Editions de L'ours Blanc
ISBN 978-2-914362-83-5
111 pages 9 euros
Quatrième de couverture
"-Sommes-nous en train de devenir barjots, mon amour ?
- Je lui posais la question à voix haute, en déclamant de la prose à son intention et en beurrant une tartine chaude à la mienne, mais rien ne me permettait de l'affirmer puisque je n'avais aucune échappatoire pour tester nos santés mentales respectives. Que voulais-tu que je comprenne, Enfant, alors que je me retrouvais dans un face à face intraitable avec moi -même, dans une maison transformée en blockhaus, écartelée entre les comportements amoureux d'un félin à moitié humain et d'un amant invisible qui me traversait de part en part à la moindre occasion, me remémorant à l'oreille, pour me foutre le cerveau à l'envers, les mots d'amour et de cruauté qu'il m'avait envoyés de son vivant?"
Prisonnière dans sa maison bloquée sous la neige en compagnie de son chat, une femme vient d'apprendre la mort de l'homme qu'elle a aimé avec passion.
Brigitte Guilhot est née à Agen. Autodidacte, elle est tombée par hasard dans les métiers de la communication et a guidé sa vie professionnelles vers toujours plus d'expériences d'écriture : journalisme, scénarii audiovisuels, biographies... Ecrivain et poète, elle est l'auteur de romans, nouvelles, et d'un récit L'autre chemin (éditions Cheminements, 2005), Soluble est son premier roman publié.
Mon avis
Un grand merci à Brigitte Guilhot de m'avoir envoyé son premier roman publié aux Editions "L'ours blanc".
Un court roman de 110 pages mais un roman intense qui m'a troublé tout au long de la lecture.
Notre héroïne s'adresse à nous à la première personne, elle vit dans un endroit isolé, recluse avec son chat Elgato. Elle se lève un matin et sa maison est complètement bloquée sous la neige. Elle allume la radio et apprend la mort du poète Astérion, l'amour de sa vie qu'elle a aimé avec passion.
Les infos sont incomplètes car la radio s'arrête à cause de la tempête de neige et nous voici dans le silence radio le plus complet.
Commence alors un huis-clos de six jours où cette femme nous parle par l'intermédiaire d'un récit qu'elle adresse à l'enfant...
Elle nous parle de la passion de sa vie, l'amour échangé avec le poète Astérion qu'elle a connu lorsqu'il était en prison.
L'emprise, le secret de l'Amour, les murs, la prison, ce sentiment de réclusion...
Une écriture oppressante, tendue comme la tension qui monte progressivement en cours de récit. Cette mort qui la bouleverse nous emmène aux confins de la folie, de la passion.
J'ai été perturbée pendant le récit me demandant où voulait nous emmener Brigitte Guilhot et j'avoue ne pas avoir été déçue. Je ne peux vous en dire plus sur ce que j'aurais envie d'appeler un "thriller psychologique" sans vous en dire trop. Merci Brigitte pour cette découverte.
Ma note 7/10
Les jolies phrases
La vérité est que j'étais prisonnière des éléments, emmurée vivante dans ma maison, avec mon chat.
Tous les liens entre le monde et moi étaient rompus. Le silence était total.
Dans cette boîte à couper les coeurs et les corps en deux, Astérion et moi formions un atome de passion que la morbidité des lieux ne pouvait pas atteindre.
J'étais une squaw sans âge portée par l'énergie du désespoir, une sorcière qui venait d'offrir son scalpe de femme en pleine maturité aux dieux et aux déesses pour qu'ils la libèrent de l'emprise de cette torture amoureuse d'une pathétique humanité qui ne lui apportait que des frustrations et ne la mènerait nulle part.
Je suis tellement volatile, tellement infidèle, tellement petite, qu'il te fallait bien une tornade de neige pour me clouer au sol, toi qui m'as balayée comme un ouragan de ton vivant, ferrée dans ton oeil de cyclone jusqu'à m'y perdre entièrement ça ne te suffisait pas hein ? Tu me voulais morte.