dimanche 30 septembre 2018

Le paradoxe d'Anderson - Pascal Manoukian ♥♥♥♥♥

Le paradoxe d'Anderson     -   Pascal Manoukian



Seuil
Cadre Rouge
Parution : 16/08/2018
Pages : 304
EAN 9782021402438
Prix : 19 €

Présentation de l'éditeur


Plus rien n’est acquis. Plus rien ne protège. Pas même les diplômes.

À 17 ans, Léa ne s’en doute pas encore. À 42 ans, ses parents vont le découvrir. La famille habite dans le nord de l’Oise, où la crise malmène le monde ouvrier. Aline, la mère, travaille dans une fabrique de textile, Christophe, le père, dans une manufacture de bouteilles. Cette année-là, en septembre, coup de tonnerre, les deux usines qui les emploient délocalisent. Ironie du sort, leur fille se prépare à passer le bac, section « économique et social ». Pour protéger Léa et son petit frère, Aline et Christophe vont redoubler d’imagination et faire semblant de vivre comme avant, tout en révisant avec Léa ce qui a fait la grandeur du monde ouvrier et ce qui aujourd’hui le détruit. Comme le paradoxe d’Anderson, par exemple. « C’est quoi, le paradoxe d’Anderson ? » demande Aline. Léa hésite. « Quelque chose qui ne va pas te plaire », prévient-elle. Léon, dit Staline, le grand-père communiste, les avait pourtant alertés : « Les usines ne poussent qu’une fois et n’engraissent que ceux qui les possèdent.»

L'auteur nous en parle




Mon avis


C'est un roman social que nous propose Pascal Manoukian en cette rentrée littéraire.

Direction L'oise, Essaimcourt.

Une famille unie, Christophe et Aline, la quarantaine, deux enfants; Léa 17 ans qui prépare son bac socio-économique, Mathis atteint d'une étrange maladie ( il est fragile et a besoin de soins).

Ils ont acheté à crédit une petite maison. Ils vivent modestement en construisant une belle unité familiale.

Christophe travaille comme contremaître chez Univerre, usine construite sur les anciennes terres agricoles de son enfance - vendues par son père à l'époque pour joindre les deux bouts.

Aline dont tout le village se souvient de Staline - le surnom de son grand-père Léon - est ouvrière dans une usine de textile.

Ils sont heureux mais leur bonheur est précaire. Un rien peut tout faire basculer comme à d'autres, leurs voisins par exemple qui licenciés par sms avaient dû vendre leur maison pour une bouchée de pain.

Léa révise activement pour décrocher son bac. C'est vers elle qu'ils portent tous leurs espoirs, un diplôme pour sortir de cette spirale, lui permettre d'accéder à une autre vie.

Un matin en arrivant au travail chez Wooly, les machines les plus modernes, les plus performantes ont disparu, dont celle d'Aline qui se retrouve sur le carreau. Quelques semaines plus tard, chez Univerre rien ne va plus, on parle de délocalisation et une grève sera entamée. C'est un tsunami social pour Aline et Christophe qui veulent à tout prix faire comme si de rien n'était pour protéger les enfants et permettre à Aline de vivre l'année de son bac sans soucis.

Le décor est planté. Quelle claque !

Une fois encore, Pascal Manoukian me touche, il me bouleverse car quelle empathie dans son écriture. Il trouve les mots justes et nous fait ressentir ce que de nombreux travailleurs vivent ou ont vécus suite à une délocalisation ou fermeture d'entreprise. Comment en quelques regards, la caissière du supermarché peut décrypter qui a reçu sa prime de licenciement par exemple.

Il nous parle du monde ouvrier, de sa précarité, de mondialisation, de délocalisation, de déclassement et fractures sociales. Des dérives du capitalisme, du fossé énorme entre les deux classes sociales, patron et ouvrier. De la course au profit et du prix à payer.

L'écriture est fluide, aiguisée, puissante, juste, acérée. Les mots sont bien choisis, une petite pointe d'humour noir voire de cynisme nous délivre la détresse du monde ouvrier. C'est réaliste, noir, poignant.

On suit un peu comme un journal, mois après mois, la vie de cette famille qui s'enlise peu à peu et essaie de trouver des solutions pour éviter le déclassement social.

Un livre à lire de toute urgence.



Ma note : coup de ♥


Les jolies phrases


Essaimcourt a la beauté de ces arbres presque morts, chaque feuille est un miracle et vient apporter sa tache de vie là où celle-ci a presque disparu.

La terre reste mais les usines partent.

Vous la connaissez cette terre, bon sang ! Vous l'avez travaillée durement. Elle est belle, grasse, généreuse. Ils vont lui arracher les entrailles, la castrer, la rendre stérile, la bétonner. Elle vous a toujours nourris. Les usines, elles, ne poussent qu'une fois et n'engraissent que ceux qui les possèdent.

L'innovation inventait perpétuellement de nouveaux emplois qui en s'imposant, détruisaient les anciens, à terme, le solde entre postes créés et postes supprimés devait devenir positif.

C'est comme ça, à peine fini d'élever ses enfants, il faut déjà s'occuper des parents.

Aline vient de comprendre la mondialisation : c'est lorsque son travail disparaît dans un pays dont on ne connaît rien.

Plus les parents ont peur du déclassement, plus ils poussent leurs enfants à entreprendre des études, mais plus les enfants accumulent les diplômes, moins ils trouvent du travail correspondant à leur niveau.

Vivre sans usines, c'est vivre sans poumons. C'est par là qu'un pays respire, les gars. Sans elles, il s'essouffle, contraint d'être en permanence sous assistance. La désindustralisation, c'est le cancer.

La mémoire est comme un buvard entre deux pages de cahier, elle ne garde que des traces. Des mots sans importance, des moments de rien.

C'est la faiblesse des pauvres et des petits de s'accrocher à l'existence, si médiocre soit-elle. S'il suffisait d'abandonner pour se libérer des souffrances, il n'y aurait pas autant de misère.

Les donneurs d'ordre ne savent même pas qu'ils existent. Ils suppriment des postes, en rajoutent, en transfèrent, en fusionnent, derrière leurs écrans, les yeux rivés sur le SIG, le REX, e EBE, le EBIT. Ce sont les seuls noms qu'ils prononcent dans leur espéranto boursier, les autres n'existent pas, Sandra, Magali, Christophe et Cindy ne rentrent pas dans leurs tableaux Excel, ou alors en soustraction.

Depuis, comme un cyclone, le chômage a déforesté sa vie, plus un de ses arbres ne tient debout, on dirait les montagnes pelées d'Haïti, rien pour arrêter l'érosion, personne, un Sahel affectif.

Du même auteur j'ai lu


Mon avis en cliquant sur la couverture


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samedi 29 septembre 2018

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire.....

Rentrée littéraire, nouveaux partenariats, voici ceux qui ont rejoint ma PAL.  Pas d'achat et pourtant il y en a quelques uns qui me tentent vraiment, comme Adeline Dieudonné, Jean Bofane, Yasmina Khadra, Serge Joncour, Laurent Seksik entre autres ...... il me faudrait vraiment une deuxième ou troisième vie parallèle..

Voici les petits derniers.




En lecture dans le cadre de Masse Critique en collaboration avec Babelio et Albin Michel

L'intelligence du bonheur         P.Z. Reizin

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Albin Michel
Traducteur Sabine Porte
Parution : 26 septembre 2018
Pages : 510
EAN13 : 9782226393159
Prix : 22.90 €

Présentation de l'éditeur

Depuis que Jen s’est fait plaquer par Matt, son (ex) petit-ami, elle passe ses soirées à siroter du Pinot gris dans sa baignoire en écoutant en boucle Lana del Rey. Pour la sortir de sa torpeur sentimentale, Aiden, qui travaille avec elle dans un labo de programmation informatique londonien, s’est juré de lui trouver la perle rare, ou du moins un homme qui la rendrait heureuse… Pari gagné ! Tom, fraîchement divorcé, est en quête d’une nouvelle vie. Même s’il vient de quitter l’Angleterre pour le Connecticut et une carrière d’écrivain, il est fait pour Jen comme elle est faite pour lui !

Mais comment connecter ces deux âmes esseulées ? Aiden a son idée… Sauf qu’Aiden n’est pas un collègue comme les autres, pas plus qu’il n’est l’ami de Tom. Aiden n’est pas un humain. C’est une IA : une intelligence artificielle...

Les algorithmes sont-ils capables de résoudre l’équation de la rencontre amoureuse ? C’est là toute la question de cette délicieuse comédie shakespearienne à l’ère du numérique, drôle et intelligente.


Les matchs de la rentrée Rakuten sont de retour #MDLR2018 , merci à Rakuten , c'est Maylis de Kerangal que je vais découvrir

Un monde à portée de main    -   Maylis de Kerangal


Gallimard - Verticales
Parution le 16/08/2018
Pages : 288
ISBN : 9782072790522
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur


«Paula s’avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume à plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c’est le grain de la peinture qu’elle éprouve. Elle s’approche tout près, regarde : c’est bien une image. Étonnée, elle se tourne vers les boiseries et recommence, recule puis avance, touche, comme si elle jouait à faire disparaître puis à faire revenir l’illusion initiale, progresse le long du mur, de plus en plus troublée tandis qu’elle passe les colonnes de pierre, les arches sculptées, les chapiteaux et les moulures, les stucs, atteint la fenêtre, prête à se pencher au-dehors, certaine qu’un autre monde se tient là, juste derrière, à portée de main, et partout son tâtonnement lui renvoie de la peinture. Une fois parvenue devant la mésange arrêtée sur sa branche, elle s’immobilise, allonge le bras dans l’aube rose, glisse ses doigts entre les plumes de l’oiseau, et tend l’oreille dans le feuillage.»


Merci aux éditions Academia L'harmattan pour cet envoi


Les chroniques du champêtre - Christophe Kauffman

Academia - L'Harmattan
Livres libres
Parution : le 21 septembre 2018
Pages : 192
EAN : 9782806104182
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur

Il y a cent ans, Charles Loesenborgh était garde-champêtre à Soumagne, petit village, posé à l'ombre des bocages. Les temps étaient difficiles, la Grande Guerre durait plus longtemps qu'on ne le pensait. C'est ce quotidien que Charles nous raconte au fil de Chroniques qu'il adresse à son petit-fils. Il y raconte ses amis, Hyacinthe, Fine, l'instituteur, le curé... évoque l'Occupation, le courage, la peur, la faim aussi. Quelques larmes sans doute, mais pas mal de rires également. Il y met son coeur, sa vie. Une vie quotidienne entre 1914 et 1918.

Auteur de plusieurs romans d'anticipations, polars, pièces de théâtre et nouvelles, Christophe Kauffman n'a de cesse de pousser sa littérature dans tous les retranchements. Il considère qu'il est urgent de rendre à la population les mots que les puissants lui dérobent en permanence, ce qu'il tente de faire en tant qu'enseignant, que coordinateur de projets d'intelligence collective et qu'auteur.


Autre réception de la part des éditions La Trace

Simple d'esprit  (Le fada de Bouseyias) -    Jean-Claude Lefebvre



Editions La Trace
Parution : 01/05/2018
Pages : 154
ISBN 9791097515072
Pages : 18 €

Présentation de l'éditeur


Le simple d'esprit avec son sourire figé "TOUJOURS COUNTEN", nous qui le croisons, que savons-nous de lui ? Il nous raconte ses joies, ses peines et ses angoisses, ses amours, ses douleurs dans une époque et un environnement rudes.

Son monde n'est pas tout à fait le nôtre, mais le notre est-il si différent du sien ?

Un premier roman aux Editions Luce Wilquin, elle est montoise, j'ai envie de découvrir 

Le tiers sauvage    d' Alienor Debrocq

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Editions Luce Wilquin
Sméraldine
Parution : 13 septembre 2018
Pages : 320
Isbn : 9782882535528
Prix : 21 €

Présentation de l'éditeur


Pour Clara Clossant, trente ans, née le jour de la catastrophe de Tchernobyl, la vie est trouée de toutes parts. Croyant fermement au pouvoir des histoires, elle est persuadée que si l’on tombe dans le bon trou, celui de la fiction, il se peut qu’on ait une seconde chance, qu’on puisse battre les cartes une nouvelle fois. C’est ce qui lui arrive lorsqu’elle croise la route de Marcus Klein, auteur à succès récemment débarqué de Paris à Bruxelles. Agacée par sa popularité, elle décide de mener son enquête pour en faire un roman. Mais les livres qu’on imagine sont rarement ceux que l’on écrit et, bientôt, l’intrigue se déforme sous ses yeux sans qu’elle puisse contrôler ce qui se glisse dans les inter­stices entre le réel et la fiction.

Née à Mons (Belgique) en 1983, docteure en Art et Histoire, Aliénor Debrocq vit à Bruxelles où elle est journaliste, professeure de littérature et maman de deux petites filles. L’écriture de fiction donne sens à sa vie dès l’adolescence. Depuis 2013, elle a bénéficié de plusieurs bourses et résidences, publié deux recueils de nouvelles aux Éditions Quadrature et reçu le Prix Franz De Wever 2017 de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique.

Merci Sarah de me faire découvrir en collaboration avec Julliard 

Sujet inconnu  -    Loulou Robert

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Julliard
Parution : le 16 août 2018
Pages : 252
Isbn : 9782260032465
Prix : 19 €

Présentation de l'éditeur

J’avais huit ans quand j’ai su que je ne finirais pas mes jours ici. Qu’ici je ne deviendrais personne. Qu’ici je n’aimerais personne. Qu’ici, rien. Je ne ressentirais rien.
J’avais huit ans et j’ai décidé de partir un jour. J’ai choisi de ressentir. J’ai choisi de souffrir. À partir de là, je suis condamnée à cette histoire.

Sujet inconnu, c’est, dans un style brut et très contemporain, l’histoire d’un amour qui tourne mal. Entre jeux de jambes et jeux de mains, l’héroïne de ce roman boxe, court, tombe, se relève, danse, au rythme syncopé de phrases lapidaires et d’onomatopées. Plus la violence gagne le récit, plus on est pris par cette pulsation qui s’accélère au fil des pages. Un roman écrit d’une seule traite, d’un seul souffle, dans l’urgence de gagner le combat, dans l’urgence de vivre, tout simplement.

et pour terminer une parution chez Laffont

Bon à rien        Natalie David-Weill

Bon à rien

Robbert Laffont
Parution le 20 septembre 2018
Pages : 320
EAN : 9782221195758
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur

C’est la rentrée dans cette famille parisienne sans histoires. Après un été boosté aux « cahiers de vacances », Félix, le petit dernier, entre en 6e dans un nouveau collège, et c’est tout l’équilibre familial qui peu à peu va se lézarder. Car Félix, pas rebelle pour un sou mais hermétique à tout progrès, est très très mauvais élève. Cela insupporte Grégoire, le père, pour qui l’excellence scolaire est une évidence qui ne se discute pas. Cela plonge Charlotte, la mère, dans des abîmes d’anxiété aussi usants pour elle que pour les siens. Et cela horripile Louise, la soeur aînée, brillante lycéenne de terminale, furieuse que leurs parents pourrissent ainsi leur existence. Avant même le début du deuxième trimestre, chaque membre de la famille est au bord de la crise de nerfs, et dans cette cacophonie où personne n’arrive plus à se parler, c’est presque Félix, paradoxalement, qui semble le plus zen…


Rythmé par les trois trimestres de l’année scolaire, Bon à rien explore avec une auto dérision salvatrice un sujet source d’insomnies et de zizanie pour de nombreux parents : l’angoisse de voir sa progéniture échouer à l’école et tous les excès auxquels cette angoisse mène. On s’y croirait !

vendredi 28 septembre 2018

Charlotte impératrice - Nury / Bonhomme


Charlotte impératrice

1. La princesse et l'archiduc

Nury- Bonhomme



Dargaud
Parution : 24/08/18
Scénariste : Fabien NURY
Dessinateur : Mathieu Bonhomme
Couleur : Isabelle Merlet
Pages : 72
ISBN / 9782205077834
PRIX / 16.95 €

Présentation de l'éditeur



Élevée par son père Léopold 1erer, Charlotte de Belgique est destinée à faire un glorieux mariage. Pour la jeune femme, le choix s'arrête sur l'archiduc Maximilien d'Autriche, frère cadet de l'empereur François Joseph. Un mariage somptueux vient sceller leur union, qui, disons-le tout de suite, ne sera pas heureuse. Le jeune couple est dépassé par les rivalités dont ils sont le jeu, entre les terribles Habsbourg et le calculateur empereur Napoléon III. Et Maximilien se révèle un homme décevant, à tous points de vue. C'est en faisant face à l'adversité que Charlotte aura finalement l'occasion de quitter les voies d'un chemin tout tracé...





Mon avis

Merci à Babelio et aux éditions Dargaud pour ce beau cadeau.
Voici l'histoire de la fille du roi Léopold 1er de Belgique, née Princesse, un destin tragique.
Charlotte n'a que dix ans au décès de sa mère.  Destinée au futur roi du Portugal, son père lui laissera écouter son coeur et unir son destin à Maximilien de Habsbourg , le frère de l'empereur François Joseph II d'Autriche.

Dans ce premier album nous suivrons son destin jusqu'à l'arrivée au Mexique comme impératrice.

Une sacrée nana que Charlotte, elle sait ce qu'elle veut, pas toujours heureuse avec son Maximilien de mari souvent sans coeur.  Elle est vraiment déterminée.  Un joli premier tome aux couleurs chatoyantes.

Une bd de la rentrée où l'on apprend un peu d'Histoire en s'amusant.  C'est très bien réalisé.  J'ai passé un super moment.

Ma note : 9/10

Une jolie phrase


C'est normal; c'est un cadet, comme moi.  Les aînés ont le pouvoir, les cadets ont de l'humour.





dimanche 23 septembre 2018

Pense aux pierres sous tes pas - Antoine Wauters

Pense aux pierres sous tes pas     -   Antoine Wauters

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Verdier
Collection Jaune
Parution : le 23 oût 2018
Pages : 192
Isbn : 978-2-86432-987-9
Prix : 15 €

Présentation de l'éditeur


Dans un pays dont on ignore le nom, où se succèdent des dictateurs qui tentent de le moderniser, une sœur et son frère jumeau vivent à la ferme de leurs parents, au milieu des plaines.


Marcio travaille aux champs avec le père, un homme violent, tandis que Léonora s’occupe de la maison avec sa mère. Ils ont douze ans à peine et leur complicité semble totale, leurs jeux interdits irrépressibles. Mais un soir, alors que leurs corps se rapprochent doucement dans le fenil, le père surgit et voit se confirmer ce qu’il a toujours suspecté.


Tandis qu’un nouveau coup d’État vient de se produire, les parents décident de séparer les jumeaux. Commence alors un combat long et incertain, celui de la réinvention de soi et de la quête obstinée de liberté.


Véritable hymne à la désobéissance, Pense aux pierres sous tes pas est également un cri d’espoir. Et d’amour fou.

L'auteur

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Antoine Wauters (né en 1981 à Liège) est philosophe de formation. Il a enseigné le français et la philosophie de 2005 à 2008, année où paraissent ses premiers livres, notamment « Debout sur la langue » (Prix Emile Polak de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, 2008). Convaincu que la littérature se transmet, en plus du support livre, par le corps et la voix, il fait régulièrement des lectures de ses textes, notamment à Bruxelles, Paris, Berlin, Beyrouth… Depuis 2010, il travaille également dans le domaine de l’édition et comme scénariste pour le cinéma (« A New Old Story », court-métrage d’Antoine Cuypers, avec le chanteur Arno, récompensé dans de nombreux festivals).
En 2012 et 2013, Césarine de nuit a été plusieurs fois porté sur scène par la comédienne Isabelle Nanty, en compagnie de l’auteur. Son roman "Nos mères" a remporté le Prix Première 2014.

Deux parutions pour la rentrée littéraire 2018  aux éditions Verdier :  Pense aux pierres sous tes pas et  Moi, Marthe et les autres.


Mon avis

C'est une fable contemporaine, un roman d'initiation que nous propose Antoine Wauters avec l'un de ses deux romans de la rentrée, une ode à la liberté et à la résilience.

Nous sommes dans un pays imaginaire où la nature et les grands espaces sont omniprésents.  A la campagne, loin de la ville.  Les conditions de vie sont rudes, harassantes.

Paps et Mams travaillent leur exploitation agricole comme des bêtes de somme, ils se tuent au travail pour payer les taxes et s'en sortir.  Au pouvoir depuis plus de vingt ans : une dictature communiste.

Marcio et Léonora sont jumeaux, ils ont 11 ans au tout début du récit, ils sont eux aussi mis à contribution.  Paps est très dur avec eux, le livraxiu - nerf de boeuf - est souvent utilisé pour les molester s'ils n'écoutent pas.  La violence fait partie de leur quotidien et le manque d'amour est criant, si bien que Marcio et Léonora, jumeaux inséparables, trouvent refuge l'un dans l'autre (au sens propre comme au sens figuré).  Ils sont complices et complémentaires trouvant dans l'autre la part qui leur manque.

L'espace d'une demi-journée, ils échangeront leur rôle.  Léonora partira aux champs avec Paps et Marcio s'habillera en fille pour effectuer les tâches ménagères avec Mams. Malheureusement le subterfuge sera vite découvert.  Pour éviter de sombrer, ils lient leurs âmes et leurs corps , "le monstre chaud qui leur dévore le ventre" les rapproche.  Paps les découvrira l'un dans l'autre et ce sera l'épreuve de la séparation.

Léonora ira vivre chez l'oncle Zio avec Madde sa femme.  Chez eux, loin de la ferme familiale, elle découvrira l'amour qu'elle n'a jamais reçu de ses parents, ce qui creusera encore plus le vide  qu'elle cherchera à combler avec d'autres hommes.

Marcio est désespéré, déchiré sans sa soeur, c'est le vide complet, la violence de Paps sera immense surtout après ses tentatives de la retrouver.  Toujours le travail, la douleur de la séparation, le besoin et l'envie de la retrouver.

L'histoire des jumeaux se fond très vite dans celle du pays où le dictateur en place sera remplacé par un autre en quelque sorte... Le président Bokwangu prendra les rennes du pays, le sortira du communisme pour imposer la voie du capitalisme.  Il rêve d'un pays où fleurissent au détriment de la nature et des grands espaces, des hôtels de luxe, du béton qui dénature les côtes, des usines du régime, les voitures de luxe, les salons de coiffure ....

Il veut créer un besoin, pousser son peuple à consommer, abandonner les campagnes pour créer des villes, des stations balnéaires, faire venir les touristes.   "Le peuple écrasé pourra trouver seul la capacité de trouver le bonheur".

La situation dans les campagnes sera plus compliquée car il faudra produire et produire encore pour survivre, les taxes n'iront qu'en grandissant poussant les gens à quitter la campagne.

Marcio et Léonora devront se construire dans ce contexte et trouver leur identité.

Avec beaucoup d'habilité et une plume magnifique, fluide, visuelle, poétique et lyrique Antoine Wauters passe avec brio d'une chronique familiale vers une vision politique.  Il nous amène à un questionnement sur l'évolution de notre société, à la recherche des limites, des interdits, de la quête de liberté.

Il aborde des thèmes tels que la séparation, la recherche de l'identité par la désobéissance pour Marcio, par le sexe pour Léo, la liberté, le bonheur, le manque d'amour mais aussi la résilience, la capacité à pardonner.

Le texte est puissant, lumineux.  La prose est vive, aérienne.  C'est parfois sombre, désespérant mais toujours l'espoir domine.  Il y a encore tant de choses à dire, un texte qui bouleverse, le mieux à faire, c'est d'être curieux et de la lire.  Je vous le recommande vivement.

Ma note : 9/10


En même temps que ce roman en paraît un autre qui le complète très bien à mon sens, il forme une sorte de diptyque c'est le très très beau Moi, Marthe et les autres, mon billet se trouve en cliquant sur la couverture.




Les jolies phrases

Cultivez votre joie le reste n'a aucune importance.

Vivants, on courait sans arrêt, tout le temps, et comme il n'y avait pas la moindre ville dans le coin, on était vissé sur place.  Mais on vivait, voilà : notre vie s'appelait joie.

Surtout, jumeaux, ne faites pas notre erreur.  N'ayez pas d'enfants !

Allez comprendre ceci : toute notre enfance, on vécut dans un temps hors du temps, où l'espoir enjambait le mal.

La tristesse est un mur élevé entre deux jardins, disait Marcio.  Nous aussi on aura notre jardin, ma soeur.  Nous aussi on y arrivera, à être heureux.

Chronométrer était pour nous une façon non pas de capturer le temps, mais de lui donner du goût : 12 secondes pour descendre à la cave chercher la bière de Paps, 34 pour enfiler notre pyjama, 57 pour nous débarbouiller et filer nous coucher.  Toutes ces choses, qu'il fallait faire, mais qu'on n'adorait pas, c'était grâce à ce chrono dans nos têtes qu'on les accomplissait, parce qu'il plaçait notre vie  dans une sorte de distance et que, tout petits déjà, l'idée d'être nous-mêmes, c'est à dire nous seulement nous terrorisait.

Allez comprendre ça, pour ne pas perdre la tête, il me fallait des coups, il me fallait des claques, il fallait que je crève de douleur.  Impossible de le dire autrement.

Peut-être que je n'aurais jamais dû redouter tout ça ?  Je veux dire, peut-être que ce qu'on doit faire doit être fait en ignorant les conséquences ? Sans trembler ? Sans ciller ? Et que tout se serait passé correctement si j'avais juste tracé ma route ?

Je leur en faisais voir de toutes les couleurs, c'est vrai, mais à l'époque je n'y pensais même pas car c'est toujours après qu'on s'en souvient, après qu'on fait les stèles et les statues et qu'on pardonne aux êtres comme eux, qui détruisent nos vies mais nous sont si chers malgré tout.

Tous les parents attendent qu'on parte, Léo.  C'est pas qu'ils nous aiment pas, mais ils veulent des choses impossibles : nous garder et nous abandonner.  Ça les détruit.  Ils en perdent la tête, se font des trous dans l'estomac ou meurent d'un infarctus dans la cour de leur ferme. 

Non, je crois que la trahison ne laisse pas de traces et que vous pouvez tromper sans que rien ne se lise sur votre visage, tromper sans que personne en sache rien, tromper encore.

Comment se faisait-il que je les aimais encore ?  D'où vient cet attachement pour nos bourreaux ? Quel fil nous relie à eux ?

Et si c'était toi qui l'avais tué, hein ?  je répétais.  Si c'était tes mauvaises actions qui l'avaient détruit ?  Si tout était lié, Léo ? La lâcheté des uns et la détresse des autres ?  Si c'était ça, la vie ?  Blesser les autres par nos écarts, par nos errements, par nos bassesses ?

Il faut être séparé de ses enfants pour les aimer. Tu comprends ?  Plus de carnets de comptes.  Plus de stress. Plus de quotas.  Juste le bleu, le ciel, le vent, les vagues.  On a du temps, fiston.  Or on ne peut pas aimer quand on n'a pas de temps.

Au fait que la vie peut basculer en quelques secondes, parce que tu n'as plus accès aux mots, que la parole est bloquée en toi et qu'il ne te reste que la violence pour appeler à l'aide.

Que le bonheur comme toutes les bonnes choses, se cache.  Mais qu'il est dans chaque pas, chaque minuscule seconde et qu'il suffit parfois de fermer les yeux, simplement, pour le trouver.

Est libre qui se détermine par le soi seul à agir.

Mais dans le fond, rien ne change.  Il n'y a pas de destin, sauf celui de demeurer qui vous avez à être.

Car vous restez aussi avec votre joie.  Dans ce bonheur qui se cache, mais qui est le vôtre depuis toujours.  Ce bonheur, même si on savait bien qu'il ne serait pas entier, on décida de le retrouver.  On en avait ras-le-bol d'attendre du ciel qu'il se déchire.  Alors, on déplaça notre joie où elle aurait sa place.  Où il fallait qu'elle soit.  Où elle pourrait grandir.  Croyez-moi, c'est à peu près la seule chose que vous puissiez faire de votre vie. Cultivez votre joie.  Le reste n'a aucune importance.

Voilà, je me disais : être séparé, c'est être séparé des tas de fois, pendant des mois et des années, jusqu'à ce que le manque en ait assez et vous laisse peu à peu en paix, si c'est possible.

Par où se perdent les visages de ceux qu'on aime ?  Où glissent-ils ?  Reste-t-il quelque chose, à la fin, quand on arrive au bout ? Ou alors c'est le vide et le silence encore ? Le manque.

Votre vie peut avoir mille visages, mille rebonds, vous pouvez naître et mourir tant de fois, naître et mourir encore, l'essentiel ne change pas : vous ne changez pas.  Vous restez celui que vous êtes depuis toujours.  Le petit garçon qui rêvait d'être une fille, ou la petite fille rêvant d'être un garçon.



Du même auteur j'ai lu

Comme toujours mon avis en cliquant sur la couverture.

  



samedi 22 septembre 2018

Une longue impatience - Gaëlle Josse ♥♥♥♥♥

Une longue impatience

Gaëlle Josse

Une longue impatience -

Editions Noir sur Blanc
Notabilia
Parution : 04/01/2018
Pages : 192
ISBN : 978-2-88250-489-0
Prix : 14 €

Présentation de l'éditeur


Ce soir-là, Louis, seize ans, n’est pas rentré à la maison. Anne, sa mère, dans ce village de Bretagne, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, voit sa vie dévorée par l’attente, par l’absence qui questionne la vie du couple et redessine celle de toute la famille.


Chaque jour, aux bords de la folie, aux limites de la douleur, Anne attend le bateau qui lui ramènera son fils. Pour survivre, elle lui écrit la fête insensée qu’elle offrira pour son retour. Telle une tragédie implacable, l’histoire se resserre sur un amour maternel infini.


Avec Une longue impatience, Gaëlle Josse signe un roman d’une grande retenue et d’une humanité rare, et un bouleversant portrait de femme, secrète, généreuse et fière. Anne incarne toutes les mères qui tiennent debout contre vents et marées.
« C’est une nuit interminable. En mer le vent s’est levé, il secoue les volets jusqu’ici, il mugit sous les portes, on croirait entendre une voix humaine, une longue plainte, et je m’efforce de ne pas penser aux vieilles légendes de mer de mon enfance, qui me font encore frémir. Je suis seule, au milieu de la nuit, au milieu du vent. Je devine que désormais, ce sera chaque jour tempête. »


Prix du Public du Salon du livre de Genève 2018

Rencontre avec Gaëlle Josse






Mon avis

Je termine avec beaucoup d'émotion le dernier roman de Gaëlle Josse, lisez-le il est sublime.

Nous sommes en Bretagne dans les années 50.  Louis 16 ans, le fils d'Anne a disparu.  Faut dire que les coups de ceinturon d'Etienne, son beau-père et les mots qui blessent bien plus encore y sont en grande partie responsables.

Etienne lui avait promis de le mettre en pension après l'avoir frappé très fort avec son ceinturon.  Anne était arrivée juste à temps pour les séparer..  Mais Louis est donc parti en mer, celle qui l'attire depuis toujours.

Anne est donc confrontée à son chagrin, l'attente du retour de son fils.  Elle est perdue entre l'amour d'Etienne son second mari, Gabriel et Jeanne ses deux autres enfants.  Elle avait cru bien faire, elle la veuve Le Floch, quittant son milieu pauvre pour entrer dans le monde d'Etienne le pharmacien, celui qui fou d'amour pour elle depuis toujours lui proposait de devenir sa femme.  L'occasion pour Louis pensait-elle d'être bien, de ne plus manquer de rien, de ne plus être seul avec l'arrivée de Jeanne et Gabriel.

 Oui, mais voilà, le coeur d'Etienne était peut-être un peu trop étroit.  La violence avait commencé et aujourd'hui, Louis est parti.

Elle est blessée, meurtrie, tiraillée entre l'amour qu'elle porte à son fils mais aussi à Etienne qui comprend l'ampleur du drame suite à son attitude.

Gaëlle Josse nous décrit magnifiquement avec beaucoup de douceur, la sensibilité et l'amour d'Etienne pour sa femme, mais surtout l'amour énorme d'une mère pour son fils.

Une prose qui frappe en plein coeur, on ressent les mots au plus profond de soi même.  On ressent l'attente de cette mère, ses indicibles souffrances.

C'est poignant, tout en retenue, magnifique.

Un roman magnifique à lire absolument.

Ma note  : un gros coup de coeur

Les jolies phrases

Depuis, Louis avance dans cette zone incertaine, entre le rejet et l'espoir, entre la défiance et une terrible envie d'être aimé.

Il ne comprend pas que la main tendue devienne griffe ou serre, sans raison.

Il est plus terrible de se voir retirer une affection pleine de promesses que de ne l'avoir jamais connue.

Son absence est ma seule certitude, c'est un vide, un creux sur lequel il faudrait s'appuyer, mais c'est impossible, on ne peut que sombrer, dans un creux, dans un vide.

On n'en veut pas à ceux qui n'ont rien à donner, mais comment supporter de se voir privé de ce qui a été un jour offert ?

Tout ce que je veux, c'est que Louis rentre.  Je voudrais retrouver notre unité première, rompue à la naissance, l'oeuf primordial, à nouveau.  Réparé, retrouvé, intact, le temps obscur et doux de l'inséparé.  J'attends que mon fils me redonne vie, qu'il me fasse renaître, me réveille, me ressuscite. Alors nous serons quittes.

Je suis seule, face à l'immense de l'océan, face à l'immense de mon amour absent, face à l'océan vide, face au trop-plein de mon coeur.  Je marche, et je cherche ma place dans ma propre histoire.

A ce moment-là, je ne peux savoir ce qu'il pense, peut-être se dit-il, qu'aimer c'est aussi aider l'autre à porter le poids qui l'empêche de vivre.

Du même auteur j'ai lu

Mon avis en cliquant sur la couverture

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mercredi 19 septembre 2018

Le prince à la petite tasse - Emilie de Turckeim ♥♥♥♥♥

Le prince à la petite tasse  -  Emilie de Turckeim

Le Prince à la petite tasse

Calmann Levy
Parution : 16/08/2018
Pages : 216
EAN : 9782702158975
Prix : 17.00 €

Présentation de l'éditeur

Un jour, j’ai dit : « Ils sont des milliers à dormir dehors. Quelqu’un pourrait habiter chez nous, peut-être ? » Et Fabrice a dit : « Oui, il faudra juste acheter un lit. » Et notre fils Marius a dit : « Faudra apprendre sa langue avant qu’il arrive. » Et son petit frère Noé a ajouté : « Faudra surtout lui apprendre à jouer aux cartes, parce qu’on adore jouer aux cartes, nous ! »

Pendant neuf mois, Émilie, Fabrice et leurs deux enfants ont accueilli dans leur appartement parisien Reza, un jeune Afghan qui a fui son pays en guerre à l’âge de douze ans. Ce journal lumineux retrace la formidable aventure de ces mois passés à se découvrir et à retrouver ce qu’on avait égaré en chemin : l’espoir et la fraternité.

L'auteure

Emilie de Turckheim


Nationalité : France
Né(e) à : Lyon , le 05/10/1980
Biographie :

Emilie de Turckheim vit et écrit à Paris. Elle publie à vingt-quatre ans Les Amants terrestres.

Étudiante en doctorat de sociologie à Sciences Po, elle est visiteur de prison à la maison d’arrêt de Fresnes et modèle vivant pour des artistes peintres et sculpteurs.

Son expérience de visiteur à la prison de Fresnes lui inspire en 2008 "Les Pendus".

En 2009, elle reçoit le prix de la Vocation pour "Chute Libre", son deuxième roman et le prix Bel Ami 2012 pour "Héloïse est chauve".

Elle est modèle vivant pour des peintres et des sculpteurs, une expérience qu’elle relate dans "La Femme à modeler", paru en 2012.

En 2013, elle publie "Jules et César" et "Mamie Antoinette" aux éditions Naïve.

Elle reçoit le prix Roger Nimier pour "La disparition du nombril" (2014). "Popcorn Melody" est son huitième roman paru en 2015 aux éditions Héloïse d'Ormesson.


Source : Babelio


Mon avis

C'est un récit de vie, un partage avec nous lecteurs d'une expérience de vie magnifique qui nous est proposé.

Emilie de Turckeim, Fabrice son mari et leurs deux enfants Marius et Noé ont accueilli le temps d'une grossesse, un jeune afghan de 21 ans; Reza, le tout encadré par le Samu Social.

Bravo pour le geste, une expérience enrichissante qui ouvre l'esprit et crée des liens, modifie le regard envers l'autre.  Merci de la partager avec nous dans ce très joli livre.

Dans un petit appartement parisien, la famille libère une chambre pour Reza qui souhaitera qu'on l'appelle Daniel ensuite.  Sous l'encadrement du Samu Social, l'idée étant de lui permettre de s'intégrer, de réussir son insertion dans notre société.  Reza vient d'obtenir ses papiers , il travaille dans une crèche où il fait des ménages.  Il est par ailleurs très maniaque, aime l'ordre, la propreté, cela n'a pas dû être simple pour lui dans la rue.

Reza va devoir vaincre ses PEURS constantes, l'uniforme par exemple, ou être renvoyé dans son pays.  On apprendra petit à petit son histoire.  Depuis qu'il a quitté son pays l'Afghanistan, dix ans se sont écoulés.  Il peut enfin se poser, prendre un nouveau départ et se reconstruire.

Ce n'est pas son histoire, ni son périple qui sont mis en avant mais plutôt ce qui se passe aujourd'hui , comment s'intégrer, prendre confiance dans un pays, dans une culture et une langue si différente de la sienne.

Peurs à vaincre donc, CONFIANCE à trouver, ou celle qui lui est donnée pour qu'il se sente bien chez Emilie et les siens.

Emilie et sa famille sont très attentifs à ne pas le choquer, à ne pas commettre d'impairs, à faire en sorte qu'il se sente vraiment bien, chez lui. 

Il est discret Reza, il ne veut pas faire de bruit, toujours en train de nettoyer mais comment a-t-il fait pour vivre dans la rue...

Reza s'oublie souvent au profit des autres, il est généreux, plutôt que d'économiser pour demain, il préfère acheter de la nourriture ou des tentes pour ceux qui vivent dans la rue. Il est bienveillant et veut toujours faire plaisir.

On comprend aussi grâce à ce récit la difficulté d'apprendre la langue, ne fut-ce que par la difficulté de trouver un dictionnaire adapté.

De ce beau récit je retiens principalement des mots :
 "Peurs", celle de Reza mais aussi de la famille d'Emilie de mal faire, de choquer, de froisser leur hôte.
"Confiance" sans limite accordée d'entrée de jeu à Reza, une des clés sans doute de la "reconstruction".
 "Pudeur" dans l'écriture d'Emilie mais aussi dans le chef de Reza. 
 "Solitude", "Isolement" Reza qui se sent seul dans cette situation particulière.  
"Dialogue" très important qui se crée peu à peu dans le rituel de la tasse de thé, avec les enfants surtout, la clé de l'intégration, d'une compréhension mutuelle et de la découverte de l'autre.
Et enfin, "Bienveillance" l'un envers l'autre.

L'écriture est simple, sincère, ponctuée de poèmes , une des autres passions de l'auteure.  Elle est sans fioriture, sobre, authentique, agréable.  Avec beaucoup de pudeur et de générosité cette expérience de vie nous est partagée pour je l'espère changer la vision de certains, éveiller les consciences qu'un migrant est avant tout une personne qui à mon sens encore plus que d'autres a besoin d'attention, de bienveillance pour trouver sa place dans notre société.

On peut y contribuer si l'on change notre vision des choses.

Merci Émilie pour ce joli partage, un récit lumineux de la rentrée.

Un coup de coeur ♥

Les jolies phrases

Il sait ce que fuir veut dire.  Avoir le corps pour seul abri.  Avoir comme monde entier son corps.

Accueillir, c'est cuisiner. C'est acheter des légumes, les couper, les faire longuement revenir  dans l'huile d'olive.  Accueillir, c'est ne pas se dépêcher.  Ne jamais bâcler la cuisine.

Avoir des papiers.  Ne surtout pas les perdre. Veiller sur les papiers comme sur un feu qui ne doit jamais s'éteindre.

Sa joie est si réelle qu'on pourrait la toucher.  Il a besoin d'entendre parler farsi comme d'un toit.  Entendre enfin sa langue et y trouver refuge.

Que se passe-t-il, au fond de soi, quand on a perdu sa langue et sa famille et qu'on cherche éperdument un lieu, même étroit, même sourd, où replanter sa vie ?

Quand on fuit, il n'y a pas de fin à la fuite. La ligne d'arrivée est comme celle de l'horizon : imaginaire.

La vérité, c'est que notre confiance en lui est sans limite.  La confiance est un prénom. Elle nomme celui qui en hérite.

Apprendre le français, ce n'est pas seulement apprendre des mots inconnus et une façon mystérieuse de les ordonner.  Apprendre le français, c'est faire table rase.  C'est l'ultime effort de renaissance après avoir dépensé toutes ses forces pour survivre à la guerre, à une décennie d'exode, au malheur sans fond d'avoir perdu toute trace de sa famille.

Le jour où quelqu'un se fait du souci pour vous, vous n'êtes plus seul.

Accueillir quelqu'un est un voyage joyeux.  Être accueilli est une aventure sans repos.

La lecture est une sorte de course d'endurance : au début, c'est difficile, ennuyeux et décourageant.  Et puis à force d'essayer, à force de mettre un pied devant l'autre, à force de pousser ses yeux de mot le long des lignes, quelque chose jaillit.  Le monde se rue à l'intérieur de soi. Et tout apparaît.  Et toutes les voix s'élèvent. Et tout palpite. 

C'est guerre dans mon pays.  Chez vous, c'est guerre dans la tête.

Plus je l'écoute plus je comprends qu'il en sait trop sur la souffrance humaine pour juger qui que ce soit.

Mais le plus souvent, les gens lisent parce que leur corps, dans leur jeunesse, a côtoyé des livres et des gens qui lisent.

J'ai toujours peur que ce temps partagé soit un nid fragile, posé sur la route d'un exil qui ne finira jamais.  Un nid que la vie, injuste et violente, aura vite fait d'écraser.



dimanche 16 septembre 2018

Tenir jusqu'à l'aube - Carole Fives

Tenir jusqu'à l'aube      -   Carole Fives



Gallimard
L'arbalète
Parution : le 16 août 2018
Pages : 192
ISBN : 9782072797392
Prix : 11.99 €

Présentation de l'éditeur

«Et l'enfant ?
Il dort, il dort.
Que peut-il faire d'autre ?»

Une jeune mère célibataire s'occupe de son fils de deux ans. Du matin au soir, sans crèche, sans famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation fusionnelle. Pour échapper à l'étouffement, la mère s'autorise à fuguer certaines nuits. À quelques mètres de l'appartement d'abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d'un semblant de légèreté.
Comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien de temps encore?
On retrouve, dans ce nouveau livre, l'écriture vive et le regard aiguisé de Carole Fives, fine portraitiste de la famille contemporaine.


Carole Fives nous en parle




Mon avis

Roman de la rentrée, auteure découverte grâce à l'intime festival dont elle était l'invitée en août dernier.

Roman coup de poing, qui fait prendre conscience du sort des mères célibataires, du poids qui pèse sur leurs épaules, du risque de précarité et du regard de la société les concernant.

J'ai pris une claque en lisant ce récit d'une mère solo avec son fils de deux ans.  Ne pas pouvoir s'évader lui pèse, ce huis-clos perpétuel avec un fils difficile en manque de père, possessif, exclusif, réclamant sans cesse d'avoir sa maman à côté de lui "à côté, à côté"..  Ne jamais pouvoir souffler, avoir un moment de répit, pas simple.

Elle, car c'est à la troisième personne que l'auteure nous en parle, nous décrit son quotidien.

Peu à peu, elle veut retrouver un peu de liberté, retrouver sa vie d'avant.  Alors la nuit elle s'évade.  Elle s'octroie un peu de temps pour elle, marchant simplement dans les rues à la recherche de ce sentiment de liberté.  Quelques minutes d'abord, puis un peu plus à chaque fois.

En parallèle, elle raconte "La chèvre de Monsieur Seguin" à son fils, cette chèvre éprise elle aussi de liberté.  La fable raisonne,  se fera-t-elle aussi manger par le loup ?  Quelle sera la conséquence de ces petits moments d'évasion ?

La réponse vous l'aurez en lisant ce très beau roman.

Beaucoup de sujets abordés, la difficulté de travailler en étant 24h/24 avec son fils car difficulté de trouver une place dans une crèche, ce qui a un effet boule de neige ; moins de travail, moins de moyens, plus de fatigue mentale et physique,  un enfermement social et moral.

J'ai été interpellée par les réactions sur les forums internet, en utilisant les recherches concernant les vocables mère solo (et sortie), mère solo et argent, mère solo et disparaître ou encore mère solo et autorité, père absent, plutôt que de trouver aide et réconfort, la plupart des réactions condamnent la mère en détresse, l'enfoncent au lieu d'être solidaire.

Un très bon livre de la rentrée, une plume vive.  De courts chapitres, c'est dynamique, cela me donne envie de découvrir le répertoire de Carole Fives.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases

On les a voulus les loulous, on les a désirés, et eux, ils n'ont rien demandé.  Il faut relever la tête, assumer et assurer.

Qu'est-ce qu'on ferait sans eux ? Tout ce qu'on faisait avant !

Le petit est devant la télé.  La moins chère des babysitters, à défaut d'être la meilleure.

Ces promenades les laissaient hagards, défaits, le plaisir de la sortie était gâché, il fallait traverser quelques rues encore, puis le grand hall de la résidence et ses mosaïques au sol, se jeter dans l'ascenseur et regagner leur dernier étage, leur huis clos, leur petit enfer quotidien. 

L'enfant avait besoin de l'affection de ses deux parents pour grandir, comme de ses deux jambes pour marcher.

Solo, c'est moins sinistre que seule. Solo, ça renouvelle la figure de la mère célibataire, larguée, quittée, abandonnée, ça éloigne le cliché misérable de la fille-mère, de l'adolescente promenant son landau sur un trottoir défoncé du nord de la France.

Désormais un seul mot d'ordre, ne pas tomber malade, on ne pouvait pas se le permettre. 

Un matin qu'ils avaient passé la nuit côte à côte, elle était partie seule, sur les bords de la Saône.  Il faisait beau, et elle était pareille à cette rivière, profonde, escarpée, prête à se jeter dans le premier fleuve venu. Ce matin-là, quelle joie.  Quelle joie de penser à lui, à eux, à l'avenir qui s'ouvrait enfin.

C'était sans doute dans ces moments-là que l'envie de fuir était la plus forte.  Quand elle réalisait qu'elle ne supportait plus cet unique rôle où on la cantonnait désormais, dans un film dont elle avait manqué le début, et qu'elle traversait en figurante.  C'était alors que les fugues s'imposaient, comme une respiration, un entêtement.

Avoir un corps.  Un corps sans enfant qui s'y cramponne.  Un corps sans poussette qui le prolonge.  Ça lui a paru étrange lors de ses premières sorties.  Elle s'était sentie nue, vulnérable.  Comme si on l'avait amputée de quelque chose, d'une extension quasi naturelle d'elle-même. 




mercredi 12 septembre 2018

Les dix-sept valises - Isabelle Bary

Les dix-sept valises         -     Isabelle Bary

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Luce Wilquin
Collection Sméraldine
Parution : 13 septembre 2018
Pages : 192
ISBN : 9782882535504
Prix : 19 €

Présentation de l'éditeur

Ce qui importe, ce n’est pas la vie qu’on a reçue mais la manière dont on la vit.

Alicia Zitouni est ce genre de femme qui a tout pour aller mal. D’origine marocaine, elle est née en Belgique, mais ne se sent ni d’ici ni de là-bas. Elle sillonne une vie chahutée et marquée au fer rouge par un environnement violent, enfermant, acculturé et soumis au diktat des hommes. Pourtant Alicia rayonne. Elle transpire cet enchantement pour la vie qui permet de la traverser les bras grand ouverts, quel que soit le cadeau de naissance.
Lorsque Mathilde Lambert – jeune femme moderne qui a tout pour aller bien – décide d’écrire un roman inspiré par le destin étonnant d’Alicia, elle est loin d’imaginer que ce projet va bouleverser sa vie.
En se glissant dans la peau de son héroïne, elle découvrira, au bout de sa propre plume, une manière d’appréhender l’existence aux antipodes de la sienne. Elle pénétrera les mondes invisibles des croyances et de l’imaginaire et se laissera porter par la grâce d’envisager le monde avec poésie. Elle comprendra enfin pourquoi, d’elles deux, c’est Alicia qui souriait le mieux.

Isabelle Bary tisse, dans son dixième livre, le portrait d’une femme aux origines métissées et au lourd passé qui gagne sa liberté en posant un regard particulier sur les choses de la vie. Elle a ce pouvoir de transformer les fardeaux de son existence en cadeaux. Et si nous étions tous dotés de cette force-là ?

Mon avis


Quel bonheur de retrouver la plume d'Isabelle Bary pour son septième roman.

C'est au départ d'une rencontre en 2016 que petit à petit est né ce roman nous raconte Isabelle Bary.

Ce qui importe ce n'est pas que la vie qu'on a reçue mais la manière dont on la vit.

Une très jolie phrase qui résume bien que la vie est peut-être ce que l'on décide qu'elle soit.

Mathilde Lambert est journaliste, sa vie a changé lorsqu'elle a croisé Alicia Zitouni, une grande cheffe internationale d'origine marocaine. Elle se rend à Essaouira pour la revoir mais Alicia a disparu, elle se serait noyée lors de son bain de mer quotidien.

Mathilde décide d'écrire un roman rendant hommage à Alicia et racontant sa vie, son parcours. Elle s'installe donc à Essaouira avec Zahra qui veille sur elle.

Alicia a eu un destin hors du commun, elle en a bravé des sorts de la vie. D'origine marocaine avec un père algérien, elle a connu le déracinement, la violence, la pauvreté, le décrochage scolaire, elle a fait de mauvais choix mais a toujours abordé la vie avec force, vitalité et optimisme, cherchant toujours à mettre en avant le beau côté des choses pour devenir la grande cheffe internationale qu'elle est devenue.

On assiste donc à la naissance du roman dans le roman. L'écriture, son processus, ce besoin d'écrire et de petit à petit s'abandonner, se révéler. En écrivant, Mathilde va peu à peu comprendre qu'il y a différentes façons d'affronter l'existence, on peut subir, être fermé au changement ou au contraire lâcher prise, vivre une autre vie imaginaire.

Elle va alors écouter les croyances racontées par Zahra, les Djins, les tarots, comprendre peu à peu le sixième sens de son amie. Pouvoir lâcher prise, arrêter de diriger son existence peut tout changer. Ecrire deviendra un acte d'amour.

La plume est vive, dynamique, elle alterne avec le moment présent, sa perception du monde, celle qui peut changer la vie et en italique le roman, la vie d'Alicia, ses manques, ses forces, sa joie.

Une écriture souple, agréable parsemée de moments d'émotions intenses.

Le manque du père, l'amour, la relation père-fille sont abordés. Un roman qui compte plusieurs strates de lecture, à lire je pense sous différents angles.

J'ai passé un agréable moment.


Ma note 8.5/10
Les jolies phrases


C'est ma capacité à voir le beau qui m'a sauvée.

Mais écrire, c'est être libre, non ?

Je comprenais qu'à défaut de pouvoir changer le monde, le voir autrement est parfois la seule issue.

Un petit aveu de bonheur volé, et tout devint de ma seule faute.

Tu crois qu'écrire rend plus tolérant ? Évidemment ! Et plus heureux.

..Si on ne pouvait entièrement diriger sa propre existence, on avait toujours le pouvoir de regarder autrement.

C'est l'apanage des âmes prodigieuses, on leur trouve toujours une attitude, un sourire, une délicatesse qui nous incitent à nous laisser entraîner dans leur liberté.

Je comprenais qu'à défaut de pouvoir changer le monde, le voir autrement est parfois la seule issue.

Les mots sont dangereux, parfois. Ils instillent des impressions, des vides qu'on comble en cherchant à deviner ce que l'autre n'a pas dit.
 
Du même auteur j'ai lu

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dimanche 9 septembre 2018

Débâcle - Lize Spit ♥♥♥♥♥

Débâcle     -   Lize Spit



Actes Sud
Traduit du néerlandais par Emmanuelle Tardif
Parution : février 2018
Pages : 432
ISBN 978-2-330-09265-8
prix indicatif : 23, 00€


Présentation de l'éditeur

À Bovenmeer, un petit village flamand, seuls trois bébés sont nés en 1988 : Laurens, Pim et Eva. Enfants, les “trois mous­quetaires” sont inséparables, mais à l’adolescence leurs rap­ports, insidieusement, se fissurent. Un été de canicule, les deux garçons conçoivent un plan : faire se déshabiller devant eux, et plus si possible, les plus jolies filles du village. Pour cela, ils imaginent un stratagème : la candidate devra résoudre une énigme en posant des questions ; à chaque erreur, il lui faudra enlever un vêtement. Eva doit fournir l’énigme et ser­vir d’arbitre si elle veut rester dans la bande. Elle accepte, sans savoir encore que cet “été meurtrier” la marquera à jamais. Treize ans plus tard, devenue adulte, Eva retourne pour la première fois dans son village natal. Cette fois, c’est elle qui a un plan…

Véritable coup de tonnerre dans le paysage littéraire aux Pays-Bas et en Belgique, immense succès de librairie qui a valu à son auteur les plus grands éloges, Débâcle est un roman choc, servi par une écriture hyperréaliste et intransigeante. Une expérience de lecture inoubliable.

L'auteure


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Nationalité : Belgique
Né(e) à : Viersel, Zandhoven , 1988
Biographie :

Flamande, Lize Spit a grandi à Viersel et vit à Bruxelles depuis 2005.

Après des études de cinéma au RITS (Master en écriture de scénario), elle enseigne l’écriture de scénarios au sein de l'école Wisper.

En 2013, elle remporte le prix du jury et celui des lecteurs de WriteNow !, un prestigieux concours d’écriture. Het smelt, traduit en français sous le titre Débâcle, est son premier roman.
Celui-ci ("Het smelt", éditions Das Mag, janv. 2016), s'est vendu à plus de 100 000 exemplaires et lui a valu de nombreux prix littéraires aux Pays-Bas et en Belgique. Il a été rapidement traduit en neuf langues.


Source : Babelio


Mon avis

Débâcle est le premier roman de Lize Spit, née, elle aussi comme Eva de Wolf l'héroïne de son roman en 1988 dans la région d'Anvers.

Eva est professeur d'arts plastiques à Bruxelles, elle reçoit  une invitation de la part de Pim qui a repris l'exploitation agricole pour commémorer la mémoire de son frère Jan qui aurait eu 30 ans ce 30 décembre 2015.

Eva quitte Bruxelles pour rejoindre son village natal Bovenmeer, où elle n'a plus remis les pieds depuis 13 ans emportant avec elle un immense bloc de glace dans le coffre de la voiture !

Eva est née en 1988, la même année que Pim (fils de fermier) et de Laurens (fils du boucher du village), ils étaient inséparables étant enfants, on les surnommait les trois mousquetaires.  Ils étaient inséparables jusqu'à l'été 2002 qui scella la fin de leur amitié.

Habilement Lize Spit va nous raconter ce qui pousse Eva à revenir à Bovenmeer, ce par le biais de trois périodes successives.

Elle décrit heure par heure la journée du 30 décembre 2015, jour après jour l'été 2002 et enfin parsème le tout d'anecdotes, d'événements familiaux, de souvenirs d'enfance.

C'est lent, très visuel, de manière presque cinématographique, on s'imprègne de l'ambiance, on voit défiler les images.

On découvre la famille d'Eva, son frère Jolan passionné d'insectes, on ressent l'ombre de Tess sa soeur prédécédée, sa soeur Tessie l'anorexique remplie de Toc, ses parents , une mère alcoolique, un père peu impliqué, une famille dysfonctionnelle.

La vie du village est bien décrite, la mère de Laurens à la boucherie qui aime colporter les ragots et petites histoires du village, tout le monde s'observe, tout se sait.  Il n'y a pas grand chose à faire pour tromper l'ennui.

L'été 2002 est chaud, lourd, poisseux comme l'atmosphère du roman.  Nos trois mousquetaires ados ont élaboré un jeu cruel où Tessie participe malgré elle, de crainte de perdre l'amitié de Pim et Laurens qui découvrent la sexualité, faut dire que les hormones travaillent un max, les corps des filles les émoustillent.

Eva est chargée d'inventer une énigme, devinette qui sera au coeur de l'intrigue.  Les filles invitées par les garçons devront la résoudre et perdront un vêtement à chaque mauvaise réponse.

Cette cruauté entre eux tournera au drame.

Ce livre est noir, très glauque mais reflète bien je pense la vie de ce petit village campagnard et ce milieu social où il n'y a rien à faire pour braver l'ennui.

Lize Spit a une écriture extrêmement réaliste.  La construction et le suspense sont magnifiquement maîtrisés.  C'est glauque, malsain, collant, poisseux, cruel.  Elle décrit à merveille la cruauté des adolescents.

Quelle claque ! Quelle imagination, un livre qui secoue, qui bouleverse, certaines scènes me poursuivent encore quelques semaines après la lecture.  C'est lent, mais au fur et à mesure de la lecture, la tension monte, le mystère reste entier, on veut savoir ce qui est arrivé à Jan, le frère de Pim, savoir ce qu'Eva a vécu, quelle sera la vengeance d'Eva.  Petit à petit les choses se mettent en place, l'écriture nous porte, une prouesse.

La couverture du livre est dérangeante, surprenante, elle n'a rien à voir avec l'histoire mais correspond bien à l'atmosphère du roman.

Une plume à suivre et à découvrir de toute urgence.

Ma note :  un coup de ♥


Les jolies phrases

Plus quelqu'un a besoin de temps pour réfléchir, moins on peut en attendre de la sincérité.

Je regarde le sang. Il y en a partout, dans ma culotte, à l'intérieur de mes cuisses écartées, sur la lunette des WC.  Mon vagin n'est plus un trou qui ne mène nulle part, une poche de chemise qu'on croyait tout simplement cousue, mais qui, après l'achat, se révèle fausse. J'ai un utérus, je ne suis pas différente des autres? Elisa  dit n'importe quoi.

J'étais la croûte sur la plaie, je devais tomber sans avoir à être écorchée.

Pour nous, c'est clair : Tessie a chargé son corps d'assurer le secrétariat de ses émotions.  Plus elle est mal, plus elle fait d'heures supplémentaires.  De là où je suis, assise sur la troisième marche, je peux sentir qu'elle a faim.

Ma chemise de nuit, humide, me collait à la peau.  Ce n'était pas le chagrin, ni la pluie.  J'étais restée si longtemps immobile, raidie de honte et de remords, que le matin m'avait prise pour une plante ou un arbuste, pour un élément du jardin, et il m'avait moi aussi couverte de rosée.

Chaque vie se résume à une simple somme algébrique, mais peu de gens s'y prennent à temps pour faire le compte depuis le début. Ceux qui tentent le coup en deviennent malades ou dérangés, ils fixent à l'avance un nombre précis de mastications pour que ça soit clair dès le départ et en défalquent tout mouvement de mâchoire.  Leur existence à eux n'est pas une addition, mais une différence.  Ils se remettent à zéro.

Ça c'est sûrement passé de la même façon que pour le sable de mer : au départ, les grains constituaient ensemble un rocher qui n'avait pas l'intention de s'effriter, mais au bout du compte, le temps et l'eau en ont décidé autrement.

Les enfants, sont comme des souris : pas besoin de beaucoup d'espace pour les laisser passer.

Tessie et moi, on serait restées à notre place, pas du tout parce qu'on se croyait heureuses, mais parce qu'il faut d'abord que les choses arrivent avant qu'on puisse les regretter, et aussi parce que le sachet de pickles n'était pas encore vide.

Les gens qui veulent partir n'importe où ne cherchent pas forcément à se retrouver ailleurs, ils veulent juste ne pas rester où ils sont.

Je crois que les êtres humains ne sont pas très différents des terres agricoles : de temps à autre, il leur faut se reposer, rester en friche, afin de pouvoir continuer par la suite.

Est-ce qu'il existait un mot pour exprimer ce qu'elle était devenue ? Un nom comme veuve ou orpheline, mais réservé aux mères ayant perdu un enfant ? Et le fait qu'il n'y en ait pas, est-ce que c'était une consolation ou au contraire une chose qui transformait le chagrin en un animal féroce et indomptable ?

Évidemment qu'une mère ne défendra jamais l'enfant de quelqu'un d'autre.  C'est pour ça qu'elle est mère. 



samedi 8 septembre 2018

Les beaux étés 4. Le repos du guerrier Zidrou & Jordi Lafebre

Les beaux étés                      -   Zidrou et Jordi Lafèbre

Tome 4  -  Le repos du guerrier      

   

Dargaud
Parution : le 01/06/2018
Pages : 56
Dessinateur et Coloriste :LAFEBRE JORDI
Scénariste : ZIDROU
Ean : 9782505070559
Prix : 14 €


Présentation de l'éditeur


Dans ce 4e tome, nous retrouvons les Faldérault au complet : Pierre, Madeleine et leurs quatre enfants, auxquels s'est joint Jean-Manu, le petit ami de Nicole. Cet été sera celui du grand changement : Pierre est devenu copropriétaire d'une villa toute neuve, clé sur porte, dans la campagne provençale ! En route ! La clé, ils l'ont - mais où diable se trouvent la porte et la villa ?...

Plus que jamais, l'aventure est au programme, et c'est avec bonne humeur que la famille se serre les coudes. L'été des Faldérault, c'est sacré ! Et celui-là va drôlement marquer les mémoires...

Mon avis

C'est l'été, comme chaque année la famille Faldérault se prépare aux vacances.  Pierre sera-t-il prêt à temps pour le départ en vacances ?  

C'est l'année du changement, terminé le camping, Pierre et Madeleine sont devenus copropriétaire d'une toute nouvelle villa clé sur porte, elle se nommera "Le repos du guerrier".

En route pour de nouvelles aventures, la famille se met en route, il y a un peti nouveau c'est le petit ami de Nicole.  Bien entendu ces vacances ne se dérouleront pas comme prévu, une chouette aventure à lire en famille.

J'adore cette série, on visite les chansons des années 80 cette fois.  Toujours autant de plaisir à lire cette série.  Hâte de retrouver la prochaine aventure programmée fin de l'année avec un "Les beaux étés " à Noël...


Dans la même série :

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