dimanche 30 août 2015

Ils ont rejoint ma Montagne à lire



De retour d'une petite escapade française, de passage par Lille et son célèbre "Furet du Nord" en cette période de rentrée littéraire, impossible de ne pas craquer.

Deux premiers romans pour commencer, deux plumes à découvrir:

Camille, mon envolée

Sophie Daull



Philippe Rey
Date de parution : 20/08/2015
ISBN : 978-2-84876-468-9
Format : 14.5 x 22 cm
Pages : 192
Prix : 16.00 €

Avis de l'éditeur


Dans les semaines qui ont suivi la mort de sa fille Camille, 16 ans, emportée une veille de Noël après quatre jours d’une fièvre sidérante, Sophie Daull a commencé à écrire.
Écrire pour ne pas oublier Camille, son regard « franc, droit, lumineux », les moments de complicité, les engueulades, les fous rires ; l’après, le vide, l’organisation des adieux, les ados qu’il faut consoler, les autres dont les gestes apaisent… Écrire pour rester debout, pour vivre quelques heures chaque jour en compagnie de l’enfant disparue, pour endiguer le raz de marée des pensées menaçantes.
Loin d’être l’épanchement d’une mère endeuillée ou un mausolée – puisque l’humour n’y perd pas ses droits –, ce texte est le roman d’une résistance à l’insupportable, où l’agencement des mots tient lieu de programme de survie : « la fabrication d’un belvédère d’où Camille et moi pouvons encore,
radieuses, contempler le monde ».

« Dans les jours d’après, nous distribuerons tes soixante-dix-sept peluches, une par une ou deux par deux, à des fossés dans les campagnes, à des clairières, à des rochers. C’est joli, ces ours, ces lapins, ces petits chats abandonnés sur les tapis de mousse, prenant la pluie sous les marguerites. »

                                                 

Un mauvais garçon

Deepti Kapoor


Seuil
Traduit de l'anglais (Inde) par Michèle Albaret-Maatsch
140 x 205 mm
204 pages
9782021165678
17€

Avis de l'éditeur

Elle a vingt ans à New Delhi. Elle n’a ni père (parti vivre à Singapour), ni mère (décédée), ni repères. Sa tante, chez qui elle vit, cherche à la marier. Elle brûle d’une énergie qui n’a nulle part où aller, alors elle se plie aux conventions et garde ses pensées pour elle-même.
Un jour, dans un café, il la dévisage. Plus âgé, il semble venir d’ailleurs. Il est laid, et pourtant tout chez lui attire la jeune fille.
Il l’initiera au sexe, à l’alcool, aux drogues ; aux plaisirs du corps et à la noirceur de l’âme. Elle bravera les interdits et découvrira avec lui un New Delhi aussi dangereux qu’enivrant, où se côtoient l’ancestral et l’ultramoderne, la richesse et la putrescence, le profane et le sacré, et où pulse une rage de vivre que rien n’arrête.
Spirale d’amour et de destruction virtuose, Un mauvais garçon est porté par une prose qui vibre de désir et de révolte, jusqu’à l’incandescence.

Un incontournable de ma compatriote.

Le crime du comte de Neville

Amélie Nothomb



Albin Michel
août 2015
Format : 200 mm x 130 mm
144 pages
EAN13 : 9782226318091
Prix : 15.00 €


Quatrième de couverture

« Ce qui est monstrueux n’est pas nécessairement indigne. » Amélie Nothomb

Je vous en parle très vite car déjà lu et apprécié.  Une bonne année.

La blogosphère m'a donné envie de découvrir son écriture.

Otages intimes

Jeanne Benameur

Otages intimes

Actes Sud
Août, 2015
11,5 x 21,7 
208 pages
ISBN 978-2-330-05311-6
prix indicatif : 18,80€

Quatrième de couverture

Photographe de guerre, Étienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l’ampleur de ce qu’il lui reste à réapprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril.
De retour au village de l’enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre depuis lequel il pourrait reprendre langue avec le monde.
Au contact d’une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l’Italien, l’ami taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, “la petite qui vient de loin”, devenue avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerres à trouver le courage de mettre en mots ce qu’elles ont vécu.
Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l’urgence de la question cruciale : quelle est la part d’otage en chacun de nous ?
De la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l’otage après la libération. Otages intimes trace les chemins de la liberté vraie, celle qu’on ne trouve qu’en atteignant l’intime de soi.

Il était attendu, hâte de la relire.

D'après une histoire vraie

Delphine de Vigan




JC LATTES
EAN : 9782709648523
Parution : 26/08/2015
484 pages
20.00 €

Avis de l'éditeur

« Ce livre est le récit de ma rencontre avec L.
L. est le cauchemar de tout écrivain.Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais rencontrer. »
Dans ce roman, Delphine de Vigan raconte l’histoire d’une amitié. Séduction, dépression et trahison sont les trois temps de ce récit qui entraîne le lecteur dans les coulisses de la création, là où le doute, les apparences et les faux-semblants tendent un piège redoutable. Qui est le maître du jeu ?
« Tu sais parfois, je me demande s’il n’y a pas quelqu’un qui prend possession de toi. »

J'avais beaucoup aimé "Le domaine des murmures" 

La terre qui penche

Carole Martinez



Gallimard
Broché: 368 pages
Parution : 20 août 2015
Collection : Blanche
ISBN-13: 978-2070149926
Dimensions du produit: 20,5 x 2,5 x 14 cm
Prix : 20 euros



Présentation de l'éditeur

Blanche est morte en 1361 à l'âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort ! La vieille âme qu'elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu'elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent. L'enfance se raconte au présent et la vieillesse s'émerveille, s'étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l'y attend. Veut-on l'offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais ? Par la force d'une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l'orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.

Une attente , après avoir adoré "Quatrième mur", un partenariat me permet de découvrir :

Profession du père

Sorj Chalandon


Grasset
Parution : 19/08/2015
Pages : 320
Format : 142 x 205 mm
Prix :  19.00 €
EAN : 9782246857136

Avis de l'éditeur


« Mon père a été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Eglise pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Un jour, il m’a dit que le Général l’avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m’a annoncé qu’il allait tuer de Gaulle. Et il m’a demandé de l’aider.
Je n’avais pas le choix.
C’était un ordre.
J’étais fier.
Mais j’avais peur aussi…
À 13 ans, c’est drôlement lourd un pistolet. »


L'envie de découvrir la plume d'Agnès Ledig


Juste avant le bonheur

Agnès Ledig



Pocket 15948
Albin Michel en grand format

Quatrième de couverture


Prix Maison de la Presse

Cela fait longtemps que Julie ne croit plus aux contes de fées. Caissière dans un supermarché, elle élève seule son petit Lulu, unique rayon de soleil d’une vie difficile. Pourtant, un jour particulièrement sombre, le destin va lui tendre la main. Ému par leur situation, un homme généreux les invite dans sa maison du bord de mer, en Bretagne. La chance serait-elle enfin en train de tourner pour Julie ? C’est le temps de la découverte, des vacances, de l’amitié profonde. Le temps de vivre pleinement. En espérant que cela dure toujours.

Et pour terminer deux petits romans graphiques , J'en avais envie depuis longtemps.

L'arabe du futur
Riad Sattouf

  
Allary Editions                                  Allary Editions
Roman graphique                              Roman graphique
160 PAGES COULEURS                 160 PAGES COULEURS
170 X 240 mm                                   170 X 240 mm
20,90€                                                20.90 euros
15 MAI 2014                                     11/06/2015
EAN : 978-2370730145                     EAN / 978-2370730541


Tome 1


Une enfance dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d’Hafez al-Assad.

Né d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d’abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d’être nommé professeur. Issu d’un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile. En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n’aide pas…), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne traditionnelle. Son père, lui, n’a qu’une idée en tête : que son fils Riad aille à l’école syrienne et devienne un Arabe moderne et éduqué, un Arabe du futur.


Tome 2


Né d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf raconte dans L’Arabe du futur sa jeunesse au Moyen-Orient.

Dans le premier tome (1978-1984) le petit Riad était balloté entre la Libye, la Bretagne et la Syrie.

Dans ce second tome, qui couvre la première année d’école en Syrie (1984-1985), il apprend à lire et écrire l’arabe, découvre la famille de son père et, malgré ses cheveux blonds et deux semaines de vacances en France avec sa mère, fait tout pour devenir un vrai petit syrien et plaire à son père.

La vie paysanne et la rudesse de l’école à Ter Maaleh, les courses au marché noir à Homs, les dîners chez le cousin général mégalomane proche du régime, les balades assoiffées dans la cité antique de Palmyre : ce tome 2 nous plonge dans le quotidien hallucinant de la famille Sattouf sous la dictature d’Hafez Al-Assad.



Fin de mon gros shopping lillois, mais les tentations de l'Intime Festival risquent d'en ajouter d'autres.

samedi 29 août 2015

La petite communiste qui ne souriait jamais Lola Lafon

La petite communiste qui ne souriait jamais

Lola Lafon

La petite communiste qui ne souriait jamais

Actes Sud
Janvier, 20
11,5 x 21,7
320 pages
ISBN 978-2-330-02728-5
Prix indicatif : 21, 00€


Avis de l'éditeur

Parce qu’elle est fascinée par le destin de la miraculeuse petite gymnaste roumaine de quatorze ans apparue aux j.o. de Montréal en 1976 pour mettre à mal guerres froides, ordinateurs et records au point d’accéder au statut de mythe planétaire, la narratrice de ce roman entreprend de raconter ce qu’elle imagine de l’expérience que vécut cette prodigieuse fillette, symbole d’une Europe révolue, venue, par la seule pureté de ses gestes, incarner aux yeux désabusés du monde le rêve d’une enfance éternelle. Mais quelle version retenir du parcours de cette petite communiste qui ne souriait jamais et qui voltigea, d’Est en Ouest, devant ses juges, sportifs, politiques ou médiatiques, entre adoration des foules et manipulations étatiques ?
Mimétique de l’audace féerique des figures jadis tracées au ciel de la compétition par une simple enfant, le romanacrobate de Lola Lafon, plus proche de la légende d’Icare que de la mythologie des “dieux du stade”, rend l’hommage d’une fiction inspirée à celle-là, qui, d’un coup de pied à la lune, a ravagé le chemin rétréci qu’on réserve aux petites filles, ces petites filles de l’été 1976 qui, grâce à elle, ont rêvé de s’élancer dans le vide, les abdos serrés et la peau nue.



"C’est un dialogue fantasmé entre Nadia Comaneci, la jeune gymnaste roumaine de quatorze ans devenue, dès son apparition aux J. O. de 1976, une idole pop sportive à l’Ouest et « plus jeune héroïne communiste » à l’Est, et la narratrice, « Candide occidentale » fascinée, qui entreprend d’écrire son histoire, doutant, à raison, des versions officielles. L’histoire d’une jeune fille face à ses juges, qu’ils soient sportifs, politiques, médiatiques, désirée et manipulée également par les États, qu’ils soient communistes ou libéraux. L’histoire, aussi, de ce monde disparu et si souvent caricaturé : l’Europe de l’Est où j’ai grandi, coupée du monde, aujourd’hui enfouie dans une Histoire close par la chute d’un Mur.

Comment raconter cette « petite communiste » à qui toutes les petites filles de l’Ouest ont rêvé de ressembler et qui reste une des dernières images médiatiques non sexualisée de jeune fille sacralisée par un Occident en manque d’ange laïque ?

La Petite Communiste qui ne souriait jamais est l’histoire de différentes fabrications et réécritures : réécriture, par CeauŞescu, du communisme dans la Roumanie des années 1980, fabrication du corps des gymnastes à l’Est comme à l’Ouest, réécriture occidentale de ce que fut la vie à l’Est, réécriture et fabrication du récit par l’héroïne-sujet, qui contredit souvent la narratrice et, enfin, réécriture du corps féminin par ceux qui ne se lassent jamais de le commenter et de le noter…

C’est cette phrase-là, à la une d’un quotidien français, commentant Nadia Comaneci aux J. O. de Moscou, qui m’a décidée à écrire ce roman : « La petite fille s’est muée en femme, verdict : la magie est tombée. » Ce roman est, peut-être, un hommage à celle-là, qui, d’un coup de pied à la lune, a ravagé le chemin rétréci qu’on réserve aux petites filles, ces petites filles de l’été 1976 qui, grâce à elle, ont rêvé de s’élancer dans le vide, les abdos serrés et la peau nue."


Mon avis

C'est une lecture choisie par ma binôme Julie et je suis contente de l'avoir réalisée.

Nous sommes le 26 juin 1976 aux jeux olympiques de Montréal.  J'avais onze ans et demi à l'époque et je garde en mémoire ce prodige, cet exploit. Nadia Comaneci âgée d'à peine quatorze ans vient de réaliser l'incroyable.  Elle a même semé le trouble dans les ordinateurs car jamais ce n'était arrivé, elle réalise le score parfait, un 10.  La perfection est incarnée par cette petite roumaine qui renouvellera l'exploit tant aux barres asymétriques qu'au cheval d'arçon, à la poutre et au sol.  Elle éblouit le jury et conquit la planète.  Mais à quel prix réalise-t-elle ses exploits ?

C'est un peu l'enquête que va mener Lola Lafon.  Un procédé original et ambitieux : durant plus d'un an elle va échanger téléphoniquement et par mail avec Nadia et construire ce récit à la fois historique et journalistique. Chapitre après chapitre, au fil des échanges s'écrit ce récit sensible, juste, captivant et poignant pour nous conter le destin de cette petite fée adulée par son pays tout entier.

Je ne suis pas particulièrement férue de gymnastique et ce n'est pas nécessaire pour être embarqué dans ce récit magnifique. On y découvrira comment et par quels sacrifices, cette fillette d'Onesti est devenue ce qu'elle est.  C'est à l'âge de six ans qu'elle a débuté les entraînements longs et durs imposés par son coach et entraîneur Bela Karoly aux méthodes pas toujours orthodoxes.

On découvrira la détermination, le perfectionnisme de Nadia, mais aussi les rouages du communisme de Ceaucescu qui fit de Nadia sa chose , l'icône adulé de la nation, le symbole de la réussite roumaine.  Le rôle et la place prépondérante de la Securitate, la peur, les manques de nourriture, les magasins vides, la soumission, l'obéissance au régime seront également abordés.

Nadia deviendra l'image du pouvoir, soumise au régime, exhibée partout en compagnie du roitelet (le fils de Ceaucescu, elle vivra par procuration, à travers les autres même pour communiquer).  On la suivra jusqu'à sa fuite, la fin du régime et sa "mauvaise" entrée aux Etats-unis.

Un livre encensé souvent.  J'avoue avoir adoré le premier tiers, la force de l'écriture, l'écriture sensible, un texte intelligent et instructif.  Je me suis un peu perdue dans la seconde partie du récit même si je suis contente d'avoir fait cette lecture très instructive retraçant l'histoire d'un mythe, d'une reine déchue et l'histoire d'un peuple, d'un pays.

Ma note : 7/10


C'est ma lecture commune du mois avec Julie des Petites lectures de Scarlett, son avis est ici


Les jolies phrases

Ce qu'elle accomplit ce jour là, personne ne sera capable de le raconter, ne restent que les limites des mots qu'on connaît pour décrire ce qu'on n'a jamais imaginé.

Ces étages d'horaires, d'aliments immuables, de gestes et d'odeurs.  Et leur soumission tranquille à toutes les restrictions parce qu'elles savent que chaque poussière d'envie, chaque déviation possible, un samedi à flâner, à jouer dans la chambre, un goûter trop copieux, chacun de ces virages penche vers une autre vie, celles des enfants ordinaires, sans but ni avenir.

Nadia, elle est une plante carnivore de dangers dont il faut la gaver.

Tous les sportifs qui gagnent des symboles politiques.  Ils promeuvent des systèmes.  Communisme à l'époque, capitalisme aujourd'hui.

Barres, magnésie et sueur, ce mélange, la trilogie de son existence.

Sa vie, dure comme un vaillant train télécommandé, s'enraye.  L'obéissance n'est qu'une des pièces détraquées et manquantes du puzzle parfait de sa vie précédente, parmi celles-ci : cette faim permanente qui rend le sommeil difficile (rêver qu'on mange et s'éveiller à l'aube terrorisée d'avoir failli manger), les mains entamées d'ampoules et de minuscules coupures jamais refermées, les cuisses tatouées de bleus ancrés dans les veines et ces muscles dont les fibres lâchent, tendons claqués toujours rattrapés de justesse par les indispensables codéine et cortisone.

Je ne vais pas tourner le dos à ce qui me fait peur.  Je fais face, parce que la seule façon d'échapper à ma peur est de la piétiner.

Pendant les années 1990, il était de bon ton de haïr notre passé comme s'il n'y avait rien eu de bon du tout sous le régime communiste, comme si nous n'avions pas de passé!  On a existé ! On a même ri! Aimé ! Il n'y avait pas de farine ?  C'est vrai.  On était tous en uniforme ? Vrai! Vrai! On ne se moquait pas des enfants qui ne portaient pas la "bonne marque" de sweat-shirt, les vêtements étaient des vê-te-ments pas des symboles!

Mes parents sous Ceausescu, allaient à la montagne, au restaurant, au concert, au cirque, au cinéma, au théâtre ! Tout le monde gagnait plus ou moins la même chose, les prix n'augmentaient presque pas ! Ils avaient constamment peur, c'est vrai, peur qu'on ne les entende dire des choses interdites, aujourd'hui, on peut tout dire, félicitations, seulement personne ne nous entend....  255  et suite

jeudi 27 août 2015

Le chant du canari Anne-Frédérique Rochat

Le chant du canari
                       Anne-Frédérique  ROCHAT

Couverture Le chant du canari

Editions Luce Wilquin
Collection Sméraldine
Parution le 21 août
176 pages
ISBN  9782882535085

Avis de l'éditeur


Anatole et Violaine sont en couple depuis de nombreuses années. Combien de temps exactement? Ils ne s'en souviennent plus, cela fait si longtemps. Lui travaille dans une animalerie, entouré de sifflements et de plumes de canaris; elle surveille la section zoologie du Musée d'Histoire Naturelle, silence et relents de camphre. Leur vie quotidienne est une suite d'habitudes rassurantes et de paroles répétées, Bien dormi? - Oui, merci chéri, bien dormi. Et toi, bien dormi? Ils ont tout pour être heureux. Et pourtant. Quelque chose, imperceptiblement, semble les éloigner l'un de l'autre. Il disparaît de plus en plus souvent. Pour aller où? Faire quoi? Le doute s'immisce, les certitudes s'emmoussent. Et s'il suffisait d'un grain de sable, d'une pensée (un peu trop obsédante) pour tout remettre en question, tout perturber?

En librairie dès le 21 août.


L'auteure

media105


Anne-Frédérique Rochat est née le 29 mars 1977 à Vevey, elle a grandi à Clarens sur Montreux. En juin 2000, elle obtient un diplôme de comédienne au Conservatoire d'Art Dramatique de Lausanne, depuis elle joue régulièrement en Suisse romande. Elle a commencé par écrire des pièces de théâtre, puis a eu envie de s'essayer à un autre genre qu'elle aime et admire particulièrement, le roman. Aujourd'hui, elle continue de jouer et d'écrire. Elle vit à Lausanne.
Ses romans 

Août 2014: À l'abri des regards, Éditions Luce Wilquin.  ,   mon avis est ici
Août 2013: Le sous-bois, Éditions Luce Wilquin.
Avril 2012: Accident de personne, Éditions Luce Wilquin.

Source : son site perso 


Mon avis

Anatole et Violaine sont en couple depuis très longtemps.  Le temps passe et Violaine aimerait avoir un enfant. Anatole n'est pas du même avis. En guise de réponse à sa demande, il lui apporte un poisson rouge !

Il est vrai que Violaine aime jouer à la sirène en prenant de très longs bains mais c'est pas une raison tout de même. Elle prend ce poisson en grippe, c'est pas très affectueux un poisson et elle l'aide à passer trépas.

Anatole et Violaine veulent se plaire, c'est indéniable.  Chacun met de l'eau dans son vin pour que tout se passe bien, pour éviter les conflits.  Anatole offrira à Violaine un canari auquel elle s'attachera beaucoup.  Mais l'envie d'un enfant devient une fixation pour Violaine et cette fixation changera peu à peu sa vision de la vie, déformera sa réalité. Son imaginaire s'emballera, un malaise entre eux grandira.  Perception réelle ou fictive ?  le fil est ténu entre les deux.

Le chant du canari, c'est l'obsession de Violaine.  En argot du milieu c'est la dénonciation du traître, toute une symbolique.  C'est aussi la peur qu'il représente.  Le canari était emmené dans les mines jadis pour détecter le grisou, lorsqu'il étouffait c'était le signe qu'il fallait remonter, qu'il y avait du danger.

C'est avec une écriture fluide, humoristique parfois caustique qu'Anne-Frédérique Rochat nous parle de la confiance, des peurs, d'amour, de l'habitude, de la perte de complicité, de trahison et de la folie.
Entre réel et imaginaire, où se trouve la frontière?

J'ai aimé passer un moment avec Anatole et Violaine, j'ai aimé être emmenée par l'auteur là où je ne m'y attendais pas.  Un agréable moment de lecture.


Ma note : 8.5/10


Les jolies phrases

Ce n'est pas toujours donnant-donnant, explique-t-il, il faut savoir recevoir sans donner et donner sans recevoir, c'est une des clés du bonheur.

Tu es en pleine forme, tu as mes gènes, tu dois les transmettre à quelqu'un, ton patrimoine génétique ne t'appartient pas, il ne fait que passer par toi.

C'est ma vie, papa, répondit Anatole d'une voix mal assurée, vous me l'avez donnée, et je vous en remercie, mais il me semble que j'ai quand même le droit de la mener comme je l'entends.

Tu n'as confiance en rien ni personne, tu es dans le doute perpétuel, ce qui est aussi fatigant pour toi que pour moi.  C'est important d'avoir la foi.  En quelque chose, quelqu'un : n'importe quoi.

Vous avez sûrement raison, un enfant doit être l'expérience la plus extraordinaire qu'un être humain puisse vivre, c'est juste que j'ai des peurs mais en réalité je suis  comme tout le monde, j'ai envie de transmettre quelque chose, de laisser une trace.

La liberté est une absurdité.  Elle n'existe pas.  A partir du moment où on vient au monde, on est prisonnier de celui-ci. Prisonnier de la vie.  De notre enveloppe corporelle.  La seule porte de sortie, c'est la mort. Et encore, ce n'est même pas sûr.  Peut-être que mourir, c'est simplement passer d'une prison à une autre.

Que valait-il mieux ?  Avoir sa mangeoire remplie tous les jours et être enfermé, ou crever la dalle en liberté ?

On ne réalise pas toujours qu'on nage en plein bonheur quand on se contente de barboter dedans.

Se perdait-on un peu lorsqu'on devenait deux ? Où était-il possible de rester entier tout en partageant son quotidien avec un autre être humain ?

Leurs regards se croisèrent.  Et quelque chose s'entrebâilla.  Ils laissèrent entrevoir un morceau de leur âme. Leurs solitudes purent s'admirer l'une l'autre, se saluer. Donner la vie, c'est donner un sens à la sienne, c'est être essentiel pour quelqu'un, cesser de ne penser qu'à soi !

La colère, qui était resté très discrète jusqu'ici, commençait à se réveiller, à frémir, gronder, bruire. Comme des braises sur lesquelles on souffle pour que le feu prenne.  Il n'y avait pas beaucoup de travail.  Le bois était parfait.  Ni trop sec, ni trop humide.  Il n'attendait que ça, d'être dévoré par les flammes, rongé par l'élément puissant et diabolique. Anatole tenait le rôle du soufflet.  Sa respiration, ses mots stupides et maladroits étaient l'oxygène pour l'incendie qui se préparait.

logo challenge rentree litteraire 2015

dimanche 23 août 2015

Monsieur a la migraine Valérie Cohen

Monsieur a la migraine
                Valérie Cohen





Editions Luce Wilquin
Collection Sméraldine
Parution le 28/08/2015
160 pages
ISBN 978-2-88253-511-5
Prix 16 euros



Note de l'éditeur


Vous pensiez tout connaître sur le désir féminin ? Anna, Noémie, Lucia et Julie aussi, jusqu’à ce qu’elles rencontrent Patrice Denis, un sexothérapeute aux méthodes originales.

Mariée depuis trente ans, Anna simule le plaisir sexuel et est bien plus attachée à son chien qu’à son acariâtre époux. Noémie, très amoureuse de son compagnon, supporte de plus en plus mal la libido fatiguée de ce dernier. Julie, fraîchement divorcée et mère de quatre enfants, enchaîne les relations sans lendemain tout en espérant trouver l’amour. Quant à Lucia, après avoir quitté Buenos Aires et son amant destructeur, son corps s’est éteint et le plaisir l’a désertée.

Quatre personnalités attachantes, confrontées à la même difficulté de se sentir pleinement Femme.

Leur point commun ? Patrice Denis, architecte du désir. Cet homme organise des soirées de partage sur le désir féminin auxquelles elles s’inscrivent. Cet adepte du développement personnel va les inviter à un voyage tumultueux dans les tréfonds de leur histoire. Entre rires, pleurs et actes symboliques, elles y livreront leurs secrets les plus intimes, leurs ombres et leurs désirs inavouables.


L'auteure



Elle nous parle d'elle :

Je suis née à Bruxelles en 1968. Gourmande, curieuse et un tantinet insolente, j’ai comblé très jeune mes envies d’ailleurs par des lectures en douce jusqu’aux petites heures du jour.

Une licence en droit social en poche, j’ai exercé quelques années la fonction de juriste d’entreprise. En 2001, je décide de conjuguer deux de mes plaisirs : l’écriture et les voyages.

Beaucoup d’incertitudes, de belles rencontres… quelques mois plus tard, naît ‘‘Le Petit Vadrouilleur’’ (Ed. Clair de Lettre). Ce guide de tourisme m’ouvre la porte de rédactions belges et de sociétés où je jouerai de ma plume.

Quarante ans… d’autres envies, notamment celle d’une écriture plus intimiste et personnelle. Le public belge me découvre dans ‘‘Nos mémoires apprivoisées’’, un second roman paru en février 2012 aux Editions Luce Wilquin après ‘‘Double vie d‘un papillon’’ (2009-Ed.Dorval).

Dans ‘‘Alice et l’Homme-Perle’’ (2014 - Editions Luce Wilquin) et dans ‘‘Monsieur a la migraine ‘’ (2015 – Editions Luce Wilquin), je tente de poser, une fois encore, mon regard tendre, lucide et foncièrement positif sur le monde qui m’entoure.

Extrait de son site, je vous invite à le découvrir c'est ici

Mon avis

J'avais beaucoup aimé "Alice et l'homme perle" , mon avis est ici , et c'est avec beaucoup d'impatience que j'attendais ce nouveau roman de Valérie Cohen.

Un régal.  Valérie Cohen nous emmène dans un domaine qui suscite énormément d'engouement ces dernières années avec les publications de "Cinquante nuances ...", celui du plaisir féminin.

Nous allons rencontrer quatre femmes, quatre histoires, quatre tranches de vie, durant quatre semaines elles vont se côtoyer ; un lien entre elles, un homme : Patrice Denis, c'est un architecte du désir.

Son rôle : réunir ces femmes.  Elles partageront leurs secrets les plus intimes, leurs désirs, leurs hontes, leurs envies, le tout entre rires et larmes.  Un lien se créera entre elles, une amitié magnifique naîtra.   Découvrons-les.

Anna : la cinquantaine, mariée depuis trente ans à Edgard, un mari de plus en plus imbuvable, acide. Elle est emprisonnée, soumise, en quête de liberté.  Anna est flétrie, elle se soumet à son devoir conjugal, simule le plaisir.  Pour elle la sexualité est synonyme de honte, de crasse.

Noémie : 40 ans, follement amoureuse de son mari mais depuis six mois c'est lui qui a souvent la migraine et une libido en berne.  Noémie en souffre.

Julie : 33 ans, divorcée, quatre enfants.  Elle est adepte des galipettes, en quête du plaisir et du bonheur dans des relations sans lendemain.  Un amant, une rencontre, un orgasme, une douche, c'est simple oui mais pas vraiment son idéal.

Lucia : a quitté son pays l'Argentine, son amant et le plaisir l'a déserté, son corps s'est assoupi, aucun depuis ne lui donne du plaisir.

Le désir féminin est au centre de ce récit avec beaucoup de pudeur, de douceur, de tendresse et d'humour.  Valérie Cohen aborde le plaisir, le désir, l'accomplissement de chacun.  Joies, frustrations, manques, difficultés rencontrées dans le cadre d'une vie sexuelle épanouie ou non.

J'ai aimé son "architecte du désir", c'est joliment dit qui amènera chaque femme à gagner l'estime de soi, à trouver l'épanouissement. J'ai aussi aimé le lien créé entre ses femmes, une certaine entraide qui les aidera à se trouver et surtout cette belle amitié.

J'ai passé un bon moment à la lecture de ce récit, j'ai retrouvé la plume fluide, tout en douceur et tendresse de Valérie Cohen.  C'est avec justesse qu'elle nous dépeint qu'être femme peut être source de joie mais aussi de grandes souffrances.


Ma note : 8.5/10

Les jolies phrases

On peut très bien vivre sans plaisir, où est le problème ?  Cela fait trente ans que je fais illusion. Mieux vaut une existence sans orgasme que sans argent et en mauvaise santé.

Se taire et faire semblant était si facile.  Ce qui n'est pas exprimé n'existe pas, ou si peu.

Désirer sans aimer est si facile, mais peut-on aimer sans désir ?

Peut-on aimer par habitude ?

Je voudrais juste être femme, même à temps partiel.

Les pieds ancrés dans le quotidien, la tête dans ses dossiers, il avance dans la vie sans se poser de questions, convaincu que le meilleur est toujours à venir.

Cela doit être ça, vieillir aux côtés d'un être aimé.  Remarquer tout ce qui dysfonctionne et en être profondément touchée.

Etre femme ou ne pas savoir comment l'être pleinement.  Aucun cours et manuel disponible sur le marché.

Le désir, c'est un peu comme mes abdos.  Moins ils travaillent, plus ils se ramollissent.

Une évidence la frappe : si vivre est compliqué, inventer sa vie est un exercice plus fastidieux encore.

Virginité, mère, pénétration, plaisir, violence, désir, orgasme, goût, dégoût, verge, sperme, trahison, père, enfantement, comédie, bonheur, sang, amour, famille, colère, salope, plaisir, haine, lit conjugal. Les mots sont des projectiles lancés à la figure.  Certains résonnent avec force.

Et puis, il y a l'Homme.  Ses étreintes, son odeur, sa salive, sa langue chaude, sa peau, le goût de son sexe.  Celui qui rend un corps joli et fait oublier le temps qui passe.  Celui qui prend, s'offre avec talent, ou sait juste recevoir.  Celui qui butine, dévore, pénètre, engloutit sa partenaire dans une vague de plaisir et la fait renaître à chaque fois.  Celui qui baise ou fait l'amour, fait durer le plaisir ou s'éclipse avant d'en avoir donné.  L'homme du désir, le mâle?  Celui des adjectifs crus et des caresses libertines.  Celui dont il est si difficile de parler.  A son sujet, les mots deviennent mièvres ou teintés de laideur, jamais à la bonne température.

En gommant mon plaisir, j'ai oublié la femme en moi. Je l'ai niée, je suis devenue anonyme.  Presque invisible.



logo challenge rentree litteraire 2015

mercredi 19 août 2015

La maladroite Alexandre Seurat ♥♥♥♥♥

La maladroite

Alexandre SEURAT


Un premier roman attendu pour cette rentrée littéraire.



Rouergue La Brune
Parution le 19/08/2015
Premier roman
128 pages
EAN 978-2812609251

Avis de l'éditeur


Tout commence par un avis de recherche, diffusé à la suite de la disparition d’une enfant de huit ans. La photo produit un choc chez une institutrice qui a bien connu Diana. D’emblée, elle n’a aucun doute. La gamine n’a pas été enlevée, ses parents sont responsables de sa « disparition ».
Remontant sa courte vie jusqu’au temps même de sa conception, le roman égrène les témoignages de ceux qui l’ont côtoyée. Enseignants ou médecins scolaires, gendarmes, assistantes sociales, et jusqu’à la grand-mère ou le demi-frère de la victime : toutes et tous viennent prendre la parole, dire, dans la stupeur et l’urgence de s’exprimer, ce qui s’est noué sous leurs yeux, qui les a alertés, sans que jamais ils ne puissent enrayer le dénouement fatal. Peu à peu, ils cernent les zones aveugles de cette histoire ainsi que les failles d’un système pourtant dédié à la protection et l’épanouissement de l’enfance. Inspiré d’un fait divers récent, ce roman choral tient volontairement à distance tout effet de style, et évite la surenchère émotionnelle et compassionnelle.
Seulement les faits, et les faits connus par les témoins extérieurs : autour du trou noir de ce que fut le martyre de celle qui est appelée Diana dans le livre, l’auteur conserve le plus parfait silence.

L'auteur


Alexandre Seurat est né en 1979, il est professeur de lettres à Angers. Il a soutenu en 2010 une thèse de littérature générale et comparée.

Il nous parle de son roman






Mon avis


Un grand merci aux éditions Rouergue pour cette découverte de la rentrée littéraire avant l’heure.  Un premier court roman d’Alexandre Seurat qui semble fort attendu pour cette rentrée.

Il part d’un fait divers, un procès qu’Alexandre Seurat avait suivi. Il l’a marqué, poursuivi et est le point de départ de ce récit choc remarquablement mis en mots (monde) ;  un récit coup de poing qui bouscule, dont on ne sort indemne.

J’en suis sortie K.O.  Un récit parlant d’un sujet brûlant : la maltraitance parentale.  Je vous rassure il n’est pas question de voyeurisme, ce n’est pas pathos.  Le sujet est traité avec beaucoup de pudeur.
C’est la description d’un destin sans précédent, un destin qui apparait au fil de la lecture comme une évidence, sur lequel il était impossible d’interagir.

Diana est une petite fille de huit ans.  Elle a disparu.  Un avis de recherche est lancé.  Celles et ceux qui l’ont croisée durant sa courte vie vont prendre la parole et témoigner.

Une écriture magnifique, sous forme d’un roman choral.  Tour à tour chacun témoignera de ce qu’il a vu, des initiatives mises en place pour sauver Diana, en vain.

La violence du récit n’est pas dans les descriptions des sévices de son quotidien, pas du tout, ce n’est pas le sujet central.  La violence vient des sourires et des silences de Diana.


Il n’y a pas de surenchère émotionnelle, tout réside dans les faits. Entre réalité (revendiquée par l’auteur) et fiction, axé sur les émotions, un roman coup de poing qui nous fait prendre conscience de la nature humaine, de l’impuissance, du déni et de la manipulation.   A découvrir sans plus attendre.


Ma note : un grand coup de ♥ , coup de poing


Les jolies phrases

C'est tellement bien écrit que j'avais envie d'en noter à chaque page, en voici quelques-unes.

Une famille bricolée, oui, une famille rapiécée, une famille où rien ne se dit, mais où les drames se passent au vu de tous, et en silence, sans que personne ne s'interpose.

Paralysée en raccrochant, parce que je n'avais pas fait ce qu'il aurait fallu, pas dit ce qu'il fallait comme il fallait.

p29

J'ai cessé d'enseigner - la décision, c'est ce qu'il y a de facile, le soulagement de rompre, de se dire, "Plus rien ne sera plus pareil", tout brûler compense les regrets qui vous brûlent, il y a une ivresse.

J'aimerais pouvoir dire que je l'aimais comme une soeur - mais elle n'en était pas une pour moi, puisqu'elle n'était RIEN... (105)


Challenge 1 % de la rentrée littéraire

C'est parti.

logo challenge rentree litteraire 2015

lundi 17 août 2015

Challenge Pavés 2015-2016

CHALLENGE PAVES 2015-2016 






Suite à l'invitation de Gwen21 sur Babelio, j'ai décidé de m'inscrire au challenge :

Challenge Pavés 2015-2016


Je viens de terminer la mise à jour de ma PAL, 166, elle a plus que doublé depuis l'an dernier.  
J'ai lu quelques pavés depuis le début de cette année, cela me semble donc jouable, je participe.
Je me contenterai du niveau Burin.

Voici le challenge proposé par Gwen21 :


Si tout comme la mienne, votre PAL atteint une hauteur indécente, consolidée par la présence de quelques pavés très costauds dont vous avez pris l'habitude de vous servir comme fondations à tel point que vous les avez oubliés, les condamnant ainsi à n'être jamais choisis...

Le challenge PAVES vous propose d'extraire de votre PAL les ouvrages de plus de 500 pages, ce qui réduirait très sensiblement sa hauteur.

Le challenge dure du 15/08/2015 au 15/08/2016.

Je précise qu'il s'agit d'une "compétition" avec soi-même et non entre lecteurs.

Différents niveaux de difficulté vous sont proposés, à vous de choisir le palier que vous souhaitez atteindre. Evidemment, vous pouvez décider de commencer petit et de progresser au fur et à mesure de vos envies. 


NIVEAU 1 - LE BURIN
Vous avez lu et critiqué 5 pavés en 1 an.

NIVEAU 2 - LA PIOCHE
Vous avez lu et critiqué 10 pavés en 1 an.

NIVEAU 3 - LE MARTEAU-PIQUEUR
Vous avez lu et critiqué 15 pavés en 1 an.

NIVEAU 4 - LA DYNAMITE
Vous avez lu et critiqué 20 pavés en 1 an.

NIVEAU 5 - LE BULLDOZER
Vous avez lu et critiqué 25 pavés en 1 an.

NIVEAU BONUS - LE CHEF DE CHANTIER
Vous avez lu et critiqué plus de 25 pavés en 1 an.

Selon les éditeurs, certaines œuvres sont divisées en x tomes.
Les différents tomes d'un même roman comptent pour 1 pavé.
Exemple : "Autant en emporte le vent" de M. Mitchell, coll. Folio de chez Gallimard. 3 tomes = 1 pavé.
Par contre, dans le cas d'intégrales, chaque intégrale correspond à 1 pavé.
Exemple : "Le trône de fer" de G. R. R. Martin, de chez J'ai Lu. 4 intégrales = 4 pavés.

La tolérance sur le nombre de pages est de 2 pages. Donc, vous pouvez intégrer des œuvres comptabilisant 498 pages mais pas en dessous.

Je vous encourage à poster ici votre liste, au fil de vos lectures, en précisant le nombre de pages pour chaque ouvrage et en insérant le lien vers vos critiques.

Pour participer, rien de plus simple, il suffit de poster une réponse ici via Babelio


Merci Gwen 


dimanche 16 août 2015

Ils ont rejoint ma PAL (avant la rentrée littéraire)

Bon il est temps de faire un petit bilan avant les gros craquages de la rentrée littéraire car ma liste d'envies comporte déjà plusieurs titres.   Une brocante au bout de ma rue et 8 titres en plus pour 8 euros, j'aurais pas pu dire non,  vous non plus je parie.


Les corps inutiles     Delphine Bertholon



JC Lattès
EAN : 978270964661-1
Parution : 04/02/2015
300 pages
19.00 €

Avis de l'éditeur

Clémence vient d’avoir quinze ans, de terminer le collège. Un nouveau cycle s’ouvre à elle, lorsqu’elle est agressée, en plein jour et en pleine rue, par un inconnu armé d’un couteau. Ce traumatisme inaugural - même si elle n’en a pas encore conscience - va contaminer toute son existence. En effet, l’adolescente réalise qu’elle perd progressivement le sens du toucher...
À trente ans, Clémence, toujours insensible, est une célibataire endurcie, solitaire et sauvage. Après avoir été maquilleuse de cinéma, la jeune femme se retrouve employée de la « Clinique », une usine d’un genre particulier. En effet, la Clinique fabrique des poupées… mais des poupées grandeur nature, hyper-réalistes, destinées au plaisir – ou au salut – d’hommes esseulés.
Le roman déroule en alternance l’histoire de Clémence adolescente, hantée par cette agression dont elle n’a jamais osé parler à sa famille, et le récit de Clémence adulte, assumant tant bien que mal les conséquences, physiques et psychologiques, de son passé.
Mais la vie, comme toujours, est pleine de surprises


Le suivant je ne connais pas mais je trouvais le titre joli, un titre de la rentrée de l'an dernier

Les buveurs de lune          Pierre Chazal

Alma éditeur
Date de parution : 28 août 2014
476 p.
19 €
ISBN : 978-2-36-279123-9


À PROPOS DU LIVRE


Paris, automne 2011. Balthazar, 26 ans, erre comme une âme en peine depuis l’internement forcé de son grand frère Stan. Les bords de Seine sentent la vase, les cuites à gogo n’y font rien. Tout l’ennuie, tout l’écœure dans cette ville rongée par la gale des temps. Sa rencontre improbable avec la pétillante Sarah et le retour du frère prodigue changeront radicalement la donne. Ensemble, ils réinventeront un monde à leur image le temps d’une fugue enchantée loin des trottoirs parisiens. Mais avec Stan à la barre, le rêve, à tout moment, menace de tourner court…
Ode à la vie et à la jeunesse, Les buveurs de lune est aussi un voyage initiatique à travers la France d’aujourd’hui. Des troquets de Clignancourt aux villages pyrénéens, le roman s’invite à toutes les tables avec humour et réalisme et brosse le portrait d’une génération moins soumise qu’elle le paraît.

Deux livres belges

Le premier roman de Véronique Biefnot

Comme des larmes sous la pluie             Véronique Biefnot


Héloïse d'Ormesson
Existe en poche
THRILLER
336 PAGES
20€
PARU LE 5 MAI 2011
ISBN : 978-2-35087-167-7


Avis de l'éditeur

Écrivain à succès, Simon Bersic n’en est pas moins fragile et malheureux : il ne parvient pas à surmonter la perte de sa femme. Et si, avec Naëlle, la vie lui offrait une seconde chance ? Rien ne le prédisposait à croiser cette beauté magnétique, l’alchimie et la magie opèrent néanmoins, mais dès qu’il croit la saisir, la mystérieuse inconnue lui échappe. Lorsque les amants se retrouvent au cœur d’un sordide fait divers qui secoue la Belgique, et devrait les séparer, Simon refuse l’inéluctable et affronte l’insupportable.

Implacable scénario, entrecoupé d’énigmatiques séquences où une petite voix enfantine s’élève dans la nuit, recouvrant le récit d’un voile d’ombre,Comme des larmes sous la pluie est un étourdissant thriller amoureux. Haletant, émouvant, ce livre sonde les cœurs et l’inconscient.

Prix Médicis 2005, second volet de l'ensemble romanesque Marie Madeleine de Montalte


FUIR           Jean-Philippe TOUSSAINT
Les éditions de minuit
2005
192 p.
13,20 €
ISBN : 2707319279

Avis de l'éditeur

Pourquoi m'a-t-on offert un téléphone portable le jour même de mon arrivée en Chine ? Pour me localiser en permanence, surveiller mes déplacements et me garder à l'œil ? J'avais toujours su inconsciemment que ma peur du téléphone était liée à la mort — peut-être au sexe et à la mort — mais, jamais avant cette nuit de train entre Shanghai et Pékin, je n'allais en avoir l'aussi implacable confirmation.

Quelques poches pour poursuivre

Les déferlantes                 Claudie GALLAY


Babel
Novembre, 2011
11,0 x 17,6
560 pages
ISBN 978-2-330-00130-8
prix indicatif : 10, 20€
Babel n° 1085 

Avis de l'éditeur

Sur la pointe de la Hague, un homme revient quarante ans après sur le lieu du naufrage de ses parents et de son petit frère. La narratrice, une étrangère au pays, va peu à peu découvrir le mystère et les secrets de cette noyade, et mettre à jour les liens complexes unissant certains habitants du bourg. Prix des lectrices de Elle 2009.


Pour combler mon ignorance :

Un amour noir                    Joyce Carol Oates



Poche: 144 pages
Editeur : Gallimard (15 juin 1999)
Collection : Folio
Langue : Français
ISBN-13: 978-2070405206


Avis de l'éditeur

C'était en 1912, dans la vallée de Chautauqua, au nord de l'État de New York.La belle Calla aux longs cheveux roux vivait les jours sans les voir, près d'un mari qu'elle n'aimait pas.Cette année-là, pour Calla, la réalité existe comme un rêve. Un amour noir comme l'homme dont son corps épouse le corps, noir comme un rêve de nuit et de mort. «Si ceci est un rêve, ce n'est pas le mien, car comment saurais-je le rêver ?»Unis par l'amour et plus encore que l'amour.


idem je n'ai jamais lu Erri De Luca, prix Femina 2002

MONTEDIDIO                Erri De Luca




Date de parution : 23/10/2003
Gallimard
Collection Folio 3913
ISBN 2-07-030270-9
Format :11cm x 18cm


Avis de l'éditeur

Il est une colline sur les hauteurs de Naples qui domine une partie de la cité : Montedidio. Un quartier populaire partagé de ruelles étroites, théâtre du dernier opus d'Erri de Luca, décor de son récit initiatique. Le narrateur a tout juste treize ans quand il quitte l'école pour entrer chez Mast'Errico, comme apprenti menuisier. C'est une maigre paie qui s'ajoute le samedi dans cette humble famille de dockers. Dans cette même boutique de menuiserie travaille don Rafaniello, un vieil homme juif bossu, cordonnier exceptionnel, rejeté sur les rives napolitaines dans la tourmente de la dernière guerre. En même temps que le narrateur vit son premier amour avec la jeune Maria, sa voisine, et se noue une amitié forte avec le cordonnier. Montedidio est ainsi constitué de tableaux successifs, de coups de projecteur sur un quotidien émaillé d'expressions et de traditions napolitaines. Et c'est justement dans ce quotidien, entre la boutique, le rabot, le lancer de boomerang, les premiers émois sexuels et les discours du vieux sage, dans les creux de ces épisodes parfois anodins, que le narrateur fait l'épreuve de la vie, de la vie et de la mort.


Une petite trouvaille, une nouvelle japonaise inédite




Une rencontre des Lecteurs belges compulsifs la semaine dernière m'a donné l'occasion de faire du shopping littéraire, j'ai été raisonnable.  Sur conseil de Julie je vais découvrir la plume d'Alessandro Baricco.


Mr Gwyn          Alessandro  Baricco


Folio 5960 , Gallimard
224 pages, sous couverture illustrée, 108 x 178 mm
ISBN : 9782070454518
Parution : 11-06-2015

Quatrième de couverture

– Je crois que j’aimerais être copiste.
– Cela consiste à copier des choses, non?
– Probablement.
– Mais pas des actes notariés ou des chiffres, je vous prie.
– J’essaierai d’éviter.
– Essayez de voir si vous ne pouvez pas par exemple copier les gens.
– Oui.
– Tels qu’ils sont.
– Oui.
– Vous y arriverez très bien.

Qu’est-ce qu’un artiste? Alessandro Baricco nous invite à suivre le parcours de Mr Gwyn, entre badinage et aventures cocasses. Un roman intrigant et brillant.

samedi 15 août 2015

Sorbet d'abysses Véronique Emmenegger ****

Sorbet d'abysses    
            Véronique Emmenegger




Luce Wilquin
Sméraldine
14 x 20,5 cm
 272 pages
Parution 10/04/2015
ISBN 978-2-88253-503-0
EUR 21.-



L'auteure

Véronique Emmenegger


Née en 1963, Véronique Emmenegger passe les quatre premières années de sa vie à suivre son père voyageur. Installée en Suisse, elle gagne à dix-neuf ans un concours de jeunes reporters à l’Hebdo et devient journaliste. Les événements s’enchaînent et son premier livreMademoiselle Faust, rue des longs manteaux, sans rien dessous, un récit sur l’adolescence, voit le jour en 1987 ainsi que Les Bouches sur le thème de la boulimie et l’amour dévorant, en 1992. Un projet commun avec le photographe Pierre-Antoine Grisoni sur le thème de la précarité Richesse invisible est publié en 2009. SuiventFringales, un recueil sur les vêtements, sorte de cabine d’essayage sensible (2010) et Cœurs d’assaut, l’histoire d’un abandon à rebondissements (2013). Sorbet d'Abysses est son dernier roman (2015)

Source : La maison éclose  projet d'écrivains



Avis de l'éditeur


Lorsque la famille du brillant philosophe Égault Lévy apprend qu’il est atteint d’une maladie de démence, le monde manque de s’écrouler. Shirley, sa femme soumise, ainsi que ses trois enfants sortent alors de leurs retranchements. Subir ou ne pas subir ? Accepter ou se révolter ? Chacun va être invité à modifier sa façon de voir la vie face à cette descente dans les entrailles de la mémoire et du langage. La maladie cache dans ses souffrances des portes de sortie étonnantes.
Scènes cocasses, éclats de bonheur, de rire… Une remise en question salutaire face à la débandade du langage et de la mémoire.


Mon avis


Egault (Ego car centré sur lui-même) est la vedette, orateur hors pair, philosophe donnant des conférences partout dans le monde.  Il a l’habitude qu’on l’écoute et c’est pareil à la maison.  Il y règne en dictateur, tyrannique, handicapé du cœur.

Shirley sa femme de quinze ans sa cadette, était âgée de 18 ans lorsqu’elle a croisé son chemin à l’université.  Elle est devenue son assistante et sa femme, c’était plus pratique.  Elle est soumise, sous son emprise, elle est la protectrice de leurs trois enfants.

Donatien : 26 ans, effacé, irrécupérable de la société pour son père car il préférait lire des bd plutôt que les livres de philo achetés par son père.  Il est prof de français.

Sixtine : 24 ans, fait des études de médecine.  C’est la sacrifiée, celle qui a appris à vivre par l’injustice (méthode d’éducation d’Egault)

Olga : 18 ans, la préférée, la confidente de son père mais aussi devenue l’insoumise, attirée par l’Afrique et les Beaux- Arts.

Voilà le portrait de la famille mais tout va basculer.

D’entrée de jeu sans ménagement, le docteur Crohn annonce à Shirley et Egault qu’il est atteint d’une maladie dégénérative de la mémoire et du langage, du type Alzheimer ou Parkinson. 
Shirley collationne ses souvenirs qui malheureusement corroborent ces dires.

Egault réfute la situation, il est dans le déni le plus grand.  Ce n’est pas possible, il a une mémoire d’acier, un QI élevé, c’est une erreur et continue ses activités comme si de rien n’était …mais petit à petit arrivent des incidents.

Shirley doit prévenir ses enfants de la situation.    C’est là que cela devient intéressant car Véronique Emmenegeer axe son récit non pas sur la maladie mais surtout sur les conséquences de celle-ci sans l’entourage familial.  Sur la façon dont chacun va vivre la situation, se remettre en question et sa prise de conscience.

Shirley se remettra en question en comprenant qu’au final le bonheur n’était pas toujours au rendez-vous.  Comment réagira-t-elle ?  Et les enfants ?, comment réagir face à ce père qui a toujours été égoïste, centré sur lui-même, froid.

L’écriture de Véronique Emmenegeer n’est pas non plus sans humour, certaines situations devenant carrément drôles.  Le récit est bien documenté sur l’évolution de la maladie, il projette chacun dans les réactions que nous pourrions avoir, pas pathos du tout, il décrit simplement la vrai vie.  Un récit sur le deuil des mots, touchant, mordant, féroce aussi.


Un livre marquant sur un sujet universel.

Ma note : 8.5/10

Les jolies phrases

Ce qu'il faut savoir est simple c'est une maladie qui dure longtemps et à laquelle on a donc tout loisir de s'acclimater.

Excellente lectrice, Shirley préférait la compagnie des livres à celle des humains, se retranchant derrière les paravents souples mais efficaces des pages.

Et philosophe, ça n'est pas un métier non plus ! Penser, c'est tricoter avec du vent ...

Puisque c'est une souffrance sans espoir de guérison, elle peut être rangée dans les maladies du désespoir.  Je suis en train de te perdre et je le sais même si paradoxalement tu ne le sais pas.  Tu vas t'éloigner chaque jour.  Tu resteras avec nous jusqu'au moment où tu ne le pourras plus.  Tu iras dans un hôtel aseptisé où il y a des codes partout pour que tu ne puisses pas t'échapper.  Une geôle capitonnée pour que tu ne te fasses pas mal, une prison avec d'autres perdus comme toi, même qu'on les trouvera pires que toi et qu'on pensera naïvement que là-bas n'est pas ta place.

C'est tout simplement que la maladie avance.  Le vêtement endossé par le sujet attaqué s'avère bouffé aux mites.  Tranquillement, les mercenaires nanoscopiques grignotent dans l'ombre.  Les trous ne se voient pas tout de suite et quand on veut remettre ledit costume, on se rend compte qu'il ressemble à une passoire souple.  Le cerveau perd des billes molles, la puissance s'ankylose sans espoir de rémission.

A ses yeux, la meilleure façon de se protéger de l'injustice était de la vivre préventivement.

Cacher-mentir ou montre-trahir, le choix s'apparente à un tiraillement proche du supplice.

Ses phrases n'en sont plus, elles ressemblent de plus en plus à des troncs coupés qu'à de véritables branches porteuses.

L'intolérance des parents est le plus grand crime au monde et le seul dont on ne parle pas.

Elle veut désormais vivre sa vie et décider de ce qui la remplit.  Egault peut grincer, pester, menacer, elle ne pliera pas.

La maladie est un isoloir, elle met la personne atteinte d'un côté et les proches de l'autre.  La démence enferme, on a beau voir le paysage à travers la herse de fer forgé, les murs se resserrent comme une main avide qui reprendrait ses billes.

L'inconnu ne fait plus peur dans la mesure où il est toujours connu de quelqu'un d'autre.  Il suffit de se relier à ce quelqu'un d'autre-là pour que l'angoisse  s 'estompe.

C'est fou comme la joie des uns ternit parfois celle des autres.

Quelqu'un qui vous quitte vous rend votre liberté et vous permet de vivre autre chose.

La maladie est une éponge à double face, elle emporte dans son écume pâle les bonnes choses comme les mauvaises, Missoula, en premier, qui s'est évanouie dans les limbes, mais aussi la totalité de son savoir.

p 162


En partenariat avec Les Editions Luce Wilquin que je remercie.







mercredi 12 août 2015

Dix rencontres entre science et littérature Collectif

Géodésiques

Dix rencontres entre science et littérature





Dix rencontres entre science et littérature
Collectif
L'Arbre de Diane
11x 18 cm
152 pages
ISBN 978-2-930822-01-3
Parution 13/02/2015
15 €
Disponible également en numérique









Note de l'éditeur


Le temps d’un soir, un scientifique et un auteur de littérature parlent de science. Le scientifique lance la discussion en évoquant les résultats d’une de ses recherches, une théorie ou une équation qui lui tient particulièrement à cœur. L’auteur invité s’approprie les concepts et les questions avec sa propre sensibilité. Ce livre vous invite à découvrir les textes scientifiques et les créations littéraires qui sont nées de ces dix rencontres.
D’un coté, des physiciens, mathématiciens et biologistes. De l’autre, des romanciers et poètes belges, accompagnés du plus belge des poètes français.


André Füzfa ………….. Nicole Roland

Jean-Pierre Boon ………. Caroline De Mulder

Petra Vertes ………… Jan Baetens

Philippe Toint …………..Nicolas Marchal

Hugues Bersini …………. Jacques Darras

Vincent Blondel ………….. Caroline Lamarche

Mustapha Tlidi ………….. Laurence Vielle

Jean-Charles Delvenne …………. Vincent Engel

Michel Tytgat …………… Geneviève Damas

Renaud Lambiotte ………… Christine Van Acker


Mon avis

Géodésique : en géométrie, une géodésique désigne la généralisation d'une ligne droite sur une surface.  En particulier, un chemin le plus court entre deux points d'un espace pourvu d'une métrique est une géodésique.

Quelle idée originale de mettre en rapport la science et la littérature.  C'est ce qui a donné la naissance d'une maison d'éditions belge, "L'arbre de Diane" , partenaire de lecture que je remercie.

Au départ dix rencontres entre des scientifiques, chercheurs et des écrivains et poètes.

A chaque fois, un principe, une théorie scientifique expliquée, ils en débattent par binôme. Elle sera la source d'inspiration pour le poète ou le romancier qui la reçoit. Le fruit de ces rencontres est ce recueil hors du commun.

J'ai apprécié l'originalité de ces rencontres.  
L'occasion de découvrir des plumes inconnues pour moi. 

A noter les très belles illustrations dont est émaillé l'ouvrage, elles sont de Nathalie Garot, biologiste-peintre.


dimanche 9 août 2015

Les quatre saisons de l'été Grégoire Delacourt ♥


Les quatre saisons de l'été

Grégoire DELACOURT














JC Lattès
EAN : 9782709649339
Parution : 29/04/2015
200 pages
18.50 €

Note de l'éditeur


Été 99, dont certains prétendent qu’il est le dernier avant la fin du monde.

Sur les longues plages du Touquet, les enfants crient parce que la mer est froide, les mères somnolent au soleil. Et partout, dans les dunes, les bars, les digues, des histoires d’amour qui éclosent. Enivrent. Et griffent. Quatre couples, à l’âge des quatre saisons d’une vie, se rencontrent, se croisent et s’influencent sans le savoir.

Ils ont 15, 35, 55 et 75 ans. Ils sont toutes nos histoires d’amour.


Mon avis

Je garde un beau souvenir de "La liste de mes envies".  , "On ne voyait que le bonheur" est toujours dans ma PAL mais je n'ai pas pu résister à ce nouveau récit et quel bonheur de le découvrir.

"Les quatre saisons de l'été" c'est quatre périodes de vie, quatre chemins de vie qui se croisent sans le savoir. Tout cela en passant par les quatre tranches de la vie : de l'adolescence à l'adulescence (15/20), la maturité (35 ans), le bilan de sa vie (55 ans) et au seuil de sa vie (75 ans).  L'amour est une chose qui compte pour tous, on le recherche, on veut le vivre avec un grand A à tout prix.

Utilisant le langage des fleurs pour nous le conter, tout en délicatesse et avec un grand réalisme - j'ai adoré et été troublée par Jacinthe - Grégoire Delacourt nous fait vivre le dernier 14 juillet du siècle (celui avant la fin du monde annoncé) avec beaucoup de légèreté ou gravité c'est selon , tout cela bercé par la chanson de Cabrel "Hors saison".

Les phrases sont mélodieuses et poétiques.  C'est romantique sans être trop fleur bleue.  Il nous décrit les relations hommes/femmes avec justesse et finesse.

J'ai adoré, une lecture rafraîchissante idéale pour l'été.

Un coup de


Les jolies phrases

Quand on s'aime d'amour, on peut se perdre, et je ne veux jamais te perdre.

Les larmes, ça nettoie, ça noie la douleur.

Mais je me suis vite rendu compte que les écrivains n'aiment que ce qu'ils écrivent, et non seulement les femmes de leurs livres, même si à la fin, au nom de leur petite tragédie orgueilleuse, ils s'en débarrassent toujours.

Un jour, il m'a dit que son père était comme les étoiles filantes : on les voyait, et puis soudain on ne les voyait plus ; ça ne voulait pas dire qu'elles s'étaient effacées, non, elles existaient, quelque part. Dans un monde sans nous.

On ne doit pas redonner vie à nos amours d'enfance.  On doit les laisser là où elles sont : dans l'obscurité confortable de nos souvenirs.  Là où les promesses ébauchées, les caresses imaginées, oubliées, la nostalgie des peaux, des odeurs, là où les rêves enfouis se bonifient et écrivent la plus belle des histoires.

Ces corps de rêve qui ne cessent de me rappeler, comme autant de gifles, de quoi, la cinquantaine passée, nous sommes privées ; de quoi, la vie, les enfantements, les années, le temps méchant et les douleurs secrètes nous ont dépouillées.


Les pages 131 à 133 sont magnifiques, elles m'ont particulièrement émue.

Les vacances, c'est ce moment d'enfance qu'on rattrape, où nous étions immortels, où nous allions ne jamais nous quitter.

La ville, comme le magasin, avait été bombardée et la reconstruction était lente et douloureuse, mais les fleurs et les rêves des hommes repoussent toujours.

Plus on se rapproche des choses, plus le mystère s'en éloigne.

lundi 3 août 2015

Engrenages Eric Neirynck ****


Engrenages

Eric Neirynck



Lilys Editions
ISBN : 2930848014
96 pages
Parution 15/05/2015
Prix conseillé papier 13 euros
Format : Format Kindle
Editeur : LiLys Éditions (27 mai 2015)


Avis de l'éditeur


Éric n’aime pas les psy et c’est pourtant au contact de l’une d’elles qu’il connaîtra ses plus grandes circonvolutions émotionnelles.

Courte, trop courte cette relation le conduira de Bruxelles à Paris où il tentera de trouver un sens à ce qu’il a vécu avec elle.

« Engrenages » est plus qu’une quête de reconnaissance, c’est la recherche de notre propre définition au travers des déboires de nos vies.


L'auteur : Eric Neirynck




Il est né à Bruxelles en 1970. 
Se définissant lui-même comme un chroniqueur de vie, passionné de Céline et de Bukowski, Éric nous emmène sans détour dans sa vision de la vie et de ses aléas. Le verbe aiguisé, les mots à la pointe du cœur et du corps, ses écrits ne vous laisseront pas indemne.
A tous les non-adeptes des jolies histoires édulcorées, la plume d’Éric Neirynck est faite pour vous. Adepte des réflexions rythmiques en deux temps n’hésitez plus !   (source Lilys éditions)

Ses livres



Mon avis

Un court récit chez Lilys éditions que je vous ai présenté il y a peu.  C'est ici

Eric est angoissé lorsque l'on parle d'amour.  Faut dire qu'il n'a pas beaucoup de chance, alors entre alcool et médocs, c'est pas gagné.

Même s'il déteste cela, il finira par entamer une psychothérapie et rencontrera une thérapeute hors du commun qui le guidera vers l'écriture salvatrice...

J'ai adoré l'écriture cash, directe remplie d'humour et d'auto-dérision.

Je suis sortie de la lecture surprise, sonnée,  ne sachant pas réellement quoi penser. 
Une petite claque qui fait du bien. J'avais noté trois mots sur mon carnet de lecture : foi, amour et écriture.

Une écriture directe, crue parfois, truffée d'humour, très intéressante qui percute et va à l'essentiel.
Une écriture qui m'a conquise et que je vais continuer à découvrir avec  Fratrie fatale et Facebook, mon amour viennent d'ailleurs de rejoindre ma PAL virtuelle.


Ma note : 8.5/10



Les jolies phrases

Je tenais encore debout parce que je n'avais pas assez de couilles pour me foutre en l'air.  C'est con de vouloir mourir quand on a peur de la mort.

Normalement ma vie avait un sens.  Ma thérapie était devenue mon but !

Le pire pour moi est la mort des autres, mort qui me rend fou, car faite de peur et d'égoïsme.  On pleure sa solitude, son manque de l'autre, mais pas vraiment le ou la disparue, voilà pourquoi ma mort, je m'en fous.

samedi 1 août 2015

Lectures de juillet


C'était le temps des vacances pour moi en juillet, période où je lis un peu moins me consacrant d'abord aux découvertes et à ma famille.  Néanmoins, le bilan est très positif.

Nous étions en Irlande, ce qui m'a donné une saveur particulière à ma grosse lecture de vacances, la trilogie écossaise. Un bijou.

c'est à dire :


Un agréable moment, une belle brique de  1024 pages, que du bonheur.

Une découverte belge très intéressante en partenariat avec Lilys éditions :

Résultat de recherche d'images pour "engrenages neyrinck lilys"



C'est l'été, je me suis laissée tenter par le dernier Grégoire Delacourt, roman de saison




Un autre partenariat avec Babelio et les éditions Kennes m'a emmené au Québec en 1901, un vrai roman du terroir.



Ma lc mensuelle avec Julie était très belle:



Et pour terminer juillet, un concept bien intéressant en partenariat avec les Editions L'arbre de Diane