samedi 31 août 2013

POUR CHANGER 2 BD *****

LE ROYAUME

LES DEUX PRINCESSES     BENOÎT  FEROUMONT

Tome 2



Editions Dupuis
tout public - humour
parution 03/09/2010

Le résumé

Le Royaume est un coin de terre paisible où il fait bon vivre, dirigé par un Roi plutôt bonne pâte. À ses côtés, la Reine, parfois un peu acariâtre, et ses enfants : Alain et Adrien, gentils mais pas très malins et Cécile, plutôt très maligne et pas très gentille (enfin surtout avec ses frères).
Il y a longtemps, le Roi avait un frère, mais celui-ci ne rêvait que de guerre. Alors le Roi l'a fait emprisonner, le temps qu'il revienne à de plus pacifiques projets. Au moment où commence ce récit, le frère du Roi a non seulement réussi à s'évader, mais il a en plus pris Cécile en otage. Heureusement la valeureuse Anne va délaisser momentanément sa taverne et voler à la rescousse du Roi et de sa famille. Aidée du fidèle François et d'un des petits piafs moqueurs du village, elle va rejoindre l'équipée lancée à la poursuite du frère félon.



Mon avis

Il y a toujours les oiseaux qui parlent, la brave Anne, François le forgeron qui vont épauler notre bon Roi Serge.  Le personnage sans conteste le plus désopilant est  le joli coeur de service ( chef de la garde de la Reine) ; Jean-Michel.  L'humour est bien au rendez-vous .  Que dire de plus j'ai adoré.


Le Royaume  tome 3

LES PRETENDANTS



Editions Dupuis
parution 01/04/2011
tout public - humour

Le résumé

Quand on est une princesse, on ne fait pas toujours ce qu'on veut : parfois, on est même obligée de se marier avec un prince qu'on n'aime pas au nom de la raison d'État... 
Pour assurer la paix du Royaume et sa bonne entente avec son voisin, le royaume d'Arbélie, le roi décide de marier Cécile au prince d'Arbélie. Mais c'est compter sans Cécile qui, en découvrant son fiancé, décide de se rebeller... et s'en va donner son premier baiser de princesse à Thibault, le bouffon du roi.

Mon avis

Amour, amour .... nous sommes dans le Royaume une princesse va rencontrer son prince charmant, tout semble simple, sur photo il est magnifique, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil....
Ben non, tout n'est pas si simple dans la réalité, c'est sans compter sur le caractère de Cécile qui fille gâtée ne retrouve pas son idéal et pique une crise mettant en colère le futur prince et menaçant la paix sur le Royaume.  
L'amour, l'idéal ce que peut faire un baiser échangé , n'y a t il pas un peu de magie et de sorcellerie dans tout cela ??  J'ai toujours pris beaucoup de plaisir à la lecture de l'album, je suis devenu inconditionnelle de la série, il reste 2 opus parus pour l'instant à bientôt pour la suite.



mardi 27 août 2013

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. Harper Lee ***** Coup de Coeur

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur

Harper Lee
traduit par Isabelle Stoïanov
320 pages 
Publié 23/08/2006 Le Livre de Poche
Postface Isabelle Hausser-Duclos

Prix Pulitzer 1961



RESUME


Dans une petite ville d’Alabama, à l’époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 – au cœur de la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis –, connut un tel succès.
Mais comment ce roman est-il devenu un livre culte dans le monde entier ? C’est que, tout en situant son sujet en Alabama dans les années 1930, Harper Lee a écrit un roman universel sur l’enfance. Racontée par Scout avec beaucoup de drôlerie, cette histoire tient du conte, de la court story américaine et du roman initiatique. Couronné par le prix Pulitzer en 1961, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires dans le monde entier.



MA CRITIQUE



C'est un petit bijou, un véritable chef d'oeuvre qui m'avait été conseillé il y a déjà bien longtemps.  Nous parlions de "La couleur des sentiments" de Katryn Stockett, et, ma libraire m'avait dit ; "si vous avez aimé cet univers, vous apprécierez "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", prix Pulitzer de 1961.


Un livre intemporel, il n'a pas pris une ride.


Nous sommes en Alabama, dans le Sud des Etats-Unis dans la banlieue rurale de Maycomb.  


Scout, petite fille âgée de 6 ans au début du récit, enfant un peu rebelle, limite garçon manqué qui n'a pas froid aux yeux, vit avec son frère Jem aîné de 4 ans, son père Atticus Finch et leur cuisinière de race noire Calpurnia qui a pris en charge une partie de l'éducation des enfants.  La maman de Scout est décédée lorsqu'elle avait 2 ans.

Nous sommes en 1935 durant la récession et la ségrégation est toujours de mise.


Scout va nous raconter 3 ans de sa vie, avec des mots simples et la fraîcheur de l'enfance.  Elle va nous faire partager sa vie, les petits secrets des habitants de Maycomb, ses joies, ses amours, ses craintes et le passage à la maturité et les réalités de l'époque.


Atticus Finch, son père est avocat et est commis d'office pour défendre un jeune noir Tim Robbinson accusé de viol sur une blanche.


Atticus dit qu'il doit le défendre même si cela semble perdu à l'avance.  Il est intègre et élève ses enfants avec des valeurs morales importantes : la justice, l'honneur, la tolérance, l'honnêteté.


Atticus leur inculque aussi le courage. "Le courage, c'est savoir que tu pars battu, mais agir quand même sans s'arrêter.  Tu gagnes rarement mais cela peut arriver."


Ce livre bouleversant nous mène à la réflexion sur des notions telles l'égalité, la justice, l'injustice, sur la nature humaine, la solitude, la tolérance.. Un livre qui nous apprend tout simplement ce qu'est le respect.


Je trouve que le récit est universel et toujours actuel.  Le monde change certes, mais il n'en est pas de même de la nature humaine et le retour aux véritables valeurs est essentiel.


Ce n'est pas pour rien qu'aujourd'hui ce magnifique roman est toujours au programme scolaire aux Etats-unis.  Le fait que ce soit raconté par un enfant lui donne encore une portée plus forte, un message puissant.


MAGNIFIQUE.  A lire sans modération.





Et si pour changer je vous racontais l'histoire autrement, tout simplement avec ces jolies phrases glanées tout au long de ce fabuleux récit.


LES JOLIES PHRASES




Tu es trop petite pour comprendre, mais parfois, la Bible est plus dangereuse entre les mains d'un homme qu'une bouteille de whisky entre celles de ton père.

Ce n'est pas parce qu'on est battu d'avance qu'il ne faut pas essayer de gagner.

Si oncle Atticus te laisse jouer avec les chiens errants, ça le regarde, comme dit Grand-mère, et c'est donc pas ta faute.  J'imagine, que c'est pas ta faute non plus s'il aime les nègres, mais j'aime mieux te dire que toute la famille est mortifiée.

Quand on traque une proie, mieux vaut prendre son temps, ne rien dire, et, aussi sûr que deux et deux font quatre, elle finira par céder à la curiosité et se montrer.

Ta fille m'a donné ma première leçon cet après-midi.  Elle a dit que je ne comprenais pas grand chose aux enfants et m'a expliqué pourquoi.  Elle avait parfaitement raison.  Elle m'a dit comment j'aurai du la traiter... Si tu savais combien je m'en veux!

Jack ! Quand un enfant te demande quelque chose, réponds-lui, bon sang!  Mais n'en fais pas tout un plat! Les enfants sont des enfants, mais ils savent repérer une esquive plus vite que les adultes et toute esquive les embrouille.

Tous les enfants passent par une phase où ils emploient des gros mots ; cette habitude leur passe quand ils s'aperçoivent qu'ils n'attirent pas pour autant l'attention sur eux.

Ils ont tout à fait le droit de penser et leurs opinions méritent le plus grand respect, dit Atticus, mais avant de vivre en paix avec les autres, je dois vivre en paix avec moi-même.  La seule chose qui ne doive pas céder à la loi de la majorité est la conscience de l'individu.

Je préférerais que vous ne tiriez que sur des boîtes de conserve, dans le jardin, mais je sais que vous allez vous en prendre aux oiseaux?  Tirez sur les geais bleus que vous voulez, si vous arrivez à les toucher, mais souvenez-vous que c'est un péché de tuer l'oiseau moqueur.  Les moqueurs ne font rien d'autre que de la musique pour notre plaisir.  Ils ne viennent pas picorer dans les jardins des gens, ils ne font pas leurs nids dans les séchoirs à maïs , ils ne font que chanter pour nous de tout leur coeur.  Voilà pourquoi c'est un péché de tuer un oiseau moqueur.

Je voulais que tu comprennes quelque chose, que tu vois ce qu'est le vrai courage, au lieu de t'imaginer que c'est un homme avec un fusil dans la main. Le courage, c'est savoir que tu pars battu, mais agir quand même sans s'arrêter.  Tu gagnes rarement mais cela peut arriver.

Une foule, quelle qu'elle soit, est toujours composée de gens.  Mr Cunningam faisait partie de cette foule la nuit dernière, mais il était toujours un homme.


Tu vois, il a suffi d'une enfant de 8 ans pour les ramener à la raison.  Ce qui prouve qu'on peut arrêter une bande de bêtes sauvages, tout simplement parce qu'ils restent des êtres humains.

Mais pourquoi nous avait-il confié son plus grand secret ?  Je le lui demandai. - Parce que vous êtes des enfants et que vous pouvez me comprendre.

La vie impossible que certaines personnes font mener à d'autres - sans même y prendre garde.  La vie impossible qu'imposent les blancs aux gens de couleur sans même prendre la peine de penser qu'ils sont aussi des êtres humains.

Je pensais qu'Atticus Finch ne gagnerait pas.  IL ne pouvait pas gagner, mais c'était le seul homme de toute la région capable d'amener le jury à délibérer aussi longtemps sur une affaire de ce genre.  Et je pensais en moi-même que c'était déjà un pas en avant, un saut de puce, mais tout de même.

Atticus dit qu'on peut choisir ses amis mais pas sa famille, et qu'ils restent vos parents que vous le reconnaissiez comme tels ou non et que ne pas le faire vous donne l'air parfaitement idiot.



dimanche 25 août 2013

MANUEL EL NEGRO DAVID FAUQUEMBERG 7/10

Dans le cadre de la rentrée littéraire 2013 et du prix du roman Fnac


PARUTION LE 21/08/2013 CHEZ FAYARD



Manuel El Negro, nouveau roman de David Fauquemberg, sortie le 21 août 2013



Tout part du chant. Dans les barrios gitans d’Andalousie, le flamenco se transmet comme une seconde nature. Quand on ne chante pas, on se raconte entre gens entendus les grands créateurs d’autrefois, leurs styles, leurs mille et une histoires. Vivent ceux qui savent. Lorsque surgit la grâce, on la reconnaît aussitôt. Un soir aura suffi à Manuel El Negro pour entrer dans la légende. L’écho de sa voix retournait l’âme. Moi, je l’accompagnais. J’étais son guitariste, dans l’ombre toujours. Notre amitié, tissée autour du chant, c’était un rêve partagé. Mais les Gitans le savent : l’art ne se commande pas. Y consacrer sa vie, c’est prendre tous les risques. Mémoire d’un peuple, le flamenco est plus qu’une musique : un art de vivre, une vision enchantée du monde, nourrie des milliers de vers anonymes hérités de la tradition. Confrontant ses personnages romanesques à des figures bien réelles de ce mundillo dans lequel il s’est longuement immergé, David Fauquemberg réinvente cette « langue flamenca », sa poésie, ses révoltes, l’intense émotion qui l’anime. David Fauquemberg est l’auteur de Nullarbor (Hoëbeke, 2007, prix Nicolas-Bouvier) et de Mal tiempo (Fayard, 2009, prix Millepages).






Fauquemberg


David Fauquemberg

Né en 1973, David Fauquemberg vit dans le Cotentin. Après des études de philosophie, il enseigne quelque temps puis il prend la tangente. Années de voyage – Cuba, Patagonie, Laponie, Andalousie, Californie, Europe de l’est, Atlantique à la voile... Il séjourne deux ans en Australie ; un périple tragique dans l’ouest de l’île-continent lui inspire son premier récit,Nullarbor, paru en 2007 chez Hoëbeke (Coll. « Etonnants Voyageurs ») et en édition de poche chez Folio en mai 2009. Nullarbor a reçu le Prix Nicolas Bouvier 2007, a été élu parmi les 20 Meilleurs livres 2007 Lire/RTL et les 10 Meilleurs livres 2007 de la revue Technikart.
Aujourd’hui écrivain et traducteur, David Fauquemberg est en outre grand reporter pour la revue XXI et le magazine Géo.
© photo : Christine Tamalet



Mon avis


Melchior de la Pena dit El Gordo est fasciné par le flamenco.  Il aime cela, le rythme et dès son plus jeune âge il en éprouve une passion.  Il est souvent chez Tio Bernardo, le père de son ami Manuel qui veut devenir chanteur de flamenco. Il veut devenir un ARTISTA, il deviendra Manuel el Negro.

On va vivre ici une belle histoire d'amitié, mais une histoire d'amour pas comme les autres : celle du FLAMENCO.


Ce flamenco, toute une culture, une transmission de véritables histoires contées qui naissent de l'émotion, des joies et des peines vécues par un peuple.


A la lecture de ce bouquin, les soléa, siguiriya, falsetas; huleria et alegria n'auront plus aucun secret pour vous.


L'histoire de cette passion entre Melchior et sa guitare, l'apprentissage de cette musique si belle qui naît des sensations, qui s'entend, véritable fusion, communion entre un homme et sa guitare   (le tocaor)

Belle histoire d'amitié avec Manuel qui après un parcours du combattant devient un grand CANTAOR.   Leur vie, leur parcours, l'histoire entre les hommes et le partage et la transmission de cette passion.  La plume est belle , les mots sont justes et cette passion m'a touchée.

Je me suis pourtant lassée lors des descriptions beaucoup trop longues pour moi sur les chants, les personnages célèbres du flamenco. J'avoue avoir trouvé cela un peu ennuyant.

Cela reste malgré tout une belle lecture avec de belles émotions.

Un extrait pour devenir un pro du jargon Flamenco :

"La buleria, l'alegria ou les tangos célèbrent l'espoir, l'amour et la gaieté. Siguiriya est la confession d'un homme à l'agonie. Solea dit l'homme tout entier, ses joies comme ses peine, on y rassemble dans un souffle l'amour et l'amitié, la trahison, la joie et la douleur de vivre."

7/10

Roman lu en juin dans le cadre de la rentrée littéraire et du prix du roman Fnac 2013.



Les jolies phrases


Pour être écouté, il faut effleurer  le silence

Un ami, disait le poète, c'est soi-même sous un autre cuir.

La profondeur des choses, c'est là qu'il faut chercher. Vous ne comprenez pas le chant sans en connaître les histoires.  Le flamenco est la culture d'un peuple qui travaille.

Les fatigues qu'ils ont passées, tu n'en as pas idée... Aucun qui sache écrire, ils n'avaient que le chant.  Le fruit de sécheresse vous attriste les yeux avec sa peau fripée.  Mais en bouche, hou, il a de ces saveurs....

Ce qu'on a dans le sang, on ne peut rien y faire.

Moi, c'est le flamenco qui m'a fait négliger le reste.  Le chant vous prend et vous n'en sortez plus, vous croyez le tenir, il vous échappera.

L'important quoi qu'on fasse c'est de le faire bien.

Monnayer l'art, c'était le perdre.

Le don d'écoute et d'attention que les gitans possèdent, je ne sais pas d'où il leur vient, peut-être la nécessité de survivre toujours en terre étrangère, d'apprécier la situation au premier coup d'oeil

Manuel était le créateur inquiet, impulsif de ceux qui se laissent emporter.  L'art est ainsi, je crois, il ne va pas sans risque.  On apprend que de ses erreurs.

Un oiseau dans la main vaut mieux que cent qui volent, trembleront les frileux.

Nous n'avions rien volé - c'était le fruit d'un long travail.  Nous avons donné autant Manuel et moi, que nous avons reçu.

Le public, voyez, est un être vivant différent chaque soir, il faut apprivoiser ce monstre aux réactions imprévisibles.

J'étais pierre, j'ai perdu mon centre
Et dans la mer on m'a jetée
A force de temps et de temps
Mon centre, je l'ai retrouvé

L'important c'est d'être sûr de ce que l'on fait, de le sentir vraiment

Finalement on continue parce que qu'arrêter, ce serait pire.

Au fond, rien n'a changé.  Les jours de feria tout le monde veut être un gitan, parader dans nos robes, goûter la beauté de nos femmes, nos danses, nos chants... Mais on ne pardonne rien, la moindre faute nous condamne, on accuse : c'est un gitan!... Notre âme s'est forgée au creuset, du mépris, la douleur vous endurcit, le flamenco est un venin qui coule dans nos veines... Il se nourrit de cette rage.








samedi 24 août 2013

Comme Baptiste Patrick Laurent 5.5/10



Collection Blanche, Gallimard
Parution : 22-08-2013
352 pages, 140 x 205 mm 
Genre : Romans et récits
Catégorie > Sous-catégorie : Littérature française > Romans et récits
Époque : XXIe siècle
ISBN : 9782070142071 - Gencode : 9782070142071 - Code distributeur : A14207

RESUME

Baptiste, jeune informaticien passionné d’intelligence artificielle, vient d’apprendre que son père, un linguiste renommé, veuf et dépressif, n’est pas son père. En effet sa mère, morte deux ans plus tôt, a eu recours à une insémination avec donneur. Dès lors, le jeune homme est pris d’un désir frénétique de connaître ce géniteur anonyme, qu’il appelle le Bio. Il se lance dans une quête parsemée d’embûches et de rencontres inattendues. Dans son esprit déferlent la Conscience, le Réel, l’Identité, la Mort, tels les quatre cavaliers de l’Apocalypse… 
Sur des thèmes très actuels – la perte des repères identitaires liés aux progrès des sciences biologiques, les limites de la paternité et de la filiation… –, Patrick Laurent offre un récit fiévreux, enchaînant les péripéties avec virtuosité sur un arrière-plan métaphysique qui interroge profondément l’imaginaire contemporain.

L'AUTEUR
Patrick Laurent

Il est né en 1948 à Paris.  C'est son premier roman.



MA CRITIQUE


Ce livre est un OVNI, je ne peux pas vous dire que je n'ai pas aimé mais parfois c'était vraiment bizarre.  J'ai eu le sentiment que le livre avait été écrit par deux personnes différentes et j'ai ressenti deux écritures distinctes..


Au départ, des phrases kilométriques complètement allumées, un peu ressentie comme de la philosophie à deux balles....  Une phrase pouvait faire une page et demi, je commence sa lecture avec une idée au départ et à l'arrivée je ne sais plus de quoi on parlait au début..  C'était déstabilisant mais cela ne m'a jamais donné l'envie de m'arrêter, cela n'était pas déplaisant et l'envie de continuer était toujours présente.


L'histoire : nous voici en compagnie de Baptiste Erdios. Il vient d'apprendre peu de temps après le décès de sa mère qu'il était IAD.  Je précise issu d'Insémination Avec Donneur, mais pour notre protagoniste cela signifie également Intelligence Artificielle - c'est ce qu'il étudie.


Il est donc étudiant et devient victime d'hallucinations, une activité onirique mais qui survient en plein jour.  Le monde imaginaire voire celui de la folie prend peu à peu le pouvoir.


Il semble obsédé par la recherche du Bio comme il dit (son père biologique).  Il se lance donc dans la folle aventure de le retrouver, il veut le voir à tout prix.


En réalisant cette recherche arrive un personnage intéressant: une femme mais je n'en dirai pas plus pour ne pas déflorer l'intrigue.  

Les passages concernant leur lien, leur relation m'ont vraiment plu.  L'écriture décrit magnifiquement un certain amour qui lui cache la vérité pour l'épargner.

A vous de le lire pour en savoir plus. Une lecture au final un peu particulière au début mais intéressante.



Ma note 5.5/10   



Les jolies phrases


Et voilà qu'à présent, il est ce jeune home démuni devant une révélation faite par sa grand-mère, dont la charge d'angoisse l'a finalement rattrapé, démuni devant les désordres mentaux, devant cet autre qu'il sent en lui, sous la menace duquel il vit, démuni devant sa vie toute entière comme il l'a finalement toujours été pense-t-il en reprenant son chemin.


Tu mets un gnou face à un obstacle, il fonce dessus, il est bête. Tu mets une hyène, elle réfléchit, fait un détour et le contourne, elle est intelligente. L'intelligence c'est la perversité, l'art du détour.


Certains, figés par la peur, ne le font pas, vivent immobiles tels des phasmes dans l'espoir qu'ils passeront inaperçus, qu'ils finiront par se fondre dans la masse qui les soutient mais d'autres, tant d'autres autour de nous, s'efforcent et combien chutent sans cesse et sans cesse ?  On voit leur corps disparaître dans les fonds, tandis que quelques autres, plus héroïques encore, essayent de remonter, on les voit se contorsionner avec rage pour gagner quelques centimètres, sortir de cet étau mais, malheur et bonheur réunis, c'est l'étau qui fait vivre, qui nous empêche de tomber d'un coup.    p197


On n'apprend pas à mourir, on meurt point.










NARCOPOLIS JEET THAYIL ** 4/10



Titre : Narcopolis
Auteur : Jeet Thayil
Éditeur : Editions de l’Olivier
Date de parution : 29/08/2013
ISBN-13 : 9782879298153


Ce livre est une plongée dans les bas-fonds 
de Mumbai (Bombay). Unité de lieu : la fumerie d’opium de Rashid. Unité de 
temps : le début des années 70. Personnage principal : Dimple («fossette»), 
un(e) jeune eunuque prostitué(e). Personnages secondaires : les voyous, les 
maquereaux, les dealers, les touristes et les junkies de toutes sortes qui 
fréquentent l’établissement. Et, bien sûr, le narrateur. Les années passent, 
c’est le temps des hippies, de l’héroïne et de la cocaïne. Le narrateur parvient à s’évader de cet univers délétère. Lorsqu’il reviendra, guéri de ses 
obsessions, ce sera pour constater mélancoliquement que tous ceux qu’il 
avait aimés ont disparu.
Narcopolis est le Last Exit to Brooklyn de l’Inde moderne. Avec ce roman 
prodigieux, Jeet Thayil s’inscrit dans la lignée des grands auteurs (Thomas 
de Quincey, Baudelaire, William Burroughs) qui ont donné aux «paradis 
artificiels» – mais ne s’agit-il pas plutôt, ici, de l’Enfer? – leurs lettres de 
noblesse littéraire. Il dépeint un monde inversé et promis à la destruction, 
sur lequel Sa Majesté l’opium règne sans partage. Parmi ses habitants, 
seuls quelques-uns seront sauvés.
Jeet Thayil est né en 1959 dans le Kerala. Il a vécu à Hong Kong, 
New York et Bombay et vit actuellement à New Delhi. Narcopolis, 
son premier roman, a figuré dans la dernière sélection du Man 
Booker Prize en 2012.

source Editions de l'Olivier


LES AVIS


«Narcopolis place d’emblée Jeet Thayil à hauteur de ses 

vénérables pairs Irvine Welsh, Roberto Bolaño et William 
Burroughs. Thayil, à l’instar de Salman Rushdie, inspirera 
peut-être une nouvelle école littéraire indienne.»
Vanity Fair
«Par la grâce de sa plume alerte et poétique, Jeet Thayil 
nous offre un sensationnel premier roman.»
Times
«On voudrait que cette exaltante rêverie d’opium 
ne s’arrête jamais.»
The Guardian
«Narcopolis se voile puis se dévoile comme par magie, 
pour nous révéler des personnages inoubliables. 
Une grande réussite.»
The Independent
«Une plongée à couper le souffle dans la sensuelle 
et délétère langueur de Bombay.»

Sunday Times

MA CHRONIQUE


Dans la sélection des livres de la rentrée en lice pour le prix du roman Fnac, celui-ci fut pour moi une mauvaise pioche.   Pourquoi ? je l'ignore, ce n'était peut-être pas le bon moment pour le lire, j'ai essayé, je me suis accrochée mais après un tiers du livre, je ne me sentais toujours pas dedans... Je lisais, mais cela me semblait vide, sans intérêt, pas moyen d'accrocher... C'est quoi au juste l'histoire, me demandais-je.


En fait, tout tourne autour d'une fumerie d'opium. Nous sommes dans les années 70 à Bombay et l'auteur nous dépeint une certaine réalité.  


Un livre sur l'addiction ; l'addiction à la drogue, à l'alcool, au sexe, au monde des transsexuels, des bordels...

Le livre se découpe en quatre parties, chacune évoquant l'histoire d'un personnage.

Le seul personnage attachant est Fossette qui fut castrée à l'âge de 8 ans. Cet eunuque devint prostituée et toxico.  Autour d'elle, dans le cadre d'une fumerie d'opium,  gravitent d'autres personnes dont le touchant Monsieur Lee un vieux chinois 


Voilà suis vraiment passée à côté pourtant la littérature et l'ambiance indienne sont en général mon terrain de prédilection.


4/10


Une jolie phrase :  


L'oubli était un don, un talent à entretenir










Ils ont rejoint ma PAL - Rentrée littéraire 1ère

Je n'ai pas pu résister, voici mes premiers choix de la 1ère semaine de la rentrée littéraire.




Pierre Lemaître   "Au revoir là-haut"

Au revoir là-haut par Lemaitre

LE LIVRE
« Voilà comment ça finit, une guerre. Personne pour vous dire un mot ou seulement vous
serrer la main. L’ “affectueux merci de la France reconnaissante” s’est transformé en
tracasseries permanentes, on nous mégote 52 francs de pécule, on nous pleure les
vêtements, la soupe et le café. On nous traite de voleurs. »
Rescapés du chaos de la Grande Guerre, Albert et Edouard comprennent rapidement que le
pays ne veut plus d'eux.
Malheur aux vainqueurs ! La France glorifie ses morts et oublie les survivants.
Albert, employé modeste et timoré, a tout perdu. Edouard, artiste flamboyant mais brisé, est
écrasé par son histoire familiale.
Désarmés et abandonnés après le carnage, tous deux sont condamnés à l'exclusion. Refusant
de céder à l'amertume ou au découragement, ils vont, ensemble, imaginer une arnaque d'une
audace inouïe qui mettra le pays tout entier en effervescence.
Bien au-delà de la vengeance et de la revanche de deux hommes détruits par une guerre vaine
et barbare, Au revoir là-haut est l'histoire caustique et tragique d’un défi à la société, à l'État, à
la famille, à la morale patriotique responsables de leur enfer.
L’AUTEUR
De Robe de marié à Sacrifices, cinq romans couronnés par de nombreux prix (dont le Prix du
Polar européen du Point), Pierre Lemaitre s’est imposé comme l’un des grands noms du
roman noir français et a rencontré un succès critique et public exceptionnel.
Avec Au revoir là-haut – fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa
puissance d’évocation –, il quitte le monde du polar et compose une grande tragédie
romanesque, avec un talent et une maîtrise impressionnants.

source Albin Michel


Véronique Olmi   "La nuit en vérité"




La nuit en vérité par Olmi

LE LIVRE
« Et se regarder nu, face au miroir, jamais il ne le ferait, jamais il ne serait ce garçon qui en
lui faisant face lui ferait honte. Enzo ne voulait pas être son ennemi. Il voulait aimer le jour,
la nuit, la peur, Liouba, et lui-même si c’était possible. »
À travers la relation forte et fragile entre une mère trop jeune et un fils au seuil de
l’adolescence qui vivent chacun à leur façon l’expérience de l’exclusion et de la détresse
intérieure, Véronique Olmi renoue avec la tension narrative de Bord de mer, cette amplitude
romanesque où la retenue, l’émotion et la brutalité forment une ronde parfaite.
L’AUTEUR
Véronique Olmi est née en 1962 à Nice. Elle fait des études d’art dramatique chez JeanLaurent Cochet, devient assistante à la mise en scène de 1990 à 1993 puis comédienne et
dramaturge en 1996. Metteurs en scène et comédiens prestigieux ont mis en scène et joué ses
pièces. En 2000, sa pièce Le Jardin des Apparences a deux nominations aux Molières, dont
celle pour le meilleur auteur.
En 2001, elle publie son premier roman, Bord de mer qui lui vaut le Prix Alain-Fournier, belle
amorce de carrière de romancière. Son roman Cet été-là reçoit en 2011 le Prix des maisons de
la presse. La nuit en vérité est son dixième roman.
Dramaturge, comédienne, nouvelliste et romancière, Véronique Olmi crée tantôt dans un
genre tantôt dans l’autre. Elle a dirigé pendant trois ans le comité de lecture du Théâtre du
Rond-Point. En tant que directrice artistique, elle a lancé en janvier 2012, la première édition
du festival d’auteures théâtrales Le Paris des femmes au Théâtre des Mathurins.
Pièces et romans sont traduits en de nombreuses langues, ses pièces sont jouées partout en
Europe, Amérique, Canada anglophone, Brésil, etc.

source Albin Michel

Et le dernier cette semaine mais non des moindres

Sorj CHALANDON  "Le quatrième mur"



L’idée de Sam était folle. Georges l’a suivie.
Réfugié grec, metteur en scène, juif en secret, Sam rêvait de monter l’Antigoned’Anouilh sur un champ de bataille au Liban.
1976. Dans ce pays, des hommes en massacraient d’autres. Georges a décidé que le pays du cèdre serait son théâtre. Il a fait le voyage. Contacté les milices, les combattants, tous ceux qui s’affrontaient. Son idée ? Jouer Anouilh sur la ligne de front. Créon serait chrétien. Antigone serait palestinienne. Hémon serait Druze. Les Chiites seraient là aussi, et les Chaldéens, et les Arméniens. Il ne demandait à tous qu’une heure de répit, une seule. Ce ne serait pas la paix, juste un instant de grâce. Un accroc dans la guerre. Un éclat de poésie et de fusils baissés. Tous ont accepté. C’était impensable.
Et puis Sam est tombé malade. Sur son lit d’agonie, il a fait jurer à Georges de prendre sa suite, d’aller à Beyrouth, de rassembler les acteurs un à un, de les arracher au front et de jouer cette unique représentation.
Georges a juré à Sam, son ami, son frère.
Il avait fait du théâtre de rue, il allait faire du théâtre de ruines. C’était bouleversant, exaltant, immense, mortel, la guerre. La guerre lui a sauté à la gorge.
L’idée de Sam était folle. Et Georges l’a suivie. 

Sorj Chalandon, né en 1952, a été longtemps journaliste à Libération avant de rejoindre Le Canard Enchaîné. Ses reportages sur l’Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le Prix Albert-Londres en 1988. Il a publié, chez Grasset, Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, prix Médicis), Mon Traître(2008), La Légende de nos pères (2009), Retour à Killybegs (2011, Grand Prix du Roman de l'Académie Française).


samedi 17 août 2013

Muette Eric Pessan 9/10

Rentrée littéraire 2013

Parution chez Albin Michel le 21/08/2013

Lu dans le cadre de la sélection du prix du roman Fnac




Muette





















RESUME


« La nuit, déjà, et Muette écoute vibrer les insectes, glissée jusqu’au nez dans son sac de couchage. Elle a chaud mais ne peut se résoudre à se découvrir. Dehors, dans le grand monde, des gens courent à sa recherche, elle n’a plus de doute à ce sujet. Elle y est. Elle a grand ouvert les portes de sa vie. »

Par sa maîtrise de la langue au plus près des émotions, des impulsions et des souvenirs d’une jeune fugueuse, Eric Pessan, l’auteur d’Incident de personne, compose un roman envoûtant et d’une rare justesse pour évoquer la mue mystérieuse de l’adolescence.




L'auteur

Eric Pessan


Eric Pessan



Nationalité : France 
Né(e) à : Bordeaux , 1970 
Biographie : 

Éric Pessan, né en 1970 à Bordeaux, est un écrivain français. Il est auteur de plusieurs romans, de fictions radiophoniques, de textes de théâtre, ainsi que des textes en compagnie de plasticiens. Il anime également des rencontres littéraires et des débats, ainsi que des ateliers d’écriture. Il collabore aussi régulièrement au site Remue.net
Il a, en outre, été rédacteur en chef de la revue d'art et littérature Éponyme, publiée par les éditions Joca Seria (quatre numéros parus).
En compagnie de Nicole Caligaris, il a co-dirigé l'ouvrage collectif Il me sera difficile de venir te voir, correspondances littéraires sur les conséquences de la politique d'immigration française, publié en octobre 2008, aux éditions Vents d'ailleurs.

2001 : L'Effacement du monde, La Différence
2002 : Chambre avec gisant, La Différence
2004 : Les Géocroiseurs, La Différence
2006 : Une très très vilaine chose, Robert Laffont
2007 : Cela n'arrivera jamais, Fiction et Cie / Seuil
2010 : Incident de personne, Albin Michel 
Mon avis

Muette s'en va de chez elle, elle fugue mais pas très loin, juste à une heure à pied, une vieille grange dans laquelle elle se réfugie souvent.  Ben oui, elle est souvent seule à la maison.

Dans l'écriture un caractère italique nous poursuit durant tout le roman, des petites phrases, des remarques continuelles, des reproches, des expressions qu'elle entend régulièrement (en vrai ou dans sa tête)
Un joli fil rouge qui nous guidera tout le récit.

Cela commence comme un film, un cinéma qu'elle se fait, mais rien n'arrive jamais comme dans son imaginaire.  Elle fugue mais là où on ne la cherchera pas car c'est trop près de chez elle...

Elle ne parle pas, à l'école on lui demande d'améliorer son oral ???

Le silence, les non-dits...

c'est en fait l'histoire d'une souffrance dont les clés sont livrées petit à petit dans le récit.  Ce mal être, cette incommunication, ses reproches, pourquoi??

Joliment construit on la comprend petit à petit.

J'ai beaucoup aimé ce parallèle avec la nature, les animaux.  Une belle histoire pour exprimer le silence de la Muette, les sources de ce mal être, cette envie de fuite et de trouver enfin sa place.

Une très belle découverte qui se lit à un rythme rapide même si on reste un peu sur sa fin.

Cette découverte était dans le cadre de la rentrée littéraire 2013 et du prix du roman Fnac.

9/10


Les jolies phrases

Muette c'est juste une question de silence, d'extrême retenue et de regard qu'il n'est jamais possible d'accrocher.

Faire confiance, Muette ne peut pas, ne sait pas.  Les apparences trompent tellement.  La main tendue dissimule souvent une serre.

Dans la famille, on tue à force de silences rentrés ou à force d'éviter de poser les bonnes questions.

Des années et des années, Muette s'est accommodée de tout parce qu'elle n'a rien trouvé de mieux.  C'est comme prendre un film en cours, ne rien comprendre à ce qui se passe, mais rien de rien.

Enfant, Muette ne connaissait pas les règles du jeu.  Personne ne s'est donné la peine de les lui expliquer, de lui dire ce qui se fait et ce qui est interdit.  Personne n'a placé de limites, elle les découvre par elle-même lorsqu'elle s'attire brusquement une réprimande, une claque.

...elle se demande s'il y a des choses que l'on répète toute une vie, quelle que soit la vie que l'on s'invente.

Il y a des histoires qui ne peuvent pas se dire.  Parce que les mots n'existent pas pour les raconter.  Les mots ne feraient que les affaiblir ou les banaliser.  Les mots ne feraient qu'effleurer la surface ou l'histoire, sans rien pouvoir atteindre de ses strates innombrables.

Lorsque les hommes mentent, c'est parole contre parole et les plus faibles ont tort.

Il n'est pas du genre à s'asseoir et à attendre il a besoin de faire de grands gestes pour se prouver et prouver aux autres qu'il garde la maîtrise des événements.

Enfant, elle était déjà entrée en résistance, elle tentait de rejeter la greffe d'une histoire qui n'était pas la sienne.

;;;elle ne sait rien de ce qu'elle croit connaître, elle ne voit qu'une version tronquée des choses, elle aperçoit de vagues reflets mouvants d'une réalité bien plus complexe et trompeuse.



Le bruit de tes pas Valentina d'Urbano coup de coeur 9.5/10

Editions Philippe Rey


Faisait partie des sélections du prix du Roman Fnac de la rentrée 2013


Un véritable coup de coeur

Valentina d'Urbano  Traduit de l'italien par Nathalie Bauer


Le bruit de tes pas


Date de parution : 5 septembre 2013
ISBN : 978-2-84876-341-5
14,5 x 22 cm
240 pages
19 €

Le bruit de tes pas



Résumé 



« La Forteresse », 1974 : une banlieue faite de poussière et de béton, royaume de l’exclusion. C’est là que grandissent Beatrice et Alfredo : elle, issue d’une famille pauvre mais unie, qui tente de se construire une vie digne ; lui, élevé avec ses deux frères par un père alcoolique et brutal. Presque malgré eux, ils deviennent bientôt inséparables au point de s’attirer le surnom de « jumeaux ».
Mais ce lien, qui les place au-dessus de leurs camarades, tels des héros antiques, est à la fois leur force et leur faiblesse. Car, parallèlement à la société italienne, touchée par la violence des années de plomb, leur caractère, leur corps et leurs aspirations évoluent. Chez Beatrice, qui rêve de rédemption et d’exil, l’amitié initiale se transforme peu à peu en amour sauvage, exclusif. Chez Alfredo, fragile et influençable, le désespoir s’accentue.
Drames familiaux, désœuvrement, alcool et drogue, tout semble se liguer pour détruire les deux jeunes gens. Et, quand l’héroïne s’insinue dans la vie d’Alfredo, Beatrice, tenace, ne ménage pas ses forces pour le sauver, refusant de comprendre que la partie est perdue.
Le bruit de tes pas est le récit de ces quinze années d’amitié et d’amour indéfectibles. Un premier roman âpre d’une sobre poésie, une voix qui perdure longtemps dans l’esprit de son lecteur.
Notes de l'éditeur 



Publié après avoir gagné le concours « Io scrittore », remarqué par la presse, Le bruit de tes pas a été sélectionné par plusieurs prix du premier roman.



« Avec son incipit foudroyant, Le bruit de tes pas attire l’attention et force l’admiration par sa construction habile, la fluidité de sa narration et la capacité de son auteur d’incarner ses personnages et leur milieu. »
La Repubblica

« Jeune romancière animée par une rage puissante, Valentina D’Urbano façonne avec talent des personnages émouvants. Cette néoréaliste nous offre un drame privé de rédemption. Alfredo et Bea, les héros dévastés de son premier roman, sont des “jumeaux” au sens radical et inéluctable du terme, tels que le Heathcliff et la Catherine desHauts de Hurlevent. »
La Lettura

« Des débuts littéraires salués par l’éditeur comme “un petit tour de magie”, une histoire de détérioration et d’abandon dure, sèche, tranchante et captivante. »
L’Espresso




Mon avis


Je commencerai cette critique par la première citation du livre qui le résume assez bien "Même le dernier des minables a besoin d'une histoire".


Le livre débute le 24/06/1987.  C'est l'enterrement d'Alfredo, il avait 20 ans.  Béatrice est présente.  On les appelait les jumeaux.  C'est une histoire d'amitié et d'amour qui a duré 15 ans.


Béa et Alfredo vivent en Italie, dans une cité un peu spéciale : des logements squattés où si vous ne restez pas chez vous, le soir même vos affaires peuvent être mises dehors et un autre occupant peut avoir pris la place.

Nous sommes dans un quartier romain où même la police n'ose pas venir, ce quartier se nomme La Forteresse.

C'est à l'âge de huit ans que Béatrice a fait la connaissance d'Alfredo, par le biais de son frère Francesco.  Alfredo et ses frères sont régulièrement battus par leur père qui est continuellement ivre et dangereux. Alfredo a atterri à la Forteresse quand il avait cinq ans, sa mère est morte en couches dans la misère.

A partir de ce moment, Alfredo est régulièrement accueilli chez Béa et ses jeunes parents (lorsque Béa est née, sa mère avait 16 ans, son père 19).

Nous sommes dans les années 70, des désespérés, des rebuts de la société avaient afflué ici, donné la vie au quartier et mis au monde des enfants à l'avenir on ne peut plus sombre.

Béa et Alfredo sont inséparables.  A 16 ans, elle aimerait tant qu'il la voit autrement, pas comme une soeur, pas comme sa meilleure amie, autrement....  Alfredo a une amoureuse mais il va la larguer pour Béa.

Puis commence la descente aux enfers, la drogue.  Béa quitte son travail pour lui, elle lui donnera tout par amour mais un moment elle dira "Heureusement il est en vie.  Au moins, je vais pouvoir le tuer de mes propres mains."

Un livre sur les sentiments, ou la peur de les exprimer, c'est si difficile de dire "je t'aime".


Un livre où l'on exprime que l'amour de l'autre peut passer par l'abandon de soi, vivre pour l'autre et non pour soi.  C'est bouleversant, et comment aimer l'autre peut aussi être accepter sa mort...

Un livre sur les sentiments profonds, comment la haine ressentie de son vivant était peut-être en fait un signe d'amour.


Ce livre m'a touché , l'écriture y est en finesse, délicate, parfois crue et directe mais que c'était beau et émouvant.

Un livre découvert pour la rentrée littéraire dans les sélections du prix du roman fnac.


9.5/10




Les jolies phrases



Les murs ne servent à rien quand c'est contre soi-même qu'on doit se protéger.


Parfois on oublie les choses qu'on a vécues.  On les laisse de côté parce qu'elles semblent infantiles, absurdes, on les abandonne, on les refoule.  Puis un événement vient les ramener à votre mémoire. Et la vision de la réalité se modifie.

La facilité avec laquelle on s'habitue à la mort d'un être est épouvantable.  On sait qu'on ne le reverra pas.  Ce n'est pas qu'il est parti : on ne peut nourrir le moindre espoir de le retrouver par hasard. On sait qu'il n'y a aucune coïncidence de ce genre.  C'est tellement abominable que ça nous donne envie de hurler.

Il encaissait sans réagir.  Cet immonde alcoolo ne se rendait pas compte que ses fils n'avaient pas le courage de se révolter mais qu'ils avaient été capables de le tuer.

On avait sucé la haine avec le lait de nos mères.  A l'âge des premiers pas, on avait appris que l'Etat c'est l'ennemi.  Le traître.  Et la police, son ours domestiqué.  On était incapables d'établir une distinction, on était contaminés.

J'avais 16 ans et je n'arrivais pas à comprendre Alfredo.  Je ne comprenais pas non plus le chagrin que je lui causais.  Il avait beau être malheureux, souffrir comme une bête, il continuait de pardonner, de pardonner à tout le monde.  Les êtres qu'il aimait le plus - son père et moi - étaient ceux qui le faisaient le plus souffrir.  Mais je voulais qu'il soit entièrement à moi. Je pensais que son amour était un dû.

Jamais je n'avais éprouvé autant de haine qu'à cet instant.  Et jamais je n'avais éprouvé autant d'amour que pour lui, à cet instant.

Ce n'est pas parce que les gens ne sont pas comme on voudrait qu'on cesse de les aimer.  Cette façon de te faire du mal...  Je déteste ça.  Tu me fais mal à moi aussi.

Alfredo était vraiment tombé amoureux de Paola.  Mais moi, je faisais partie de lui, et l'instinct de conservation l'emporte toujours sur l'amour.

Désormais on était plus unis que jamais.  Et pourtant au fond de nous, dans un recoin inaccessible, on s'était égarés, dissous, dissocier.  La fissure qui avait caractérisé mes relations depuis des années s'était approfondie, elle avait creusé un fossé.  On était ensemble tout en étant éloignés, sur deux planètes différentes.

On n'avait pas de raison de vivre, on était pas capables d'en trouver une.  On vivait, un point c'est tout.

Nous aurions dû être heureux.  Nous aurions dû vivre notre vie. Au lieu de nous efforcer, agrippés l'un à l'autre, de ne pas mourir.


C'était la première fois que je faisais quelque chose pour moi, que je déposais le fardeau énorme que je trimballais.  C'était ma vie, je devais la vivre à ma guise, je n'arrivais plus à être le prolongement de quelqu'un.  Je voulais être Béa, pas Béa et Alfredo. Juste Béa.