jeudi 30 avril 2020

La liste alpha - Phil Smans ♥♥♥♥

La liste Alpha  -   Phil Smans ♥♥♥♥


Eaux Troubles
Parution : 16 août 2019
Pages : 363
Isbn : 9782940606344
Prix : 14 €


Présentation de l'éditeur

Un fils de paysan pauvre dans une région isolée au Nord-Ouest du Mexique. Une jeune femme Rwandaise rescapée du génocide des Tutsis. Un jeune bûcheron dans un camp d’abattage au fin fond de la forêt indonésienne. À priori, rien ne semble relier les destinées de ces trois personnes… Et pourtant, il y a un point commun : un logiciel, surpuissant, testé par une société multinationale. Mais les choses ne se passent pas tout-à-fait comme prévu… ce qui amène le patron de l’entreprise informatique à imposer à son chef de projet le gel de l’expérimentation. Un groupe écologiste radical parvient néanmoins à subtiliser le logiciel, et entreprend de l’utiliser afin de parvenir à ses fins : un plan démoniaque se met dorénavant en place. Le jeune chef de projet, Patrick Doyle, est désormais engagé dans une course-poursuite désespérée afin d’éviter un cataclysme planétaire. Devant l’ampleur de la menace, les services secrets du monde entier se mobilisent, mais une responsable du groupe terroriste parvient à se fondre dans la nature, et à relancer son combat fanatique. Le face-à-face avec Patrick Doyle se révèlera impitoyable…


L'auteur

216 – Portrait du jour : Phil Smans, l’auteur de “La liste ...


Phil Smans est ingénieur polytechnicien et détenteur d’un MBA.

Sa carrière a débuté par vingt ans de postes managériaux au sein de plusieurs entreprises multinationales, en Belgique et à l’étranger.

Dans cet environnement empreint de hautes technologies, il a pu commencer à mesurer l’impact que ces dernières pouvaient avoir sur nos vies, ainsi que le degré d’emballement de l’innovation technique.

Il a ensuite participé à un important programme européen d’aide au développement économique des PME de pays situés sur le pourtour méditerranéen.

Animé d’une ferme volonté de rendre simples des choses pouvant paraître compliquées, et s’appuyant sur l’expérience du terrain, il a débuté une carrière académique au sein d’une Ecole de Gestion de réputation internationale, principalement dans les matières stratégiques et financières.

Menant de front activités académiques et de consultance, il s’assure ainsi une prise directe et constante avec l’évolution rapide du monde.

Au cours de ses activités de conseils, il a pu constater la puissance de frappe du « story telling » pour faire passer les messages de manière plus efficace. Prenant le contre-pied de la littérature managériale traditionnelle, il publie alors un ouvrage relatif à un sujet organisationnel technique et ardu, mais contenant plusieurs cas d’études romancés. Le résultat est spectaculaire : édité en trois langues, le livre a été un best-seller dans son domaine.

Mon avis

C'est un premier roman époustouflant, palpitant, un thriller glaçant à la limite de la science fiction. Mais en est-ce vraiment ? Car cela se passe dans notre monde et comme le dit très bien Ian Manool "Le plus terrifiant c'est que ça pourrait être vrai..."

D'une part, Terastar, une société multinationale américaine dans le domaine de l'informatique de pointe.  Une boîte qui manipule le big data et qui a imaginé un logiciel incroyable, surpuissant.
On voyage aux quatre coins du monde : Mexique, Rwanda, Indonésie, Europe à la découverte de personnes ayant toutes un point commun.  Lequel? Mystère !
Le chef de projet est le personnage principal de ce récit, Patrick Doyle, un ancien para-commando irlandais.  Ce projet sera gelé car jugé trop risqué.

D'autre part, un groupe d'activiste écologique "L'arche de Noé" qui a pris conscience que les ressources de notre terre étaient limitées, que la menace de l'extinction de l'espèce humaine était réelle.  Elle a un plan démoniaque et va tout mettre en oeuvre pour y arriver, à commencer par subtiliser le fameux logiciel...

C'est glaçant, surtout dans le contexte actuel mais cela tient tellement bien la route, ce n'est pas si loin de la réalité.
Le récit est super bien construit. De courts chapitres donnent le rythme de lecture.  Beaucoup de dates, de personnages mais rassurez-vous on accroche vite et le récapitulatif des acteurs principaux en début du livre est précieux.

On voyage beaucoup, j'ai apprécié à chaque fois les petits historiques ou anecdoctes locaux.  C'est très bien documenté aussi bien au niveau des descriptions de paysages et d'ambiance que du contenu informel. On sent la passion et la connaissance des sujets évoqués notamment sur les nouvelles technologies.

La collecte des informations par le biais des réseaux sociaux, des cartes de fidélités et autres informations laissées sur le net par les consommateur fait peur. Quelle sera notre vie de demain si celles-ci tombent en de mauvaises mains.  J'ai un peu pensé pour la thématique à "M, le bord de l'abîme" de Bernard Minier que je vous conseille si vous êtes amateur de ce sujet.

L'intrigue est bien menée, elle aborde également l'écologie, les dégâts faits par l'Homme à notre belle planète, les ressources vitales de la terre en danger, le réchauffement climatique, l'exctinction des espèces, la fin des ressources naturelles, la surpopulation.

L'écriture est fluide, addictive, bien documentée.  Un thriller voire roman d'espionnage par moment qui nous démontre qu'il n'y a qu'un pas entre la réalité et la fiction.

C'est passionnant.

A découvrir.

Ma note : 9.5/10


Les jolies phrases

Est-il bon de remettre en question les choses ? Les gens n'aiment guère qu'on bouscule l'ordre établi.

Vous êtes bien pessimiste.  Un pessimiste est un réaliste ayant de l'expérience.

Quand j'explique à une mère que son fils est agité, n'écoute rien, désobéit, elle me répond qu'il est sûrement surdoué, qu'il s'ennuie.  C'est un fait que les enfants précoces s'ennuient, mais on ne peut pas inverser la proposition ; tous les enfants qui s'ennuient ne sont pas précoces...

Nous sommes le produit d'un processus de sélection naturelle dans lequel le hasard tient une place de premier choix.  Ca nous a amenés à un stade où, grâce aux technologies modernes, nous pouvons supprimer ou réduire cette part aléatoire.
Mais ça revient à dénaturer l'humanité, à la replacer par quelque chose d'autre.

Je suis convaincu que l'humanité a le progrès inscrit dans ses gènes et donc que tôt ou tard, ce dernier manifeste sans avoir besoin d'une intervention extérieure.

Les choses semblaient s'éclaircir quelque peu dans son esprit : le sage est celui qui est capable d'habiter le présent comme s'il était l'éternité.

Il n'en reste pas moins que cette question me hante : ai-je artificiellement forcé le cours du destin en utilisant intensivement les réseaux sociaux ?

Le progrès vient de l'humanité entière.  Pas d'une partie d'entre elle.



mercredi 29 avril 2020

Tenir - Lisette Lombé

Tenir   - Lisette Lombé

Bookleg #155 Tenir

Malström Réévolution
Poésie/slam/illustré
Parution : 13/12/2019
Pages : 32
Isbn : 9782875053558
Prix : 3 €

Présentation de l'éditeur



Nomme-toi ! Appelle-toi afroféministe, afrodescendante, afropéenne, afropunk, queer, artiviste... Avec ou sans majuscule, nomme-toi ! Pas dans une case, pas comme une cage mais pour la rage. Rage d’exister. Sortir de l’ombre. Se redresser. Te rendre, les rendre, nous rendre visibles. Sois fière de ton parcours, de ta couleur, de tes origines ! Parle de là où tu es, de qui tu es, de qui tu aspires à être. Sois fière de tout, de tes questionnements, de tes ambivalences, de tes ressacs et de tes erreurs ! Ne t’excuse de rien !

L'auteure





Lisette Lombé est une artiste belgo-­congolaise aux multiples visages. Elle crée des objets poétiques (textes, collages, performances, installations) qui nous font voyager entre l’Europe et l’Afrique. Depuis plusieurs années, elle partage son amour de la poésie en animant des ateliers d’écriture, qui l’ont conduite de la Belgique à l’Irak, en passant par le Congo, le Sénégal et le Maroc. Fondatrice du Collectif L-SLAM, elle a été récompensée en tant que Citoyenne d’Honneur de la Ville de Liège en 2017.


Source : Ker éditions

Je vous invite à écouter une chouette interview  et à vous abonner par la même occasion à La librairie des Makers



Mon avis

Un petit bookleg, un tout petit livret de 32 pages à 3 €, et si je vous en parle c'est parce que son contenu est fort, est beau.  Un joli visuel avec des collages, des textes courts et des photos.

Lisette Lombé nous parle d'une femme noire des années 90.  Un texte fort en hommage à Sémira Adamu.  Le texte est fort, puissant et les collages apportent encore plus de force au sujet.

"Famille" nous parle de l'Homme et de ses dérives du style "Balance ton porc" "#metoo"

Le racisme est un sujet omniprésent, toujours sous l'angle féministe.

Lisette Lombé s'exprime sur la condition de la femme, le racisme et le féminisme mais aussi sur la différence.  J'ai été très touché par le texte "Mon fils est gay"

La langue est franche, elle chante, est poétique, ça claque, ça m'interpelle.

Objet poétique à découvrir.

Ma note : 8.5/10

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lundi 27 avril 2020

A vendre ou à louer - Valentine de le Court ♥♥♥♥♥

A vendre ou à louer                   Valentine de le Court

À vendre ou à louer

Editions Mols
Parution : 17février 2020
Pages : 320
ISBN : 9782874022531
Prix : 20.90 €


Présentation de l'éditeur

Qui n’a pas rêvé de posséder les clefs des plus beaux appartements de Paris pour y vivre sans
attaches ? Jean-Baptiste, agent immobilier, y retrouve ses conquêtes d’un soir et jouit de cette vie nomade et sans accrocs jusqu'au jour où le destin surgit dans l'une de ses garçonnières, sous les traits d’une inconnue agonisante, qu’il sauve in extremis et qui s’évapore aussitôt.

Le monde de Jean-Baptiste déraille alors inexorablement et il se retrouve bientôt pris au piège entre chantages, enlèvements et le charme vénéneux d’une journaliste ambitieuse.

Au cœur d’une conspiration diabolique, il est contraint de retrouver l’inconnue à tout prix pour sauver sa vie, et peut-être celle de beaucoup d’autres.

L’auteur touche ici, dans ce roman à suspense – d'aucuns diront thriller –, à des questions éthiques et de société.

L'auteure nous en parle





Mon avis

C'est déjà le quatrième roman de ma compatriote Valentine de le Court.  C'est un thriller qu'elle nous propose sous la forme d'un roman polyphonique.  Trois personnes témoignent :

- Jean-Baptiste est vendeur dans une agence immobilière, il connaît Paris comme sa poche.  Il papillone et cherche à séduire au gré de soirées animées et alcoolisées une nana qu'il ramènera
au gré de ses envies dans un des biens immobiliers qu'il a en portefeuille.

Il a la belle vie, ses petites combines comme louer de temps à autre pour une journée ou soirée les biens qu'il gère, histoire de se faire de l'argent dans le but de monter sa propre affaire.  Tout va bien pour lui jusqu'au jour où il emmène sa conquête du jour, Alice - une jeune infirmière - au quatrième étage d'un bien rue de Varenne.  Rien ne se passe comme prévu, au lieu d'une nuit d'amour, c'est un cauchemar qui va se poursuivre car une femme, Machinka, agonise dans la baignoire. Il la sauve in-extremis.

Mais un doigt est mis dans l'engrenage, qui est-elle, qui sont les gens à qui il a loué pour la soirée ?  Poursuite, enlèvement, chantage au programme.

- Des chapitres en italique reprennent les propos bien étranges d'une journaliste.  Qui est-elle ? Quel rapport avec tout cela ?  Le milieu politique, la corruption s'invitent dans le roman.

- Et enfin la voix de Machinka qui nous raconte son parcours, elle est traquée, a failli mourir mais pourquoi ?

C'est un thriller et quel thriller que nous propose Valentine de le Court, et je peux vous dire que c'est super bien mené.  Les trois voix se suivent et nous distillent peu à peu des éléments qui vont progressivement s'emboîter comme les pièces d'un puzzle.

Jean-Baptiste et Alice mènent l'enquête, avec une douce maladresse et démèlent petit à petit le fil de cette énigme palpitante.

Bravo Valentine de le Court !  Une fiction qui permet d'aborder des questions éthiques, des problèmes de société autres que le domaine de l'immobilier.

Je ne vous en dis pas plus, à vous de découvrir ce qui est "à vendre ou à louer" .

Une plume efficace, une construction impeccable pour un très bon moment en perspective.

Ma note : ♥♥♥♥♥

Les jolies phrases

Les riches s'offrent en général le luxe de faire attendre les autres.

L'épouse du commerçant couve ses rejetons d'un regard amoureux.  Jean-Baptiste retient ses réflexions.  Il est évident qu'elle ne se rend pas compte de leur laideur.  L'amour d'une mère est-il instinctif? Toutes les femmes aiment-elles leurs enfants sans conditions?

Vous étiez un excellent élément mon ami, vous auriez dû être plus patient.  Il faut mieux cacher ses dents quand elles rayent le parquet.  Le vivier des requins n'accepte pas les simples murènes vous savez.  Il ne fallait pas s'y frotter.

D'ailleurs mon patron l'a avoué, avec l'histoire des dents longues, les jaloux mettent des bâtons dans les roues des génies, c'est un grand classique.  Je suis victime de mon talent.  Pas pour longtemps, je vais me redresser comme un chanteur has been qui revient au-devant de la scène, éblouit ses anciens fans et en conquiert de nouveaux.

Les français sont jaloux de la réussite d'autrui.  Sauf si tu es une star, alors tu peux te comporter comme le dernier des porcs avec ton pognon et tout claquer dans des voitures de luxe ou des yachts tapageurs,  on t'absoudra.

François se cache la vérité, il ne peut l'ignorer, il en a vu tant d'autres, avant lui, se faire limoger telle une maîtresse déchue de Louis XIV.  Banni de la cour.  La révolution n'a rien changé.  Il est difficile d'admettre que la lumière s'est éteinte sur vous.  Il doit rentrer dans sa province, se faire oublier.  Renouer avec ses premiers électeurs, sa famille, revoir ses enfants.  Il se débat comme un homard dans l'eau bouillante, mais la table est dressée, il est au menu du jour et rien ne peut le sauver.

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Une maison bruxelloise




samedi 25 avril 2020

Béatrice - Joris Mertens ♥♥♥♥♥

Béatrice  -  Joris Mertens  ♥♥♥♥♥

Béatrice, un mystérieux cabas rouge

Rue de Sèvres
Parution : 04 mars 2020
Pages : 112
Isbn : 9782810216253
Prix : 19 €

Présentation de l'éditeur

Béatrice est vendeuse au rayon gants d’un grand magasin. Chaque jour elle prend le train pour se rendre au travail. Dans la cohue de la gare, un sac à main rouge attire son attention. Jour après jour, à chaque passage dans la gare, il semble l’attendre. Succombant à sa curiosité dévorante, Béatrice, en emportant l’objet chez elle, ouvre les portes d’un monde nouveau loin de sa routine quotidienne et qui la transporte dans une autre époque. Béatrice pourra-t-elle revivre une autre vie et pour combien de temps ? Le mythe de Faust n’est pas loin.

L'auteur


Né en 1968 en Belgique, Joris Mertens a commencé à travailler pour le cinéma et la télévision en tant que Directeur artistique indépendant, graphiste pour accessoires, photographe et artiste storyboard. Habitué au monde de la narration visuelle, l’essentiel pour lui est de montrer plus que dire les choses. C’est donc tout naturellement qu’en parallèle de son activité, qu’il commence la peinture et le dessin. Les décors urbains et le cinéma sont d’ailleurs une grande source d’inspiration. Béatrice, imaginé à partir d’un vieil album photos trouvé dans une friche, est un projet qu’il a muri pendant des années avant d’oser se lancer. Il s’agit de son premier album. ll vit à Rumst en Belgique.

Mon avis

Magnifique! C'est le premier album de Joris Mertens, un album sans bulles, sans paroles, seuls les dessins superbes nous content l'histoire de Béatrice, la fille au manteau rouge.

Elle travaille aux Galeries "La Brouette" dans le rayon maroquinerie, elle vend des gants, des portefeuilles.  

Chaque matin, elle prend le train dans la cohue sur le quai de la gare, dans les rues de la capitale, son petit livre "Bonjour tristesse" de Sagan avec elle.

Sur le quai, un sac rouge l'intrigue.  Cela fait deux jours que ce sac est là, il semble l'appeler, elle ne résiste pas et plonge dans les souvenirs d'un album photos.  Le temps se suspend, on perd la couleur pour se rendre dans une autre époque.  Elle feuillette l'album et nous emmène à la patinoire, au cinéma Le Métropole, on danse, on prend un apéro "Le Chat" au café Faust, son mythe n'est pas loin...

Les visages sont expressifs, le dessin somptueux, les couleurs ou les grisés à propos.  Un album magnifique à l'ambiance cinématographique, des découpages parfaits.  Les thèmes traités sont la nostalgie, les souvenirs, la solitude, l'oubli.

Immense coup de coeur, j'ai de la chance, je les enchaîne pour le moment.  Bravo à mon compatriote pour ce premier album très abouti.


♥♥♥♥♥






jeudi 23 avril 2020

Lova - Servais ♥

Lova     -   Servais  ♥

Jean-Claude Servais, site Officiel :: Albums BD

Dupuis
Aire Libre
Couleurs : Emile Jadoul
Scénario et déssins : Jean-Claude Servais
Parution : décembre 2011
Pages : 164
Isbn : 9782800155173
Prix : 28.95€


Présentation de l'éditeur


Lova disparaît dans la forêt ardennaise. Huit ans plus tard, elle est retrouvée vivant parmi les loups. Nue, couverte de plaies, sauvage. Commence alors la délicate rééducation de l'enfant-loup. Grâce à Catherine, sa mère, les progrès se font spectaculaires mots retrouvés, bribes de souvenirs, sourires arrachés au néant. Mais, pour ne pas céder à l'appel de ses frères loups, Lova doit lutter de toutes ses forces : un combat terrible, émouvant, et à l'issue incertaine. Lova, un regard neuf et poignant sur le mythe de l'enfant-loup.


Servais - Lova - Intégrale - (Updated) / AvaxHome

L'auteur



Source le site de l'auteur


Né le 22 septembre 1956 à Liège, Jean-Claude Servais suit de 1974 à 1976 des études à l'Institut Saint-Luc de Liège en section Arts Graphiques.

En 1975, il voit ses premières planches publiées, sous le pseudonyme de Jicé, dans la rubrique "Carte Blanche" du journal de SPIROU avant qu'il livre trois épisodes des voyages temporels de "Ronny Jackson", scénarisés par Terence et Jean-Marie Brouyère, et deux histoires de "L'Oncle Paul" (signées cette fois Gil Verse et scénarisées par Octave Joly).

En 1977, il se tourne vers l'hebdomadaire TINTIN où il signe une série d'histoires authentiques sur des scénarios de Bom et d'Yves Duval.

Epurant son graphisme, il s'attaque en 1980, à un cycle d'histoires courtes sur le thème de la magie et de la sorcellerie : elles seront reprises dans l'album "La Tchalette" en 1982. Toujours dans TINTIN, il dessine "Isabelle", en 1983.

Le mensuel à SUIVRE lui tend les bras. Avec l'aide du scénariste Gérard Dewamme, il y propose les récits fortement régionalistes de "Tendre Violette", puis "Les Saisons de la vie" au Lombard et "Les Voyages clos" chez Glénat.

En 1989, avec le barde wallon et chanteur Julos Beaucarne, il entreprend une tentative onirique intitulée "L'Appel de Madame La Baronne".

Servais décide ensuite de voler seul, de ses propres ailes, et rode son talent d'auteur complet dans quelques albums sans prolongations : "Iriacynthe" chez Jonas, "L'Almanach" et "La Petite Reine" pour Casterman, "Pour l'amour de Guenièvre" dans JE BOUQUINE, puis chez Helyode..

En 1992, il s'attaque aux deux volets de "Lova", l'histoire d'une fillette élevée par les loups, pour la prestigieuse collection "Aire Libre". Il y reviendra en 1998 avec "Fanchon".

En parallèle, il anime une passionnante série de récits presque complètement authentiques, inspirés de faits-divers historiques, pour sa série "La Mémoire des arbres" dans la collection "Repérages Dupuis".

Ils évoquent des drames humains situés dans la Gaume et les Ardennes belges, une région sauvage et somptueuse qu'il affectionne plus que tout et qui lui vaut son surnom "d'homme des bois" !

Dessinateur réaliste et sensible, dans la tradition des grands graveurs du XIXème siècle, amoureux de la nature, Servais est un merveilleux conteur.


Source : éditions Dupuis


Mon avis

Servais est passionné de la nature et de ses Ardennes profondes.

Dans cet album, il nous parle du loup disparu dans nos régions depuis plus d'un siècle.  Le loup si proche de l'Homme, son rival.  C'est ce qui fit sans doute toutes ces peurs et légendes.

"Le Chaperon Rouge" de Perrault qui parlait bien plus de l'Home que du loup.

Servais nous livre ici un album agnifique paru originellement en 2000.  La couleur fait son apparition avec la complicité d'Emile Jadoul.

Le réalisme et le fantastique se croisent ici s'inspirant de l'histoire dans les années 20 d'Amala et Kamala en Inde, "les enfants loup".

L'album au départ en deux parties a été réédité en un gros albu.

La première partie fait surtout place à la nature et les dessins de loups sont juste magnifiques, d'un réalisme incroyable.

Lova a 3 ans le jour où son père Guillaume meurt dans un accident de voiture lui laissant un cadeau retrouvé dans sa voiture, une poupée qu'elle nommera Lova Junior.  Deux ans plus tard, Lova a 5 ans, elle se souvient de son père qui lui parlait des loups, symbole protecteur de la famille depuis toujours...  Ce jour là, elle s'éloigne en forêt, se perd et y rencontre un homme à l'allure d'un vagabond, un chercheur d'or.

Andy son demi-frère l'a suivi en forêt et a observé la scène.   Quelques temps plus tard, Lova disparaît en forêt, l'homme des bois sera accusé, il s'enfuit poursuivi et saute trouvant la mort.  Depuis pas de nouvelles de Lova..

Huit années plus tard dans la forêt de erlanvaux, des cadavres de cerf sont retrouvés en hiver, c'est inhabituel, cela sème le doute; des loups seraient-ils de retour ?

J'en ai déjà trop dit, à vous de lire ce magnifique album.

J'ai juste envie de vous dire qu'on parle des loups bien entendus, d'enfant loup, de traumatisme, de mémoire, sociabilisation, rééducation mais aussi de mystère ; qui était l'homme des bois, quel est le rôle d'Andy ?

Qui est le plus animal ?  L'Homme ou les loups ?

Un album agnifique.  Un trait précis. Une nature omniprésente sublime.

Servais est pour moi le plus grand dessinateur de la nature et de ses animaux.  Je vous le recommande chaleureusement.


Ma note :  ♥♥♥♥♥

Du même auteur j'ai lu

Je suis fan de Servais , je commence à avoir lu pas mal d'album, je vous recommande de faire un tour par ici pour avoir accès aux livres chroniqués dont voici la liste :


SERVAIS : L'assassin qui parle aux oiseaux
SERVAIS : Orval
SERVAIS : Tendre Violette 1. Julien
SERVAIS : Tendre Violette 2. et 3 La cochette et Malmaison

SERVAIS : Tendre Violette 4 et 5 L'alsacien et Lucye
SERVAIS : Tendre Violette 6 et 7 Les enfants de la citadelle
SERVAIS : Le jardin des glaces
SERVAIS : Fanchon

SERVAIS : Les chemins de Compostelle
SERVAIS : Les chemins de Compostelle Tome 2
SERVAIS : Les chemins de Compostelle Tome 3
SERVAIS : Les chemins de Compostelle Tome 4
SERVAIS : Le chalet bleu
SERVAIS : La lettre froissée
SERVAIS : Le fils de l'ours






mercredi 22 avril 2020

Brasiers - Marie-Pierre Jadin ♥♥♥

Brasiers            -      Marie-Pierre Jadin   ♥♥♥



Ker éditions
Parution : mars 2020
Pages : 154
Isbn : 9782875862686
Prix : 18 €

Présentation de l'éditeur


Dans une vieille ferme ardennaise, le corps d’un homme est retrouvé emmuré. Fraîchement débarqué de Bruxelles, un jeune inspecteur est chargé de l’enquête. Avec l’aide de la propriétaire de la maison, il assemble les pièces d’un puzzle qui les mènera de Bastogne à Berlin, des heures sombres de la Bataille des Ardennes aux ombres du Rideau de fer.

Une enquête passionnante qui nous plonge au cœur sombre de l’Ardenne. Entre La Trêve et Le Retour à la terre
Anthony Rey (Producteur de La Trêve)

Douceur et nostalgie : maîtres mots de ce polar rural made in Belgium. Un bel hommage à une région et à son passé.
Michel Dufranne, RTBF

Un roman à hauteur d’hommes et de femmes. Ancré dans la terre et les sentiments. Qui nous touche bien plus que les extravagances et les monstres…
Patrick Delperdange

Ce roman est lauréat du prix Fintro Écritures Noires 2019

L'auteure

Marie-Pierre Jadin


Née en 1966, Marie-Pierre Jadin enseigne le français langue étrangère. Engagée pour une justice sociale, elle s’inscrit dans la transition écologique et la simplicité volontaire. Son cœur se trouve dans les Ardennes où elle passe, depuis l’adolescence, des étés mémorables.

Mon avis

C'est un premier roman, lauréat du prix "Ecritures Noires" de Fintro , et quel roman !
J'étais scotchée.

Marie-Pierre Jadin nous emmène dans nos Ardennes Belges pour un polar rural très réussi.

Octobre 2009

- Luc Delcourt a 26 ans, il vient de terminer ses études de criminologie et est engagé comme inspecteur à Bastogne.  Il quitte donc sa famille bruxelloise qui mal-à-l'aise lui dit qu'elle ne pourra lui rendre visite là-bas car c'est trop douloureux - c'est dans cette région que sa soeur a perdu la vie il y a 22 ans.  Luc ne se souvient plus trop des circonstances.  Il s'installe à Bastogne, on lui confie deux enquêtes : le vol d'un tracteur et découvrir l'identité d'un corps retrouvé il y a quelques mois dans une maison à quinze kilomètres de Bastogne. Un cadavre victime d'un assassinat fin des années 80.

- Cécile et Antonio ont acheté une maison à Sainte Ode, ils y ont emménagé avec leur fils Noé âgé de six ans.  Enfin, ils étaient tous là lorsqu'a eu lieu la découverte de ce corps dans une niche d'un mur porteur de la maison. Cécile est une ancienne journaliste qui fait des traductions pour vivre.  Elle doute sur son compagnon Antonio qui est parti depuis plus de cinq mois à Berlin.  Elle a trouvé des articles et documents dans une caisse venant de leur déménagement récupéré dans l'ancien appartement et veut comprendre pourquoi ils se sont installés dans cette maison.

Luc va enquêter, Cécile de son côté aussi, ensemble ils vont essayer de découvrir l'identité et l'histoire de ce corps retrouvé.

Ce sont de courts chapitres qui décrivent alternativement la vie de Luc et celle de Cécile s'exprimant pour sa part à la première personne.

On part à la découverte de la région, de son histoire en mettant un pied dans la grande Histoire, celle de la Bataille des Ardennes et du rideau de fer.

L'écriture est très agréable, fluide.  C'est très bien construit. On aurait aimé y rester plus longtemps.  Une belle enquête, une plume addictive à suivre qui sait avec nostalgie nous faire part du passé.  Elle nous décrit magnifiquement les terres et la région.

Un très bon moment.

Ma note : ♥♥♥♥

Les jolies phrases

C'est surprenant, le nombre de choses dont on peut se passer quand on n'est pas sans cesse sollicité par la société de consommation.

Que sait-on des gens avec qui l'on vit ? C'est l'éternelle question que l'on n'a pas le courage de se poser tant que tout va bien, tant qu'on a l'impression d'être faits l'un pour l'autre.

J'ai l'impression qu'à l'instar de Tintin dans "L'île noire" j'ai déterré un fil, et que je n'ai plus qu'à tirer doucement dessus pour arriver à une solution.  Mais laquelle ?

Il se fit la réflexion que lorsqu'on connaît bien les gens, ceux-ci ne peuvent pas vraiment cacher leurs sentiments.  Ils transparaissent dans leur intonation, leurs gestes, leur posture, leur tenue.

Ce serait un peu comme un puzzle, dont on aurait chacun des morceaux, selon vous ? Et ensuite, il faudrait les assembler pour former une image cohérente.
Une fresque plutôt.  Avec des personnages qui n'ont peut-être aucun lien aentre eux, mais qui se croisent, dans l'espace ou dans le temps.  Et en arrière-plan, sans doute, cette maison, point de départ et aboutissement.



mardi 21 avril 2020

Le bon coupable - Armel Job ♥♥♥♥♥

Le bon coupable -  Armel Job

Le bon coupable

Robert Laffont
Parution : 14/02/2013
Pages : 306
Isbn : 9782221134290
Prix : 19.50 €

L'auteur

Armel Job (auteur de Tu ne jugeras point) - Babelio



Nationalité : Belgique
Né(e) à : Heyd , le 24/06/1948
Biographie :

Armel Job est un écrivain belge de langue française.

Après ses études, il est engagé comme professeur de latin et de grec au séminaire de Bastogne. Il y enseigne pendant vingt-trois ans et en 1993, il en devient le directeur.
Durant ses années de professorat, Armel Job publie à plusieurs reprises des articles spécialisés dans les Revues de l’enseignement catholique belge et poursuit des travaux de traduction du latin et du grec.

Armel Job a reçu le prix du jury Giono en 2005 pour "Les Fausses Innocences", un roman qui se déroule dans la partie germanophone de la Belgique.

Armel Job a reçu le Prix de la Personnalité Richelieu 2007. Ce prix, attribué par l'ensemble des clubs belges et luxembourgeois du Richelieu international, récompense une personnalité pour sa contribution à la promotion de la langue et de la culture françaises.

En 2011, il reçoit les deux prix en jeu, le Prix des délégués et le Prix des lycéens pour son roman paru en 2009 "Tu ne jugeras point." Il est ainsi, avec Bernard Tirtiaux, l'un des rares auteurs à avoir été primé deux fois par les jeunes lecteurs du Prix des lycéens.



Source : Babelio


Présentation de l'éditeur

Un dimanche d’été à l’heure de la messe, un village désert. Un homme en état d’ébriété qui le traverse au volant de sa jeep et s’en va finir sa course dans une rivière, non loin de là. Une Jaguar rutilante qui emprunte le même trajet à vive allure. Un accident sans témoins. Une fillette de dix ans tuée sur le coup. Un coupable tout désigné. Un second suspect potentiel – au-dessus, lui, de tout soupçon.

La soixantaine débonnaire, Carlo Mazure mène une vie de patachon assez misérable. Tout l’inverse de Régis Lagerman, procureur de son état, jeune fonctionnaire ambitieux, promis à un bel avenir. Deux hommes que tout oppose et dont les destins vont pourtant se confondre.

Le bon coupable porte le sceau inimitable de ces contes philosophiques cruels dont Armel Job s’est fait une spécialité. Sur les traces de Mazure et de Lagerman, il nous propose une nouvelle et déconcertante parabole du pharisien et du publicain.

Mon avis

Nous sommes le 17 juillet 1960 dans le village de Malemaison dans les Ardennes Belges.
C'est dimanche et tout est calme, les villageois sont à la messe.  C'est en rentrant de celle-ci que Lisa Knapen  découvre le corps sans vie de la petite Clara Labasse projeté dans la petite ruelle devant chez elle.  L'accident s'est produit entre midi et midi dix.  Clara allait chercher son père Hector à l'atelier.
Il passe peu de voitures sur cette route le dimanche. 


L'enquête commence, il faut un coupable au plus vite, un suspect est trouvé, il est le coupable idéal.

A votre avis : Carlo Mazure à la vie misérable ou un procureur aimant la vitesse ?

C'est au départ d'un malheureux fait divers qu' Armel Job va nous démontrer que les apparences sont souvent trompeuses.  Il va avec brio nous faire découvrir la vie des différents protagonistes, des personnages "vrais", profonds, la véritable nature humaine.

Les personnages sont bien construits, aboutis. Ils nous amènent à nous questionner sur la responsabilité morale de chacun, notre culpabilité.  Armel Job décrit chaque individu en profondeur, leur vie, leur drame, leur souffrance, leur histoire.  Tous sans exception ont des regrets, des remords, des blessures. Personne n'est complètement blanc, ni complètement noir, l'esprit humain reste mystérieux.

Ce roman c'est aussi l'occasion de s'interroger sur la justice, la façon dont elle est rendue, ce qui mène à l'inculpation ; l'intime conviction qui parfois fausse tout.

N'oublions pas que nous sommes dans un village ardennais en bord de l'Aisne, dans les années 60, la guerre et ses blessures sont toujours présents.  L'écriture est sensible décrivant la nature à merveille; celle des lieux et celle des gens.  C'est intelligent, très bien mené, passionnant, de quoi vous garantir un bon moment.

Ma note : 9.5/10


Les jolies phrases

Elle s'était imaginé que le bébé serait un jardin des délices dans son désert. Il n'était qu'un chardon.

Clara raffolait de l'atelier.  "Ca sent bon chez toi", disait-elle.  Les âcres émanations des vernis, des laques lui semblaient plus délicieuses que l'air du parc autour de la maison, où pourtant des peupliers noirs embaumaient.  Il est vrai que le parfum des peupliers colle aux cloisons nasales, pour ainsi dire, alors que l'acrylique y grimpe comme un hérisson de ramoneur et vous remet l'odorat à vif.  Tandis qu'elle furetait ça et là, Hector la voyait remuer les narines comme un lapin.

Que veut l'appareil judiciaire ?  La justice ou le respect des règles de droit ? Si les règles empêchent la justice, il faut mépriser les règles. Une justice qui ne cherche plus la justice, qu'est-ce que c'est encore ?  Une judicature.  Voilà où on est.  Tout cela, bien entendu, est un peu trop fin pour le bec des chicaneurs de prétoire.

Combien d'êtres humains se donnent la peine une seule fois dans leur vie de voir le soleil se lever ?  Le soleil se lève seul.  Tout le monde s'en bat l'oeil.  Un miracle quotidien, ce n'est plus un miracle.

Immédiatement, il avait ressenti avec douleur la pitié que lui inspiraient les femmes trop femmes, condamnées à vivre sans cesse comme des proies.  Elles arrivaient chez les ours, ruisselantes de miel.  Devant elles, les mal léchés se pourléchaient sans vergogne.  Les malheureuses, il aurait voulu les protéger ! C'est de cette façon que lui-même finissait le plus souvent par mettre la patte dessus.

On ne se méfie jamais assez de ceux qui s'offrent pour nous sauver. Après, il faut payer le prix du sauvetage.  C'est cher. Ca prend toute la vie pour rembourser. 

La vie nous file entre les doigts.  On n'a aucune prise.  Il faut seulement tenir sa place et voir venir.

On est tous coupables, d'une façon ou d'une autre.  Chacun doit se débrouiller avec ses propres fautes.  Je ne m'occupe pas de celles des autres.

Le seul fondement de la justice, c'est l'intime conviction.  Ce ne sont ni les faits ni les témoins qui décident, c'est la conscience du juge quand il se retire dans son for intérieur et, qu'en deçà même de sa raison raisonnante, il s'en remet à son intuition la plus profonde.


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La Disparue de l'île MonsinUne drôle de fille



dimanche 19 avril 2020

Protection rapprochée - Lorenzo Cecchi

Protection rapprochée                  Lorenzo Cecchi

Cactus Inébranlable éditions
Parution : février 2020
Pages : 130
ISBN : 9782390490074
Prix : 17 €

Présentation de l'éditeur


Un patelin sinistré et glauque, un demeuré rêve d’une fille frivole. L’affaire finira mal.

Suite à un harcèlement, une enseignante se met à souffrir d’un curieux mal qui l’isole des siens et des autres.

Un manager est licencié par… son employé.

Un avocat accepte un marchandage qui le rendra boiteux à jamais…

Un type va au charbon, littéralement ; avec entrain Carlo creuse son jardin à la recherche d’un filon.

Tels sont quelques-uns des cauchemars issus de l’imagination grouillante de Lorenzo Cecchi.

Ce troisième recueil de nouvelles, comme les précédents, porte sa marque : humour caustique, noir même, mais empli de tendresse pour les bousillés de la vie qui constituent sa galerie de personnages.

Un galopin sérieux, au sourire espiègle se tient derrière ces textes. En observateur bienveillant, il regarde le monde, notre monde qui s’agite et se contorsionne douloureusement sur une piste blonde. Une séance de Dirty Dancing sans fin ?

L'auteur





Lorenzo Cecchi est né à Charleroi en 1952. Agrégé en sociologie il a été animateur de maison de jeunes, promoteur des spectacles au National, administrateur de sociétés, ou encore commissaire d’exposition avant de terminer sa carrière en tant que commercial dans une société de protection incendie. Pendant dix ans, il a également enseigné la philosophie de l’art à l’académie des Beaux-arts de Mons.


Son premier roman, « Nature morte aux papillons » au Castor Astral (2012) a été sélectionné pour le Prix Première de la RTBF, le prix Alain-Fournier, ainsi


que les prix Saga Café et des lecteurs du magazine « Notre Temps ». Il a publié chez ONLIT éditions «Faux Témoignages» et «Petite fleur de Java», respectivement en 2014 et 2015. En 2016 sont parus «Un verger sous les étoiles» aux éditions du CEP et Contes espagnols, un recueil de nouvelles illustrées par le peintre Jean-Marie Molle, au Cactus Inébranlable Editions. Sans oublier le recueil de nouvelles « Le Blues social Club », également au Cactus Inébranlable Editions.


Mon avis

Lorenzo Cecchi nous propose une galerie de personnages bien trempés.  Parfois originaux, cabossés par la vie ou tout simplement bien normaux mais à qui il arrive des choses un peu étranges, décalées.

Je ne suis pas fan du genre "nouvelles", c'est un peu plus compliqué pour moi mais j'avoue que l'humour de Lorenzo, je l'apprécie. Il nous raconte parfois des histoires bien étranges, à la limite de l'absurde mais ne sommes-nous pas le pays du surréalisme ?

J'aime sa façon de nous présenter ses personnages, sa plume acérée, la proximité, l'intime qu'il crée avec ceux-ci.  Les situations sont parfois loufoques mais on ressent l'humain.

- Cela commence fort avec le titre éponyme, Mireille qui fait du rififi en boîte de nuit, un protecteur inattendu pour mieux trouver sa place.

- "Tout me gonfle" m'a vraiment amusée, lorsqu'un parent d'élève harcèle la directrice d'école, à la fin ça la gonfle vraiment !

- "Le licenciement ": c'est un peu l'arroseur arrosé ! Albert Fortier veut engager Philippe Dewitte mais cela ne tourne pas comme cela devrait...

- Il fait l'éloge du travail dans "Des jobs, des jobs, qu'ils disaient"

- Ma préférée est peut-être celle-ci : "Le trou" Lorsque Carmelo vivant dans les Corons se met à creuser pour vouloir trouver un filon !

- Dans "L'avocat marron" être avocat par lâcheté et ne rêver que d'une chose : se retrouver derrière les barreaux !

- "A fréquenter des boiteux, on finit par boiter" : l'amitié peut parfois être sans limite et pousser à accepter beaucoup

- J'ai aussi beaucoup aimé "La veille du jour où tu es né" : la réalité des ravages de l'alcool et l'amitié.

Bref un recueil sur l'être humain, il y a quelque chose de touchant dans chaque nouvelle.  Avec son style bien personnel, un vocabulaire direct, cru parfois, Lorenzo nous propose de découvrir des facettes de l'humain.

J'ai beaucoup apprécié les dessins qui agrémentent chaque nouvelle.  Merci Michel Jamsin, ces croquis sont justes et pertinents et illustrant avec brio chaque nouvelle.

Ma note : 8.5/10

Les jolies phrases

Mais pourquoi ne puis-je m'arrêter ?  Pourquoi ne puis-je à mon tour me résoudre à tuer ce que j'aime et qui m'assujettit ?

Depuis que le monde est monde, l'homme a toujours travaillé et ce n'est pas demain que les choses changeront.  On ne peut pas prétendre à l'oisiveté quand même.  Ce n'est pas moral, merde ! 

Lors d'un voyage en Espagne, un gars, une rencontre fortuite, a dit à Marquez que s'il n'arrivait pas à se passer de cigarettes, c'est parce qu'il avait peur de tuer ce qu'il aimait.

Le vrai pouvoir, c'est ça : disposer de l'autre corps et âme.

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vendredi 17 avril 2020

L'affaire Magritte - Toni Coppers ♥♥♥♥♥

L'affaire Magritte   -  Toni Coppers  ♥♥♥♥♥





Diagonale
Traduction : Charles de Trazegnies
Parution : février 2020
Pages : 360
ISBN : 9782930947013
Prix : 22 €

Présentation de l'éditeur

Toni Coppers livre avec L’Affaire Magritte un palpitant thriller littéraire.

Alors que son héros, l’ex-enquêteur Alex Berger, lutte contre ses démons personnels, une étrange série de meurtres se déroule entre Paris et Bruxelles. Sur les lieux du crime, on retrouve chaque fois ce mystérieux message : Ceci n’est pas un suicide.

Un roman haletant, à suspense, comme ceux auxquels le roi du crime flamand Coppers nous a habitué. Mais cette fois-ci, terriblement émouvant. Comme lecteur, vous sentez la douleur et la tristesse d’Alex Berger pour sa femme décédée. Ça vous coupe l’âme. Un hommage magnifique à Magritte.

Inge Roosen  Libraire à Standaard Boekhandel (Leuven)



L'auteur

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Toni Coppers est né en 1961. Il s’est fait connaître en Flandre grâce à ses romans policiers autour du commissaire Liese Meerhout. Ses derniers livres se sont vendus à plus de 20 000 exemplaires, ont été adaptés sur VTM et ont remporté de nombreux prix tels que le prix Hercule Poirot. Il doit son succès à l’ingéniosité de ses intrigues et la profondeur de ses portraits psychologiques.

Les Amants (Magritte) - a photo on Flickriver

Les amants

Mon avis

C'est à la demande des héritiers de Magritte que Toni Coppers a écrit ce roman policier autour de l'univers de Magritte.  "De zaak Magritte" est sorti en version originale en 2017 et a été nominé au prix Hercule Poirot.  Merci à Diagonale et à Charles de Trazegnies pour cette belle traduction française.

Quel rapport y a t-il entre un meurtre à Bruxelles, un autre à Paris, Alex Berger et John Novak et un petit écriteau façon Magritte mentionnant "Ceci n'est pas un suicide" ?   Bienvenue dans l'univers surréaliste de Magritte et un thriller palpitant mené de main de maître par Toni Coppers.

Nous sommes dans le monde d'aujourd'hui, post attentat de Paris, en 2017.

Alex Berger, notre anti-héros n'est plus que l'ombre de lui-même depuis deux ans, depuis l'attentat du 15 novembre 2015 à Paris.  Il est ravagé depuis que l'amour de sa vie Camille a perdu la vie sur la terrasse du "Carillon" de manière innomable.  Il est rongé de remords car il aurait dû être avec elle ce soir-là mais retenu par une enquête qui a permis de mettre un certain Novak sous les verrous, il n'avait pu en être.  Depuis il est dépressif, alcoolique, il sombre emporté par ses démons et d'horribles cauchemars.

Cependant son ami et collègue, Leroux, devenu commissaire fait appel à lui et souhaite le réintégrer pour une enquête.  Une femme, Cécile Meunier, 81 ans a été retrouvée, malmenée, noyée dans son évier, un petit écriteau à la manière de Magritte indiquant "ceci n'est pas un suicide" , le principal suspect est John Novak.   Alex Berger veut le retrouver à tout prix.

Parallèlement à Paris, un autre décès dans le 10ème arrondissement; une femme, Claire Collinet 66 ans, galiériste est retrouvée noyée dans sa baignoire, le même écriteau à ses côtés.

C'est avec brio que Toni Coppers nous parle du surréalisme, de Magritte, de ses tableaux, des interprétations à donner à ceux-ci.  On connaît tous au moins un des tableaux de Magritte, comment les interpréter ?  Comment les décoder ?  Toni Coppers dans ce roman policier excessivement bien construit nous donne des clés.

Ce thriller est vraiment mené à la perfection, sa construction est parfaite.  Petit à petit notre anti-héros torturé par ses démons va délier les fils, chercher des liens là où en apparence il n'y en a pas pour comprendre.  Résoudra-t-il l'enquête, calmera-t-il sa haine ou ira-t-il au bout de son envie de vengeance ?  Toni Coppers nous décrit merveilleusement bien les émotions humaines.

La vie et la liberté sont des choix, ceux qui guident nos vies, c'est un des enseignements de Magritte, un thème sur lequel méditer.

C'est fluide, bien structuré, efficace.  L'écriture est captive, une très belle découverte à lire d'urgence.

Merci Diagonale d'avoir pris l'initiative de la traduction réalisée par Charles de Trazegnies.

Un excellent moment. Un coup de coeur.

♥♥♥♥♥

La Trahison des Images Prints by Rene Magritte at ...
La trahison des images


Les jolies phrases

Daniel était un quinquagénaire, un ancien prof de langues anciennes qui avait décidé un jour de mettre en pratique les leçons de ses illustres modèles, Nietzsche et Sartre.  Ils affirmaient que s'il est vrai que la vie n'a aucun sens, l'homme, dans cette existence absurde et dénuée de sens, doit utiliser sa liberté pour construire sa propre éthique.

Il trouvait que la tâche d'un peintre était de faire douter de la réalité, de ne pas accepter qu'il n'y ait qu'une seule vérité, si tu veux.  Son art suscite toujours plus de questions qu'il n'apporte de réponses.  Je trouve ça si fort.

Je suis d'avis que le choix, le vrai choix est une illusion.  Tu fais ce que tu dois faire, tu y ajoutes tout au plus quelques ornements et tu appelles ça un vrai choix.

Nous devons simplement vivre.  Créer quelque chose, faire quelque chose, être quelque chose.  C'est ce que je trouve beau chez Magritte ; c'est quelqu'un qui te laisse libre de penser ce que tu veux.  Et pour le reste, nous devons essayer de faire quelque chose de beau avec du laid.  Exactement comme l'a fait Magritte après la mort de sa mère.

L'idée même que quelqu'un puisse assassiner l'un de ses semblables avec préméditation lui avait toujours semblé repoussante.  Elle l'avait fasciné toute sa carrière, dans la mesure où, dès qu'il avait saisi de quel type d'assassin il s'agissait, il s'était focalisé sur sa psychologie.  Il savait depuis longtemps que la grande majorité des malfrats étaient de pauvres types ordinaires qui échouaient à leur grande surprise dans une salle d'interrogatoire, parce qu'ils s'étaient laissé dominer par leurs pulsions.  Colère, envie, jalousie.  L'ego même.  Il faisait de son mieux pour les comprendre et obtenir leurs aveux, et puis c'était à la Justice de jouer. Mais ce petit groupe d'individus qui, de sang-froid, avaient ôté la vie à d'autres, qui avaient planifié leur acte, qui avaient tué un de leurs semblables de manière impitoyablement rationnelle, ceux-là captivaient toujours Berger.  Comment pouvait-on agir de la sorte ?  Quel monstre fallait-il être pour en arriver là?


C'est une peinture, songea-t-il, la peinture d'un oiseau.  J'ignore si l'oiseau traverse les nuages ou si c'est l'inverse, mais cela n'a guère d'importance.  Il est libre.  Quoi qu'il puisse lui arriver, il est libre.





René Magritte, Le retour, 1940, inv. 6667 - © Ch. Herscovici, avec son aimable autorisation c/o SABAM Belgium, MRBAB, Bruxelles / photo : J. Geleyns / Ro scan




jeudi 16 avril 2020

Les fantômes de Théodore - Martine Rouhart ♥♥♥♥♥

Les fantômes de Théodore   -   Martine Rouhart



Murmure des soirs
Parution : mars 2020
Page : 118
ISBN 978-2-930657-60-8
Prix : 16 €

Présentation de l'éditeur

Quels sont ces fantômes qui poussent Théodore à s’absenter du monde, loin des routes agitées, à s’enfermer dans ses pensées ? Personne ne le connaît vraiment. Même pas sa fille Charlie, pourtant si proche, qui partage avec lui tous ses dimanches.
Un beau jour d’été égaré du mois d’avril, elle trouve sa porte close. Sans explication.
Théodore a disparu.

L'auteure

Martine Rouhart

Photo Murmure des Soirs

Martine Rouhart est née à Mons et a mené une carrière de juriste. Donner de la poésie à la vie, voilà ce qui l’a incitée à prendre la plume. Essentiellement romancière, elle publie aussi des nouvelles et des poèmes dans diverses revues. Elle est vice-présidente de l'Association des écrivains belges de langue française.

Dans "Les fantômes de Théodore", son septième roman, nous retrouvons le personnage obscur et lumineux qui avait su toucher bon nombre de lecteurs de "La solitude des étoiles", roman paru chez le même éditeur en 2017.  (mon avis : ici )

Mon avis

Attention pépite ! ♥  Une plume à découvrir absolument, un petit roman magnifique. ♥

Charlie a l'habitude de rendre une visite dominicale à son papa Théodore.  Ils sont complices ces deux-là, sans se dire grand chose, contemplatifs devant la nature depuis toujours.

Avec Paul, le fils aîné, c'est autre chose !, il y a une incommunicabilité qui s'est installée avec son père.  C'était surtout avec sa maman disparue dix ans plus tôt qu'il avait des affinités, des ressemblances.  Il est avocat, terre à terre et ne comprend pas le besoin de rêveries de sa soeur et de son père Théodore.

C'est compliqué entre eux...

Un dimanche comme les autres, Charlie rend sa visite hebdomadaire mais pas de Théodore, la maison est rangée mais vide, Théodore a disparu.   Cela ne lui ressemble pas.

Inquiète, en colère, elle s'interroge. Connait-on vraiment les gens qu'on aime ?  C'est vrai que Théodore ne parle jamais de son passé, a toujours été évasif d'avant la rencontre avec sa mère ?  C'était quoi sa vie avant ? 

Nostalgique, elle repense à son passé et replonge dans ses souvenirs d'enfance attendant qu'il revienne.  

Presqu'une semaine plus tard, Théodore rentre chez lui, les yeux cernés et fatigués.  Il finira par lui expliquer la rencontre avec Kamal, un jeune blessé soudanais sans papier. Il veut l'aider.

"Parfois les choix ne se posent pas, ils s'imposent"

C'est un court roman polyphonique donnant la voix alternativement à Théodore, Charlie et Paul.  Un roman fluide et très bien construit.  Une écriture qui nous tient en haleine, les mots sont pesés, finement choisis, aiguisés.  C'est poétique, tout en douceur, en retenue que Martine Rouhart nous parle au plus près de l'intime et des sentiments.

Un récit qui nous parle de l'incommunicabilité, des souffrances des sans papier, de la honte, de la culpabilité, du poids des secrets, mais aussi de renaissance, de rédemption, de la richesse des rencontres.

C'est un vrai bijou.  Une écriture qui touche en plein coeur.  Il fait écho au roman précédent "La solitude des étoiles" mais il n'est pas obligatoire de l'avoir lu au préalable pour passer un bon moment.

C'est un immense coup de coeur ♥♥♥♥♥

Les jolies phrases

...les relations entre frères et soeurs sont un mystère; que les liens du sang sont ce qu'il y a de plus fort, de plus étroitement tressés, frères et soeurs étant issus du même ventre, autant de morceaux d'un même corps.  Mais ces liens sont aussi bien fragiles.

On écrit notre existence à notre insu, jour après jour on l'éparpille autour de soi.  Aux autres de savoir lire, décrypter les messages.  Après, qu'en reste-t-il ?  Une poignée de riens.  En fin de compte on met toute une vie à remplir des armoires qui seront  plus tard vidées sans état d'âme par les héritiers; une vie entière remisée dans des caisses et des sacs en plastique.

Ce n'est pas parce qu'on ne comprend pas les choses, qu'elles n'existent pas.

Dans la vie on ne recolle rien, après chaque épreuve on devient quelqu'un d'autre à réapprivoiser.  On naît d'innombrables fois, plus vrai, plus dépouillé.

Au fond, quand on se bat contre soi-même, l'on ne fait souvent que s'égratigner.  On va où nos propres lueurs nous mènent, pas beaucoup plus loin.

Ce que l'on appelle hasard, n'est-ce pas l'appel de ce qui n'est pas encore et vers quoi nous marchons?

Le soi qu'on habite est si fragile que l'on clôt parfois portes et fenêtres et puis, un jour, on entrouve le bunker...

Une lueur se dilue au fond de ses yeux et le voilà parti... ne laissant que la fixité de son regard sur l'invisible.  Une marée l'emporte au loin, il faut attendre le ressac.

L'on n'échappe pas facilement à sa propre histoire ; otage de son passé, on l'emmène partout avec soi quand on voudrait s'en éloigner.

La vie est un pas de danse, hésitant, incertain.  Tant de choses peuvent basculer à tout moment d'un côté ou de l'autre.

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