dimanche 30 août 2020

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire - Arrivées de la semaine

 Ils ont rejoint mon Himalaya à lire  -  Les arrivées de la semaine


Beaucoup d'arrivées cette semaine puisque je suis passée chez Sarah ma dealeuse de livres que je remercie, grâce à elle un petit concours en préparation , suveillez la page insta et FB du blog.

Les voici par ordre alphabétique.  On commence par les "Belges" 

J'avais beaucoup aimé "Cœur croisé" publié en 2016 chez Mercure de France, j'ai hâte de retrouver sa plume, voici le nouveau roman de ma compatriote Pilar Pujadas


Je t'écris de Barcelone  -   Pilar Pujadas

Poussière de Lune
Dessin couverture : Daniel Renders
Parution : août 2020
Pages : 201
EAN : 9782930884417
Prix : 13 €

Présentation de l'éditeur


Lors d’un séjour dans une ville bouleversée par l'actualité, deux soeurs âgées commencent à écrire à un homme qui les a quittées. Chacune à son tour, livre au fil des lettres les sentiments controversés qui les relient et les déchirent à la fois. Elles dévoilent aussi ce que l'autre n'aurait jamais soupçonné.

Paru juste avant le confinement et passé inaperçu un joli livre jeunesse, ludique pour découvrir Bruxelles

Manneken-Pis  Balade à Bruxelles - Axel Van der Stappen

Manneken-Pis Balade à Bruxelles livre

Standaard Uitgerij  (Ballon Media)
Parution : 9 mars 2020
Livre jeunesse
Dessin : Victoria Eulaerts
Texte : Axel Van der Stappen
Pages : 64
ISBN : 9789403218120
Prix : 15.99 €

Présentation de l'éditeur 

« S’il existe une vérité à propos de laquelle tout le monde s’accorde, c’est qu’une statue, ça ne bouge pas.

Eh bien moi, Manneken-Pis, cela m’ennuie terriblement. »

Un guide historique et malicieux : Voici 400 ans que le plus célèbre des Bruxellois fait pipi dans la même position. Il a mal aux guiboles, les crampes l’ankylosent, l’arthrite le guette… Il n’en peut plus. Heureusement, un docteur passant par là lui tint à peu près ce langage : « Menneke, vous êtes peut-être en bronze, mais vos jambes sont en compote ! Il vous faut de l’exercice physique ».

Une visite guidée adaptée au rythme des enfants: Le prenant au mot, Manneken-Pis part en promenade à travers Bruxelles en compagnie des enfants qui étaient venus le voir sur son piédestal.

Une aventure à partager en famille : Le livre fourmille d’anecdotes, de trésors cachés, de jeux et d’activités pour découvrir Bruxelles.

J'avais eu l'occasion de la rencontrer à Paris il y a deux ans, c'est déjà son septième roman

Le jour où  -  Amélie Antoine

Le Jour où - Amélie Antoine - Livre - France Loisirs

Xo Editions
Parution : le 3 septembre 2020
Pages : 400
ISBN : 9782374482170
Prix : 19.90 €

Présentation de l'éditeur


Quand l’amour redonne vie et espoir à des âmes cabossées…

Printemps 2019, un cimetière parisien.
Rebecca a pris l’habitude de venir fleurir des tombes à l’abandon.
Benjamin, lui, vient assister à l’enterrement d’un inconnu.

Quand le hasard les met sur la route l’un de l’autre, le rapprochement se fait avec douceur et prudence, chacun prisonnier de sa propre souffrance.
Les secrets du passé sont parfois lourds à dévoiler, et ceux de Rebecca font osciller Benjamin entre amour fou et inquiétude sourde.

Et comment séduire une femme alors que l’on porte en soi une lourde culpabilité ?
Ces deux écorchés vifs vont pourtant apprendre à s’apprivoiser, à baisser les armes, laissant de côté l’ombre pour la lumière…

Changement de genre et de style, un esssai sur le féminisme

Présentes : Ville, médias, politique... Quelle place pour les femmes
Lauren Bastide


Allary éditions
Essai
Parution : 03 septembre 2020
Pages : 272
EAN : 978-2-37073-325-2
Prix : 19.90 €

Présentation de l'éditeur


« Être visibles. Marcher dans la rue sans peur. Exprimer haut et fort nos opinions. C’est ce que la société interdit aux femmes et aux minorités. Et c’est le programme de ce livre.
Messieurs qui tenez les manettes, si vous voulez régler le problème, les ­chercheuses et militantes féministes ont fait le boulot. Les mécanismes sont identifiés, les solutions existent. Tout est là. Ce qu’il manque maintenant, c’est votre volonté.
Or, chaque jour, on constate qu’elle est nulle. Manifestement, l’idée de vivre dans un monde où les femmes seraient vraiment les égales des hommes ne vous emballe pas plus que ça. » L.B.

Avec Présentes, Lauren Bastide signe un manifeste féministe ultra-documenté, nourri par les réflexions des militantes les plus inspirantes de la génération #MeToo. Un livre à mettre entre toutes les mains pour mieux comprendre les nouvelles luttes féministes et antiracistes d’aujourd’hui.


J'ai hâte de lire le suivant, merci aux éditions Le Passage pour l'envoi

Frères soleil   -  Cécilai Castelli

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Le Passage
Parution : août 2020
Pages : 280
Isbn : 9782847424454
Prix : 18 €


Présentation de l'éditeur

Chaque été sur l’île, les deux frères retrouvent leur jeune cousin venu du continent. Ensemble, les enfants pêchent, jouent, chahutent. Rémi, le plus jeune des trois, est en admiration devant les deux grands. Il aimerait leur ressembler mais il n’est pas vraiment comme eux, il ne vit pas ici. De leur côté, les adultes profitent de l’insouciance de l’été. Sur le terrain familial, au bord de la mer, l’existence est plus douce. Au soleil, ils souhaitent effacer les anciennes cicatrices, celles dont on ne parle jamais, le meurtre du grand-père et l’enfant qui devait naître.

Leur histoire se mêle à celle des ancêtres. Dans la maison au figuier, figure tutélaire, il y a la vieille tante Maria. Signadora mystique, sorcière, guérisseuse qui perpétue les traditions immémoriales. Les enfants la redoutent, s’interrogent sur cette femme silencieuse et toujours en noir. Puis ils grandissent et pensent à d’autres jeux, aux feux de camp sur la plage avec les filles notamment.
Mais quand vient la fin de l’adolescence, que certains choix s’imposent même s’il semble impossible de quitter l’île, un nouveau drame se produit. Meurtre ou accident ? Comme leurs parents avaient autrefois dissimulé les blessures, la nouvelle génération se retrouve à son tour confrontée à l’indicible.

Yasmina Khadra nous revient avec un nouveau roman :

Le sel de tous les oublis  - Ysamina Khadra

Le Sel de tous les oublis

Julliard
Parution : le 20 août 2020
Pages : 256
Isbn : 9782260054535
Prix : 19 €

Présentation de l'éditeur


Lorsqu’une femme claque la porte et s’en va, elle emporte le monde avec elle. Adem Naït-Gacem l’apprend à ses dépens. Ne supportant pas le vide laissé par le départ de son épouse, l’instituteur abandonne ses élèves et, tel un don Quichotte des temps modernes, livré aux vents contraires de l’errance, quitte tout pour partir sur les chemins. Des rencontres providentielles jalonnent sa route : nain en quête d’affection, musicien aveugle au chant prophétique, vieux briscards, galériens convalescents et simples d’esprit le renvoient constamment aux rédemptions en lesquelles il refuse de croire. Jusqu’au jour où il est rattrapé par ses vieux démons.

À travers les pérégrinations d’un antihéros mélancolique, flanqué d’une galerie de personnages hors du commun, Yasmina Khadra nous offre une méditation sur la possession et la rupture, le déni et la méprise, et sur la place qu’occupent les femmes dans les mentalités obtuses.

Après Bakhita que j'avais beaucoup aimé je vais puvoir découvrir son nouveau roman, un tout grand merci à Auteurs Presse 

Les évasions particulières  -   Véronique Olmi



Albin Michel
Parution : le 19 août 2020
Pages : 512
ISBN : 9782226448071
Prix : 21.90 €

Présentation de l'éditeur



Elles sont trois sœurs, nées dans une famille catholique modeste à Aix-en-Provence. Sabine, l’aînée, rêve d’une vie d’artiste à Paris ; Hélène, la cadette, grandit entre son oncle et sa tante, des bourgeois de Neuilly-sur-Seine, et ses parents, des gens simples ; Mariette, la benjamine, apprend les secrets et les silences d’un monde éblouissant et cruel.

En 1970, dans cette société française qui change, où les femmes s’émancipent tandis que les hommes perdent leurs repères, les trois sœurs vont, chacune à sa façon, trouver comment vivre une vie à soi, une vie forte, loin de la morale, de l’éducation ou de la religion de l’enfance.

Cette saga familiale, qui nous entraîne de l’après Mai 68 à la grande nuit du 10 Mai 1981, est tout autant une déambulation tendre et tragique dans ce siècle que la chronique d’une époque où les consciences s’éveillent au bouleversement du monde et annoncent le chaos à venir.

Il fallait le talent de l’auteure de Bakhita pour en saisir le souffle épique et visionnaire, et la justesse intime.

vendredi 28 août 2020

Un jour viendra couleur d'orange Grégoire Delacourt ♥♥♥♥♥

Un jour viendra couleur d'orange   -    Grégoire Delacourt  ♥♥♥♥♥



 
























Grasset
Parution : 19 août 2020
Pages : 272
EAN : 9782246824916
Prix : 19.50. €
Numérique : 13.99 €

Présentation de l'éditeur

Tandis que le pays s’embrase de colères, Geoffroy, treize ans, vit dans un monde imaginaire qu’il ordonne par chiffres et par couleurs. Sa pureté d’enfant « différent » bouscule les siens : son père, Pierre, incapable de communiquer avec lui et rattrapé par sa propre violence ; sa mère, Louise, qui le protège tout en cherchant éperdument la douceur. Et la jeune Djamila, en butte à la convoitise des hommes, fascinée par sa candeur de petit prince.
Fureurs, rêves et désirs s’entrechoquent dans une France révoltée. Et s’il suffisait d’un innocent pour que renaisse l’espoir ? Alors, peut-être, comme l’écrit Aragon, « un jour viendra couleur d’orange (…) Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront ».
Lumineuse, vibrante, une grande histoire d’humanité.

Grégoire Delacourt

Photos de Grégoire Delacourt - Babelio.com

Grégoire Delacourt a publié huit romans aux éditions JC Lattès. En 2011, L’Ecrivain de la famille (150 000 ex, Prix Marcel Pagnol 2011, Prix Rive Gauche à Paris 2011, Prix Carrefour du Premier Roman 2011, Prix Cœur de France 2011). En 2012, La liste de mes envies (1,2 millions d’ex, Prix Méditerranée des Lycéens 2013, Prix Livresse de Lire 2013) traduit en 35 langues, adapté au cinéma par Didier Le Pêcheur en 2014 et au théâtre. En 2014, On ne voyait que le bonheur (305 000 ex, Prix des Lectrices Edelweiss, Meilleur roman de l'année 2014), adapté au Festival d’Avignon. Et Mon Père en 2019 (23 000 ex).




Mon avis

Attention, c'est un petit bijou d'émotion et d'empathie que nous propose Grégoire Delacourt. Un roman qui m'a bouleversée à plusieurs reprises.

C'est un roman social qui démarre avec les manifestations des gilets jaunes et qui suit leur combat.
J'étais sceptique au départ sur la thématique, grosse erreur, vraiment lisez ce très beau roman car il permet de comprendre leur colère.  Comment celle-ci est née, non, pas en une seule fois comme ça, c'est par l'accumulation des frustrations, de l'acceptation contrainte et forcée de l'évolution de la situation politique française.

Le 17 novembre 2018 , Pierre et ses potes se postent au rond point de la ville, nous sommes dans le Nord, ils veulent faire changer le monde, faire entendre leur voix, trop c'est trop.  Il suffira de peu de chose, une étincelle et Pierre basculera dans la violence entrainant la rupture avec sa famille.


Pierre et Louise se sont rencontrés le 21 avril 2002 à la défaite de Jospin, à l'arrivée du "borgne"..., à la victoire de Chirac.  Leur rencontre a été fulgurante.  

Lui, 36 ans ouvrier dans une usine de papier carton qui fermera quatre ans plus tard, réduit aujourd'hui au poste de vigile chez Auchan, un poste où la considération n'existe pas  - moins bien qu'un chien c'est dire.

Elle, dix ans de moins, magnifique, infirmière aujourd'hui en soins palliatifs, c'est elle qui trouve les mots justes pour accompagner les patients dans leur dernier voyage, qui leur permet de lâcher prise et de quitter ce monde sereinement.

Trois ans après leur rencontre est né Geoffroy qui a aujourd'hui 13 ans.  C'est un enfant différent, super sensible qui ne supporte pas qu'on le touche, ne parle pas spontanément.  Il est super intelligent, a une mémoire incroyable, il mange ses aliments en fonction de la chromaticité, toujours du plus clair au plus foncé, et les aliments ne peuvent pas se toucher.  Il est autiste, et cette différence Pierre ne l'a jamais supporté, elle l'a perdu et grossit sa colère.

Il y a deux ans lorsque Geoffroy avait 11 ans, l'école c'était compliqué pour lui, pas la matière mais il était solitaire vivant dans son monde, craintif de tout et une fille , Djamila, de deux ans son aînée s'est assise à côté de lui et lui a fait écouter de sa musique, et tout a changé.  Une amitié précieuse.

Djamila est la fille d'Ahmed Zéroual, ouvrier quatrième génération en France, elle se sent française avant tout et veut vivre dans son pays, elle a deux frères aînés qui ne voient pas les choses de la même manière ! 

Et puis il y a le sage,  Hagop Haytayan, un arménien qui a choisi de vivre autrement, dans les bois, proche de la nature, produire des fruits et légumes, se ressourcer dans la forêt.

Il y a tant de choses à dire sur ce merveilleux roman écrit tout en finesse avec beaucoup d'empathie et d'humanité.  La plume est belle, les mots bien choisis.  Grégoire Delacourt fait une analyse de la société française, de ses injustices sociales, des frustrations accumulées, du grand nombre de français en situation de précarité.  Il parle des problèmes d'intégration, du racisme, du poids de l'identité.

Beaucoup d'humanité dans le chef de Louise qui donne sans compter, aime les autres, aime et s'oublie.  Humanité qui passe aussi par la violence et la révolte, dans la foi de l'humain.  Des enfants qui luttent contre la différence mais qui sont aussi la clé, la pièce manquante l'un pour l'autre et la promesse d'un avenir.  Des enfants qui luttent et refusent le monde actuel en créant leur propre monde, comme Agop qui a gardé son âme d'enfant, la solution pour un monde meilleur.

Lisez ce roman !

Ma note : ♥♥♥♥♥


Les jolies phrases

Ils observaient.  Ils connaissaient bien la théorie de l'étincelle.  Du feu aux poudres.

Une guerre, c'est choisir un camp, c'est se lever, et peu d'hommes ont les jambes solides.

La solitude est un ennemi cruel.

Eh ben on va aller se les péter leurs radars, a proposé Pierre et tout le monde a été d'accord mais personne n'a osé bouger parce que chacun savait que c'est la première violence qui est la plus difficile.  L'irréversible.  Celle  qui signe le début de la fin : après le premier coup, les fauves se lâchent. La chair des hommes devient champ de bataille.  Alors personne n'a bougé.

On disait ici, au cinquième étage de l'hôpital, que la douleur concernait le corps et la souffrance l'âme.  Au corps, les médecines, les équations chimiques.  Les soulagements.  Á l'âme, la douceur, la musique des mots, l'empathie.  Le corps lâche le premier.  L'âme s'accroche.

Les adultes tuent ceux qui leur rappellent ce qu'ils ont tué en eux.

Ce pays que nous aimons n'aime pas la différence et depuis les férocités ce désamour est devenu de la haine.

.. et le temps est venu que ce pays qui nous a attirés avec des os, comme on le fait avec les chiens, puis nous a frappé la gueule avec, accepte de nous voir.

Regarde ton fils aujourd'hui.  Regarde-le.  Il est beau.  Il est intelligent.  Il est doux.  Il vit dans un monde où nous avons notre place, toi et moi.  Un monde d'arbres et de vent, de mots savants, un monde où le mal, la colère et la violence n'existent pas.  Ce monde qu'on a tous perdu, qu'on cherche désespérément à retrouver.

La différence fait peur, Djamila.  Elle donne le sentiment aux autres d'être privés de quelque chose et au lieu de s'en nourrir, ils préfèrent la détruire.  On cogne mon fils.  On assomme un homosexuel.  On tabasse un Noir.  Un Arabe. On frappe tout ce qui risquerait de révéler qu'on n'est pas si extraordinaire que ça.  La peur de l'autre, c'est la peur d'être soi même médiocre.

Il y a des enfants qui ne sont déjà plus des enfants, savez-vous.  Ils n'ont plus cette île en eux.  Cette terre ferme.  Ils deviennent les pires adultes.

Elle a lu la guerre.  Elle a lu la chute.  Elle lit l'abandon.  La capitulation.  Elle sait les derniers jours à venir.  La peur, le froid.  Elle sait la douleur quand on rend les armes.  Ce grondement. Quand on articule un adieu inaudible.  Une dernière grimace triste.  Voilà plus de huit ans qu'elle se défait chaque jour d'un peu de sa substance vivante, comme une terre qui s'érode, pour la transfuser aux autres.  Qu'elle crée des liens qui ne lient rien.  Qu'elle ouvre ses mains, laisse le sable couler. 

Faut pas rêver.  Ici, les gens se la jouent perso.  Ils gueulent, mais ils ne veulent pas d'emmerdes.  Juste garder leur confort.  Leurs petits avantages.  On n'est plus en 1789. On n'est plus un peuple.  On est soixante-cinq millions de peuples.

La faim, la honte ne peuvent pas en plus te déshabiller de ta dignité.

Du même auteur j'ai lu et chroniqué

Cliquez sur la couverture pour avoir accès à ma critique





Merci à Net Galley et aux éditions Grasset pour cette lecture en avant première.





mardi 25 août 2020

Sexy summer - Mathilde Alet

Sexy summer      -      Mathilde Alet

 

Flammarion
Parution : le 26 août 2020
Pages : 192
ISBN : 9782081502451
Prix : 17 €

Présentation de l'éditeur


« Elle n’a pas vraiment peur, de quoi aurait-elle peur ? Des chiens de garde assoupis, des curieux mal planqués, du mouvement d’un voilage ? Ce ne sont pas les inconnus qui l’effraient, ce sont ceux qui savent. Ici en un sens elle est sauve. Personne ne connait le poids de l’amour dans son ventre. »

Juliette souffre de la « maladie des ondes ». Raison de son déménagement au coeur d’une zone blanche de Belgique. Fille de la ville, que va-t-il lui arriver dans ces paysages plats et mornes où la violence couve autant que l’humanité ?

Alors que ses parents pensent l’avoir protégée du plus grave, Juliette se cherche et grandit dans son monde, flottant, entre ombre et lumière, auprès de Tom, le garçon à la peau de litchi, et au gré des joies et des embûches que la vie place sous ses pieds.

L’étrangeté des campagnes belges forme le décor de ce roman âpre, l’histoire d’une jeune fille dont les rêves enfantins se heurtent à la difficulté de grandir.

Mathilde Alet


Mathilde Alet est une auteure franco-belge. Née à Toulouse en 1979, elle a fait des études de droit en Allemagne et à Paris, passé une année en Italie et posé ses valises à Bruxelles. Elle dirige la CSA.


"Mon lapin" est son premier roman paru en 2014 chez Luce Wilquin
"Petite fantôme" le second en 2016 chez Luce Wilquin

Mon avis

Après "Mon Lapin" et "Petite Fantôme", deux courts romans publiés chez Luce Wilquin, Mathilde Alet publie son troisième roman "Sexy Summer" chez Flammarion.

Juliette Van Loot a 14 ans, la peau blanche, les cheveux blancs, et est électrohypersensible, ce qui veut dire qu'elle ne supporte pas les ondes, est allergique au wifi, aux portables, aux micro-ondes.  Sa vie est compliquée.  A Bruxelles, une antenne près de l'école lui bousillait le cerveau, c'est pour cette raison que cette citadine quitte tout, sa meilleure amie Orane, Karim et les autres pour s'installer au fin fond de la campagne.

Varqueville, un tout petit village en zone blanche, rien ne passe ici, c'est l'endroit le plus approprié pour la santé de Juliette.  Oui, mais Juliette est une ado qui quitte la ville pour arriver dans ce petit village et ce n'est pas simple car tout est différent ici.  Á commencer par les gens...  

Elle croise Tom, le fils du garagiste, un ado bien en chair, obèse même , fringué  "made in Decathlon"...  ça change de sa bande et de son amie Orane mais Tom a les plus beaux yeux qu'elle n'ait jamais vus, des yeux couleur piscine, d'un bleu qui invite à s'y plonger.  

Tom est bien différent , la bande du village voisin aussi et le danger n'est pas loin.  La violence aussi est présente à la campagne.

Ce roman est un roman initiatique, d'apprentissage , un brin nostalgique qui parle de l'adolescence, de ses découvertes, de ses rêves.  Faut-il rester enfant ou grandir ?  Qu'apportent les différences?

J'ai aimé la plume fluide qui nous conte l'histoire d'une jeune fille qui tente de grandir.  Qui s'adapte à son environnement mais le naturel ne reprend-il pas le dessus à un certain moment ?  Est-il possible de changer de vie, de grandir ?  

Une belle tranche d'adolescence avec sa naïveté, sa spontanéité, sa complexité et ses découvertes avec cette ambiance nostalgique que j'ai beaucoup aimée.

Une plume qui s'affirme.  A découvrir.

Ma note : pas  loin d'un coup de cœur  9.5/10

Les jolies phrases

L'amour, voilà, tu mets un doigt dans l'engrenage et tu y laisses un bras.  

Si elle a un gosse un jour, Juliette lui donnera un sacré prénom.  Néfertiti, Antigone, Dænerys, quelque chose dans ce genre-là.  Pas pour l'ambition, mais pour l'héritage.  Recevoir gratos au berceau une histoire qui fait rêver, comme les de machin ou les Van truc reçoivent un nom et un château.

C'est peut-être que les gens s'emmerdent ici, s'emmerdent à enterrer des peluches, à voler des gaufres, à insulter les filles.  Ce n'est pas des assassins qu'il faut se méfier, c'est de l'ennui.

Ses livres sont trop sauvages pour être alignés sur des étagères.  Juliette n'aime pas trop l'idée de classer.  Elle n'a pas choisi son voisin de cours d'anglais en fonction de sa date d'anniversaire, sa meilleure amie en fonction de son nom de famille.  Les gens se croisent et quelquefois ils se rencontrent.  Les livres c'est pareil.  Une rencontre au hasard à laquelle on s'accroche.

Les secrets trouvent toujours une sortie par où se faufiler.  La faille d'un filet d'eau dans le barrage.  Ça peut prendre des années  ou de drôles de chemins.  Une fuite goutte à goutte ou un effondrement.  Parfois, c'est une lettre qui fuit, ou un mort, parfois presque rien.  Une peluche, un prénom.  À la fin le secret se sait. 

Mais Juliette sait : la vérité, c'est que la mort se loge à l'intérieur des corps.  Elle se tient tranquille un temps et puis surgit n'importe quand, à son bon vouloir, avec ou sans préavis. Ça peut prendre quelques jours ou des décennies.

Mais quand une personne meurt il faut bien qu'il se passe quelque chose.  Comme les gens ne trouvent pas les mots, ils confient aux curés le soin d'articuler un charabia.  

Du même auteur j'ai lu

Cliquez sur la couverture pour avoir accès à l'avis

 





dimanche 23 août 2020

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

 Ils ont rejoint mon Himalaya à lire 

Arrivées de la semaine


Cette semaine, deux entrées  Futuropolis que je remercie vivement.

Parution prévue le 26 août pour :


La patrie des frères Werner  -  Philippe Collin & Sébastien Goethaels



Futuropolis
Dessin : Sébastien Goethaels
Scénario : Philippe Collin
Parution : 26 août 2020
Pages : 152
Isbn : 9782754828246
Prix : 23 €

Présentation de l'éditeur 


Mai 1945. Dans les ruines de Berlin, deux orphelins juifs assistent apeurés à la victoire soviétique. Réfugiés à Leipzig, Konrad et Andreas Werner deviennent citoyens Est-allemands. C’est la marche de l’histoire.

Juin 1956. Les deux frères ont rejoint les rangs de la Stasi pour échapper au camp de rééducation. Ils seront les fils de l’Est.


Juin 1974. Lors de la 10ème coupe du monde de football, un match historique va opposer la RFA et la RDA. C’est le match de la guerre froide. Le retentissement est mondial.
Pour faire gagner la RDA, Erich Honecker décide d’impliquer les meilleurs agents de la Stasi. Il faut prouver la supériorité du régime socialiste sur le monde capitaliste. Konrad Werner est infiltré depuis des mois dans l’équipe de la RFA. Andreas Werner fait partie de la délégation de RDA. Voilà douze ans qu’ils ne se sont pas vus.

Le choc des deux bloc va ébranler leurs convictions.


À la même date dans un autre registre paraîtra : 

Black-out     -  Loo Hui Phang & Hugues Micol



Futuropolis
Parution : 26 août 2020
Dessin : Hugues Micol
Scénario : Loo Hui Phang
Pages : 200
Isbn : 9782754828048
Prix : 28 €

Présentation de l'éditeur

Maximus Wild connut son heure de gloire dans le Hollywood des années 1940-50. Métis de descendance noire, chinoise et amérindienne, il fut « l’acteur aux mille visages », interprétant essentiellement des rôles « ethniques » : chef indien, révolutionnaire mexicain, dandy oriental…


Véritable relecture du mythe du cinéma américain par le prisme des minorités, Maximus Wyld donne à voir la dimension politique et sociale des productions hollywoodiennes

Chez Albin Michel en septembre sortira le dernier roman de Didier Van Cauwelaert

L'inconnue du 17 mars   -  Didier van Cauwelaert


Albin Michel
Parution : 16 septembre 2020
Pages : 173
Isbn : 978226400482
Prix : 17.90 €

Présentation de l'éditeur


« Il fallait que la planète ferme pour que les cœurs s’ouvrent. »

Le 17 mars 2020, par la grâce d’un virus, un sans-abri se retrouve confiné avec une créature de rêve. Est-ce la femme qui jadis enflamma son adolescence, une mythomane, une perverse manipulatrice, ou une ultime chance de survie ? Et si le sort du genre humain dépendait de la relation qui va se nouer, dans une maison à l’abandon, entre un ancien prof de 35 ans brisé par l’injustice et une exilée en manque d’amour ?

Avec ce conte philosophique irrésistible et poignant, au cœur d’une actualité bouleversant tous nos repères, Didier van Cauwelaert entraîne nos peurs, nos détresses, nos colères dans un tourbillon de révolte, de joie libératrice et d’espoir.

On termine avec un auteur belge, merci Jean pour l'envoi de ton livre

L'ivresse des livres  -  Jean Jauniaux


Zellige 
Collection "Vents du Nord"
Parution : août 2020
Pages : 168
Isbn : 9782914773942
Prix : 16.50 €

Présentation de l'éditeur



Dans cet ouvrage, le lecteur vivra le coup de foudre entre une libraire et un client, qui vont passer la nuit à se lire mutuellement des extraits de livres. Il entendra une juge condamner de jeunes néonazis à lire des romans plutôt que de les envoyer en prison. Il suivra une jeune SDF réfugiée dans un abri entre deux aiguillages de la gare du Midi à Bruxelles et qui passe ses journées à dévorer les œuvres complètes du Che. Il apprendra qu’au xxiie siècle, où règnent lunettes virtuelles et implants de puces, un vieillard atteint de démence sénile a découvert un effet inespéré de la lecture des romans sur la plasticité du cerveau. Il verra comment, dans un pays à la liberté bafouée, où sont enfermés les esprits libres et brûlés les livres, un écrivain bagnard sauvera la littérature.


Les douze histoires qui jalonnent L’ivresse des Livres mêlent réalité et imaginaire comme aime à le faire Jean Jauniaux. On y retrouve ce «mélange de gravité et d’ironie douce» qu’évoquait à son propos le prix Nobel de littérature Jean-Marie Gustave Le Clézio.


“Un recueil qui célèbre la lecture,
les libraires, les bibliothécaires...
et les livres !”

Belle semaine à toutes et à tous.



samedi 22 août 2020

Les vieux ne parlent plus - Vincent Engel

 Les vieux ne parlent plus         Vincent Engel

Les vieux ne parlent plus

Ker éditions
Parution : 19 août 2020
Pages : 200
ISBN 978-2-87586-273-0
Prix ; 18 €

Présentation de l'éditeur

Les pandémies avaient d’abord décimé les vieux. C’était triste, bien sûr, mais somme toute… Somme toute, c’est le mot. Le décompte pouvait être rentable. Sauf que les virus ne se laissent pas commander par des logiques politiques. Et puis, après la régression économique effroyable qui avait suivi la première grande pandémie, les gens s’étaient dit qu’à l’avenir, ils préféreraient sans doute sacrifier les vieux que leurs revenus personnels…

Avec 30 % de plus de 60 ans et une population active réduite à la portion congrue, le gouvernement décide d’établir une politique, volontariste mais discrète, de gestion des seniors. C’est ainsi que naissent les VSA, Villages de Santé pour Aînés où, moyennant la gestion par L’État de l’ensemble de leurs biens, les pensionnaires voient leurs besoins quotidiens pris en charge. Mais qu’adviendra-t-il d’eux lorsque leur patrimoine ne suffira plus à financer leurs soins ?

Inspirateur de ces structures et de leur cadre légal, Maître Alexandre Geoffroy est chargé d’en assurer la promotion. Mais entre ses activités douteuses d’avocat spécialisé dans la gestion de patrimoine et sa volonté de prendre soin de sa vieille mère dans les meilleures conditions, le grand écart devient vite intenable. Bientôt, le piège se referme…

Vincent Engel

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Portrait : Tomasz Rossa

Professeur de littérature contemporaine à l'Université catholique de Louvain (UCL) et d'histoire contemporaine à l'IHECS, il a écrit de nombreux essais, romans, nouvelles ou pièces de théâtre. Il est aussi critique littéraire et chroniqueur ; à ce titre, il a collaboré avec Le Soir, Victoire (supplément hebdomadaire du Soir) et Mint en radio. Depuis 2014, il collabore avec La Première, en tant que chroniqueur au sein de l'équipe de l'émission CQFD.

Chez Ker, il est l'auteur de nombreuses pièces de théâtre, d'un essai ainsi que de plusieurs romans, comme Les vieux ne parlent plusAlma Viva, Mon voisin, c'est quelqu'un Raphael et Laetitia, Les Diaboliques et Et dans la forêt, j'ai vu. Il a également participé aux recueils collectifs Le peuple des lumières, dans lequel une quinzaine de voix majeures de la littérature francophone aident un public adolescent à mieux comprendre le monde qui les entoure à travers la fiction ainsi qu'à L'heure du leurre, ouvrage consacré au populisme et à la démagogie.

Mon avis

Alexandre Geoffroy est avocat, il est "exécuteur de vie", ses clients lui confient la gestion de leurs comptes, de leur personne, de leur cadre de vie.  Il leur garantit des soins de santé adaptés à leurs revenus et à leur état pour leur apporter une qualité de vie digne et décente.  Un compte rendu est à établir chez le juge de manière régulière.  Il a élaboré un logiciel permettant d'évaluer quotidiennement la qualité de vie de chacun de ses clients.  C'est comme ça qu'il gagne sa vie.

Nous sommes dans un monde qui a changé, où un excès de vitesse est punissable de prison, où les campagnes sont désertées, un monde qui a subi des pandémies et où les vieux sont de plus en plus nombreux - il y a plus de 30 % de plus de 60 ans - la population active est réduite et la régression économique est énorme.  

Le gouvernement, avec l'aide de Maître Geoffroy a décidé de mettre en place une politique volontariste de gestion des seniors avec la naissance des VSA - entendez par là Village de Santé pour Aînés.  Moyennant la gestion de leurs biens par l'État, chaque pensionnaire est en droit de recevoir les soins et les loisirs adéquats. Très bien, me direz-vous, mais qu'adviendra-t-il lorsque les capitaux seront épuisés ? 

Maître Geoffroy est invité dans l'émission télé de la célèbre Lise Charcot pour mettre en avant ce qu'il a aidé à mettre en place.  Face à lui Pierre Rambaud, défenseur des droits humains , président de la défense des personnes âgées qui dénonce ce plan, parlant de "suicides" des aînés.

Le monde n'est plus le même, l'Europe se détricote, les nationalistes sont de plus en plus présents, la dette publique est gigantesque, les pandémies et les virus incontrôlés, cela amènerait-il le gouvernement à sacrifier les vieux?  La démocratie deviendrait-elle une dictature douce ?  La politique des vieux serait-elle "géri-active" en planifiant leur fin en même temps que celle de leurs revenus ?   Toute une série de questions qui surgissent à la lecture, un roman qui interpelle et pose énormément de réflexions sur notre société.

L'écriture est dynamique.  Cela se lit comme un thriller, une fiction ou une réalité proche?


C'est passionnant, interpellant, captivant et c'est belge ! Ecrivain et éditeur.

A découvrir.

Ma note : 9.5/10


Les jolies phrases

Tant que l'équilibre entre les soins requis et la qualité de vie est positif, tout est fait pour maintenir l'aîné en parfaite santé, et ce sur tous les points, y compris la vie sociale et les activités culturelles, car nous savons combien cela compte.  Mais si la souffrance pèse plus lourd, alors dans le plus parfait respect des individus, et avec leur accord, nous procédons à une ...
- À un meurtre ! rugit Rambaud

C'est comme l'immigration ; il est facile d'être tolérant quand on ne doit rien supporter au quotidien.  Les grands principes ! Les gens n'y croient plus, Rambaud; ils veulent qu'on prenne en charge leurs problèmes quotidiens.  Qu'on leur assure la sécurité et le confort auxquels ils ont droit.

Je vous ressers un peu de ce vieil armagnac ?  L'alcool qui me ressemble le plus !  Vieux, très vieux, mais très jeune encore, puissant et ...  maniaque !

Ce n'est pas à toi que je vais apprendre que ce n'est pas parce qu'on n'est pas inquiet qu'il n'est pas intéressant d'inquiéter les gens.  Les gens acceptent tout, dès que tu parles de sécurité.

Ce serait comme un végétarien qui ferait une campagne pour la viande de bœuf.

Ces pandémies ont d'abord décimé les vieux.  C'était triste, bien sûr, mais somme toute... "Somme toute", c'est le mot.  Le décompte pouvait être rentable.  Sauf que les virus ne se laissent pas commander par des logiques politiques.  Et puis, après la régression économique effroyable qui a suivi la première grande pandémie, les gens se sont dit qu'à l'avenir, ils préfèreraient sans doute sacrifier les vieux que leurs revenus personnels...  

Depuis que les politiques ont confié leur communication à des publicitaires, une vérité est apparue, mais que tout le monde refuse de voir : la politique n'est plus qu'un produit comme un autre.  L'emballage compte plus que le contenu ou, pire : il masque le contenu réel.

Beaucoup trop de vieux, pas assez de jeunes, lesquels vont vieillir prématurément s'ils doivent prendre en charge tous ces êtres en charge tous ces êtres improductifs !  Il y a un siècle ou deux, les vieillards étaient une denrée rare, on pouvait les respecter ; mais le respect, cela répond aux mêmes impératifs que le marché, pas vrai ?  L'offre et la demande.  Trop de vieux tue le respect, non ?  Vous organisez la pénurie et vous réintroduisez la respectabilité et le mérite, lesquels sont liés à la fortune, comme cela se doit depuis l'aube de l'humanité.  Dans "mérite", j'ai toujours entendu "hérite!

Ce qu'il avait mis en œuvre, la société l'exigeait. Ce n'était que la concrétisation d'un égoïsme croissant et d'une peur de se démunir au profit des gens qui ne servaient plus la société. 

Était-ce vraiment aussi simple ? Les gens ne supportaient pas de se tromper.  Et être trompé, finalement, était d'abord la conséquence d'une erreur personnelle : celle qui consiste à faire confiance. On ne devrait jamais faire confiance à personne, sauf pour des questions sans importance.

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Et dans la forêt, j’ai vu



jeudi 20 août 2020

La race des orphelins - Oscar Lalo ♥♥♥♥♥

 La race des orphelins  -  Oscar Lalo  ♥♥♥♥♥


La race des orphelins

Belfond
Collection Pointillés
Parution : le 20 août 2020
Pages : 288
Ean : 9782714493491
Prix : 18 €


 
Présentation de l'éditeur

« J’ai longtemps rêvé que l’histoire de ma naissance exhibe ses entrailles. Quelle que soit l’odeur qui en surgisse. La pire des puanteurs, c’est le silence. » 
Je m’appelle Hildegard Müller. Ceci est mon journal.
Je m’appelle Hildegard Müller. En fait, je crois que je ne m'appelle pas.
J'ai soixante-seize ans. Je sais à peine lire et écrire. Je devais être la gloire de l'humanité. J'en suis la lie.

Qui est Hildegard Müller ? Le jour où il la rencontre, l’homme engagé pour écrire son journal comprend que sa vie est irracontable, mais vraie.

J’ai besoin, avant de mourir, de dire à mes enfants d’où ils viennent, même s’ils viennent de nulle part.

Oscar Lalo poursuit son hommage à la mémoire gênante, ignorée, insultée parfois, toujours inaccessible. Il nous plonge ici dans la solitude et la clandestinité d’un des secrets les mieux gardés de la Seconde Guerre mondiale.

Oscar Lalo

Oscar LALO
Crédit photo:
©(c) Joachim Perez

Oscar Lalo a passé sa vie à écrire : des plaidoiries, des cours de droit, des chansons, des scenarii. Après Les Contes défaits (Belfond, 2016), La race des orphelins est son deuxième roman.



Mon avis

Hildegard Müller, 76 ans.  Elle devait être la gloire de l'humanité, elle en est la lie.
Elle nous propose un journal, son journal , mais ce n'est pas elle qui l'a écrit, elle a engagé un scribe, un traducteur à qui elle raconte sa vie pour essayer de comprendre ce qui ne peut l'être. En français en plus c'est très bien car la langue allemande, celle qui donne des ordres, langue torturée par les SS, elle ne peut plus l'entendre. 

Pour réveiller sa mémoire et les souvenirs inexistants, le scribe lui lit des livres et des silences surgissent des bribes.  Elle veut quitter le silence qui a fait d'elle une figurante de sa vie et témoigner, raconter l'irracontable car il n'existe pas.  Elle souhaite pour ses enfants que ce journal soit "le cadeau de sa naissance avant qu'elle meure" pour qu'ils sachent d'où ils viennent.

Mais qui est Hildegard ? Elle préfère qu'on la nomme Sara sans H car certaines lettres évoquent des douleurs, elle est enfant du 3ème Reich.

H comme Hitler, comme Himmler surtout à son origine et celle du Lebensborn Programm,  de 34 centres répartis en Europe durant la seconde guerre qui vont créer "la race des orphelins" en ayant la volonté de créer une race parfaite supérieure engendrant la volonté d'exterminer d'une part et de procréer, entendez par là de créer professionnellement.

Des mères de type aryenne, de préférence norvégienne car la race est pure sans mélange, et des SS qui obéissent aux ordres : offrir des enfants au Führer pour une Allemagne de race supérieure !

Notre narratrice est conçue et abandonnée par un fantôme, le TOTALITARISME.

Une horreur, une abomination qui laisse comme racine la douleur de l'ABSENCE.  Impossible de retrouver des traces de ses racines, de ses "parents" car toute preuve, tout document ont été détruits à la mort d'Hitler.

Elle est face à un mur, pire face à un DÉNI puisque ces centres semblent n'avoir jamais existé, seule la souffrance existe car appartenant à l'État, elle est et restera toujours du côté des persécuteurs, des SS, c'est tout ce que l'on voit d'elle; le mal, l'horreur, la persécution alors que c'est elle la victime, elle qui est du côté de la souffrance.

Elle est un cadeau empoisonné, officiellement conçue par PERSONNE avec uniquement ses incertitudes quand à son nom, le lieu et la date de sa naissance, l'identité de ses parents.

C'est une victime accusée d'être coupable.

Oscar Lalo nous offre un roman dont la construction est originale, très intéressante. Son écriture est puissante, percutante, avec retenue, pudeur et fermeté.  Peu à peu on apprivoise Hildegard et l'empathie très présente nous l'a fait ressentir murmurant sa vie à notre oreille.

Sur chaque page, des textes courts mais extrêmement percutants. Avec une économie de mots l'indicible nous est conté.  C'est fort, très fort en émotions, j'en ai pris des claques.   La langue est somptueuse, chaque mot choisi à la perfection.  L'envie de méditer, de prendre une respiration m'a accompagnée car chaque phrase est travaillée, ciselée et percute, fait mouche en plein cœur, m'a fait chavirer.  Ce texte est dur, très dur mais essentiel et la beauté des mots l'emporte.

Oscar Lalo nous livre ici un réel plaidoyer pour réhabiliter Hildegard, la faire exister et surtout mettre en avant la mémoire oubliée, gênante dont la honte peut-être fait qu'elle soit toujours inaccessible, oubliée. 

J'avais envie de connaître la vie d'Hildegard, de voir si sa quête de savoir, de vérité allait enfin aboutir et en même temps, j'avais envie de lire lentement pour la garder un peu plus longtemps près
de moi.  Une chose est certaine c'est que je ne sors pas indemne de son histoire et qu'elle restera encore très longtemps dans ma mémoire.

Ce récit nous apprend beaucoup sur un sujet dont les livres d'histoire sont trop discrets, en le lisant je pensais à "Kinderzimmer" de Valentine Goby mais aussi au livre de mon compatriote Jean-Louis Aerts qui évoque le Lebensborn de Wégimont dans son roman "Un demi-siècle de mensonges"

J'ai encore envie de vous dire beaucoup de choses sur cette pépite,  mais le plus simple est sans doute que vous vous rendiez chez votre libraire indépendant et le découvriez à votre tour.

C'est un immense coup de coeur, c'est LE livre dont j'ai envie de parler à cette rentrée littéraire. 
Un véritable chef-d'œuvre ♥♥♥♥♥


Les jolies phrases

La pire des puanteurs; c'est le silence.  Il a fait de moi la figurante de ma vie.

Mon corps n'a pas de voix. Il a tout vécu mais je n'y ai pas accès.  Mon corps me sait mais mon corps se tait.  Lui aussi me traite comme une enfant.  Toutes ces choses qu'il ne dit pas devant moi.  Il les dit quand je dors.  Parfois, ça me réveille.  Alors, il fait semblant de dormir.  Et je reste coincée dans ce rêve muet. 

J'ai vu tomber le mur de Berlin. Mais mon mur du silence, il est toujours debout.

Il dit que les livres sombres sont souvent lumineux.  Il dit que la bibliothérapie et la luminothérapie c'est la même chose : une lampe frontale pour fouiller sa vie. 

Votre enfance est une flamme étouffée mais jamais éteinte.  C'est pour ça qu'elle brûle encore.

Le viol est une arme de guerre comme une autre.  Il laisse moins de traces. Il tue sans la tuer celle qui est victime.  Je suis peut-être une de ces traces.

Les Juifs obligés de se cacher, et les enfants de SS qu'on cache, ça a commencé à peu près à la même époque.

Quand on se cache en temps de guerre, un jour ça prend fin.  On vous trouve, on vous arrête, on vous tue !  Avec un peu de chance la guerre prend fin.  Quand on se cache en temps de paix, ça ne prend jamais fin un jour. C'est la nuit en continu. La nuit continue.   Ce journal pour savoir où, comment, et par qui j'ai vu le jour.

Mon scribe m'apprend qu'on appelle les Juifs "le peuple du livre".  Du coup, je comprends mieux l'autodafé organisé par Hitler devant l'Opéra de Berlin le 10 mai 1933.  Un avant-goût d'Auschwitz.  Cette nuit-là, les auteurs juifs sont partis en fumée.  Tout le monde n'y a vu que du feu.

J'ai demandé à mon scribe de me lire d'autres livres. Pas juste des extraits.  Non.  Des livres en entier.  Il a accepté.  Il lit le matin.  On parle l'après-midi.  C'est le bon ordre.  Sa lecture est un détonateur à souvenirs.  On commence tôt le matin.  Sa lecture réveille délicatement ma mémoire.  Elle dépose des mots sur des images sans légendes.  Des images jaunies, floues, rangées il y a presque un siècle dans mes tiroirs les plus inaccessibles.  Des pellicules argentiques que sa lecture développe.

Ces crimes n'ont pas suffi à faire condamner les dirigeants du Lebensborn Programm.  De toute façon, je n'ai pas accès au théâtre judiciaire.  Ma seule tribune, c'est ce journal.  Mon seul recours, c'est d'être cette voix imprimée, silencieuse, qui murmure en langue des signes cette page d'histoire qui ne veut pas s'écrire.  En langue des signes, car je m'adresse à des sourds.  Il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.  Cette face cachée du nazisme est une langue étrangère que personne n'a envie d'apprendre.

Je suis non seulement fille de l'Allemagne, mais je suis fille de Berlin.  Comme Berlin, je suis une ville de débris.  Une ville dont on a bombardé la mémoire.  Une ville dont on a rasé l'histoire.  Je suis née ruine.  Je respire la poussière.  C'est difficile de se construire sur des gravats.

Comment parler d'un secret dont on a honte ?  Ces secrets-là nous rongent comme des métastases.  Ce journal, c'est ma chimio.  Ce journal, c'est aussi la radiographie du secret de ma naissance, son scan, son IRM.  Il paraît que ces machines permettent de voir ce qui ne se voit pas.  Toute  cette technologie saura-t-elle montrer ce secret que j'ignore?  J'écoute le médecin habilité à lire ce genre de clichés.  Il ne parvient pas à définir ces ombres qui se terrent tout au fond du champ magnétique.  Mauvaise nouvelle : il nous apprend qu'un noyau atomique instable est supposé radioactif.  Mais il refuse de se prononcer d'avantage.  Comme on le presse, il lâche vaincu :  "Je ne peux pas vous aider.  Il doit s'agir dune maladie orpheline."

Ma vie est une erreur judiciaire.  Ma vie est ce cauchemar éveillé où les victimes sont présumées coupables et accusées comme telles dès leur plus tendre enfance, et où les coupables, barbares infanticides, ne sont pas inquiétés.  Tout ça est incompréhensible.  Comme ma vie n'a cessé de l'être.  Ce journal pour comprendre ce qui ne se comprend pas.

En ne condamnant pas les responsables du Lebensborn Programm, le tribunal de Nuremberg nous a tous condamnés à ne jamais être reconnus comme victimes.  L'innocence des dirigeants est la négation de la nôtre.

Analphabète en tout.  Ni lire, ni écrire, ni aimer, ni toucher, ni enlacer.  Même notre amour ânonne.

Vous le savez depuis les toutes premières pages.  Ce n'est pas moi qui écris ce livre.  C'est mon scribe.  C'est lui qui écrit peu de lignes par page.  Il écrit peu mais il travaille beaucoup.  Comme un orpailleur.  Il déterre des tonnes de gravier pour quelques poussières de métal précieux.  Mais il veut bien le relire.  Ne pas peser.  Ne pas déformer.  Juste passer au tamis toute la documentation qu'il s'avale.  Pour provoquer des mots en moi.  Certains brillent parfois. Petites particules d'or enfin libérées des anfractuosités rocheuses de ma mémoire.

Qu'est-ce qui est le plus douloureux ?  Ne plus avoir ou n'avoir jamais eu ?  On me répond : ne plus avoir.  Qu'est-ce qu'on en sait ?  Je suis fatiguée qu'on réponde à ma place.

Ils trouvaient des mots pour décrire l'indicible, mais devenaient muets de douleur à l'évocation de leurs parents.  Alors ils nous prenaient sur leurs genoux.  Je pense que nous servions à ça.  Nous jouions pour eux ce rôle : devenir eux-mêmes parents.  Ils avaient besoin de toucher nos petits corps pour parcourir leur enfance dévastée.  Ils nous donnaient le biberon. Sans le savoir, ils prenaient soin de celles et de ceux qu'on accuserait toute leur vie d'avoir été responsables, sinon complices, du crime de leurs parents.

Je suis une oubliée de l'Histoire, mais on ne m'oublie pas pour autant.  Tout ça parce que je suis issue d'une institution qui ne manquait de rien, dans un pays qui manquait de tout.  On oublie que je n'étais issue d'aucune famille.  Le Troisième Reich m'a enfantée, mais le Troisième Reich n'est pas une famille.  Je n'en finis pas d'être accusée de ce dont je suis victime. 

Nos libérateurs nous voient comme le prolongement de leurs bourreaux.

Ma naissance est absurde.  Je suis née sans cordon.  Ma piscine sans eau, c'est parce que je suis obligée de sortir d'un liquide amniotique qui n'existe pas.  Une déplacée sans placenta.  J'ai perdu mes eaux.

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