mercredi 30 mars 2022

17 piges - Isabelle Dautresme & Bast *****

 17 piges   Récit d'une année de prison   

Isabelle Dautresme & Bast














Futuropolis
Récits singuliers
Parution : 09/02/22
Scénario : Isabelle Dautresme
Dessins :  Bast
Pages : 128
Isbn : 9782754829052
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur


Ben N’Kante, 17 ans, est au lycée en terminale lorsque deux policiers viennent le chercher pour l’emmener directement à la prison de Fleury-Mérogis où il est incarcéré dans le quartier pour mineurs. Il ne sait alors pas qu’il va y rester toute l’année suivante jusqu’à ses 18 ans. Sa vie bascule alors.
À son arrivée, Ben est un lycéen comme il en existe tant « à l’extérieur ». Bon élève, il se rend tous les matins au centre scolaire de la prison avec la ferme intention de réussir son bac. Il se montre coopératif avec le médiateur de la protection judiciaire de la jeunesse et l’administration pénitentiaire. Il ne faut que quelques mois du régime de détention et la perspective d’une sortie prochaine qui s’éloigne pour que le comportement de Ben se dégrade. Lui, le détenu exemplaire ne va plus en cours ou presque, se bagarre, insulte les surveillants… Lui, le jeune homme si soigné se néglige : la coupe de cheveux, les vêtements, plus rien n’a d’importance ! À quoi bon !

Isabelle Dautresme, journaliste spécialisée sur les questions d’éducation, et Bast, qui a animé un atelier BD dans un quartier de détention pour mineurs, ont voulu montrer les effets délétères de l’emprisonnement sur ces jeunes dont l’avenir se bouche dès qu’ils passent les portes de la prison.





Mon avis

Isabelle Dautresme et Bast nous emmènent dans l'univers carcéral des mineurs.  

Ben N'Kante a 17 ans, c'est au lycée qu'on vient le chercher pour l'emmener directement dans la prison la plus grande d'Europe, celle de Fleury Merogis.  Une aile est dédiée aux mineurs.

Ben N'Kante ne sait pas encore qu'il va passer une année en prison. Une année qui va le transformer et pas vraiment de manière positive.

Au départ Ben, bon élève au lycée, se rend tous les matins au centre scolaire de la prison pour y suivre les cours dans l'espoir d'y décrocher son bac.  Il est coopératif mais la vie en prison c'est difficile, les fouilles de la cellule, celles corporelles à poil, humiliantes, la honte ressentie sans cesse, qui détruit.

Le bruit incessant qui rend compliqué la concentration pour étudier.  Peu à peu il décroche. Les promenades où l'on rencontre la violence, le radicalisme, les trafics en tout genre, l'isolement en cellule.  Tous ces éléments vont le transformer , lui faire perdre confiance.  C'est tout à fait inadapté à un mineur qui petit à petit bascule irrémédiablement.

La justice est censée éduquer et protéger les mineurs, y compris les délinquants. Un mineur est toujours en construction et en prison il se déconstruit et s'enfonce.

Triste constat !  Ce roman graphique fait prendre conscience que la justice est inadaptée aux mineurs et va à contresens, elle fabrique des délinquants au lieu de les sauver !

Un roman graphique très bien documenté , très réaliste.

A lire et à faire lire !

Ma note : 9.5/10



dimanche 27 mars 2022

Lumière noire - Claire Fauvel et Thomas Gilbert

Lumière noire - Claire Fauvel et Thomas Gilbert








Rue de Sèvres
Parution : 27 octobre 2021
Scénario : Thomas Gilbert
Dessins : Claire Fauvel
Pages : 208
Isbn : 9782810200436
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur

"Ava, chorégraphe reconnue, ironise sur le fait qu'elle vient d'obtenir une bourse pour la création d'un spectacle alors qu'elle a décidé d'arrêter la chorégraphie. Après une ascension fulgurante, Ava est vide de toute inspiration, désabusée, jugeant son art inutile face aux enjeux sociétaux du moment. Son amie Suzanne, lui conseille tout de même de monter ce spectacle et pour lui changer les idées, l'entraîne au gala de fin d'études de l'école de danse contemporaine dans laquelle Ava a été formée. Dès les premiers instants, l'oeil d'Ava est aimanté par Ian, l'un des danseurs, dont la fougue et la passion sur scène, lui rappelle sa propre jeunesse. À la fin du spectacle, Ava le retrouve et sans prendre totalement la mesure de ce qu'elle est en train de faire, lui explique qu'elle travaille sur un nouveau spectacle pour lequel elle aimerait lui proposer le rôle principal. Ava n' a aucune idée en tête mais juste l'envie de créer une nouvelle façon de danser, basée sur l'improvisation. Les deux commencent à travailler ensemble, à échanger et découvrent qu'ils partagent une certaine vision du monde, des questions sociales et écologiques et bien plus encore ...la passion de leur art et une attraction l'un pour l'autre de plus en plus forte. Petit à petit, l'inspiration revient à travers un conte dont le personnage principal n'est pas sans rappeler Ian. Les deux amants s'enferment dans leur bulle créatrice, tout entiers à leur passion. Tandis qu'au dehors, le contexte social s'endurcit, le chaos que vit la société va-t-il finir par transparaître dans leur relation ? La sensibilité de ces deux passionnés les entrainera-t-elle dans les affres de l'autodestruction ?"




Claire Fauvel












Claire Fauvel a étudié l'illustration à l'école Estienne, puis le cinéma d'animation à la prestigieuse école des Gobelins à Paris. Après avoir travaillé un an comme décoratrice pour une série animée, elle s'est lancée dans la bande dessinée afin de raconter ses propres histoires. Paru en mai 2017, La Guerre de Catherine est son premier titre chez Rue de Sèvres, lauréat du Fauve d’Angoulême-Prix Jeunesse 2018 et du Prix Artemisia de la fiction historique. Source : rue de Sèvres


Thomas Gilbert





Après un an passé aux Beaux-Arts de Paris et trois à Saint-Luc (Bruxelles) en option bande dessinée, Thomas Gilbert, 26 ans, est repéré par Casterman pour la série Bjorn le Morphir. Une série fantastique dont il poursuit l'adaptation pour Rue de Sèvres, en collaboration avec Thomas Lavachery. Il est également l’auteur d'Oklahoma Boy. Il vit à Bruxelles.

Tumblr de Thomas Gilbert / Site web









Mon avis

Ava Klein alias "Fauve" est une grande chorégraphe.  Elle vient de recevoir une bourse pour la création d'un nouveau spectacle mais elle est fatiguée, démotivée, sans envie ni inspiration.  Son amie Suzanne l'emmène à Bruxelles, à la PARTS, un labo d'expérimentation de la danse, là où Ava avait étudié.  Les élèves y présentent leur création de fin d'année.

Là tout à coup, Ava est subjugée par un jeune garçon blond prénommé Ian.  Elle lui propose d'emblée de le suivre à Paris pour son nouveau projet.

C'est alors une passion dévorante qui va s'installer entre eux.  Sera-t-elle créatrice ?  ou dévastatrice ?

A côté de la danse, Ian est engagé dans notre monde, il a des idées écologistes, il s'est investi dans la réhabilitation d'une friche.

A Paris, le chaos social est de plus en plus preignant, c'est le combat, la violence policière fait rage.  Cela se fera sentir dans leur création. 

Dystopie? Uchronie ? Une chose est certaine, c'est un roman graphique engagé qui plaide pour un monde plus humain soulevant les questions écologiques, environnementales et la violence de notre société.

Ce roman graphique est très réussi car ce n'est pas simple de représenter la danse.  C'est intense, le découpage des planches et les couleurs sont appropriés.  

La surprise est le cahier noir reprenant un conte, la base du spectacle, très intéressant au niveau graphique.  c'est intense.  Un bon moment de lecture.

Ma note : 8/10


Les jolies phrases


Le malheur et la souffrance sont le terreau de toutes les réussites humaines.  La vie pousse sur la mort.

Je ne dois pas oublier qu'autour de moi, le monde dontinue de crever.

Si le bien et le mal sont des illusions, si la morale est un mirage.  Pourquoi se battre ? Le monde n'a plus besoin de lui. 

On ne peut pas laisser l'inhumanité gagner.  




samedi 26 mars 2022

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

 Ils ont rejoint mon Himalaya à lire





C'est le printemps, le moment venu comme chaque année de retrouver avec joie le nouveau roman de Karine Lebert ♥


Les souvenirs et les Mensonges aussi ...       Karine Lebert














Presses de la Cité
Terres de France
Parution : 10 mars 2022
Pages : 608
ISBN : 9782258196278
Prix : 21 €

Présentation de l'éditeur

Après Les Amants de l’été 44 et Pour l’honneur des Rochambelles, la nouvelle grande saga féminine de Karine Lebert entremêlant Histoire et destins, passions et secrets de famille.

À Honfleur, en 1938, Pauline brave l’opinion publique en épousant Joachim, un réfugié allemand qui a fui la montée du nazisme. Les unions franco-allemandes sont mal acceptées et le couple est mis à l’index. Quand la guerre éclate, Pauline quitte tout pour suivre son mari, entré en clandestinité.

En 1946, dans un Berlin occupé par les Alliés, Hilda, la sœur de Joachim, tombe amoureuse d’un officier français. De cette liaison naît une enfant, Adeline, qui disparaît mystérieusement. Hilda se lance dans une recherche désespérée pour la retrouver.

Soixante-dix ans plus tard, à Cabourg, Valentine et Magda, deux jeunes musiciennes, deviennent inséparables. Valentine est normande et Magda, l’arrière-petite-fille de Pauline, allemande. Intriguée par l’histoire familiale de son amie, Valentine part sur les traces d’Adeline.

Entre passé et présent, souvenirs et mensonges affluent. Commence alors une véritable enquête…

Merci Isabelle et Fleuve éditions, je vais enfin découvrir la plume d'Hervé Commère

Les intrépides   -   Hervé Commère

























Fleuve éditions
Parution : 17 mars 2022
Pages : 336
Isbn : 9782265144088
Prix : 18.90 €

Présentation de l'éditeur

Dans les situations critiques, tout dépend de l'audace.

Avec nos voisins, les rapports sont bons parce qu’ils sont inexistants.
Mais lorsqu’une lettre nous informe que l’immeuble sera bientôt mis en vente, et les locataires, mis dehors, tout bascule.
Car Valérie et moi, qui ne nous parlons plus, Bastien, le vendeur de savons qui se rêve en businessman, Suzanne, revenue finir sa vie dans le deux-pièces de sa jeunesse, et Dave Missouri, qui rase les murs avec son nom bizarre, nous nous découvrons un drôle de point commun : chacun possède une raison quasi vitale de ne pas partir d’ici.
Quand nous décidons de nous unir pour modifier le cours des choses, nous sommes loin d’imaginer que nous deviendrons inséparables.

En voici un qui m'intéresse énormément mais il faudra que je trouve un peu plus de temps..

Les résistantes   -     Judy Batalion





























Les Arènes - Histoire
Parution : 24 mars 2022
Traduit de l'anglais (USA) par Omblage et Danielle Charon
Préface : Annette Wievorka
Pages : 560
Isbn : 9791037505729
Prix : 24.90 €

Présentation de l'éditeur



Comment une telle histoire a-t-elle pu être oubliée ?

Alors que les nazis imposaient leur loi et persécutaient les Juifs d’Europe de l’Est, des dizaines de femmes vivant dans les ghettos ont fait passer des messages codés, dissimulés dans leurs tresses, et des armes, cachées dans des miches de pain. Elles ont construit des souterrains et aidé des milliers de clandestins. Elles ont soudoyé des gardes de la Gestapo avec de l’alcool, assassiné des nazis et saboté des lignes d’approvisionnement allemandes.

S’appuyant sur des documents historiques et des témoignages de première main, ce récit nous fait revivre le destin de ces héroïnes, dont la plupart ont été assassinées dans les prisons de la Gestapo et les camps de concentration. Seule une poignée d’entre elles a survécu, sans que personne ne s’intéresse à ces survivantes. Avant ce livre.

Puissantes et inspirantes, Les Résistantes sont une histoire de bravoure exceptionnelle, d’amitié féminine et de survie face à des obstacles insurmontables.


Partir à le revisite d'un conte de Perrault ...

Cendrillon libératrice    -   Rebbeca Solnit

Le titre exact sera Cendrillon libératrice !!!!



Les Arènes -  Jeunesse
Parution : 19 mai 22
Traduit de l'anglais par Laurence Richard
Illustrations : Arthur Rackham
Pages : 96
Isbn : 9791037501110
A partir de 8 ans
Prix : 12.90 €

Présentation de l'éditeur

Cendrillon rencontre sa marraine, va à un bal et se lie d'amitié avec un prince. Mais c'est là que s'arrête l'histoire telle qu'on la connaît. Au lieu d'attendre d'être secourue, Cendrillon apprend qu'elle peut se sauver et sauver ceux qui l'entourent en étant fidèle à elle-même et en défendant ses convictions.

On termine avec un album jeunesse chez Rue de Sèvres

L'espace d'un instant   -   Niki Smith



















Rue de Sèvres
Parution : 16/03/22
Traduction : Marc Lesage
Pages : 256
Isbn : 9782810203123
Prix : 16 €

Présentation de l'éditeur

Après avoir sauvé sa professeure d'art d'un assaillant armé à l'école, Manuel Soto doit faire face au Syndrome Post Traumatique. Pour lutter contre son anxiété, il utilise l'appareil photo de son téléphone portable pour trouver les points d'ancrage qui lui permettent de garder les pieds sur terre. Ses journées sont monotones et solitaires, jusqu'à ce que dans le cadre d'un projet scolaire, il fasse équipe avec ses camarades de classe, Sebastian et Caysha. À leur contact, le jeune collégien qui découvre la campagne, s'ouvre à la beauté de la nature et finit par y trouver le réconfort dont il a besoin...
Un album délicat et généreux dans lequel l'autrice dépeint avec finesse les sentiments adolescents dans cette vie isolée que leur impose la ruralité.


Belles lectures !

mercredi 23 mars 2022

Le ramasseur d'étoiles - Martin Ryelandt

 Le ramasseur d'étoiles   -   Martin Ryelandt





















La Trace éditions
Parution : le 17 février 2022Pages : 185
Isbn : 979-10-97515-56-0
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur

Une belle histoire que celle de ce ramasseur d'étoiles, ou plutôt de fragments d'étoiles, qui tombent sur Terre sous l’aspect de simples pierres, alors qu’en réalité il s’avère que celles-ci sont en or pur. Zénon, l'heureux ramasseur de ces débris célestes, est le seul à pouvoir les relancer vers le ciel et œuvrer ainsi à la reconstruction des astres en perdition. Mais celui-ci est kidnappé par des malfrats attirés par son or, avec comme conséquence que les constellations disparaissent du ciel les unes après les autres ! Ce dérèglement provoque de grosses inquiétudes sur Terre et on mesure ainsi que l’accaparement des richesses par quelques-uns finit par provoquer des catastrophes en chaîne...

L'auteur

Martin Ryelandt est un écrivain belge. Après une jeunesse chahutée et beaucoup de petits boulots, dont cueilleur de tabac et planteur d’arbres au Canada, il devient scénariste de BD chez Tintin Reporter, puis chez Glénat, Delcourt, Hélyode.
Il publie son premier roman en 2006, L’Incendiaire, puis en 2015, Le cavalier, et enfin plus récemment un recueil de poèmes, Je dois aller à Safi.

Mon avis

C'est une fable des temps modernes que nous propose Martin Ryelandt.  "Le ramasseur d'étoiles" c'est l'histoire d'un homme à l'apparence d'un vieux fou marmonnant sans cesse "Putain de brol...elles m'ont abandonné.."  

Cet homme c'est Zénon, qui un jour est sur le trottoir en train de se faire expulser.  Ce jour là, il va croiser la route de Nicodème, un jeune homme solitaire, abandonné par se parents disparus deux ans plus tôt.  Un jeune homme qui, pour survivre, livre des pizzas pour Obar.  

Alerté par le bruit de l'expulsion, il va intervenir en faveur du vieux et lui dire qu'il peut éventuellement le rejoindre dans l'immeuble qu'il squatte avec son pote Léo.   Nico a le coeur sur la main, il s'intéresse aux autres et vit avec Léo, un petit dealer délinquant avide d'argent.

Il y a aussi Madeleine, une jeune fille rencontrée elle aussi dans la rue, dont les garçons sont amoureux, elle aura un rôle important mais je ne vous en dis pas plus ! 

Ah oui, j'oubliais, Zénon a un pouvoir, celui d'illuminer le ciel ...  mais les étoiles semblent disparaître, pourquoi ?

Martin Ryelandt nous propose de jeter un regard sur notre société, sur sa violence, ses troubles tout en gardant l'espoir et en y montrant que l'humanité existe encore.

Sa plume est vive, dynamique, son phrasé musical, multiculturel.  Je me suis laissée emporter dès les premières phrases.  C'est un peu déjanté je vous préviens, mais ça le fait, je n'ai pû m'empêcher par moment de penser à l'écriture de Nadine Monfils.  On y retrouve un côté un peu "surréaliste", de l'audace.  

Un bon moment de lecture et une morale qui s'en dégage.  J'adore.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases

Les étoiles...  Elles sont comme cette tasse.  Á trop aimer, elles perdent des parties d'elles-mêmes, elles volent en éclats, risquent de mourir...

Mais, continua Paul, à l'origine de la plupart des fortunes, on trouve un forfait, soyez-en certain.

Nico lui, en avait de la niaque, le quadruple saut qu'il avait réalisé sur le toit des choses, comme il disait, le prouvait.  Un vrai dingue.  En plus il est honnête et il a l'air d'être à la bonne avec le vieux.  Quel con, Il sera toujours dans la merde à force d'être réglo.

L'illustration que se portent mutuellement les astres leur correspondait assez bien.  Le rapprochement réciproque qui s'était opéré leur avait fait perdre quelques parties d'eux-mêmes, mais sans qu'il soit déjà nécessaire d'en ramasser les morceaux épars.  D'ailleurs à quoi bon les ramasser ces morceaux, se disait Nicodème, pourquoi ne pas tout laisser en l'état ?  On dirait les peaux mortes que nous n'arrêtons pas de perdre toute notre vie.  Que dirions-nous si on nous obligeait à les remettre en place ?  Beurgh ! Quelque chose dans la quête de Zénon lui échappait. 

La soudaine richesse élimine certains désirs qu'elle satisfait et en fait redécouvrir d'autres...

Il alluma la radio.  Des pubs, encore des pubs.  Á croire que l'évolution de l'espèce humaine n'avait eu pour but de vendre et acheter de la merde.  

Ce n'est pas la vérité en elle-même qui compte, mais ce qu'on en fait.  Donnadieu n'est pas intéressé par la vérité, mais par le pouvoir que le doute qu'il distille dans l'esprit des gens lui confère.

Les vrais amis sont comme les étoiles, vous ne pouvez les reconnaître que lorsqu'il fait sombre autour de vous !

Mais, continua Paul, à l'origine de la plupart des fortunes on trouve un forfait, soyez-en certain. 





dimanche 20 mars 2022

Malcolm Mc Laren - L'art du désastre - Manu Leduc / Marie Eynard/Lionel Chouin



 Malcolm Mc Laren  L'art du désastre  -  Manu Leduc/Marie Eynard/Lionel Chouin


























Futuropolis
Parution : 2 mars 2022
Scénario : Marie Eynard et Manu Leduc
Dessin : Lionel Chouin
Couleurs : Philippe Ory
Pages : 208
Isbn : 9782754828604
Prix : 25 €

Présentation de l'éditeur

Insaisissable, admiré ou détesté, Malcolm McLaren a donné un coup de canif et laissé une marque impérissable sur la culture, en bouleversant les codes. Il fût, au côté de Vivienne Westwood, le grand révélateur du punk. En faisant du conflit et du chaos des matériaux artistiques, il a testé les limites de la société du spectacle et l’a transformé en une farce explosive. Détournement des symboles, scandales, inversion des valeurs, do it yourself autant de principes que Malcolm McLaren et les Sex Pistols ont inspiré à des générations d’artistes jusqu’à aujourd’hui.
Sans apologie, ni dénonciation, L’Art du désastre raconte les tribulations de ce drôle de personnage qui voulait faire la révolution en vendant des pantalons.


L'avis d'Alain



‘Anarchy in the UK’, ‘God Save the Queen’, ‘Pretty Vacant’, cela ne vous dit rien?

Ce sont des titres emblématiques du seul et unique album des Sex Pistols, ’Never Mind the Bollocks, Here’s the Sex Pistols’, le groupe sans doute le plus connu du mouvement punk britannique des années 76/77.

Qui se cachait derrière le groupe? Un anglais excentrique, adepte du situationnisme à la Guy Debord, Malcolm McLaren.

Malcolm, étudiant en art fin des sixties, ouvre un magasin de fringues avec sa compagne Vivienne Westwood à Londres au début des années 70.

C’est là qu’il va rencontrer les futurs membres des Pistols. En quelque sorte un boys band punk fabriqué de toutes pièces.

Le but de McLaren est de bousculer les conventions, de créer l’anarchie dans cette Angleterre thatchérienne bien pensante.

Il commence son job de manager avec le groupe américain les New York Dolls issu du mouvement punk US. Ce sera de très courte durée avant de lancer les Sex Pistols. McLaren crée le buzz et utilise des tactiques marketing qui seront l’apanage des grands labels de musique dans les années à suivre. Il fait ainsi figure d’avant-gardiste. ‘God Save the Queen’ sera n°1 des charts en Angleterre…sans être diffusé sur la BBC car censuré !

La carrière des Pistols sera courte: le chanteur Johnny Rotten (alias John Lydon) étant en désaccord complet avec McLaren quittera le groupe après la sortie de l’album pour former PIL (Public Image Ltd). Ce sera Sid Vicious, le bassiste qui sera promu chanteur. Sid est un mauvais bassiste, ne sait pas jouer et est un junkie notoire. Il sera accusé du meurtre de sa petite amie Nancy Spungen et mourra peu après d’une overdose.

McLaren a continué à exploiter l’image des Pistols bien au-delà de toute création artistique, ce qu’il appela d’ailleurs ‘La plus grande escroquerie du rock’n’roll’ (titre de son film). Après de nombreux déboires judiciaires, McLaren poursuivra une carrière solo intéressante dans le domaine du hip hop et même de l’opéra.

Il décède d’un cancer en 2010.

Cette BD pleine de couleurs parfois assez criardes rend bien l’atmosphère anarchique et chaotique mais aussi très créative de l’époque punk. Pas de cases bien délimitées comme dans un BD traditionnelle mais une suite d’images rapides qui met en lumière le côté éphémère de ce mouvement et de la carrière des Sex Pistols et celle de manager de McLaren. 

A conseiller pour les fans de musique rock qui ont connu cette époque mais aussi à ceux qui connaissent le nom de Malcolm McLaren mais qui souhaitent en savoir plus sur ce personne singulier.

Sa note : 8.5/10 

samedi 19 mars 2022

Baby Face - Olivier Balez

 Baby Face  -   Olivier Balez















Rue de Sèvres
Parution : 16/02/22
Scénario :  Marie Desplechin
Dessin : Olivier Balez
Pages : 128
Isbn : 9782810200290
Prix : 14 €

Présentation de l'éditeur

A l'école, personne n'aime Nejma. Elle est nulle, méchante, moche et mal habillée. En plus, elle crache par terre. Mais on ne lui dit jamais rien, parce que tout le monde sait qu'il ne faut pas pousser à bout une personne qui n'a rien à perdre. Aussi, le jour où Jonathan Suyckerbuck, grand amateur de catch, est retrouvé inconscient derrière la porte de la cantine, c'est Nejma qu'on accuse. Elle a beau se défendre, personne ne la croit. Mais Nejma n'est pas aussi seule qu'elle veut bien le croire. Au tour de son voisin et ami Raja, de faire quelque chose pour Nejma, elle qui l'a toujours protégé.


Marie Desplechin


Marie Desplechin est auteure de nombreux romans pour la jeunesse (Satin grenadine, Séraphine, Verte, Le journal d’Aurore…) elle écrit aussi des romans pour les adultes : Sans moi, Dragons, La Vie sauve écrit avec Lydie Violet (prix Médicis 2005) et Danbé avec Aya Cissoko, entre autres. Elle travaille régulièrement comme journaliste pour différents magazines et participe à l’écriture de scénarios de films. Elle vit à Paris.


Photo : Karine Mazloumian














Olivier Balez


Olivier Balez aime se lever tôt et ne craint pas les décalages horaires. Après avoir vécu dans trois galaxies éloignées du système solaire, il a décidé de poser sa valise à Angoulême, où il vit en résidence à la maison des auteurs avec sa femme et ses deux filles. Son triangle des Bermudes se situe entre le jazz, le polar et la poésie.

Depuis 15 ans, il navigue entre littérature jeunesse, illustration de presse et bande dessinée : avec Thierry Lenain, il illustre de nombreux livres aux thématiques ancrées dans le réel (Wahid, Lali l’orpheline, Dieu merci…).

En bande dessinée, suite à sa collaboration avec Pierre Christin pour la revue XXI, il dessine la biographie de Robert Moses, l’architecte urbaniste de New York pour Glénat, déjà traduit en 345 langues et distribué dans toutes les bonnes librairies de l’univers.

Parallèlement à cela, il réalise de nombreuses couvertures de livres et collabore depuis plus de 10 ans pour le journal Le Monde.

Ces dernières années, il cabote régulièrement sur les côtes de la bande dessinée avec quelques capitaines prestigieux à son bord : Arnaud Le Goufflec, Pierre Christin, Didier Tronchet, Fabien Velhmann et Lewis Trondheim.


Mon avis

C'est l'adaptation du roman jeunesse "Babyfaces" de Marie Desplechin que nous propose Olivier Balez.

"Baby face" c'est le nom que l'on donne au gentil lors des matchs de catch, un sport qui tente beaucoup de jeunes de l'école de Nejma.

Nejma, c'est la souffre douleur en classe, celle que personne n'aime, que tout le monde évite.  On lui dit qu'elle est nulle, mal habillée, grosse...  Jusqu'au jour où Nejma rencontre Isidore, le nouveau gardien du supermarché qui l'apprivoise et lui dit "Tu n'es pas grosse. Tu es puissante".

Cette petite phrase va aider Nejma à changer sa perception d'elle-même, à prendre confiance.

Nejma est toujours seule à la maison car sa mère qui l'élève seule, travaille dur le soir.  Son voisin Freddy, qu'elle rançonne pour son goûter, l'apprécie et veille sur elle, c'est son seul ami.

Un jour à l'école, Jonathan est retrouvé inconscient, Nejma donne l'alerte et bien entendu devient la coupable idéale pour les surveillants, enseignants et la direction de l'école mais il n'en est rien bien entendu.

Un album qui parle de différences, d'intégration, de perception des autres, d'injustice  mais aussi de sport et de ce que celui-ci peut apporter.

C'est la vie, c'est difficile mais il y a aussi l'amitié, la bienveillance qui sauvent.  

Un graphisme très agréable. J'ai aimé les couleurs et l'utilisation de celles-ci pour mettre en avant la violence et l'agressivité sans la montrer réellement.

Un album jeunesse qui permet de changer le regard et la perception de l'autre et démontre également les vertus du sport.

Album à mettre entre toutes les mains.

Ma note : 9/10

Une jolie phrase

Tu n'es pas grosse, tu es puissante.




mercredi 16 mars 2022

Qu'importe la couleur du ciel - Valérie Cohen ♥♥♥♥♥

Qu'importe la couleur du ciel    -   Valérie Cohen  ♥♥♥♥♥



 
















Flammarion
Parution : 16 mars 2022
Pages : 368
ISBN : 9782080239617
Prix : 21 €



Présentation de l'éditeur

Et si les arbres généalogiques comportaient une case pour les amis de toujours, les amours défuntes, les maîtres à penser, les sauveurs ? À quoi ressemblerait le vôtre ?
Sybille, indéniablement, y placerait sa famille de cœur, n’ayant pu donner la vie. Elle cultive avec sa meilleure amie Gisèle une complicité depuis plus de cinquante ans, et c’est dans sa maison ardennaise qu’elle se réjouit de fêter son anniversaire auprès de ses proches. C’était sans compter sur les révélations de Mila, la petite-fille de Gisèle. La jeune femme, par jeu, a eu recours à un test ADN dont les résultats viennent réveiller un passé trop longtemps tu et bousculer une légende familiale parcellaire.
Des êtres unis par la transmission des secrets de famille et qui ont choisi de passer outre, pour se reconstruire. D’autres qui refusent d’être emprisonnés dans des silences.
Vitale et mortelle à la fois, organisme vivant aux multiples facettes, la famille est un joli parterre de ronces.


L'auteure




















Photo Éric Matheron-Balaÿ © Flammarion

Valérie Cohen est née et vit à Bruxelles. Juriste, elle se consacre désormais à l'écriture et tente d'apporter, avec humour et tendresse, de la lumière sur nos ombres. En nous rappelant que le destin est une construction en perpétuel mouvement.


Mon avis


C’est un roman magnifique que nous propose Valérie Cohen. Un roman construit comme un thriller où petit à petit des tiroirs vont s’ouvrir et délivrer leur secrets.

La famille, les racines, la filiation… tout un programme !

« Vitale et mortelle à la fois, organisme vivant aux multiples facettes, la famille est un jolie parterre de ronces. "

Le lecteur va s’agripper à un fil et petit à petit, la toile va se tisser nous livrant un arbre généalogique et les secrets de famille enfouis au plus profond.


Il suffira d’un élément pour troubler la quiétude familiale, un test ADN fait par jeu par Mila, la petite fille de Barbara et petite fille de Gisèle, la meilleure amie de Sybille depuis plus de cinquante ans.

Que de femmes, qui sont-elles ? Trois générations qui se sont forgées sans homme ou presque.

Qu’est-ce qui les unit ?  Un arbre généalogique à faire ? des non-dits ?

Et si en plus des liens du sang, si on pouvait ajouter l’amitié, le composer en ajoutant des amis, une famille de cœur ? A quoi ressemblerait notre arbre ?

C’est avec une grande dextérité, beaucoup de sensibilité, de tendresse et de bienveillance que Valérie Cohen nous interroge sur la famille, la filiation, les mensonges en héritage. Elle s’interroge comme toujours sur les zones d’ombre qui nous façonnent avec amour, douceur, regret, silence.

La transmission ou non des secrets nous forge-t-elle autrement ? C 'est aussi ce qui nous construit, un'est un hommage à nos parents, à nos racines.

La famille pas toujours simple à comprendre, on ne l’a pas choisie et pourtant elle nous façonne parfois à notre insu..


Peut-on vivre sans filiation ? Mieux vaut-il transmettre le mensonge ou le silence ?


Ce sont des sujets que Valérie Cohen essaie de mettre en lumière, elle explore comme souvent le tréfonds de l’âme humaine à travers ses personnages et nous propose un très beau voyage.


Quelques jours après avoir refermé ce roman, Mila, Sybille, Barbara, Gisèle et Noémie m’accompagnent encore.



Les jolies phrases

Le temps n'anesthésie pas toutes les peines et la sienne devient brûlante.

Donner la vie est le seul voyage pour lequel aucun retour ne doit être acheté.

Touchée, Sybille perçoit, à défaut de le connaître, ce cordon ombilical invisible unissant toutes les femmes qui donnent la vie : déesses épuisées, elles dorment comme des guérrières, d'un sommeil fragile et parcellaire, pour éviter que le sort ne s'approche trop près de sa nouvelle proie, les yeux clos rivés sur le berceau à leur côté, prêtes à bondir au moindre gémissement de leur poupon. 

On peut donner deux choses à ses enfants : des racines et des ailes.  Les racines, c'est mon boulot, alors tu m'accompagnes à la synagogue.  Les ailes, c'est pour tes parents.

La terre, comme une famille, porte en elle les germes de demain.  Elle doit être nourrie, veillée, ensemencée, célébrée.  Les récoltes ne sont pas dues, elles se méritent.  

L'ordre n'a aucun sens dans une vie.  Il est rassurant mais inutile.

Certains lieux font partie de nous, même lorsque nous les désertons.

Et vous en pensez quoi, vous de la famille... lieu de guérison ou lieu de souffrance ?

La vraie liberté est d'aimer l'autre par choix, peu importe le degré de parenté éventuel que l'on a avec lui ou son histoire. 

La vérité, ça n'existe quand même pas puisque chacun à la sienne.

Peu lui importe d'être croyante ou non, sa judéité ne s'embarrase pas d'une telle question.

Une filiation sans fils, c'était un peu comme une ruche sans reine.

Ainsi donc est faite la vie : chaque corde dénouée se referme sur un noeud plus solide encore.

Mais Sybille ne vaut pas mieux que son amie.  Complice d'un même délit, celui de draper le passé de silence et d'espérer qu'il disparaisse avec soi.

Mais un père sans amour est-il un père ?

Car si la vie est un champ de bataille, leur amitié est sa plus jolie victoire sur l'ennemi.

Pourquoi les arbres généalogiques ne comportent-ils pas une case pour les amis de toujours, les amours défuntes et les amants, les personnes qu'on aurait adoré avoir dans sa lignée, les maîtres à penser, les sauveurs ? Les rencontres providentielles.  Les complices choisis, peu importe qu'ils soient du premier ou du quinzième degré.  Aucune place dans un tronc familial pour les choix du coeur. Les cadeaux de l'existence.  Les oubliés de l'arbre.

L'âge est l'arme fatale qu'elle ne peut esquiver.  Un couteau tranchant destiné à blesser les chairs les plus tendres.  Il la projette dans hier en l'empêchant de pouvoir imaginer demain. 

La vie n'était-elle pas une mascarade où chacun essayait le costume d'un autre dans l'espoir d'un jour, peut-être, trouver le sien ?  

Comment aimer ce qui nous est nécessaire et nous blesse à la fois ?  Comment trouver la juste distance pour se donner sans être prise ? 

Chaque histoire recèle des portes aux charnières rouillées et les ouvrir ne libère pas tous les fantômes.  

Consciente que l'on ne choisit pas l'époque où l'on naît, ses parents, ses épreuves.  Aucun homme ne peut être seul détenteur de son histoire.  

Le titre de père se gagne-t-il à coups de spermatozoïdes bien ciblés ou au poids des bonheurs légués ?

L'amitié est un peu comme une veste élimée dont on peine à se défaire tant on s'y sent bien.  Peu importe le bouton manquant, elle reste une pièce essentielle de la garde-robe.  


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dimanche 13 mars 2022

En love mineur - Dominique Costermans

 En love mineur     -   Dominique Costermans 































Quadrature
Parution : 10/11/2017
Pages : 118
ISBN 9782930538785 (format broché)
Prix : 15 €



Présentation de l'éditeur

« Le train poursuivait sa course dans la nuit tombante, en s’arrêtant toutes les cinq ou dix minutes. La narratrice se dit que ça pourrait donner un bon début d’histoire, un soir un train, une intersection entre deux trajectoires, une collision, et puis, le champ des possibles qui s’ouvre en délicatesse. C’était un bon début. Ça démarrait au quart de tour. Elle se sentait sure d’elle, maitresse de la situation et de la tournure que pourrait prendre cette rencontre. »



Mon avis

Dominique Costermans nous propose dix-sept nouvelles ou textes courts.   Des textes qui nous décrivent les petites choses de la vie, des petits détails de nos existences, des moments du quotidien tantôt nostalgiques, remplis d'humour ou d'espoir.

Des nouvelles abordant la naissance de l'amour... ou pas ! Des hésitations, des choix qui peuvent déterminer une vie.

Des amours naissantes, imprévisibles, le basculement d'un instant...

On voyage, au Portugal avec nostalgie mêlant souvenirs amoureux et gastronomie, en Grèce avec des paysages décrits de manière visuelle, immersive en faisant un parallèle à la crise financière et la vie du peuple grec.   Passage obligé à Rome, à la villa Borghese, à la villa Médicis en passant par une papeterie, le lien entre les lieux est l'écriture.  

C'est la vie que nous raconte Dominique Costermans.  Des rencontres dans les trains, ou avec des personnages importants dans "Un jour j'ai pris Annie Saumont dans ma voiture" avec l'incapacité d'exprimer ses sentiments.

En love mineur c'est aussi l'approche de l'amour.  J'ai particulièrement été touchée par "L'homme à qui j'ai fait à manger" et "La vengeance des Pâquerettes".

Une écriture fine et délicate, ciselée, sensible c'est l'intime mais aussi l'universel.  Un très beau moment en compagnie de celle qui est l'une des nouvellistes majeures de Belgique.  C'est magnifique, je vous invite à la découvrir.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases

On ne se connait pas si bien, elle et moi.  Je suis de passage, mais j'ai le sentiment que c'est elle, l'oiseau migrateur épuisé venu faire halte dans mon jardin.


Elle me parle de sa musique, et du chant qui lui permet enfin, à quatre-vingts ans, d'exprimer l'émotion avec le corps, avec le souffle, sans l'intermédiaire de l'instrument, piano, violon, pinceau. Avec l'écriture, je suis à l'opposé. 

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samedi 12 mars 2022

Le poids des héros - David Sala ♥♥♥♥♥

Le poids des héros - David Sala










Casterman
Parution : 19/01/22
Pages : 176
ISBN : 9782203215764
Prix : 24 €


Présentation de l'éditeur


Une majestueuse et foisonnante recomposition de son enfance par David Sala


Dans Le Poids des héros, David Sala retrace sa trajectoire personnelle très tôt marquée par les figures tutélaires, mais non moins écrasantes, de ses grands-pères, héros de guerre et de la résistance.

En convoquant son point de vue de petit garçon, il nous plonge dans une majestueuse et foisonnante exploration de l'enfance et de l'adolescence.
Le recours à l'imaginaire permet d'approcher les zones d'ombre et les failles à bonne distance, tout en recomposant un parcours d'apprentissage et de transmission universel pour le lecteur.
Sans oublier la saveur impérissable des courses en vélo, de la découverte des premiers morceaux de rap US, des premiers temps d’initiation artistique à l'école Emile Cohl.





David Sala










David Sala est né le 18 juillet 1973, à Décines (69). Après des études à l’école Émile Cohl, à Lyon, il réalise diverses couvertures de romans. Puis il publie, avec Jorge Zentner, sa première série de bande dessinée, Replay (trois volumes, Casterman, 2000). Cette collaboration se prolonge avec les quatre volumes de Nicolas Eymerich, Inquisiteur (Delcourt) entre 2004 et 2007. Il travaille également pour l’édition jeunesse, pour laquelle il produit plus d’une dizaine d’albums, dont son grand succès La Colère de Banshee, mais aussi La Belle et la Bête ou encore Féroce (tous au catalogue Casterman Jeunesse). En 2013, il revient à la bande dessinée et publie Cauchemar dans la rue pour la collection « Rivages noir/Casterman ». En 2017, il s’attaque avec brio à l’œuvre de Stefan Zweig, en signant une adaptation remarquée du Joueur d’échecs. Il est de retour en bande dessinée, en 2022, avec Le Poids des héros.

Photo : DR

Source /  Casterman





Mon avis

Ce roman graphique est un chef d'oeuvre ♥ !

David Sala est d'origine espagnole et nous raconte l'Histoire avec un H à travers l'histoire de ses grands-parents.  C'est un très bel hommage mais aussi un devoir de transmission indispensable.

David est enfant lorsqu'en mai 1976 son grand-père maternel, Antonio,  s'éteint.  On le voit évoluer dans le décor de sa jeunesse aux couleurs vertes et oranges de l'époque.

Antonio Soto était volontaire dans l'armée républicaine espagnole.  Dénoncé, condamné à mort par le régime de Franco, il a dû fuir.  Arrivé en France, il est enfermé dans le camps d'Argelès sur Mer avant d'être envoyé au camp de concentration de Mauthausen, le plus dur.  Il a donc connu l'horreur des camps et en est sorti vivant mais brisé en mai 45.

De ce grand-père, il y a un portrait dans le salon, celui d'un homme triste, dévasté peint par un condisciple du camp.

Du côté paternel, il y a des photos noir et blanc et un dossier confié quelques années plus tôt par sa mère.  Joseph Sala a connu lui aussi vingt ans de guerre civile, le camp d'Argelès sur Mer, un convoi dont il s'est enfui pour devenir résistant et regagner le maquis.  C'est là qu'il a rencontré Denise, l'amour de sa vie.

David Sala nous raconte donc le vécu de nombreux espagnols, exilés, l'horreur des camps et nous apporte le devoir de mémoire, de transmission.

Dèjà vu et traité des dizaines de fois me direz-vous !  Détrompez-vous car c'est  avec tout son art, l'influence en autre des nabis, de l'univers de Klimt et ses couleurs qu'il nous raconte tout cela.

Un maximum de dessins dont les couleurs vives le plus souvent prennent le pouvoir, peu de texte nécessaire.   Vert et orange pour les années de son enfance, des fleurs psychédéliques nous entraînent vers son imaginaire d'enfant.  Les couleurs froides rose pâle, bleu glacier pour l'univers des camps, les tortionnaires en gris-vert.  C'est saisissant, il nous bombarde de couleurs, c'est tellement parlant. 

Un récit en même temps très personnel et universel.

C'est fabuleux ! Un chef d'oeuvre je vous dis !


Immense coup de coeur ♥♥♥♥♥ 


Je n'ai qu'une envie me procurer "Le joueur d'échec"









mercredi 9 mars 2022

Le livre de Neige - Olivier Liron ♥♥♥♥♥

 Le livre de Neige            -      Olivier Liron   ♥♥♥♥♥




















Gallimard
Parution : 10 février 2022
Pages : 240
Isbn : 9782072876653
Prix : 19 €


Présentation de l'éditeur

« J’ai voulu écrire ce livre comme un cadeau pour ma mère, Maria Nieves, dite Nieves, qui signifie neige en espagnol. Un livre pour elle, entre vérité et fiction. Un portrait romanesque par petites touches, comme des flocons. »

Neige a grandi sous la dictature franquiste, puis connu l’exil et la misère des bidonvilles de Saint-Denis. Humiliée, insoumise, elle s’est inventé en France un nouveau destin. Hommage espiègle d’Olivier Liron à sa mère, cette héroïne discrète qui lui a transmis l’amour de la vie et l’idée que les livres sont notre salut, Le livre de Neige raconte aussi, en creux, la naissance d’un écrivain.

L'auteur













Photo Francesca Mantovani


Je suis écrivain, poète, auteur de théâtre et enseignant. Normalien et agrégé d’espagnol, j’enseigne la littérature à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle. J’ai étudié également le piano en conservatoire, la danse contemporaine à l’École du Jeu et l’écriture de scénario à la Fémis. J’écris des recueils de poèmes, deux romans, Danse d'atomes d’or (Alma éditeur, 2016) et Einstein, le sexe et moi (Alma éditeur, 2018, Grand Prix des Blogueurs Littéraires, Prix littéraire des lycéens des Pays de la Loire), des performances et des spectacles pour le théâtre, et je prépare un troisième roman aux éditions Gallimard ainsi qu’un ouvrage de développement personnel. J’écris également des fictions sonores pour les collections du Centre Pompidou et des nouvelles pour l’Opéra de Paris. J’ai toujours été porté par la passion de la littérature et de la transmission et j’ai hâte de vous rencontrer !


Source : Atelier Bohaime

Mon avis

C'est un énorme coup de coeur et le plaisir de retrouver la plume d'Olivier Liron !

Ce livre de Neige, c'est l'histoire de sa famille d'origine espagnole, c'est aussi celle d'un peuple qui sous le régime franquiste a souffert et a souvent dû recourir à l'exil.

C'est l'occasion de revoir ce pan de l'Histoire trop souvent oublié, l'arrachement des exilés et l'intolérance, le rejet et racisme de notre société.

C'est à travers Maria Nieves, la maman d'Olivier Liron, devenue Maria pour la France. Nieves qui veut dire Neige à qui Olivier témoigne d'un magnifique cri d'amour envers sa maman.

Une héroïne, oui, je vous assure, une femme magnifique, que l'on a envie de connaître, une petite fille qui a connu une enfance compliquée, la misère en Espagne et en France, un premier déchirement lorsqu'à peine âgée de six ans ses parents ont quitté l'Espagne dans l'espoir de vivre mieux...

De six à neuf ans, elle vit trois années éloignées de ses parents chez sa tante Carmen, arrive ensuite Plaine Saint-Denis puis dans le quartier de la "Petite Espagne" que l'on va découvrir par la jolie plume d'Olivier.

"En Espagne, la famille était très pauvre, c'est vrai, et cette pauvreté était douloureuse, mais ils étaient pauvres comme des millions d'autres gens.  Nieves découvre que c'est relatif la pauvreté. Être pauvre là-bas et être pauvre ici, cela n'a rien à voir. Au seizième arrondissement de Paris, c'est différent. Ici, Nieves est une pouilleuse."

Neige subit le racisme, celle que l'on surnomme "Conchita" , la honte de ne pas connaître la langue de ce nouveau pays, les humiliations nombreuses, va trouver dans sa colère la force, la détermination et s'élever, apprendre en se réfugiant dans les livres. Elle s'affirmera quelques années plus tard en étant la meilleure, une mathématicienne et scientifique.

Dans la seconde partie du roman, Olivier partage avec nous ses souvenirs d'enfance, il nous confie sa différence, sa grande sensibilité, les humiliations subies comme en miroir de celles subies par sa maman.

Comme elle il va se réfugier dans le savoir, dans la lecture et surtout dans l'écriture pour créer d'autres univers, pour s'évader et pour vivre.  On assiste à la naissance du futur écrivain.

La plume d'Olivier est magnifique, sensible, fluide, élégante.  On apprend des choses, on sourit, on est ému, on rit, on vit pleinement des émotions.  Il manie le verbe avec humour et poésie.  Sa plume est délicate mais surtout empreinte de sincérité et de véracité.

Je n'avais aucune envie de quitter Neige, j'avais envie que cela continue encore et encore car ce roman est d'une beauté rare et je vous le conseille vivement.

Ma note :  une immense ♥


Les jolies phrases

Elle ne comprend pas la guerre, ou plutôt elle comprend que c'est exactement cela la guerre, ne plus rien comprendre.

Négliger la méchanceté, privilégier la joie.

Un rêve, c'est une fiction qui dit la vérité.

L'arrivée à Paris est épouvantable, l'exil est un arrachement.  Une transplantation brutale, violente.  Elle se sent comme une plante qu'on aurait extirpée de son sol originel pour la laisser mourir. Transplantation.  Action d'extraire de la terre pour replanter ailleurs.  De greffer un organe prélevé sur un individu, vivant ou non, dans un autre organisme vivant.  Ou encore : De faire passer une personne, un animal d'un pays, d'un lieu, d'un milieu dans un autre, avec la perspective d'un établissement durable.  Se transplanter. Quitter un séjour pour s'établir dans un autre.
Même son prénom, Nieves, est trop compliqué à prononcer.  Comme son prénom complet est Maria Nieves, sur la carte de séjour, on l'appelle simplement Maria.
En Espagne, la famille était très pauvre, c'est vrai, et cette pauvreté était douloureuse, mais ils étaient pauvres comme des millions d'autres gens.  Nieves découvre que c'est relatif la pauvreté. Être pauvre là-bas et être pauvre ici, cela n'a rien à voir. Au seizième arrondissement de Paris, c'est différent. Ici, Nieves est une pouilleuse.
L'exil est une blessure, une condamnation, un bannissement, une destitution, une indignité, un rejet.  Maria, prénom de paria.

Se blinder pour se protéger.  Et aussi : beaucoup s'aimer elle-même pour résister à l'exclusion.

Le HLM est un rêve éveillé.  Après toutes ces années de misère, ils vont mener une vie de princesse.

C'est comme si son enfance était un pays où elle préfère ne pas se retourner.  Cela nous lie.  Le passé serait-il un pays étranger ?

Ecrire, c'est s'inventer une nouvelle vie.

Le Petit Robert contient tous les mots du monde.  C'est comme si j'avais à disposition un immense frigo et que je pouvais manger ce qui me fait envie.

L'écologie, c'est faire sa part pour sauver la planète.

Il faut protéger la beauté de la nature... La beauté sauvera le monde.

Elle dit cela : l'éveil du féminin, c'est simplement changer nos émotions en amour.

La honte, c'est mourir en silence.

Est-ce qu'on garde en mémoire d'avoir frôlé la mort ?  Est-ce à cela qu'elle doit ce farouche instinct de survie qui ne la quittera plus ?  Cette joie infinie devant le miracle du vivant ?  Ce sentiment d'une force et d'une vulnérabilité mêlées, indissociablement liées en elle, mort et vie tissées dans la même étoffe, la même moire ?

Sa vie est un marathon d'amour.  Moi, je m'inquiète un peu quand je vois qu'elle est fatiguée.  Je ne veux pas qu'elle perde tout le soleil de ses yeux d'or.

C'est en comptant qu'ils se sont rencontrés, il y a plusieurs ères géologiques de cela, en déterminant leur PGCD et leur PPCM, leur plus grand commun diviseur et leur plus petit commun multiple.  Ils sont parvenus très jeunes à une équation idéale en résolvant toutes les inconnues.  Depuis, ils sont devenus un ensemble arithmétique d'entiers naturels que j'ai rejoint.  C'est comme ça que je suis venu au monde, à l'intersection des abscisses et des ordonnées.  Là où tout commence.

Je m'évade...  Un livre, ça s'ouvre comme une fenêtre, comme une porte.  Une façon de vivre d'autres vies.  

Je ne sais par quelle magie les lettres, assemblées comme les pièces d'un gigantesque puzzle, forment des histoires qui me font voyager.  Je suis un être-livre, un être libre.

J'écris des poèmes.  Je crois en la beauté.  Je crois que la poésie est une meilleure école que celle de la société.  Elle donne des armes pour se battre.  Je ne veux pas de leurs savoirs morts.  Je veux croire en mes rêves et pour cela j'ai besoin de mots vivants, de mots en mouvement, de mots comme des couteaux, de mots qui dansent.  

Je crois que c'est exactement la définition de la tristesse.  Être triste, c'est avoir épuisé toutes les façons possibles de parler à ceux qu'on aime.

- La tourbe, c'est ce que tu vois.  Elle est constituée par des mousses qui se décomposent.  Et en même temps, dans cette matière morte les mousses poussent, et la vie renaït ! Cette mousse a traversé tous les cataclysmes et elle est encore là ...
- Comme toi, maman ?  Tous les cataclysmes ?
- Comme moi, comme nous ! Oui ! C'est cela, la leçon de la nature.  La beauté de la nature ! La beauté du vivant ! La vie est parfois surprenante, il y a des crises...


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