son avantage et pourtant d’une beauté qui continue de l’époustoufler, de la gonfler d’orgueil. Et aussitôt, elle songe, alors qu’elle s’était juré de se l’interdire, qu’elle s’était répété non il ne faut pas y songer, surtout pas, oui voici qu’elle songe, au risque de la souffrance, au risque de ne pas pouvoir réprimer un sanglot : c’est la dernière fois que mon fils apparaît ainsi, c’est le dernier matin. »
Un roman tout en nuances, sobre et déchirant, sur le vacillement d’une mère le jour où son dernier enfant quitte la maison. Au fil des heures, chaque petite chose du quotidien se transforme en vertige face à l’horizon inconnu qui s’ouvre devant elle.


Philippe Besson


















Crédit photo:
©Eric Fougere-Corbis/Getty Images


Philippe Besson est un écrivain, scénariste et dramaturge. En l'absence des hommes, son premier roman, publié en 2001, est couronné par le Prix Emmanuel-Roblès. Depuis lors, il construit une œuvre au style à la fois sobre et raffiné. Il est l’auteur, entre autres, de Son frère, adapté au cinéma par Patrice Chéreau, L'Arrière-saison (Grand Prix RTL-Lire), Un garçon d’Italie et La Maison Atlantique. En 2017, il publie Arrête avec tes mensonges, vendu à plus de 120 000 exemplaires, couronné par le Prix des Maisons de la Presse et Un personnage de roman, portrait intime d’Emmanuel Macron, alors engagé dans la campagne présidentielle. Il revient à l'autofiction en 2019 avec Un certain Paul Darrigrand puis Dîner à Montréal​. Ses romans sont traduits dans vingt langues.

Un tango en bord de mer, sa première pièce en tant que dramaturge, a été jouée à Paris près de 200 fois en 2014 et 2015 au Théâtre du Petit Montparnasse.
Il a également multiplié les collaborations avec le milieu du cinéma et de la télévision, ayant notamment écrit le scénario de Mourir d'aimer (2009), interprété par Muriel Robin, de La Mauvaise rencontre (2010) avec Jeanne Moreau, du Raspoutine interprété par Gérard Depardieu, et de Nos retrouvailles (2012) avec Fanny Ardant et Charles Berling.   (Source : Julliard)

Mon avis

Anne-Marie et Patrick occupent leur pavillon depuis 30 ans, tout est impeccable, ordonné, rangé, comme leur vie.  Ils ont trois enfants, et aujourd'hui, Théo le dernier, va quitter le nid familial et voler de ses propres ailes.

Une journée qui pourrait être banale mais pas pour Anne-Marie qui va vivre 24 heures compliquées, c'est ce que nous propose de vivre Philippe Besson, la dernière journée, celle de la séparation où pour Anne-Marie tout s'écroule !

On commence par le petit déjeuner, le dernier matin de Théo qu'ils iront installer tout à l'heure dans son 22 m².  Philippe Besson nous emmène vraiment dans la tête d'Anne-Marie, il nous transmet ses émotions, ses réflexions avec délicatesse et beaucoup d'émotions.

Anne-Marie observe son fils avec amour, elle pense à tout ce qu'ils ont vécu ensemble, à tout ce qu'ils ne feront plus, à tout ce qu'elle ne pourra plus lui demander, le questionner, le protéger, veiller sur lui.

Elle est d'abord nostalgique, revoit "leur vie".

"C'est passé vite quand on y pense."

Elle mesure déjà le manque que va susciter cette séparation, c'est comme un deuil à faire.  La douleur est intense, un grand vide s'installe car lui, Théo remplissait ses journées, elle devait veiller sur lui, il était sa raison de vivre, occupait ses pensées, prenait tout son temps.  

Comment vivre à deux après? C'est la peur, le désarroi qui s'empare d'elle à présent. 

J'ai vraiment été émue, touchée par ce texte.  Je sais aujourd'hui à quoi m'attendre quand mon fils quittera la maison !

J'ai aimé la délicatesse de l'écriture et ce pouvoir d'empathie, se glisser dans la tête d'Anne-Marie est une réelle prouesse, une énorme sensibilité.

Un texte tout en nuances semant le vertige et la peur du basculement à tout moment face à la solitude à venir des jours nouveaux.

Ma note : 9/10

Les jolies phrases

Et le silence, est-ce que ça ne dit pas davantage ?

Il n'a pas conscience que cet ordinateur est devenu son compagnon le plus sûr, une prothèse, un prolongement de lui-même. 

Les mères n'oublient jamais quand elles ont cru, un jour, perdre leur enfant.  Elles ne se débarrassent jamais de la frayeur non plus.  Elles vivent chaque jour en redoutant qu'un autre accident survienne. 

Après tout, ils ont construit un foyer, fait trois enfants, qu'ils ont amenés sans encombre jusqu'à l'âge adulte, ils sont toujours ensemble trente ans après, et il ne les a jamais vus se disputer.  C'est peut-être ça la vraie originalité, c'est peut-être ça le vrai amour.  Plutôt que des incendies qui finissent par s'éteindre.

Et parfois il faut se détacher de ses parents pour s'apercevoir à quel point on tient à eux, même si on le nierait, y compris sous la torture.

Ce faisant, il apprend une leçon nouvelle : les fils parfois rassurent les mères, le rapport un jour s'inverse et c'est maintenant, c'est maintenant que ça se passe, elle a toujours pris soin de lui, elle prend encore soin de lui alors qu'il a vingt-sept ans et voilà que, dans un inattendu retournement, il doit  prendre soin d'elle, se montrer attentif, attentionné, prononcer des mots réconfortants : 'T'inquiète, il s'en sortira très bien.  Il est dégourdi, Théo."

A un moment, nos attentes, ou nos frustrations, on s'en fiche, tu comprends.  Il faut juste qu'on accepte les événements. 

Donc, elle n'abdique pas : "En fait, c'est tout bête : mes enfants m'ont rendue heureuse.  Maintenant qu'ils sont partis, qu'ils sont tous partis, est-ce que je suis condamnée à être moins heureuse ?"

Combien de fois ont-ils clamé que les enfants c'est bien sympathique, on les adore mais quand même ça prend toute la place alors vivement qu'ils s'en aillent pour qu'on puisse souffler et profiter ? Combien de fois ont-ils laissé entendre qu'ils avaient hâte de cesser d'être des parents pour redevenir des époux, parce que bon, hein on a le droit de penser à nous aussi, pas vrai ? Sauf que voilà, c'est maintenant, c'est tout de suite et elle n'est pas certaine de se rappeler comment on fait.

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1 commentaire:

Philippe D a dit…

C'est un auteur que je connais trop peu. Je compte le découvrir bientôt et ce titre m'attire tout particulièrement, même si mon fils est parti depuis un bon bout de temps...