vendredi 29 août 2014

Les singuliers Anne Percin ***** 9.5/10

challenge rl jeunesse

Les singuliers              Anne Percin




Rouergue Editions
Collection  Brune
Parution 20/08/2014
14 x 20.5
400 pages
ISBN 978-2-8126-0678-6
Prix  19 euros

Quatrième de couverture

Durant l'été chaud de 1888, une communauté de peintres prend pension à Pont-Aven, un village pittoresque du Finistère.  Parmi eux se trouvent un jeune Belge, Hugo Boch, issu d'une riche famille d'industriels et un certain Gauguin, autodidacte à la grande gueule qui croit en son génie.  Ils sont de cette avant-garde qui veut peindre autrement, voir autrement, vivre autrement.

Hugo Boch n'est plus très sûr, lui, de vouloir poursuivre dans la peinture : il expérimente du côté de la photographie, cet art naissant.  Surtout, il mène une correspondance assidue et les lettres qui s'échangent, entre la Bretagne, Paris et Bruxelles, sont foisonnantes d'anecdotes.  Un vent nouveau se lève, en cette fin de siècle, dans les arts mais aussi dans les moeurs et les techniques.  Tous ces explorateurs sont des jeunes gens audacieux, émouvants et parfois drôles, sauvages aussi, qui se battraient en duel pour défendre des tournesols peints par un Hollandais, réfugié dans le Midi, que beaucoup considèrent comme un fou et un barbouilleur...
Dans Les singuliers, Anne Percin mêle figures historiques et personnages fictifs pour nous offrir un roman épistolaire bouillonnant.  C'est un tableau monumental, qui croque sur le vif l'esprit du temps et nous le rend vivant.

Anne Percin a publié ses deux précédents romans dans 'La Brune' : Bonheur fantôme (2009) et Le Premier été (2011).  Elle est aussi auteur pour la jeunesse, notamment de la trilogie à succès "Comment (bien) rater ses vacances", toujours au Rouergue.

Mon avis

Voici une belle découverte de la rentrée chez Rouergue Editions.  Si comme moi vous aimez le monde de la peinture, vous allez adorer.  Voici, en effet une belle façon de revivre de façon originale cette période de 1888 à la fin du dix-neuvième siècle.  C'est la période où les singuliers, peintres souhaitant quitter l'académisme vont se remettre en question, prendre l'air et la lumière en migrant à la belle saison à Pont-Aven.

Grâce à ce récit épistolaire, nous allons passer quelques années en compagnie d'un jeune peintre belge au départ.  Libre, artiste qui quitte sa riche famille de La Louvière pour explorer son art et devenir peu à peu photographe.  On parle ici d'un ancêtre de la célèbre famille de faïencier Boch-Villeroy.  Notre ami Hugo échangera des courriers avec ses cousines Anna (co-organisatrice de l'expo des vingts) et Hazel, peintre elle aussi.

En leur compagnie, nous partagerons des moments de la vie de Paul Gauguin, Van Gogh, Cérusier mais aussi James Ensor, Toulouse Lautrec et bien d'autres.

Nous partagerons aussi cette fin du dix-neuvième et serons spectateurs privilégiés de la construction de la Tour Eiffel, de l'exposition universelle, de la construction du Moulin Rouge , nous revivrons également l'affaire de Jack l'éventreur qui fit couler beaucoup d'encre à l'époque.

Un roman où les personnages réels et de fiction se côtoient, un livre très bien documenté.
Allez, venez vous aussi vous installer à la pension Gloanec de Pont Aven et faire un petit saut dans le temps. Vous ne le regretterez pas, j'y ai passé un très bon moment.

C'est très agréable à lire.  J'ai aimé le style d'Anne Percin que je ne connaissais pas. Elle écrit essentiellement pour la jeunesse.  Je vous en reparlerai sans doute très vite car je viens d'acquérir son premier roman qui vient de sortir chez Babel "Le premier été".

Ma note 9.5/10

Les jolies phrases

C'est justement parce que la solitude est la meilleure alliée de l'artiste que l'amitié doit lui être si précieuse.  Moi-même qui redoute tant le monde, je trouve que mes amis me font vivre d'avantage.

Il me semble, à moi, que la beauté est un voile que la nature a mis sur le monde pour le rendre tolérable.

"Faire" n'est pas important, je crois l'important c'est "d'être", dans sa vie, dans son corps.

Il en va souvent ainsi des choses que l'on aime, c'est lorsqu'on comprend leur valeur.

Les vrais défis n'ont pas besoin d'admirateur.

L'art est dans l'oeil de celui qui fait l'image, et non dans l'instrument.

Pourquoi la route vers l'art est-elle pour certains, comme un sentier bordé de fleurs qu'on suit toujours en montant et, pour d'autres, une longue chute dans un gouffre sans fond ?  Tandis que certains marchent sereinement vers l'inconnu, d'autres ne font que tomber.  Pourquoi ?

Dans l'art, le difficile n'est pas seulement de creuser sans rien voir, c'est de tenir le plus longtemps possible et de ne pas céder, ni à la société qui a l'air de vouloir vous faire crever, ni à votre propre démon qui le veut tout autant;

La différence avec la peinture en parlant de la photo est que personne encore ne propose des écoles pour l'enseigner, la seule école c'est de travailler en studio pour faire un portrait ..... Cela permet de maîtriser la technique. Pour le reste, on apprend tout seul. C'est peut-être cela que j'étais venu chercher : trouver un art qui s'apprend tout seul, un art que l'Académie ne m'ait pas gâché, un art neuf et vierge qui me ferait l'honneur de naître et de grandir avec moi.

Ce qui me faisait peur dans la mort, c'était le mystère.

Mais pour autant, ceux qui vont aux Indépendants ne sont pas des pervers venus satisfaire un besoin d'immoralisme !  Ils sont seulement plus avertis, plus savants, plus formés aux goûts nouveaux, et plus curieux de la manière que du sujet.

La souffrance physique n'est pas la mort de l'âme, elle est son combat.  La tristesse, c'est la mort de l'âme.


vendredi 22 août 2014

Trente-six chandelles Marie-Sabine Roger **** 8.5/10

challenge rl jeunesse

TRENTE-SIX CHANDELLES    Marie-Sabine ROGER


La brune au rouergue
parution le 20 août 2014
14 x 20.5
288 pages
ISBN 978-2-8126-0681-6



Quatrième de couverture

Allongé dans son lit en costume de deuil, ce 15 février, à l'heure de son anniversaire, Mortimer Decime attend sagement la mort car, depuis son arrière-grand-père, tous les hommes de sa famille sont décédés à onze heures du matin, le jour de leurs 36 ans.

La poisse serait-elle héréditaire, comme les oreilles décollées ? Y a-t-il un gène de la scoumoune ? Un chromosome du manque de pot ?

Que faire de sa vie, quand le chemin semble tout tracé à cause d'une malédiction familiale ?

Entre la saga tragique et hilarante des Decime, quelques personnages singuliers et attendrissants, une crêperie ambulante et une fille qui pleure sur un banc, on suit un Mortimer finalement résigné au pire. 

Mais qui sait si le Destin et l'Amour, qui n'en sont pas à une blague près, en ont réellement terminé avec lui ?

Dans son nouveau roman, Marie-Sabine Roger fait preuve, comme toujours, de fantaisie et d'humour, et nous donne une belle leçon d'humanité.

L'auteur : Marie-Sabine ROGER



Née en 1957 près de Bordeaux, Marie-Sabine Roger vit désormais en Charente. Depuis quinze ans, elle
se consacre entièrement à l’écriture. Auteur jeunesse important, avec plus d’une centaine de livres à son actif, elle accède à la notoriété en littérature générale avec La Tête en friche, publié en 2008 dans la brune, adapté au cinéma par Jean Becker, avec Gérard Depardieu dans le rôle principal.

Son deuxième titre publié au Rouergue, Vivement l’avenir (2010), a obtenu le prix des Hebdos en région et le prix Handi-livres, son troisième, Bon rétablissement, a reçu le prix des lecteurs de l’Express.


Mon avis


Merci aux éditions Rouergue pour cette découverte de la rentrée littéraire.
Mortimer Decime s’attend comme tous les autres hommes de la famille à mourir le jour de son trente-sixième anniversaire.  Tout est prévu, il a revêtu son plus beau costume, coupé le gaz, l’électricité, il a cassé le bail de son appart.  Il attend onze heures, l’heure fatidique…

Débarque alors Paquita qu’il connaît depuis presque 20 ans.  Un personnage haut en couleur…  Elle vient boire un café.  Elle le trouve étrange étendu sur son canapé en costume mais il en faut plus pour inquiéter Paquita.

Le temps s’égrène, 11h01, 11h02, 11h03 et ainsi de suite….  Morti est toujours là, il ne meurt pas… Un fou-rire le gagne…
Il va nous conter son histoire et celle de ses ancêtres.  Un destin bien étrange qui provoqua à chaque fois une mort étrange, saugrenue pour chacun de ses ancêtres.  DECIME, avec un nom pareil qui a perdu ses accents au fil du temps, on peut en effet s’attendre à tout.

Une belle histoire d’humanité avec la rencontre de ses amis de quasi vingt ans, Paquita et Nassardine. Personnages truculents, aimants et bienveillants.

Une plume agréable alternant passé et présent.  Des mini chapitres de trois à quatre pages au maximum.  Les pages tournent très rapidement.  Un livre rempli d’humour et de bonne humeur.  Des répliques bien à propos, percutantes. 

En lisant le livre, je ne sais pas pourquoi mais j’avais des flashs du style « Amélie Poulain » en tête.  Je voyais les images, qui sait peut-être une prochaine adaptation cinématographique.  C’est vrai que Marie-Sabine Roger en connaît un rayon car ses précédents ouvrages « La tête en friche » et « Bon rétablissement » ont été adaptés au cinéma par Jean Becker.  « Bon rétablissement » sortira en salle à la rentrée.

Bref un livre plein d’humour, de fantaisie et d’humanité avec lequel j’ai vraiment passé un agréable moment.

Ma note :  8.5 / 10


Les jolies phrases

Mais lorsqu'on vit dans le désert, on finit par aimer le premier cactus qui pousse.

Je trouvais ça idiot de gâcher sa vie pour la simple raison qu'un jour elle va finir.  Ça me semblait aussi ridicule que ne pas manger sa glace sous prétexte qu'elle va fondre, ou de refuser d'aller à la piscine parce que six mois plus tard, on sera en hiver.  Je cultivais le "ici et maintenant" sans le moindre mérite, car vivre au jour le jour est naturel chez les enfants;  C'est plus tard que cela se complique.

Je me sens comme un sportif qui aurait accompli l'exploit de sa vie, mais qui n'aurait rien prévu pour la suite.  C'est un vide abyssal.

"Tu vois, votre camion, c'était le seul endroit sur Terre où rien ne pouvait m'arriver de grave, où j'oubliais le compte à rebours."

Les voyageurs, les vrais, ils ont ça dans le sang.  Même quand ils s'arrêtent, qu'ils ne vont nulle part, il y a toujours en eux une porte d'embarquement, un billet composté pour le rêve.

Les secrets de famille sont de noires araignées qui tissent autour de nous une toile collante.  Plus le temps passe, plus on est ligoté, bâillonné, serré dans une gangue.  Incapable de bouger, de parler. D'exister.

Tourner la page ne sert pas à grand chose, quand c'est le livre entier qu'on voudrait changer.

Si notre vie ne nous plaît pas, il faut tout faire pour la changer.  Parce que jusqu'à preuve du contraire, on n'en a qu'une.  Et elle passera.

Je me suis demandé quelquefois si je n'avais pas quitté la pauvreté pour trouver la misère.  Parce que la vraie misère, c'est d'être seul dans la vie.


lundi 18 août 2014

Ker Editions : à la rencontre d'une maison d'éditions de chez nous

A la découverte de Ker Editions

Ker éditions


J’ai découvert très récemment Ker Editions. Une maison d’édition de ma région. J’ai eu envie d’en savoir plus. J’ai rencontré son fondateur Xavier Vanvaerenbergh qui m’a gentiment reçu chez Ker Editions à Hévillers.


Ce n’est pas pour rien que sa maison Ker se définit comme suit :

Ker, en breton, signifie village. Publier chez Ker éditions, lire un titre publié chez nous, c'est donc rentrer dans un village, dans une équipe. Auteurs, lecteurs, libraires, journalistes, éditeurs... Tous entrent dans un village où tout le monde se connaît. Oh, pas un village au sens rural, restreint et fermé du terme. Non, un village comme dans le monde est un village. Un village qui, comme une famille, est appelé, par définition, à s'ouvrir sans cesse.... une réelle proximité.

Et je peux vous dire que la convivialité il n’en manque pas Xavier. Ce jeune homme de 28 ans, passionné m’a conté la genèse et l’histoire de son entreprise qui a vu le jour il y a cinq ans déjà.

C’est la passion qui l’anime qui l’a poussé à se lancer dans ce monde de l’édition. Il privilégie la qualité littéraire à la quantité. Prendre le temps de travailler un manuscrit tout en établissant une relation de complicité avec l’écrivain, de la lecture au travail du texte pour aboutir à un ouvrage de qualité répondant à de hautes exigences sont ces motivations. Une fois publié, chaque titre est suivi de manière proactive, afin de lui assurer une vie qui dépasse les habituels mois de lancement.


Chez Ker, il y a tout d’abord une rationalisation . Mieux vaut imprimer peu, mais toucher un public, que noyer des milliers d’exemplaires dans la masse. Les tirages sont soigneusement adaptés aux perspectives de vente. Certains de leurs titres sont imprimés à seulement une centaine d’exemplaires alors que d’autres le sont à plusieurs milliers. Les techniques digitales actuelles permettent d’imprimer en quantité très modeste avec une qualité identique, voire meilleure aux livres imprimés de manière traditionnelle. On évite ainsi au maximum les invendus. C’est économiquement et écologiquement bien plus sain, et permet à cette maison modeste de se développer.

Ker travaille en partenariat avec un important diffuseur. La quantité restreinte de titres publiés annuellement les aide à assurer un suivi efficace de chacun de leurs titres. Leur diffuseur se concentre sur un portefeuille réduit d’éditeurs littéraires de qualité. Ils attendent également de chaque auteur qu’il défende et promeuve activement leurs livres. Car il n’y a pas de secret : rares sont les livres à succès qui n’ont pas un auteur actif et présent pour les soutenir.

Après avoir cherché sa voie et débuté par une collection scientifique Savoir Perdu , les éditions Ker se sont recentrées essentiellement autour de trois pôles : littérature générale (avec Tranches de vie pour la littérature francophone et Echos pour la littérature étrangère), la littérature jeunesse (Double Jeu) et les sciences humaines.  Une collection Hors Série publie épisodiquement un coup de coeur inclassable..


1.      Tranches de vie

Une collection de littérature française qui compte des auteurs comme Vincent Engel publié chez Ker depuis les débuts de la maison. Son roman le plus récent, « les Diaboliques » est sorti fin avril 2014. Parmi les auteurs du catalogue, on compte également Giuseppe Santoliquido, Fideline Dujeu  ou encore Evelyne Heuffel . catalogue.

2.      Double Jeu

Cette collection jeunesse d'abord destinée aux adolescents de 11 à 15 ans s'élargit peu à peu aux enfants plus jeunes. On y retrouve des auteurs tel que Frank Andriat et son  désormais célèbre BOB Tarlouze dont le troisième volet paraîtra en mars prochain.  Des auteurs célèbres comme Jean-Luc Cornette (scénariste et dessinateur de bandes dessinées notamment) et Marie-Aude MURAIL viendront étoffer très vite cette collection, respectivement en septembre et au printemps prochain.

L’objectif de cette collection est de proposer aux enseignants un développement éducatif et de très beaux projets pédagogiques.  En effet, voici le beau projet que Ker propose aux écoles.

1.      Donner aux enseignants en plus du livre choisi, une fiche pédagogique très complète (plus de 20 pages en général) pour permettre à ceux-ci de construire leur cours.
2.     Il propose d’accueillir l’auteur en classe.
3.     Il suggère également de venir en tant qu’éditeur présenter ce beau métier. (parler du monde du livre, de la création d’une couverture…. )
4.      Il propose aux écoles des ateliers d’écriture destinés aux élèves avec un encadrement professionnel.  En fin d’année un recueil de nouvelles sera publié et les  meilleures nouvelles sélectionnées auront le privilège d’être illustrées par des dessinateurs connus avant publication.

Chapeau Monsieur Vanvaerenbergh, en voilà une idée géniale pour donner le goût des livres à nos jeunes ados.

3.      Savoir Perdu

Dernière collection en évolution et cela s’annonce également passionnant, une collection traitant momentanément essentiellement du développement personnel.  Les deux livres de Guibert del Marmol sont tentants.

J’espère vous donner envie de découvrir cette belle maison d’édition en venant faire un tour sur leur site ici.  Elle sera également présente au premier Salon de Liège en poche qui aura lieu à Liège le 11 avril 2015 .  (lien de Liège en poche)  


Merci encore à Xavier pour son temps précieux, et de me faire confiance en entamant un partenariat avec le Coin Lecture de Nath.


A bientôt pour la découverte des publications de Ker.

vendredi 15 août 2014

Le collier Rouge Jean-Christophe Ruffin ♥♥♥♥♥

Le collier rouge  -  Jean-Christophe Ruffin






160 pages, 140 x 205 mm
Achevé d'imprimer : 03-02-2014
Littérature française : Romans et récits
ISBN : 9782070137978
Gallimard Collection Blanche
Prix 15.90 euros

PRIX MAURICE-GENEVOIX DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE 2014


Quatrième de couverture


Dans une petite ville du Berry, écrasée par la chaleur de l'été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d'une caserne déserte.
Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit.
Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère.
Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes.

Trois personnages et, au milieu d'eux, un chien, qui détient la clef du drame...

Plein de poésie et de vie, ce court récit, d'une fulgurante simplicité, est aussi un grand roman sur la fidélité.
Être loyal à ses amis, se battre pour ceux qu'on aime, est une qualité que nous partageons avec les bêtes. Le propre de l'être humain n'est-il pas d'aller au-delà et de pouvoir aussi reconnaître le frère en celui qui vous combat?

Mon avis

Un court roman de 154 pages, mais quelle intensité.

Je l'ai dégusté, savouré page après page.  Quelle finesse d'écriture.  Sans fioriture mais chaque phrase nous amène petit à petit vers la clé de l'intrigue en toute fin de ce court récit.

C'est un huis-clos psychologique étouffant par la chaleur de l'été.  Nous sommes en été 1919, un homme, Morval, est enfermé dans la prison improvisée d'un village du Berry.

Mais quel crime a-t-il commis ?  C'est tout l'art de Monsieur Jean-Christophe Ruffin, petit à petit, il nous permet de découvrir la personnalité et la psychologie du personnage.  Il sait nous faire attendre patiemment pour découvrir le crime reproché.

Trop d'hommes sont tombés sacrifiés pour la nation.  Le peuple en a marre mais les derniers procès de guerre, d'outrages contre la nation doivent avoir lieu.  C'est pourquoi arrive Hugues Lantier du Grez, officier qui a hâte de retourner à la vie civile.  C'est son dernier procès.  Tout l'oppose à Morval mais il est intrigué car en arrivant, il entend et rencontre un chien muni d'un collier rouge qui hurle et aboie sans cesse sa détresse, sa fidélité depuis trois jours .

Commence ce torride huis clos psychologique entre les 2 hommes.  Ils vont chacun se découvrir et au travers de son histoire, Morlac paysan de son état, idéaliste à la suite de ses nombreuses lectures et son expérience sur le front de Salonique nous fera prendre part à l'horreur et à l'absurdité de la guerre, des sacrifices des hommes et de leur difficulté de réintégrer la vie civile marqués par la guerre.  Il est aussi question d'honneur et de fidélité indéfectible de Guillaume le chien qui l'a suivi au front la guerre durant et de la place des animaux durant la grande guerre.

Au départ d'un réel fait divers, Ruffin nous donne un récit construit à la perfection.  Un livre magnifique. Un récit passionnant nous apportant un regard humaniste sur les hommes.  Superbe.

Encore un grand coup de ♥


Les jolies phrases

Voilà ce qu'avaient produit quatre ans de guerre : des hommes qui n'avaient plus peur, qui avaient survécu à tellement d'horreur que rien ni personne ne leur ferait baisser les yeux.

Dans les bureaux, on avait dû sentir qu'il était mûr pour cet exercice difficile : protéger l'institution militaire, défendre les intérêts de la Nation et, également, comprendre les faiblesses des hommes.

Les différences de date et de lieu qui définissaient chaque individu étaient fondamentales : c'était à elles que chacun devait être ce qu'il était.

Ils avaient cela en commun tous les deux, cette fatigue qui ôte toute force et toute envie de dire et de penser des choses qui ne soient pas vraies.  Et en même temps, parmi ces pensées, celles qui portaient sur l'avenir, le bonheur, l'espoir étaient impossibles à formuler car aussitôt détruites par la réalité sordide de la guerre.

Pendant quatre ans, ils sont venus chercher nos gamins pour les tuer, mais maintenant la guerre est finie. Le préfet, les gendarmes et tous les gros planqués qui ont profité, ce serait plutôt à eux de rendre des comptes.  S'ils condamnent ce gars-là, ce serait un grand malheur.

Quelques minutes plus tôt, on était prêts à fraterniser, et là, dans l'ambiance de l'offensive, on tuait tout ce qu'on rencontrait.

Au contraire, la seule manifestation d'humanité, celle qui aurait consisté à faire fraterniser des ennemis, à décider la grève de la guerre, à forcer les gouvernements à la paix, cet acte-là était le plus condamnable de tous et nous aurait valu la mort, si nous avions été découverts.

mercredi 13 août 2014

Rouergue editions : un nouveau partenariat





Voilà envie de vous présenter un nouveau partenaire : Rouergue Editions.

Une maison née en 1986 à Rodez , en Rouergue forcément, à l'initiative de Danielle Dastuge.
En 1984, elle s'est enrichie d'une collection jeunesse.

Depuis 2005, les Editions du Rouergue se sont associées aux Editions Actes Sud.

Le catalogue est aujourd'hui riche de plus de 500 titres s'adressant  aux adultes mais aussi aux enfants. En effet un catalogue jeunesse propose des ouvrages pour les tout-petits, en passant par l'enfant, jusqu'à l'adolescent.

Le catalogue adulte vous propose des ouvrages de textes littéraires dans la collection La Brune, mais également des romans policiers dans sa collection Rouergue Noir.

Le catalogue vous propose également des Beaux livres dans des domaines divers et variés tels que la gastronomie, les voyages, le patrimoine, la nature mais aussi des livres pratiques.  La qualité des ouvrages publiés est de plus en plus reconnue.

Je suis fière et heureuse d'entamer ce partenariat, merci Brigitte de me faire confiance.


A suivre très vite 3 livres de la rentrée littéraire.



Parution 20/08                                  20/08        parution 03/09

 

dimanche 10 août 2014

Le faire ou mourir. Claire-Lise Marquier ♥♥♥♥♥

Le faire ou mourir     Claire-Lise Marquier




Rouergue jeunesse
Doado
2011
103 pages
isbn 978-2-7126-02580
9.70 euros

Quatrième de couverture

Vus de l'extérieur, ils faisaient plutôt peur, ceux de la bande à Samy, avec leurs coupes de cheveux étranges, leurs vêtements noirs, leurs piercings...
Mais le jour où les skateurs s'en sont pris au nouveau du collège, Dam, avec son physique de frite molle, c'est Samy qui s'est interposé et lui a sauvé la mise.  Et c'est comme ça qu'ils se sont rencontrés, et que l'histoire a commencé.  Samy a essuyé le sang qui coulait de la tempe de Dam, avec sa manche noire.  C'était la première fois que quelqu'un le touchait avec autant de douceur...


Interview de l'auteur



entretien de la librairie Mollat

Mon avis

Damien de Carolis alias Dam a tout juste 16 ans. Il est maigre, hypersensible sans cesse dévalorisé aux yeux de sa famille. La priorité est toujours sa soeur Céline qui étudie la psycho. Elle fait tout bien Céline. Il passe inaperçu chez lui, personne ne s'intéresse vraiment à lui, juste bon à le critiquer. Jamais un mot gentil.

Au lycée c'est pareil, Dam essaie d'être transparent. Cependant une bande de skateurs le cherche et le tabasse. Dam encaisse les coups sans rien dire jusqu'au jour où Samy intervient. Samy est habillé de noir, les yeux maquillés de noir, des piercings un peu partout. La bande de Samy, gothique, est aussi habillée de noir. "De sa manche noir, il essuie le sang qui coule sur la tempe de Dam. C'est la première fois que quelqu'un le touche avec autant de douceur."

Samy et ses amis deviennent très vite une famille pour Dam qui a enfin l'impression d'exister. Ils écoutent de la musique ensemble, se touchent. Dam vit.

Son père ne le voit pas de cet oeil, il traite son fils de pédé et l'empêche de voir Samy et sa bande.

Lorsque la pression est trop forte, Dam a pris l'habitude de se mutiler l'intérieur des cuisses, il regarde le sang couler et le goûte. C'est sa soupape de sécurité pour éviter de péter complètement les plombs.

Merci la blogosphère, merci Cajou pour cette découverte. Un premier roman pour Claire-Lise Marguier paru en 2011 aux Editions Rouergue.

Ce livre est un cataclysme, on n'en sort pas indemne. 103 pages, c'est court mais c'est un récit très dense. Un récit où tout se suit sans pause avec une tension grandissante, l'absence de chapitres, de paragraphes nous fait vraiment ressentir le malaise de cet adolescent. La narration est faite par Dam qui fait de nous un confident, à qui il nous livre sa vie, ses secrets, ses joies, ses peurs les plus intimes.

Le ton est juste, c'est tellement vrai sans tricherie, ni artifice. C'est la souffrance de Dam que l'on partage avec lui sans patho, ni mélo.

Le faire ou mourir c'est beaucoup de thèmes abordés à la fois : l'homosexualité, l'adolescence et le mal être des enfants "différents" (plus sensibles que les autres), les différences, les apparences. On parle aussi de la confiance en soi, de la difficulté de s'accepter sans se soucier du regard des autres, de l'amour porté par les parents, de confiance et respect mutuel, mais aussi de violences familiales et de l'automutilation.

Un livre magnifique que chaque parent, ado et adulte devraient lire pour comprendre comment l'adolescence peut être mal vécue par certains et permettre à chacun de ne porter aucun jugement sans avoir un minimum d'empathie et de compréhension pour des jeunes qui ne font juste que chercher une façon de vivre dans le respect de chacun.

Ce livre est bouleversant je le répète, un tsunami qui ne peut laisser indifférent.  A lire au plus vite.

J'ai de la chance pour l'instant je collectionne les coups de ♥    Claire-Lise Marquier

Les jolies phrases

J'attire les coups aussi sûrement qu'un paratonnerre la foudre, et comme j'ai pas la force de les rendre, le mieux c'était encore d'attendre que l'orage s'arrête, que les nuages s'en aillent avant que je me relève.

Moi des fois, je me sentais vide, et d'autres fois trop plein, sans que jamais ça s'équilibre.

Je me sentais comme abandonné.  Comme si l'humanité tout entière prenait un vaisseau pour une autre galaxie et me laissait seul sur une terre dévastée.

C'était facile d'être avec lui, mais difficile aussi, comme si c'était dangereux, parce que je n'avais plus de barrières.

Samy, il fait une philosophie de dire ce qu'il pense et ce qu'il ressent.  Il a drôlement du cran, lui.  Il est à l'aise avec ça.  Jamais honte de rien.  Il prend chaque pensée après l'autre, il gère, il a l'air heureux.

Des fois, j'étais mal à en crever, sans raison, mais j'avais pas envie que ça s'arrête, comment t'expliquer ça ?  Si ça s'arrêtait, c'était le vide, et le vide ça me fichait la trouille pire que tout.

A l'intérieur de moi, c'était comme si on avait fait exploser le mur d'un barrage et que toute l'eau que le lac avait accumulé dévalait les pentes en détruisant tout sur son passage.  Je sentais le niveau de l'eau qui montait en dedans et il faudrait pas longtemps pour que je sois submergé. Ça m'a foutu la trouille.

Tant que je saigne, je suis vivant.

jeudi 7 août 2014

Ils ont rejoint mon énorme Pile à lire

Bon il est grand temps que je vous parle des nouvelles arrivées. Un petit week-end à Lille et une visite au Furet du Nord. Impossible de résister quoi que j'ai plutôt craqué jeunesse.

La série complète de 43. rue du Vieux Cimetière (5 au total) et la suite de Tom Gates


Liz Pichon - Tom Gates Tome 3 : Tout est génial (ou presque...).Liz Pichon - Tom Gates Tome 4 : Trop top (pas vrai ?).




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Oui mais la mienne de PAL ??  


Un nouveau partenariat avec Rouergue Editions me vaut 3 petits nouveaux de la rentrée, je ne vous en dis pas plus.  Parutions 20/08 et 03/09, les avis et infos complémentaires à la parution

Couverture du livre Trente-six chandelles Couverture du livre Les singuliers Couverture du livre L'île du serment


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Un partenariat avec Luce Wilquin

A l'abri des regards   Anne-Frédérique Rochat  


Recto 3me


parution 22/08/2014

Quatrième de couverture

Mardi cinq janvier. Les fêtes de fin d’année sont passées. Anaïs, mère de deux petites filles, est épuisée, elle ne parvient plus à faire semblant, à s’arranger pour faire croire aux autres, ainsi qu’à elle-même, que tout va bien, que sa vie lui convient. Elle décide de quitter son foyer pour quelque temps, afin de prendre un peu de recul, et se ressourcer. Quand on se perd, on devient égoïste, on ne pense plus qu’à soi, à sa survie : se retrouver, se retrouver en vie. Elle loue une chambre aux murs rouges chez Basile, un homme d’une soixantaine d’années passionné par la taxidermie ; au fil des jours, des liens très forts vont se nouer entre eux.

Neuf mois dans l’intimité d’êtres bousculés par la vie

Quatre voix pour raconter une existence blessée

La petite musique d’Anne-Frédérique Rochat


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Autre nouveau partenariat dont je suis fière, je vous en parle bien vite 

Ker éditions


Evelyne Heuffel

Pueblo

264 pages
ISBN 978-2-87586-037-8
19x11,5 cm
Quatrième de couverture

1993. Une lettre de Nacha m’invite à la rejoindre à Real de Catorce, un village mythique perdu dans le désert de San Luis Potosi. Ma réponse m’est retournée : adresse inconnue.

Nacha…

Elle gardait parfois ma petite fille, quand j’habitais à Mexico, il y a longtemps. Une femme fantasque dont la mère, racontait-elle, avait été recueillie par un lieutenant de Pancho Villa lors de la prise de Zacatecas, en 1914. Une Mexicaine qui vivait à travers les héros de ses romans préférés, et revivait sans cesse son film fétiche, L’Année dernière à Marienbad. Une fille du peuple qui disait avoir été poignardée dans le dos et porter un trait noir sur l’âme.

2004. Les histoires de Nacha me hantent : je pars la retrouver.


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A Lille j'ai eu la chance de rencontre Laurence Fontaine (Bleu eldorado) et j'ai fait l'acquisition de son tout premier polar

Noir Dessein en Verte Erinn   Laurence Fontaine



Yoran Chakod (Poche)
Broché
11 x 17 cm
242 pages
Dessin de couverture : Yann Quéméneur
ISBN 978-2-914855-59-4

Prix du Goéland masqué 2010

Quatrième de couverture

À la suite d'une petite annonce,une jeune femme anglaise se rend en Irlande afin d'inventorier la bibliothèque d'un vieil excentrique décédé. Elle découvre que cet homme était un scientifique raté, détesté des villageois. Peu à peu au coeur de la verte Irlande, le passé ressurgit, sous les traits d'un jeune homme, ancien employé du manoir, qui pourrait bien être à l'origine de crimes et d'accidents inexpliqués, perpétrés dans la région.
La musique semble être le lien entre passé et présent, entre instinct et érudition, la seule échappatoire à la folie , le seul langage capable d'exprimer l'inexplicable.

Laurence Fontaine, née à Lille, vit dans le nord de la France. Elle est passionnée de culture anglo-saxonne et a souvent séjourné en Irlande et aux Etats-Unis. Son premier roman, Bleu Eldorado, publié en 2002 évoquait une Amérique musicale et légendaire. Le second, Noir Dessein, s'ancre cette fois en Irlande, là où la verte Erinn côtoie les spectres d'un passé tourmenté.


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Influencée si peu par la blogosphère


Dieu me déteste    Hollis Seamon


La belle colère
Parution mars 2014
277 pages
19 euros

Quatrième de couverture

New York, hôpital Hilltop. Richard Casey aura bientôt 18 ans. Comme tous les ado- lescents, il voudrait faire la fête, draguer, s’envoyer en l’air, tomber amoureux…

La différence, c’est que Richard sait qu’il ne fêtera jamais
ses 19 ans. Il est un peu plus pressé que les autres et, pour vivre fort, il lui faut déjouer les pièges de tous ceux qui préféreraient le voir vivre un peu plus longtemps. Heureusement, Richard a de la ressource, du courage et un solide sens de l’humour. Alors il va ruer dans les brancards. Et si Dieu le déteste, il est prêt à rendre coup pour coup.

Vous n’êtes pas près d’oublier Richard Casey, comment il mena une révolution contre le corps médical, se glissa dans les draps de la jolie fille de la 302, réussit une évasion périlleuse avec la complicité d’un oncle dysfonctionnel, évita de tomber sous les coups d’un père vengeur, et joua finalement son destin au poker, dans un des plus beaux bluffs jamais montés contre le sort.


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Il est de retour    Timur Vermes

Timur VERMES
Traduit par Pierre DESHUSSES
Littérature étangère
Mai 2014
13,99 € - 313 p.

Quatrième de couverture
Nous sommes à Berlin en 2011 et il est de retour. Qui ? Hitler. Tout à la fois hilarante et édifiante, une satire virtuose et prophétique sur nos sociétés fascinées par la célébrité et le culte de la personnalité, même si (ou a fortiori ?) ces « people » font, au mieux, preuve d'une bêtise crasse ou, au pire, professent des idées nauséabondes.

A Berlin, en 2011.
Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : quoi, plus personne ne fait le salut nazi ? L'Allemagne ne rayonne plus sur l'Europe ? Tous ces Turcs qui ont pignon sur rue sont venus de leur plein gré ? Et, surtout, c'est une FEMME qui dirige le pays ?
Il est temps d'agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour ça, il lui faut une tribune. Ça tombe bien, une équipe de télé, par l'odeur du bon filon alléchée, est toute prête à la lui fournir.
La machine médiatique s'emballe et bientôt, le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise...
Hitler est ravi qui n'en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste pour lui à porter l'estocade qui lui permettra d'accomplir enfin ce qu'il n'avait pu achever...

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Deux envies depuis un moment


DANSE NOIRE    Nancy Houston

trouvé chez un bouquiniste

Danse noire

Août, 2013
11,5 x 21,7
368 pages
ISBN 978-2-330-02265-5
prix indicatif : 21, 00€

Quatrième de couverture

Sur un lit d’hôpital, Milo s’éteint lentement. À son chevet, le réalisateur new-yorkais Paul Schwarz rêve d’un ultime projet commun : un film qu’ils écriraient ensemble à partir de l’incroyable parcours de Milo. Dans un grand mouvement musical pour chanter ses origines d’abord effacées puis peu à peu recomposées, ce film suivrait trois lignes de vie qui, traversant guerres et exils, invasions et résistances, nous plongeraient dans la tension insoluble entre le Vieux et le Nouveau Monde, le besoin de transmission et le rêve de recommencement.
Du début du xxe siècle à nos jours, de l’Irlande au Canada, de la chambre sordide d’une prostituée indienne aux rythmes lancinants de la capoeira brésilienne, d’un hôpital catholique québecois aux soirées prestigieuses de New York, cette histoire d’amour et de renoncement est habitée d’un bout à l’autre par le bruissement des langues et l’engagement des coeurs.
Film ou roman, roman d’un film, Danse noire est l’oeuvre totale, libre et accomplie d’une romancière au sommet de son art.

«Toute création, même la divine, prend sa source dans un trou noir.

Vingt ans après Cantique des plaines, Danse noire explore les racines enfouies et les fruits parfois difformes de l’identité canadienne... et de l’identité tout court.

Mon idée de départ, comme si souvent, était musicale : de même qu’un prélude de Bach fait souvent avancer simultanément trois airs à des rythmes différents, de même, ici, j’ai suivi trois destinées très dissemblables, pourtant soudées par des liens de sang. Comme trois fils de couleur, tressés dans le temps…

Premier fil : le Québecois Milo Noirlac, coeur sombre du roman. Être étrangement passif et comme détaché de tout, sombre mais joyeux, dépressif mais curieux, scénariste de son état, il reconstitue l’histoire de sa vie avec l’aide de son amant le réalisateur Paul Schwarz, pour en faire un film. Ainsi assiste-t-on en direct (et en abyme) à la “cuisine” de la création : comment les deux hommes s’y prendront-ils pour construire les scènes, échafauder les dialogues et amener les « spectateurs » à s’identifier aux personnages ? Deuxième fil : prostituée indienne de Montréal, Awinita, la mère de Milo, l’a abandonné dès sa naissance. Les autochtones sont depuis cinq siècles l’ombre portée des deux continents américains… Awinita ne connaît de langue qu’orale : Cri est le nom de sa tribu mais aussi le timbre secret de sa voix. Milo n’a pour ainsi dire pas de souvenir d’elle ; n’empêche qu’elle lui a transmis un héritage crucial ; ce sont les rythmes, la colère, le lien à la Terre et la force vitale de ces peuples écrasés qu’il reconnaîtra plus tard dans la capoeira brésilienne, qui deviendra sa passion.

Enfin, Neil Kerrigan alias Noirlac, le merveilleux grand-père de Milo, grand raté comme je les aime, était dans sa jeunesse un avocat irlandais, passionné de Yeats et de Joyce. Impliqué dans la rébellion de Pâques à Dublin en 1916, il a été obligé d’émigrer au Québec deux ans plus tard. Cet exil lui a fait perdre non seulement sa terre mais aussi sa langue, et ses ambitions littéraires en ont été fracassées…

Danse noire est profondément un roman sur l’exil et la transmission, sur l’incompréhension dont Babel est un symbole… et sur la fragile possibilité de rédemption grâce à la transformation artistique.»  N.H.

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Un petit poche pour terminer cette longue liste

BEIGNETS DE TOMATES VERTES Fannie FLAGG


Auteur(s) : Flagg, Fannie
Dmensions : 11x17.8x2.4 cm
Prix : 7,80 €
EAN : 9782290020579
Seriel : JLI 3315
Date de parution : 10/08/2009

Quatrième de couverture


Roman «Un sacré numéro, Idgie ! La première fois qu'elle a vu Ruth, elle a piqué un fard et elle a filé à l'étage pour se laver et se mettre de la gomina. Par la suite, elles ont ouvert le café et ne se sont plus jamais quittées. Ah ! les beignets de tomates vertes du Whistle Stop Café... J'en salive encore !» Au sud de l'Amérique profonde, en Alabama, un café au bord d'une voie ferrée... Ninny, quatre-vingt-six ans, se souvient et raconte à Evelyn les histoires incroyables de Whistle Stop. Et Evelyn, qui vit très mal l'approche de la cinquantaine et sa condition de femme rangée, découvre un autre monde. Grâce à l'adorable vieille dame, elle peut enfin se révéler, s'affirmer... Une chronique nostalgique et tendre, généreuse et colorée, pleine de saveur et d'humour. Un baume au coeur, chaud et sucré.