dimanche 31 mai 2015

Un petit concours

Plus de 300 "j'aime"

UN CONCOURS POUR VOUS REMERCIER DE VOTRE FIDELITE




Je vous l'avais promis, vous êtes fantastiques, on a atteint et même dépassé les 300 "j'aime" sur la page FB, voici donc un petit concours pour vous remercier de votre fidélité.

Vous avez toujours la possibilité de vous abonner à la newsletter du blog, ou de le suivre via Google Plus si vous le souhaitez.

Jamais je n'aurais imaginé en commençant mon blog il y a deux ans et huit mois qu'il prendrait autant de place, mais c'est super quel bonheur de pouvoir partager et échanger avec vous.  C'est enrichissant, surtout lorsque l'on a l'occasion de passer du virtuel au réel et de créer de véritable lien.  Merci pour tout cela.

Mais voici le concours :


Prix mis en jeu :


Je vous permets de choisir un titre parmi 5 titres que j'ai particulièrement apprécié  :


5 coups de coeur pour des raisons diverses (en cliquant sur le livre vous retrouvez mon avis)



  Résultat de recherche d'images pour "Un tout petit rien camille anseaume pockett" 


  


Comment faire ?

Pour gagner c'est simple, envoyez-moi un petit message en commentaire à cet article me précisant quel livre vous ferait plaisir et pourquoi.  N'oubliez pas de me donner vos coordonnées; nom, prénom et mail afin que je puisse vous recontacter.

Condition préalable, si ce n'est déjà fait : "liker" la page Facebook du blog.

Si vous partagez le concours, je double vos chances.  

Le concours aura lieu jusqu'au 15 juin minuit.  Un tirage au sort par la main innocente de mon fils aura lieu à ce moment là.

Le concours est ouvert pour la Belgique, la  France et le Luxembourg. Désolée pour les autres.

Alors bonne chance à vous tous et encore



samedi 30 mai 2015

La tête de l'emploi David Foenkinos ***

La tête de l'emploi

David Foenkinos















Editeur : J'ai Lu
Broché: 285 pages
ISBN-13: 978-2290077443
Dimensions du produit: 12,1 x 2,5 x 20 cm
EAN : 9782290077443
Date de parution : 08/01/2014
Prix conseillé : 15 euros

Quatrième de couverture

A 50 ans, Bernard se voyait bien parti pour mener la même vie tranquille jusqu'à la fin de ses jours. Mais parfois l'existence réserve des surprises... De catastrophe en loi des séries, l'effet domino peut balayer en un clin d oeil le château de cartes de nos certitudes. Et le moins que l'on puisse dire est que cet homme ordinaire, sympathique au demeurant, n'était pas armé pour affronter ce qui l'attendait.
Buster Keaton post-moderne, il va devoir traverser ce roman drôle et mélancolique pour tenter de retrouver sa place dans un monde en crise.

Mon avis

Bernard a cinquante ans, il est marié à Nathalie.  Sa fille Alice déploie ses ailes et quitte le nid pour un stage au Brésil.  Bernard est conseillé financier chez BNP (tiens, tiens cela me fait penser à quelqu'un ....), il a gravi les échelons un à un et est plutôt satisfait de sa vie.

Tout à coup survient un cataclysme dans sa vie, plus rien ne va plus, tout s'écroule : le départ d'Alice, ses relations avec Nathalie et la crise financière qui fait des ravages.  Au boulot, il faut s'adapter, il doit reprendre des fonctions au guichet car il inspire confiance, il a une bonne tête lui dit-on, la tête de l'emploi.

Tout ce qui était réglé comme du papier à musique - sa vie, son quotidien, ses habitudes - tout s'écroule comme un château de cartes,  la chute ...  et après ???  La vie nous réserve parfois des surprises...

Bon, soyons clair, ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais j'ai passé un bon moment avec Bernard, un antihéros - un "Pinon" ai-je pensé - le gars qui n'a pas de chance.  C'est bien le portrait d'un gars ordinaire qui nous est dressé ici avec des clichés souvent il est vrai mais avec beaucoup d'humour et de dérision.  J'ai eu de l'empathie pour Bernard travaillant dans le même milieu professionnel, ça aide un peu !

C'est un roman sans grande prétention qui aborde au second degré le monde financier d'aujourd'hui, l'hypocrisie, l'individualisme et l'indifférence dans le monde du travail, la dégringolade sociale, les rapports parents-enfant, le manque d'amour et de tendresse et la routine du couple mais aussi le chemin d'une reconstruction.

Une comédie sociale drôle que j'ai lue en quelques heures.  L'idéal pour se vider la tête.


Ma note : 7/10




C'était une chouette LC programmée avec Les lectures de Lailai depuis longtemps dans le cadre de mon challenge pour vider ma PAL.   Voici l'avis de Violaine c'est ici




Les jolies phrases

J'avais une boule dans le corps, une boule d'enfance, cette boule de peur qu'on découvre vers sept ou huit ans, elle était là, à nouveau en moi, se propageant partout, saisissant maintenant ma nuque.

Auparavant, je m'étais représenté la vie comme une irrésistible ascension.  On progressait dans la connaissance des choses, dans l'expérience, et socialement bien sûr.

Puis, j'ai consulté mon téléphone : je n'avais aucun message.  C'est à cela que servent les téléphones portables, à se rendre compte que personne ne pense à vous.  Nous vivons maintenant avec cet objet qui matérialise notre solitude.

"On vous rappelle très vite" veut dire qu'on ne vous rappellera jamais.  C'est étonnant de constater à quel point les recruteurs disent quasiment toujours le contraire du fond de leur pensée.

J'avais lu ou entendu des histoires de vie qui basculaient comme ça, du jour au lendemain.  Elles m'avaient toujours d'emblée un peu exagérées, comme si tout ne pouvait pas s'effondrer en même temps.

Mais je pouvais comprendre ceux qui préfèrent errer dans la rue plutôt que de vivre ce que je vivais. Tant que l'on n'est pas jugé par autrui, on peut conserver une part de dignité.

Nous étions deux, et je comprenais plus que jamais ce que voulait dire l'expression : "ma moitié".  Une expression dont je m'étais souvent moqué avant.  Je ne comprenais pas qu'on puisse s'estimer incomplet sans l'autre, et pourtant c'était ce que je ressentais maintenant.  Ce sentiment de ne pas être moi sans elle.

Je comprenais maintenant qu'il ne faut pas forcément poser des mots sur les émotions pour qu'elles existent.  Certains sentiments sont des souterrains, et on ne peut rien prononcer dans cette pénombre du coeur. L'absence de quelque chose, ça ne veut pas dire que ça n'existe pas.

Valait-il mieux ne rien vivre plutôt que d'aimer puis souffrir ?

Ça voulait dire quoi refaire sa vie ?  Ça voulait dire que la première avait été ratée, et qu'il fallait donc la refaire.  Ça voulait dire qu'on sortait d'un brouillon, d'un travail mal fait, et que tout était à recommencer.

jeudi 28 mai 2015

Six fourmis blanches Sandrine Collette ****

Une nouvelle rubrique : un autre regard , les lectures de monsieur et son avis.


Six fourmis blanches

Sandrine COLLETTE







Editions DENOËL
288 pages
155 x 225 mm
ISBN : 9782207124369
Policiers > Thrillers
Collection Sueurs Froides
Parution : 22-01-2015
Une lecture en e-book


Avis de l'éditeur

Le mal rôde depuis toujours dans ces montagnes maudites. Parviendront-ils à lui échapper?

Dressé sur un sommet aride et glacé, un homme à la haute stature s’apprête pour la cérémonie du sacrifice. Très loin au-dessous de lui, le village entier retient son souffle en le contemplant.
À des kilomètres de là, partie pour trois jours de trek intense, Lou contemple les silhouettes qui marchent devant elle, ployées par l’effort. Leur cordée a l’air si fragile dans ce paysage vertigineux. On dirait six fourmis blanches…
Lou l’ignore encore, mais dès demain ils ne seront plus que cinq. Égarés dans une effroyable tempête, terrifiés par la mort de leur compagnon, c’est pour leur propre survie qu’ils vont devoir lutter.


L'auteur : Sandrine COLLETTE

Sandrine Collette


Sandrine Collette est née à Paris en 1970. Elle est docteur en science politique.Elle partage sa vie entre l’université de Nanterre et son élevage de chevaux dans le Morvan.
Découverte lors de son premier roman "Des noeuds d'acier" paru chez Denoël en 2013, une auteure que j'apprécie fortement.

Son second roman était un peu moins fort "Un vent de cendres" mais néanmoins m'avait plu.

Logique que j'ai envie de découvrir ce troisième opus.  Mais nouveauté dans ce blog, ce n'est pas moi qui vais en parler mais mon mari.

Il a dévoré en vacances et c'est un exploit car la lecture n'est pas son activité première.

Voici son avis

Que diriez-vous d'un voyage en Albanie, au coeur de ses montagnes sauvages et âpres? Pays méconnu, sorti il y a seulement une bonne quinzaine d'années d'un isolement total et d'une dictature avilissante?

Mathias est un sacrificateur. Cet homme sans famille sacrifie des chèvres sélectionnées avec grand soin sur la demande de ses clients et pour tout type d'événement. Une manière d'assurer le bonheur pour de jeunes mariés ou de célébrer un départ. Ces chèvres, il les tuent après avoir gravi les montagnes. Il a un don pour cela et est respecté par tous, même par le mafiosi du village.
Ce mafiosi demande à Mathias de transmettre son mystérieux pouvoir à son petit-fils. C'est alors que survient un drame.

Lou est une jeune femme qui avec son compagnon Elias, s'est donné comme défi de partir à l'aventure et d'atteindre les cimes de ces montagnes inconnues et austères.

Ils partent avec trois autres compagnons rencontrés pour la première fois dans un bar parisien accompagnés de Vigan, un guide local.

A partir de là, tout dérape. Nos six compagnons se retrouvent dans une tempête de neige infernale et sans fin. Des jours et des jours à marcher sans savoir s'ils sont dans la bonne direction et s'ils pourront se reposer dans un quelconque refuge.
Un faux pas est vite arrivé dans de telles conditions dantesques; l'accident n'est jamais très loin. 
Survivront-ils ou périront-ils sans revoir la civilisation? 

Le récit est découpé en chapitres intitulés en alternance 'Mathias' et 'Lou'. 
Nous vivons donc leur trajet en parallèle.  

Fuite en avant pour Matthias et sortie de l'abîme pour Lou et ses compagnons.

Voilà le suspense intenable que nous offre Sandrine Collette dans son troisième roman.
On essaie de se mettre à la place de Lou; on sent ses doigts et ses pieds geler sous l'épaisse couche de neige. Tenir, encore tenir; progresser si lentement dans cette immensité blanche avec une visibilité nulle.

Malgré certaines invraisemblances, on veut qu'ils s'en sortent; on a envie de les pousser de toutes nos forces pour leur insuffler cette once d'espoir de croire encore à la vie.

Comme disait Alfred Hitchcock, le maître du suspens : "La vraisemblance est une perte de temps'.
Mieux vaut mettre en avant l'imagination ce que fait ici l'auteure.

Un roman à lire sous la couette avec un bon thé chaud pour ne pas trop souffrir du froid albanais. 


Sa note : 8/10

lundi 25 mai 2015

La dernière page Gazmend Kapllani ****

La dernière page

Gazmen KAPLLANI




Editeur : Intervalles
Traduit du grec par Françoise Bienfait et Jérôme Giovendo
Parution : le 15 mai 2015
160 pages
ISBN-10: 2369560185
ISBN-13: 978-2369560180
Dimensions du produit: 19 x 1 x 12,5 cm

Prix : 15 euros

Quatrième de couverture


1943, Thessalonique. Les Allemands regroupent les Juifs grecs dans le ghetto, organisant des rafles et les premiers convois vers les camps en Allemagne. Léon, qui travaille dans la librairie française de la ville, s’enfuit avec sa famille en Albanie sous de fausses identités. À la fin de la guerre, devenu fervent communiste, il renie ses origines grecques et juives. Son fils Isa, le «  crypto-juif  », suit les traces de son père comme bibliothécaire, mais se trouve bientôt pris dans l’engrenage de la surveillance et des suspicions du régime.

2011, Tirana. Melsi, journaliste et écrivain albanais vivant en Grèce depuis 20 ans, est rappelé d’urgence car son père vient de mourir. Un père avec qui il a pris ses distances depuis la mort de sa mère et dont il ne sait plus grand-chose, sauf que son décès a eu lieu à Shanghai. Mais que faisait-il en Chine  ? Pendant les vingt-deux jours nécessaires au rapatriement du corps, il s’attache à surmonter les tracasseries administratives dont l’Albanie a le secret et à passer au peigne fin l’appartement de son père, où les objets lui semblent des fantômes muets. La découverte d’un cahier marron va pourtant lui dispenser quelques indices sur ce que fut la vie de ce père, dans ce quartier populaire de Tirana où lui-même a passé son enfance, sans se poser de questions ni jamais en poser à ses parents sur leur passé.

L'avis de l'éditeur

Dans La Dernière Page, à travers l’évocation d’un fils venu enterrer son père à Tirana, dans une Albanie proche du chaos, Gazmend Kapllani reconstitue l’histoire d’une famille dont la judéité cachée a jonché de secrets les destins de tous ses membres. Il met en scène deux hommes qui se sont ignorés, orphelins de leurs origines, et qui pourtant ont traversé, chacun à sa manière, un siècle mouvementé grâce à leur commune passion des livres et des langues. Il rapproche la déchéance de ces pères bousculés par l’Histoire à celle de l’Albanie pendant et après le communisme. Mais Kapllani met surtout en lumière la dérive de l’Albanie, écartelée entre l’enfer du régime d’Enver Hodja et son délitement actuel, avec le déferlement des poussées nationalistes.

La Dernière Page est un roman pessimiste, lucide, profond, où Kapllani illustre à travers des personnages vibrants d’humanité une détermination parfois désespérée à se construire une identité au-delà des frontières et des bannissements, une identité qui peut s’étayer sur l’amour des livres et des langues. Car « une langue n’appartient à personne », écrivait Kapllani dans Je m’appelle Europe.


L'auteur



Gazmend Kapllani est originaire de la ville albanaise de Lusnje. En 1991, à la chute du régime totalitaire albanais, il traverse la frontière pour s'installer en Grèce. Multipliant les emplois précaires, il rédige une thèse intitulée "Modernité et altéritude – l'image des Albanais dans la presse grecque et des Grecs dans la presse albanaise" à l'université d'Athènes qu'il valide en 2007. Son premier ouvrage, Petit journal de bords des frontières, a eu d'excellentes critiques dans la presse anglaise. Je m'apppelle Europe, son second ouvrage, reste dans la même veine. Il y explore les questions de l'immigration et des frontières et la façon dont elles façonnent la vie privée. Il a également écrit pour le théâtre une pièce, Edo, qui s'appuie sur le récit d'immigrés vivant en Grèce et qui a été jouée pendant un an consécutif à Athènes. Fervent défenseur des droits de l'homme, son éditorial bihebdomadaire dans le plus grand quotidien grec, Ta Nea, est une référence dans le monde des médias grecs et plus largement balkaniques.

Bibliographie:

Petit journal de bord des frontières (Intervalles, 2012)
Je m'appelle Europe (Intervalles, 2013)

Mon avis

Un grand merci à Lecteurs.com et à son club des explorateurs qui porte très bien son nom car il m'a permis de faire de belles découvertes.  Celle d'une maison d'éditions "Intervalles" , celle d'un auteur grec , journaliste  Gazmend Kapplani mais aussi la découverte d'un pan de notre histoire et d'un pays méconnu pour moi : l'Albanie.

Ce n'est certes pas un voyage joyeux auquel je vous convie, mais un voyage intéressant, riche, empreint de détermination et d'humanité.

Melsi est journaliste, écrivain albanais vivant en Grèce depuis vingt ans.  Nous sommes en 2011 et il rentre à Tirana car son père vient de mourir lors d'un voyage à Shanghai.

Mais que faisait-il à Shanghai ?

Le temps des démarches de rapatriement qui dureront vingt-deux jours, Melsi se retrouve dans l'appartement de son père qu'il avait quitté il y a si longtemps.

Mais qui était réellement son père ?

C'était un amoureux des livres et des langues.  Par le passé, il fut responsable de la section des livres interdits à la bibliothèque de Tirana.  La littérature, ce qui les réunissait en somme.

Melsi trouve un cahier marron et en commence la lecture, il pense à un roman écrit par son père et très vite il a un choc, une révélation, il comprend que c'est son histoire, celle de la vie de son père.  Et petit à petit tout s'éclaire.  Il comprendra quelle fut réellement la vie de son père.

J'ai aimé, grâce à ce roman, découvrir l'histoire d'un pays que je ne connaissais pas : l'Albanie. Il m'a donné envie de me documenter et d'en savoir plus sur ce peuple dominé tour à tour par l'empire ottoman, les beys, ensuite les soldats de Mussolini, les allemands et la longue période de domination du communisme et de son leader Enver HODJA.

J'ai découvert le calvaire et les renoncements de ce peuple.  Ce roman est pessimiste et noir mais lucide, sa lecture m'a un peu fait penser à "Purge"  de Sofi Oksannen et la peur du peuple estonien.
On y ressent les craintes des gens, l'emprise du régime, le manque de liberté.

Ce roman nous parle également du sort des juifs de Thessalonique, de son massacre en 1939 et de la fuite de nombreux juifs grecs devenant des "crypto-juif", un peuple qui renonce à sa religion, son identité pour vivre enfin  (il garde une adhérence secrète au judaïsme ou est descendant juif et manifeste une autre foi).

C'est un livre sur le renoncement, sur la détermination de l'Homme, pour trouver une apparente liberté et vivre tout simplement, ce grâce aux livres et aux langues.  Un récit qui montre comment l'homme peut se construire une identité au delà des frontières et de ses convictions.  J'ai aimé l'histoire avec un petit et un grand H dans ce récit.  Ce témoignage paternel qui dévoilera le passé, les racines de Melsi et lui rendra une pleine identité.

Ce petit roman de 160 pages est très dense et m'a donné l'envie de me documenter sur le sujet.  La plume incisive, directe, tout en nuances de Gazmend Kapllani m'a captivée.  Le style de l'auteur m'a propulsée dans une lecture rapide remplie d'humanité.

Une très belle découverte que je vous invite à faire au plus vite.  Merci encore pour cette lecture qui sort des sentiers battus.

Ma note : 8.5/10

Les jolies phrases

Peut-être la qualité essentielle de son père - ou son défaut, se dit Melsi - résidait-elle dans sa capacité à amortir les coups du sort, à transformer un inconvénient en avantage, une sanction en source de créativité.

Pour Melsi, le grec était une grande dame qui, après avoir voyagé dans le monde entier, avait perdu tout son éclat, alors que l'albanais était un montagnard indomptable, un peu cinglé et terriblement rétrograde, passé maître dans l'art de la survie.

Un voile de peur et de gêne recouvrait toute cette histoire qui, avec le temps, était presque devenue banale parce que dans ce pays, le seul moyen de résister au poids des événements qu'on redoute et qui peuvent à tout moment briser quelqu'un, c'est de les prendre tels qu'ils viennent, sans creuser d'avantage.

Dans un pays où l'on dégaine plus facilement de sa poche un pistolet qu'un bloc-notes, les gens qui lisent et écrivent dans les lieux publics éveillent la curiosité ou les soupçons.

La plupart des Grecs se représentaient en effet ce pays comme un trou noir.  S'il existait un pays au monde auquel la Grèce ne voulait absolument pas être comparée, c'était bien l'Albanie.  Mais pour leur plus grande malchance et par une réelle ironie du sort les Albanais ressemblaient à leurs voisins au-delà de ce qu'un Grec pouvait supporter.

La joie des enfants face à son chagrin lui permit de découvrir dès cette époque que le bonheur des uns se nourrit souvent du malheur des autres.

C'est une jeune chinoise que le hasard mit sur sa route et qui fit découvrir à Isa qu'il ne suffit pas de se sentir heureux avec une femme pour ne pas en désirer ni aimer une autre.

De leur départ, le crypto-juif savait très peu de choses, si ce n'est ce qu'il avait appris plus tard, par bribes de la bouche de sa mère, et ce qui avait résisté à sa volonté farouche de gommer son passé et à sa crainte de le revoir resurgir.

Quand elle parlait, ses mots avaient la légèreté d'un flocon de neige en train de fondre.  Elle était l'une des rares jeunes filles vraiment émancipées pour l'époque, et plus rares encore étaient les garçons qui osaient alors se marier par amour.

Il revoyait en pensée la scène où son père décide de retourner voir l'Enquêteur : une tentation masochiste qui conduit inexorablement la victime à vouloir se mesurer à son bourreau, sachant d'avance qu'elle s'expose à une défaite écrasante.  Une réaction comparable à celle du joueur qui s'obstine à miser désespérément.

C'est dans cette pièce qu'il prit clairement conscience d'avoir traîné toute sa vie un sentiment de culpabilité.  Pourquoi et comment peut-on se sentir coupable quand on ne l'est pas ?  Il sentit la peur le submerger.

Un silence au téléphone est la pire des choses, on ne sait jamais comment le briser.

Comment peut-on à ce point aimer les animaux et haïr les êtres humains ?  Il lui rappela qu'en tant que vétérinaire, elle n'avait aucune raison de faire confiance à tous ceux qui aimaient les chiens; il suffisait de faire confiance aux chiens eux-mêmes.

Les abeilles et le miel qu'elle produisaient étaient son antidote à la réalité empoisonnée qui le cernait de toute part.

Le pays ressemblait alors à un homme éventré dont les tripes à l'air dégagent une puanteur terrible.

Telle une balle dans le canon d'une arme, la tentation du suicide était aussi venue se nicher dans son cerveau.  Mais il ne trouva jamais le courage d'appuyer sur cette gâchette imaginaire.  Même humilié, il aimait encore la vie.  Et cet amour de la vie l'amenait à accumuler humiliation sur humiliation.


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dimanche 24 mai 2015

Jules Didier van Cauwelaert ♥♥♥♥

Jules

Didier van Cauwelaert



Albin Michel
mai 2015
288 pages
EAN13 : 9782226314833
Prix : 19.50 €



Quatrième de couverture



« À trente ans, Alice recouvre la vue. Pour Jules, son chien guide, c’est une catastrophe. Et en plus on les sépare. Alors, il se raccroche à moi. En moins de vingt-quatre heures, ce labrador en déroute me fait perdre mon emploi, mon logement, tous mes repères. Il ne me reste plus qu’une obsession – la sienne : retrouver la jeune femme qui nous a brisé le cœur. »



Entre une miraculée de la chirurgie et un vendeur de macarons, une histoire de renaissance mutuelle et de passion volcanique orchestrée, avec l’énergie du désespoir, par le plus roublard des chiens d’aveugle.


Mon avis

Zibal est à l'origine de l' invention d'un système de dépollution qui suite à des déboires sentimentaux est aujourd'hui vendeur de macarons chez Ladurée à l'aéroport d'Orly.  C'est là qu'il va croiser la route d'Alice Gallien -non voyante - et de son chien guide, Jules - un magnifique labrador.

Elle doit prendre l'avion pour l'opération qui lui rendra la vue.  Zibal est ébloui par Alice et totalement sous le charme.  Lorsqu'il entend que l'on veut mettre Jules dans la soute à bagages de l'avion, n'écoutant que son grand coeur, il interviendra et se révoltera pour que l'on ne sépare pas Alice de son guide.

Alice recouvrera la vue.  Jules, se sentant inutile, deviendra dépressif.  Il sera confié à un autre maître, un vieux colonel grincheux.  Pour sortir de sa déprime, Jules s'échappera et arrivera telle une tornade retrouver  Zibal qui avait pris sa défense, anéantissant sur son passage le stand Ladurée.

Dans la même journée, Zibal se retrouvera sans emploi, sans logement, sans autre but dans sa vie que celui de retrouver Alice et de lui rendre son chien.

Cela commence fort, je ne vous en dis pas plus.  Un roman de Didier van Cauwelaert, mon auteur favori comme je les aime.  Une comédie romantique, un triangle amoureux mais c'est bien plus que cela, comme à chaque fois un récit un peu fantastique, surréaliste par moment.

Un roman où je me suis interrogée, documentée, si si je vous assure, mais aussi un livre qui m'a fait sourire, rire et qui m'a aussi émue.

C'est en effet un véritable document sur les chiens guides, leur éducation, leur sixième sens, leur faculté d'anticiper les besoins de l'être humain, d'être en symbiose parfaite avec lui.  On sent ici la passion de l'auteur pour le meilleur ami de l'Homme et tout ce qu'il peut faire pour lui.

Au delà de la romance, des idées intéressantes aussi dans le développement de la science et de l'écologie, lorsqu'il nous parle de bactéries vivantes dans les yaourts, de dépollution du lisier de porc, de plantes à traire et autres avancées médicales, c'est au départ de faits réels.

Un roman qui se lit en quelques heures. Si vous lisez peu, un chouette bouquin à emporter avec vous en vacances.  Je suis irrémédiablement fan de cette plume et j'ai passé un super bon moment de détente. Une écriture que je retrouve toujours avec énormément de plaisir.

Ma note : 9/10

Un très bon choix de lecture commune avec ma binôme Julie , Les petites lectures de Scarlett.

Voici son avis.











Les jolies phrases

Détesté les apparences, le décor, les choix de ma vie. Détesté les vêtements voyants, les tons criards de mon appartement, et surtout la froideur tourmentée de mes tableaux.  Toutes ces harmonies illusoires que j'avais composées au toucher, à la chaleur des couleurs.  Chaque teinte dégage une intensité thermique particulière, une longueur d'onde que j'avais cru capter, dominer, orchestrer.  Résultat : j'avais vécu plus de dix ans dans une erreur de jugement donnant une fausse idée de moi.  Je pensais transmettre la gaieté combative qui éclairait ma nuit; je n'avais fait que diffuser de la provocation stérile et des visions du monde désaccordées, heurtées, flippantes.

Comment avouer à la personne qui tente par amour de me faire exister comme artiste que l'art n'était pour moi qu'un langage de substitution ?

Je ne crois pas en Dieu.  Je pense que l'homme est mauvais, qu'il n'a créé que le diable.

Tout a un sens, pour peu qu'on ait un but.  Le hasard sourit aux gens préparés, comme dit le proverbe arabe.

La seule manière dont Fred se protège, c'est en faisant une démonstration de force dès qu'elle a un faible pour quelqu'un.

Alice m'avait donné des ailes, et je ne les replierais plus, même si elle me laissait voler seul.  On avait du chemin à faire, elle comme moi, avant de revenir l'un vers l'autre si l'état de manque prolongeait la fusion.

Si vraiment mon chien s'est cru abandonné, le seul moyen de l'aider à créer une nouvelle relation d'assistance avec un tiers, c'est de lui montrer que je l'aime toujours, que tout va bien, que je l'autorise à se consacrer à un autre.

La ville est peuplée d'autistes qui parlent tout seuls sans se regarder.  Narcisses twitters épuisés par le stress qui les propulse, ils sont devenus hybrides comme leurs voitures.  Les inconvénients cumulés de l'émission polluante et des batteries qui se déchargent.

Moi qui m'étais toujours laissé porter par les événements, réservant mon énergie à mes passions, mes inventions et mes lectures, je venais de prendre ma première vraie décision qui engageait mon destin.  Et c'était de suivre un chien.

Un chien d'aveugle n'est pas qu'une machine à guider.  Une machine qui grippe lorsqu'elle ne guide plus. Haussmann a oublié de prendre en compte l'amour, les câlins, le rituel des glaces, les jeux - tous les codes qui ne relèvent pas du dressage mais de la vie commune.



mercredi 20 mai 2015

Ils ont rejoint ma Montagne à lire


Oui, je sais je suis incorrigible mais c'est plus fort que moi, je ne sais pas mettre les pieds dans une librairie et sortir les mains vides, c'est IMPOSSIBLE.

J'avais envie de fêter ma maman et je me suis fêtée aussi, na..

Une sortie du début de l'année que j'avais vraiment envie de découvrir car j'avais adoré son premier roman, "Le bruit de tes pas" .  Second roman pour Valentina d'URBANO

ACQUANERA

Valentina d'Urbano



Date de parution : 05/02/2015
ISBN : 978-2-84876-442-9
Format : 14,5 x 22 cm
Pages : 352
Prix : 20.00 €

Avis de l'éditeur



Après dix ans d’absence, Fortuna retourne à Roccachiara, le village de son enfance perché dans les montagnes du Nord de l’Italie, qu’elle croyait avoir définitivement abandonné. La découverte d’un squelette qui pourrait être celui de sa meilleure amie, Luce, lui a fait reprendre le chemin de la maison. C’est l’occasion pour la jeune femme de revenir sur son histoire, de régler ses comptes avec le passé et en particulier avec sa mère, la sauvage Onda dont elle n’a jamais été aimée.

Ainsi débute ce récit sur quatre générations : quatre générations de femmes – Clara, Elsa, Onda et Fortuna – qui ont vécu en autarcie année après année, privées d’hommes, marquées comme au fer rouge par d’étranges dons qui les ont placées en marge de leur communauté. Au terme de cette plongée aux origines, Fortuna pourra-t-elle s’engager sur le chemin de la reconstruction et de la réconciliation ?

Acquanera aborde avec force et sensibilité les thèmes des relations maternelles et filiales, de la transmission, de la mort, de la différence et de l’amitié. Avec ce deuxième roman symbolique et poétique, Valentina D’Urbano confirme son singulier talent.  


J'avais apprécié "Trente six chandelles" lors de la dernière rentrée, son roman précédent vient de sortir en édition de poche et j'en avais très envie.


Bon rétablissement

Marie-Sabine Roger





Avril, 2015
11,0 x 17,6
224 pages
ISBN 978-2-330-02865-7
prix indicatif : 7, 80€
Babel n° 1306


L'avis de l'éditeur

Sauvé d'une chute dans la Seine, un sexagénaire misanthrope se retrouve immobilisé sur un lit d'hôpital pendant un mois et demi - le temps pour lui de revisiter sa vie, ses bons et mauvais côtés, et surtout de rencontrer des personnes inattendues, lui qui n’espérait plus beaucoup de surprises de l’existence… Bon rétablissement a été adapté au cinéma par Jean Becker en septembre 2014 avec Gérard Lanvin, Jean-Pierre Darroussin et Fred Testot.


Repéré il y a quelques jours, j'adore l'artiste, l'envie de découvrir sa plume.

Le cauchemar merveilleux

Arthur H



Actes Sud
Mai, 2015
11,5 x 17,00
144 pages
ISBN 978-2-330-03744-4
prix indicatif : 15, 00€
Poésie



Avis de l'éditeur
Poésie punk-mystique, sexuelle et chimérique, provocante et douce, Le Cauchemar merveilleuxd’Arthur H est une plongée exubérante dans la réalité folle d’un monde cacophonique. Le 11 Septembre, le sexe, la science, la foi, les icônes de la culture populaire et tous les emblèmes d’une société en roue libre déclinés, avec une joyeuse insolence, dans ces “espèces de petits contes”, comme une continuation plus aventureuse de ce qu’expriment ses chansons : derrière la violence et l’incertitude de notre monde reposent la beauté, la fraîcheur, l’innocence.



L’enfance est un cauchemar merveilleux, qui émerge doucement des limbes, dans une grande vitesse mais au ralenti, l’illumination progressive de l’inconscience, l’épaississement des os, création continuelle des synapses, l’allongement des nerfs, une tension perpétuelle vers l’agrandissement des univers, la santé fondamentale comme un bloc de puissance, l’aveuglement de l’innocence, la loi pure dans son implacable cosmique. (extrait)

Et pour terminer un petit peu de belge...
On le connaît comme journaliste en radio et en télé (hep taxi), il nous livre ici son premier roman, je suis curieuse.



Eviter les péages

Jérôme Collin


Allary Editions
Roman 
200 pages
17,90€
Parution le 07/05/2015
EAN : 978-2-37073-057-2


Avis de l'éditeur

À partir de quarante ans, la vie est toute tracée. C’est ce qu’il pensait avant de rencontrer Marie un après-midi dans un bar.

Il est chauffeur de taxi, père de trois enfants, marié depuis quinze ans, propriétaire d’une maison avec jardin en périphérie de Bruxelles et sa belle petite vie roulait tranquillement. Jusqu’à ce que Marie lui sourie et lui offre la possibilité d’un nouveau départ.

Ce n’est pas une décision qu’un homme prend facilement. Alors il continue de rouler au son de Bashung, Jeff Buckley et des confidences de ses clients.

Quitter sa femme pour une autre qu’il connaît à peine : il y songe. Rester avec une femme qu’il n’est plus sûr d’aimer : il y songe aussi. En attendant, il s’accroche à son volant et monte le son, espérant trouver dans les paroles de ses chansons préférées la bonne façon d’aimer.

Et puis pour terminer en beauté le mois belge chez Anne et Mina, j'ai la chance d'avoir remporté un recueil de nouvelles de Quadrature Editions.

Le récapitulatif  des découvertes belges se trouve ici et ici


Les blondes à forte poitrine

Isabelle Baldacchino


Quadrature
ISBN 978-2-87558-379-6 (format broché)
ISBN 978-2-930538-55-6 (format ePUB)
118 pages
Livre broché - 15€
ebook - 9.99€


L'avis de l'éditeur


Des nouvelles âpres ou cyniques, dont le ton cruel ou cru cache des âmes écorchées, à vif. Des portraits brossés vivement dans une matière brute, entre Egon Schiele et Toulouse-Lautrec. Des vies faufilées, des ourlets déchirés, lambeaux de chair ou de tissu qui voilent ou qui révèlent, illuminés çà et là par un humour truculent, rabelaisien, salvateur.

L’auteure a assassiné beaucoup de personnages dans son premier recueil, Le manège des amertumes(Quadrature, 2013). Elle les érafle, affame, insulte et caresse dans le deuxième, avec une grande part de dérision. Les gens sans histoire, les secrets, les failles sont ses récurrences.


Pour terminer cette semaine en beauté j'ai rencontré une jeune maison d'éditions de chez nous, je vous en parle bientôt.  Une nouvelle entrée sur ma PAL , à découvrir.

Le cri du Yéti

Brigitte Guilbau



Lilys éditions
182 pages
ISBN : 978-2-9601524-4-9
Prix papier: 15 € TVAC

Quatrième de couverture

N’avez-vous jamais eu cette sensation de vous perdre dans une relation, un travail, une vie qui ne vous ressemble pas ?

C’est ce que Clémence a ressenti lorsqu’elle comprit que Laurent se souciait peu de ses sentiments.

Elle décide alors de retrouver et partir à la rencontre de celle qu’elle a perdu depuis des années : Elle.

A ce moment précis, Clémence ne peut encore imaginer que pour la liberté d’une jeune femme, elle sera prête à déplacer des montagnes.

Le cri du yéti est un concentré d’émotions et de prise de conscience en nos propres capacités.

Il nous pousse à nous dépasser et à ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure.

lundi 18 mai 2015

D'argile et de feu Océane Madelaine ♥♥♥♥♥

D'argile et de feu
Océane Madelaine



Océane Madelaine D’argile et de feu


1er Roman Prix Première 2015


Durant des années, j’ai été un point de silence et d’immobilité. Mais ce point s’est mis en marche ce matin. Mes pieds commencent à inventer une ligne. C’est une ligne de fuite. »

Ainsi écrit Marie, jeune femme d’aujourd’hui, dans le cahier blanc. Elle y raconte sa déambulation, sa halte, l’adhérence des pieds sur le sol des chemins, sa rencontre par- delà les siècles avec l’autre Marie, Marie Prat la potière, qui savait transformer la terre dans ses mains et la cuire au feu. En ce 19ème siècle où la poterie était affaire d’hommes, elle inventait des pots et les signait avec insolence « fait par moi ».

Et c’est comme si la force vitale de Marie la potière consignée dans le cahier rouge, apprivoisait peu à peu Marie la narratrice hantée par un cauchemar d’incendie. Flamme de vie contre flammes de mort.

Océane Madelaine, céramiste et écrivain, manie les mots comme elle tourne ses pièces, avec rigueur, justesse, et la grâce de celle qui cherche la beauté de l’épure.

Elle signe là son premier roman.

Date de sortie : Janvier 2015


L'auteur : Océane MADELAINE



J'ai eu envie de vous la faire découvrir en vous partageant cet entretien paru dans
20 minutes.fr, voici l'entretien pour découvrir l'auteur mais aussi la céramiste.



1) Qui êtes-vous ? ! 

Je suis Océane MADELAINE, céramiste et écrivain. Après des études de Lettres Modernes à Toulouse et à Paris et deux nouvelles nominées au Prix du Jeune Écrivain, je me suis formée à la céramique et ai créé mon propre atelier, tout en continuant à écrire. D'argile et de feu, mon premier roman, s'inspire en partie de l'univers potier que je connais bien, et s'offre comme une réconciliation entre mes deux mondes. Depuis 2011, je vis et travaille dans les Corbières.


2) Quel est le thème central de ce livre ? 

D'argile et de feu est le portrait croisé de deux femmes qui portent le même prénom : Marie. Il y a celle qui quitte tout et marche furieusement vers le sud, en cherchant un nouveau sens à donner à sa vie, et il y a celle qui, au 19ème siècle, devint une potière renommée alors que la poterie était affaire d'hommes. Le roman raconte comment Marie la narratrice découvre inopinément les traces de Marie la potière et reconstitue peu à peu son histoire. Et finalement, c'est comme si l'immense force de la potière apaisait et galvanisait peu à peu la narratrice hantée par le souvenir traumatique d'un incendie. Comme si l'éloge de l'argile et du feu venait enfin panser des blessures intimes, et répondre aux questions centrales de ce livre autour de la mémoire et de la présence.

3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ? 

Ce serait «Je suis un point qui marche», la première phrase du cahier blanc qu'écrit Marie ; c'est en vérité la toute première phrase qui m'est apparue avec netteté, un jour d'été et de rivière, et que j'ai griffonnée à la hâte dans mon journal. L'écriture du livre entier est née de ces mots-là, qui disent à la fois le mouvement et l'entrave, et contiennent déjà tout le récit de Marie, qui peut se lire comme le passage du point vers la ligne, l'horizon.

4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ? 

Sans aucun doute, ce serait la musique de Lhasa, envoûtante, sauvage et douce, ses trois albums indifféremment, La Llorona, The living road, et Lhasa, que j'ai écoutés en boucle durant l'écriture de ce livre.

5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ? 

Je voudrais partager l'argile et le feu, bien sûr, et puis cet endroit fascinant que j'espère convoquer par l'écriture, cet endroit entre dedans et dehors, à la croisée de la mémoire, du secret, de l'intime, et de l'appel vers l'extérieur, la forêt, le sauvage, le corps en marche, la sueur. Et tout cela porté par une langue que j'essaie de travailler au plus près, au mot près, pour que les mots soient justes, exacts, tout en restant aussi très ouverts, afin de laisser de la place au lecteur.

6) Avez-vous des rituels d'écrivain ? (Choix du lieu, de l'horaire, d'une musique de fond) ?

Le rituel peut être plus ou moins pauvre. Il se résume souvent au choix du thé et au bol qui le contiendra, qui à eux seuls suffisent à délimiter l'espace d'écriture. Il peut parfois s'agrémenter de musique, d'un beau papier ou d'images, d'une bougie. Si j'ai plaisir à écrire le matin, je me satisfais maintenant de tous les horaires et de n'importe quelle table, pourvu de parvenir à libérer assez de temps pour écrire dans ma journée de céramiste.

7) Comment vous vient l'inspiration ?

Je crois que l'inspiration vient en travaillant la langue comme une matière, patiemment. Au bout d'un moment, ça prend, ça tient, ça existe, à force de vigilance et de tentatives. Bien sûr, l'inspiration vient aussi à force de ne pas écrire, à force d'accumuler du désir d'écrire, qui à un moment donné pourra enfin prendre forme.

8) Comment l'écriture est-elle entrée dans votre vie ? Vous êtes-vous dit enfant ou adolescente «un jour j'écrirai des livres» ? 

L'écriture est première, primordiale, elle est là très vite dans l'enfance, dans l'ombre d'un grand-père écrivain mort, dans la présence de livres autour de moi, dans une certaine solitude. Je ne me disais pas alors que j'écrirais des livres, mais j'ai écrit, énormément, un journal intime, des récits, des poèmes, j'ai aimé le geste matériel d'écrire, la main crispée sur le papier. C'est plus tard que je comprends mieux ce que signifie vraiment écrire, que ça devient une véritable intention, et que je souhaite adresser cette écriture.

9) Vous souvenez-vous de vos premiers chocs littéraires (en tant que lectrice) ?

Dans l'enfance, j'ai beaucoup lu, à tort et à travers, tous les livres qui passaient à ma portée, beaucoup de romans. Je me souviens surtout de lire dans le rocking-chair, à côté de mes frères et soeurs, et de devenir absolument sourde à ce qui se passait alors dans la cuisine. Je me souviens notamment d'avoir lu et relu Les Misérables en pleurant, et d'avoir appris par coeur Les Yeux d'Elsa d'Aragon. A peine un peu plus tard, j'ai lu Le grand cahier d'Agota Kristof, dont je n'ai pas tout compris, mais qui m'a énormément marqué.
Ensuite c'est un feu d'artifice, qui continue encore et encore, jusqu'à former une espèce de famille qui m'accompagne : Virginia Woolf, Henri Michaux, Marguerite Duras, William Faulkner, Jean Genêt, Henry David Thoreau, Pascal Quignard, René Char, Françoise Lefèvre, Arthur Rimbaud, Robert Antelme, Yves Bonnefoy, Erri De Luca, Serge Pey, Elio Vittorini, Pierre Michon, Michèle Desbordes ou Cesare Pavese... Autant de mondes, autant d'émerveillements, le coeur battant, page après page...

10) Savez-vous à quoi servent les écrivains ? ! 

Les écrivains travaillent la langue et à travers elle, travaillent le réel, l'ouvrent, l'agrandissent, le creusent, l'interrogent, le dénoncent ou le métamorphosent. Ils sont comme tout artiste les garants de notre condition d'humains qui tentent d'ajouter quelque chose au monde.


l'article complet 

Mon avis

Une perle dans un écrin c'est ce qui me vient à l'esprit pour ce premier roman d'Océane Madelaine lauréat du Prix Première.

Je suis un point qui marche, se définit Marie notre héroïne.  Elle fuit, elle quitte tout et marche vers le Sud.  Chemin faisant, elle s'arrêtera contrainte et forcée et croisera le destin d'une autre Marie vivant au dix-neuvième siècle.  Une Marie qui a pris son destin en mains et qui est devenue "potière" de renom.  Un métier pourtant bien réservé à l'époque à la gente masculine.

Nous allons avec Marie, faire le point sur sa vie, son histoire, vivre sa colère, ses angoisses, ses peurs, sa douleur mais aussi découvrir la rencontre de la matière et de deux éléments : le feu et l'argile.

Les couleurs sont fort présentes durant ce court et dense roman.

J'ai été séduite d'entrée de jeu par une écriture prenante, je dirais même envoûtante.  Les phrases sont simples, puissantes allant à l'essentiel.  Une écriture poétique, efficace, imagée qui m'a fait voyager, rêver.  J'ai partagé le quotidien des deux Marie avec intensité.  Comment la terre et le feu vont pouvoir transmettre l'énergie, la force d'une vie et d'une reconstruction.

Un premier roman bouleversant, un récit magnifique, l'histoire d'une renaissance en symbiose totale avec la nature.  J'ai voulu noter chaque page tellement elles sont toutes magnifiques.

C'est d'une beauté rare, un livre court mais dense rempli de poésie comme j'adore.

Vous l'avez compris, gros coup de coeur que je vous conseille chaleureusement.


Les jolies phrases

Je suis en train de marcher, et cela requiert toutes mes forces.  Je fais cela comme je n'ai rien fait dans toute ma vie : avec acharnement, intégrité, désespoir.

Que je fasse quelque chose de ma vie comme la rosée fait avec les fleurs, comme le soleil agit sur l'eau, comme l'herbe épouse la courbe des prés, ces sortes d'alliages internes, il faut que je fasse, avec ma vie, quelque chose de la même évidence.

La forêt est un cocon humide où se mélangent les odeurs qu'a révélées la pluie : odeur du bois mouillé, de l'argile boueuse, des feuilles luisantes et gorgées d'eau. Ça sent bon.

C'est un trou, je le sens comme ça.  Il y a un trou dans mon pied droit et dedans je suis tombée, tout entière, d'un coup, moi si verticale et si liquide, tombée dans le trou de mon pied devenu gouffre ou grotte, tombée par orgueil, par inadvertance ou par furie, parce que je ne savais pas que de vulgaires cloques pouvaient à ce point attaquer la peau, parce que je ne savais pas qu'on pouvait chuter en soi-même, s'engloutir dans le sang et le pus, parce que je ne savais pas que du point au trou il n'y avait qu'une infime distance, j'avais dit allez ce ne sont pas quelques ampoules qui vont te retenir, allez du nerf, et j'avais continué à boiter en pestant tandis que le trou prenait toute la place du pied.

Ce qu'elle racontait auparavant à voix haute, tout ce qu'elle époumonait dans la forêt est enfoui dans l'argile, comme si la glaise, en s'incrustant jusque dans les lignes de la main, absorbait tout.

C'est comme si Marie Prat disait deux choses à la fois : je me moque et je vous aime.  C'est comme si les visages portaient des masques mais que dessous avait lieu une vie intense et troublante, qui surgissait quand même jusqu'à moi.  Et ce qui l'emporte, c'est cette tendresse et cette chaleur rieuses qui m'envahissent au fur et à mesure que j'entre dans le monde de la potière. J'ai des sanglots dans la gorge.

Il y a entre nous une sorte de compréhension physique globale, la même qui me relie intuitivement à la forêt, à la clairière, aux arbres, aux pièces de Marie Prat.

Mieux vaut économiser les mots parce qu'ils ne serviraient qu'à nous faire croire à autre chose, à du passé, à du futur.

C'est parfois très simple et parfois très compliqué de devoir se contenter de ce qui est là.

Pour la première fois de ma vie je me dis que cela peut être beau un feu.  Puissant comme un soleil, sauvage comme mes cuisses, libre comme un chien fou.

Je dis que je contemple le processus qui a tué le père et a mère, et que je suis désormais capable de regarder cette sauvagerie en face.

Voilà peut-être ce que je dois apprendre d'elle : être là, simplement, de tout mon corps, m'ancrer dans le sol de tout mon poids et finir avec ce passé qui m'esquinte.

La mère disait de lui que son silence pesait à table comme une personne de plus.

J'ai vécu des années durant avec cette peur terrible du feu, mais là je comprends.  C'est du désir intégral, pur, violent.  Ils ne dompteront jamais ce feu et ils le savent, mais lui, c'est pareil au bout d'un moment.  Leurs visages dégoulinant de sueur arborent un sourire mystérieux.  

samedi 16 mai 2015

Tout ce que j'aimais Siri Hustvedt

Tout ce que j'aimais

Siri HUSTVEDT























Actes Sud
Janvier 2003
11,5 x 21,7
464 pages
traduit de l'américain par : Christine LE BOEUF
ISBN 978-2-7427-4115-1
prix indicatif : 23, 40€ 


L'avis de la maison d'édition


Au milieu des années 1970, à New York, deux couples d’artistes ont partagé les rêves de liberté de l’époque, ils ont fait de l’art et de la création le ciment d’une amitié qu’ils voulaient éternelle et, quand ils ont fondé leur famille, se sont installés dans des appartements voisins. Rien n’a pu les préparer aux coups du destin qui vont les frapper et infléchir radicalement le cours de leurs vies — de la disparition tragique du fils unique de l’un des couples au dérapage dans le milieu des toxicomanes du fils de l’autre, bientôt impliqué dans un meurtre épouvantable…
Siri Hustvedt convie ici à un voyage à travers les régions inquiétantes de l’âme : bouleversant, ambigu, vertigineux, Tout ce que j’aimais est le roman d’une génération coupable d’innocence qui se retrouve, vingt ans plus tard, au bout de son beau rêve.


Mon avis

Nous sommes dans les années septante à New York dans le milieu artistique.  Nous allons suivre sur environ une vingtaine d'années le parcours de deux couples amis.

Un couple d'universitaires dont le narrateur  Léo est professeur d'histoire de l'art, son épouse Erica d'un côté, de l'autre Bill, artiste peintre à la gloire naissante et sa muse Violet , une intellectuelle s'intéressant aux troubles mentaux (hystérie de la femme, anorexie et troubles alimentaires).

Ils habitent dans le même immeuble, l'un au dessus de l'autre et deviennent parents en même temps.

La vie ne leur fera pas de cadeau et ils perdront "tout ce qu'ils aimaient" ; leur fils, leurs amis, la confiance, l'amour, la vue...

Voilà en gros le résumé de ce livre touffu et dense, très dense à l'écriture serrée sans respirations de 458 pages.

Le livre inclassable se compose de trois parties que j'identifierais comme ceci :

- la première partie est  un documentaire sur le milieu de l'art contemporain bourgeois sous forme        d'une étude sociologique
- la seconde est psychologique, les personnages sont touchants et attachants
- et le dernier tiers se déroule comme un thriller noir.

Le premier tiers est très dense et fut pénible pour moi, énormément de personnages, des descriptions d'oeuvres d'art moderne interminables, des pages entières sur les maladies psychiques. J'avoue m'y être ennuyée et avoir eu la tentation de mettre fin à la lecture à plusieurs reprises mais beaucoup d'entre vous en parlait comme un de vos livres préférés et j'ai heureusement persévéré.
J'avoue que cette première partie est excessivement bien documentée, très fouillée voire trop.  J'ai comment vous dire eu l'impression que c'était vraiment trop intello, au détriment des émotions.
Les narrations et descriptions qu'elles soient artistiques ou scientifiques ont failli me perdre, et puis c'était lent, beaucoup trop lent, trop de longueurs.

Arrive la page 171 (et oui tout de même) et là cela se débloque et je suis éblouie par l'écriture.  On s'attache plus aux personnages, à leur psychologie (d'une façon remarquable) et aux relations humaines.

La perte d'un être cher et la complexité des sentiments et émotions sont magnifiquement décrites.
Le rôle intense de l'amitié, le soutien avec une plume pleine de justesse ont fait que je me suis attachée aux personnages, ils avaient plus d'ampleur.  J'ai vraiment apprécié cette partie.

Le dernier tiers est sombre, haletant, passionnant, c'est un vrai thriller qui nous est donné de suivre.  Il nous plonge dans les méandres et la complexité de l'esprit humain.

Je suis contente d'avoir fait cette découverte mais vous l'aurez compris, je reste un peu sur ma faim.
Il est vrai que je ne suis pas une référence, la littérature américaine n'est pas ma préférée, j'ai souvent du mal à "rentrer dedans" car c'est souvent lent, très lent, beaucoup trop de narrations à mon goût, ce qui m'empêche de m'attacher aux personnages et à l'histoire en temps que telle.

Je suis donc perplexe au terme de cette lecture commune partagée avec "Sur la route de Jostein", son avis se trouve ici, mais aussi contente de ne pas avoir abandonné.

Ma note est sévère : 6/10

Les jolies phrases

Je mentionnai les récits cachés dans ses tableaux et il répondit que, pour lui, les histoires étaient comme le sang irriguant un corps : les voies d'une vie. C'était une métaphore révélatrice, et je ne l'oubliai jamais.  En tant qu'artiste, Bill traquait l'invisible dans le visible.

Mais nous avons oublié, dit Lucille en se tournant vers moi, nous ne nous rappelons pas toujours ce que nous avons oublié ; par conséquent, se rappeler qu'on a oublié, ce n'est pas vraiment oublier, n'est-ce pas ?

L'oubli, dis-je, fait sans doute partie de notre vie autant que le souvenir.  Nous sommes tous amnésiques.

Nous sommes tous, je le suppose, les produits des joies et des peines de nos parents.  Leurs émotions sont inscrites en nous, tout autant que les caractères provenant de leurs gènes.

Il est comme à l'intérieur de moi, tu vois.  A moitié dedans, à moitié dehors, et je sais qu'il n'est pas vraiment vrai.

Comme tout le monde, Bill réécrivait sa vie.  Les souvenirs d'un homme mûr sont différents de ceux d'un jeune homme.

Je n'avais pas envie qu'elle s'en aille et pourtant, le fait qu'elle s'en aille avait desserré un verrou dans les mécanismes de notre couple.

Je crois que c'est pour ça que j'ai toujours aimé la peinture.  Quelqu'un peint un tableau dans le temps, mais, une fois qu'il est peint, le tableau reste au présent.

Toute correspondance est semée de perforations invisibles, les petits trous de ce qui n'est pas écrit mais qui est pensé et, le temps passant j'espérai avec ferveur que ce n'était pas un homme qui était absent de ces pages que je recevais chaque semaine.

Manger est notre plaisir et notre punition, notre bien et notre mal.

Je trouvais à la présence physique de Mark une qualité presque magique.  Du moment que je le regardais, je le croyais toujours.  La franche sincérité qu'exprimait son visage bannissait tous mes doutes, mais, dès qu'il se trouvait hors de vue, la sourde anxiété renaissait.
Chaque fois qu'un artiste meurt, son oeuvre commence lentement à remplacer son corps, devenant son substitut matériel dans le monde.

L'art dans son inutilité, résiste à l'incorporation dans le quotidien et, s'il a le moindre pouvoir, il paraît respirer la vie de la personne qui l'a créé.

Je suis sur des montagnes russes entre amour et haine, disait-elle.  C'est toujours le même parcours qui recommence indéfiniment.

La vie de Mark était une archéologie de fictions superposées, et j'avais à peine commencer à creuser.

Les mensonges sont toujours doubles : ce que l'on dit coexiste avec ce que l'on ne dit pas, mais qu'on aurait pu dire.

Un mensonge spectaculaire n'a pas besoin d'être parfait.  Il repose moins sur le talent du menteur que sur l'attente et les désirs de celui qui l'écoute.


Lecture dans le cadre de mon challenge PAL






Une lecture programmée en début d'année avec Sur la route de Jostein, son avis se trouve ici

jeudi 14 mai 2015

Un tout petit rien Camille Anseaume ♥♥♥♥♥

Un tout petit rien
Camille Anseaume





Kero
252 pages
17.00€
ISBN : 978-2-36-658083-9
e-book
11.99€
ISBN : 978-2-36-658084-6


Quatrième de couverture

« On n'a ni projets ni même le projet d'en avoir. Le plus gros engagement qu'on ait pris ensemble, c'était de se dire qu'on s'appellerait en fin de semaine. C'était quand même un mardi. On s'aime surtout à l'horizontale, et dans le noir, c'est le seul moment où on n'a plus peur de se faire peur, où on ose mélanger nos souffles sans redouter que l'autre se dise que ça va peut-être un peu vite. C'est beaucoup plus que sexuel, c'est beaucoup moins qu'amoureux. C'est nos culs entre deux chaises, c'est suffisant pour faire semblant de faire des bébés, pas pour en avoir. »

Avec un humour et une justesse remarquables, Un tout petit rien raconte l'histoire d'un choix. Le choix que fera une jeune femme enceinte de l'homme qui partage ses nuits, mais pas beaucoup plus. Un très joli roman, aussi intime qu'universel, sur le passage mouvementé d'une existence à une autre.


L'auteur

Camille Anseaume



Camille Anseaume est journaliste. Elle tient également le blog Café de filles, élu blog coup de cœur de la rédaction de Elle. Elle signe avec Un tout petit rien son premier roman.



Un tout petit rien, un petit livre de 240 pages dévoré en un rien de temps.

Un tout petit rien au fond de soi qui change tout.

Camille est enceinte suite à "un accident de capote", son compagnon de sexe ne veut absolument pas assumer et devenir père.  Elle prend la pilule du lendemain mais la vie a germé en elle.

Elle est confrontée à un choix.  Elle a douze semaines et vraiment du mal de trancher.

L'interruption volontaire de grossesse ou pas ?

Sa vie d'insouciance, ses projets ... ou un changement de cap et des responsabilités ?

Ecrit sous la forme de petits billets - Camille est blogueuse,  "café des filles", - cela se sent dans l'écriture vive, dynamique et moderne.  De courts chapitres comme des petits billets d'humeur.

Ce premier roman se lit d'une traite tant l'écriture énergique le porte.  Le style est pétillant, frais, énergique, rempli d'humour.  J'ai (sou)ri à de multiples reprises mais j'ai aussi eu le coeur chamboulé, les larmes aux yeux.

J'ai noté beaucoup de jolies phrases, mais le livre entier en est truffé.

un coup de coeur, très touchant vraiment réussi.

♥ Merci à Isabelle pour cette belle découverte. ♥


Les jolies phrases

Je voudrais ne pas avoir le choix.  Que l'avortement soit interdit ou obligatoire.

...j'aille manger dans un restaurant qui proposerait un plat unique, pour ne plus jamais de ma vie avoir à faire le moindre choix.

Et cette sensation qui n'allait pas me quitter celle de n'avoir jamais été aussi vide alors même que je n'avais jamais été aussi pleine.  J'étais pleine d'un vide au milieu duquel nageait l'infiniment petit.

Les seules choses très graves, c'est celles sur lesquelles on ne peut plus agir, c'est la mort.

Ils doutent que je doute, alors que je ne suis qu'un doute.

Ton père a été la première personne à savoir que j'étais enceinte.  Ta marraine la première à savoir que j'attendais un bébé.

Perle après perle, j'enfile des bouts de toi et construis une parcelle de ta peau.

Mais dans tout ça ce qui me rend le plus triste, c'est qu'il est déjà trop tard pour être une bonne mère dès le début.

Maintenant que je sais te conjuguer, je te dirai comme je t'ai attendue, comme je t'ai aimée depuis le début.  Notre début.

On me cache la souffrance de l'accouchement pour me laisser à ma douleur de mère seule.

Hier j'étais enceinte.  Aujourd'hui j'attends un bébé. Avant toi je croyais que tout ça voulait dire la même chose.

Sauf le respect que je te dois, tu ressembles quand même beaucoup à un têtard. Il y en a qui tombent amoureuses d'un crapaud qui devient prince charmant.  Je suis tombée raide dingue d'un têtard qui deviendra mon enfant.

Je crois qu'elle n'aime pas ma grossesse, mais qu'elle aime déjà mon bébé.

Elle est le noir, je suis le blanc, ou l'inverse. Il y a entre nous une sorte de contrat tacite qui veut que l'on ne ressente pas les mêmes choses en même temps.