samedi 27 juillet 2019

Les replis de l'hippocampe - Corine Jamar

Les replis de l'hippocampe - Corine Jamar



Grand Angle

Parution : 09 mai 2019
Pages : 310
Isbn : 9782818968093
Prix : 1
8 €



Présentation de l'éditeur


Le combat d’une mère qui aspire à une existence normale et heureuse malgré les difficultés de la vie.

Salomé fête son dix-huitième anniversaire. Et comme toujours, c’est sa mère qui souffle ses bougies à sa place. Calista s’était pourtant fixé un objectif : à dix ans, sa fille réussirait à les éteindre toute seule. Cet objectif n’a pas été atteint, malgré tous les artifices pour l’aider à muscler ses joues, le contour de sa bouche. L’année où Salomé devient majeure (responsable, émancipée – libre ! – si elle n’avait pas été handicapée), Calista apprend que son mari la trompe. Depuis dix-h
uit ans. Et avec la même femme.


Corine Jamar

Corine Jamar

Photo : Christine Pinchart

Conceptrice et rédactrice dans de nombreuses agences de publicité pendant dix ans, puis chroniqueuse littéraire pour les magazines ‘Familles', ‘Victoire', mais aussi pour le site BD ‘Brüsel', Corine Jamar a obtenu le Prix littéraire des bibliothèques de la ville de Bruxelles pour son premier roman, "Emplacement réservé" (Fayard, 2003). Avec "Mermaid project" (Dargaud), dessiné par Fred Simon et dont le cinquième tome paraît en 2016, Corine Jamar signe, avec Leo, son premier scénario de BD. Source Dargaud

Mon avis

Le jour des 18 ans de sa fille Salomé, Calista apprend que son mari la trompe depuis le début avec la même femme.  C'est la douche froide, banal, triste me direz-vous mais attention Salomé a une histoire particulière.  Tout aurait pu être différent si au moment de sa naissance le sort et la malchance ne s'étaient pas ligués contre Calista.

Je m'explique.  Au moment de la naissance, suite à des circonstances malheureuses et de mauvaises évaluations médicales, Salomé a failli y passer, résultat : elle est handicapée et souffre de troubles de l'hémisphère gauche du cerveau, celui de la parole, ainsi que d'une infirmité motrice cérébrale, elle est également autiste.

C'est un combat pour Calista qui devra tout laisser tomber pour s'occuper de sa fille, sans compter l'énorme sentiment de culpabilité qui l'anime.

Et si cet incident n'avait pas eu lieu, la situation aurait-elle été la même ?  Cyril aurait-il renoué avec son ancien amour ?  Cyril aime pourtant sa fille, il s'en occupe à sa façon.  Il est dévasté et espère bien reconquérir sa femme et sa fille en suivant ensemble une thérapie.

Sa thérapie , Calista la fera en écrivant ce roman.

Des parallèles intéressants entre la vie et l'évolution de Salomé et les amours de Calista, un témoignage intéressant qui fait prendre conscience du quotidien avec le handicap, une situation vraiment complexe et difficile avec une écriture qui parvient à être légère et teintée d'humour.

A force d'amour et de ténacité, Salomé a progressé, c'est un livre positif, teinté d'espoir.

J'ai cependant été perturbée par l'écriture à la troisième personne, j'avais envie de l'entendre à la première sachant qu'en filigrane ce roman-témoignage est en partie une auto fiction.  Je ne suis pas parvenue à prendre la distance sans doute suggérée par l'auteure avec l'utilisation du "elle".

Dans ce roman on parle aussi de la force des livres et de l'écriture, indispensable pour Salomé qui ne se déplace pas sans ses livres et essentielle pour Calista qui à travers l'écriture va trouver un exutoire, en faire une thérapie.

C'est agréable à lire, une plume bien documentée, sincère, teintée d'humour et d'une pointe de légèreté.  J'ai cependant été mal à l'aise à certains moments de la lecture, me sentant un peu "voyeur", trop  dans l'intime de ce couple, ressentant la sincérité et le vécu de l'auteure, à tort ou à raison.

Ma note : 7.5/10

Les jolies phrases

Leur couple était construit sur des non-dits, autour de cet enfant quine parle pas, et ne parlera jamais.

Tous les hommes sont des enfants, et toutes les femmes des mères.

Heureusement les médecins l'ont tirée de là, pas si vite, pas si vite.  Mais la mort, mauvaise perdante, a laissée dans son cerveau les traces de son passage.  Des lésions, on appelle ça.  Localisées dans l'hémisphère gauche, le siège de la parole.  Calista imagine un trône.  Sans doute parce que ces lésions sont indétrônables, elles ne vont pas disparaître comme par enchantement mais, au contraire, régner en maître durant toute sa vie. 

Un sirop qui a mauvais goût, on le mélange à de la nourriture pour qu'il passe mieux, pas vrai ? Diluer Salomé dans une famille redevenue normale ou presque, et rendre son handicap plus facile à avaler.

Une parole sincère est une parole vraie, et donc, parfaite.  La sincérité fait en sorte qu'il n'y ait pas de différence entre vérité et réalité.  La vérité passe à la trappe.  C'est la sincérité qui compte et englobe tout.

Du même auteur j'ai lu

Cliquez sur la couverture pour avoir accès à ma chronique




mercredi 24 juillet 2019

Un certain Paul Darrigrand - Philippe Besson

Un certain Paul Darrigrand - Philippe Besson



Julliard
Parution : 24/01/2019
Pages : 216
EAN : 9782260052845
Prix : 19 €


Présentation de l'éditeur


Cette année-là, j’avais vingt-deux ans et j’allais, au même moment, rencontrer l’insaisissable Paul Darrigrand et flirter dangereusement avec la mort, sans que ces deux événements aient de rapport entre eux. D’un côté, le plaisir et l’insouciance ; de l’autre, la souffrance et l’inquiétude. Le corps qui exulte et le corps meurtri. Aujourd’hui, je me demande si, au fond, tout n’était pas lié.
Après Arrête avec tes mensonges, Philippe Besson poursuit son dialogue avec les fantômes de sa jeunesse et approfondit son souci d’exprimer sa vérité intime.

Philippe Besson nous en parle 





Mon avis

Je dois vous faire un aveu, c'est avec cette auto-fiction que je découvre la plume de Philippe Besson, une plume dont je suis immédiatement tombée sous le charme.  La preuve "Dîner à Montreal" vient de rejoindre ma Pal.

Il s'agit du second volet de sa trilogie autobiographique commencée avec "Arrête tes mensonges" mais je n'ai éprouvé aucun souci à la lecture.

Philippe Besson s'exprime à la première personne.  Il retrouve une vieille photo de jeunesse.  Décembre 1988, l'île de Ré, à l'époque il avait 21 ans, Paul 24.  Une photo qui témoigne que leur relation a bien existé.

Nostalgique, il nous raconte ses souvenirs, sa vie d'étudiant à Rouen, mauvais souvenir si ce n'est que le froid et la solitude, son arrivée à Bordeaux pour un Dess en droit.  Une légère bousculade, un frôlement puis un effacement, leur première rencontre.  Il sait dès le premier regard qu'il veut être avec lui.  Rencontre en librairie, l'envie, le désir, Paul envahit continuellement ses pensées. L'île de Ré, leur première nuit, ce sont tous ces souvenirs qui reviennent.

L'histoire d'un amour impossible, compliqué mais aussi la maladie de jeunesse qui a failli être fatale.  Philippe Besson a une écriture sincère, il nous emmène au coeur de l'intime.  Il nous dévoile aussi le vrai et le romanesque de ces autres romans.  Le tout sur fond de l'actualité des années 88 et 89, l'explosion de l'avion à Lockerbie, la révolution de la place Tien Anmen, Roland Garros ..

C'est avec une grande finesse qu'il nous parle du désir, d'absence et d'un amour impossible, de sa mélancolie.

La plume est magnifique, intime, émouvante.  Le style est juste, acéré.  Les mots sont bien choisis. J'ai aimé la délicatesse, la sincérité et l'émotion.  Ce roman a juste un goût de trop peu.  Suis vraiment sous le charme.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases

Si j'ai consenti ce jour-là à affronter l'objectif, c'est évidemment dans l'unique intention de figurer au côtés de Paul, pour que ce nous deux apparaisse quelque part, pour que ça existe, qu'on ne vienne pas me dire que ça n'a pas eu lieu.  Au fond, c'est ma mère qui avait raison : conserver une trace.

La menace de la vie réelle est écartée.  Je viens de gagner une année.  J'ignore que ce sera la plus belle de ma vie.

J'ai compris que je VEUX être avec ce jeune homme, que je VEUX sa compagnie.

Il y a des gens comme ça, ils n'ont rien besoin de faire, on ne peut s'empêcher de penser à eux, de les désirer.

Non, nous ne parlons presque jamais de ce qui arrive.  Éventuellement, nous évoquons notre passé intime, par petites touches, ce sont des conversations impressionnistes : une peinture pointilliste de Seurat.

Je me rappelle cette phrase avec précision.  Sur l'instant, j'y décèle une contradiction : si la folie est humaine, elle n'est pas pour autant l'essence de l'humain et l'homme se définit avant tout par sa raison.

Écrire témoigne qu'on n'oublie pas.

Une vraie saleté, l'infériorité en amour.

Je veux dire d'abord : être dans la dépendance.  guetter un regard, une attention, un geste, même anodin.  Espérer des rendez-vous, des retrouvailles.  Se réjouir d'une pauvre manifestation de tendresse comme un clochard sourit au passant qui jette une pièce dans sa soucoupe.  Obéir à ses foucades, ses empêchements.  Admettre que ses contingences l'emportent forcément.  Croire à ses mensonges, au moins à ses arrangements de vérité. Se soumettre à son bon plaisir.  Consentir à ses silences.  Se remémorer ses rares paroles, en traquer le sens caché, en être rétrospectivement ravi ou mortifié.  Le savoir ailleurs, loin, avec une autre, en crever.

Capturer une ombre, un parfum, une sensation, un détail, c'est autrement plus compliqué, et beaucoup moins vendeur.

Il y autre chose : si on n'en parle pas, alors ça n'existe pas.

...ce n'est plus l'intimité des peaux, c'est celle des paroles. Infiniment plus dangereuse.

J'ai déjà compris qu'une illusion pouvait avoir plus de puissance que le réel.

Oui, ça n'était pas nécessairement un hasard si mon corps exprimait une souffrance que mon esprit se refusait à prendre en compte.

C'est comme le barbelés le silence, ça empêche les intrus d'approcher.

J'ai ajouté, dans un sourire : qu'est-ce que tu veux, il y a des gens comme ça, qu'on exonère de tout reproche, même si c'est injuste, même si c'est incompréhensible.
C'est toi qui m'as demandé de partir, moi je voulais rester.


vendredi 19 juillet 2019

Des hommes couleur de ciel - Anaïs Llobet

Des hommes couleur de ciel   -  Anaïs Llobet  ♥♥♥♥♥

Des hommes couleur de ciel

L'observatoire
Parution : 09/01/019
Pages : 224
ISBN: 979-10-329-0534-0
Prix :  19 €

Présentation de l'éditeur



Dans le pays où est né Oumar, il n’existe pas de mot pour dire ce qu’il est, seulement des périphrases : stigal basakh vol stag, un « homme couleur de ciel ».
Réfugié à La Haye, le jeune Tchétchène se fait appeler Adam, passe son baccalauréat, boit des vodka-orange et embrasse des garçons dans l’obscurité des clubs. Mais il ne vit sa liberté que prudemment et dissimule sa nouvelle vie à son jeune frère Kirem, à la colère muette.
Par une journée de juin, Oumar est soudain mêlé à l’impensable, au pire, qui advient dans son ancien lycée.
La police est formelle : le terrible attentat a été commis par un lycéen tchétchène.

Des hommes couleur de ciel est l’histoire de deux frères en exil qui ont voulu reconstruire leur vie en Europe. C’est l’histoire de leurs failles et de leurs cicatrices. Une histoire d’intégration et de désintégration.

Anaïs Llobet

Anaïs LLobet



Anaïs LLobet est journaliste. En poste à Moscou pendant cinq ans, elle a suivi l’actualité russe et effectué plusieurs séjours en Tchétchénie, où elle a couvert notamment la persécution d’homosexuels par le pouvoir local. Elle est l’auteure d’un roman, Les Mains lâchées (2016).

Source éditions de l'Observatoire

Mon avis

La Haye 2017, Adam a rendez-vous avec Alex dans un café où il travaille.  On apprend qu'un attentat a eu lieu dans un lycée, celui où Kirem son frère se trouve.

Adam essaye de joindre son frère, il a peur.  Combien de morts ?  Une vingtaine.  Impossible de le joindre.  État d'urgence, tout le monde rentre dans le bistrot , on s'enferme.  Les rumeurs vont bon train.

Soudain,  les policiers fracturent la porte, obligent les clients à se coucher par terre.  On crie un autre nom ; Oumar.  Les policiers le saisissent et le menottent.

C'est la première page que je viens de vous raconter, elle plante le décor.

C'est un roman à tiroirs abordant plusieurs thèmes que nous propose Anaïs LLobet dans son deuxième roman.  Il nous parle d'intégration, de différences, de déracinement, d'exil, d'identité culturelle, d'homosexualité, du poids des traditions.

Tout commence par un attentat dans une école, une bombe explose , 20 vies emportées.  On soupçonne très vite Kirem, le frère d'Oumar de part ses origines Tchètchènes.

Plusieurs personnages.

Oumar, un ancien élève brillant, arrivé seul aux Pays-Bas quelques années plus tôt.  Il est homosexuel et c'est sous le nom d'Adam qu'il se réalise.  Il est intégré et a découvert la liberté d'être lui-même en arrivant dans ce pays.  Il a connu la guerre, la peur et sa différence, oui il aime les hommes ce qui est interdit dans son pays.  Il est plus fragile, différent c'est ce que sa mère Taïssa avait compris et une des raisons pour lesquelles elle l'a envoyé ici aux Pays-Bas à la conquête d'un diplôme et de sa liberté.

Kirem son frère et Makhmoud son cousin sont arrivés plus tard avec Taïssa.

Alissa est prof de russe, c'est l'autre tchètchène du lycée, elle préfère cacher ses origines dont elle a honte et dire qu'elle est russe, même à son petit ami Hendrik.   Que d'effort pour s'intégrer depuis 10 ans, mais la peur, le poids des traditions, les souvenirs de la guerre la poursuivent.  Avec les attentats, la peur l'envahit à nouveau, elle se sent traquée et va collaborer avec la police.

Kirem est son élève, il est différent d'Oumar, plus taciturne, rebelle, on pense qu'il est radicalisé.

Un roman qui sur base de l'attentat nous rappelle ce que les tchètchènes ont enduré et fuis, qui nous donne une autre image de celle de terroriste qui vient en premier en général.

Un livre poignant dont l'écriture est splendide, sensible et juste, qui nous parle magnifiquement de l'exil et de la difficulté de l'intégration et de la perception des autres.

Elle nous parle de la difficulté voire de l'impossibilité d'assumer l'homosexualité, mais aussi d'intolérance, des codes de l'honneur très puissants, de la religion et de son poids ainsi que des différents niveaux d'intégration dans le nouveau pays.  Elle nous parle aussi de la liberté qui s'exerce différemment pour chacun.

Un roman coup de poing que j'ai trop tardé à découvrir.

C'est un coup de ♥


Les jolies phrases

On ne peut pas entrer dans une nouvelle maison tout en gardant les pieds dans l'autre.  Les portes laissées ouvertes suscitent des courants d'air.  Et personne n'aime les courants d'air.

Ils n'avaient jamais su ce que c'était de partir, oublier, effacer, reconstruire.  Ils ne savaient pas, ils ne sauraient jamais.

Il n'y avait qu'une seule voie d'intégration.  Celle qu'Oumar et Alissa avaient choisie.  Faire table rase, prétendre que rien n'avait existé.  Donner à quelques souvenirs un accent folklorique et éteindre les autres, comme on étouffe un feu pour laisser les braises vives plus longtemps, à l'abri des regards.  Un simple subterfuge.  C'était ce que Kirem n'avait pas compris.

Quand le néerlandais s'enfuit, c'est que tu as laissé le passé absorber le présent.

Alissa, elle, ne voulait pas penser aux enfants tués.  Elle savait d'expérience que les noms, les photos et les mausolées n'apaisent pas la douleur et ne font que l'aggraver.


Deux frères, c'est comme deux mains, leur disait Taïssa.  Elles vivent leurs vies, mais elles restent inséparables.  Depuis que les bombes ont explosé, Oumaa a l'impression d'être devenu manchot.

Les djihadistes, c'est un peu nos nazis à nous, en fait.

Il venait d'être condamné à mort, déclaré coupable du pire par les deux camps.  Terroriste et homosexuel.

Elle se haïssait de penser ainsi, moins parce qu'elle percevait l'horreur de son intolérance que les limites de son intégration?  

lundi 15 juillet 2019

Donne-moi des fils ou je meurs - Maud Jan-Ailleret

Donne-moi des fils ou je meurs

Maud Jan-Ailleret

Donne-moi des fils ou je meurs

Grasset
Parution : 02/05/19
Pages : 208
EAN : 9782246821274
Prix : 18 €

Présentation de l'éditeur

Laure et Antoine s’aiment depuis la fac et suivent ensemble l’itinéraire tracé des couples heureux et bien lotis. Il est journaliste, elle travaille dans un cabinet de conseil, ils viennent d’acheter un appartement à Paris. Il a perdu son père jeune, comme elle sa mère, mais ils sont entourés par une famille nombreuse qui se réunit chaque été à Saint-Lunaire, dans la propriété de Laure, pour s’aimer, rire et se détendre. Tout bascule quand l’étape suivante de ce parcours leur est soudain barrée : avoir un enfant. Leur premier bébé meurt à trois mois in utero, le deuxième, quelques mois mois plus tard, au même âge, in utero encore, et sans explication. La toile commence à se déchirer : Laure s’enferme dans le silence, la culpabilité, l’incompréhension ; Antoine dans le travail. L’été à Saint-Lunaire, personne ne parle ; dans la maison du bonheur, les drames ne sont pas invités. Pourtant le couple tient, s’accroche pour avancer. Mais au troisième décès, à plus de quatre mois de grossesse, les analyses désignent une coupable : Laure. Elle apprend qu’elle est porteuse d’une maladie génétique et qu’elle n’a que peu de chances d’avoir un enfant en bonne santé. Le rideau tombe et Laure se retrouve seule face à elle-même, incapable de faire le deuil de son désir d’être mère. Alors commence un parcours du combattant bien loin de l’horizon de bonheur espéré.


Inspirée de sa propre vie, Maud Jan-Ailleret déroule ici l’histoire d’une femme face à son corps et à son impuissance. Sans fard, elle raconte à travers le destin de sa narratrice une expérience que tant de femmes aujourd’hui endurent souvent sans en parler : les examens cliniques répétés, les curetages, bilans sanguins et autres analyses, la honte sociale face aux autres, celles ayant réussi à devenir mères, les familles heureuses qu’on envie, le malaise des proches autour, le couple qui s’étiole et la mort qui revient. Elle dit l’isolement et l’obsession folle, mais aussi le courage et la foi qu’elle ira puiser en elle et dans son couple pour se relever. Car malgré la douleur, c’est un texte aussi puissant que lumineux que l’auteur signe ici ; la formidable histoire d’amour d’un couple que le sort frappe sans abattre, le portrait d’une mère empêchée mais non moins femme, qui fera triompher la vie.

Mon avis

C'est un premier roman inspiré de sa propre histoire que nous propose Maud Jan-Ailleret.  Un roman émouvant, puissant et lumineux qui aborde un sujet tabou : le désir de devenir parents, et surtout la difficulté à pouvoir procréer.

Laure et Antoine sont amoureux, cela ne date pas d'aujourd'hui, cela fait dix-sept ans d'amour.  Orphelins tous les deux, Laure sait depuis toujours qu'elle veut devenir mère à son tour.

La vie est belle, tout se passe pour le mieux au niveau professionnel, ils viennent d'emménager dans un nouvel appartement, il ne manque qu'une chose pour que leur bonheur soit complet, l'enfant tant attendu pour fonder une famille.

Le parcours du combattant commence, il sera semé de multiples embûches..

Fausse-couche, donner la mort au lieu de donner la vie, examens médicaux pour comprendre; le sort s'acharne, maladies génétiques, handicap, faire son deuil, penser à l'adoption,  ce sont les sujets abordés dans ce roman.

Ce roman nous parle des difficultés mais surtout nous fait comprendre la douleur, la solitude, les émotions ressenties par chacun dans le couple.

Déception, colère, questionnement, mais pourquoi le sort s'acharne-t-il autant?  Le sentiment d'injustice, la solitude, l'incompréhension et les maladresses involontaires des proches qui en essayant de les réconforter blessent souvent sans s'en rendre compte.

Maud Jan-Ailleret nous fait vraiment entrer dans la tête de Laure et nous transmet beaucoup d'empathie,à la lecture j'ai vraiment fort ressenti les émotions.

Autre thématique difficile; comment faire le deuil d'un mort que l'on ne peut pas enterrer lors d'une primo fausse-couche ?

L'espoir est présent et est un fil conducteur.

 "Ce projet d'enfant, c'est mon espoir.  Sans espoir je vois bien que je m'éteins, je m'éteins."

"Le plus important c'est de ne pas renoncer à être heureux"  , c'est ce que nous dit l'auteure. J'ai aimé ce passage qui reste l'essentiel, se plonger dans ses passions pour avancer, pour se réaliser.

Passé le stade de la révolte, l'acceptation, faire le deuil et envisager l'adoption, un autre parcours difficile.

Une lecture difficile, j'avoue avoir laissé couler les larmes à plusieurs reprises  mais jamais l'auteure ne tombe dans le pathos. Au contraire, c'est lumineux, porteur d'espoir.

L'écriture est magnifique, la plume est fluide, légère, maîtrisée avec beaucoup de justesse et de pudeur.

Magnifique !

Un coup de ♥


Les jolies phrases

C'est toujours la même chose, on se réveille à 35 ans pour faire un enfant et on s'imagine que ça va marcher dans la minute. Mais on n'est pas sur Amazon avec livraison garantie dans neuf mois, Madame.

Ménager nos parents qui nous ont autrefois ménagé.

A cet instant précis, nos regards parlent mieux que nos bouches qui préfèrent rester closes plutôt que de risquer d'être maladroites.

La vie est douce lorsqu'un nouveau monde est à portée de mains.

Ce que nous avons traversé l'un sans l'autre nous a bouleversés et pourra nous réunir comme nous éloigner.

Comment fait-on le deuil d'un mort qu'on ne peut pas enterrer ?

Ce projet d'enfant, c'est mon espoir.  Sans espoir, je vois bien que je m'éteins, que je ne suis plus la même.  Je n'aime pas cette fille sans espoir.

J'ai l'impression qu'avec mes grossesses écourtées, on m'a arraché des mains un cadeau qu'on venait de me faire, qu'on a bafoué mes droits.

Soit on coule, soit on se bat, mais on ne peut pas se laisser glisser comme ça.  Pas nous, c'est complètement absurde, on s'aime tant.

Ensemble on va mettre des couleurs dans tout ce gris.  Vivons, créons, faisons-nous du bien.

Dire qu'on n'arrive pas à faire des enfants relève pour elles d'un aveu de faiblesse qui se doit d'être tu.  L'exposer au public est impensable.  Terriblement tabou.

La gaieté, crois-moi, c'est le secret des courageux.

Quelqu'un de solide, qui contrôle et qui réussit tout, ça n'existe pas.  Le vrai courage, c'est d'accepter.  Faut accepter maintenant, Laure ! Ça fait mal, je sais.  Souvent c'est au prix d'une fêlure ou d'une blessure qu'on avance.

Dans l'abandon de nos peines, nos corps se libèrent.

La tristesse devrait rester tue pour contrer le mauvais sort.

Bah quoi, Daddy, Maman dit que Laure veut un bébé mais que les bébés ne tiennent pas dans son ventre.  Elle dit que c'est comme les fleurs qu'on fait pousser, il y en a qui deviennent très belles et d'autres qui ne poussent jamais.

vendredi 12 juillet 2019

Les bâtisseurs du vent - Aly Deminne

Les bâtisseurs du vent - Aly Deminne




Flammarion
Parution : 10 avril 2019
Pages : 288
Isbn : 9782081444706
Prix : 19 €


Présentation de l'éditeur


Sans cœur étaient les nantis du village reculé où se déroule l’histoire ici contée. Et sans âme se sont-ils tous, à la fin, retrouvés.
Entre la première et la dernière page de ce livre, quatre saisons vont défiler. L’église va, une nuit d’été, être démolie par la foudre. Le bourgmestre, l’ apothicaire, le curé Emmanuel et son terrible secret, sans oublier tous les autres qui ont vu mais se sont tus, tous ceux qui prospéraient dans les riantes ruelles et les jolies maisons vont condamner le petit peuple entassé dans les bas-fonds du bourg à l’impossible : reconstruire en quelques mois et de leurs mains l’église foudroyée.
Andreï Voronov, notre héros, et son chat Miouchki, Fabrizio et Jamal, Zuang et les frères irlandais vont alors tenter de relever cet incroyable défi qui fera d’eux et pour toujours : les bâtisseurs du vent.
Entre la première et la dernière page de ce livre : des jours et des jours de labeur, des rires et des peines, des parties de pêche au bord du fleuve, l’aide d’une poignée de justes et le courage du désespoir.
Entre la première et la dernière page de ce livre : une histoire d’hommes, de bâtisseurs, de miséreux. Un conte du peu pour le mieux qui démontrera que l’avidité, l’hypocrisie et la bêtise, même associées au plus mauvais coup du sort, ne peuvent entamer ce qui forge la gloire du peuple misère : la solidarité sans faille qui l’unit.

L'auteure

Deminne Aly

Photo Éric Matheron-Balaÿ © Flammarion


Aly Deminne est traductrice-interprète et professeur de langues slaves. Les bâtisseurs du vent (Flammarion, 2019) est son premier roman.


Mon avis

Attention pépite !!!  Ce premier roman est une merveille, sa mise en forme est comme un conte des temps modernes.  Une jeune plume Namuroise qu'il faudra suivre à mon avis.

Andreï Voronov et son père ont quitté la Pologne dans les années 50 pour se réfugier rue du Vhan, une rue pentue à l'orée du village,dans les bas-fond, là où se retrouvent d'autres immigrés vivant dans des constructions de fortune.  C'est le quartier des pauvres, contraste important avec le village où les riches et le clergé font la loi.

A 15 ans son père aujourd'hui disparu lui avait transmis son savoir de bâtisseur.  En cet été 69, Andreï travaille toujours dans le bâtiment, il se débrouille de chantier en chantier, sous payé, se contentant de peu pour se chauffer et se nourrir.  Sa vie est simple.

C'est l'été, un gros orage éclate et la foudre tombe sur le clocher de l'église, détruisant celle-ci en grande partie.

Une réunion a lieu au village et les riches le désignent, le sommant de reconstruire l'église pour Pâques de l'an prochain sous peine d'être expulsé et de raser le Vhan.  Andreï exige un document "officiel" lui conférant à lui et à ses voisins, le droit d'y rester et de devenir propriétaire de leur parcelle.  Une petite victoire bien amère car en échange il devra reconstruire l'église sans être payé.

Le chantier est immense, impossible pour Andreï de ne pas y arriver.

Il va commencer à reconstruire avec Fabrizio l'italien et d'autres occupants du Vhan solidaires.  Les riches sont hypocrites, vils, ils mettent des bâtons dans les roues, interdisant par exemple de faire du bruit et de travailler à partir de 17h, coupant l'électricité en autre.

C'est la lutte des classes et ses aberrations, les notables et le clergé mènent la danse voulant à tout prix débourser un minimum.

C'est une aventure humaine que nous propose Aly Deminne.  C'est passionnant. Différents thèmes comme la reconstruction de l'église, la solidarité qui se dégage entre les plus démunis, les habitants du Vhan.  De très courts chapitres nous font vivre jour après jour leurs vies, les espoirs, les peines, les joies, le découragement,  les coups durs, les rires et l'avidité et la connerie humaine des uns.

C'est la vision d'une époque, le clivage de la bourgeoisie et des miséreux. Une autre vision des émigrants d'un autre temps.

Ce premier roman est extrêmement bien construit.  L'écriture est juste magnifique, juste, poétique, magnifique, captive, un livre impossible de le lâcher avant la fin.

Une plume très prometteuse, un niveau très élevé pour un premier roman.

Voici votre lecture de l'été.

Gros coup de coeur ♥♥♥♥♥

Un tout grand merci à Elisa et Flammarion de m'avoir suggéré de découvrir je le redis cette pépite.

Les jolies phrases

Pauvre est le riche qui considère toujours son tout comme pas assez.  Riche est le pauvre qui parvient toujours à faire du peu qu'il a son suffisant.  De fait, il vaut mille fois mieux être un pauvre riche qu'un riche pauvre.

- Les petits sous font toujours des histoires, souffla Andreï.
- T'as bien raison ! Ceux qui en ont passent leur temps à essayer d'en avoir davantage.  Ça les bouffe de l'intérieur.

J'ai réfléchi au pourquoi les riches gens nous traitent toujours de voleurs...  Les nantis aiment l'argent, pas vrai ?  Ils l'aiment, ils le veulent, alors ils pensent que tout le monde est comme eux, y compris les plus pauvres.  Et comme ils pensent le pauvre ans honneur, ils avancent que le pauvre est voleur.
- Peut-être.  Mais le problème est qu'ils pensent trop.  Et aussi qu'ils pensent mal.
- Préjugé ?
- Pire, stupidité et hypocrisie?  Les plus grands voleurs du monde sont les mieux lotis.  La plupart d'entre eux ne se contentent plus ne ne voler que le solide.  Ils volent aussi l'impalpable; la dignité, la gentillesse, la charité.  Ils volent la justice aussi.

La terre entière partait de beaux pays.  Et ils étaient beaux parce qu'ils vibraient au rythme des coeurs qui les peuplaient.

Au fond, ces deux-là n'avaient rien d'autre que le partage, mais ça leur suffisait amplement.

- On dort ici ? bâilla le Polonais.
- Vaut mieux pas, bredouilla son camarade.  Y a mon lit qui m'attend.  Il est pire qu'une épouse, tu sais.  Il peut me sermonner des heures si je rentre tard.
- Comment ?
- En grinçant. Des petits râles aigus qui te font regretter jusqu'à des choses que tu n'as même pas faites.

Apprendre aux enfants une langue que l'on avait soi-même apprise sur le tas, c'était leur transmettre un accent.  Et l'accent mettait en exergue la différence ; différence dont abusaient beaucoup de gens pour rabaisser son porteur. C'est sans doute pour cela que Li-Mei n'avait jamais osé leur apprendre les mots qu'elle savait.  La peur de transmettre le signe d'une autre origine l'avait bloquée.

La coutume, l'habitude, la nécessité même, voulait qu'on partage régulièrement.  Cela donnait ambiance et apaisement.

Agir, gamin ? marmonne Michelino. La règle est la règle.  Frapper un riche, c'est un crime.  Frapper un pauvre, c'est l'éduquer.

L'oubli n'impliquait plus aucun effort alors qu'ignorer en demandait un constant.

Certains avaient coutume de dire que l'on tournait une page.  Pour le peuple misère, on changeait carrément de livre.  Et à livre nouveau, nouvelle histoire.  C'était ce que chacun souhaitait, ce que chacun espérait.

En gravissant son échelle, le bâtisseur réalisa qu'il existait trois types de personnes en ce bas monde ; ceux qui faisaient, ceux qui constataient pour en témoigner, et ceux qui constataient pour critiquer.

Ces gens-là, il le savait, étaient capables du pire.  Il savait surtout qu'au fond, rien ne pouvait arrêter la méchanceté en meute.  La solitaire, il y avait toujours moyen de la faire museler.  Car le méchant n'a seul, pas assez de courage pour ne serait-ce qu'oser.  Mais à additionner les méchants, l'on additionnait leurs courages - même ridicules.  Et un tas de ridicules pouvait vite faire naître une montagne de rage.



lundi 8 juillet 2019

La puissance de l'espoir - Bleri Lleshi

La puissance de l'espoir - Bleri Lleshi



Now Future
Parution : mai 2019
Pages : 248
ISBN : 9782930940267
Prix : 19.90 €


Présentation de l'éditeur
Injustices & antidotes

L’espoir, n’est-ce pas une chimère, une béquille pour les naïfs ? Soyons lucides : le monde tel qu’il est nous plombe les ailes. Cette sombre ambiance était déjà celle dans laquelle baignait Martin Luther King. À une époque de racisme écrasant, il a refusé de baisser les bras et il a agi. Son action lumineuse a rendu espoir à ceux qui souffraient sous le poids de l’injustice. En fédérant les énergies, en les encourageant à la solidarité, il leur a montré la puissance cachée dans leurs mains.

Aujourd’hui encore, Martin Luther King nous ouvre la voie. L’espoir n’est pas un souhait, il est action ! La lutte contre les injustices sociales et économiques n’est pas achevée. La précarité guette un nombre croissant de citoyens. Le racisme ordinaire fait toujours des ravages. Fuyant la mort, les réfugiés sont traités chez nous comme des criminels. Il est temps de balayer la résignation et la passivité complice, comme en Espagne ces serruriers qui ont refusé d’expulser des gens de chez eux, en Grande-Bretagne ces employés de nettoyage qui ont exigé un salaire décent ou en Belgique ces familles qui ont accueilli des migrants.

Mais la générosité et le courage individuels ne sont pas suffisants. L’auteur explique comment construire une mobilisation efficace et à long terme. Comment transformer les intérêts individuels en un projet d’intérêt public. Comment rassembler les rêves de chacun en un plan d’avenir solide porté par tous.

L’espoir se décide et se construit. Et il soulève des montagnes.

Préface de Jerry King Luther Afriyie, poète et défenseur des droits de l’homme.



Mon avis

La vie réserve parfois des surprises.  Now Future dont je vous ai parlé récemment voir article , m'a proposé cette lecture alors que j'étais aux Etats-Unis.  Je venais de visiter la ville d'Atlanta , ville d'origine de Martin Luther King et le musée des droits civiques "The Lorraine Motel" à Memphis.  Il n'y a pas de hasard. L'envie de découvrir cet essai sur l'espoir était évident car il se base en grande partie sur la vie et les actes de Martin Luther King.

Martin Luther King et l'optimisme , il a dit "Nous avons davantage de choses en commun que de différences".   Son moteur était l'espoir, le thème de cet essai.

"L'espoir est le moteur de la vie, sans espoir, pas de vie"

Intéressant de revenir sur le combat mené par King, un homme de paroles mais aussi d'action.  Il fut élu Prix Nobel de la Paix en 1964.  Il a été assassiné le 4 avril 1968 à Memphis au balcon du Lorraine Motel.

L'auteur retrace son histoire, ses combats, la non-violence prônée, l'espoir qu'il apportait dans sa lutte contre les injustices, contre la ségrégation et contre la discrimination.

La prise de conscience du racisme, du privilège blanc qui existe - on ne peut le nier -, il est plus simple d'obtenir un emploi, un logement pour un blanc.   Admettre le racisme est déjà un pas.  Il est interpellant également de voir que le pouvoir est détenu par un petit nombre de blancs disposant des moyens.

Il faut sortir de notre zone de confort nous dit l'auteur qui nous parle également des fondements du pouvoir, de l'importance du dialogue.  Nous pouvons faire bouger les choses par la découverte de l'autre en communiquant et en créant de la solidarité et des participations.

Il faut lever nos résistances à l'opposition au changement.

Nous pouvons être fatalistes, pessimistes, cyniques mais il faut agir pour changer cela, s'il n'y a pas d'espoir on recourt à la violence.  Pour éviter cela il faut investir dans l'humain, faire un choix actif, agir par le biais des écoles en parlant de citoyenneté par exemple.

Bléri Lleshi nous donne des exemples concrets, il nous fait prendre conscience de l'urgence d'une prise de conscience et qu'il faut agir en transformant nos craintes en actions.

Un essai intéressant assez difficile à résumer mais qui nous démontre que l'espoir est plus fort que le reste, nous avons les cartes en main, à nous de changer notre vision des choses.


Ma note : 7.5/10


I Have A Dream - Martin Luther King

Les jolies phrases

J'ai toujours l'espoir que le bien qui est en nous vaincra le mal qui y est aussi.  Nous avons davantage de choses en commun que de différences.

Le vrai pacifisme n'est pas la non-résistance au mal, mais une résistance non violente opposée au mal.

L'amour n'est pas seulement un sentiment, c'est aussi la méthode par laquelle il luttait.

La haine ne peut être combattue par la violence.

Les gens ne s'écoutent pas car ils ne s'entendent pas.

Avoir l'esprit critique n'est pas la même chose qu'être fataliste.  On peut être critique tout en gardant l'espoir.

Espérer signifie être prêt à tout moment à ce qui n'est pas encore né, sans pour autant désespérer si ce moment ne vient jamais.

Ceux qui tentent de construire leur vie et reçoivent véritablement la possibilité de le faire vont se mettre à protéger la société et non pas la détruire.

Ce que l'on croit détermine la manière dont on agit.  La manière dont on agit décide de la vie ou de la mort, que ce soit pour nous-mêmes ou pour les autres.



samedi 6 juillet 2019

Enferme moi si tu peux - Pandolfo /Risbjerg



Enferme moi si tu peux - Pandolfo/Risbjerg




Casterman
Biographie - art brut
Scénario : Anne-Caroline Pandolfo
Dessin : Terkel Risbjerg
Parution : 1/05/2019
Pages : 168
ISBN : 9782203162815

Prix : 16.99 €


Présentation de l'éditeur


Six récits de vie étonnants qui interrogent sur des capacités trop rarement explorées de l’esprit humain.


Entre la fin du XIXe et le milieu du XXe siècle, femmes, pauvres, malades et fous n’ont aucun droit. Parmi eux, Augustin Lesage, Madge Gill, le Facteur Cheval, Aloïse, Marjan Gruzewski et Judith Scott sont enfermés dans une société qui les exclut. Ils vont pourtant transformer leur vie en destin fabuleux. Un jour, du fond de leur gouffre, une inspiration irrépressible leur ouvre une porte. Sans culture, sans formation artistique, ils entrent comme par magie dans un monde de créativité virtuose. Touchés par la grâce ou par un « super-pouvoir de l’esprit », ils nous ont laissé des œuvres qui nous plongent dans un mystère infini.



Enferme-moi si tu peux : l'art pour délivrer les âmes ...Enferme-moi si tu peux : l'art pour délivrer les âmes ...

Mon avis

Une couverture magnifique a attiré mon regard, l'album de Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg.  E route vers l'imaginaire, vers la création, à la découverte de six artistes hors du commun : Augustin Lesage, Magda Gill, Le Facteur Cheval, Aloïse, Marjan Grozewski et Judith Scott.

Tous ces noms ne vous évoqueront pas toujours quelque chose mais ils ont une chose en commun, l'art brut.

6 personnes qui deviendront de vrais artistes.

6 personnes enfermées dans une certaine solitude, dans leur bulle, dans leur folie peut-être, qui poussées le plus souvent par une voix intérieure vont se mettre à créer.

Création, monde intérieur, renaissance le plus souvent, une évasion.  Leurs oeuvres interpellent, nous questionnent.

"La création c'est une bénédiction, tout devient plus grand n'est-ce pas ? Il y a plus d'espace, plus de temps."

Des artistes qui vivent leur rêve, dans leur monde, dans leur tête.

"Le corps est là, l'esprit s'évade"  

L'album est une réussite, les dessins sont captivants, magnifiques, les textes interpellants.  On apprend beaucoup de choses en passant un excellent moment de lecture.

La liberté, la "normalité"  qu'en est-il vraiment?

"Les gens sont bizarres.  Ils ont peur de ce qui est libre ou sauvage.  Si la folie c'est de réussir à ne pas s'adapter à une vie de rien, alors la folie c'est normal"

Une belle découverte, à lire cet été.

Un coup de coeur de plus ;  ♥


Enferme-moi si tu peux : l'art pour délivrer les âmes ...  Enferme-moi si tu peux : l'art pour délivrer les âmes ...



mercredi 3 juillet 2019

A la découverte de Now Future éditions

A la découverte de Now Future éditions





Et si nous partions de temps à autre à la découverte de maisons d'éditions ?

Je vais essayer de le faire plus souvent, une bonne façon de mettre en avant de plus petites maisons d'éditions.

C'est un de mes partenaires. Il nous propose des lectures alternatives à savoir majoritairement des essais.  A la découverte de Now Future, une maison liégeoise située au centre d’affaires Natalis, rue Natalis 2 à 4020 Liège.

Comment est née la maison d’éditions? Si je ne me trompe pas, au départ il s’agissait d’un blog ?  Comment et pourquoi a germé l’idée de la maison d’éditions ?


En effet, Now Future a d’abord été le nom du blogue sur lequel s’exprime l’entrepreneur liégeois Laurent Minguet, physicien mordu d’écologie. C’est par ce moyen qu’il a voulu propager des idées nouvelles en matière d’écologie, d’économie, de physique, etc.

Ami de longue date de l’homme politique Bernard Wesphael, Laurent Minguet a été effaré de constater les manquements de la Justice lors du procès ayant suivi le décès de Véronique Pirotton[1] : « flagrant délit » invoqué en dépit des faits, diffamation dans les médias avant même l’issue du procès, erreurs scientifiques grossières, lacunes dans les expertises, traductions bâclées, pièces manquantes et détention préventive renouvelée sans justification décente. Enfin innocenté, Bernard Wesphael a pu réapparaître dans la vie publique. C’est alors que Laurent Minguet lui a proposé de lui donner la parole en offrant de publier un livre-témoignage sur le drame qu’il avait vécu, sous le label du blogue déjà existant.

Ce premier livre sorti de presse, Laurent Minguet s’est pris au jeu de l’édition et a décidé de pérenniser la société d’édition sous le nom de Now Future, « le futur, c’est maintenant ». Son projet est de favoriser les idées nouvelles, qui proposent des solutions pour le futur dans tous les domaines où la situation gagnerait à évoluer : société, justice, économie, politique, etc.


[1] Pour mémoire, Véronique Pirotton est l’épouse de Bernard Wesphael : elle a été retrouvée morte dans un hôtel à Ostende où ils passaient le week-end ensemble. Les circonstances troubles de son décès ont conduit la Justice à inculper Bernard Wesphael de meurtre avec préméditation. Le procès, après de multiples péripéties dignes d’un mauvais roman et l’impossibilité de déceler avec certitude la cause du décès de Véronique Pirotton, a fini par déclarer Wesphael innocent. 

Quelle est la vocation de la maison d’éditions ?
Notre ligne éditoriale, pour Now Future, est donc de cibler un problème actuel (en matière de justice, de société, d’éducation, d’écologie, d’économie, de politique ou autre) et de proposer une solution, dans l’idée que nous préparons aujourd’hui le monde de demain.


Quels types de publications ? faits de société, politique ? Pourquoi ce choix ?
Le choix des thèmes a d’abord été guidé par le livre Assassin de Bernard Wesphael : nous allions nous occuper de justice, de politique et de faits de société. Les autres thèmes (économie, écologie, éducation) sont venus étoffer notre ligne tout naturellement, dans l’idée de trouver aujourd’hui des pistes pour améliorer notre futur à tous.


Nous proposons donc des livres de vulgarisation : c’est-à-dire des livres d’information, écrits par des spécialistes mais expliqués de manière claire à destination du grand public. Avec des schémas, des dessins, un glossaire si nécessaire.


Comment a évolué la maison, il y a eu le rachat des éditions du Perron; Qui sont-ils ?

Laurent Minguet avait appris que les Éditions du Perron, maison liégeoise existant depuis 1982, était en perte de vitesse. Cette maison est également spécialisée en vulgarisation, dans les domaines de l’histoire et du patrimoine régional (Liège et Belgique), de l’histoire technique et industrielle, et de la nature (éthologie du cerf et écologie). Liégeois enthousiaste, Laurent Minguet y a vu l’occasion d’élargir ses activités de publication tout en sauvant une maison liégeoise déjà réputée pour ses beaux livres.

Des projets ?

Continuer à faire vivre les deux maisons d’édition, très différentes mais complémentaires.
Un rythme de publication

Dans l’immédiat : 3 à 4 livres par an, par maison. À moyen terme, nous espérons publier davantage.




Merci à Wendy NÈVE,  Responsable éditoriale de Now Future d'avoir répondu à es questions en juillet 2019

Je viens de terminer "La puissance de l'espoir" de Bleri Bleshi dont je vous parle très vite, voici un avant goût

La puissance de l’espoir montre qu’on peut changer le monde, mais surtout explique comment s’y prendre. Comment réussir à fédérer les gens autour d’un projet qui les concerne et dans lequel ils auront envie de s’investir. Rappeler que les personnes, d’où qu’elles viennent et quoi qu’elles pensent, souhaitent la même chose : être heureuses. Que le bonheur s’appuie sur un monde juste, équitable, équilibré, où chacun a ses chances de réussite. Que ce monde-là est à construire. Que nous sommes capables de le construire ensemble – à petits pas certes, mais chaque petit pas a des conséquences bien concrètes. Tout le livre s’appuie sur la personnalité énergique et lumineuse de Martin Luther King, dont la vie constitue une permanente source d’inspiration.

Les prochaines parutions 





Chez Now Future j'ai lu

Vous trouverez mon avis en cliquant sur la couverture

couv_Les bons les taupes et le truand_BD_avec cadre

Avis à venir pour









mardi 2 juillet 2019

Bilan de lecture de juin

Bilan de lecture de juin

Un petit mois qui annonce le retour de l'été, je suis agréablement surprise par le nombre de lectures.
De belles lectures et de jolis coups de coeur. 

Un mois où j'ai eu la chance pour la première fois de participer à la présentation de la rentrée littéraire de plusieurs maisons d'éditions.  Autant vous dire que je vais commencer à dévorer la rentrée pour pouvoir en parler aux différentes parutions.

Mais n'allons pas trop vite, les vacances débutent et voici mon bilan de juin.

Si la chronique est parue, cliquez dans l'article pour y accéder.  Si ce n'est pas encore publié, un peu de patience cela ne saurait tarder.  (mise à jour de la page mensuelle.)


Une fois n'est pas coutume, commençons par un essai, l'espoir qui peut tout changer.



J'ai eu la chance de la rencontrer et de l'entendre nous parler de cette pépite, ce livre est magnifique, une pépite à découvrir d'urgence




Une belle découverte faite à la foire du livre cette année, en route vers le Japon.


Un immense coup de coeur, une autre véritable pépite.




Très chouette, palpitant, une immersion dans le passé, dans le lac pour résoudre un cold case.  Puissant.




Magnifique album ,  à la découverte de l'art brut. 





Juin était riche en coups de coeur et belles surprises, autre pépite , un premier roman, une plume à suivre.





Découverte pour moi de la très belle écriture de Philippe Besson.




En voici un qui est resté trop longtemps dans ma PAL, un indispensable !




Avant d'écrire ensemble "L'adoption" le tandem Zidrou , Monin a écrit ur l'adolescence. 





Un récit poignant magnifique pour terminer le mois, un premier roman sur un sujet difficile, tabou, le désir de maternité.  Autre jolie plume à suivre.





Pas de prévisions pour juillet, je me laisserais porter au gré de mes envies et de la préparation de la rentrée littéraire.