J'étais en congé ce mois de juin, ce qui m'a laissé un peu plus de temps qu'à l'habitude pour lire mais surtout pour résorber mon retard dans mes billets de lecture. J'ai encore quelques publications sous le coude pour juillet qui arrive.
Je commence par mes lectures pour le prix des lecteurs.
J'ai eu du mal mais je suis vraiment contente de l'avoir lu.
Le chouchou du mois , le livre idéal pour les vacances .
Je l'ai lu en entier mais je n'ai pas apprécié.
Une belle bd sur l'immigration italienne .
Ma préférée : Aki Shimazi , magnifique, les liens maternels mis à l'honneur .
Je résorbe mon retard chez mon partenaire Rouergue et une découverte magnifique, un gros coup de coeur pour un auteur à suivre assurément.
La vie de Munch pour mieux comprendre son oeuvre, un roman graphique en partenariat avec Masse Critique de Babelio et les éditions Steinkis .
De l'avance pour le mois de juillet et le prix des lecteurs, tout en sensibilité.
Un de mes auteurs préférés, un bon polar sur fond environnemental, le plaisir de retourner aux Hébrides (souvenir de la trilogie écossaise).
Un autre gros coup de coeur, une lecture commune.
Autre LC proposée par Tic Tac Book, émotions intenses, une magnifique déclaration d'amour.
Merci Julie de m'avoir suggéré la lecture commune et puis c'est un troisième but marqué dans le challenge de la Coupe d'Europe des livres organisé par Plume de Cajou.
Le second tome de la chouette série "Les beaux étés".
Et pour terminer une autre belle découverte chez Rouergue.
Et voilà 14 lectures en juin ce n'est pas mal du tout.
J'ai également fait le point de mon challenge pavé et j'ai atteint le cap de 10 pavés lus depuis le début de l'année .
792 pages
Date de parution: 30/03/2016
EAN / ISBN: 9782253067931
Prix : 8.90 €
Résumé
Eli McCullough, le Colonel, marqué à vie par trois années de séquestration chez les Comanches, prend part à la conquête de l'Ouest avant de s'engager dans la guerre de Sécession et de bâtir un empire. Peter, son fils, révolté par l'ambition dévastatrice du père, ce tyran autoritaire et cynique, profite de la révolution mexicaine pour faire un choix qui bouleverse son destin et celui des siens.
Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, ambitieuse et sans scrupules, se retrouve à la tête d'une des plus grosses fortunes du pays, prête à parachever l'œuvre de son arrière-grand-père.
De 1850 à nos jours, une réflexion sur la condition humaine et le sens de l'Histoire à travers les voix de trois générations d’une famille texane.
Une fresque sidérante, un tour de force littéraire. Lire.
Un monument d’histoire sur la création et l’évolution du Texas, et au-delà, de la mythologie américaine. Le Parisien.
Une superbe épopée, d’une grande finesse. Le Monde des livres.
Prix Littérature-monde étranger 2015. L'auteur nous en parle
Mon avis
A la découverte de l'histoire de Texas de 1836 à nos jours. Philipp Meyer nous emmène dans une belle épopée, une famille à travers trois générations.
Eli Mac Cullough dit le colonel est l'ancêtre, celui dont l'histoire m'a le plus captivée. Eli a 11 ans lorsqu'il est enlevé par une tribu de Comanches. Il voit sa famille périr tragiquement et violemment sous ses yeux. Durant trois ans, il vivra avec Toshaway et sa tribu. Il deviendra l'un d'eux et découvrira le sentiment de liberté.
Par moment , j'ai cru que j'allais devenir spécialiste des Comanches. Leur mode de vie, l'art de tanner les peaux, de faire des arcs et flèches, de chasser ...tout est présenté, c'est super bien, voire trop documenté , j'avais l'impression de lire un manuel d'anthropologie.
Trois ans plus tard, il reviendra à la vie civile et devra s'intégrer dans la société. Ce sera difficile, il intégrera alors l'autre camp celui des rangers et fondera peu à peu sa dynastie et sa fortune à la tête d'un ranch et la découverte de l'or noir. Il s'adresse à nous à la première personne.
Son fils, Peter nous parle par le biais de son journal intime. Il ne supporte pas l'autorité de son père et ne suivra pas sa voie. On retrace avec lui la révolution mexicaine. Ce sont surtout la terre et les rapports humains qui sont mis en avant durant cette révolte. Il fera un choix qui bouleversera sa vie.
Arrive ensuite Jeanne-Anne, l'arrière-petite-fille d'Eli qui nous est racontée par quelqu'un d'extérieur. Un caractère bien trempé, rebelle, plus proche de l'esprit d'Eli. Elle est l'héritière à la tête d'un empire mais à quel prix ? C'est le personnage qui m'a le moins passionné dans la première partie du récit.
C'est donc l'histoire du Texas qui nous est retracée ; de la conquête de l'ouest, de la colonisation des terres indiennes par les blancs, l'extinction des indiens, de l'implantation des plantations, des ranchs, la guerre de sécession et le révolution mexicaine en passant par la découverte de l'or noir, son développement, l'évolution des marchés pétroliers, l'internalisation, l'obligation de se diversifier... Une multitude de sujets qui reflète l'évolution des mentalités de la société civile texane. Aussi le regard de l'autre sur la différence et le racisme vis-à-vis des mexicains et noirs (sur toile de guerre de sécession).
Une jolie saga. J'ai eu du mal au départ mais je ne suis pas une référence en littérature américaine, je sais que je dois persévérer car c'est lent, trop lent pour moi mais je suis heureuse de m'être accrochée car la lecture en vaut vraiment la peine.
Je regrette juste d'avoir eu du mal au départ malgré l'arbre généalogique à situer les personnages dans le temps. La construction du récit passe tour à tour par chaque personnage, d'une époque à l'autre, de chapitre en chapitre. J'ai même eu envie un moment de lire l'histoire de chaque personnage de façon séparée. Mais à partir d'un bon tiers, les pièces du puzzle s'assemblent. La nature est les paysages sont juste magnifiques.
L'écriture est fluide, le récit très intéressant. Sans être un coup de coeur j'ai passé un bon moment.
Ma note : 7/10
Les avis d'autres jurés : à venir
Les jolies phrases
Le pays était alors aussi riche de vie qu'il est pourri de gens aujourd'hui. Le seul problème, c'était de garder son scalp.
...qu'elle avait compris que c'était elle qui avait raison, que quand les gens s'habituent à avoir de l'argent pour rien, à ne travailler que quand ça leur chante, ils en viennent à trouver le travail dégradant.
Les gens pensaient qu'on devait à Henry Ford d'avoir introduit l'ère automobile. Faux. Avant la voiture, il y avait eu la charrette. Le début de l'ère automobile, c'était le gisement de Spindletop, complété par la tête de forge miraculeuse de Howard Hughes.
Crée quelque chose à partir de rien. L'espérance de vie a doublé; sans pétrole, impossible d'aller à l'hôpital, de fabriquer des médicaments, d'acheminer de la nourriture jusqu'aux magasins, sans parler des tracteurs qui ne quitteraient même pas la grange. Elle puisait dans le sol quelque chose qui ne servait à rien et le ramenait à la surface, à la lumière, où il prenait du sens. C'était une forme de création. C'était toute sa vie.
Le pétrole s'était mis à remonter - voir un puits se construire là où il n'y avait que le désert, voir couler l'or noir après un bon fracking, surtout quand tous les autres avaient renoncé : c'était ça, sa raison de vivre. Tirer quelque chose de rien. Créer. Elle aurait toujours le temps de s'occuper de sa famille.
Papa flaire le changement comme un ivrogne un salon de thé.
Un jeune puma abandonné en pleine nature deviendra un puma parfaitement normal. Mais un enfant qu'on abandonnerait pareillement deviendrait un sauvage méconnaissable, inapte à la vie en société.
Ils croient (les blancs) que si tu ne vois pas ceux que tu voles ou que tu ne les connais pas ou qu'ils ne te ressemblent pas, alors ce n'est pas vraiment du vol.
Les gens biens, il ne leur arrive pas toujours que des choses biens.
Et toi aussi tu vas choisir. Ou bien ils t'aimeront mais ne te respecteront pas, ou bien ils te respecteront mais ne t'aimeront pas.
Quand on voudrait ne pas voir le serpent, ils sont partout, et quand on en cherche un, ils sont introuvables.
Un être humain, une vie - ça méritait à peine qu'on s'y arrête. Les Wisigoths avaient détruits les Romains avant d'être détruits par les Espagnols et les Portugais. Pas besoin de Hitler pour comprendre qu'on n'était pas dans une jolie petite histoire. Et pourtant, elle était là. A respirer, à penser à tout cela. Le sang qui coulait à travers les siècles pouvait bien remplir toutes les rivières et tous les océans, en dépit de l'immense boucherie, la vie demeurait.
J'ai toujours trouvé intéressant que les enfants blancs adoptent si vite les moeurs indiennes alors que les petits indiens élevés par des familles blanches ne s'y font jamais.
Mais si tu veux un avenir, même là-bas il te faudra de l'instruction, si pénible que cela te soit.
Certes, on voulait toujours pour ses enfants une vie meilleure que la sienne. Mais à partir de quand le mieux devenait-il l'ennemi du bien ? Sans incertitude matérielle, les êtres humains s'autodétruiraient. Elle pensa à ses petits-enfants, à tous ceux qui suivraient.
Rejeté par les vagues, un homme reprend connaissance sur une plage. Tétanisé par le froid, le cœur au bord des lèvres, frôlant dangereusement le collapsus. Il ignore où il se trouve et surtout qui il est ; seul affleure à sa conscience un sentiment d’horreur, insaisissable, obscur, terrifiant. Mais si les raisons de sa présence sur cette île sauvage des Hébrides balayée par les vents lui échappent, d’autres les connaissent fort bien. Alors qu’il s’accroche à toutes les informations qui lui permettraient de percer le mystère de sa propre identité, qu’il s’interroge sur l’absence d’objets personnels dans une maison qu’il semble avoir habitée depuis plus d’un an, la certitude d’une menace diffuse ne cesse de l’oppresser. Muni, pour seuls indices, d’une carte de la route du Cercueil qu’empruntaient jadis les insulaires pour enterrer leurs morts, et d’un livre sur les îles Flannan, une petite chaîne d’îlots perdus dans l’océan marquée par la disparition jamais élucidée, un siècle plus tôt, de trois gardiens de phare, il se lance dans une quête aveugle avec un sentiment d’urgence vitale.
Revenant à l’île de Lewis où il a situé sa trilogie écossaise, Peter May nous emporte dans la vertigineuse recherche d’identité d’un homme sans nom et sans passé, que sa mémoire perdue conduit droit vers l’abîme.
Mon avis
Un homme est rejeté par les vagues, tremblant, venant d'échapper à la noyade. Qui est-il ? Que fait-il là ? C'est ce qu'il se demande, il est frappé d'amnésie.
Une dame l'interpelle, c'est sa proprio ; "Monsieur Mac Neal que vous est-il arrivé ? Attendez, je vais vous aider .. C'est grâce à elle qu'il sait comment il se nomme et où il vit. En ouvrant la porte, son chien Bran est heureux de le voir. C'est bizarre, de lui il se souvient..mais rien d'autre ..
Mystère, qui est-il ? Ses voisins viennent prendre un verre, il fait semblant de rien. Il sent qu'il doit être sur la réserve. Il apprend qu'il écrit un livre sur les îles Flannan où au début du siècle des gardiens de phare ont disparu...
Il est bon marin, et veut retourner sur Eilean Mor afin de se souvenir de ce qu'il y faisait régulièrement. Dans une petite chapelle, se mettant à l'abri des intempéries, il découvre un corps sans vie. La peur le transperce, et si il avait tué cette personne ?
Voyageons avec lui au coeur des Hébrides. Des paysages à vous couper le souffle - qui rappelleront à certain(e)s le décor de la trilogie écossaise - essayons de retrouver son identité,
Pas envie de vous en dire plus si ce n'est que l'intrigue est bien construite, le décor est grandiose, magnifique. C'est bien ficelé et efficace.
Et puis surtout, Peter May nous interpelle sur un problème environnemental majeur, une réflexion essentielle pour les génération futures. Un indice : ruche et abeilles. On y parle des lobbys de l'industrie, de politique et d'écologie.
Je vous garantis que dès les premières pages vous serez "scotché" (ben on est en Ecosse tout de même) et que c'est efficace.
J'ai adoré.
Ma note : 9/10
Les jolies phrases
Comme pour tout en ce bas monde, l'argent n'est jamais très éloigné du coeur des choses.
Parfois, quand on le revisite, le passé n'est pas à la hauteur de nos souvenirs.
On dit que chacun de nous n'est que la somme de ses souvenirs. Ce sont eux qui font de nous ce que nous sommes. Efface-les, et il ne te reste que du vide. Comme un ordinateur sans logiciel.
Utiliser de la pellicule voulait aussi dire que l'on prenait moins de photographies, ce qui les rendait d'autant plus précieuses, et c'était agréable de posséder un album avec lequel on pouvait s'asseoir et que l'on posait sur ses genoux pour le feuilleter. Des images que l'on pouvait toucher, presque comme si on touchait les gens eux-mêmes, une connexion directe avec un passé plus heureux.
Sans l'abeille, il n'existe aucun moyen d'alimenter la population humaine et animale de la planète.
Editions Finitude
Roman
2016
13,5 x 20 cm
160 pages
isbn 978-2-36339-063-9
15,50 euros
Présentation de l'éditeur
Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.
Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.
Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.
L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.
L’optimisme des comédies de Capra, allié à la fantaisie de L’Écume des jours.
Prix littéraires
Grand Prix RTL / Lire
Le Roman des étudiants France Culture / Télérama Prix roman France Télévisions
Prix Emmanuel-Roblès
Prix de l’Académie de Bretagne
Pour se mettre dans l'ambiance
Un extrait de la grande librairie
Mon avis
Une petite merveille. Attention objet littéraire particulier. Il m'a fait vivre une palette d'émotions intenses, c'est juste un enchantement. A lire en écoutant la magnifique chanson de Nina Simone "Mr Bojangles" qui continue à me trotter dans la tête.
C'est depuis le début que ce roman m'attirait mais son énorme succès m'avait rendue un peu méfiante, j'avais tort. Ce livre est jubilatoire.
Attention bienvenue dans une famille hors du commun, dans un monde "onirique" et peu moral.
Une famille - où le prénom de la maman change chaque jour -, qui passe ses soirées à danser, boire et faire la fête.
C'est une famille où l'on mange à pas d'heure, où l'on décide tout à coup de partir au château en Espagne. Il y a un tas de courrier non ouvert qui s'accumule comme un matelas de feuilles mortes dans lequel on a envie de se jeter dedans. C'est une famille où l'on se vouvoie, où l'on s'invente des journées extraordinaires... bref une famille vivant hors norme dans laquelle le fils qui nous raconte ici ses souvenirs d'enfance. Il les regarde émerveillé mais il devra faire la part des choses entre ce qu'il vit au quotidien et la réalité de notre monde.
J'ai d'emblée adhéré à cette vie fantasque assimilant rapidement à la lecture le récit à "L'écume des jours" de Vian. Avec du recul, il me fait également penser à l'univers d'Alexandre Jardin...
C'est fluide, c'est l'amour fou et inconditionnel d'un couple. C'est une narration à double voix, celle du fils qui est entraîné dans la vie folle de ses parents qui nous raconte ses souvenirs d'enfance et le regard croisé au travers du journal intime de son père ou mari qui nous fait partager sa passion et le chemin pris qu'il savait dangereux.
Dangereux car dans la seconde partie du récit, tout bascule. Du fantasque, pétillant, de la vie, de l'extravagance, on bascule dans les émotions vers le tragique.
C'est un immense coup de coeur, une histoire magnifique traitant de la folie, de l'amour, s'aimer à la folie, l'envie de jouer le jeu jusqu'au bout, souffler le chaud et le froid.
C'est frais, c'est original, poétique, rempli d'humour, une écriture juste magnifique qui ne laisse en tout cas pas indifférent. Quelle magnifique surprise.
Merci à Julie ma binôme de me l'avoir proposé en LC, vous trouverez son avis et celui de beaucoup d'autres qui se sont joints à nous.
Ma note : ♥♥♥♥♥ Les jolies phrases
Je me suis déjà mariée mille fois avec lui, car voyez-vous, le mariage étant le plus beau jour de la vie, nous avons décidé de nous marier tous les jours, ainsi notre vie est un perpétuel paradis.
Je mentais à l'endroit chez moi et à l'envers à l'école, c'était compliqué pour moi, mais simple pour les autres.
Tout le monde faisait des petits mensonges parce que pour la tranquillité c'était mieux que la vérité, rien que la vérité, toute la vérité.
Je m'étais dit que j'étais moi aussi légèrement frappé de folie et que je ne pouvais décemment pas m'amouracher d'une femme qui l'était totalement, que notre union s'apparenterait à celle d'un unijambiste avec une femme tronc, que cette relation ne pouvait que claudiquer, avancer à tâtons dans d'improbables directions.
Et moi dans ce cirque, j'avais accepté d'endosser le rôle de Monsieur Loyal, d'enfiler une redingote à breloques, de mettre en scène les envies, les concours, les orgies, les fantaisies et, avec ma baguette, tenter de diriger ces folles opérettes.
Tu sais, fiston, Suzon a beaucoup d'imagination, elle joue avec tout, même sa filiation, mais dans l'arbre, ta Maman, ce sont les racines, les feuilles, les branches et le tête en même temps, et nous, nous sommes les jardiniers, nous allons faire en sorte que l'arbre tienne debout et qu'il ne finisse pas déraciné, lui avais-je répondu par une métaphore confuse enroulée dans un enthousiasme forcé, tandis qu'il acceptait dubitativement sa mission sans la comprendre vraiment. L'avis des copines
Au départ le choix de Julie ma binôme pour notre LC. Nous sommes devenues de plus en plus nombreuses à vouloir découvrir cette pépite. Alors voici l'avis des copines.
Fayard
EAN : 9782213701295
Témoignages/Actu
Parution : 30/03/2016
144 pages
Format : 135 x 215 mm
Prix : 12.90 € (France)
Présentation de l'éditeur
Antoine Leiris a perdu sa femme, Hélène Muyal-Leiris, le 13 novembre 2015, assassinée au Bataclan. Accablé par la perte, il n’a qu’une arme : sa plume.
À l’image de la lueur d’espoir et de douceur que fut sa lettre « Vous n’aurez pas ma haine », publiée au lendemain des attentats, il nous raconte ici comment,
malgré tout, la vie doit continuer.
C’est ce quotidien, meurtri mais tendre, entre un père et son fils, qu’il nous offre. Un témoignage bouleversant.
Ancien chroniqueur culturel à France Info et France Bleu, Antoine Leiris est journaliste. Vous n’aurez pas ma haine est son premier livre.
Il nous en parle
Sa lettre
“Vous n’aurez pas ma haine”
Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.
Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.
Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.
Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.
Mon avis
Comme tout le monde j'ai été affectée suite aux attentats de Paris, Bruxelles ou ailleurs. Je suis en colère d'être dans un monde où la folie de certains pousse à commettre l'irréparable et à prendre la vie d'autrui. J'ai la chance de ne pas avoir été touchée de près mais suis comme vous inquiète du monde dans lequel on vit.
Ce genre de récit ne fait pas partie de mes habitudes mais c'est l'émission de Ruquier (voir l'extrait ci-dessous) et une LC suggérée dans le groupe Tic Tac Book qui m'a donné envie de lire ce récit qui comme son titre l'indique ne provoquera pas le sentiment de haine.
Quelle claque, quelle leçon, quel beau message d'amour.
Antoine Leiris a perdu son épouse Hélène le 13 novembre 2015 au Bataclan. Elle vivait pour ce qu'elle aimait la musique et les ambassadeurs de la mort étaient malheureusement sur son chemin. Lâchement assassinée, elle laisse Antoine et Melvil leur fils.
Au lendemain des attentats, la vie doit continuer et il publie via sa page Facebook cette lettre "Vous n'aurez pas ma haine" (voir ci-dessus). Ce livre est nécessaire pour se libérer, pour avancer, il retrace les douze jours les plus atroces de son existence , de l'attentat au lendemain de l'enterrement d'Hélène.
C'est un témoignage d'amour magnifique, pour sa femme et pour son fils Melvil, âgé de 17 mois au moment des faits.
On vit avec lui l'annonce du drame, le mutisme, l'attente atroce. La vie qui continue pour Melvil, les adorables mamans de la crèche, l'heure du bain à deux au lieu de trois, le manque cruel mais surtout le plus beau cet amour magnifique. Hommage pour Hélène et pour expliquer plus tard à Melvil.
La lettre de Melvil à la fin est particulièrement émouvante.
C'est touchant, lumineux car au final c'est l'amour qui triomphe.
Difficile d'en parler, j'ai une boule en travers de la gorge, les larmes au bord des yeux mais la lecture était essentielle car il ne faut pas oublier que l'amour est plus fort que tout.
Je pense très fort à Antoine, Melvil et aux familles touchées par ces drames.
Les jolies phrases
Le sommeil d'un bébé ne s'encombre pas des horreurs du monde.
L'attente est un sentiment qui n'a pas de nom. A l'heure où je lui lis une dernière histoire, elle les porte tous à la fois. Elle est chagrin, espoir, tristesse, soulagement, surprise, effroi
J'avais besoin de m'échapper. Fuir le plus loin possible, ne pas faire demi-tour. Aller au bout de la route pour voir s'il y a un bout, une fin à tout ça.
Ca aurait pu être un chauffard qui oublie de freiner, une tumeur un peu plus maligne que les autres ou une bombe nucléaire, la seule chose qui compte, c'est qu'elle ne soit plus là. Les armes, les balles, la violence, tout ça n'est que le décor de la scène qui se joue réellement, l'absence.
La mort attendait sa mère ce soir-là, eux n'étaient que des ambassadeurs.
Nous étions comme deux petites briques de plastique que les enfants s'amusent à emboîter, faits l'un pour l'autre.
C'est dans nos yeux qu'on lira sa présence, dans notre joie que brûlera sa flamme, dans nos veines que couleront ses larmes.
Il est cette petite cabane que l'on photographie après la catastrophe, celle qui est encore miraculeusement debout alors que tout est en ruine. C'est pas grand chose mais ça tient.
On a toujours l'impression, lorsque l'on regarde quelque chose de loin, que celui qui survit au pire est un héros.
On ne se soigne pas de la mort. On se contente de l'apprivoiser. L'animal est sauvage, ses crocs sont acérés. J'essaie juste de construire une cage pour l'enfermer. Elle est là, juste à côté, attend la bave aux lèvres de me dévorer. Entre elle et moi, des barreaux de papier. Lorsque l'ordinateur s'éteint, la bête est libérée.
Broché: 56 pages
Editeur : Books on Demand Omri Ezrati (27 juin 2013)
Collection : Collection privee
Langue : Français
ISBN-10: 2322032174
ISBN-13: 978-2322032174
Dimensions du produit: 14,8 x 0,3 x 21 cm
Broché 4.90 €
E book 2.49 €
Présentation
Ces 16 nouvelles, différentes les unes des autres, ont pour fil conducteur celui des moments compliqués de la vie vus sous différents angles liés aux affres de l'existence. Aux détracteurs des réseaux sociaux, on peut répondre après cette lecture que tout n'y est pas négatif. En effet, l'auteur y a puisé le sujet de ses nouvelles, courtes et qui reflètent bien la réalité. De belles tranches de vie. A découvrir !
Mon avis
Lu en une heure de route de retour de vacances, j'ai pris plaisir à la lecture de ces nouvelles. Les réseaux sociaux, Facebook, de nouveaux modes de communication qui font partie intégrales de nos existences... tout un programme.
Je n'ai pas rédigé mon billet de suite alors la mémoire s'altère mais je garde un grand plaisir de lecture.
Facebook qui nous rend accro, esclave, qui nous prend tout notre temps. Des contacts, chouette direz-vous mais c'est aussi souvent la solitude, le virtuel n'est pas le monde réel. Peut-on trouver l'amour ? une des autres questions. Il y a bien d'autres choses dans ce recueil , un style, une plume à ne pas louper.
Allary éditions
Roman Graphique
160 pages couleurs
170 X 240 mm |
20,90€
En librairie le 11 juin 2015
EAN : 978-2-37073-054-1
Présentation de l'éditeur
Dans ce second tome, qui couvre la première année d’école en Syrie (1984-1985), il apprend à lire et écrire l’arabe, découvre la famille de son père et, malgré ses cheveux blonds et deux semaines de vacances en France avec sa mère, fait tout pour devenir un vrai petit syrien et plaire à son père.
La vie paysanne et la rudesse de l’école à Ter Maaleh, les courses au marché noir à Homs, les dîners chez le cousin général mégalomane proche du régime, les balades assoiffées dans la cité antique de Palmyre : ce tome 2 nous plonge dans le quotidien hallucinant de la famille Sattouf sous la dictature d’Hafez Al-Assad.
L'auteur
Riad Sattouf est l’auteur de nombreuses bandes dessinées : le best-seller international L’Arabe du futur 1 et 2, traduit en dix-sept langues, Les Cahiers d’Esther, Retour au collège, La Vie secrète des jeunes et Pascal Brutal. Il est l’un des seuls auteurs à avoir gagné à deux reprises le Fauve d’or au festival d’Angoulême (Pascal Brutal 3 en 2010 et L’Arabe du futur en 2015). Il est également cinéaste (Les beaux gosses, César du meilleur premier film ; Jacky au royaume des filles).
Autoportrait
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de cette nouvelle série, Les Cahiers d’Esther ?
Riad Sattouf : Après avoir dessiné pendant 8 ans La Vie secrète des jeunes dans Charlie Hebdo, où je racontais des saynètes observées dans la rue, j’avais besoin de changer d’air, de raconter des choses plus positives. Je n’en pouvais plus de ces histoires déprimantes. J’en voyais de plus en plus d’ailleurs ! Un soir, un couple d’amis est venu dîner à la maison avec leur fille de 10 ans. Elle s’est mise à me raconter des histoires sur ses amies, les jeux dans la cour, les lois de l’attraction entre les élèves, ses groupes préférés, ce qu’elle aime, ce qu’elle déteste, sa vision de notre société… J’avais en face de moi une petite française tout ce qu’il y a de plus normale, et ce qu’elle me racontait m’ouvrait un territoire d’une richesse incroyable ! J’ai tout de suite eu envie d’en faire une bande dessinée. En tant qu’auteur, cela m’apportait énormément d’essayer d’avoir un autre point de vue que le mien sur la jeunesse, celui d’un jeune justement. La jeunesse est un de mes thèmes favoris.
Combien d’albums y aura-t-il en tout ?
RS : J’aimerais suivre Esther jusqu’à ses 18 ans. Cela ferait donc 8 albums. Esther va grandir et changer ! J’ai hâte d’observer les étapes et l’évolution de la construction de sa personnalité.
Pourquoi la jeunesse vous intéresse-t-elle ?
RS : J’aime beaucoup essayer de repérer chez les enfants et les jeunes adolescents, les adultes qu’ils seront plus tard. Leurs comportements, leurs réflexions disent beaucoup sur notre société actuelle et future. Comment leur sont transmises les valeurs morales ? Qu’apprennent-ils et que retiennent-ils de l’histoire ? Que pensent-ils de nous, les adultes ? Comment voient-ils le monde ?
Pourquoi avez-vous tenu à indiquer que les histoires sont inspirées de faits réels ?
RS : Parce qu’elles le sont ! Mon travail part toujours de faits réels. Bien-sûr, je les mets en scène et ne prétend pas les livrer des faits bruts – ce qui d’ailleurs serait impossible – mais je tiens à ce que le lecteur garde dans un coin de sa tête que l’histoire que je raconte a été vécue. Je crois que cela stimule sa capacité d’observation et d’attention au moment où il lâche le livre et retourne dans la vraie vie. Je vois la vraie Esther ou lui téléphone régulièrement et je la laisse me raconter ce qu’elle veut, je lui pose des questions.
La petite fille s’appelle-t-elle vraiment Esther ?
RS : Bien-sûr que non, je tiens à la protéger ! J’ai changé les noms des personnages et des lieux : il est impossible de retrouver quoi que soit.
Que pense-t-elle de la bande dessinée ?
RS : Je dois admettre qu’elle s’en fiche complètement ! Cela ne l’intéresse pas du tout. Elle ne voit pas en quoi ce qu’elle me raconte puisse avoir un intérêt pour qui que ce soit.
Après Charlie Hebdo, vous avez rejoint L’Obs où sont prépubliésLes Cahiers d’Esther. Pourquoi ?
RS : Matthieu Croissandeau, le directeur de L’Obs, m’a proposé de réaliser une page de bande dessinée par semaine pour la nouvelle formule du magazine en Octobre 2014. Je lui ai proposéLes Cahiers d’Esther, et l’idée lui a plu. L’Obs a une grande tradition de la bande dessinée avec Reiser, Bretecher… C’était très émouvant de passer après eux !
La bande dessinée ou le cinéma, que préférez-vous ?
RS : Mon cœur va à la bande dessinée pour la simple raison qu’elle est ma passion la plus ancienne, celle qui m’a tout donné. Elle est comme l’un de mes organes ! Cela paraît un peu pompeux de le dire ainsi, mais c’est comme cela que je le vis.
Qu’a changé pour vous le succès de L’Arabe du futur ?
RS : Hé bien l’ampleur de ce succès m’a surpris, et rendu très heureux, vraiment. L’idée de L’Arabe du futur était de faire une bande dessinée lisible par tout le monde, par les amateurs de bande dessinée, mais aussi et surtout par les gens qui n’en lisent jamais. Les Cahiers d’Esther sont écrits dans la même optique, mais comme un contrepoint à L’Arabe du futur. L’un raconte une jeunesse d’hier au Moyen Orient (la mienne), l’autre raconte une jeunesse d’aujourd’hui en France (celle d’Esther). J’ai hâte de voir les parallèles que vont faire les lecteurs entre ces deux jeunesses.
Lu dans la foulée du premier, on retrouve le petit Riad dans le village syrien de ses grands-parents paternels. Fini l'insouciance, il a six ans et il est temps qu'il se rende à l'école.
Une école où la violence règne car si on ne connaît pas l'hymne national par exemple, hop un gros coup de règle sur les doigts. C'est comme cela à chaque désobéissance, cahier oublié, manque de propreté .... hop un bon coup de règle, à la dure...
Faut dire qu'au départ Riad a peur de l'école, étant blond, il se fait traiter de sale juif, la violence est partout à l'école jusque dans les jeux.
On comprend que la place de l'homme dans la société est primordiale, l'aîné doit veiller sur son frère (si peu présent dans l'histoire). Les femmes n'ont rien à dire et on a envie de secouer Clémentine qui ne se révolte pas de ses conditions de vie difficile (appartement quasi insalubre, pas de confort, pas d'électricité, la place que prend l'Homme...).
Riad commencera également l'apprentissage du Coran et de ses cinq préceptes.
J'ai toujours autant de plaisir à retrouver l'humour de l'auteur et j'ai hâte de lire la suite programmée à la mi-octobre.
Ma note : 8.5/10
Une jolie phrase
Mon père m'a dit que plus on grandit, et plus on comprend. Et qu'à un moment, tout devient clair, et on ne pose plus de question.
Allary éditions
Roman Graphique
160 pages couleurs
170 X 240 mm
20,90€
En librairie le 15 mai 2014
EAN : 978-2370730145
Présentation de l'éditeur
Une enfance dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d’Hafez al-Assad.
Né d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d’abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d’être nommé professeur. Issu d’un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile. En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n’aide pas…), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne traditionnelle. Son père, lui, n’a qu’une idée en tête : que son fils Riad aille à l’école syrienne et devienne un Arabe moderne et éduqué, un Arabe du futur.
L’Arabe du futur a reçu le Grand prix RTL de la bande dessinée 2014, le Prix BD Stas/Ville de Saint-Etienne, 2014, le Fauve d’Or – Prix du Meilleur Album du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2015 et le Los Angeles Times Graphic Novel Prize en 2016.
Riad Sattouf
Riad Sattouf est l’auteur de nombreuses bandes dessinées : le best-seller international L’Arabe du futur 1 et 2, traduit en dix-sept langues, Les Cahiers d’Esther, Retour au collège, La Vie secrète des jeunes et Pascal Brutal. Il est l’un des seuls auteurs à avoir gagné à deux reprises le Fauve d’or au festival d’Angoulême (Pascal Brutal 3 en 2010 et L’Arabe du futur en 2015). Il est également cinéaste (Les beaux gosses, César du meilleur premier film ; Jacky au royaume des filles).
Source Allary éditions
Mon avis
1978-1984
Cela fait un moment que j'avais envie de lire ce roman graphique primé à Angoulême. Il est traduit et publié dans un nombre incroyable de langues et de pays. C'est une petite merveille.
Un roman graphique qui nous raconte les première années de son auteur Riad Sattouf.
Son père Abdel Razaf termine ses études d'histoire à la Sorbonne, là où il rencontre sa femme d'origine bretonne, Clémentine. Ils se marient et en 1980 naît le petit Riad qui suscitera l'admiration et la curiosité de son entourage coiffé d'une abondante chevelure couleur or.
Cherchant à enseigner, il envoie des demandes un peu partout et une demande aboutira en Lybie. Riad a alors deux ans, ils s'envoleront pour le pays du mégalomane Kadhafi. On y découvrira un pays ou la propriété est pour tous, entendez par là que si vous n'êtes pas chez vous, que le bien est libre, alors une famille peut en prendre possession. Sympa non ! On découvrira les pénuries alimentaires, les longues files aux coopératives et surtout l'origine du conflit jusqu'à nos jours.
En 1982, Riad a quatre ans, c'est le temps d'un petit séjour en France avant de repartir pour le pays de son père cette fois, la Syrie. Là, c'est le portrait d'un autre mégalomane et tyran qui s'affiche partout, celui du Président Hafez El Assad! On verra la vie au village (de sa famille paternelle), les conditions de vie et d'hygiène difficiles, l'influence de la religion, la pénurie alimentaire et la place prédominante de la gente masculine.
J'ai apprécié le regard d'un enfant parfois naïf, candide mais aussi rempli d'humour. Pour que le lecteur s'y retrouve, un code couleur est dressé par pays, le bleu pour la France, l'orange pour la Lybie et le rouge pour la Syrie. Un dessin très expressif. c'est instructif mais aussi très ludique.
Le récit est tour à tour drôle, intelligent, anecdotique. J'ai appris énormément de choses et lu le tome 2 dans la foulée.
L'assassin qui parle aux oiseaux L'intégrale Servais
Dupuis
Aire Libre
Dessin et scénario : Servais
Age du lectorat : Ado-adulte - à partir de 12 ans
Album cartonné - 124 pages en couleurs
Hauteur : 302 mm / Largeur : 230 mm
ISBN/Code-barre: 9782800157825
Date de parution : 08/11/2013
Prix : 24.00 EUR
Présentation de l'éditeur
Lorsque le jeune Blaise van Hoppen emménage dans un village de la campagne belge avec sa mère sourde et muette, les habitants lui font immédiatement sentir qu'il n'est pas des leurs. Pauvres, sans mari et père, dotés d'un nom de consonance flamande, la mère et le fils font rapidement figure de parias qu'on tolère tout juste. Rêveur et passionné d'oiseaux, Blaise vit dans son monde, jusqu'au jour où il se retrouve inculpé pour meurtre. Coupable idéal, il voit son existence basculer et les portes de la prison se refermer sur son avenir. Près de quinze ans plus tard, après avoir purgé sa peine, il revient au village, où il possède toujours la maison héritée de sa mère. Stigmatisé par les villageois, il mène une vie solitaire, illuminée par les chants des oiseaux qu'il chérit par-dessus tout. Mais son retour en dérange plus d'un, dont la conscience ne semble pas aussi tranquille qu'elle le devrait.
On retrouve dans ce récit, enfin publié en Intégrale, les grands thèmes chers à Jean-Claude Servais, observateur hors pair des beautés de la nature et des turpitudes de l'âme humaine.
L'auteur
Né le 22 septembre 1956 à Liège, Jean-Claude Servais suit de 1974 à 1976 des études à l'Institut Saint-Luc de Liège en section Arts Graphiques.
En 1975, il voit ses premières planches publiées, sous le pseudonyme de Jicé, dans la rubrique "Carte Blanche" du journal de SPIROU avant qu'il livre trois épisodes des voyages temporels de "Ronny Jackson", scénarisés par Terence et Jean-Marie Brouyère, et deux histoires de "L'Oncle Paul" (signées cette fois Gil Verse et scénarisées par Octave Joly).
En 1977, il se tourne vers l'hebdomadaire TINTIN où il signe une série d'histoires authentiques sur des scénarios de Bom et d'Yves Duval.
Epurant son graphisme, il s'attaque en 1980, à un cycle d'histoires courtes sur le thème de la magie et de la sorcellerie : elles seront reprises dans l'album "La Tchalette" en 1982. Toujours dans TINTIN, il dessine "Isabelle", en 1983.
Le mensuel à SUIVRE lui tend les bras. Avec l'aide du scénariste Gérard Dewamme, il y propose les récits fortement régionalistes de "Tendre Violette", puis "Les Saisons de la vie" au Lombard et "Les Voyages clos" chez Glénat.
En 1989, avec le barde wallon et chanteur Julos Beaucarne, il entreprend une tentative onirique intitulée "L'Appel de Madame La Baronne".
Servais décide ensuite de voler seul, de ses propres ailes, et rode son talent d'auteur complet dans quelques albums sans prolongations : "Iriacynthe" chez Jonas, "L'Almanach" et "La Petite Reine" pour Casterman, "Pour l'amour de Guenièvre" dans JE BOUQUINE, puis chez Helyode..
En 1992, il s'attaque aux deux volets de "Lova", l'histoire d'une fillette élevée par les loups, pour la prestigieuse collection "Aire Libre". Il y reviendra en 1998 avec "Fanchon".
En parallèle, il anime une passionnante série de récits presque complètement authentiques, inspirés de faits-divers historiques, pour sa série "La Mémoire des arbres" dans la collection "Repérages Dupuis".
Ils évoquent des drames humains situés dans la Gaume et les Ardennes belges, une région sauvage et somptueuse qu'il affectionne plus que tout et qui lui vaut son surnom "d'homme des bois" !
Dessinateur réaliste et sensible, dans la tradition des grands graveurs du XIXème siècle, amoureux de la nature, Servais est un merveilleux conteur.
Source ; Dupuis
Mon avis
1980 Torgny, un petit village des Ardennes. Blaise Van Hoppen et sa maman s'installent au village. Elle est sourde, lui "parle" aux oiseaux. Sans père, on le surnomme "Le Roitelet".
Une femme, Alice est assassinée et c'est lui qui sera enfermé. Il purgera sa peine et recevra de façon régulière des petits colis. En 2005, il rentre au village et il n'est pas le bienvenu.
Il installera sa cabane dans un arbre entouré de ses amis les oiseaux, ses seuls compagnons.
Que d'animosité à son égard, mais que s'est-il réellement passé à l'époque ? Blaise est-il coupable ?
Un magnifique récit sur l'hypocrisie des gens, sur une différence, sur une rupture, divers thèmes abordés par Servais. Le graphisme est bien entendu sublime. Ce sont les oiseaux qui sont croqués et mis en évidence. Quel talent , Servais est un observateur de la faune et de la flore ardennaise. Il nous la rend sans pareil, c'est tout simplement superbe.
Très jolie partie documentée comme à chaque fois, comme un journal au fil des saisons, il nous parle des oiseaux et de la fascination de l'homme sur l'art de voler.
Le livre de Poche 33998
Traduit par Yoann Gentric et Laure Manceau
744 pages
Date de parution: 13/01/2016
ISBN: 9782253183532
Prix : 8,60 €
Résumé
Dans un monde postapocalyptique, quelques milliers de survivants vivent dans un silo souterrain de 144 étages. Presque tout y est interdit ou contrôlé, y compris les naissances. Ceux qui enfreignent la loi sont expulsés en dehors du silo, où l’air est toxique. Avant de mourir, ils doivent nettoyer les capteurs qui retransmettent des images brouillées du monde extérieur sur un écran géant. Mais certains commencent à douter de ce qui se passe réellement dehors.
Hugh Howey est un phénomène éditorial mais aussi un auteur qui sait manier les thèmes sociaux, politiques tout en maintenant une tension fictionnelle très forte. Christine Ferniot, Télérama.
Silo est un projet littéraire à l’image de l’habitacle qu’il décrit: simple, mais grouillant et hors norme. Une révélation. Hubert Artus, L’Express.
Mon avis
Lu dans le cadre du prix des lecteurs, je vous avoue qu'au départ ce pavé de 736 pages ne me tentait absolument pas. Je ne suis pas adepte de science-fiction mais je me souvenais d'un avis plus qu'enthousiasmant à l'époque, celui de Plume de Cajou et cela m'a encouragée. Grand bien m'en a pris car quelle belle découverte, j'ai adoré.
J''ai été captivée par le récit dès les premières pages en compagnie du shérif Holston et de la disparition de son épouse trois ans plus tôt. Partons à la découverte de ce monde post-apocalyptique où les gens vivent enfermés dans un immense Silo de cent quarante-quatre étages.
La société est hiérarchisée. Un maire, un shérif et le DIT (je ne vous en dis pas plus sciemment ☺) régissent cette population à l'égale d'une grande ville.
Imaginez ; une grande tour de 144 étages enfouie dans le sol. Au sommet, une vision sur le monde extérieur où l'air est toxique, un grand escalier en colimaçon dans lequel les habitants s'entrecroisent et où les "porteurs" font le lien entre les différentes strates de ce silo. Une société où chacun à son rôle. Des fermes qui produisent des aliments, car ce monde vit en autarcie - produisant du pétrole, le raffinant, et tout en bas, dans le fond se trouvent les mécanos produisant l'énergie. C'est là que nous rencontrerons Jules (la fabuleuse Juliet en fait) qui vous accompagnera durant ce récit.
Je n'en dis pas plus car le récit est très bien construit, on découvre peu à peu les rouages de ce petit monde avec beaucoup de réalisme et beaucoup d'humanité. C'est un monde où tout est sous contrôle, c'est une tombola qui détermine si on a le droit de procréer ou non. La société est autoritaire, hiérarchisée.
Par le passé, il y a déjà eu des révoltes, l'insurrection est crainte.
Et si la vérité était ailleurs, si dehors la vie était malgré tout possible ? Lorsque le doute se sème dans l'esprit, que se passe-t-il ? Il ne faut pas douter ni enfreindre la loi sous peine d'aller voir ce qui se passe dehors, d'être nettoyeur et de ne jamais revenir.....
Une atmosphère pesante, entre Science-Fiction et étude psychologique des comportements humains.
Fiction ou réalité ? La frontière semble parfois mince. Beaucoup de questionnement durant la lecture. Les personnages et les détails sont nombreux et indispensables à la compréhension du récit. Les chapitres courts reviennent régulièrement sur l'évolution et la vision des différents protagonistes. Le rythme est parfait. Le suspense est garanti, la tension est réelle et croissante. L'écriture est fluide et addictive. J'ai vraiment envie de terminer cette trilogie.
C'est un coup de coeur et cela tombe bien car c'est le livre retenu pour le mois d'avril.
Exprimer tout désir à s'en aller. Oui. L'infraction suprême. Tu ne comprends pas pourquoi ? Pourquoi c'est interdit ? Parce que toutes les insurrections sont parties de ce désir, voilà pourquoi ?
Les porteurs étaient comme l'air qu'elle respirait, toujours là, à leur service, suffisamment nécessaires pour être partout et tenus pour acquis. Mais la lassitude de la descente avait complètement ouvert ses sens à leur présence. C'était comme un soudain manque d'oxygène, qui lui faisait prendre conscience de leur valeur.
Ne plus attendre que les choses cassent avant de les réparer, mais les réviser et les consolider tant qu'elles marchent encore.
Mieux valait rejoindre un fantôme qu'être hanté par lui. Mieux valait mourir que vivre ce vide.
...les gens étaient comparables aux machines. Ils disjonctaient. Ils déraillaient. Ils pouvaient vous brûler ou vous mutiler si vous ne faisiez pas attention. Son travail était non seulement de comprendre pourquoi ça se produisait et qui était responsable mais aussi de guetter les signes avant-coureurs. Etre shérif, c'était comme être mécano, cela relevait autant de l'art subtil de la maintenance préventive que de la remise en ordre après une panne.
C'était comme la couleur. On ne peut décrire une nouvelle couleur qu'à partir de nuances déjà vues. On peut mélanger du connu, mais pas créer de l'inconnu à partir de rien.
Quel Dieu créerait tant de pierre au-dessous, tant d'air au-dessus, pour ne placer qu'un misérable silo dans l'entre-deux ?
Notre espoir, ce que nos prédécesseurs ont accompli, ce que le monde peut-être, voilà notre héritage.
Ça signifie qu'on ne peut pas changer ce qui est déjà arrivé, mais qu'on peut avoir une influence sur ce qui se passera ensuite.
Le livre de Poche 34052
552 pages
Date de parution: 09/03/2016
EAN / ISBN: 9782253087434
Prix : 8.60 €
Résumé
Mai 1897. Pendant trois jours, le Tout-Paris se presse à la plus mondaine des ventes de charité. Les regards convergent vers la charismatique duchesse d’Alençon. Au mépris du qu’en-dira-t-on, la princesse de Bavière a accordé le privilège de l’assister à Violaine de Raezal, ravissante veuve à la réputation sulfureuse, et à Constance d’Estingel, qui vient de rompre brutalement ses fiançailles. Dans un monde d’une politesse exquise qui vous assassine sur l’autel des convenances, la bonté de Sophie d’Alençon leur permettra-t-elle d’échapper au scandale ? Mues par un même désir de rédemption, ces trois rebelles verront leurs destins scellés lors de l’incendie du Bazar de la Charité.
Une langue d’une beauté parfaite, veloutée et élégante, des destins peu communs et l’exploration passionnante d’un monde oublié. Une fresque flamboyante. Bernard Babkine, Marie France. Prix du Livre France Bleu / Page des Libraires 2015. L'auteur
Née à Paris en 1973, Gaëlle Nohant vit aujourd’hui à Lyon. La Part des flammes est son deuxième roman après L’Ancre des rêves, 2007 chez Robert Laffont, récompensé par le prix Encre Marine. Elle est également l’auteur d’un document sur le Rugby et d’un recueil de nouvelles, L’homme dérouté.
Paris mai 1897, la Comtesse Violaine de Raezal, jeune veuve veut trouver une place dans le plus grand bazar de Charité qui aura lieu rue Jean-Goujeon durant trois jours. C'est l'endroit où la noblesse aime être vue, il faut absolument en être.
Elle rencontrera la Duchesse Sophie d'Alençon qui n'est autre que la plus jeune soeur de Sissi l'impératrice d'Autriche lors de ses visites dans un sanatorium et sera engagée pour le comptoir n°4.
Elle y rencontrera Constance d'Estingel qui vient de rompre la promesse de mariage avec son fiancé le jeune et fougueux écrivain, journaliste Lazlo de Nérac. En effet, troublée par cette promesse d'amour et de liberté, sous le poids de l'éducation religieuse, elle rompra et se consacrera aux autres, devenir dame patronnesse pour le salut de son âme.
Ces trois femmes vont sceller à jamais leur destin le 4 mai 1897. Il y a une foule énorme cet après-midi car le nonce apostolique doit venir et l'essentiel est d'être là, d'être vu. Le hangar est étroit.
Un appareil cinématographe, nouveauté de l'époque est en démonstration. il est alimenté par de l'éther, matière dangereusement inflammable et le drame arrive. En quelques secondes le bazar est la proie des flammes, c'est horrible, la panique, tout s'embrase. La plume de Gaëlle Nohant est très forte, on a l'impression d'être prisonnier de ce brasier, de ressentir la chaleur, les odeurs, la panique, tout cela semble réel.
Lazlo sera dépêché sur place pour y couvrir l'événement pour la presse. Il est hanté par Constance qu'il sait à l'intérieur.
Ensuite toujours l'horreur, les victimes, les corps carbonisés à reconnaître, les grands-brûlés recueillis entre autres par Madame Du Rancy, les actes de bravoures dont en particulier ceux de Joseph, le chauffeur de la Duchesse d'Alençon.
C'est un récit historique extrêmement bien documenté auquel des personnages fictifs ont été ajoutés. J'ai vraiment eu le sentiment de vivre les événements en direct.
La condition de la femme fin dix-neuvième est un élément central du roman. C'est incroyable de voir comme elle appartenait à son mari qui décidait tout pour elle. Si elle n'avait pas la même vision des choses que celui-ci , ou au moindre écart de conduite, on ne faisait pas dans la dentelle et pour un oui, pour un non on l'internait estimant qu'elle souffrait d'hystérie. Elle était alors livrée, abandonnée corps et âme au médecin, ben oui c'était ça le début de la psychiatrie.
La place de la religion est importante. Le désir de rédemption qui est la finalité absolue passe par le don de soi et l'aide aux pauvres et aux malades.
La place de l'honneur et de ses codes est également mise en avant, c'était le temps des duels.
La plume est élégante, fluide et précise. Quelle minutie et multiples détails et précisions, le récit est magnifiquement documenté. Un récit qui dépeint la société où la place de la femme est réduite à être la possession de son mari, sa chose. Sa seule issue, sa rédemption se trouve dans le don de soi pour les autres. Magnifique, sublime, flamboyant.
Ma note : 9.5/10 c'est le livre qui a été retenu pour le mois de mai par le jury des lecteurs.
Il se remit à tousser de plus belle, vomissant le sirop sanglant de ses poumons avec un visage tordu de souffrance. Toute sa personne se dressait dans une dernière révolte contre le mal qui le consumait. L'envie de vivre s'était réfugiée dans cette rage qui convulsait son corps cachectique et provoquait la toux meurtrière, comme on brave l'ouragan qui va vous emporter.
Dans ce monde, il n'est pas de bonheur possible. Le croire est une illusion.
Violaine se laisse prendre dans le courant, certaine d'aller vers sa mort, fermant les yeux pour les rouvrir avec peine, paupières gonflées par la fumée et la chaleur, les poumons emplis de l'odeur de la chair brûlée, mettant toute son énergie à ne pas tomber, surtout ne pas tomber, tomber c'est mourir, avance, n'aie pas peur -sa peur était si forte qu'elle pouvait la tuer.
S'il était irréel qu'une créature aussi raffinée que l'homme pût frire comme une côte de boeuf, le voir de ses propres yeux, c'était mordre par surprise dans le fruit de l'arbre de la connaissance. Un poison entrait dans la tête et le corps, qui vous changerait à jamais.
Elle avait de la chance d'avoir gardé une chevelure intacte à l'exception de quelques mèches et d'une longue bande brûlée derrière la tempe droite. Les cheveux restaient ce trésor des femmes qui nourrissait la rêverie érotique des hommes, qui serpentait le soir venu au bas de leurs reins, que les peintres habillaient de lumière et les poètes d'assonances luxueuses. Une femme sans cheveux était une hérésie, une magicienne au mécanisme éventré.
Son mariage relevait donc d'une erreur d'aiguillage, il n'en avait été que le passager attendant de descendre en gare.
Vous me sauvez, Mary, quand je suis près de vous je sens les ombres noires de ma mélancolie se dissoudre dans votre vivacité, et votre audace me rappelle un temps où la solitude n'était pas une ennemie mais un infini de liberté.
Les pages 434 à 436 sont magnifiques.
Vous prenez pour de l'amour ce qui n'est que l'emballement de la chair, le péché vous égare.
En la faisant évader, ses anges gardiens avaient brûlé les chemins qui menaient à son passé. Il y avait au fond d'elle un continent perdu distillant une nostalgie puissante qui débordait sur le papier.
Cet amour est une écharde, avait répondu Constance. Quand je crois l'oublier, il se rappelle douloureusement à moi.
Violaine de Raezal se disait que s'il était un bonheur possible sur cette terre, on ne pouvait y accéder qu'en laissant mourir certaines choses en soi. Toutes ces choses lourdes et encombrantes qui étaient un grenier plein d'objets cassés et poussiéreux que l'on osait mettre au rebut, mais qui arrêtaient la lumière.