Des barreaux aux fenêtres
Fidéline DUJEU
Ker Editions
Parution : 22/10/2014
19x11,5 cm
ISBN 978-2-87586-053-8
Prix : 12 euros
Quatrième de couverture
Je suis un asticot, même pas une mouche. Je rêve d’être une mouche. Je me débats, me tortille, rampe. Il me manque des ailes.
Une mère de famille isolée croise le chemin d’une ancienne carmélite. Entre elles s’installe une complicité, une compréhension intime. Ensemble, elles découvrent la place fondamentale de la culpabilité, de la souffrance et de l’enfermement dans leur vie.
Contemplation, extase. Sybille me comprend. Le choix de sa prison, c’était le choix de cette liberté-là, aussi absurde que cela puisse paraître. Au Carmel, sa tâche presque unique, son devoir, c’est la prière. Quelle liberté, n’est-ce pas ?
L'auteur
Philosophe de formation, Fidéline Dujeu a commencé à écrire il y a quinze ans en explorant tout d’abord le roman. Elle a parallèlement mis sur pied des ateliers d’écriture créative. Son travail d’animation est toujours empreint d’un grand désir de création qui l’amène à des projets variés et très riches mêlant les disciplines. Du théâtre à l’art plastique en passant par la photographie, elle multiplie les partenariats pour donner naissance à des œuvres originales.
Elle a accompagné des publics divers (enfants, adolescents de l’enseignement spécialisé, adultes en décrochage, etc.) dans l’écriture et la mise en scène du texte, de la lecture à la création théâtrale. Son écriture personnelle reflète une préoccupation constante des relations humaines, elle explore aussi bien les amours complexes que les relations intrafamiliales.
Elle a publié quatre romans aux Editions du Somnambule équivoque. Son roman Guère d’hommes a reçu le prix des Usagers des Bibliothèques Publiques du Hainaut, son roman Angie a reçu le prix FrancsAuteurs. Elle est aussi l’auteur de livres illustrés parus aux Éditions Tandem ainsi que d’un livre sur la ville de Charleroi, en collaboration avec le photographe Mathieu Bauwens, publié aux Editions du Basson.
Cher Ker, elle est l’auteur de Au ciel de son lit et de Des barreaux aux fenêtres
source Ker Editions c'est ici
Mon avis
Une belle découverte de cette rentrée littéraire grâce à Ker
Editions que je remercie vivement.
C’est la photo de couverture et cette petite phrase en
quatrième de couverture qui m’ont donné l’envie de me plonger dans ce petit
roman de 104 pages.
«Je suis un asticot,
même pas une mouche. Je rêve d’être une
mouche. Je me débats, me tortille,
rampe. Il me manque des ailes. »
Deux femmes. Deux destins.
Tout les sépare à priori.
Cependant, elles ont en réalité de nombreux points communs.
Elisabeth, la narratrice se raconte à la première
personne. Très jeune, pour quitter la
domination de son père, elle tombe amoureuse de David son premier amour et ne
se doute pas qu’elle quittera une emprise pour une autre.
Elle est jeune, a dix-huit ans. Elle veut juste se sentir exister. Elle s’installe avec David dans un petit
appartement, croit prendre son indépendance. Mais David est jaloux, possessif
et la violente sexuellement. Elle
s’enferme petit à petit dans sa vie, comme mère au foyer à l’âge de vingt
ans. Adieu ses illusions, elle est sous
la coupe de David partagée entre plaisir et culpabilité.
Sybille elle, a été carmélite pendant trente ans. C’est par choix qu’elle s’était enfermée au Carmel
si longtemps pour quitter la violence maternelle.
Un roman très dense dont je n’ai pas envie de vous en
raconter plus par crainte de déflorer l’histoire.
De très jolis parallèles entre ces deux parcours de
vie. Une écriture prenante, simple sans
fioriture, tellement vraie, tellement belle.
J’ai pour habitude lorsque je lis de noter les « jolies
phrases », celles qui me parlent, mûrissent en moi et m’amènent à la
réflexion. J’avais envie de noter
presque chaque page tellement c’est fort, puissant. Ce livre, je l’ai dévoré, j’ai eu envie de
connaître le destin de chacune ; les forces les animant toutes deux.
Ce document coup de poing qui m’a permise de découvrir les
conditions de vie au Carmel : souffrance, mutilations, discrimination,
dévalorisation, loi du silence, abandon total de soi, soumission dans le but de
parvenir à la contemplation, à l’abandon total de soi pour arriver à l’extase
et l’amour de Lui.
Comment casser ce cercle vicieux alors que l’on a conscience
qu’il faut sortir de cette situation sans en trouver la force, l’énergie de
tout recommencer est une des questions du livre.
Un récit poignant, véritable coup de cœur que je vous invite
à découvrir de toute urgence.
Merci Xavier pour cette découverte en avant première un
livre magnifique.
Ma note : un vrai coup de ♥
Les jolies phrases
Je suis un asticot, même pas une mouche. Je rêve d'être une mouche. Je me débats, me tortille, rampe. Il me manque des ailes. On me les a arrachées. Ou je les ai brûlées. Je ne sors plus. Je suis collée au sol. Un coup de tapette et je m'épands.
Et c'est de ma faute. Je l'ai cherché. Je savais où j'allais. Parfois j'ai juste envie qu'il me détruise.
Les murs clos de la pension me protègent de mon père, de David, de moi. Mais sa peau alors, et les cris de mon ventre. Je le désire tant.
L'amour sublimé, le corps anéanti, le corps traversé. Au delà du charnel.
Chez elle, il y a sa mère et sa haine, mais aussi la liberté. Elle peut s'enfuir, rejoindre les bois, grimper dans les arbres, être seule, rêver, penser, prier. Là, tout est fermé, pas d’échappée possible, des murs, des grilles, des ordres criés, la promiscuité permanente, les murs, les murs, la cour, les murs. Pas un arbre. Même le ciel se dérobe.
Moments de liberté incroyables ; je suis là, je suis seule et je ne fais rien. Rêve et pensée. Un vide qui emplit et qui vaut toutes les portes ouvertes.
Même si je n'ai pas encore scié tous mes barreaux, je ne suis cette femme. La conscience de ma prison désagrège mon bonheur.
Le choix du Carmel est un choix de souffrance.
Vivre avec David est un choix de souffrance. Je souffre, je suis vivante, je suis d'ici, j'aimerais être ailleurs. Il suffirait de peu pour que le ciel me happe, m'engloutisse.
Je fais le chemin inverse de Sybille : elle s'est libérée en quittant le couvent, je me libère en y rentrant.
pp71 et 72
En vérité, quelle heureuse vie ! Quand un mari est si jaloux, qu'il s'oppose à ce que son épouse sorte de chez elle et parle à qui que ce soit Sainte Thérèse d'Avila
Mais le pas vers la liberté me coûte plus que de rester. La liberté m'est si violente.
Je brûle de lui dire que moi, par contre, ça ne va pas du tout, que mon homme à l’instant même me blesse, que je me délite peu à peu, que je suis un asticot, incapable d’ouvrir ses ailes, que je rampe depuis des années et que je n'en peux plus d'avoir les yeux rivés au sol, que je voudrais voir le ciel, que j'ai des envies de carmélite. Mais je souris, jusqu'à quand ?
La presse en parle
Un article de Maurice VANDEWEYER paru dans "Vers L'Avenir" du 20 octobre 2014
«Des barreaux aux fenêtres» est le dernier opus de Fidéline Dujeu,une écrivain qui monte… et qui montre ce qui est souvent tu.
Deux héroïnes se cachent
derrière des barreaux, pour des raisons diverses. L’une est carmélite,
l’autre est une épouse dévouée. Ces barreaux, on a, à la lecture du
roman, envie de les arracher. Non pas pour aller chercher la carmélite
mais la femme de David!
Non pas pour l’enlever des sévices que ce dernier lui fait subir mais
pour lui parler et essayer de comprendre comment une femme peut être si
soumise et malgré tout exister.
Des mots et des questions
Les mots de Fidéline sont crus, clairs, nets, durs et drus, la couleur est annoncée. Ses phrases courtes allègent un peu les deux situations lourdes que subissent les héroïnes.
Le livre qui procure quelques émois alors qu’il ne se veut pas érotique. L’ouvrage dénonce deux situations encore courantes apparemment, mais il ne se veut pas être une diatribe. Une histoire que l’on dévore en une bouchée, parce que l’on a faim de savoir et soif de connaître les réponses aux nombreuses questions qui viennent à l’esprit en le dégustant.
Comme la carmélite Elisabeth ou l’épouse spoliée Sybille, le lecteur ne trouvera son calme qu’à la dernière ligne, ainsi que l’a voulu l’auteur.
Masochisme
Curieuse démarche de Fidéline Dujeu, qui finit presque par confondre deux femmes dans une vie de souffrance extatique qui souvent flirtent avec le masochisme.
Qui ne s’est jamais posé la question de savoir comment il était possible pour un être humain, une femme dans le cas présent, de rester avec un autre être qui le torture moralement et physiquement? Le livre de Fidéline Dujeu y répond par la monstration d’une démarche mentale sans doute commune à bien d’autres.
De même, qui ne s’est jamais posé la question de savoir ce que pouvait endurer une femme qui, volontairement, s’est retirée du monde pour se consacrer entièrement à la prière et à Dieu tout en endurant des souffrances physiques? Le livre de Fidéline découvre l’univers des carmélites qui fascine avec ses cilices, flagellations, claustration, culture de la culpabilité et plaisir de l’offrande de sa souffrance à son amant virtuel qui est Dieu.
Et la force de l’auteur est de ne pas comparer. Elle ne rend pas non plus les deux héroïnes complémentaires mais elle les place face à face, chacune dans sa prison qui ne les retient plus que pour des raisons intellectuelles. Cette petite phrase qui commence le roman et que l’on retrouve en quatrième de page, explique tout: «Je suis un asticot, même pas une mouche. Je rêve d’être une mouche. Je me débats, me tortille, rampe. Il me manque des ailes.»
Ces ailes, vont-elles pousser? La réponse est derrière «les barreaux aux fenêtres» de Fidéline Dujeu.
Dans les librairies dès le 17/10 au prix de 12€; Ker éditions
Des mots et des questions
Les mots de Fidéline sont crus, clairs, nets, durs et drus, la couleur est annoncée. Ses phrases courtes allègent un peu les deux situations lourdes que subissent les héroïnes.
Le livre qui procure quelques émois alors qu’il ne se veut pas érotique. L’ouvrage dénonce deux situations encore courantes apparemment, mais il ne se veut pas être une diatribe. Une histoire que l’on dévore en une bouchée, parce que l’on a faim de savoir et soif de connaître les réponses aux nombreuses questions qui viennent à l’esprit en le dégustant.
Comme la carmélite Elisabeth ou l’épouse spoliée Sybille, le lecteur ne trouvera son calme qu’à la dernière ligne, ainsi que l’a voulu l’auteur.
Masochisme
Curieuse démarche de Fidéline Dujeu, qui finit presque par confondre deux femmes dans une vie de souffrance extatique qui souvent flirtent avec le masochisme.
Qui ne s’est jamais posé la question de savoir comment il était possible pour un être humain, une femme dans le cas présent, de rester avec un autre être qui le torture moralement et physiquement? Le livre de Fidéline Dujeu y répond par la monstration d’une démarche mentale sans doute commune à bien d’autres.
De même, qui ne s’est jamais posé la question de savoir ce que pouvait endurer une femme qui, volontairement, s’est retirée du monde pour se consacrer entièrement à la prière et à Dieu tout en endurant des souffrances physiques? Le livre de Fidéline découvre l’univers des carmélites qui fascine avec ses cilices, flagellations, claustration, culture de la culpabilité et plaisir de l’offrande de sa souffrance à son amant virtuel qui est Dieu.
Et la force de l’auteur est de ne pas comparer. Elle ne rend pas non plus les deux héroïnes complémentaires mais elle les place face à face, chacune dans sa prison qui ne les retient plus que pour des raisons intellectuelles. Cette petite phrase qui commence le roman et que l’on retrouve en quatrième de page, explique tout: «Je suis un asticot, même pas une mouche. Je rêve d’être une mouche. Je me débats, me tortille, rampe. Il me manque des ailes.»
Ces ailes, vont-elles pousser? La réponse est derrière «les barreaux aux fenêtres» de Fidéline Dujeu.
Dans les librairies dès le 17/10 au prix de 12€; Ker éditions
4 commentaires:
Voici un thème qui m'intéresse particulièrement et un roman de cette rentrée littéraire que je ne connaissais pas du tout. Merci de nous le faire découvrir
Avec plaisir Jostein, je te le recommande chaleureusement Nath
Merci beaucoup pour votre lecture et ce coup de coeur!
Chouette Fidéline, je ne suis pas le seul à adorer ton livre. C'est vrai qu'il est merveilleusement écrit et qu'il aborde un sujet peu banal. Bisou.
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