mercredi 30 mars 2016

Mémé dans les orties Aurélie Valognes

Mémé dans les orties

Aurélie Valognes

Mémé dans les orties

Livre de Poche 34058
264 pages
Parution : 09/03/2016
EAN / ISBN: 9782253087304
Prix 7.10 €


Présentation de l'éditeur


Ferdinand Brun, 83 ans, solitaire, bougon, acariâtre – certains diraient : seul, aigri, méchant –, s'ennuie à ne pas mourir. Son unique passe-temps ? Éviter une armada de voisines aux cheveux couleur pêche, lavande ou abricot. Son plus grand plaisir ? Rendre chèvre la concierge, Mme Suarez, qui joue les petits chefs dans la résidence. Mais lorsque sa chienne prend la poudre d'escampette, le vieil homme perd définitivement goût à la vie... jusqu'au jour où une fillette précoce et une mamie geek de 93 ans forcent littéralement sa porte, et son cœur.
Un livre drôle et rafraîchissant, bon pour le moral, et une véritable cure de bonne humeur !



Mon avis


C'est un petit bonheur de lecture. Un livre qui fait du bien, qui vide la tête et n'apporte que des ondes positives pourtant Ferdinand Brun, 83 ans, personnage central du récit n'est pas vraiment sympathique au premier abord.


Il est même acariâtre, bougon et terrorise ses voisines. Cela fait deux ans qu'il est arrivé Avenue Bonaparte. On ne peut pas dire que ce soit le grand amour avec la concierge Madame Suarez. Elle le déteste lui et son chien Daisy.


Daisy a disparu, elle est morte et Ferdinand est désespéré, il n'a plus de raison de vivre, il se jette sous un bus mais ce n'est pas son heure.. Le retour à la maison sera difficile, de nouveaux voisins viennent d'emménager , un homme avec un bébé et une petite fille Juliette.


C'est Juliette qui petit à petit rendra ce vieux bourru plus sympathique, elle s'invite chez lui le midi car elle ne veut pas manger à la cantine. Pris au piège, Ferdinand s'ouvrira peu à peu au monde et retrouvera son humanité, il découvrira qu'il a une voisine de palier, qu'il n'est pas seul.


Il faut parfois peu de choses pour voir le monde autrement.


Un petit bonheur de lecture, c'est frais, enlevé, dynamique, plein d'humanité. C'est le genre de lecture qui fait du bien. Les personnages sont pleins de ressources, pleins de vie. L'humour est au rendez-vous. Une histoire simple, sans prétention où l'on ne se pose pas de question, tellement nécessaire par les temps qui courent. C'est le remède contre la morosité.


Ma note 9/10


Les avis d'autres jurés : Pauline, IsabelleAnne-Laure
Les jolies phrases


Elle se sent aussi puissante qu'un enfant qui déverse l'eau du tuyau d'arrosage sur une fourmilière et regarde, les petites bêtes se débattre pour survivre.


Son antipathie est devenue une seconde nature, un art de vivre, de survivre même. Oui, survivre, car Ferdinand accepte mal de vieillir. Solitude, déchéance du corps : tout cela le tue à petit feu. La seule activité que Ferdinand ait trouvée pour tromper l'ennui : être méchant, histoire de ne manquer à personne une fois parti.


On dit qu'on devient adulte quand on prend conscience qu'on doit mourir un jour.


Le secret, pour ne pas sombrer, c'est d'apprendre à vivre avec, d'accepter que la mort fait partie de la vie. "Vieillir, c'est voir vieillir les autres."


Qu'est ce qui est le plus important, Juliette ? La décision qu'on a prise ou la raison de notre décision ?



Sélection de mars

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mardi 29 mars 2016

LE MOIS BELGE D'ANNE ET MINA

Le mois belge d'Anne et Mina


C'est devenu une tradition, avril c'est le mois belge.  

Anne et Mina sont deux blogueuses passionnées  ( Des mots et des notes pour Anne et Mon salon littéraire pour Mina) et depuis quelques années, elles nous proposent de lire belge durant le mois d'avril.


L'occasion de découvrir les auteurs de chez nous et ils sont nombreux croyez-moi à en valoir la peine.

Alors si cela vous tente, demandez le programme ... 

Anne nous en parle en huit questions et réponses.


C’est Quoi ?

Un mois où on lit belge. Tous les genres sont les bienvenus, romans, polars, théâtre, poésie, beaux livres, BD, non-fiction… tout est permis à condition que l’auteur soit belge. (Nous insistons sur ce point.) Et si c’est publié par une maison d’édition belge, c’est encore mieux (mais ce n’est pas obligatoire, bien sûr). On peut aussi proposer des billets culturels (musées, cuisine, promenades, histoire… enzovoort*)

Quand ?

Du 1 au 30 avril 2016.

Où ? 

Chez Mina et ici même. Il y a aussi un groupe Facebook (voir ci-dessous).



Combien ? 

C’est gratuit bien sûr. Un seul billet suffit pour valider votre participation.

Comment déposer ses liens ?

Le 1er avril, un billet récapitulatif sera mis en ligne chez chacune de nous (pour ce blog, il suffira ici de cliquer sur le logo du Mois belge dans la colonne de droite). C’est là (chez Mina ou chez moi) que vous pourrez y déposer les liens menant à vos articles. Nouveauté : nous mettrons en ligne un document récapitulatif par semaine sur le groupe Facebook, vous pourrez y inscrire vous-même vos liens si c’est plus facile sans passer par la case « billet récapitulatif sur blog ».

Des rendez-vous ? 

Oui, bien sûr !

– Mardi 5 avril : Des nouvelles

– Vendredi 8 : Un classique (c’est-à-dire un roman publié avant 1960)

– Mardi 12 : Un livre Jeunesse

– Vendredi 15 : Une BD

– Mardi 19 : Une lecture commune autour de l’auteur Guy Goffette, en lien avec le Club de lecture d’avril à la librairie Antigone de Gembloux (où ma coloc Nadège vous conseille avec plaisir)

– Vendredi 22 : Un auteur flamand (en V.O. ou… en traduction !)

– Mardi 26 : Un polar

Bien évidemment, ces rendez-vous sont tout à fait libres et chacun publie ce qu’il veut quand il veut !



Et le groupe Facebook

Vous pouvez vous y inscrire, proposer des lectures communes, échanger autour de la littérature belge et même déposer vos liens vers vos billets. Nous allons aussi y rappeler les rendez-vous à thème de cette année.

Des logos ?

Oui, ceux qui émaillent ce billet et que nous devons à Cachou.

Si vous avez l’intention de nous rejoindre une fois encore, signalez-le chez Anne ou chez Mina.


C'est avec un grand plaisir que je participe cette année malgré un programme lecture bien chargé (prix des lecteurs du Livre de Poche) , voici le programme que j'aimerais tenir.








Ma lecture commune avec Julie du blog Les petites lectures de Scarlett sera également belge, nous avons choisi le dernier roman d'Isabelle Spaak, prix Rossel 2004.


De toute manière j'ai de la réserve car ma bibliothèque devient de plus en plus belge.

Et vous si vous lisiez belge en avril, venez nous y retrouver.

Vivement avril.  

Logo du mois belge

lundi 28 mars 2016

Ils ont rejoint ma MAL

Ils ont rejoint ma Mal,  en effet je ne peux plus parler de Pile à Lire, il s'agit à présent d'une Montagne à lire.



C'était une belle rencontre au salon organisé par Lire c'est libre de Paris en janvier dernier.  Un grand merci à Karine Lebert, je vais découvrir sa plume.


Les saisons du mensonge                     Karine Lebert



Presse de la cité
Collection Terres de France Normandie
ISBN 9782258117341
Parution le 07 avril 2016
360 pages
Prix 20 €

Présentation de l'auteur

Toute femme a ses secrets... Ceux de Candice révèlent une vie hors du commun. Brillante archéologue, elle a renoncé à tout pour se reconstruire dans son village natal de Lyons-la-Forêt. Pour oublier son cauchemar dans la jungle colombienne, mais comment oublier cette enfant dont elle ne sait rien aujourd'hui ?

Lorsqu'elle revient à Lyons-la-Forêt, Candice Martel a décidé d'y poser pour toujours ses valises. La séduisante et brillante archéologue qui supervisait des chantiers de fouilles à travers le monde n'est plus, au regard de tous, la même. Elle accepte un métier de guide en deçà de ses compétences et puise dans cette nouvelle vie une apparente sérénité. Candice ne cesse pourtant de se soustraire à la curiosité des autres : ses anciennes amies et David, son amour de jeunesse... Elle semble beaucoup s'intéresser à d'antiques sépultures d'enfants découvertes non loin du cimetière.
Toute femme a ses secrets...
En quatre saisons, Candice voit resurgir, malgré elle, ce qu'elle voulait enfouir de son passé hors du commun. Ces jours terribles de l'année 2004 où, loin de tous, une partie d'elle s'est perdue pour toujours...

Un grand merci à ma binôme Julie que j'ai enfin rencontrée, elle m'a gâtée avec deux de ses coups de coeur



Le miel          Slobodan Despot




Folio 6029
Première parution Gallimard en 2014
160 pages
Format : 108 x 178 mm
ISBN : 9782070466108
Parution : 13-11-2015
Prix conseillé : 6.50€

Présentation de l'éditeur

Sur le bord d'une route d'ex-Yougoslavie, Vera découvre Vesko le teigneux en train d'insulter son père et leur voiture en panne. Vera lui tend l'argent de la réparation. Des semaines plus tard, Vesko est sur le pas de sa porte avec l'argent et un demi-quintal de miel. C'est un cadeau du père, apiculteur déraciné, à Vera l'herboriste, qui en apprécie la valeur. Pour Vesko, c'est le début d'une longue confession, le récit d'une odyssée où le miel est le meilleur remède aux maux humains, le secret d'une sagesse.

Cela fait un moment que j'avais envie de le découvrir :

La couleur du lait                                Nell Leyshon




Poche: 192 pages
Parution : 2 septembre 2015
Collection : 10/18
Langue : Français
ISBN-10: 2264064536
Dimensions du produit: 10,9 x 1,3 x 17,8 cm
Prix : 6.60 €

Présentation de l'éditeur


« ceci est mon livre et je l’écris de ma propre main. nous sommes en l’an de grâce mille huit cent trente et un, je suis toujours assise à ma fenêtre et j’écris toujours mon livre. ça me fait deuil de vous raconter tout ça. il y a des choses que je n’ai pas envie de dire. mais je me suis juré que je dirais tout exactement comme ça s’est passé. j’ai promis alors je dois continuer. »

Mary, une fille de 15 ans, entame le tragique récit de sa courte existence : un père brutal, une mère insensible et sévère, en bref, une vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset.

Simple et franche, lucide et impitoyable, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu’on l’a envoyée travailler chez le pasteur Graham, afin de servir et tenir compagnie à son épouse, femme fragile et pleine de douceur. Elle apprend avec elle la bienveillance, et découvre avec le pasteur les richesses de la lecture et de l’écriture… mais aussi l’obéissance, l’avilissement et l’humiliation.

Finalement, l’apprentissage prodigué ne lui servira qu’à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession.


Parce que je voulais la découvrir dans un autre registre, un livre jeunesse de Nadine Monfils.

Les fleurs brûlées                             Nadine Monfils



Mijade
Broché: 142 pages
Parution : 12 mars 2009
Collection : ZONE J
ISBN-10: 2874230065
Dimensions du produit: 21 x 1 x 11 cm
Prix 7 €


Présentation de l'éditeur


Paris, XVIIe siècle. Marie-Madeleine s'efforce d'oublier les crimes de sa mère, la marquise de Brinvilliers, célèbre empoisonneuse... Jusqu'au jour où elle reçoit un colis contenant un rat mort. Qui peut bien savoir qui elle est et chercher ainsi à lui nuire ? Les fleurs brûlées a obtenu le Prix Jeunesse des lectures publiques de la Communauté française.

Et puis impossible de visiter la belle librairie Molière sans tentation, j'ai succombé pour 

Une année particulière      Thomas Montasser



Presses de la Cité
Traduit par Leila Pellissier
Mars 2016
ISBN 978-2258117631
16 € - 176 p.

Présentation de l'éditeur


Une petite librairie, un travail herculéen, et un livre mystérieux qui va tout changer.

« Ma nièce Valérie doit s'occuper de tout. »
Se retrouver un beau matin avec une librairie sur les bras, Valérie ne s'y attendait pas. Pour elle qui se destinait à une brillante carrière de consultante internationale en économie, quel cadeau empoisonné !
La jeune femme va pourtant se laisser prendre au jeu et, indépendamment des comptes de la boutique au bord de la faillite, découvrir peu à peu la littérature. Kafka, Dickens, Calvino, Pessoa... Une tasse de thé à ses côtés, elle dévore avec joie tout ce qui lui tombe sous la main.
Texte après texte, échange après échange avec les clients peu banals du magasin, Valérie commence à prendre goût à sa nouvelle vie, mais c'est un roman singulier intituléUne année particulière et la rencontre d'un charmant inconnu qui l'aideront à écrire le chapitre décisif de son existence...

Une touche d'humour et de fantaisie, de la sensibilité et, surtout, une foule de livres, qu'on aurait presque envie de ranger du côté des personnages. S'il est des romans qui donnent envie de lire et d'aller fureter dans les rayons des librairies, c'est bien celui-ci.

Et pour terminer :


Les délices de Tokyo      Durian SUKEGAWA



Albin Michel
Traducteur : Myriam Dartois-Ako
février 2016
Format : 205 mm x 140 mm
240 pages
EAN13 : 9782226322883
Prix : 17.50 €


Présentation de l'éditeur


« Écouter la voix des haricots » : tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges dont sont fourrés les dorayaki, des pâtisseries japonaises. Sentarô, qui a accepté d'embaucher Tokue dans son échoppe, voit sa clientèle doubler du jour au lendemain, conquise par ses talents de pâtissière. Mais la vieille dame cache un secret moins avouable et disparaît comme elle était apparue, laissant Sentarô interpréter à sa façon la leçon qu'elle lui a fait partager.

Magnifiquement adapté à l'écran par la cinéaste Naomi Kawase, le roman de Durian Sukegawa est une ode à la cuisine et à la vie. Poignant, poétique, sensuel : un régal.

vendredi 25 mars 2016

Monsieur Optimiste Alain Berenboom

Monsieur Optimiste

Alain Berenboom




Genèse Editions
Nombre de pages : 248
ISBN : 9782930585161
Format : 13,5 x 21
Octobre 2013
Format ePub : 17,99 €
Format Papier : 22,50 €
Format PDF : 15,75 €



Présentation de l'éditeur


Un excellent remède contre la morosité…


Des années vingt aux années soixante, le récit nostalgique et picaresque d’un émigré polonais à Bruxelles.

Quand le narrateur entreprend, dix ans après la mort de son père, de ranger les archives familiales, il découvre petit à petit que le “brave” pharmacien de Bruxelles, a traversé, tel un Don Quichotte des temps modernes, bien des aventures, rencontré bien des obstacles, connu bien des dangers, dont il s’est sorti avec la plus efficace des potions magiques, l’optimisme, la vraie étoffe des héros !


Avec ce onzième livre, Alain Berenboom prouve que l’on peut aborder avec humour les pages les plus sombres du XXe siècle.

Mon avis


C’est un récit atypique et non un roman.  Alain Berenboom nous conte ici l’histoire de ses parents sous forme de chroniques, comme un greffier. 

Lui, le parfait petit belge que ses parents souhaitaient parlant français et néerlandais, ne comprenant pas le yiddish, ni le polonais, va dix ans après la mort de ses parents par le biais d’une boîte d’archives reconstituer petit à petit son histoire, sa famille, son identité.

A l’aide de photos, de courriers traduits patiemment, il va retracer ses origines, ses ancêtres, les douleurs et déchirements, la personnalité de son père et nous faire par la même occasion revivre en filigrane un morceau de l’Histoire.  C’est un magnifique hommage à son père.

Chaïm Berenbaum est né dans un shetl près de Varsovie en 1907.  Il arrive en Belgique en 1928 pour y effectuer ses études de pharmacie.  Il rencontrera Rebecca dans son officine.  Ils se marieront au début de la guerre. Ils s’installeront à Bruxelles, ouvriront une pharmacie et élèveront leur fils Alain comme un vrai belge.

Malgré les épreuves de la vie, Chaïm a toujours fait preuve d’optimisme d’où son surnom.

On parcourt son arrivée en Belgique, ses études à Liège, son parcours d’assistant magicien, sa sœur Esther, sa rencontre avec Rebecca, son mariage au tout début de la guerre, leur voyage de noces mais aussi le registre des juifs en 1940, la mention de juif sur la carte d’identité, l’étoile jaune, la privation de travail, la caserne Dossin à Malines, antichambre des camps d’Auschwitz et Birkenau , son changement d’identité : Janssens  (ses liens avec Tintin), son parcours dans la résistance, son intégration et la volonté de devenir belge à tout prix , la dualité d’Hubert reniant sa religion et sa langue pour devenir belge mais aussi sa demande d’immigration en Israël, son admiration pour les Kibboutz , la lecture de la bible, la naissance d’Alain, la pharmacie ....

L’histoire est passionnante.  Alain Berenboom nous la livre comme un greffier enregistrant chaque élément glané pour reconstituer le puzzle de l’histoire familiale. C'est avec beaucoup d'humour, profond et léger à la fois qu'Alain Berenboom retrace cette quête d'identité .


Un récit que j'ai vraiment apprécié, très agréable lecture.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases

La politique, ce n'est pas une bonne affaire pour les Juifs !  C'est un très mauvais investissement qui ne rapporte que des misères !  Regarde ce qui est arrivé à ceux qui s'y sont frotter en Russie.

On croit fuir le diable et l'on se jette dans ses bras, parce qu'il est déguisé en mouton.

Le voyage de noces eut lieu quelques semaines après le mariage.  Un voyage un peu improvisé.  Avec les allemands en guise d'accompagnateurs, qui n'avaient pas encore acquis les bonnes manières de Neckermann.

Il n'y a que sur la chair à canon que la mention de la race n'est pas inscrite.

Dans un roman policier, il suffit à l’auteur de donner un coup de pouce à l’histoire, de nourrir ses personnages pour justifier le dénouement qui les attend et qui a déjà fabriqué dans sa tête.  Rien de pareil pour l'enquêteur scrupuleux.  Pour mettre au jour la vérité, j'ai décidé de m'en tenir aux rares faits que j'ai pu glaner. Rien qu'aux faits. Et tant pis s'ils sont ténus et parfois incroyables.  De temps en temps, j'ai l'impression que mon récit est dans une impasse : les témoins sont tous morts aujourd'hui, mes parents ne m'ont guère parlé de leur vie, leurs amis refusaient d'évoquer le temps de la guerre.  Quand je suis sur le point de renoncer, en me maudissant d'avoir tant attendu, je me rassure en pensant que les anthropologues parviennent à raconter par le menu l'histoire des premiers hommes (et des premières femmes) rien qu'en examinant un os de leur mâchoire.  En saurait-on plus sur Lucy que sur monsieur et madame Berenbaum ?  Allons ! Alors je me remets au travail.  Ne suis-je pas le fils de monsieur Optimiste ?  

L'absence peut être plus terrible que la vue d'un cadavre.  Parce qu'elle réveille des peurs ancestrales irrationnelles, l'intervention de forces maléfiques qui n'ont plus rien d'humain.  Là où quelques jours auparavant habitait un Lévy ou un Goldstein, un autre nom était inscrit sur la sonnette comme sur l'enseigne de leur magasin.  Oui, il y avait bien eu un Lévy ou un Goldstein, même si le voisinage en niait l'existence.

Si la mort existait, qui pourrait encore croire en Dieu ?  Honorer un Dieu qui aurait assassiné des milliards de créatures juste parce qu'Adam et Eve ont boulotté quelques fruits de son jardin ?

A propos d'ancêtres, je me demandais également si, au temps des cavernes, il existait déjà une différence entre les Juifs et les autres.  Sacrée interrogation à laquelle Paris Match ne donnait pas de réponses : comment distinguer par exemple un néandertalien israélite de son cousin goy ? Pour l'Homo Erectus, en revanche, je commençais à avoir quelques idées sur la question.

Chaque détail forme une pièce de paysage qu'elle trace de son plus beau pinceau de lettre pour qu'il ne s'efface pas de leurs mémoires.

Alain devait devenir un vrai petit Belge, le magnifique rejeton de leur parfaite intégration.  Il fallait effacer le monte d'avant, repartit d'une page blanche!

Mourir pour mourir, il préférait choisir son destin.

Il n'y avait pas que des Juifs à Makow.  Le shtetl était aussi envahi par les poux et les puces.  On ne s'en plaignait pas, si cela éloignait les Polonais ! Les poux et le puces sont autrement plus tolérants que les antisémites puisqu'ils ne font aucune distinction entre les hommes et les animaux!

La vie d'une jeune et belle femme dans un petit bourg polonais au début du XX e siècle ne devait pas être plus sexy que celle d'une jeune et belle femme dans un petit bourg iranien ou pakistanais un siècle plus tard - ou dans les quartiers orthodoxes de Jérusalem de nos jours.

Un monde inconnu émerge.  Tels ces bougres recouverts par les eaux d'un barrage, qui réapparaissent à l'occasion de travaux d'entretien quand se vide le lac de retenue.

On a beau tenter d'enfermer l'Histoire dans une casserole hermétiquement close, lorsqu'elle mijote sur le feu, le couvercle finit par sauter.

A ceux qui souffrent de vertige, la faculté déconseille formellement l'alpinisme.  C'est mon cas.  Dès que je me suis lancé dans l'exploration de la face cachée de mon père, j'ai découvert le glacier de ses relations avec sa soeur Esther.  Alors, accrochez-vous, au risque de glisser.

La Belgique, c’est son Amérique à lui, un pays cosmopolite où les juifs sont toujours à l’abri, une oasis sur la carte de l’Europe.  Mais une fourmi ne rêve-t-elle pas de temps en temps de se transformer en cigale ?  

Maurice, ami de son père.   On leur apprenait le français et le néerlandais, mais surtout pas les langues qui avaient mené à l’Holocauste, le yiddish ou le polonais, symboles d’un passé gommé.  

dimanche 20 mars 2016

Ils ont rejoint ma PAL

Incorrigible je suis, je prends un peu de retard dans mes billets mais cela ne m'empêche pas de faire gonfler ma PAL.

Des lectures en rapport avec le festival Nuits d'Encre en cours pour l'instant - le programme se trouve ici - mais aussi un retard avec mon partenariat Rouergue Noir.

Et bientôt je vous présenterai la sélection avril du Prix des Lecteurs du livre de Poche.

On commence par du belge au programme de Nuits d'Encre.

C'est Barbara Abel qui orchestre la programmation, normal d'en ajouter un à ma bibliothèque.

Un bel âge pour mourir

Barbara Abel



Masque Poche
EAN : 9782702442517
Parution : 27/05/2015
445 pages
7.90 €

Présentation de l'auteur

D’un côté il y a France, soixante et un ans, propriétaire d’une galerie d’art au caractère bien trempé.
De l’autre il y a Marion, sa belle-fille, jeune mère célibataire et timide.
Entre elles, une maison.

France est-elle à l’origine des incidents qui visent à déloger Marion de la demeure familiale pour de sombres raisons financières ? Pour la jeune femme, cela ne fait aucun doute : même si France joue les grands-mères modèles, c’est elle qui a semé des sachets de mort aux rats sur le terrain de jeux. Mais Marion n’est-elle pas un peu fragilisée depuis la mort de son père ?

Contrairement à ce qu’affirment tous les parents du monde, les monstres existent bel et bien. Et les contes de fées se transforment parfois en véritable descente aux enfers…

J'aurai l'occasion d'animer un entretien en sa compagnie le 23 mars prochain, et je ne connais pas un de ses personnages phares ; le commissaire Léon

Madame Edouard

Nadine Monfils

Les Enquêtes du commissaire Léon T1 - Nadine MONFILS

Pocket 16242
Parution 01/10/2015
256 pages
9782266256452
Prix 6.30 €

Présentation de l'éditeur

Une maille à l’endroit… Une maille à l’envers… Depuis qu’il a cessé de fumer, le commissaire Léon s’adonne en cachette au tricot et confectionne des paletots ringards pour son chien Babelutte. Seulement voilà, ces temps-ci, il s’en passe de belles à Montmartre. Entre Irma, le travelo ménagère du Colibri, le curé qui pique dans les magasins et l’autre cinglé qui enterre des jeunes filles mutilées dans les cimetières, la police a du pain sur la planche. De fil en aiguille, le commissaire Léon dénoue les intrigues de cette histoire rocambolesque.


La nuit des coquelicots

Nadine Monfils

Les Enquêtes du commissaire Léon T2 - Nadine MONFILS

Pocket 16243
Parution 01/10/2015
224 pages
9782266256469
Prix 6.30 €


Présentation de l'éditeur

Trois amies rentrent à Neuilly en voiture après s’être bien amusées. Soudain, une petite fille surgit au milieu de la route, tenant un bouquet de coquelicots. Du sang gicle sur le pare-brise… C’est la fin de tous les rêves ! La vie de ces trois femmes va basculer dans le cauchemar. Tout se déglingue. Un implacable meurtrier rôde…


Entre deux mailles de tricot, le commissaire Léon va tenter de dénouer les fils de cette histoire diabolique.

On reste dans le polar belge, du noir, très noir.


Si tous les Dieux nous abandonnent

Patrick Delperdange

Série Noire Gallimard
240 pages
155 x 225 mm
ISBN : 9782070148776
Parution 07/01/2016
Prix 17.00 €

Présentation de l'éditeur

Violence, cruauté, trahison : rien ne leur sera épargné.
Céline est une jeune femme en fuite. Léopold, un vieux monsieur qui ne tient plus à la vie que par habitude. Quant à Josselin, il ne s’agit en fin de compte que d’un idiot qui se croit très malin.
Le destin de ces trois personnages va se trouver lié de manière inattendue et impitoyable.
Un dieu malfaisant aurait-il décidé de s’amuser avec leur existence, comme un fou qui jouerait aux dés?
Malgré leurs défauts, malgré leurs maladresses, Céline, Léopold et Josselin nous touchent comme nous toucheraient des amis, des semblables, des frères. Ce qui leur arrive pourrait tout aussi bien nous arriver.
Si tous les dieux nous abandonnent, il nous faudra continuer à vivre seuls, pauvres humains.


J'ai également rencontré Jean-Baptiste Baronian et j'ai succombé pour

Dictionnaire amoureux de la Belgique

Jean-Baptiste Baronian


Plon
08 Octobre 2015
ISBN 9782259223171
720 pages
25 €

Présentation de l'éditeur


La Belgique en 250 entrées, soit autant de déclinaisons très sentimentales d'un pays souverainement sans pareil.


Célèbres et adulés, moins connus et même oubliés, en pleine lumière ou discrètement restés dans l'ombre, les voilà ces Belges qui rendent amoureux de la Belgique.
Laissez-vous séduire par le vagabondage de Jean-Baptiste Baronian, il vous emmènera d'un peintre à un paysage, d'un écrivain à une ville, d'une salle de concert à une épopée sportive, d'une étape gastronomique à un musée, d'une loufoquerie à un émerveillement.
Il est érudit, passionné, sentimental, et nous raconte sa Belgique, en nous conviant à un défilé très subjectif, carnavalesque et joyeux, d'hommes et de femmes qui font la particularité et la fierté de ce peuple.
De René Magritte à Georges Simenon, de Jacques Brel à Simon Leys, de Hergé à Eddy Merckx... c'est festif, truculent, bouleversant, inattendu et surréaliste, mais c'est surtout belge.


La librairie Antigone organisait une soirée à la rencontre d'Emmanuelle Pirotte, j'ai été touchée par la présentation de ce livre que j'avais regardé à plusieurs reprises, ça y est il est dans ma PAL.

Today we live

Emmanuelle Pirotte


Cherche Midi
ISBN: 9782749144344
ISBN numérique: 9782749145167
Date parution: 03/09/2015
Dimensions: 140 x 220 mm
Nombre de pages: 240
Prix 16.50 €

Présentation de l'éditeur


Décembre 1944. C’est la contre-offensive allemande dans les Ardennes belges. Pris de panique, un curé confie Renée, une petite fille juive de 7 ans, à deux soldats américains. Ce sont en fait des SS infiltrés, chargés de désorganiser les troupes alliées. Les deux nazis décident d’exécuter la fillette. Au moment de tirer, Mathias, troublé par le regard de l’enfant, tue l’autre soldat.
Commence dès lors une cavale, où ils verront le pire, et parfois le meilleur, d’une humanité soumise à l’instinct de survie.

Aucun personnage de ce roman palpitant n’est blanc ou noir. La guerre s’écrit en gris taché de sang. Une écriture efficace et limpide.

Today we live est lauréat du Prix Edmée de La Rochefoucauld 2016.

Et voici mon retard chez Rouergue Noir

La sentinelle de Lisbonne

Richard Zimler

Rouergue NoirTraducteur Sophie Bastide-Foltz
mars 2016
448 pages
23,50 €
ISBN 978-2-8126-1032-5

Présentation de l'auteur


Henrique Monroe, inspecteur de police à Lisbonne, n’est pas un flic comme les autres. Son comportement singulier sur les scènes de crime est même légendaire, comme ne va pas tarder à le découvrir Luci, la jeune inspectrice qui débute à ses côtés. Et si ses collègues comme sa hiérarchie s’en accommodent, c’est uniquement parce que Monroe est un enquêteur exceptionnel. D’une trempe qu’on n’attendrait pas d’un doux excentrique toujours affublé d’un bolo, comme tout natif du Colorado qui se respecte, lui qui est né dans le décor vertigineux du Grand Canyon. Mais lorsque Monroe est appelé sur les lieux du meurtre particulièrement odieux d’un homme d’affaires en vue, Pedro Coutinho, ce n’est pas seulement l’enquête qui part en vrille, mais sa propre personnalité. En effet, les détails de l’affaire raniment les souvenirs de son enfance américaine, passé qu’il a fui en s’installant au Portugal et qu’il dissimule depuis toujours. Alors que ses agissements deviennent pour le moins étranges, sa famille – sa femme, son frère et ses deux jeunes fils – commence à craindre pour l’homme qu’elle croyait connaître. Tandis que Monroe tente de garder pied à mesure que l’enquête progresse, un nouvel élément survient qui va lui ôter toute chance de préserver son secret…
Roman policier hautement psychologique, La Sentinelle de Lisbonne emporte le lecteur dans une vertigineuse quête d’identité et dans une affaire si criminelle qu’elle pourrait bien détruire ceux-là même qui feraient émerger la vérité


De si vieux ennemis

Alain Van Der Eecken



Rouergue Noir
avril 2016
240 pages
20,00 €
ISBN 978-2-8126-1046-2

Présentation de l'auteur

Palmyre a disparu. Des spectres surgis des années noires, de l’Occupation, de la collaboration, s’étaient penchés sur son berceau. Ils s’agitent toujours dans l’ombre profitant du vent favorable qui vient de se lever. Ont-ils enlevé Palmyre ? Qui détient les archives des temps de haine dont tant de monde souhaite s’emparer ?
Victor, un ami, un amour d’enfance de Palmyre, suit la piste de très vieux salauds soudainement mortels. De Londres à Paris, de Nice à Nancy, de la Suisse au Liechtenstein, les chemins se croisent, se perdent. Un notable accusé d’avoir tué sa femme à coups de club de golf revendique les crimes d’une époque que la justice voudrait oublier.
Palmyre est-elle l’enjeu de la lutte à mort que se livrent des vieillards à la mémoire trop longue ? Victor croit se perdre dans ce passé que personne ne souhaite exhumer, dont toutes les pistes le ramènent au cœur de l’univers du Grand Meaulnes, là où se cachent tant de secrets.
Dans un premier roman châtié, fantasque, hilarant, Alain Van Der Eecken précipite une ribambelle de personnages dans la généalogie feutrée d'une bourgeoisie infestée de cagoulards.

Trop de morts au pays des merveilles

Morgan Audic



Rouergue Noir
avril 2016
368 pages
21,80 €
ISBN
978-2-8126-1040-0

Présentation de l'auteur


Depuis trois ans Alice, la femme de Christian Andersen, avocat au barreau de Paris, a disparu. Et depuis trois ans, les gens qui l’entourent se posent la même question : Andersen a-t-il tué sa femme ? Andersen rendu amnésique par un grave accident quelques jours après qu’Alice a disparu et qui cherche en vain à retrouver la mémoire. Andersen qui reçoit des sms énigmatiques, en forme de questions cryptées. Andersen, le mari inconsolable qui emploie un détective pour retrouver sa femme, si belle, si blonde, si étrangement semblable aux victimes du désormais célèbre Marionnettiste, le tueur aux rituels macabres que la brigade criminelle traque en vain depuis des mois et qui tue, justement, à nouveau. De quoi remettre en selle l’ex-lieutenant Diane Kellerman, révoquée pour violence et prête à péter de nouveau les plombs.
Dans un premier roman où les indices prennent la forme de charades, Morgan Audic tisse un jeu de faux-semblants, de trompe-l’œil et de chausse-trappes aussi fascinant qu’un conte pour enfants diaboliques.


En attendant la sélection d'avril du prix des lecteurs on s'arrête ici. C'est + 9

samedi 12 mars 2016

La petite fêlée aux allumettes Nadine Monfils

La petite fêlée aux allumettes


Nadine Monfils



Pocket 15371
Edition originale Belfond 2012
Parution : 07/03/2013
256 pages
ISBN 978-2-266-23393-4
Prix : 6.20 €


Présentation de l'éditeur

Pandore, au bord de la mer, c’est la plage mais c’est pas les vacances. Nake, une jeune fille déjà pas futée, pète un boulon supplémentaire à la mort de sa grand-mère. Désormais, chaque fois qu’elle craque une allumette, elle a des visions qui se révèlent être vraies ! L’inspecteur Cooper et son collègue Michou, moitié flic moitié travelo, sont sur le coup. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Mémé Cornemuse, tout juste rescapée de ses vacances avec un serial killer, décide de s’en mêler. Faut dire qu’elle a des compétences : elle lit l’avenir dans les lignes de tricot et parle par télépathie avec Jean-Claude Van Damme. Ah c’est sûr, ça aide !

Mon avis


Nake est une jeune fille paumée.  Un soir après avoir dégommé un mec qui venait de la violer, elle rentre chez elle et découvre que sa grand-mère vient de mourir.  Elle trouve serré dans les mains de sa grand-mère, une boîte d’allumettes.  Elle en craque une et aperçoit une scène de meurtre agencée comme « Le petit chaperon Rouge ». 

Une petite fille aux allumettes, le Chaperon Rouge, bienvenue  dans le monde complètement déjanté (quel bonheur) de Nadine Monfils.  

Un tueur en série amateur de contes de fée sévit à Pandorre.  Pour l’arrêter on retrouve un flic bourru se prénommant Cooper et Derval son acolyte, mi-gay le jour, mi-travelo la nuit. Pistonné par son oncle, maire de la ville on le prénomme Michou.  Et tout à coup qui voici, qui voilà, devinez qui s’incruste ?  Mémé Cornemuse herself, une vieille lubrique qui n’hésite pas à tuer si on l’emmerde (ben quoi, elle rend service, non ?). Elle est raide dingue de JCVD, elle le cite à tout bout de champ pour notre régal, elle est Aware quoi.  Voilà le décor est planté.

Nadine Monfils est unique, son univers déjanté et la magie se produit à tous les coups.  Ces personnages loufoques et délirants sont attachants.

J’ai souri et même ri pendant tout le récit.

Le style est inimitable. Un festival de jeux de mots, des dialogues percutants parfois graveleux.  Des personnages hauts en couleur, atypiques, un peu surréalistes (Magritte n’est pas loin) et d’autres personnages de chez nous.  Comme à chaque fois un livre rempli de Belgitude.

Un humour noir que j’apprécie de plus en plus.


Ma note : 9/10

Les jolies phrases

N'avez-vous jamais remarqué que ce sont les choses les plus enfantines qui sont les plus vraies ?

Quand on est con, on a souvent besoin des autres pour le savoir.

Le songe est une figure du désir.

Il est surréaliste, comme la plupart des Belges.  Et j'ai un grand respect pour son parcours.  Ceux qui se moquent de lui sont des cons qui ne lui arrivent pas à la cheville. (en parlant de JCVD)

citation de JCVD : Faut garder la motivation. "Il faut que tu croies encore plus à ce que tu crois, et quand tu commences à croire à ce que tu crois, y a personne au monde qui peut te bouger!"

Si Dieu existe, c'est un vilain.  S'il est gentil, y aurait que des pétés de tunes en pleine forme.  Un monde sans emmerdeurs, sans pauvres, sans flics, sans huissiers, sans chieuses et sans banquiers.  Un monde rien qu'avec des animaux, des beaux mecs et des vignes. Voilà.

Trouver la clef. Mais la clef n'est pas la solution.  Elle ouvre les portes du passé.  Le sang est dans la maison.  La solution n'est pas dans le miroir. Elle est sur le livre à côté.  Mais la reproduction est interdite...

La fidélité c'est comme les tartines, tant que tu peux mettre du beurre dessus, faut pas te limiter à une tranche.

On n'était pas chez Pivot.  D'ailleurs, elle n'avait jamais aimé ce type, ni ses émissions.  Un chroniqueur littéraire qui n'aime pas les polars, c'est comme un prof qui n'aime pas les premiers de classe.  Et tout le monde sait que ceux qu'on appelle "les cancres" sont souvent les plus intéressants.


mardi 8 mars 2016

Trois mille chevaux vapeur Antonin Varenne

TROIS MILLE CHEVAUX VAPEUR

Antonin VARENNE


Trois mille chevaux-vapeur

Le livre de Poche
n° 33924
Pages : 696
Date de parution : 30/09/2015
EAN / ISBN : 9782253087120
Prix : 8.30 €

Présentation de l'éditeur



1852, pendant la 2e guerre anglo-birmane. Le sergent Arthur Bowman doit accomplir une mission secrète. Mais l’expédition tourne mal et les hommes sont capturés et torturés pendant plusieurs mois. Seuls dix d’entre eux survivront.

Londres, 1858. Alors qu'il noie son passé dans l'opium et l'alcool, Bowman découvre dans les égouts le cadavre d'un homme atrocement mutilé. La victime semble avoir subi les mêmes sévices que ceux qu'il a endurés six ans auparavant. Persuadé que le coupable est l'un de ses anciens compagnons de captivité, Bowman décide de partir à sa recherche.

De la jungle birmane à l'Amérique de la conquête de l'Ouest en passant par les bas-fonds londoniens, l'histoire d'une quête personnelle et de la métamorphose d'un homme, dans un monde en pleine mutation. 

Venu du polar, Antonin Varenne rejoint la littérature populaire de haut vol, enjouée, référencée, intelligente. Un sacré bouquin. Thierry Gandillot, Les Échos.

L'auteur nous en parle





Mon avis


Pour être honnête, ce roman lu dans le cadre du prix des lecteurs du Livre de Poche ne m'attirait absolument pas. Au visuel, à l'épaisseur - c'est tout de même un pavé de 691 pages - et au quatrième de couverture, aucune attirance.

Je pense que je ne me serais jamais arrêtée sur ce livre. Quelle grossière erreur, car j'ai vraiment passé un super moment.

C'est un livre à surprises, touchant à plein de registres, il vous emmène dans un voyage avec dépaysement garanti à travers le monde.

Tout commence en Birmanie le 17 avril 1852. Le sergent Arthur Bowman va accomplir une mission secrète qui tournera mal. Il n'était pas censé revenir. Emprisonné, torturé pendant presqu'un an, vivant l'horreur il reviendra pourtant étant un des dix survivants.

On retrouve Bowman à Londres en 1858, il est dans la police. Il boit, fume de l'opium pour oublier la barbarie qu'il a connu. D'atroces cauchemars le poursuivent. Un jour, un corps est retrouvé atrocement mutilé dans les égouts de Londres. A côté de lui, tracé avec le sang un mot "SURVIVRE".

On veut faire porter le chapeau à Bowman. Il partira à la recherche des neuf autres survivants pour trouver le coupable de ce meurtre. La recherche l'emmènera outre-Atlantique, il traversera les Etats-Unis.

Une épopée qui prend alors la forme d'un western, road-movie, polar avec un brin de mélo. Des ingrédients distillés avec parcimonie.

Prenez un zeste de guerre anglo-birmane, une pincée d'espionnage et de mission secrète, ajoutez-y un brin d'enquête policière, un grand bol d'aventure, d'espace, de large, un soupçon d'histoire d'amour, un brin d'humanité, un désir de vengeance et de justice, ajoutez-y quelques Indiens, des meurtres, des chercheurs d'or, du Far-West. Le résultat est un voyage garanti qui vous tient en haleine passant d'un genre à l'autre avec brio.

C'est une belle découverte. Une plume séduisante, pleine de talent et de ressort.


Ma note : 9/10 un beau voyage.

Les avis d'autres jurés : PaulineAnne-Laure


Les jolies phrases

Parce qu'une bagarre, c'est comme une guerre : faut reconnaître le vainqueur pour savoir qui a raison de se lancer dedans.  Et que parfois c'est celui qui voulait pas se battre qui gagne.  Alors c'est lui qu'avait raison.

Pour votre malheur, Bowman, vous avez survécu à des choses qu'un homme normal n'aurait pas supportées.  Vous auriez dû vous tuer depuis longtemps, mais si vous ne l'avez pas fait, c'est qu'il y a en vous quelque chose de plus fort que ce dont vous avez été victime.  C'est à vous de choisir, maintenant, ce que vous allez faire pour continuer à survivre.  Souvenez-vous que celui que vous chercherez vous ressemble, mais que peut-être il n'est pas aussi fort que vous.

La nouvelle que vous apportez, monsieur Bowman, c'est qu'il n'y aura pas de nouveau monde.  Parce qu'ici la liberté de devenir soi-même s'offre aussi à des monstres comme votre ami. Et face à eux nous ne sommes pas suffisamment armés.  C'est le combat d'hommes comme vous, et tant que vous existerez nous resterons des utopies.  Vous êtes une objection à notre projet.

Nous croyons connaître les papillons de nuit parce qu'ils viennent tourner autour des lampes, alors qu'ils vivent dans l'obscurité.  Quand ils sont attirés par la lumière, ils ne sont plus eux-mêmes et deviennent fous.  Peut-être que cette communauté est une de ces lumières, un éclairage trompeur, et que la vérité est dans l'obscurité, là où ne pouvons pas voir.

La première bataille dans une guerre, c'est de savoir attendre.

Raconter quelque chose de douloureux, cela ne fait souvent que ranimer la souffrance.

Notre rencontre était bonne, c'est la récompense de ceux qui voyagent seuls.  Mais je dois aussi continuer ma route.

Les Blancs nous tuent parce que nous sommes les Indiens.  Je ne crèverai pas parce que j'en suis un. Ils veulent nous forcer à changer, alors j'ai caché l'Indien au fond de moi.  Ils ne le trouveront pas. Les Blancs ont inventé en Amérique un pays sans passé pour avoir une vie nouvelle.  Mais cette terre a une mémoire.  C'est pour ça qu'ils nous tuent, pour l'effacer.

Les indiens ne se serrent pas la main, peut-être la seule chose que nous aurions dû apprendre de vous. Malheureusement, tellement de mensonges ont été scellés par une poignée de main que nous sommes devenus réticents à cette tradition.  Il ne faudrait le faire qu'entre amis.


Sélection Prix des lecteurs Livre de Poche 2016



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Challenge Pavés




samedi 5 mars 2016

Un homme dangereux Emilie Frèche

Un homme dangereux

Emilie Frèche

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Stock
Collection : La Bleue
Parution : 19/08/2015
288 pages
Format : 135 x 215 mm
EAN : 9782234079854
Prix : 19.50 €



Présentation de l'éditeur

« Pourquoi est-on toujours attiré par les histoires qui ne sont pas faites pour nous ? »


«  Maintenant que tu as vraiment quitté ton mari, on va pouvoir parler. Je veux que tu deviennes ma femme. Je t'aime, je veux vivre avec toi, mais avant, il faut que tu laisses tes enfants.? Pardon ?? Je suis sérieux. Il faut que tu les laisses à leur père, je te dis ça pour leur bien. Elles seront très heureuses avec lui ; ils partiront vivre en Israël, ce sera beaucoup plus simple, et tu iras leur rendre visite pour les vacances.? T'es complètement malade.? Tu sais bien que non, puisque c'est comme ça que ça va se terminer pour les juifs de France. Sept mille juifs sont partis rien que cette année, c'est moi qui l'invente ? Bientôt, il n'y aura plus de juifs en France. Plus un seul juif. Tu te rends compte, un peu ? Le grand rêve de Vichy réalisé par des Merah, des Nemmouche, des Kouachi. Que des petits enfants de bicots qu'on a fait venir du bled pour assembler des boulons, et qui feront mieux que les idéologues du Troisième Reich, sans même avoir besoin de vous mettre dans des trains. Tout ça simplement en jouant avec votre peur. Quelle intelligence ! Quelle économie, surtout. La France nettoyée pour pas un rond. »


L'auteur





Nationalité : France
Né(e) à : Neuilly-sur-Seine , le 12/04/1976

Biographie :

Emilie Frèche est romancière et cinéaste.

Elle est l’auteur de romans: "Les Vies denses" (Ramsay, 2001), "Une femme normale" (Ramsay, 2002), "Le Sourire de l’ange" (Ramsay, 2004), "Le Film de Jacky Cukier" (Anne Carrière, 2006), "Chouquette" (Actes Sud, 2010).

Et de deux documents autour de la mort d’Ilan Halimi : "La Mort d’un pote" (Panama, 2006) et, en 2009, avec Ruth Halimi, "24 jours: La vérité sur la mort d’Ilan Halimi" (Seuil), "Deux étrangers", "Un homme dangereux"...

Emilie Frèche poursuit aussi une carrière de scénariste. En 2014, elle co-signe le prochain film d’Yvan Attal (sortie prévue en 2016), une comédie à sketchs sur l'antisémitisme.

En 2015, elle co-écrit avec Marie-Castille Mention-Schaar ("Les Héritiers") un drame sur des jeunes filles candidates au djihad.

Sa première pièce, "Un prince" devrait voir le jour en 2016 avec Sami Bouajila dans le rôle principal.

source Babelio


Un extrait de On n'est pas couché



Mon avis


Emilie vit depuis quinze ans avec Adam et ses deux filles Suzanne et Léa. Elle aime son mari mais il ne se passe plus rien entre eux sexuellement depuis sept ans. Emilie comme l'auteur écrit livres et films.  Emilie, c'est troublant utilise le "je" et l'on se demande constamment quelle est la part de fiction et d'autobiographie.  Elle sème le trouble dans notre esprit et se dégage à la lecture un sentiment un peu dérangeant et "voyeuriste".

D'origine juive, sa grand-mère vient d'Odessa.  Emilie rencontre régulièrement des étudiants pour lutter à sa manière contre l'antisémitisme.  L'histoire de sa grand-mère est très importante et elle raisonnera à travers elle de manière forte, elle la vivra en quelque sorte à travers sa propre histoire.

Un jour, Emilie rencontre Benoît Parent, chroniqueur littéraire, écrivain ayant eu son heure de gloire. Petit à petit, elle se sentira piégée, elle s'engluera dans cette relation qui lui est nuisible.  Sous son emprise elle sera son obsession.

J'ai adoré l'écriture, étant moi aussi "hypnotisée"  par celle-ci.  Un livre que je n'ai lâché qu'une fois terminé.  Une écriture simple, fluide, efficace et superbe.  Le récit était captivant, créant au départ un trouble en me sentant un peu intruse à observer la vie d'Emilie, femme piégée.

Des questions fusent. Quelle est la part d'autobiographie du récit ?  Jusqu'où peut-on aller par amour ? A quoi peut-on renoncer ?

Le sujet est la manipulation amoureuse, l'emprise. 

J'ai souvent eu l'envie de secouer l'héroïne, de lui dire ; Va t'en tant qu'il est encore temps, avant de la voir sombrer sous l'emprise partant à la recherche du séducteur du départ qui était devenu destructeur.

Un livre aussi traitant de l'écriture, d'une prise de conscience que seule l'écriture lui permettra d'être salvatrice, de faire la part des choses entre la fiction et la réalité.

Le hasard des choses a fait que le jour de la fin de cette lecture j'ai eu la chance de rencontrer son auteur. Je peux vous dire que ce fut un moment chargé en émotions, une belle rencontre et de beaux échanges.  Merci Emilie Frèche pour votre spontanéité et votre simplicité.

Une belle lecture et une plume que j'ai bien l'envie d'approfondir.



Ma note : 8.5/10




Les jolies phrases

Adam était mon sang.  L'unique personne sur cette terre dont je ne me sentais jamais étrangère, et j'adorais la vie que nous nous étions construite.

Il avait compris que la propriété était comme le mariage, un contrat qui, si on le laissait courir, pouvait survivre à tous les renoncements.

Je savais seulement que cette rencontre serait un miracle ou un mirage et que, de toute façon, je ne déciderais rien.

Il n'y avait de liberté que seul, évidemment.  A deux, c'était impossible. A deux, la liberté n'était qu'une servitude volontaire, et elle ne survivait pas à l'amour.

Pourquoi ris-tu ? a encore dit Benoît.  Tu sais bien que nous allons vivre une grande histoire d'amour et que tu vas foutre ta famille en l'air.

Quitter ma femme ..., a répété Benoît d'un air songeur.  J'ai essayé déjà, plusieurs fois, mais tu sais, rien n'est plus difficile que de quitter quelqu'un avec qui on n'est plus.

..il n'y a pas de violence plus grande que d'aller fouiller en soi.

Je me suis dit que l'âge adulte n'était qu'un correcteur, une seconde chance qu'on passait sa vie à réparer son enfance.

Il me restait l'écriture.  Elle était même la dernière arme dont je disposais pour me battre contre lui.  Seulement si je décidais de m'en servir, l'histoire ne faisait que commencer.

Plus il me malmenait et plus, c'est vrai, j'en tirais du plaisir : celui de voir mon livre s'enrichir.

C'était un homme trop cinglant pour ne pas être abîmé, or, comme tous les grands abîmés, je le soupçonnais d'être capable du pire.  Et les gens capables de cela m'ont toujours pétrifiée.

L'écriture n'est pas chez moi une façon d'aimer les gens, c'était un moyen de m'en libérer.

les pages 196 et 197

..On n'écrit jamais à partir de rien, mais de ses lectures ; on écrit à partir des mots des autres, de ses pairs.

L'écriture n'est jamais qu'un face-à-face avec soi-même.

L'écriture est donc comme la vie : on s'imaginait qu'on maîtrisait les choses, qu'on avait ce pouvoir d'influer sur nos destins mais, en vérité, on ne décidait jamais rien ; ce qui devait être advenait, et ce qui n'avait pas de raison d'exister finissait toujours, de lui-même, par s'éteindre.