lundi 28 février 2022

Paris-Briançon - Philippe Besson

 Paris-Briançon        -      Philippe Besson





















Editions Julliard
Parution : 6 janvier 2022
Pages : 208
Isbn : 9782260054641
Prix : 19 €


Présentation de l'éditeur

Le temps d’une nuit à bord d’un train-couchettes, une dizaine de passagers, qui n’auraient jamais dû se rencontrer, font connaissance, sans se douter que certains n’arriveront jamais à destination. Un roman aussi captivant qu’émouvant, qui dit l’importance de l’instant et la fragilité de nos vies.

Rien ne relie les passagers montés à bord du train de nuit no 5789. À la faveur d’un huis clos imposé, tandis qu’ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l’intimité et la confiance naître, les mots s’échanger, et les secrets aussi. Derrière les apparences se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l’époque, des voyageurs tentant d’échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l’ignorent encore, mais à l’aube, certains auront trouvé la mort.
Ce roman au suspense redoutable nous rappelle que nul ne maîtrise son destin. Par la délicatesse et la justesse de ses observations, Paris-Briançon célèbre le miracle des rencontres fortuites, et la grâce des instants suspendus, où toutes les vérités peuvent enfin se dire.

L'auteur







Crédit photo:
©Maxime Reychman

Philippe Besson est un écrivain, scénariste et dramaturge. En l'absence des hommes, son premier roman, publié en 2001, est couronné par le Prix Emmanuel-Roblès. Depuis lors, il construit une œuvre au style à la fois sobre et raffiné. Il est l’auteur, entre autres, de Son frère, adapté au cinéma par Patrice Chéreau, L'Arrière-saison (Grand Prix RTL-Lire), Un garçon d’Italie et La Maison Atlantique. En 2017, il publie Arrête avec tes mensonges, vendu à plus de 120 000 exemplaires, couronné par le Prix des Maisons de la Presse et Un personnage de roman, portrait intime d’Emmanuel Macron, alors engagé dans la campagne présidentielle. Il revient à l'autofiction en 2019 avec Un certain Paul Darrigrand puis Dîner à Montréal​. Ses romans sont traduits dans vingt langues.

Un tango en bord de mer, sa première pièce en tant que dramaturge, a été jouée à Paris près de 200 fois en 2014 et 2015 au Théâtre du Petit Montparnasse.
Il a également multiplié les collaborations avec le milieu du cinéma et de la télévision, ayant notamment écrit le scénario de Mourir d'aimer (2009), interprété par Muriel Robin, de La Mauvaise rencontre (2010) avec Jeanne Moreau, du Raspoutine interprété par Gérard Depardieu, et de Nos retrouvailles (2012) avec Fanny Ardant et Charles Berling.



Mon avis

En voiture pour l'Intercités 5789.  Nous sommes fin avril, à Paris, les voyageurs s'installent à bord du train de nuit qui reliera Paris à Briançon.  Départ prévu à 20h52, onze heures de voyage pour arriver en principe à 8h18 à Briançon.

Je dis bien en principe car l'auteur nous averti d'entrée de jeu qu'ils n'arriveront pas tous à destination.

Dans ce huis clos ferroviaire il y aura :  Alexis, un médecin généraliste du 14ème originaire de Briançon, Alexis, un sportif blessé au ménisque qui a loupé son TGV, Julia, une mère de famille fuyant la violence conjugale accompagnée de ses deux enfants, Serge un VPR proche de la cinquantaine, Catherine et Jean-Louis, un couple de jeunes retraités mariés de longue date, cinq étudiants en psychologie et un certain Giovanni Messina nous prévient l'auteur.

C'est un roman choral ou par le biais de courts chapitres apportant du rythme et une dynamique, on va en quelques pages à peine très vite comprendre le passé, la vie et ce qui anime chaque protagoniste.

Passer la nuit dans un train, ça rapproche.  On se livre plus facilement à des inconnus, c'est plus simple de partager ses doutes, sa souffrance mais aussi cela permet de se découvrir pour certains et de se rendre compte qu'il ne faut certainment pas s'arrêter aux apparences ou à sa première impression.

Besson nous présente un petit roman sociologique en somme.  Il décrit magnifiquement bien l'atmosphère, la promiscuité et nous présente des personnages sincères et attachants.

C'est un court et agréable voyage pour le lecteur, la plume est légère, sensible, teintée d'humour et de tendresse. Les phrases sont simples, courtes.  Les pages tournent, la tension monte au fil des pages car on sait qu'ils n'arriveront pas tous indemnes.  On veut les garder mais la fatalité, les hasards de la vie en ont décidé autrement. 

J'ai vraiment passé un agréable moment, un auteur que j'apprécie de plus en plus.

Ma note : 9.5/10


Les jolies phrases

Souvent, la vie se décide sur presque rien, une rencontre, une opportunité, une promesse.

Sa mère lui a fait remarquer un jour que les gens qui se tiennent à l'écart sont ceux qui redoutent d'être démasqués. 

Ça sert, trente-sept ans de vie commune (et même un peu plus), ça sert notamment à connaître l'autre par coeur, à repérer une contrariété dans un plissement du regard, une inquiétude dans le frottement nerveux des mains, un tracas dans une certaine façon de se mettre à l'affût ou une incapacité à fixer son attention. Il a compris, mais que peut-il faire ? Rien.  Les fêtards ne vont pas se muer en enfants de choeur parce qu'il leur ferait les gros yeux et Catherine ne va pas croire que tout ira bien juste parce qu'il le lui affirmerait. C'est cela aussi être un couple depuis longtemps, ne pas commettre ce qu'on ne peut pas tenir, et c'est cela prendre de l'âge, admettre ce contre quoi on ne peut pas tenir. 

Quand on ne vous a pas appris l'assurance, les bévues ne sont pas rares.  Et quand on vous a effrayé, dominé, vous risquez de perdre l'équilibre. 

Ceux qui vous racontent qu'on est un enfant-roi parce qu'on est un enfant seul se gourent.  On est d'abord un enfant seul. 

Que s'est-il donc produit pour qu'elle accepte d'ouvrir une brèche, qui plus est, devant un inconnu ?  Il ne lui faut qu'une poignée de secondes pour trouver la réponse ; l'homme du train est un inconnu.  Il est beaucoup plus facile de se confesser devant une personne qui ne sait rien de vous, qui ne vous jugera pas, qui n'osera pas, qui ne vous délivrera pas de conseils, qui ne s'y sentira pas autorisée, c'est comme parler au vent, ou parler à la mer du haut d'une falaise. 

Quelquefois la tristesse ça nous rattrape, d'ailleurs souvent ça nous rattrape quand juste avant on a été joyeux, comme s'il y avait un prix à payer.

Le silence s'est installé, sans qu'on soit capable de déterminer si sa texture est celle de l'embarras ou de la complicité. 

Je ne sais pas si je sais.  Je crois que je ne veux pas savoir.  

Je préfère leur mentir, à tous, parce que c'est plus facile, ou moins difficile.  Et pour leur mentir, je dois commencer par me mentir.  Vous comprenez ?  Je préfère jouer le jeu.

Le mensonge, parfois, est moins périlleux que la vérité nue.  L'aveuglement, parfois, vaut mieux que la lumière crue.  Les regrets sont moins corrosifs que les remords. 

Du même auteur j'ai lu

Cliquez sur la couverture pour avoir accès à l'article





2 commentaires:

Cristie a dit…

C'est un auteur que je n'ai jamais lu. Je compte me rattraper. Tu me conseilles lequel en premier ?

nathalie vanhauwaert a dit…

@Cristie J'ai beaucoup aimé Un certain Paul Darrigrand