mercredi 7 juin 2023

Les reines - Emmanuelle Pirotte ♥♥♥♥♥

Les reines  -   Emmanuelle Pirotte



























Le cherche midi
Collection Cobra
Parution : le 25 août 2022
Pages : 528
Isbn : 2749174155
Prix : 21 €


Présentation de l'éditeur



Du grand spectacle combiné à des enjeux Shakespeariens

Sur les ruines de nos civilisations, un nouveau monde s'est bâti. L'humanité a renoncé au progrès matériel et retiré au sexe masculin ses anciens privilèges. Les royaumes sont désormais gouvernés par des femmes, autant de Reines que l'épreuve du pouvoir révèle parfois autoritaires et souvent rivales.

Dans ce monde aux immenses espaces sauvages, des groupes de nomades, artisans, chasseurs et comédiens se croisent sur les vestiges des routes d'autrefois. Parmi ces communautés, celle des Britannia, où les jeunes Milo et Faith brûlent d'un désir réciproque et néanmoins interdit. Leur attirance va provoquer le bannissement de Milo. Commence alors pour le jeune homme une longue errance à travers les terres du Nord ; mais si Milo espère retrouver Faith, il n'imagine pas combien son voyage obéit aux lois de la destinée – ce grand compas qui, toujours, nous entraîne vers nos origines.

Sous la surface agitée de l'épopée, Emmanuelle Pirotte installe le décor et les enjeux de la tragédie antique. Jalousies, tensions amoureuses, filiations cachées, prophéties et vœux de vengeance électrisent les personnages qui se donnent à toutes les passions. Et l'on retrouve enfin, loin des potions prudentes et morales, la plus aberrante et la plus formidable des littératures.



Mon avis

Nous sommes dans le futur, 500 ans après "La Chute", entendez par-là, la disparition de notre monde actuel, disparition de la majorité de la population, des technologies, de la science en partie responsable du déclin, des livres et du savoir et du patriarcat.  

Sur les ruines de nos civilisations, un nouveau monde s'est bâti.   C'est bien dans une dystopie, dans un récit post-apocalyptique qu'Emmanuelle Pirotte nous emmène.  Dans un monde où la population se fait rare, on va voyager des Hautes Terres des Grandes Îles au Royaume des Amazones du Danemark, sur les flots de la grande mer aux Hébrides.

Un pacte a été fait avec la Terre-Mère donnant le pouvoir aux femmes.

On va suivre deux jeunes, des Gypsies issus de la tribu Britannia : Milo et Faith.  Ils sont inséparables, ils s'aiment et pourtant Milo, sera exclu des siens, banni, condamné à errer dans ce monde pour y trouver sa place, apprendre à survivre seul.

C'est alors une épopée qui commence à travers l'Europe centrale, avec au Nord, le domaine des Amazones et de leur reine Edda du Danemark, qui rêve d'étendre encore son territoire...

Sur une île rocher au large des Hébrides, on découvre Alba, une ancienne reine cruelle, une recluse devenue "sybille ", une oracle qui communique avec la Terre-Mère.  Elle se livre dans son journal, en parallèle à L'histoire de Milo et Faith.  

Peu à peu on comprendra pourquoi elle en est arrivée là.


Ce récit est juste magnifique, il nous emporte ailleurs.  L'écriture est superbe, riche, exigeante parfois mais elle nous emporte dans un long poème épique, dans une tragédie.

Si cette histoire se passe dans le futur, elle n'en reprend pas moins les codes de la mythologie; Enée chez Virgile, Oedipe et Sophocle, Electre et Eschile mais aussi la tragédie Shakespearienne car l'amour passion est également au rendez-vous à plus d'un titre, Faith joue d'ailleurs une très belle Desdémone dans Othello.

Des secrets pimenteront le récit et vous tiendront en haleine.  

Une question centrale est le pouvoir aux femmes.  La question est posée: pour un mieux ou non ?

Je n'ai pas envie de vous en dire trop si ce n'est que des secrets pimenteront le récit et vous tiendront en haleine.  D'autres thématiques abordées : le changement climatique, le respect du vivant, l'inversion des rôles, la limite du progrès et de la science et indirectement la littérature. 

Je peux vous dire que lorsque l'on arrive au bout de ces 528 pages, on n'a pas envie que cela s'arrête, on voudrait rester encore avec ces beaux personnages.


Les jolies phrases

Mais le froid rend les êtres durs et sans pitié, il gèle les coeurs et anéantit les faibles. 

Les femmes sont-elles plus aptes à exercer le pouvoir ? Ont-elles véritablement, comme veulent nous le faire croire les mythes de la Renaissance, plus de jugement, d'empathie, davantage le sens de la justice et de l'équité ? Sont-elles, sinon exemptes, du moins plus affranchies que les hommes du désir de puissance, de l'orgueil, de ce que dans le Très Vieux Monde on nommait l'hubris ? Je l'ai longtemps cru, j'ai défendu cette conception avec passion, avec une conviction fanatique, à la mesure de l'effarante inanité de cette croyance. Je sais aujourd'hui qu'elle est infondée et dangereuse. Je sais qu'une femme peut se révéler abjecte, retorse, envieuse, fourbe, d'une patience diabolique, destructrice et narcissique ; c'est une créature nuisible et prédatrice.
Je le sais parce que cette créature, c'est moi.

Nous sommes sans doute allés trop loin, moi la première.  Mais trouver de l'équilibre lorsqu'il faut reconstruire sur les cendres d'une civilisation qui a oeuvré à son propre épanouissement ?

Vous croyez tout ce qu'on dit dans les livres ?  Vous avez tort.  Ce sont des choses sans vie, emprisonnées sur ces pages depuis trop longtemps pour être encore vraies.  La parole écrite est morte.  Le souffle l'a abondonnée.

Ça ne sert à rien de se plaindre et de ressasser.  Il faut vivre avec ce que nous avons perdu, ou plutôt sans.

La nécessité de la guerre est ancrée en nous aussi solidement que l’orgueil, que le désir, la curiosité, que la fascination pour le pouvoir, pour la beauté ou le mal absolu.

Il faut toujours penser au souvenir qu'on laissera, Alba, c'est une préoccupation de faibles.  La puissance, la grandeur n'ont que faire de la morale.  

Ce qui est interdit fascine, c'est toujours la même bonne vieille histoire.  L'humain désire ce qu'il ne peut posséder.  

L'humanité n'aura-t-elle jamais fini de justifier toutes les avanies et les bienfaits qui la frappent en invoquant un dessein supérieur, une volonté transcendante ? Ne cesserons-nous jamais de chercher un sens à la vie ? La vie n'a d'autre sens qu'elle-même, elle est le principe originel, ultime, et notre rôle dans cette dynamique éternelle n'a pas plus ou moins d'importance ou de signification que celui de la fourmi ou du roseau. C'est ce que l'Homme nouveau est censé avoir appris depuis la Chute. Mais cette conception demande du cran, une bonne dose d'humilité et de courage qui finit toujours par nous faire défaut.


Ne dit-on pas que les hommes restent des enfants leur vie entière ? 

Il faut aimer pour comprendre intimement quelqu'un !

Sans ce fameux amour - et tout le cortège des fausses vertus qu'il trimballe avec lui, bonté, compassion, abnégation -  l'être humain ressemblerait au monstre qu'il est en réalité.  

Puisqu'elle ne peut pas vivre, elle, qu'importe ce que deviennent les autres, tous les autres ? C'est cela vieillir sans doute : ne plus se soucier du devenir du monde, puisqu'on n'a plus rien à y faire .  Après moi le déluge !

L'homme a ceci de stupide et touchant ; il a bien du mal à se représenter la vie aller son cours et le monde tourner en dehors de sa petite conscience prétentieuse qui refuse de disparaître, comme la tique refuse de lâcher sa peau. C'est peut-être ce qui a perdu les grandes civilisations autrefois.

Il est ardu de se débarrasser des croyances que l'on vous a tatouées dans le cerveau depuis votre plus jeune âge.  ce n'est pas quelque chose dont on se débarrasse comme un tique.

C'est quand la part matérielle de notre être s'effrite que nous mesurons véritablement la nature de notre rapport au monde.  Ce monde ne nous semble accueillant, bienveillant que si nous ne nous sentons pas menacés par lui.  C'est peut-être ce qui explique que l'humanité n'ait eu de cesse de détruire, pour ne pas avoir peur. 

Une évidence le saisit : l'identité d'un individu est forgée par le moindre moment de sa vie.  Renier un seul de ces instants équivaut à nier qui l'on est, à répudier un morceau de soi-même.  

La peur est un moteur nécessaire au fonctionnement de la plupart des êtres humains; elle seule leur permet de rester fiables, cohérents, de réfléchir plus utilement.

Qu’est-ce, au fond, que l’amour, sinon un miroir qui nous renvoie notre image transfigurée ?

Plus une communauté est répressive, plus ses règles de vie et ses coutumes sont liberticides, et plus ses membres agissent sans réfléchir en prenant des risques énormes.  C'est là qu'est peut-être la vraie liberté.

Les forêts réalisent le rêve humain du Vieux Monde : vieillir sans vieillir, avoir mille ans mais toujours vingt, accumuler la connaissance, l'expérience, mais conserver la jeunesse, la beauté, la puissance, la capacité de régénérescence d'un corps neuf.  Alba les comprend, ces hommes qui se prenaient pour des dieux et faisaient le pari de la toute puissance et de l'immortalité.  


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lundi 5 juin 2023

La malnata - Béatrice Salvioni ♥♥♥♥♥

La Malnata - Beatrice Salvioni  ♥♥♥♥♥










Albin Michel
Parution : 22/03/23
Traduit de l'italien par Françoise Bouillot
Pages : 336
EAN : 9782226471222
Prix : 21.90 €


Présentation de l'éditeur



« La Malnata – la mal née – était en bas sur la rive du Lambro avec deux garçons que je ne connaissais que de nom. Ils avaient tous les deux des pantalons courts et les genoux écorchés, et pour elle, cette fille qui leur arrivait tout juste à l’épaule, ils auraient affronté la mitraille comme les soldats qui s’en vont à la guerre, en disant ensuite au Seigneur : Je suis mort heureux. »

Phénomène littéraire, révélation d’une voix unique, récit puissant où le passé fait écho au présent : La Malnata marque l’entrée en littérature de Beatrice Salvioni, vingt-six ans, dont le roman est publié simultanément dans plus de vingt-huit pays.

Ce roman d’apprentissage au féminin raconte l’amitié intense et émancipatrice de deux adolescentes dans l’Italie fasciste. Deux adolescentes que rien ne destinait à la rencontre – l’une est issue de la bourgeoisie, l’autre des milieux populaires – qui vont trouver, à deux, le courage de se révolter contre la morale sociale et la violence des hommes.

Beatrice Salvioni


Née à Monza en 1995, elle est titulaire d'une maîtrise en philologie moderne à l'Université catholique de Milan avec une thèse sur la narration interactive. Elle est diplômée du Collège "Writing" de l'école Holden de Turin et a remporté la session de nouvelles "Au-delà du voile de la réalité" du Prix Calvino 2021. Avec ses histoires, elle a également été lauréate du prix Raduga 2021 "Apprendre à connaître Eurasia" et finaliste du prix "8×8 you hear the voice". IElle a pratiqué l'escrime médiévale et a gravi le Mont Rose. Elle dit qu'à l'âge de neuf ans, elle a mis des chaussettes et du jus de pomme dans un sac à dos et s'est enfuie à la recherche de l'aventure. L'évasion a duré jusqu'à la porte de la maison, mais elle écrit des histoires depuis.

Son roman est publié dans plus de 28 pays, traduit ou en cours de traduction dans 32 langues.

Source : Babelio

Mon avis

C'est un très beau premier roman que nous propose l'italienne Beatrice Salvioni.  Direction Monza, l'été 1935.

Sur la rive du Lambro, Francesca la jeune narratrice observe trois adolescents :
 - Filippo Colombo, le fils d'un fasciste
 - Matteo Fossati, le fils d'un communiste
 - Maddalena Merlini, issue de la classe ouvrière,  celle que l'on nomme "La Malnata" , la malnée, celle qui porte malheur, la sorcière, le diable incarné, celle qu'il ne faut pas fréquenter. Pourtant ce n'est qu'une ado de 11ans qui n'a peur de rien et en a déjà bien bavé.

Francesca est fascinée par cette fille.  Issue d'un milieu bourgeois que tout oppose à elle, un père qui fabrique des chapeaux.  Eduquée dans la religion catholique, obligée d'assister à la messe du dimanche, elle va s'en approcher, faire partie de sa bande, devenir son amie et découvrir que les apparences sont souvent bien trompeuses.

Peu à peu avec Francesca, elle va quitter l'innocence, les croyances et découvrir la vie, apprendre à s'émanciper et se révolter contre la violence sociale, morale et les hommes.

Ce roman c'est l'apprentissage de la vie, la réalité du monde, la découverte de l'amitié avec la loyauté, les trahisons, solidarité et rébellion.  Mais ce roman c'est aussi un pan de l'Histoire de l'Italie, les croyances au régime fasciste, l'adoration du Duce enseignée à l'école, le rêve de pouvoir de l'Italie avec la guerre en Abyssinie, la lutte des classes.

L'écriture est magnifique, visuelle, prenante, envoûtante.  C'est vraiment un très beau voyage que je vous recommande chaleureusement.

Ma note : coup de coeur ♥♥♥♥♥

Les jolies phrases

Les mots sont dangereux si tu les dis sans penser.

D'un côté, il y avait la vie telle que je la connaissais, de l'autre, celle que me montrait la Malnata.  Et ce qui avant me semblait juste devenait difforme comme notre reflet dans le lavabo quand on se passe de l'eau sur la figure.  Dans le monde de la Malnata, on faisait des concours de griffures de chat et pour apaiser la douleur on les léchait avec le sang.  C'était un monde où il était interdit de jouer à faire semblant, et où on parlait aux garçons en les regardant dans les yeux.  Je le contemplais debout sur son bord, son monde, prête à glisser dedans.  Et je mourais d'impatience d'y tomber.

C'est la guerre qui fait de toi un homme, parce que c'est seulement le jour où tu connais le sang que tu peux dire que tu es un grand.

L'honneur, on peut en avoir sans la guerre. Et sans le Duce.

Si tu veux pouvoir te dire un homme, tu dois être capable de tuer.  Guerre ou pas guerre.

Le père de Matteo répétait au contraire : "Cette guerre ne sert qu'à faire mourir de braves garçons pour ramasser un peu de sable.  Les Abyssins ont raison.  c'est nous qui voulons aller dans la maison des autres.  Parce que c'est cela  que font les fascistes. Ils prennent les affaires des autres et ils se les mettent dans la poche à leur profit et au profit de leurs copains. C'est ce qu'ils ont fait avec ma boucherie et ils le feront avec vos affaires à vous.  Et pour nous, les pauvres gens, il ne reste plus que les crachats. Ou les grains de ce maudit sable d'Ethiopie !"

Les paroles comptent, Maddalena.  on ne peut pas les prononcer à la légère.  Sinon, elles deviennent dangereuses.  

En grandissant, on apprend que souvent, il vaut mieux ne pas dire ce qu'on pense vraiment. 


dimanche 4 juin 2023

Bilan de lecture de mai

 Bilan de lecture de mai






En mai fais ce qu'il te plaît !  C'est ce que j'ai fait ! M'accorder une petite semaine de vacances au soleil pour prendre le temps de lire.  Voici le résultat.  De très belles découvertes.  Mai était aussi l'occasion de rencontrer Emmanuelle Pirotte lors du dernier café littéraire, une rencontre passionnante.  Je vous invite à découvrir ses romans, tous très différents.

Belles découvertes.





En attendant son roman à la rentrée, un petit jeunesse qui parle d'amitié et de confiance en soi.



Retrouver la plume de Didier van Cauwelaert et le personnage principal de "la vie interdite"




Une belle découverte, un petit roman poétique.




Déborah Lévy-Bertherat revient sur ses racines, portrait de femme touchant, devoir de mémoire.




Le troisième roman d'Adeline Dieudonné confirme son talent. 





C'est un gros coup de coeur ♥,  un livre à lire absolument cet été.  Lorsque des rencontres improbables ont lieu et changent des vies.




Gros coup de coeur également pour ce premier roman d'une autrice italienne.  Un roman initiatique sur fond des années 30.



Un graphique pour changer. Peu de texte, très visuel et très réussi.





Le roman idéal pour se vider la tête et passer un bon moment.  Il vient de paraître en poche en plus !





J'ai écouté "Une passion simple" , lire autrement .






Cela faisant longtemps que j'avais envie de découvrir ce roman passionnant, très éclairant sur la situation en Russie.  Une jolie plume.







Comme toujours, en cliquant sur la couverture, vous avez accès à l'article s'il a été publié.




La mise à jour de la rubrique est mensuelle.  Belles découvertes.

jeudi 1 juin 2023

Une légère victoire - Odile D'Oultremont ♥♥♥♥♥

Une légère victoire - Odile d'Oultremont

















Julliard
Parution : 02/03/23
Pages : 256
EAN : 9782260055716
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur

« C’est ahurissant à quel point une phrase, une seule, constituée des mêmes mots, en tous points pareils, a suffi à rendre à Nour son monde entier et à faire éclore en Ponthus les prémices d’une vérité dont aucun parent ne voudrait. »
Chacun à sa manière, Nour Delsaux et Yarol Ponthus sous-vivent. L’une est enfermée dans une existence où elle se satisfait de petits arrangements avec elle-même, l’autre est écroué depuis un quart de siècle dans une cellule de huit mètres carrés.
En février 2020, dans d’étranges circonstances, la trajectoire de l’un percute celle de l’autre.

L'auteure

Odile  d’Oultremont




Scénariste et réalisatrice, Odile d’Oultremont vit entre Bruxelles et Paris. Son premier roman "Les déraisons" est paru en décembre 2017. Prix des lecteurs de Club 2018 et Prix de la Closerie des Lilas.

2017  Les déraisons   - Editions de l'Observatoire
2019  Baïkonour        - Editions de l'Observatoire

© Barbara Iweins

Mon avis

Deux êtres que tout oppose, des univers aux antipodes, qui n'auraient jamais dû se croiser, et pourtant la vie de l'un va entrer de plein fouet dans la vie de l'autre.  Un choc percutant qui nous donne un très beau roman qui m'a bouleversée ! 

Nour Delsaux est en couple avec Jeff alias Jean-François, le fils du ministre de l'industrie . Elle est assistante de direction au journal "Le Monde".  Son rêve était d'être journaliste mais bon !  
Elle vit dans un milieu bourgeois. Jeff est souvent absent, trop pris par son travail et il faut bien le dire plus préoccupé par ce qui pourrait atteindre ses parents au niveau politique que par l'amour qu'il porte à Nour.

Yarol Ponthus est enfermé depuis 25 ans dans sa cellule de 8m2, condamné pour un quintuple assassinat et un passé compliqué. Il est devenu un prisonnier exemplaire, repenti, cultivant un petit bout de jardin dans la cour.  Sa sortie approche, il faut qu'il s'y prépare.  Rien ne l'attend vraiment dehors hormis une fille qu'il n'a plus vu depuis son incarcération.

C'est l'anniversaire de la mort de son père et Nour décide de se rendre au cimetière pour y déposer des fleurs.  A bord de sa voiture hybride, ultra silencieuse, elle va percuter mortellement une femme, Constance Rodriguez.

Cet élément va changer leurs vies.

C'est fort, percutant, bluffant.  L'écriture d'Odile est très belle, addictive, impossible de lâcher ce roman superbement bien construit.  Peu à peu les deux personnalités se dessinent. On passe de l'un à l'autre, en écoutant leurs doutes, désespoirs ou espoirs. On entre dans leur tête, au plus profond de leurs pensées, ressentis, sentiments.  On découvre l'univers carcéral, la complexité de l'être humain et des deux milieux que tout oppose.

A la lecture j'ai beaucoup pensé à l'univers de Matthieu Ménégaux qui excelle dans ce registre.

A lire absolument.

Coup de coeur ♥♥♥♥♥



Les jolies phrases

La part la plus intéressante de chacun réside dans ce que l'on ne peut prévoir.

La chute vertigineuse, le déporte dans la pénombre et le sang des souvenirs fait exploser ses veines.

Elle a déjà souffert de le vivre, on ne va pas lui demander de commenter le drame.

Dieu que c’est bon cette eau chaude qui l’enserre d’un coup. Elle ferme les yeux. Plus rien de léger ne demeure en elle. Elle est sac de pierres, container en acier, bloc de granit, rigide et froide, comprimée à en crever.Tandis que sur son corps se répand la chaleur, jaillissent les larmes du désespoir. La mort de cette femme, irréversible, est la plus violente des astreintes.

On dirait qu'il a perdu l'ouïe.  Alors Zoltan s'approche et murmure avec douceur ; la proximité entre eux, dessinée au fil des ans comme un poème, a creusé dans la vase de leur quotidien des sillons plus forts qu'une tempête.  Si les oreilles de Yarol, à la vie, sont devenues sourdes, désormais Zoltan écoutera doublement parce qu'en captivité les liens sont costauds bien plus qu'ailleurs et l'amitié a tout d'un brasier ardent.

Dans le corps du père, une invasion commence.  Une invasion timide mais tenace, l'émergence d'une densité de sentiments dont il se souviendra toujours, des jours, des mois, des années après la naissance de Constance.  Un geyser, c'est ce qu'il dit à Alix au retour de l'hôpital.  Elle, grand-mère désormais, a juré de ne plus boire.  Elle l'a juré à son miroir et rien qu'à lui.
Le geyser amorce son jaillissement continu, de l'amour qui provient d'on ne sait où pour aller on ne sait où.

Son corps contredit son âme, crée une faille qui ne cessera de gagner en puissance, elle le sait.


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lundi 29 mai 2023

Nazi killers - Amazing Ameziane

 Nazi killers  -   Amazing Ameziane
















Editions du Rocher
Parution : 15/02/2023
Pages : 144
Isbn : 9782268108322
Prix : 19.90 €

Présentation de l'éditeur

Laissez-moi vous présenter le Ministry of Ungentlemanly Warfare, l'armée secrète de Churchill, les vrais Inglorious Basterds qui ont mis le feu à l'Europe occupée par les nazis. Par leur courage et leur férocité, ils ont changé le cours de la guerre. Découvrez le Soe, le SAS, le LRDG, le SIG, mais aussi une espionne polonaise fabuleuse, Christine Granville, le tout raconté par ceux qui l'ont vécu, Ian Fleming, Christopher Lee, Joan Bright ou Maurice Tiefenbrunner.



L'auteur

Nourri aux Comics de Frank Miller et Bill Sienkiewicz, aux films de Bruce Lee et Sergio Leone, le tout baigné par les rythmes de la Soul des années 66/76, Ameziane (pas encore Amazing...) travaille jusqu'à fin 2001 comme illustrateur et graphic designer. Devenu Amazing, après avoir produit seul les 180 pages de Bagmen en 6 mois, Ameziane partage son temps entre ses projets en solo et les graphic novels avec Sybille.


L'avis de mon mari


Amazing Améziane, c’est Amé, un auteur de BD biberonné aux westerns de Sergio Leone, à la musique soul des 60’s et 70’s, au ciné US des maîtres Coppola, Scorsese et Tarantino.

La couverture du livre fait immanquablement penser à ‘Inglorious Bastards’, le film de Quentin Tarantino sur ces tueurs de Nazis.

Cette BD nous conte l’action de diverses factions durant le second conflit mondial telle la SAS (Special Air Force) dont faisait partie le célèbre acteur Christopher Lee et la SOE (armée secrète de Churchill). On retrouve aussi l’implication d’un certain Ian Fleming et comment il va se nourrir de ses expériences pour l’écriture des James Bond.

La BD met en exergue des figures importantes, dont certaines méconnues comme Christine Granville. Il s’agit donc de toutes les opérations ayant permis d’entraver la progression de l’ennemi, sabotages, assassinats de Nazis dont Heydrich à Prague, l’opération Mincemeat faisant croire aux Nazis à un débarquement des alliés en Grèce, ….

Le livre remet également en lumière le rôle des plus hauts dignitaires nazis, l’histoire de Churchill, son accession au poste de premier ministre et sa stratégie de combat de l’ennemi pour éviter l’invasion de son pays.

C’est passionnant, dans un style BD très américain et très cinématographique. Très touffu aussi, super bien documenté, à la limite chaque partie aurait pu faire l’objet d’une BD séparée.

Sa note :  9/10




dimanche 28 mai 2023

Victoria Bauer ! - Xavier Deutsch

 Victoria Bauer !    -  Xavier Deutsch










Le Cri
Parution : 1996
Pages 188
Isbn : 9782871061755


Présentation de l'éditeur



Lionel de l'Oural, photographe de 19 ans, est fasciné par la présentatrice de télé Victoria Bauer d'Hallum aux grands yeux lumineux gris. Pour la conquérir, il accepte sa demande de réaliser sept images de filles, " petites sœurs de galaxies ", qui seront autant d'épreuves et de preuves de sa passion. Xavier Deutsch aborde ici avec tendresse, humour, douceur, les mystères de la féminité et de la sensualité, nous confirmant son talent. Sous une allure innocente sourdent les préoccupations de nos générations début de siècle.





L'auteur















Xavier Deutsch est brabançon. Il vit à Chaumont-Gistoux.
Son métier depuis 1996 : écrivain.
Son premier roman a été publié chez Gallimard en 1989  "La nuit dans les yeux"
Il a obtenu le Prix Rossel en 2002 pour "La belle étoile"

Une quarantaine de romans à son actif.  Des chroniques, du théâtre.

Une plume à découvrir sous différents registres.

Mon avis

C'est un roman paru en 1996, je me souviens l'avoir lu à l'époque.  Il avait reçu un prix de lecteurs sur la RTBF, l'ancêtre du Prix Première.  Je l'ai relu en préparant un café littéraire mettant Xavier Deutsch à l'honneur.

Sur fond de guerre en Italie, on y rencontre deux personnages : Victoria Bauer - présentatrice vedette du journal télévisé - et Lionel de l'Oural, un jeune photographe amateur de 19 ans.

Lionel est fasciné par Victoria, il aimerait la photographier.  Il va en parler à son amie Laura; comment attirer l'attention de la célèbre Victoria?

Il va finalement entreprendre de lui écrire, essayer de l'intriguer.  Il lui parlera de son petit foulard jaune, d'un tableau de Vermeer et signera de manière intriguante par Gregory Peck.

Son petit stratagème va réussir, une rencontre où Victoria exigera de lui de faire 7 photos de plus en plus sensuelles avant d'avoir le droit ultime de la photographier.

Un challenge que Lionel acceptera. Le récit devient épistolaire, il s'agit en réalité d'un roman initiatique abordant la sensualité et la féminité.  Un parcours en 7 photos qui fera prendre conscience à Lionel la différence entre la femme idéalisée dans ses rêves et le véritable amour.


Ma note : 8/10

Les jolies phrases

- James Ensor, Adolphe Sax ... Question : pourquoi, sur nos billets de banque, ils n'ont dessiné que des architectes, des peintres et des musiciens et le roi ?  Pourquoi jamais des écrivains, alors que la France dessine Pascale et Saint-Exupéry sur les billets de sa banque ?
Il remue sa poignée de pognon devant Lionel qui met la bouche comme ça, puis il dit ;
-Pour éviter de choisir entre les auteurs qui écrivent en flamand et ceux qui écrivent en français.  La peinture, le musique, c'est bilingue, même polyglotte.  Il faut réfléchir, Lionel.  Tu réfléchis, toi ?


Si tu veux comprendre les filles, Lionel, applique-toi d'abord à les aimer. Mais je sais que dans tes voyages auprès d'elles tu ne les blesseras pas, tu ne les forceras pas à t'expliquer ce qui se passe en elles.  C'est d'ailleurs ainsi qu'elles se dévoileront le mieux.

Longtemps Lionel regarde Laure et les orages ont fini, les ciels sont calmes.  Alors enfin doucement Lionel voit Laure, et ça commence.  Il faut regarder longtemps avant de voir, et maintenant Lionel demande l'impossible à son Rolleiflex.


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Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

 Ils ont rejoint mon Himalaya à lire




Il était une fois en Jamaïque -  Loulou Dedola et Luca Ferrara
















Futuropolis
Récits singuliers
Parution : 05/04/2023
Récit de Loulou Dedola
Dessin de Luca Ferrara
Couleurs de Luca Ferrara et Gloria Martinelli
Pages : 112ISBN : 9782754826457
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur

L’histoire de la Jamaïque et du reggae racontée à travers le One Love Peace concert ! Ce concert donné à Kingston le 22 avril 1978 a marqué l’histoire. Il marque le retour de Bob Marley après deux ans d’exil, grâce à deux chefs de gangs décidés à mettre fin à la guerre civile qui déchire la Jamaïque.
Une enquête, près de 50 ans plus tard : Loulou Dedola est allé à la rencontre des derniers témoins pour raconter les coulisses de ce concert mythique de Bob Marley en Jamaïque, certainement le plus important événement de l’histoire du reggae. C’est toute l’histoire de la Jamaïque et du reggae qui prend vie sous la plume de Luca Ferrara.
Que s’est-il passé réellement avant pendant et après ce mythique concert reggae du 22 avril 1978 au stade de Kingston en Jamaïque ? Deux partis politiques se livrent une lutte sans merci pour le pouvoir. L’électorat du ghetto est crucial pour départager le très conservateur JLP (Jamaica Labour Party) du socialiste et non-aligné PNP (People’s national Party). Les deux partis ont recours aux gangs pour prendre le contrôle électoral des « slums » (taudis) et des « shanty towns » (bidonville) de Trenchtown, Tivoli Garden, Kingstown Twelve… La guerre civile fait rage. On assassine, on pille, on viole sous toutes les bannières.
Pourtant, de deux camps opposés, deux hommes vont tenter d’inverser le cours des événements : Claudius Massop et Bucky Marshall. Ils appartiennent à des gangs rivaux mais leurs routes vont se croiser au fond d’une cellule de la prison de Kingston. Ces hommes forts des gangs de Tivoli Garden et Trenchtown savent que le reggae est le ciment du peuple jamaïcain. L’idée d’un concert pour la paix germe dans leurs esprits. Pour cela ils ont besoin d’un homme, le roi du reggae, leur ami d’enfance, parti en exil deux ans auparavant après un attentat manqué contre lui : Bob Marley !

J'avais très envie de retrouver le trait de Camille Royer

La femme corneille   -    Camille Royer et Geoffrey le Guilcher




















Futuropolis
Documentaire
Parution : 08/02/2023
Un récit de Geoffrey Le Guilcher et Camille Royer.
Dessin et couleurs de Camille Royer
Pages : 160
ISBN : 9782754831987
Prix : 22 €

Présentation de l'éditeur

Bac à 16 ans, reçue en prépa à Henri IV, à Paris, Marie-Lan poursuit ses études conjointement à Sciences Po et à Normale Sup. Aujourd’hui, elle habite Paris, et son boulot lui laisse pas mal de temps libre. Notamment pour jouer à Pokémon Go. C’est en jouant à ce jeu en ligne qu’elle fait la connaissance de Frédéric Jiguet, professeur au Muséum d’histoire naturelle, spécialiste des corvidés. Cette « rencontre du troisième type » va changer sa vie : elle devient vite accro aux corneilles.
Au Jardin des Plantes, elle fait ami-ami avec Bob et Alice, un couple de corneilles qu’elle vient visiter presque chaque jour. En les étudiant et en tissant des liens étroits avec eux, Marie-Lan, la « femme corneille », va découvrir le monde incroyable des corvidés : ils sont, pour la plupart, bigames, pratiquent le « chant des morts », transmettent des informations d’une génération à l’autre, au point qu’on puisse parler, à leur sujet, de culture et même de langage... Ils font aussi partie des rares animaux capables de fabriquer et d’utiliser des outils. Marie-Lan nous fait découvrir l’une des plus prodigieuses intelligences animales.

Un livre-enquête passionnant sur les corneilles (et tous les corvidés), considérées par de nombreux scientifiques comme les animaux les plus intelligents après les humains.


Curieuse de lire l'adaptation du roman de Jean Teulé 

Crénom Baudelaire ! 
Tome 1
Dominique et Tina Gelli





















Futuropolis
Parution : 05/04/23
Scénario de Jean Teulé
Dominique et Tino Gelli
Pages : 160
ISBN : 9782754832106
Prix : 24.90 €

Présentation de l'éditeur

Fresque en 3 tomes, cette adaptation initiée par Jean Teulé fait la part belle à l’image et l’imaginaire. En trois volumes, elle s’attarde sur les grandes périodes de la vie de Baudelaire et enlumine de peintures expressionnistes les grands poèmes qui jalonnent le récit. Teulé montre un homme qui travaillait ses vers sans relâche, qui voulait réunir dans une même musique l’ignoble et le sublime, et qui a changé à jamais, avec les Fleurs du Mal, la poésie française.
À Namur, en sortant d’une église, Baudelaire fait une mauvaise chute qui lui fait lâcher ce juron : Crénom ! Il ne dira dès lors plus rien d’autre. Nous sommes en 1867. Il ne lui reste que peu de temps à vivre…
Enfant, il ne se sent heureux que dans les jupes de sa mère. À tel point que le décès de son père le réjouit car, désormais, la femme de sa vie ne sera que pour lui ! Son bonheur sera toutefois éphémère, car quelques mois plus tard elle épouse le chef de bataillon Jacques Aupick qui entend faire son éducation.
Après son renvoi du lycée Louis Le Grand, son beau-père l’envoie sur un navire partant vers les Indes pour une année qui doit en faire un homme. À bord, il évite les autres passagers pour se consacrer à la poésie dont il est persuadé qu’elle fera sa gloire. C’est à bord qu’il écrit les vers de L’albatros…

J'ai aussi craqué pour


Les cahiers Ukrainiens Tome 1 -  Journal d'une invasion
Un récit témoignage d'Igort






























Futuropolis
Parution : 08/02/23
Traduit (italien) par : Laurent Lombart
Pages : 168
ISBN : 9782754835169
Prix : 24 €

Présentation de l'éditeur

Igort a vécu en Ukraine, la famille de son épouse y vit toujours. Après avoir raconté les racines de ce conflit dans Les Cahiers ukrainiens et Les Cahiers russes, il revient sur ce sujet pour donner une voix à ceux que généralement on entend peu : les gens ordinaires qui vivent et subissent les conséquences d’une guerre insensée et brutale. Un récit écrit en temps réel qui témoigne de l’horreur : une vie sous les bombardements, dans les villes assiégées… et puis la résistance, la détermination d’un peuple qui souffre mais ne cède pas. Un livre bouleversant et essentiel dont l’espoir, la désillusion, la fierté et la solidarité construisent la structure dramatique.

On reste dans l'univers bd, une maison d'éditions que j'aime beaucoup :  Anspach

Plagiat   -   Goffin-Schuiten-Peeters





























Anspach
Parution : 07/04/23
Pages : 64
Scénario : Schuitten et Peeters
Dessin :  Goffin
Isbn : 9782931105153
Prix : 17 €

Présentation de l'éditeur

Chris Van Meer est le peintre le plus en vogue de la nouvelle vague. Son excentricité subjugue autant que ses toiles, et ses expositions attirent de nombreux amateurs. Les critiques ne jurent que par lui, mais lui ne se passionne que pour son oeuvre. Avec ses nouveaux tableaux, il pense avoir atteint le sommet de son art. Mais tout s'effondre lorsque deux cambrioleurs s'introduisent dans sa villa ! Quelques semaines plus tard, juste avant que Chris Van Meer ne dévoile ses peintures, un nouvel artiste, aussi brillant que mystérieux, présente d'éblouissantes compositions. Pour Chris, cela ne fait aucun doute : il est la victime d'un plagiat ! Terrassé par la colère, il détruit ses propres toiles, avant de se décider à porter plainte. Comment combattre un artiste inconnu ? Comment prouver le plagiat ? Obsédé par l'idée de trouver le coupable, Chris entame une descente aux enfers, rejeté par ceux qui l'adulaient, engloutissant sa fortune dans un combat qui semble perdu d'avance.


On reste dans le roman graphique averc deux parutions chez Casterman : l'italienne Zuzu 

Les jours heureux   -   Zuzu




























Casterman
Parution : 17 mai 2023
Traduit de l'italien par Hélène Dauniol-Remaud
Pages : 464
Ean : 9782203241992
Prix : 32 €

Présentation de l'éditeur


Le récit de la déconstruction d'une relation toxique.


Claudia se rend à Rome pour une audition où elle récitera un extrait d’Oh les beaux jours, la pièce de Samuel Beckett. Elle croise par hasard son premier amour, Giorgio, un homme manipulateur et dangereux. Retraversant avec la jeune femme une relation et sa fin douloureuse, le lecteur suit un personnage et ses multiples métamorphoses. Car au gré de ses sentiments, des dents de loup-garou poussent à Claudia, ainsi que des ailes d’ange et une queue de félin… Explorant une nouvelle fois les fragilités du corps et l’errance des émotions, l'italienne ZUZU réalise un roman graphique puissant, où la réalité se mêle au fantastique et où le dialogue laisse souvent la place à un silence profond.


Sur un tournage en enfer


Un tournage en enfer au coeur d'Apocalypse Now - Florent Silloray




















Casterman
Parution : 17 mai 2023
Pages : 160
Isbn : 9782203216532
Prix : 24 €

Présentation de l'éditeur


Le tournage réellement apocalyptique d’un des plus grands films du XXᵉ siècle


Philippines, mars 1976, début d’un tournage qui marquera l’histoire d’Hollywood : typhons, renvoi du premier rôle, climat détestable, maladie tropicale et drogue à gogo, caprices de stars et infarctus de l’acteur principal, dépression et paranoïa du réalisateur, budget incontrôlable et équipe en roue libre… Un enfer à l’origine d’un film culte ! Un tournage de plus de 18 mois. Un budget pharaonique qui met en faillite la Major qui produit le film. Plus de 300 km de pellicules tournées. 12 mois de montage. Une Palme d’or à Cannes en 1979.

On termine avec le roman de Fabienne Blanchut, merci à mon poche éditions

Maman ne répond plus  -   Fabienne Blanchut






























Mon poche
Première édition  Marabout 2021
Parution : 11 mai 2023
Pages : 200
Prix : 7.80 €

Présentation de l'éditeur



Zabou s’apprête à célébrer son 62e anniversaire. Pour l’occasion, tous ses proches sont réunis : Michel, son mari passionné (essentiellement de vélo), Louise et Benjamin, ses enfants attentifs (surtout à eux-mêmes), Paul, Léa et Clara, ses petits-enfants aimants (les biberons et les pistolets à eau) et Nicoucou, son amie fidèle (à ses tee-shirts voyants et à son franc-parler légendaire).

L’esprit a beau être à la fête, Zabou ne peut réfréner son envie de se réfugier dans le cellier pour pleurer et avaler des bonbons par poignées. Après des années à s’être
consacrée aux autres, elle semble désormais tout juste bonne à accompagner son mari sur les routes du Tour de France et à garder les plus petits.
Et s’il était temps de rompre l’ennui ? De se laisser embarquer par la douce folie de l’amitié ? De fuguer pour mieux se retrouver ?


Belles lectures !

samedi 27 mai 2023

Anaïs Nin Sur la mer des mensonges - Léonie Bischoff

 Anaïs Nin   Sur la mer des mensonges   -  Léonie Bischoff
















Casterman
OP 50 Angoulême
Première parution : 28/08/2020
Parution : 25/01/23
Pages : 192
ISBN : 9782203254701
Prix : 12 €



RÉCOMPENSES

Prix RTL BD du mois - 2020
Fauve Prix du public France TV au Festival d'Angoulême - 2021
Sélection Prix Fnac France Inter - 2021
Prix Delémont'BD de la meilleure bande dessinée suisse - 2021

Présentation de l'éditeur


Le parcours d’une femme qui s’émancipe par l’écriture et l’exploration de sa sensualité.


Début des années 30. Anaïs Nin vit en banlieue parisienne et lutte contre l’angoisse de sa vie d’épouse de banquier. Plusieurs fois déracinée, elle a grandi entre 2 continents, 3 langues, et peine à trouver sa place dans une société qui relègue les femmes à des seconds rôles. Elle veut être écrivain, et s’est inventé, depuis l'enfance, une échappatoire : son journal. Il est sa drogue, son compagnon, son double, celui qui lui permet d’explorer la complexité de ses sentiments et de percevoir la sensualité qui couve en elle. C’est alors qu’elle rencontre Henry Miller, une révélation qui s’avère la 1re étape vers de grands bouleversements.


Léonie Bischoff





















Diplômée de l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, Léonie Bischoff a publié aux Éditions Casterman Hoodoo Darlin’ ainsi que trois adaptations de polars suédois de Camilla Läckberg, cosignées avec Olivier Bocquet, avant de faire paraître en 2020 Anaïs Nin, une biographie sensible et brillante de la sulfureuse autrice...


Mon avis

Cela fait longtemps que ce roman graphique primé à Angoulême me faisait de l'oeil, encore plus après la lecture de "La longue marche des dindes" (Prix jeunesse 2023 Angoulême).

Un graphisme et des couleurs magnifiques pour nous entraîner dans l'univers très onirique d'Anaïs Nin.

Depuis trois ans à Paris, on découvre Anaïs emménageant en banlieue à Louveciennes.  Son mari Hugo Guiler est banquier, ce n'est pas la vie dont Anaïs rêvait pour lui !

Elle est artiste, elle écrit son journal depuis l'âge de 11 ans et elle aimerait être publiée.  Elle travaille sur un essai au sujet de DH Lawrence.

Nous sommes dans le début des années 30.  Anaïs est tourmentée, elle compte plusieurs femmes en elle, elle étouffe, et son double s'exprime dans son journal.

Partagée entre le poids de son passé, ses traumas, l'absence du père et l'éducation catholique, elle n'ose franchir le pas, les limites.  Un exemple :  elle adore le flamenco et prend des cours mais le danser en public serait contre la morale, une image de catin aurait dit son père !

Elle va rencontrer Henry Miller et son épouse June, une rencontre qui va bouleverser sa vie, la libérer et lui permettre enfin de créer.

Anaïs Nin, l'ambigüe qui a besoin d'aventure, de sexe auprès des hommes qu'elle rencontre pour s'affirmer et aimer son mari plus réservé.  

Un roman graphique qui nous fait vivre son univers intérieur, ses réalités avec un joli jeu d'ombres et de lumière.  Beaucoup de sensibilité, de sensualité dans les gestuelles et les couleurs.  

Thématiques : création artistique, libération sexuelle, psychanalyse.


Un petit bijou ♥


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