dimanche 28 janvier 2024

La guerre des Lulus - 9. Lucas / Hautière et Hardoc

 La guerre des Lulus -  9. Lucas     /  Hautière et Hardoc

















Casterman
La guerre des Lulus
Parution : 15/11/2023
Scénario : Hautière
Dessin : Hardoc
Pages : 64
Isbn : 9782203224278
Prix : 13.95 €


Présentation de l'éditeur




Séparés à l’issue de la guerre, les Lulus vont-ils parvenir à se retrouver ?


Avril 1919. En attendant la signature du traité de paix qui mettra un terme définitif à la guerre, Luce, Luigi et Lucien partent à la recherche des autres Lulus. Ayant appris, à La Haye, que le bateau qui devait emporter Lucas en Angleterre a coulé, les trois amis se rendent au château d’Eijsden. C’est dans cette grande bâtisse, transformée en centre d’accueil pour les enfants réfugiés des zones occupées, que Lucas a d’abord séjourné, à son arrivée aux Pays-Bas. Refusant de croire à la mort de ce dernier, les trois Lulus espèrent qu’après avoir survécu au naufrage, Lucas est retourné dans ce refuge. Là-bas, à leur grande surprise, à la place de leur ami, c'est une lettre qui les attend…


Mon avis

Une série que j'adore depuis le premier tome.  On continue à savoir ce que sont devenus les Lulus après la guerre.  C'est le destin de Lucas qui va être éclairci dans ce volume.

Lucas qui en 1918 a 14 ans, avait été accueilli dans un château orphelinat à Eysden.  
C'est là qu'il va rencontrer Marie, une petite fille qui ne se laisse pas faire mais qui est le souffre douleur d'un groupe d'enfants néfastes; Raoul, Léon et surtout Agnès qui les dirige.   En voulant protéger Marie, il va se les mettre à dos.

Lucas est bien décidé à partir, il aurait pris un bateau et celui-ci aurait fait naufrage...

Les autres Lulus, Luce, Luigi et Lucien refusent cette nouvelle et se rendent à Eysden en 1919, une lettre de leur ami les attend.

On n'est pas au bout de nos surprises.  C'est toujours aussi bien réalisé, mettant en avant l'amitié qui unit et caractérise les Lulus.

Ma note : 9.5/10


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La série vue par Hautière et Cuvillier







vendredi 26 janvier 2024

Le café où vivent les souvenirs - Toshikazu Kawaguchi

Le café où vivent les souvenirs -  Toshikazu Kawaguchi





















Albin Michel
Parution : 2 novembre 2023
Traduit du japonais par Géraldine Oudin
Pages : 256
EAN : 9782226480972
Prix : 18.90 €


Présentation de l'éditeur


La saveur du passé peut transformer le présent…

Sur le flanc du mont Hakodate, au nord du Japon, le café Dona Dona est réputé pour sa vue imprenable sur le port de la ville. Mais surtout, comme au café Funiculi Funicula, à Tokyo, il est possible pour ses clients d’y vivre une expérience extraordinaire : voyager dans le passé, le temps d’une tasse de café.

On y rencontre Yayoi, une jeune fille qui en veut à ses parents défunts d’avoir fait d’elle une orpheline ; Todoroki, un comédien qui se languit de son épouse et de leurs rêves communs ; Reiko, submergée par la disparition de sa sœur ; Reiji, qui réalise trop tard à quel point il aime son amie d’enfance… Autant d’âmes sincères et émouvantes qui, en retrouvant un pan de leur passé, apprennent à regarder le présent autrement et à envisager l’avenir avec plus de sérénité.

Avec sa voix singulière et le talent de conteur qui ont fait son succès dans le monde entier, Toshikazu Kawaguchi signe un nouveau roman plein de sensibilité et de finesse, aussi réconfortant qu’un bon café chaud.

Mon avis

C'est le troisième de la série et c'est avec celui-ci que je découvre l'écriture de Toshikazu Kawaguchi, j'étais vraiment curieuse de découvrir son univers. Il n'est pas obligatoire d'avoir lu les précédents.

Nous sommes ici dans l'Hokkaido, au Nord du Japon, au bord du Mont Hakodate au café "Dona Dona".
Ce café a une particularité tout comme son homologue le célèvre "Funiculi Funicula" à Tokyo, c'est qu'il permet à certains de ces clients de voyager dans le temps.  Mais attention il y a des règles à respecter, on peut en effet retourner dans le passé si la personne que l'on veut retrouver est déjà venue au Dona Dona, il faut pour cela s'asseoir à une place précise et revenir avant que la tasse de café ne soit froide !  Une dernière consigne et elle est de taille, il ne sera pas possible de changer le cours des choses.

On va suivre l'histoire de quatre personnes, Yayoi qui a juste une photo dans ce café, elle est en colère contre ses parents de l'avoir laissée orpheline à peine âgée de six ans, elle veut dire sa colère. Todoroki, un artiste qui a rendu réalité les rêves de son épouse disparue.  Reiko triste de la disparition de sa soeur et enfin Reiji qui s'en veut de ne pas avoir déclarer sa flamme à son amie d'enfance.

Quatre récits, quatre parcours de vie, tous touchés par la mort, par le deuil et les regrets.  C'est ce sujet qui est abordé avec beaucoup de sensibilité et de finesse.  La plume bienveillante de Toshikazu Kawaguchi apporte la sérénité et le réconfort comme une bonne tasse de café chaud.

Un joli voyage, un petit livre qui fait du bien, on oublie le reste et j'ai bien envie de sortir les autres tomes de ma PAL.

Les jolies phrases

L'indécision détruit les gens de l'intérieur.

L'être humain est capable de surmonter toutes les épreuves, mais ses peurs le paralysent parfois. Plus elles sont dévorantes, plus il s'affaiblit. Heureusement, l'espoir rend plus fort, il donne la force de croire en l'avenir.

Reiji comprenait maintenant à quel point les petites joies du quotidien étaient précieuses et combien il avait de la chance d'être entouré de personnes qu'il aimait. On repousse parfois des choses au lendemain  sans se rendre compte que demain ne viendra peut-être jamais. 

Je suis convaincue que la mort ne doit pas nous rendre malheureux. Personne n'y échappe. Si elle devait nous plonger dans le désespoir, cela signifierait que nous sommes tous destinés à errer sur cette terre comme des âmes en peine. Ce n'est certainement pas le cas. C'est pour vivre heureux que nous naissons.

mercredi 24 janvier 2024

Les mots de Maud - Jean Jauniaux

Les mots de Maud - Jean Jauniaux











Meo
Parution : octobre 2023
Pages : 116
Isbn : 9782807004115
Prix : 15 €


Présentation de l'éditeur



Tour à tour écrivain public, «nègre» pour des auteurs connus et faiseur de roman de gares à succès inspirés par ses errances nocturnes parmi les clochards, Jean-Baptiste s’est retiré à Saint-Idesbald, petite station balnéaire de la côte belge. Il se remémore sa gloire littéraire, mais aussi ses ateliers d’écriture et les milliers de lettres et discours qu’il a composés pour d’autres.



Les souvenirs de son enfance solitaire l’assaillent : mère très tôt décédée, père veuf et dépressif ne s’adressant à lui que par dictons interposés et mots qu’il lui faisait chercher dans le dictionnaire.



La demande formulée par Maud, une inconnue en fin de vie, de
collaborer à un livre ultime éveille la mélancolie de celui qui déplore tous ces mots qu’il a galvaudés. Elle met le « faiseur de livres » face à « la pire des fautes professionnelles : l’émotion ».


L'auteur







Photo : Christian Lambiotte

Jean Jauniaux est né en 1954 à Haine-Saint-Paul (Hainaut, Belgique). Il a a passé son enfance à Ecaussinnes d’Enghien, village situé au cœur d’une région en déclin économique. Après des humanités gréco-latines à l’Athénée Royal de Mons, il a effectué des études de traduction et d’interprétariat à l’Ecole d’Interprètes Internationaux de l’Université de Mons. Il a choisi d’y étudier les langues russe (« pour lire « Crime et châtiment » en version originale)et espagnole (il a consacré son mémoire de fin d’études aux adaptations de « Don Quichotte », un ouvrage de plus de 300 pages d’analyse et un répertoire de plus de 700 adaptations dans tous les genres : théâtre, radio, roman, opéra, musique etc). Il a ensuite effectué à l’Institut National des Arts du Spectacle, une licence en réalisation Film-Radio-Télévision, se spécialisant dans le documentaire de création et ce qui s’appelait à l’époque le « cinéma vérité ». Il a consacré son mémoire de fin d’études au cinéaste Jean-Jacques Péché et à ses émissions « Faits-Divers ». Il a été réalisateur d’émissions de télévision à la télévision belge (dans le service « histoire » notamment) et responsable de programmes européens de soutien à l’audiovisuel et à la culture.

Il écrit des nouvelles, romans et scénarios de bande dessinée et de films documentaires. Il se consacre au journalisme culturel, à l’animation d’une revue littéraire et de rencontres littéraires. Il organise des ateliers d’écriture de nouvelles et de formation à l’interview radio. Il a publié trois recueils de nouvelles et un roman.

En juin 2009, le Secrétaire Perpétuel de l’Académie de langue et littérature de Belgique, Jacques De Decker lui demande de devenir le rédacteur en chef de la revue littéraire « MARGINALES », revue créée par le poète et romancier Albert Ayguesparse en 1945.

« Entre les lignes » : De septembre 2006 à septembre 2011, il crée et anime l’émission généraliste « Entre les lignes », une heure consacrée à l’actualité à travers le livre, la littérature, les essais, les rencontres avec des écrivains, des essayistes, des acteurs du monde culturel et de la société. L’émission a été diffusée tous les dimanche de 9h00 à 10h00 sur deux radios de proximité en Communauté Française de Belgique.

Depuis janvier 2009, il anime avec son complice Edmond Morrel un blog « web-radio » consacrée au livre et composée d’interviews exclusives d’écrivains, d’essayistes et d’auteurs de bandes dessinées, de metteurs en scène, de scénaristes, d’acteurs du monde culturel. A ce jour, plus de 800 rencontres sont en ligne à l’adresse www.espace-livres.be avec des interlocuteurs aussi variés que Michel Serres, Jean d’Ormesson, Tahar Ben Jelloun, Ken Follett, Gisèle Halimi, Albert Jacquart, Eric Orsenna, Stefan Hessel, Jacques De Decker, Amin Maalouf, Anne Nivat, Chékéba Hachémi, Gérard Chaliand, Matthieu Ricard etc.

Source : Ker éditions

Mon avis

Merci aux éditions Meo de rééditer ce roman publié en 2008 aux éditions Luce Wilquin, l'occasion pour moi de découvrir la plume de Jean Jauniaux dans un très beau roman.

C'est l'histoire de sa vie qui le hante depuis qu'il est gamin, l'histoire de son enfance solitaire avec ses amis de papier qu'il nous livre ici.

Jean-Baptiste a tour à tour été écrivain public, "nègre" pour écrivain à succès.  Après avoir écrit 26 romandegares , âgé de 60 ans, il s'installe à Saint Idesbald, une petite station balnéaire de la côte belge.  
C'est la solitude qui prédomine malgré la célébrité de son double.  Il aimerait à présent,  écrire des romansvrai.

Il se plonge dans ses souvenirs, la disparition de Claire (sa maman) lorsqu'il avait 4 ans, la froideur de son père Armand qui s'était juré de lire la bibliothèque au complet pour combler son chagrin, imposant de ce fait le silence à Jean-Baptiste.  Lui donnant pour baillon à ses questions, un dictionnaire. 

C'est alors pour lui la découverte des mots, l'importance de l'alphabet,  des livres, le début de sa relation particulière aux êtres d'encre et de papier.   Ensuite, la naissance de l'écrivain.

Jean-Baptiste se plonge alors dans ses archives où l'on trouve : des phrases pour vivre, des lettres écrites à lui-même, des lettres fictives (outil de l'écrivain).  Il retrouve sa BOUEE : Boîte à Outils de l'Ecrivain Ecrivant ou encore en fonction des jours ,  Boîte à Outils de l'Ennivrement par l'Ecriture.

Dans les tiroirs de sa BOUEE, il y a la Bible (la vérité sur les personnages)  les pastels, les haïkus, carnets, instamatics mais aussi la rubrique Epistolia.  Epistolia et ses différentes correspondances dont celle échangée avec Maud qui fait le lien avec le titre de ce très beau roman. 

Tout prend son sens,  tout se lie , la quête de l'écriture du roman, la solitude de Jean-Baptiste et enfin l'accomplissement du deuil de son enfance.

Une très jolie plume, touchante, émouvante.  Les phrases sont simples, très poétiques.  C'est beau.

Ma note : 9.5/10


Les jolies phrases 

Les mots peuvent-ils s'approprier le vertige du silence ? Sans s'y engloutir ?  Sans y disparaître à jamais, avalés par le gouffre ? 

Ah ! tous ces être et avoir jetés à la poubelle, toutes ces répétitions qu'il éradiquait de ligne en ligne, de phrase en phrase, tous ces adverbes éléphantesques;  Ils rempliraient, à les faire dégorger tant et plus, des bibiliothèques entières !

Il n'espérait pas la rencontrer. Au contraire.  il savait que ce qui s'écrivait entre eux cesserait d'exister s'ils se voyaient, s'ils se parlaient;

Une dizaine de feuillets là où il en aurait fallu des milliers.  Comment dire à celle que l'on aime qu'aucun amour, aussi fort soit-il, ne pourra la sauver ?  Comment lui dire que, sous le poids d'un tel amour, la mort sera encore plus injuste, encore plus douloureuse ?  Comment lui dire l'absurde injustice de cette agonie annoncée qui survenait à l'exact instant où l'un et l'autre semblaient entrer dans la lumière des choses ? 

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dimanche 21 janvier 2024

La bête 2 - Zidrou - Frank Pé


La bête 2 - Zidrou - Frank Pé











Dupuis
Parution : 13/10/2023
Pages : 208
Scénario : Zidro
Dessin : Frank Pé
Isbn : 9791034738229
Prix : 35 €


Présentation de l'éditeur

Belgique, années 50. Un étrange singe jaune à pois noirs et à la queue démesurée s'échappe d'un cargo à Anvers pour s'enfuir vers Bruxelles. Là, la bête sauvage est recueillie par François, un gamin fan de faune, avant d'être attrapée par la fourrière. Mais le jeune garçon est bien décidé à libérer son nouvel ami et à l'emmener avec lui chez son père en Allemagne. Il ne sait pas que la bestiole fabuleuse est également convoitée par le professeur Sneutvelmans, un expert en cryptozoologie persuadé d'avoir mis la main sur le légendaire Cola-Cola !

Dans ce roman graphique en deux parties, Frank Pé et Zidrou rendent un magnifique hommage à l'animal fabuleux créé par Franquin.
Une aventure dont le cœur est l'amitié extraordinaire qui peut unir un enfant à un animal.


Zidrou








Né en 1962 à Bruxelles, Benoît Drousie, dit Zidrou, suit des études d'instituteur et enseigne durant six ans. Assez vite, sa plume le taquine. Il écrit des chansons pour enfants, s'essaie à l'écriture dans le journal Tremplin. C'est dans ce périodique que paraît une première version de "L'élève Ducobu", dessiné par Godi. En 1991, il fait ses débuts aux Éditions Dupuis en tant que scénariste pour De Brab dans le numéro spécial de Noël de Spirou. L'année suivante, il se lie avec Falzar et les compères commencent à écrire d'innombrables projets de scénarios. Pour De Brab, ils imaginent les tribulations de "Margot et Oscar Pluche", qui connaîtra une suite sous le nom de "Sac à Puces". Zidrou a le pied à l'étrier et il passe rapidement du trot au galop. À partir de 1993, il devient l'un des scénaristes les plus prolifiques du journal Spirou : animations, histoires courtes, gags, et bientôt des séries. Coup sur coup, il entame "Les Crannibales" avec Fournier , "Le Boss" avec Bercovici, "Tamara" avec Darasse. Aux Éditions du Lombard, "L'élève Ducobu" s'impose comme un véritable best-seller. Les tribulations de ce cancre sympathique, certainement inspiré par les années passées à enseigner, séduisent un très large public et révèlent Zidrou comme un gagman de choix. Dix ans après ses débuts, le scénariste a l'envie d'explorer des pistes plus adultes. Il écrit plusieurs scénarios, sombres, qui dans un premier temps ne reçoivent qu'un écho restreint. En 2009 et 2010, Dupuis publie deux recueils de ses nouvelles en bande dessinée qui remettent en lumière cette face méconnue de son inspiration. En 2010 toujours, Zidrou écrit pour Jordi Lafebre "Lydie" (chez Dargaud), une poignante histoire de famille qui est unanimement acclamée. Depuis cette réussite, Zidrou se partage entre des séries familiales humoristiques et des histoires plus tortueuses, parvenant toujours à ajouter beaucoup d'humanité à ses récits, quelque ce soit le genre abordé.



Après avoir été enseignant, Zidrou s'est tout entier consacré à l'écriture de scénario. Qui veuille faire rire ou qu'il souhaite émouvoir, c'est toujours avec le même appétit que le scénariste belge imagine des récits emprunts d'une forte humanité.

Source : https://www.dupuis.com/auteurbd/zidrou/120

Frank Pé




Né le 15 juillet 1956 à Ixelles, Frank Pé suit une formation artistique à l'Institut Saint-Luc puis au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Dès l'âge de 19 ans, il entame une collaboration avec Le Journal Spirou, signant par exemple, en 1977, le récit d'aventures exotiques Comme un animal en cage, sur un scénario de Terence – alias Thierry Martens, alors rédacteur en chef de l'incontournable hebdomadaire.

C'est pour ce même magazine qu'il crée ensuite Broussaille, personnage proposant un regard personnel, poétique et philosophique sur la nature. « Broussaille », réalisé avec le scénariste Bom, se déploie ensuite sur des albums devenus aussi mythiques que Les Baleines publiques, Les Sculpteurs de lumière, La Nuit du chat, Sous deux Soleils ou Un faune sur l'épaule... « Broussaille », publié de 1987 à 2003, a obtenu une douzaine de prix dont l'Alph'Art du public au festival d'Angoulême (1990). En parallèle, Frank développe, de 1981 à 1986, le personnage de L'Elan en mini-strips pour Spirou avant de créer le collectif « Entre Chats » (1989) pour les Éditions Delcourt avec des dessins de Franquin, Hausman, Wendling ou encore Cabanes.

À la demande de la ville de Bruxelles, Frank Pé réalise, en 1991, la première fresque du parcours BD, à deux pas de la Grand Place. En 1993, il ébauche la série Matsu pour l'éditeur japonais Kodansha. Le Japon devient alors un lieu d'inspiration et de visites répétées.

C'est en 1994 que sort le premier tome de la trilogie « Zoo », une histoire de plus de 200 pages, dans la prestigieuse collection Aire Libre. Accompagné du scénariste Bonifay, Frank va élaborer, pendant plus de 15 ans, l'univers animalier foisonnant d'un étrange zoo, dernier havre de paix dans la fureur de la Grande guerre. « Zoo », somptueuse réussite graphique où Frank clame tout son amour de la gent animalière, donne lieu à des centaines d'illustrations, de performances et spectacles dessinés, mais aussi d'expositions en tous genres.

Les expositions constituent d'ailleurs une grande partie de l'activité créative de Frank Pé, puisque l'Australie, les USA, Hong Kong et le Japon (notamment!) ont accueilli ses œuvres. En 2010, Frank participe ainsi à un spectacle dessiné dans le cadre de l'Exposition universelle de Shanghai. Cette même année il réalise la prestigieuse exposition « Frank Pé explore Mucha » au château d'Emines, qui sera ensuite montée à Prague. En public, lors de salons ou d'expositions, il s'est spécialisé dans la réalisation de fresques animalières improvisées en direct, parfois de grande taille, comme par exemple à Han, avec une œuvre de 23 sur 2,50 mètres... Régulièrement exposé à la Galerie Champaka (à Bruxelles) et à la Galerie du 9° Art (à Paris) Frank Pé a également été accueilli par les salons Brafa et Arts Paris. Ses œuvres sont en outre régulièrement proposées aux ventes Sotheby's, Christie's, Artcurial, et Heritage. Il a également créé des bronzes animaliers commercialisés par l'asbl Sur la pointe du pinceau.

Frank travaille également dans le domaine de l'animation. Engagé comme character designer par la Warner Bros américaine à partir de 1996, il travaille sur « Excalibur ». Il collabore ensuite avec Cartoon Film, à Berlin, sur les films « L'île mystérieuse » (« L'ours Plume » 2 ») et « Dodo ». En 2012 c'est avec nWave qu'il travaille sur « Robinson Crusoé ».

Autre flèche d'un carquois qui semble sans fond : Frank assouvit sa passion des animaux en collaborant régulièrement avec des zoos et parcs animaliers, dont le Parc Pairi Daiza pour lequel il a créé la scénographie de l'Indonésie et du parc à éléphants. Les Zoos de Vincennes, Montpellier, Amiens ou encore Anvers, ont également eu recours à ses services. A titre privé, Frank Pé a élevé par le passé nombre de reptiles et poissons de grande taille, dont 19 crocodiles ! Depuis quelques années, il travaille à la création d'un projet très personnel : l'Animalium, un parc animalier dédié à l'art animalier.

En bande dessinée, on doit récemment à Frank Pé une reprise des « Aventures de Spirou et Fantasio », intitulée La lumière de Bornéo, sur un scénario de Zidrou. Le même duo récidive en 2020 sur « La bête », un étourdissant album du Marsupilami ! Frank Pé sort cette même année une exploration ludique du Little Nemo de Winsor Mc Cay, toujours aux Éditions Dupuis, ainsi qu'un Art book - « Une vie en dessins » - aux Éditions Champaka.

Magicien du dessin, Frank Pé est de ceux qui vous font partir pour un étourdissant voyage dès la première page. Avec des œuvres devenues aussi mythiques que « Broussaille » (avec Bom) ou « Zoo » (avec Bonifay), l'auteur pourrait se reposer sur ses lauriers. Il préfère repousser sans cesse ses limites graphiques, se frottant à Spirou (La lumière de Bornéo), au Marsupilami (La bête) ou encore et à Little Nemo tout en réalisant de stupéfiantes fresques et expositions, où explose souvent sa passion des animaux.


Source : https://www.dupuis.com/auteurbd/frank/5

Mon avis

Attention coup de coeur absolu.

Voici le second et dernier volet de ce magnifique album signé Zidrou et Frank Pé.  Quel régal ! 
Zidrou au scénario et Frank Pé  rendent ici un magnifique hommage à Franquin et à son personnage le Marsupilami.

Souvenez-vous dans le premier volet, un drôle d'animal, un genre de singe jaune à pois avec une très longue queue s'était fait la malle d'un navire en provenance de Palombie.  Nous sommes à Anvers dans les années 50.  François Van Den Bosche, un petit garçon qui vit avec sa maman Jeanne, l'a recueilli, sa maison c'est un peu l'arche de Noé !!!  Il y a Marquis le marcassin, Zat le cheval alcoolique et maintenant ce drôle d'animal qu'il surnomme "Lange Staart" pour désigner sa longue queue ...

Fin du premier tome, "Lange staart" alias Marsupilami a été emmené à la fourrière pour rejoindre le zoo.

François ne l'entend pas de cette oreille.  Il veut le libérer et partir en Allemagne à la rencontre de son père.  François va avoir un renfort inattendu pour cette mission.  

Ses ennemis d'école, pas toujours sympas avec lui, le surnommant Franz le Boche à cause de l'absence de son père allemand ne sont peut-être pas si mauvais que ça.  

Commence alors une course poursuite burlesque à travers la Belgique :  Bora et le professeur Sneutvelmans qui veulent à tout prix récupérer le Marsupilami mais aussi Jeanne qui avec l'aide du tendre professeur Boniface ( tiens tiens il ressemble fort à Franquin lui !)  se dirigent vers un Bruxelles magnifique.

On y retrouve pour notre plus grand plaisir l'univers de Franquin,  c'est plein de clins d'yeux, au niveau du dessin, de l'univers, des personnages.  Bruxelles est magnifique, les trams, les magasins Waucquez, les personnages truculents. Frank Pé nous donne le meilleur, un univers qu'il s'approprie un peu, qu'il modernise tout en respectant l'état d'esprit des personnages. C'est du grand art.  Les dialogues ne sont pas sans reste , Zidrou nous régale avec des expressions "Brusselleires"  , rassurez-vous amis français, il y a un glossaire à la fin. 

C'est un magnifique album , un grand  format sur papier de qualité, les couleurs tendres d'Elvire de Cock complètent cette petite merveille.  

Une belle histoire d'amitié.

Immense coup de coeur.

Les jolies phrases

Le courage, Franz, parfois cela consiste à accepter les choses telles qu'elles sont.

Parce qu'on nous a fait souffrir, ça nous donne le droit de faire souffrir les autres ?



J'ai lu aussi

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Pour Zidrou, je l'adore  et j'ai vraiment lu beaucoup de titres, le plus simple, cliquez ici pour avoir accès vers tous les articles.

samedi 20 janvier 2024

Feu le vieux monde - Sophie Vandeveugle

 Feu le vieux monde     -   Sophie Vandeveugle













Denoël
Parution : 10 mai 2023
Pages : 176
Isbn : 9782207178157
Prix : 17 €


Présentation de l'éditeur

« L’aube s’ouvrit sur un ciel de fumée. La ville, entourée de collines qui la regardaient, semblait bien frêle là-dessous, presque prise en étau, et n’avait plus pour horizon que ce ciel anthracite qui, à mesure que se levait un soleil de feu, s’orangeait. »

La petite ville de Bas-les-Monts a subi la mobilisation de ses jeunes et vit, depuis, au rythme des avions et sous la menace.
L’ennemi est d’une inhabituelle envergure, la ligne de front se déplace au gré des vents : en ce nouvel été caniculaire, ce sont d’effroyables incendies que les appelés combattent. Séparés de leurs familles, Nino, Joseph, le Moineau et les autres découvrent la camaraderie de la troupe et les limites de la docilité. Sous les frondaisons de la forêt suppliciée, le règne animal paie lui aussi un lourd tribut à cette guerre moderne…
Ardente et engagée, cette fable confie à la jeunesse la capacité de lucidité, le pouvoir de l’indignation et la volonté d’inventer l’avenir.

L'autrice

Née à Tournai en 1998, diplômée en lettres, aujourd’hui étudiante en journalisme, Sophie Vandeveugle est une autrice belge.
Elle a remporté en 2021 le Prix Jeune Audiberti pour sa nouvelle "D’une nuit l’autre", et le Prix Fintro 2023 en littérature francophone pour son premier roman "Feu le vieux monde".
Elle vit à Tournai.



Mon avis

Découverte d'un talent, une claque à la réalité de notre société. Sophie Vandeveugle est Tournaisienne, elle a 25 ans, c'est son premier roman et quel roman, quelle plume !

Nous sommes à Bas-Les-Monts, une petite ville qui vit sous la menace.  Des avions passent, c'est la guerre... Les jeunes de 18 à 40 ans ont été mobilisés.  C'est Montiel qui dirige une vingtaine de jeunes dont Nino, Joseph, le Moineau et trois camions.  La menace c'est l'été, la belle saison que l'on craint aujourd'hui tellement les températures montent, la menace c'est le feu que l'on traque, que l'on essaie de vaincre tout autour de la ville espérant qu'il ne la gagne pas. 

Les incendies font rage, la ligne de front se déplace sans cesse au gré des vents.  Le feu laisse peu de répit à ces jeunes qui apprennent à se connaître, mesurant les limites de chacun. Les femmes ne sont pas sans reste, certaines s'engagent, d'autres organisent la résistance, apportent des vivres aux soldats du feu.

Ce récit c'est un peu la révolte de l'état de notre monde, une façon de faire de la résistance, de dénoncer les nombreux travers de notre société.  Si le monde part en fumée c'est aussi et surtout le faute de l'homme qui ne respecte pas toujours le vivant, qui au prix d'élevage intensif déboise, fait de la culture intensive, tue petit à petit les ressources de dame la terre. 

Une écriture engagée sur le constat de l'état de notre monde, une façon de dire la révolte mais aussi de susciter des réflexions pour que l'on agisse, que l'on change le vieux monde en autre chose.  Une prise de conscience , l'envie de réinventer un avenir;  C'est lucide, dur, très dur mais tellement réaliste.  Dire, constater ce que font nos politiques est une chose mais c'est agir, changer de stratégie que nous souffle ce magnifique premier roman.

L'écriture est magnifique, oserais-je dire flamboyante, ardente.  Un texte fort à découvrir d'urgence.  Essentiel.

Ma note : 9.5/10



Les jolies phrases



L’aube s’ouvrit sur un ciel de fumée. La ville, entouré de collines qui la regardaient, semblait bien frêle là-dessous, presque prise en étau, et n’avait plus pour horizon que ce ciel anthracite qui, à mesure que se levait un soleil de feu, s’orangeait. Sous l’épais nuage, les monts s’alignaient, couverts de bois et de champs qu’interrompaient par endroits quelques fermes isolées ; on aurait dit une longue mer immobile d’où surgissaient de hautes vagues sans jamais chuter sur l’écume florissante. La nuit, sans crainte des voleurs, toutes fenêtres ouvertes, avait été longue : depuis plusieurs semaines il ne pleuvait pas et demeurait, impitoyable, une chaleur de désert qui gardait l’air toujours brûlant et sec. Une chaleur à coller, à suer au moindre effort et à ne rien faire, aussi. L’herbe partout où l’on y marchait craquait, semblait sur le point de s’émietter, jaune et courte : les premiers volets des bâtisses de Bas-les-Monts s’ouvrirent sur des balcons et des parterres où fanaient les fleurs, tête basse, que l’on ne pouvait plus arroser.

Le ciel était toujours opaque, il ressemblait aux poumons encrassés des fumeurs de longue durée et Bas-les-monts n'en paraissaient que plus vulnérable.  

Les feux brûlaient davantage que les terres, il brûlait un monde : les vies par milliers se changeaient en une fumée recouvrant les villes, comme pour rappeler à la multitude humaine le massacre qui avait cours là-bas, sans certitude qu’elle comprenne jamais quoi que ce soit – parmi ceux qui s’apitoyaient sur le sort des êtres qu’ils appelaient « bête », combien se moquaient des morts moins spectaculaires, ou plus dissimulées ? Combien, à la justice, préfèrent la complaisance ? Aux yeux des hommes, il n’est souvent de victimes, de martyrs, que celles et ceux sous les projecteurs.

La ville pouvait bien regarder où elle voulait, partout le ciel l'enrobait d'une perpétuelle couche fumeuse qui semblait lui dire : "Regarde, ville : à tes usines fumantes, faux poumons d'acier aux alvéoles d'argent, ont succédé les feux de tes grandes espérances de vie;  Regarde, ville : tes forêts brûlent comme ont trop brûlé tes usines et les corps par milliards, l'air partout ne sera bientôt plus que touffeur et les cieux, cendre."

Travailler, toujours travailler...  Au fond, ce n'est pas le travail qui me dérange, c'est que ce soit une condition pour vivre, mais même pas une garantie d'y arriver dignement.  Et le fait aussi qu'il n'importe pas que ça ait du sens, du moment que ça rapporte. Enfin, pas à nous, naturellement.

Souvent, aussi, je me dis que c'est à force de devoir travailler, gagner de l'argent pour vivre, pour manger, que les gens n'ont plus le temps de réfléchir. 





mardi 16 janvier 2024

Adèle - Dominique Van Cotthem ♥♥♥♥♥

 Adèle - Dominique Van Cotthem   ♥♥♥♥♥




























Genèse 
Parution : 14/01/2022
Pages : 288
Isbn : 9782382010112
Prix : 22.50 €

Présentation de l'éditeur



Lorsqu’il achète le château abandonné de Mesvin, Guillaume découvre une vieille photographie dans le garde-manger. Il s’agit de l’épouse d’un ancien propriétaire du domaine viticole. Il est touché par la jeune femme descendant un escalier et cachant son visage du revers de la main. D’elle, il ne sait rien, mais cette femme a fait l’objet de terribles rumeurs. On l’a accusée de crimes, on l’a jugée adultère, on l’a maudite, on l’a exclue.

En achetant le château de Mesvin, Guillaume a aussi acheté son histoire. Intrigué par Adèle de Brizan du Puy, il s’engage dans une longue enquête à l’issue de laquelle le lecteur découvre l’envers du décor : une jolie villageoise prise au piège entre un mari violent et une belle-mère manipulatrice et sans scrupules. Victime des secrets les plus honteux du château, prise au piège, Adèle veut survivre. Mais à quel prix ?


Dominique Van Cotthem





En 2017, Dominique Van Cotthem a été lauréate du concours Femme Actuelle pour son premier roman Le sang d’une autre (Nouveaux Auteurs et Pocket), couronné par le Prix Coup de cœur des lectrices. Son deuxième roman, Adèle, publié en 2021 chez Genèse Édition, est finaliste de plusieurs prix littéraires et a reçu les plus beaux éloges de ses milliers de lecteurs.






Mon avis

Attention coup de coeurCe roman est juste incroyable, je vous préviens, une fois commencé, impossible d'en sortir. C'est un véritable page turner, intelligent, bien construit et rempli de surprises.


Dans le prologue, un élément déterminant. Antoine Griset découvre le corps d’une jeune femme le 12 avril 1946.

En 2014, l’homme qui a acheté le château abandonné de Mesvin, trouve une photo sous le lino d'un placard de la cuisine, celle d'une femme descendant un escalier en se cachant le visage. C'est lui qui va nous faire découvrir l'histoire d'une femme forte, libre qui en a bavé, l'histoire d'Adèle.

Adèle Gentil est blanchisseuse lorsqu'elle rencontre le Comte Jean-Mathieu de Brizan. Un mariage d'amour est célébré le 17 juillet 1937, Adèle a 18 ans. Adèle s'installe au château de Mesvin, mais la Comtesse mère, manipulatrice ne l'acceptera jamais, elle la méprise, l'ignore.

Peu à peu le conte de fée vire au cauchemar, Jean-Matthieu devient violent, Adèle est sous emprise.

Pour Adèle, c’est un véritable choc de classe. Elle doit tenir son rang va être éduquée par un percepteur, et elle aime cela. Elle s'ouvre au monde et un jour découvre les vignes abandonnées par un ancêtre. Elle y trouve refuge. C’est son échappatoire, elle se met en tête de faire renaître les vignobles et de créer un grand vin, un argument convaincant car il apporterait renommée et revenus au domaine.

La découverte du cadavre annoncée en prologue va faire basculer ce destin tragique.

C'est un roman à tiroirs, excessivement bien construit que nous propose Dominique Van Cotthem, drame psychologique, analyse sociologique mais aussi enquête policière.

La construction est parfaite, l'écriture est juste addictive, c'est un vrai page turner.

Chaque personnage est abouti, fouillé, même les personnages dits secondaires. Des personnages attachants dont Dominique cerne parfaitement la psychologie et décrit la profondeur de l'âme humaine.

On comprend bien le jeu du pouvoir et de l'emprise, pourquoi il n'est pas si simple d'en sortir lorsqu'on le vit de l'intérieur, c'est une des forces du roman mais le suspense aussi est maître. J'ai aimé être baladée, que les pistes se brouillent et que jusqu'au bout règnent le mystère et les retournements de situation.

C'est un grand livre, un très beau voyage dans le temps, une fresque sociale du Borinage dans les années 30-40. C'est aussi avant tout le portrait d'une femme forte, libre. Passionnée par la terre, les vignes. Croyez-moi, vous n’êtes pas au bout de vos surprises !



Lisez-le, ce roman est juste superbe.


Un immense coup de coeur ♥♥♥♥♥




Les jolies phrases

Parfois, une vie peut être longue, même si elle compte peu d'années.  Tout dépend de ses drames, ce sont eux qui étirent les jours.  Quant au poids d'une existence, il se mesure en douleurs, hélas, inexorablement. Le bonheur, lui, est un ensemble de légèreté, une bulle d'air parfumée, un impalpable souffle salutaire.

Vous savez, Madame, je ne suis ni aveugle ni sourde et si je suis muette, c'est uniquement par nécessité.  Une gouvernante a des devoirs, celui de se maîtriser en fait partie.  Il n'empêche, j'ai mes opinions.

Le puzzle commençait à prendre forme.  Les contours placés définissaient le tri des pièces à poser à l'intérieur en partant du bas. Les emboîter une à une, en remontant peu à peu vers le haut, recréer l'image entière du ou des coupables.

Pour renaître, il faut avoir en amont avoir vécu. Il faut avoir frôlé la mort, respiré son odeur, entendu son ricanement. Un retour est toujours le fruit d'un départ et un départ est toujours la graine d'un choix.

Les adieux déchirent, les adieux émiettent, les adieux décousent l'assemblage d'une vie.

L'héroïsme se mesure avant tout à la conséquence du geste posé.

Je compris ce jour-là que l’identité propre d’une femme se résume à son prénom, son nom étant toujours celui d’un homme.

Toujours est-il qu'accuser un puissant revient à se mettre en danger. 

Du même auteur j'ai lu

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dimanche 14 janvier 2024

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

 Ils ont rejoint mon Himalaya à lire





Voici les derniers arrivés. On commence par les belges.  Une question que je me pose souvent ;

Dans quel monde on vit  -  Ralph Vendôme

























Meo
Nouvelles
Parution : janvier 2024
Pages : 132
ISBN: 978-2-8070-0416-0
Prix : 16 €

Présentation de l'éditeur



Dans quel monde on vit…

Une femme révèle à ses enfants qu’une autre vie était possible, sans maternité. Un patron charismatique applique une notion particulière de la logique industrielle. Une jeune fille ne sait plus à quelle morale se vouer, qui sont les bons et qui les méchants.



Dans quel monde on vit…

Les artistes contemporains reculent plus loin encore les frontières de l’absurde.

La dictature est une affaire de famille.

Le routier se pend après avoir entraîné son camion sur une pente honteuse.

L’ange d’affaires retourne sa veste côté démon.



Dans quel monde on vit n’est pas une question, c’est un constat.

Ces onze nouvelles orientent le projecteur de manière à créer d’immenses ombres au tableau.

Chez le même éditeur, Meo, que je remercie

Seul & seule -  Michel Ducobu



















Meo
Parution : janvier 2024
Pages : 144
ISBN: 978-2-8070-0419-1
Prix : 17 €

Présentation de l'éditeur



Ils ont la vie derrière eux, du moins le croient-ils. L’un et l’autre ont choisi la solitude comme viatique pour la route qu’il leur reste à suivre. Par commodité pour lui, par défaut pour elle.



Le hasard ou le destin, même si les deux solitaires ne font aucunement confiance à ces génies de l’inconnu, vont néanmoins s’intéresser à eux. Avec un peu de compassion, un rien d’humour et une bonne dose de cruauté, selon la règle.



La vie devant soi sera-t-elle plus forte que l’envie ou le mal de vivre ?

La misanthropie de l’homme désabusé, la misandrie de la femme blessée peuvent-elles se dissoudre dans l’amour ?



Un défi, une expérience ultime, un sursaut sentimental les aideront peut-être à surmonter leur indifférence, à vaincre leur résistance.



SEUL et SEULE deviendraient ainsi, par la force tranquille des choses humaines, d’humbles héros d’une histoire à la fois banale et déroutante..


Chez Les Impressions Nouvelles, un premier roman à découvrir

Ça brille encore - Bénédicte Lotoko



















Les impressions nouvelles
Parution : janvier 2024
Pages : 192
Isbn : 978-2-39070-103-3
Prix : 18 €


Présentation de l'éditeur



Fille unique d’un père fou et d’une mère absente, Clotilde a trouvé dans sa chambre envahie de livres un abri à ses tourments. Livrée à elle-même depuis l’enfance par son père, blanc, issu d’une riche famille belge, Clotilde cherche, à travers la littérature, à combler le vide laissé par sa mère noire et congolaise.

Mais en ce début d’été, un coup de foudre la surprend et son équilibre vacille. Les Fragments d’un discours amoureux accompagnent sa dérive dans les rues et les places de sa ville natale, Bruxelles.

De quartier en quartier, elle erre, en quête d’amour et de ses origines. Les hommes et les femmes qu’elle rencontre la maintiennent debout. Jusqu’à quand ?

« Je veux être l’élue, la mère, la pute, la copine, la salope, la pote, la pire et la meilleure, le plan cul, la baise d’un soir, l’amour d’une vie. J’attends l’amour de mes rêves, il peut venir, je suis prête. Féministe ou pas, j’attends la douceur et la fièvre, le prince Disney, l’amant à la Duras. J’attends qu’il glisse un numéro de téléphone, un regard, me sauve de mes nuits littéraires et solitaires. Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et du lit au lit, mes gestes ont trop de plaies, mon monde est trop confit, une saleté de cerise collante sans gâteau ni bougies. »

Rencontrée lors d'un goûter de Noël oragnisé par Livraison de mots, suis trop contente de découvrir la plume de Floriane Joseph

Les vivants sont des rois  -  Floriane Joseph





















Michel Lafon
Parution : 11/04/2024
Pages : 192
Isbn : 9782749952383
Prix : 17.95 €

Présentation de l'éditeur



Le talent de Floriane Joseph, nouvelle voix de la littérature française, qui signe un roman générationnel, poétique et profond. Une magnifique réflexion sur l'existence.

Six amis d'enfance se retrouvent, le temps d'une soirée. Joris, Katia, Mathieu, Line, Calypso et Hector ne se sont pas revus depuis la Tragédie. Mais cette nuit, à l'aube de tous les possibles, ils décident de tout oublier – passé, remords, regrets, absence – et de laisser l'ivresse les emporter, leurs liens se révéler, se nouer, ou se défaire comme un adieu à l'enfance qui, déjà, s'enfuit. Car ceux qui sont bel et bien là ont le devoir de régner sur la vie en rois...

Le suivant me tente énormément, j'adore quand l'art s'immisce dans la littérature

Les yeux de Mona  -  Thomas Schlesser





















Albin Michel
Parution : 1/2/24
Pages : 496 
EAN : 9782226487162
Prix : 22.90 €


Présentation de l'éditeur



Cinquante-deux semaines : c’est le temps qu’il reste à Mona pour découvrir toute la beauté du monde.

C’est le temps que s’est donné son grand-père, un homme érudit et fantasque, pour l’initier, chaque mercredi après l’école, à une œuvre d’art, avant qu’elle ne perde, peut-être pour toujours, l’usage de ses yeux.

Ensemble, ils vont sillonner le Louvre, Orsay et Beaubourg. 

Ensemble, ils vont s’émerveiller, s’émouvoir, s’interroger, happés par le spectacle d’un tableau ou d’une sculpture. Empruntant les regards de Botticelli, Vermeer, Goya, Courbet, Claudel, Kahlo ou Basquiat, Mona découvre le pouvoir de l’art et apprend le don, le doute, la mélancolie ou la révolte, un précieux trésor que son grand-père souhaite inscrire en elle à jamais.

Grand roman d’initiation à l’art et à la vie, histoire d’une relation solaire entre une petite fille et son grand-père, Les Yeux de Mona connaît un destin fabuleux : traduit dans plus de vingt pays avant même sa parution en France, c’est un phénomène international.



Sélectionné pour le Grand Prix RTL-Lire Magazine Littéraire 2024.

Et on termine par une parution chez Denoël

La disparition d'Hervé Snout  -   Olivier Bordaçarre





























Editions Denoël
Collection sueurs froides
Parution : 17 janvier 2024
Pages : 368
EAN : 9782207178676
Prix : 21 €


Présentation de l'éditeur

Odile Snout s’affaire dans la cuisine de son pavillon cossu. Le bœuf bourguignon qui a mijoté toute la journée est prêt. Avec ses deux adolescents, elle attend son époux, dont on fête ce soir-là l’anniversaire. Les heures passent et Hervé ne se montre pas. Quelque chose ne tourne pas rond chez les Snout et l’angoisse commence à monter.
Le lendemain matin, à la gendarmerie, le lieutenant ne semble pas inquiet. Hervé finira par rentrer chez lui, et reprendre son travail.
On a bien le droit de disparaître.

Dans sa langue incisive d’où émerge une poésie du quotidien, Olivier Bordaçarre brosse une analyse glaçante du monde du travail, du couple et de la vide de la famille.



samedi 13 janvier 2024

La langue des choses cachées - Cécile Coulon ♥♥♥♥♥

 La langue des choses cachées - Cécile Coulon  ♥♥♥♥♥











L'iconoclaste
Parution : 11 janvier 2024
Pages : 144
Isbn : 9782378804046
Prix : 17.90 €


Présentation de l'éditeur

À la tombée du jour, un jeune guérisseur se rend dans un village reculé. Sa mère lui a toujours dit : " Ne laisse jamais de traces de ton passage. " Il obéit toujours à sa mère. Sauf cette nuit-là.


Cécile Coulon explore dans ce roman des thèmes universels : la force
poétique de la nature et la noirceur des hommes. Elle est l'autrice
de Une bête au Paradis, Prix littéraire du Monde, Trois saisons d'orage, prix des Libraires, et du recueil de poèmes Les Ronces, prix Apollinaire.
Avec La Langue des choses cachées, ses talents de romancière et
de poétesse se mêlent dans une oeuvre littéraire exceptionnelle.

Cécile Coulon










Originaire de Clermont-Ferrand, Cécile Coulon publie son premier livre à seize ans. Depuis, elle ne cesse de nous surprendre, de nous émerveiller. En quelques années, elle a publié sept romans dont Une bête
au paradis, un grand succès de librairie, récompensé par le prix littéraire du Monde, et deux recueils de poèmes dont l’un, Les Ronces a reçu le prix Apollinaire en 2018. Cécile Coulon est également éditrice à l’Iconopop, une collection de textes brefs et poétiques à l’Iconoclaste.

Mon avis


Un jeune homme arrive à la tombée du jour dans le petit village reculé "Le fond du Puits", c'est sa mère qu'on avait appelé mais celle-ci trop vieille envoie son fils pour la première fois.

Il est nommé "coupeur de feu", "guérisseur", "rebouteux", "sorcier", il porte le don transmis de mère en fils, celui d'entendre la langue cachée des choses et de rétablir l'équilibre des choses. Il est celui que l'on appelle lorsque les hommes ne savent pas trop où demander de l'aide.

Jusque-là, son rôle était d'observer sa mère, apprendre les gestes qui soignent, réparent ce que les hommes ont abîmé, accompagner la mort.  On a appelé sa mère et c'est lui qui vient seul pour la première fois.

Il sait qu'il ne doit pas laisser de trace de son passage, n'écouter qu'une demande à la fois mais comme à chaque première fois cela ne se passe pas comme on l'entend.  Il va désobéir, transgresser la règle.

C'est un jeune homme sortant de l'adolescence qui arrive sans expérience.  Il repartira transformé, mûri,  conscient de la violence des hommes et de la souffrance des femmes, de la notion de vengeance, mais aussi  de l'équilibre fragile qui peut à tout moment se renverser. 

C'est un conte noir sur la nature et ses mystères, les héritages et leurs violences que nous propose Cécile Coulon.  Un texte sublime, magnifique ! 

Ce conte noir aux allures fantastiques va à l'essentiel, un récit intense qui parle de la nature humaine, de l'homme capable du meilleur comme du pire !  Il est question de la dualité de l'être , l'homme à la fois monstre et coeur tendre, rempli de noirceur et d'amour.

Cécile Coulon va au coeur des choses avec des mots choisis d'une force et d'une poésie incroyables.  Une écriture épurée, un texte magnifique resserré d'une puissance incroyable.

C'est sublime.

Un énorme coup de coeur ♥♥♥♥♥



Les jolies phrases


Nous voyons les choses cachées, il n'y a pas de mots pour cela. 

Comment un homme pareil peut-il donner un enfant sacré, comment d'un corps brutal peut naître une chose si fragile, comment, comment, comment, il n'en sait rien, ce père atroce, mais il ne peut pas perdre ce gamin, il ne peut pas le laisser mourir sans tout tenter, même appeler ce garçon, cet étranger, ce fils de la mère connue ici pour sauver les graves et les minables? Cet enfant est son salut, la lueur dans la boue, la couronne sur la crasse, cet ange, il ne le mérite pas, mais une douceur a percé sous les épaules rouges du père, un morceau d'amour qui tangue, qui grince.  Le miracle de l'enfant, c'est d'avoir débusqué chez son père cette émotion qu'il ne connaît pas mais qui le ronge.  Si l'enfant meurt, il sera moins qu'un homme, moins qu'une bête et cette brute aux épaules rouges a peur de ce qu'il y a sous les hommes et les bêtes : le vide. 

Sa mémoire, elle, est intacte : le drame, c'est de tout savoir, de se rendre compte que le temps défait le corps et que le corps défait est une barricade trouée où les souvenirs s'engouffrent.

...il était là pour apprendre à éteindre les grands feux furieux que ces moments, tous identiques, allumeraient dans le coeur pourri des hommes  et le coeur brisé des femmes.

Du même auteur j'ai lu 

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jeudi 11 janvier 2024

L'abbé Pierre Une vie pour les autres - Abdel de Bruxelles - Vincent Cuvellier

 L'abbé Pierre  Une vie pour les autres  

Abdel de Bruxelles- Vincent Cuvellier































Casterman
Parution : 05/11/2023
Scénario : Vincent Cuvellier
Dessin : Abdel De Bruxelles
Pages : 72
Isbn : 9782203204201
Prix : 16.50 €

Présentation de l'éditeur



La vie extraordinaire d’un homme extraordinaire...


Henri Grouès naît à Lyon en 1912. Éduqué dans une famille catholique tournée vers les autres, il est sensibilisé dès l’enfance à l’entraide et au partage. Se faisant d’abord appeler « Frère Philippe », Henri adopte après la Seconde Guerre mondiale un nom qui va rester dans toutes les mémoires : celui de l’Abbé Pierre. Réunissant des compagnons pour fonder Emmaüs, il mène dès lors une lutte acharnée contre le mal-logement. À l’hiver 1954, il lance son célèbre appel à la radio, et tout au long de sa vie l’Abbé Pierre a créé des communautés, en France et à travers le monde, afin de venir en aide aux personnes démunies. Par son infatigable action, il nous rappelle que la dignité est à la fois un enjeu de civilisation et un droit universel.



 



Mon avis

Vincent Cuvellier pour le scénario et Abdel de Bruxelles pour les dessins réalisent ici un exploit, en 72 pages ils nous racontent le parcours de l'exceptionnel Abbé Pierre , mais surtout le rendent accessible aux enfants, et ce qui ne gâche rien c'est qu'un euro pour chaque livre vendu est reversé à la Fondation de l'Abbé Pierre.

Henri Grouès né dans une famille bourgeoise catholique à Lyon en 1912.  Son père, un homme très croyant et actif auprès des démunis le dimanche, a très certainement été à l'origine de sa vocation.
À l'âge de 19 ans, il devient "frère Philippe" chez les frères Capucins, il quittera l'ordre pour des raisons de santé et deviendra vicaire à Grenoble.
 
En 1943, une rencontre déterminante on le comprend en filigrane dans l'album, celle de Lucie Coutaz, il deviendra l'Abbé Pierre  durant son action dans la résistance, il aidera des familles juives à quitter le pays, et des opposants dont le frère du Général de Gaulle.

1949 à Neuilly Plaisance, il achète une maison qui deviendra d'abord une auberge de Jeunesse puis le centre d'aide d'Emmaus tel qu'on le connaît, toujours avec Lucie Coutaz mais aussi avec Georges - le premier compagnon -, un ex-taulard qu'il recueille après une tentative de suicide.  L'Abbé Pierre, cela a toujours été une vie de partage avec ceux qui n'ont rien.  Avec eux il va essayer de trouver des solutions pour aider un maximum de monde, Emmaüs devient une communauté de chiffonniers, un mouvement qui lutte contre le mal-logement et accueille des sans-abris.   

L'appel de l'hiver 54 est bien entendu évoqué, un grand mouvement de solidarité naît et la personnalité de l'Abbé Pierre s'affirme, grandit à l'international.  Sans répit il se bagarre pour améliorer notre société, il inspire et rencontre Coluche.  Jusqu'au bout il restera la personnalité la plus appréciée, il est toujours là et sa Fondation a encore malheureusement bien du travail aujourd'hui.

J'ai beaucoup aimé le dessin d'Abdel de Bruxelles tout en simplicité et douceur.  C'est sobre comme l'était l'homme.  Ce trait doux rend je pense la bd accessible à la jeunesse, important de continuer à transmettre ces belles valeurs.

Si cet album vous a plu et que vous voulez en savoir plus sur l'homme, je vous invite à voir le biopic récent avec Benjamin Lavernhe.

Ma note : 9/10


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