lundi 28 février 2022

Paris-Briançon - Philippe Besson

 Paris-Briançon        -      Philippe Besson





















Editions Julliard
Parution : 6 janvier 2022
Pages : 208
Isbn : 9782260054641
Prix : 19 €


Présentation de l'éditeur

Le temps d’une nuit à bord d’un train-couchettes, une dizaine de passagers, qui n’auraient jamais dû se rencontrer, font connaissance, sans se douter que certains n’arriveront jamais à destination. Un roman aussi captivant qu’émouvant, qui dit l’importance de l’instant et la fragilité de nos vies.

Rien ne relie les passagers montés à bord du train de nuit no 5789. À la faveur d’un huis clos imposé, tandis qu’ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l’intimité et la confiance naître, les mots s’échanger, et les secrets aussi. Derrière les apparences se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l’époque, des voyageurs tentant d’échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l’ignorent encore, mais à l’aube, certains auront trouvé la mort.
Ce roman au suspense redoutable nous rappelle que nul ne maîtrise son destin. Par la délicatesse et la justesse de ses observations, Paris-Briançon célèbre le miracle des rencontres fortuites, et la grâce des instants suspendus, où toutes les vérités peuvent enfin se dire.

L'auteur







Crédit photo:
©Maxime Reychman

Philippe Besson est un écrivain, scénariste et dramaturge. En l'absence des hommes, son premier roman, publié en 2001, est couronné par le Prix Emmanuel-Roblès. Depuis lors, il construit une œuvre au style à la fois sobre et raffiné. Il est l’auteur, entre autres, de Son frère, adapté au cinéma par Patrice Chéreau, L'Arrière-saison (Grand Prix RTL-Lire), Un garçon d’Italie et La Maison Atlantique. En 2017, il publie Arrête avec tes mensonges, vendu à plus de 120 000 exemplaires, couronné par le Prix des Maisons de la Presse et Un personnage de roman, portrait intime d’Emmanuel Macron, alors engagé dans la campagne présidentielle. Il revient à l'autofiction en 2019 avec Un certain Paul Darrigrand puis Dîner à Montréal​. Ses romans sont traduits dans vingt langues.

Un tango en bord de mer, sa première pièce en tant que dramaturge, a été jouée à Paris près de 200 fois en 2014 et 2015 au Théâtre du Petit Montparnasse.
Il a également multiplié les collaborations avec le milieu du cinéma et de la télévision, ayant notamment écrit le scénario de Mourir d'aimer (2009), interprété par Muriel Robin, de La Mauvaise rencontre (2010) avec Jeanne Moreau, du Raspoutine interprété par Gérard Depardieu, et de Nos retrouvailles (2012) avec Fanny Ardant et Charles Berling.



Mon avis

En voiture pour l'Intercités 5789.  Nous sommes fin avril, à Paris, les voyageurs s'installent à bord du train de nuit qui reliera Paris à Briançon.  Départ prévu à 20h52, onze heures de voyage pour arriver en principe à 8h18 à Briançon.

Je dis bien en principe car l'auteur nous averti d'entrée de jeu qu'ils n'arriveront pas tous à destination.

Dans ce huis clos ferroviaire il y aura :  Alexis, un médecin généraliste du 14ème originaire de Briançon, Alexis, un sportif blessé au ménisque qui a loupé son TGV, Julia, une mère de famille fuyant la violence conjugale accompagnée de ses deux enfants, Serge un VPR proche de la cinquantaine, Catherine et Jean-Louis, un couple de jeunes retraités mariés de longue date, cinq étudiants en psychologie et un certain Giovanni Messina nous prévient l'auteur.

C'est un roman choral ou par le biais de courts chapitres apportant du rythme et une dynamique, on va en quelques pages à peine très vite comprendre le passé, la vie et ce qui anime chaque protagoniste.

Passer la nuit dans un train, ça rapproche.  On se livre plus facilement à des inconnus, c'est plus simple de partager ses doutes, sa souffrance mais aussi cela permet de se découvrir pour certains et de se rendre compte qu'il ne faut certainment pas s'arrêter aux apparences ou à sa première impression.

Besson nous présente un petit roman sociologique en somme.  Il décrit magnifiquement bien l'atmosphère, la promiscuité et nous présente des personnages sincères et attachants.

C'est un court et agréable voyage pour le lecteur, la plume est légère, sensible, teintée d'humour et de tendresse. Les phrases sont simples, courtes.  Les pages tournent, la tension monte au fil des pages car on sait qu'ils n'arriveront pas tous indemnes.  On veut les garder mais la fatalité, les hasards de la vie en ont décidé autrement. 

J'ai vraiment passé un agréable moment, un auteur que j'apprécie de plus en plus.

Ma note : 9.5/10


Les jolies phrases

Souvent, la vie se décide sur presque rien, une rencontre, une opportunité, une promesse.

Sa mère lui a fait remarquer un jour que les gens qui se tiennent à l'écart sont ceux qui redoutent d'être démasqués. 

Ça sert, trente-sept ans de vie commune (et même un peu plus), ça sert notamment à connaître l'autre par coeur, à repérer une contrariété dans un plissement du regard, une inquiétude dans le frottement nerveux des mains, un tracas dans une certaine façon de se mettre à l'affût ou une incapacité à fixer son attention. Il a compris, mais que peut-il faire ? Rien.  Les fêtards ne vont pas se muer en enfants de choeur parce qu'il leur ferait les gros yeux et Catherine ne va pas croire que tout ira bien juste parce qu'il le lui affirmerait. C'est cela aussi être un couple depuis longtemps, ne pas commettre ce qu'on ne peut pas tenir, et c'est cela prendre de l'âge, admettre ce contre quoi on ne peut pas tenir. 

Quand on ne vous a pas appris l'assurance, les bévues ne sont pas rares.  Et quand on vous a effrayé, dominé, vous risquez de perdre l'équilibre. 

Ceux qui vous racontent qu'on est un enfant-roi parce qu'on est un enfant seul se gourent.  On est d'abord un enfant seul. 

Que s'est-il donc produit pour qu'elle accepte d'ouvrir une brèche, qui plus est, devant un inconnu ?  Il ne lui faut qu'une poignée de secondes pour trouver la réponse ; l'homme du train est un inconnu.  Il est beaucoup plus facile de se confesser devant une personne qui ne sait rien de vous, qui ne vous jugera pas, qui n'osera pas, qui ne vous délivrera pas de conseils, qui ne s'y sentira pas autorisée, c'est comme parler au vent, ou parler à la mer du haut d'une falaise. 

Quelquefois la tristesse ça nous rattrape, d'ailleurs souvent ça nous rattrape quand juste avant on a été joyeux, comme s'il y avait un prix à payer.

Le silence s'est installé, sans qu'on soit capable de déterminer si sa texture est celle de l'embarras ou de la complicité. 

Je ne sais pas si je sais.  Je crois que je ne veux pas savoir.  

Je préfère leur mentir, à tous, parce que c'est plus facile, ou moins difficile.  Et pour leur mentir, je dois commencer par me mentir.  Vous comprenez ?  Je préfère jouer le jeu.

Le mensonge, parfois, est moins périlleux que la vérité nue.  L'aveuglement, parfois, vaut mieux que la lumière crue.  Les regrets sont moins corrosifs que les remords. 

Du même auteur j'ai lu

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samedi 26 février 2022

Vivian Maier - A la surface d'un miroir - Paulina Spucches

 Vivian Maier - A la surface d'un miroir      -    Paulina Spucches















Steinkis
Parution : 04/11/21
Pages : 151

Ean :978-2368465028
Prix : 22 €







 Présentation de l'éditeur


Plongez dans l'œil même du photographe !


New York, 1953. Joanna et Lawrence Ward engagent une nouvelle nourrice pour leur fille Gwen.
Très secrète, un peu étrange et parfois sévère, Vivian Maier trouve pourtant les faveurs de la petite fille qui la suit dans ses pérégrinations urbaines et l'observe capturer le monde qui l'entoure à travers l'objectif de son Rolleiflex.
À mi-chemin entre fiction et biographie, Paulina Spucches nous entraîne de Brooklyn au Champsaur, imaginant le contexte que pourrait renfermer chaque cliché de Vivian Maier, génie de la photographie de rue.


L'auteure

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1999

Biographie :

Paulina Spucches est une autrice et illustratrice Franco-Argentine.

En 2021, elle a publié un premier roman graphique, dédié à la figure de Vivian Maier (1926-2009), photographe découverte après sa mort.

"Vivian Maier: À la surface d'un miroir" est inspiré de son travail de fin d’études (Diplôme des métiers d’Art obtenu avec les Félicitations du jury en 2020).

Elle réside à Paris.

Source Babelio 




Mon avis

À défaut d'avoir vu l'exposition Vivian Maier qui lui était consacrée à Paris, ayant adoré le roman de Gaëlle Josse "Une femme en contre-jour", j'ai eu très envie de découvrir cet album très coloré.

Le graphisme de Pauline Spucches est lumineux, aux couleurs chatoyantes, vives, il attire l'attention et nous présente avec originalité des clichés de la photographe par le dessin.

Ne vous attendez pas à une biographie, il s'agit bien ici d'une fiction même si le récit s'accroche à des éléments biographiques, vous pourrez d'ailleurs retrouver les éléments réels en fin de volume.

L'auteure rencontre l'univers de Vivian Maier en 2019, elle a 19 ans.  Elle nous propose la vie en miroir comme le suggère le titre, deux époques; l'enfance et les années 50, à New York ou en France - Champour, Saint-Bonnet - des photos en noir et blanc aux couleurs chatoyantes.

Elle imagine pour nous le contexte dans lequel étaient prises les photos, en nous racontant en partie la vie de cette photographe.

Un magnifique récit que je vous invite à découvrir.  Je suis pour ma part tombée sous le charme du talent de cette toute jeune auteure.  Un talent à suivre.  







mardi 22 février 2022

Gourmandises - Dominique Maes ♥♥♥♥♥

 Gourmandises             -   Dominique Maes   ♥♥♥♥♥


































Murmures du Soir
Parution : novembre 2021
Pages : 211
ISBN 978-2-930657-77-6
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur

On aimerait bien trouver la recette. Mais il nous faut choisir dans tout ce mouvement permanent. Alors, on tâtonne. On expérimente. On déguste souvent.
On découvre des saveurs qui nous enchantent. On frôle aussi l’écœurement.
On digère le pire, parfois.
On se lance avec passion dans de complexes alchimies qui exigent du temps, de la patience, de l’exclusivité, pour atteindre une joie passagère. Et c’est soudain dans l’improvisation spontanée qu’on touche au ravissement. Peut-être parce qu’on a appris à le capter.
On se met à table. On partage. Bon vivant, on apprécie la douce mélancolie des saveurs sublimées de nos bonheurs anciens. Et des épices nouvelles illuminent notre présent.

L'auteur
















Auteur et illustrateur de plus de quatre-vingts albums pour la jeunesse, nouvelliste pour les adultes, clarinettiste, Dominique Maes est avant tout un raconteur d’histoires qui voyage du dessin vers les mots, des mots à la musique, de la musique aux spectacles, des spectacles aux rencontres, des rencontres aux livres... afin de se sentir vivant et de partager ce bonheur là.

Source murmure des soirs

Mon avis

Je découvre avec bonheur la plume et l'univers de mon compatriote, quel régal les amis !

Une plume tout en poésie parfois un peu coquine, riche, imagée, suggestive, oserais-je dire sensuelle.

Une plume qui fait ressentir les choses, les petits plaisirs de la vie.

Une série de nouvelles bien agréables qui font saliver, fondre, s'attendrir ou s'émouvoir.  Quelle belle écriture aux mots soigneusement choisis.

Il y en a pour tous les goûts.

"Cuisine et littérature font bon ménage.  Il est exquis de lire avec le nez, de goûter le suc des mots, et lorsque l'on déguste des nourritures terrestres, de chercher le langage qui intensifie encore en le nommant le plaisir ressenti."  ,  nous dit l'auteur qui aime associer le plaisir de manger à la lecture.

Il nous parle de ses souvenirs d'enfance avec "La blanquette" car nos fantômes ne nous accompagnent-ils pas lorsque l'on cuisine ?

Dans "L'ogre et la géante" , "Badinage d'un autre âge" "Crozes-Hermitage" , il  aborde aussi le désir, la naissance de l'amour ou de la passion, l'art des caresses.  Je vous conseille un très beau voyage au bord de la mer avec "Fruits de mer"

Bonheur gustatif de la pâtisserie Meert à Lille, en passant par le bonheur des yeux à la boucherie où le charme des vendeuses s'ajoute aux plaisirs de bouche, un petit détour chez la fromagère , des huîtres ou encore un barbecue mouvementé....

On voyage en savourant de bons vins, à Florence, Sienne, au resto de Cintzia.  On prend des cours de cuisine interdit, on collectionne des baisers ou on fait de l'art en montant une exposition "Aquarelles"...

Des petits moments de bonheur suspendus.  Je vous invite vraiment à savourer "Gourmandises", rien de tel que de déguster les plaisirs de la vie, de profiter des petits détails de la vie qui rendent heureux.

C'est poétique, beau.   On rêve et on passe un excellent moment.  Cerise sur  le gâteau, c'est belge en plus !

Un très beau coup de coeur ♥♥♥♥♥


Les jolies phrases

Cuisine et littérature font bon ménage.  Il est exquis de lire avec le nez, de goûter le suc des mots, et lorsque l'on déguste des nourritures terrestres, de chercher le langage qui intensifie encore en le nommant le plaisir ressenti.

On mange avec les yeux, certes, mais ô combien avec les mots !

Vouloir un premier baiser, c'est oser l'inconnu.

Quel est l'imbécile qui croit encore aux chemins linéaires ? Et l'art d'exister ne réside-t-il pas dans notre capacité à saisir presque d'instinct, les choix qui nous rendront un petit peu plus vivants? 

Je me charge des autorisations, je vais exiger de l'espace, défier la censure en commençant par celle que l'on exerce sur soi-même. Nous allons oser faire de l'Art ! 

C'est quelque chose le désir ! N'est-ce pas lui qui rebondit sans cesse, qui nous rend si vivants ? 

Et j'appris que le vrai plaisir qui toujours se construit patiemment ne naît que s'il est partagé dans une intimité qu'il faut savoir préserver. 

On vient même un peu pour cela : suspendre le temps.  Ici, on sait cultiver le vrai plaisir qui émerge quand on a la patience et le talent de goûter au meilleur moment.  C'est cela, la gastronomie : un travail créatif parfois long, méthodique, qu'il faut savoir attendre et déguster en un instant fugace.  C'est un art total où s'assemblent les couleurs, les textures, les saveurs, les parfums, le décor, le langage et même la musique. 



dimanche 20 février 2022

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

 Ils ont rejoint mon Himalaya à lire 



Un roman belge et un graphique cette semaine.  


Malcolm Mc Laren  L'art du désastre  -  Manu Leduc/Marie Eynard/Lionel Chouin


























Futuropolis
Parution : 2 mars 2022
Scénario : Marie Eynard et Manu Leduc
Dessin : Lionel Chouin
Couleurs : Philippe Ory
Pages : 208
Isbn : 9782754828604
Prix : 25 €

Présentation de l'éditeur

Insaisissable, admiré ou détesté, Malcolm McLaren a donné un coup de canif et laissé une marque impérissable sur la culture, en bouleversant les codes. Il fût, au côté de Vivienne Westwood, le grand révélateur du punk. En faisant du conflit et du chaos des matériaux artistiques, il a testé les limites de la société du spectacle et l’a transformé en une farce explosive. Détournement des symboles, scandales, inversion des valeurs, do it yourself autant de principes que Malcolm McLaren et les Sex Pistols ont inspiré à des générations d’artistes jusqu’à aujourd’hui.
Sans apologie, ni dénonciation, L’Art du désastre raconte les tribulations de ce drôle de personnage qui voulait faire la révolution en vendant des pantalons.

Un premier roman prévu le 10 mars prochain

Limite Petit Bain   -  Geoffroy Klompkes




























Lilys éditions
Parution : 10 mars 2022
Pages : 266
Isbn : 9782390560227
Prix : 20.50€

Présentation de l'éditeur



Vincent est un quadra et un père célibataire d’un naturel discret et peu sûr de lui. À la suite de son divorce avec Camille, il rencontre l’insaisissable et exigeante Claire avec qui il vit une amitié singulière qui l’aide à surmonter sa déprime grâce à ses discussions animées et à leurs voyages.

« Limite petit bain » est une comédie existentielle sur le deuil, l’amitié et comment trouver sa place sans en prendre trop.


Belles lectures et bonne semaine à vous !


samedi 19 février 2022

Le sang des bêtes - Thomas Gunzig

 Le sang des bêtes     -   Thomas Gunzig




















Au diable vauvert
Parution : 6 janvier 2021
Pages : 234
ISBN : 979-10-307-0452-5
Prix : 16 €

Présentation de l'éditeur



« Même si parfois la vie est difficile pour vous, vous n’avez aucune idée de ce que c’est que la sensation terrifiante d’être un animal dans le monde des humains. »

« Thomas Gunzig est un fauve littéraire aux gestes féroces et déroutants. On devine que face à lui, les mots tremblent de trouille, et ils ont bien raison. » Hervé Le Tellier – Prix Goncourt 2020

« Drôle, tendre, cruel et politique, ce roman est un cadeau. Merci Thomas Gunzig. » Adeline Dieudonné


L'auteur

















Thomas Gunzig, né en 1970 à Bruxelles, est l’écrivain belge le plus primé de sa génération et il est traduit dans le monde entier. Nouvelliste exceptionnel, il est lauréat du Prix des Éditeurs pour Le Plus Petit Zoo du monde, du prix Victor Rossel pour son premier roman Mort d’un parfait bilingue, mais également des prix de la RTBF et de la SCAM, du prix spécial du Jury, du prix de l’Académie Royale de Langue et de Littérature Française de Belgique et enfin du très convoité et prestigieux prix Triennal du Roman pour Manuel de survie à l’usage des incapables. En 2017 il reçoit le prix Filigranes pour son roman La Vie sauvage. Star en Belgique, ses nombreux écrits pour la scène et ses chroniques à la RTBF connaissent un grand succès. Il a publié et exposé ses photos sur Bruxelles, Derniers rêves. Scénariste, il a signé le Tout Nouveau Testament aux deux millions d’entrées dans le monde, récompensé par le Magritte du meilleur scénario et nominé aux Césars et Golden Globes. Sont aussi parus au Diable vauvert, ses romans : 10 000 litres d’horreur pure, Assortiment pour une vie meilleur, Et avec sa queue il frappe.



Mon avis

Bienvenue dans l'univers surréaliste de Thomas Gunzig, qui est certainement à l'écriture ce qu'est "Magritte" à la peinture.  Surréaliste, absurde ! Oui, à première vue mais en y regardant de plus près, pas tant que cela !

Avec un pitch de départ qui semble loufoque, Thomas analyse pourtant en profondeur notre société, c'est une satire du monde qui nous entoure que l'on retrouve en filigrane.

Mais d'abord le pitch !

Tom est en pleine crise de la cinquantaine, il fête ses 50 ans et se demande ce qu'il a vraiment fait de sa vie !  Lui qui très jeune était adepte au body-building pour fuir son image d'ado malingre, il s'est astreint aux "développés-couchés" et autres exercices pour développer sa musculation et changer de physionomie, adepte des compléments alimentaires et protéinés, il s'est reconverti en vendeur de ces produits.

Il est en pleine déprime, marié avec Mathilde depuis 25 ans, il s'ennuie dans son couple, leur fils Jérémie - 22 ans - lui aussi en remise en question - pause ou rupture avec Jade  - se pointe de retour à la maison, et cerise sur le gâteau, voilà que son père, Maurice  -  rescapé de la Shoah  -  débarque aussi chez lui pour soigner son cancer !   Avouez  qu'il y  a mieux pour fêter son demi-siècle !

C'est compliqué la vie !   Un jour, il est témoin  d'une altercation violente entre un homme et une jeune jolie jeune femme rousse devant la boutique, c'est la seconde fois qu'il assiste à la scène et ne peut rester impuissant, il va sauver cette femme à l'identité un peu particulière ... et la ramener à la maison, de quoi créer la zizanie !

À travers cette situation cocasse, hors normes, c'est l'occasion de découvrir muscle par muscle - entendez par là chapitre par chapitre - notre société et les nombreuses questions qu'elle suscite car les thèmes en filigranes sont nombreux : l'identité, le couple, la vieillesse, la judéité, la liberté, la domination sexiste, raciste, spéciste, économique, scientifique par l'évolution de la génétique. La place de l'homme sur cette terre, les transformations réalisées par l'homme sur cette planète, la place de l'humain sur le vivant ...  mais aussi le regard de l'autre, l'approche sur l'image de soi, le trauma générationnel...   Les thèmes ne manquent pas.

Thomas Gunzig n'est pas un essayiste, c'est bien d'un roman qu'il s'agit.  On le lit avec l'humour caustique de l'auteur, on rit, universel car chacun peut s'identifier à une ou plusieurs thématiques.

Drôle, cruel, jubilatoire, cela ne se lit pas, cela se dévore. 


Ma note : 9/10


Les jolies phrases

Tom trouvait que c'était une sensation étrange de ne plus s'intéresser à rien, c'était comme si une partie de lui-même n'était tout simplement plus là.

.. la vie est plus simple pour les beaux de la même manière qu'elle est plus simple pour les riches. 

La passion est-elle comme la radioactivité d'un élément dont les isotopes se désintègrent peu à peu et quoi qu'on fasse ?

Pour moi, ça rejoint toute la problématique du genre : si une femme se sent homme, c'est qu'elle est un homme ou si un homme se sent femme, c'est qu'il est une femme et si quelqu'un refuse qu'on lui attribue un genre ou l'autre sur base de son apparence, c'est bien entendu son droit et sa liberté !

Ce jour-là, sur cette balançoire, il avait senti plus qu'il ne l'avait compris que si personne ne vous regarde, rien de ce que l'on fait n'a de réalité véritable.

Le ressentiment à l'égard de son père qui n'avait su être un père, l'amertume de n'avoir jamais su trouver les mots pour le lui dire, la culpabilité d'avoir été à son tour un mauvais père et un mauvais mari  et  finalement la colère de n'être que lui-même, un homme sans destin, sans courage, sans talent et dont l'existence, parce qu'il n'en avait rien fait, serait oubliée aussitôt qu'elle aurait pris fin.

Evidemment, c'est normal d'accueillir ceux qui en ont besoin.  Si tout le monde s'entraidait un peu, le monde irait beaucoup mieux !

-J'essaie d'aider quelqu'un qui en a besoin ! Tu ne l'acceptes pas !   Tu réagis comme des gens qui prennent des bains de soleil pendant que les réfugiés s'échouent sur leur plage !  Je ne voudrais pas te déranger plus longtemps, alors je m'en vais.
-Putain mais t'es vraiment con !  C'est pas en fuyant qu'on règle les problèmes !


- Vous ne connaissez rien aux vaches, vous ne connaissez rien aux humains non plus, alors comment pouvez-vous dire que je ne suis pas une vache ou que je suis une humaine ?
- Vous avez raison.  Si vous me dites que vous êtes une vache, après tout, c'est que vous êtes peut-être une vache, finit-il par répondre.

À ce moment, Tom avait conclu que le secret d'un couple qui dure c'est un couple qui n'a pas assez d'énergie pour se disputer et surtout, qui est trop paresseux pour se séparer.

C'est normal, dans les couples qui durent longtemps c'est toujours comme ça.  Au début, dans le couple c'est passionné, on se manque, on a plein de choses à se dire, on se voit sans arrêt et on a l'impression que ce sera comme ça toujours !  Avec le temps qui passe, tout ça se transforme en autre chose.  On se parle moins et parfois on ne baise plus du tout.  La plupart des couples paniquent à ce moment, ils se disent que tout est terminé ou bien ils rejettent la faute sur l'un ou l'autre mais ce qu'ils ne comprennent
pas c'est que le seul responsable c'est le temps.  Le temps transforme tout ... C'est aussi simple que ça. Il faut accepter que votre couple se transforme et ce n'est pas si grave.


Du même auteur j'ai lu

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mardi 15 février 2022

Sous les galets la plage - Pascal Rabaté

Sous les galets la plage - Pascal Rabaté













Rue de Sèvres
Parution : 17/12/21
Pages : 140

Isbn : 9782810201112
Prix : 25 €


Présentation de l'éditeur

Loctudy, septembre 1963, la station balnéaire se vide de ses derniers résidents estivaux. Seuls Albert, Francis et Edouard, futurs étudiants prolongent leurs vacances en attendant de commencer chacun de brillantes études supérieures devant les mener vers de prestigieuses destinées toutes tracées.

Détachés de l’autorité familiale, ces fils de bonne famille comptent bien profiter de cette liberté pour vider quelques bouteilles et vivre de nouvelles expériences. Un soir sur la plage, ils font la connaissance de Odette, jolie jeune fille sans attache familiale qui saura s’y prendre pour les contraindre à participer aux cambriolages des résidences secondaires voisines.

Bien que manipulé, Albert le futur gradé militaire, en tombera amoureux et prouvera à la jeune détrousseuse professionnelle que ses sentiments sont sincères et qu’il est prêt à changer de vie pour elle. Mais dans ces familles bourgeoises et patriarcales, on ne fréquente pas n’importe qui, on ne déshonore pas sa famille et on rentre dans le rang quelles que soient les méthodes employées.
Les plus inhumains ne sont pas toujours ceux que l’on croit.

L'auteur  nous en parle



Source image  Babelio

Pascal Rabaté est scénariste, dessinateur de bande dessinée et réalisateur français. Après avoir étudié la gravure à l’École des Beaux-Arts d’Angers, il commence sa carrière dans la bande dessinée en 1989 et publiera jusqu’en 1997 : Exode, Les Amants de Lucie, Vacances, vacances, les Pieds dedans, Un ver dans le fruit. À la lecture du roman Ibycus d’Alexei Tolstoï, il décide de l’adapter sous Ibicus, quatre volumes, qui paraîtront entre 1998 et 2001. Cette adaptation sera récompensée de nombreux prix dont l’Alph’Art du meilleur album à Angoulême et le prix des libraires Canal BD. En 2006, il publie Les Petits Ruisseaux qui obtient le Grand Prix de la critique ACBD et l’adapte au cinéma, puis écrit La Marie en plastique avec David Prudhomme qui obtient un Essentiel au festival d’Angoulême. Viendront ensuite, Crève Saucisse, avec Simon Hureau (2013), Vive la marée avec David Prudhomme (2015), La déconfiture (2016), Didier la 5ème roue du tracteur avec François Ravard (2018) et une nouvelle de François Morel : C’est aujourd’hui que je vous aime (2019). Il vit à Nantes.





  



Mon avis

Nous sommes en 1962 à Loctudy.  C'es la fin de l'été,  Albert, Francis et Edouard, futurs étudiants, vont prolonger leurs vacances dans la maison de leurs parents sur la côte.

Fils de bonne famille, ils ont bien l'intention de goûter à leur liberté, en vidant par exemple la cave des parents.  Se retrouvant en train de boire sur la plage, ils rencontrent Odette, une jeune femme libérée qui leur propose de prendre un bain de minuit.

Tout émoustillés, ils l'accompagnent dans leur plus simple appareil ne se doutant pas qu'elle se sert de leur envie et de leur désir pour les piéger.

Une bande de cambrioleurs sévit dans la région, Odette en fait partie.

Deux mondes différents qui s'opposent mais l'amour ne fait-il pas faire des folies ?

Albert découvre l'amour, le sexe, les sentiments.  Cela suffira-t-il pour effacer les différences qui les séparent ?

Je ne vous en dis pas plus !  Un album avec de grandes cases aérées qui accentuent le sentiment de liberté annonciateur des années à venir.  Les traits sont souples, épurés.  

Excellent album que je vous recommande vivement.



Les jolies phrases

Tout ce que j'ai fait, c'est de partager avec eux mon amour de l'art.  La culture appartient à tout le monde.  Voler, revendre, c'est la meilleure façon de la faire circuler.

La punition ne répare pas un tort, mais en prévient cent autres.









dimanche 13 février 2022

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire






Trois entrées cette semaine , du belge et un polar à la couverture somptueuse.


Le chat qui ne pouvait pas tourner    -    Anne Dhoquois

 






Les Arènes - Equinox
Parution : 17 mars 22
Illustration : Stéphane Trapier
Pages : 336
Isbn : 97910375085859
Prix : 14 €

Présentation de l'éditeur

David Sterling, la quarantaine, est capitaine de police au 3e district de la police judiciaire de Paris. Directeur d’enquête sur le meurtre d’une jeune femme tuée à l’arme blanche sur les berges de la Seine, il pressent dès le départ une affaire hors du commun. La suite des événements va lui donner raison. Car les meurtres de femmes – toutes jeunes, blondes et menues - s’enchaînent, commis dans des arrondissements de la compétence du 3e DPJ. Est-ce un hasard ? Est-il lié à ces crimes ? À lui et à son équipe de lieutenants de percer le mystère, de fausses pistes en rebondissements, dans un Paris où la rive gauche tient une place prépondérante.
Personnage principal de ce premier roman – début d’une série -, David Sterling est suivi à la loupe : l’enquêteur au flair renommé, le séducteur aux multiples conquêtes, mais aussi l’homme et ses états d’âme de flic en mal de reconnaissance. Et si le chat qui ne pouvait pas tourner, c’était lui ?

Merci aux éditions Weyrich de me donner l'occassion de découvrir des auteurs de mon pays

Le premier accroc   -    Nathalie Nottet



























Weyrich
Plumes de Coq
Parution : février 2022
Pages : 220
Isbn : 9782874896835
Prix : 15 €

Présentation de l'éditeur


Je suis la troisième de sept filles, l’Elsa, la silencieuse, la Triolet de la ferme crottée. « Une pour toutes, toutes pour une », c’est notre devise familiale d’après ma mère. Pourtant, le 3 décembre 1976, mes dix-sept ans en poche, je quitte mon village pour la ville, la toute grande ville…

Le Premier Accroc est un roman d’apprentissage où la solitude, l’ennui, le manque, la colère et les peurs s’entrechoquent pour donner à l’écriture de la jeune narratrice un écho tout en justesse musicale.


Hâte de découvrir ce premier roman d'un auteur Wavrien

Messes amères   -  Benoît Goffin





















Weyrich
Plumes de Coq
Parution : février 2022
Pages : 420
Isbn : 9782874896811
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur



Que cherche ce jeune homme idéaliste en ces saints lieux ? Des réponses à ses questions existentielles et sa voie parmi tant de chemins de vie, sans doute. Mais c’est un frère novice assassiné qu’il découvre bientôt derrière les murs de son institution religieuse…

D’un couvent bruxellois à un ermitage ardennais et d’une Semaine Sainte bien peu régulière à un sombre passé guerrier, l’enquête policière bute et trébuche entre cachotteries et dénis. C’est que même dans la clôture d’un monastère liégeois, on oublie que le mensonge est un péché… capital !


Belle semaine et belles découvertes. 

Le bébé le plus minuscule du monde . Alia Cardyn et Léa Decan

 Le bébé le plus minuscule du monde .   Alia Cardyn et Léa Decan
















Robert Laffont jeunesse
Lectorat : 3 à 7 ans
Parution : 10/11/21
Scénario : Alia Caryn
Dessins : Léa Decan
Pages : 40
EAN : 9782221257135
Prix : 14.90 €

Présentation de l'éditeur


Un album lumineux dans lequel Alia Cardyn et Léa Decan questionnent, avec tendresse et humour, ce qui se passe dans la tête dʼun enfant quand un minuscule bébé, si fragile, débarque dans sa vie.


Charlotte est une enfant comme les autres.
Pas très grande, pas non plus toute petite.
Elle déteste les frites et adore les épinards.
Mais ce quʼelle aime par-dessus tout, ce sont ses parents, les meilleurs du monde.
Enfin, ça, cʼétait avant lʼarrivée de « Petit Rat », sa sœur née beaucoup trop tôt...


Mon avis

C'est d'une belle rencontre qu'est né cet album jeunesse,  avec Marie Tackoen, cheffe en néonatalogie de l'hôpital Saint Pierre à Bruxelles, qui lui donne l'idée d'écrire un livre jeunesse sur les frères et soeurs de prématuré.  

Le dessin de Léa Decan est vraiment magnifique, tout en douceur, aux couleurs pastels.  Il complète à merveille l'écriture sensible d'Alia Cardyn. 

C'est l'histoire de Charlotte, une petite fille heureuse, bien complice avec ses parents dont elle est le centre de l'attention, elle partage câlins avec maman et rires avec papa.  Mais depuis quelques jours, quelque chose ne va pas, ses parents sont tristes, ils ne s'occupent pas d'elle comme avant, toutes les pensées sont pour "le petit rat", oui vous savez , sa petite soeur arrivée beaucoup trop tôt.

Alia va nous faire vivre la rencontre avec cette petite soeur qui chamboule les vies.  C'est touchant, tendre, bienveillant.  un thème rarement abordé , un album bien utile pour expliquer aux aînés la naissance prématurée.

Très bel album s'adressant aux 3-7 ans.

♥♥♥♥♥

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samedi 12 février 2022

Le bureau des secrets professionnels - tome 2 / Dominique Costermans et Régine Vandamme

 Le bureau des secrets professionnels  - tome 2

Histoires vécues au travail

Dominique Costermans et Régine Vandamme








La Renaissance du Livre Tome 2
Parution : 23/02/2021
Pages : 256
Isbn : 9782507056964
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur

Dominique Costermans et Régine Vandamme ont recueilli pendant deux ans une centaine de confidences, de souvenirs et d’anecdotes vécues au travail. Livrées sous forme de récits, heureux ou malheureux, légers ou dramatiques, ce second tome du Bureau des Secrets Professionnels emmène le lecteur des coulisses bruissantes de la presse à l’intimité des ateliers d’artistes, de l’univers kafkaïen des administrations au monde impitoyable de l’entreprise, mais aussi dans ces zones de « non-travail » que sont le chômage et la retraite.


En filigrane de ces récits qui se lisent avec émotion, sur le mode de la nouvelle ou du texte court, il est question de la vertu sociale du travail et du besoin de chacun de se sentir utile et créatif.


Ces histoires portent aussi la voix de ceux et celles qui résistent aux contraintes absurdes ou aux pressions en tous genres, jusqu’à se demander... s’il faut vraiment travailler.

Dominique Costermans est une nouvelliste maintes fois primée (Prix de la Francité, Prix International Annie Ernaux). Elle publie son 1er roman en 2017Outre-Mère (Wilquin), finaliste du prestigieux prix Marcel Thiry.
Auteure de plusieurs romans pour adultes et enfants (Ma mère à boire -Prix 2002 de la première œuvre du Ministère de la Culture de la Communauté française de Belgique), Régine Vandamme a également fait un détour par le monde de la culture où elle a œuvré pendant une dizaine d’années à l’émergence d’événements inédits.

L'auteure













Née à Bruxelles, journaliste de formation, Dominique Costermans s’est lancée dans l’écriture de fiction il y a une vingtaine d’années. Disciple de Carver ou d’Annie Saumont, elle explore le champ de la nouvelle et du texte court, genre auquel elle a déjà consacré sept recueils.

Cette nouvelliste maintes fois primée (Prix de la Francité, Prix International Annie Ernaux) est aussi l’autrice de nombreuses publications didactiques, de plusieurs ouvrages sur l’environnement, le développement durable ou la santé, destinés aux enfants et aux enseignants, et d'un essai sur les prénoms.

2017 a vu la parution d'un premier roman, Outre-Mère (Wilquin), unanimement salué par la critique et finaliste du prestigieux prix Marcel Thiry.

Parallèlement, Costermans a entretenu une activité de photographe qui s'est concrétisée par deux livres et plusieurs expositions. Elle est aussi devenue une chroniqueuse régulière de la revue de géopolitique culturelle Ulenspiegel.

2020 verra l'aboutissement de nouveaux projets littéraires : Le Bureau des Secrets Professionnels (récits sur le monde du travail, en collaboration avec Régine Vandamme), Rêver sous le Covid19 (essai), et la parution d'un huitième recueil de nouvelles, Des petits plats dans les grands, aux éditions Weyrich.

Son travail littéraire fait actuellement l'objet de plusieurs publications académiques et d'une traduction en italien.

Source : site de l'auteure

Régine Vandamme











© Véronique Pipers









Écrivaine belge d’expression francophone née à Bruges, Régine Vandamme se fait connaître avec Ma mère à boire unanimement salué par la critique et couronné par le Prix 2001 de la Première œuvre de la Communauté française de Belgique. Dans la foulée de ce roman réédité à plusieurs reprises, elle continue de creuser le sillon de l’autofiction en publiant trois autres titres (Le Castor Astral) : Ma voix basse, Professions de foi et Feu, finaliste du prix Rossel (l’équivalent belge du prix Goncourt). Après cette incursion remarquée dans le paysage littéraire, elle met ses projets de création littéraire en pause pour retourner à son métier : l’édition. Ce sera une décennie consacrée à la création éditoriale indépendante sous le label Estuaire et sa collection « Les Carnets Littéraires ».

En 2020 et 2021 ont paru les Tomes 1 & 2 du Bureau des secrets professionnels, Histoires vécues au travail, coécrit avec Dominique Costermans.


Mon avis

On retrouve ici la suite des témoignages collectés par Dominique Costermans et Régine Vandamme sur le monde du travail.  Des récits passionnants, singuliers, remis en forme au niveau de l'écriture afin de susciter notre envie de lecture, et c'est captivant, interpellant parfois.  Ce sont des témoignages courts, émouvants, cocasses mettant en lumière différents aspects du monde du travail.

Les relations humaines avec des collègues parfois irrespectueux, imbuvables, encombrants mais aussi parfois le début d'une belle amitié ou la rencontre de l'âme soeur car c'est tout de même au travail que l'on passe la plupart de son temps !

Au travail, on y cherche sa voie, une façon de se réaliser, d'exister mais on y rencontre aussi la douleur, le stress, l'injustice, le burn-out.  Le travail peut être une fuite, on peut le perdre et c'est la catastrophe ou une opportunité, une libération !

C'est aussi la recherche de reconnaissance, un lieu d'épanouissement personnel ou au contraire d'injustice et d'inimitié.

Toutes ces considérations sont universelles et s'appliquent à tous les secteurs, que ce soit le monde artistique, celui de la création ou les secteurs plus classiques.

Au bureau, dans le monde de l'entreprise on y vit parfois des incohérences organisationnelles ou autres, mais la procédure c'est la procédure !

On vivra des témoignages sur la reconversion, le sens à donner au travail, la fin de celui-ci que ce soit  la retraite ou un licenciement violent ou épanouissant.  

Une section "Parcours" nous plonge dans des réflexions sur l'évolution du monde du travail, les horaires, les codes vestimentaires et surtout la fameuse question : "Faut-il travailler ?" , faire le point entre nécessité, métier et plaisir.

Deux volumes très agréables à parcourir, d'un trait ou par petites touches.

Une lecture différente que je vous conseille vivement.

Ma note : 9/10




Les jolies phrases

Notre monde avait rétréci, était devenu riquiqui, à la mesure de notre bureau.

L'ennui c'est pire que la fatigue.

L'humain est resté le cap non négociable de l'équipe;  Tant mieux pour nous, tant mieux pour les clients. Tant pis pour la productivité globale?  Tant pis pour l'actionnaire.

Entre-temps, les procédures ont beaucoup changé. On travaille autrement.  Des fonctions qu'on pensait incontournable ont disparu.  On ne se préoccupe plus de réintégrer les gens, on les vire, c'est tout.  Alors, l'humain, là-dedans...

Cette histoire montre l'incroyable décalage entte la vision stratégique d'une entreprise et la réalité du terrain, quand on gère des fonctions plutôt que des personnes.

Les personnes  qui ne sont pas prêtes à prendre le train en marche sont, du jour au lendemain, déclarées "inaptes".  L'entreprise se passera de leurs services.  C'est d'une violence !

 



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jeudi 10 février 2022

Le bureau des secrets professionnels - Histoires vécues au travail - Dominique Costermans et Régine Vandamme

 Le bureau des secrets professionnels   - Histoires vécues au travail


Dominique Costermans et Régine Vandamme









La Renaissance du Livre
Parution : 24/09/2020
Pages : 224
Isbn : 9782507056865
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur

Le bureau des secrets professionnels est un recueil de 200 histoires vécues au travail par des personnes de tous horizons, jeunes et moins jeunes, en quête de réalisation ou de sens, actives, à la retraite, en burn-out, en transition...Elles confient pour la première fois des souvenirs, des histoires, des anecdotes, des rêves, des aspirations, des doutes, des défauts, des petites lâchetés, des solidarités exprimées sur leur lieu de leur travail. Cela se passe en France, en Belgique, en Afrique, en Italie, en Hollande, dans des trains, des avions, des bureaux, des hôpitaux, des écoles, dehors... Toutes sont vraies et se lisent comme des nouvelles de fiction parce qu’elles surprennent autant qu’elles font rire, pleurer ou réfléchir...

L'auteure













Née à Bruxelles, journaliste de formation, Dominique Costermans s’est lancée dans l’écriture de fiction il y a une vingtaine d’années. Disciple de Carver ou d’Annie Saumont, elle explore le champ de la nouvelle et du texte court, genre auquel elle a déjà consacré sept recueils.

Cette nouvelliste maintes fois primée (Prix de la Francité, Prix International Annie Ernaux) est aussi l’autrice de nombreuses publications didactiques, de plusieurs ouvrages sur l’environnement, le développement durable ou la santé, destinés aux enfants et aux enseignants, et d'un essai sur les prénoms.

2017 a vu la parution d'un premier roman, Outre-Mère (Wilquin), unanimement salué par la critique et finaliste du prestigieux prix Marcel Thiry.

Parallèlement, Costermans a entretenu une activité de photographe qui s'est concrétisée par deux livres et plusieurs expositions. Elle est aussi devenue une chroniqueuse régulière de la revue de géopolitique culturelle Ulenspiegel.

2020 verra l'aboutissement de nouveaux projets littéraires : Le Bureau des Secrets Professionnels (récits sur le monde du travail, en collaboration avec Régine Vandamme), Rêver sous le Covid19 (essai), et la parution d'un huitième recueil de nouvelles, Des petits plats dans les grands, aux éditions Weyrich.

Son travail littéraire fait actuellement l'objet de plusieurs publications académiques et d'une traduction en italien.

Source : site de l'auteure


Régine Vandamme











© Véronique Pipers









Écrivaine belge d’expression francophone née à Bruges, Régine Vandamme se fait connaître avec Ma mère à boire unanimement salué par la critique et couronné par le Prix 2001 de la Première œuvre de la Communauté française de Belgique. Dans la foulée de ce roman réédité à plusieurs reprises, elle continue de creuser le sillon de l’autofiction en publiant trois autres titres (Le Castor Astral) : Ma voix basse, Professions de foi et Feu, finaliste du prix Rossel (l’équivalent belge du prix Goncourt). Après cette incursion remarquée dans le paysage littéraire, elle met ses projets de création littéraire en pause pour retourner à son métier : l’édition. Ce sera une décennie consacrée à la création éditoriale indépendante sous le label Estuaire et sa collection « Les Carnets Littéraires ».

En 2020 et 2021 ont paru les Tomes 1 & 2 du Bureau des secrets professionnels, Histoires vécues au travail, coécrit avec Dominique Costermans.


Mon avis

Dominique Costermans et Régine Vandamme ont collecté durant deux ans des témoignages concernant le monde du travail et des expériences vécues.  Des ateliers d'écriture ont été organisés.

C'est une véritable réécriture des témoignages reçus qui nous donne aujourd'hui un réel plaisir de lecture et ce recueil en deux volumes.

Dans ce premier tome on découvre le rapport des gens à leur travail, lieu où l'humain se montre sous son meilleur jour, donne sans compter mais aussi un terrain de violence, de solitude ou d'hypocrisie.

Le travail une nécessité qui est pour certains un plaisir, pour d'autres un enfer ! 

Qu'est-ce que le travail ? C'est un mode d'expression, un lieu où l'on tente de s'exprimer, une nécessité, un endroit où l'on apprend à vivre, à s'assumer publiquement, il transforme notre identité.

Travailler, c'est s'adapter, un moyen de se réaliser, de se dépasser, de gagner de l'argent et de trouver du sens.   C'est aussi une vocation, des souffrances, un épuisement ou le burn-out.

Ce premier volet nous parle des premières fois, nous emmène dans le milieu scolaire, celui des soins avec parfois des choix cornéliens à mettre en oeuvre.  On y découvre le monde des aides-ménagère, de ceux qui aident, le commerce et ce qui se passe à l'extérieur.

Ce sont des témoignages cocasses, étonnants, drôles, poignants, émouvants, interpellants.  

À chaque fois de petites confessions courtes, agréables à lire permettant ainsi de découvrir qu'on n'est pas seul à vivre certaines situations.

Un livre dans lequel on peut picorer ci et là des petites expériences de vie.

Un moment agréable.

Ma note : 8.5/10


Les jolies phrases

Le culot est grossier; l'audace, elle s'élance comme un enfant intrépide.

La vraie réussite professionnelle, c'est de parvenir à faire place à ce qu'il y a de grand dans l'humain.

Un notaire s'il peut aider les gens, ne peut pas les sauver.

Un matin, je reçois un message personnel : un élève a écrit un texte qu'il a mis en musique. C'est du 
rap .  Ce n'est pas trop ma tasse de thé, mais je sais qu'il écrit des textes percutants. Je perçois l'autobiographie.  Il est rongé par un profond malaise qui l'a déjà mené loin dans les ténèbres. Je suis touchée par ce partage, je le lui dis.  Il se perçoit comme un étranger parmi les autres.  C'est un écorché vif. Je lui souhaite de découvrir la richesse de cette émotivité qui à un moment nous met Ko mais peut nous faire vibrer au moindre signe de beauté.  Et Dieu sait si ce monde est aussi riche de belles choses.

Depuis, j'ai tourné bien des pages.  Mais avant tout, ce que j'ai aimé dans ma vie de prof, ce que je continue à aimer ce qui me met encore des étoiles dans les yeux quand j'y pense, c'est ça : les risques pris hors le champ strictement scolaire pour éveiller les jeunes à la culture et à leurs talents.  L'envers du décor, en somme !

L'amitié peut surgir dans un environnement de travail comme une bouffée d'oxygène et perdurer.

Après les attentats, j'ai fait ce que j'ai cru devoir faire. Après les attentats, j'ai fait ce qu'on nous a dit qu'il fallait faire... Les attentats m'ont recentré de manière violente.



Du même auteur j'ai lu

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