dimanche 29 septembre 2013

Les aventures de Poussin Ier : "Cui suis-je ?" BD **** 8/10

LES AVENTURES DE POUSSIN 1ER

CUI SUIS-JE ?


Eric-Emmanuel Schmitt  et Janry






Dupuis
Septembre 2013


Poussin 1er n'est pas un poussin comme les autres. Avec lui, doutes et questionnements existentiels font leur entrée dans la basse-cour qui l'a vu naître. Tour à tour naïf et docte, mais aussi râleur et bagarreur à ses heures, notre poussin interroge le monde dans une série de saynètes savoureuses et malicieuses signées d'Éric-Emmanuel Schmitt, fabuliste des temps modernes.



UN EXTRAIT

SOURCE SITE EDITIONS DUPUIS :







MON AVIS


Poussin 1er se pose les questions existentielles, il cherche les réponses.  Il en apporte de fausses comme nous et continue à se chercher.  

Ce petit poussin se cherche en compagnie d'une petite souris philosophe qui se nourrit de livres (Descartes,Kant, Duchamp).
Petites perles philosophiques joliment imagées par Janry;  On retrouve l'esprit Eric-Emmanuel Schmitt avec beaucoup d'humour .  Un bon moment, une lecture en famille.



LES JOLIES PHRASES


"Je suis moi"  être moi, c'est penser. Tant que je pense je suis moi.  Je pense donc je suis. 


Je suis une conscience qui prend conscience d'elle-même et a donc la certitude d'exister.


D'après Aristote chaque individu est à la fois différent des autres mais semblable aux membres de son espèce.



LA PRESSE EN PARLE




- L'immanquable : "Eric-Emmanuel Schmitt qui s'attaque au 9ème art, c'est un événement que l'on attendait avec impatience. En créant le personnage de Poussin 1er pour Janry, le dessinateur du Petit Spirou, l'auteur va très loin dans son analyse du monde qui l'entoure (...) un travail qui mérite le détour."

- Le Progrès : "Servie par le dessin expressif et truculent de Janry, cette fable des temps modernes célèbre l'entrée de cet auteur phare de la littérature et du théâtre dans la bande dessinée."

- Casemate : "Vieux routard de la BD Dupuis, Janry met en image un poussin dans une fable philosophique hilarante concoctée par l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt."

- Boursorama.com : "Revisitant avec humour les grandes questions philosophiques, Eric Emmanuel Schmitt déploie dans cet album son talent de conteur pour tendre au lecteur le miroir du fabuliste(...)"

- Direct Matin : "L'ouvrage dont les dessins sont signés Janry, raconte avec humour les doutes existentiels d'un poussin philosophe."

- Le Figaro : "Le philosophe, romancier, dramaturge Eric-Emmanuel Schmitt ne cesse de multiplier les projets. (...) Il signera fin Août sa première bande dessinée. Le titre : "Les Aventures de Poussin 1er". Le Poussin interroge le monde en une série de saynètes."





    samedi 28 septembre 2013

    KINDERZIMMER Valentine GOBY coup de coeur *****

    Kinderzimmer



    Valentine GOBY

    Kinderzimmer


    Actes Sud
    Août 2013 / 11.5 x 21.7 / 224 pages
    ISBN 978-2-330-02260-0
    prix indicatif 20 euros 


    Quatrième de couverture

    “Je vais te faire embaucher au Betrieb. La couture, c’est mieux pour toi. Le rythme est soutenu mais tu es assise. D’accord ?
    – Je ne sais pas.
    – Si tu dis oui c’est notre enfant. Le tien et le mien. Et je te laisserai pas.
    Mila se retourne :
    – Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que tu veux ?
    – La même chose que toi. Une raison de vivre.”

    En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.
    Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles.



    Un mot de l'auteur

    «D’abord, il y eut cette rencontre, un jour de mars 2010 : un homme de soixante-cinq ans se tient là, devant moi, et se présente comme déporté politique à Ravensbrück. Outre que c’est un homme, et à l’époque j’ignorais l’existence d’un tout petit camp d’hommes non loin du Lager des femmes, il n’a surtout pas l’âge d’un déporté. La réponse est évidente : il y est né. La chambre des enfants, la Kinderzimmer, semble une anomalie spectaculaire dans le camp de femmes de Ravensbrück, qui fut un lieu de destruction, d’avilissement, de mort. Des bébés sont donc nés à Ravensbrück, et quoique leur existence y ait été éphémère, ils y ont, à leur échelle, grandi. J’en ai rencontré deux qui sont sortis vivants de Ravensbrück, ils sont si peu nombreux, et puis une mère, aussi. Et la puéricultrice, une Française, qui avait dix-sept ans alors. C’était un point de lumière dans les ténèbres, où la vie s’épuisait à son tour, le plus souvent, mais résistait un temps à sa façon, et se perpétuait : on y croyait, on croyait que c’était possible. Cette pouponnière affirmait radicalement que survivre, ce serait abolir la frontière entre le dedans et le dehors du camp. Envisager le camp comme un lieu de la vie ordinaire, être aveugle aux barbelés. Et donc, se laver, se coiffer, continuer à apprendre, à rire, à chanter, à se nourrir et même, à mettre au monde, à élever des enfants ; à faire comme si. J’ai écrit ce roman pour cela, dire ce courage fou à regarder le camp non comme un territoire hors du monde, mais comme une partie de lui. Ces femmes n’étaient pas toutes des héroïnes, des militantes chevronnées, aguerries par la politique et la Résistance. Leur héroïsme, je le vois dans l’accomplissement des gestes minuscules du quotidien dans le camp, et dans ce soin donné aux plus fragiles, les nourrissons, pour qu’ils fassent eux aussi leur travail d’humain, qui est de ne pas mourir avant la mort. Mila, mon personnage fictif, est l’une de ces femmes. Kinderzimmer est un roman grave, mais un roman de la lumière.»


    Valentine GOBY




    Valentine Goby est née en 1974. Elle est notamment l’auteur de L’Échappée(Gallimard, 2007), Qui touche à mon corps je le tue (Gallimard, 2008), Des corps en silence (Gallimard, 2010) et Banquises (Albin Michel, 2011). Elle écrit également pour la jeunesse. Kinderzimmer (Actes Sud, 2013) est son huitième roman.


    MON AVIS


    Mila, Suzanne dans une vie lointaine est déportée et emmenée au camp de Ravensbruck comme prisonnier politique.  Elle est française, résistante.  Elle a à peine 20 ans.  Elle y arrive en compagnie de sa cousine Lisette. Elle est enceinte.

    Après un voyage en train, elles arrivent alors dans ce camp immense contenant plus de 40.000 femmes.

    Là, elles vont découvrir l'horreur, la déchéance, l'humiliation.

    Mila est toute jeune et ne sait pas grand chose de la vie et sur la vie qui va grandir dans son corps.  Elle va comme dans un miroir voir à travers les autres ce qu'elle deviendra, devenir "ein stuck", une chose comme disent les allemands.  Une ombre.

    Elle va devoir lutter pour vivre, pour survivre et elle va voir son corps qui contient une petite vie, se transformer non pas en grossissant, mais en dépérissant, luttant et criant haut et fort le droit à la vie, l'espoir.

    Cette vie qui lutte en elle, c'est ce qu'ils ne pourront pas maîtriser, elle et elle seule a le droit sur cette vie, pas eux.

    Elle verra aussi l'autre côté du décor, dans ce froid, cette horreur, la maladie, le contradictoire : la Kinderzimmer où l'on s'occupe des enfants jusqu'à l'âge de trois mois !

    Difficile de parler de ce livre dont la lecture ne peut laisser indifférent, l'écriture de Valentine Goby est telle que l'on a vraiment l'impression de vivre aux côtés de Mila, de vivre son quotidien : le froid, la faim, la maladie.

    Cela fait un moment que j'ai terminé la lecture et elle me poursuit encore.

    Ce qui est frappant dans l'écriture c'est le réalisme, cette notion de vécu au présent.

    C'est une lecture très dure, vraiment certaines scènes sont horribles, insoutenables mais on ne peut absolument pas se détacher de la lecture. On a l'impression réelle de les vivre.

    Un beau témoignage qui perpétue la mémoire, ce n'est pas un xième livre sur le sujet, non pas du tout.  Il est vraiment émouvant, optimiste même car il y a toujours cet espoir qui est essentiel.

    Un réel coup de coeur.


    ma note : le maximum  10/10


    Les jolies phrases



    La femme au bidon de café ersatz et ces déportées françaises ne sont pas malades, ce sont seulement des prisonnières.  Des (chtuques), elles disent en riant, des morceaux, des pièces, comme pièce de machines, pièce de viande.


    Café ou wc il faut donc choisir.  Se remplir ou se vider ? Et puis en sortir.


    Ces pieds n'ont plus d'odeur dans la puanteur de l'ensemble : transpirations; pourriture des chairs ouvertes ; merde collée aux vêtements à cause de la dysenterie; merdes séchant sur le pourtour du Block où, faute de pouvoir attendre devant l'unique trou, les prisonnières finissent par s'accroupir plutôt que de se faire dessus.


    Et puis un jour, tu tombes les os brisés sur ta paillasse, et tu t'enfonces dans le sommeil comme la pierre dans l'eau. Moi je ne rêve plus.


    Il y en a qui voulait du savon, mourir pour du savon, ou bien croire à la vie assez pour ne pas imaginer mourir et profiter du petit morceau gras, odorant, mousseux, qui chasse les odeurs et éclaircit la peau, 5 cm3 de luxe, cinquante coups à cause d'un quart de pain de savon sur le moment elle n'y songent pas.


    Ravensbrück, a dit Marianne, veut dire pont des corbeaux.  Les corbeaux se perchent sur les toits des blocks et des bâtiments SS dans le rose du soir, tous les soirs.  Les corbeaux se nourrissent de déchets, de cadavres.  Ils nous attendent.  Il n'y a pas un bébé dans le camp, pas une mère parce que mettre au monde c'est mettre à mort.


    Souvenir effrayant des messes de l'enfance : "Prenez et mangez, ceci est mon corps, livré pour vous." Le pain c'est le corps. Pour de vrai.


    Puis c'est le camp qui entre dans les rêves.  Chaque nuit répète le jour, le jour traversé par deux fois, donc, revécu la nuit, et chaque journée nouvelle semblable à la précédente.  C'est à en perdre toute notion du temps, de ses ruptures dans le monde du dehors, en dehors du camp, le camps est une journée sans fin qui dure toute la nuit et tous les jours qui suivent, une longue journée sans coutures infectée par des images de mort.


    Dedans, sûrement, les organes se rétractent comme des figues sèches.  Le corps s'avale.  Se digère.


    Etre vivant, elle dit, c'est se lever, se nourrir, se laver, laver sa gamelle, c'est faire les gestes qui préservent, et puis pleurer l'absence, la coudre à sa propre existence.  Me parle pas de boulangerie, de robe, de baisers, de musiques.  Vivre ce n'est pas devancer la mort, se tenir debout dans l'intervalle mince entre le jour et la nuit, et personne ne sait quand elle viendra.


    "une femme libre" Je te l'ai dit, il n'y a pas de frontière entre le camp et le dehors.  Tous les jours tu fais ton choix : tu continues ou tu t'arrêtes. Tu vois tu es libre, comme ta mère.


    Contre toute attente, ce qui arrive est une échappatoire, le ventre un lieu que personne, ni autorité, ni institution, ni parti ne peut conquérir, coloniser, s'accaparer tant que Mila garde son secret.  Elle y est seule, libre, sans comptes à rendre, on peut bien prendre sa gamelle, voler sa robe, la battre au sang, l'épuiser au travail, on peut la tuer d'une balle dans la nuque ou l'asphyxier au gaz dans un camp annexe, elle les a eus, les Boches ; plus qu'un enfant c'est bien ça qu'elle possède : une zone inviolable, malgré eux.


    Ce froid augmente la faim. Ajoute aux douleurs de ton corps, il mord avec les chiens, morsure sur morsure.  Tu ne peux pas l'expulser, il se loge dans tes os, au creux du squelette.  Le froid c'est ta moelle. Tu ne peux pas lutter.

    Même Mila ne doute pas : l'Allemagne a perdu.  Pour l'instant elle s'en fout.  Ca ne la concerne pas, la défaite allemande sur les lignes du front. L'inconnue est la même depuis l'entrée au camp : tu survis, ou tu y meurs.  A Ravensbrück l'Allemagne a le droit de vie et de mort sur toutes choses.  Et aussi, et contre ça tu ne peux pas lutter à coups de mitraille et de phosphore, il y a : la maladie, le froid coupant, la faim.  Une guerre dans la guerre.

    C'est une course contre le temps. L'ennemi, c'est le temps, c'est l'espace, l'autre nom du temps.  Le temps l'espace qui séparent les bébés d'un toit, de réserves de lait, de médicaments, de vêtements chauds.

    Elle sait qu'elle va porter Ravensbrück comme elle a porté son enfant : seule et en secret. 







    vendredi 27 septembre 2013

    ILS ONT REJOINT MA PAL

    DU BELGE POUR COMMENCER


    Spéciale dédicace à Latina et sa liste belge et à l'envie communiquée de découvrir Armel Job

    ARMEL JOB




    Nationalité : Belgique 
    Né(e) à : Heyd , le 24/06/1948 
    Biographie : 

    Armel Job est un écrivain belge de langue française .

    Après ses études, il est engagé comme professeur de latin et de grec au séminaire de Bastogne.Il y enseigne pendant vingt-trois ans et en 1993, il en devient le directeur. Durant ses années de professorat, Armel Job publie à plusieurs reprises des articles spécialisés dans les Revues de l’enseignement catholique belge et poursuit d’incessants travaux de traduction du latin et du grec.

    Armel Job a reçu le prix du jury Giono en 2005 pour Les Fausses Innocences, un roman qui se déroule dans la partie germanophone de la Belgique.

    Armel Job a reçu le Prix de la Personnalité Richelieu 2007. Ce prix, attribué par l'ensemble des clubs belges et luxembourgeois du Richelieu international, récompense une personnalité pour sa contribution à la promotion de la langue  et de la culture françaises. 

    Bibliographie

    Aux éditions Robert Laffont

    • La femme manquée
    • Baigneuse nue sur un rocher
    • Helena Vannek
    • Le Conseiller du roi
    • Les Fausses Innocences
    • Les Mystères de Sainte Freya
    • Tu ne jugeras point (2009) (ISBN 9782221112328)
      • Prix des lycéens 20113
    • Les eaux amères (2011) (ISBN 9782221123805)
    • Loin des mosquées (2012)
    • Le Bon Coupable (2013) (ISBN 9782221134290)
    Aux éditions L'Harmattan
    • La reine des Spagnes (1995)
    • La malédiction de l'abbé Choiron (1998)
    Aux Éditions Weyrich
    • La malédiction de l'abbé Choiron (2011) Réédition augmentée de notes sur le parler wallon et d’une postface.
    Aux éditions Mijade
    • Le commandant Bill (2008)
    • Les lunettes de John Lennon (2011) (ISBN 9782874230561)
    • Helena Vannek (2002)


    LE BON COUPABLE

    Livres - Le bon coupable



    Un beau dimanche d’été. Un village désert à l’heure de la messe. Une fillette de dix ans en chemin pour rejoindre son père à son atelier. Un homme en état d’ébriété qui traverse le village au volant de sa jeep avant de finir sa course dans un étang, à quelques encablures de là. Un second véhicule, une Jaguar rutilante, qui emprunte à vive allure le même trajet. Le choc, un accident sans témoin. Une fillette de dix ans tuée sur le coup. Un coupable tout désigné. Un suspect potentiel – au-dessus de tout soupçon. Volage et noceur, Carlo Mazure est un marchand de bestiaux qui mène une vie de patachon assez misérable. L’exact opposé de Régis Lagerman, procureur de son état et, à ce titre, incarnation supposée de l’intégrité et de la droiture. Deux hommes et deux destins que tout oppose : l’un, la soixantaine débonnaire et philosophe, qui sait que sa vie est derrière lui ; l’autre, jeune et brillant fonctionnaire, promis à un bel avenir et que les scrupules n’étouffent pas au moment d’éviter les obstacles, de quelque nature soient-ils, qui se dressent sur sa route. Qu’adviendrait-il si leurs routes venaient à se croiser ? Délits de fuite porte le sceau inimitable de ces contes philosophiques aussi légers que profonds dont Armel Job s’est fait une spécialité. Le récit – scandé par un dilemme moral : un représentant de la loi peut-il se dérober à la justice ? – obéit à une mécanique précise et implacable. Inspiré par la parabole évangélique du pharisien et du publicain (Luc 18, 9-14), qui invite en substance à ne pas juger selon les apparences, Délits de fuite scrute le cœur et 
    sonde les reins des hommes avec une rare intelligence.



    BAIGNEUSE NUE SUR UN ROCHER

    Baigneuse nue sur un rocher | Espace Nord


    Editions Espace Nord
    n°202
    304 pages
    broché 12 x 18.5 cm
    9 euros


    Rocafrène, 1957. Un village semblable aux autres : un curé, un charcutier, des artisans. Mais il abrite aussi un artiste peintre, José Cohen, venu s’y réfugier sous l’Occupation. Et une très jolie personne : Thérèse, la fille du charcutier. Le peintre a convaincu la belle Thérèse de poser nue au bord de la rivière. Le tableau est demeuré secret jusqu’à ce qu’un article du journal local en dévoile l’existence. Le village s’enflamme. José Cohen est retrouvé mort. Les activités troubles de chacun des protagonistes durant la guerre se révèlent insidieusement.


    J'en profite pour partager avec vous ma découverte  de cette maison d'Editions de la Fédération Wallonie Bruxelles mettant à l'honneur la littérature francophone belge en poche.

    La collection Espace Nord

    La collection Espace Nord rassemble plus de 300 titres du patrimoine littéraire francophone belge. Elle offre un catalogue d’auteurs remarquables et veille à la réédition d’œuvres indisponibles.
    Caractérisée par son format de poche, son prix accessible et la présence d’un appareil pédagogique à la fin de chaque volume, la collection Espace Nord est une référence auprès du monde scolaire et du public.
    Propriété de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la collection est gérée par Les Impressions Nouvelles etCairn.info.
    Son comité de lecture se compose de spécialistes reconnus de la littérature francophone belge : Paul Aron, Françoise Chatelain, Anouk Delcourt, Rony Demaeseneer, Laurent Demoulin, Caroline Lamarche, Christian Libens, Jean-Luc Outers, Pierre Piret et Rossano Rosi.




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    Dans un autre registre


    POUSSIN 1ER   

    CUI SUIS-JE ?



    Dessin : Janry 
    Scénario : Schmitt
    Collection : Dupuis "Tous Publics"

    Poussin 1er n'est pas un poussin comme les autres. Avec lui, doutes et questionnements existentiels font leur entrée dans la basse-cour qui l'a vu naître. "Qui es-tu ?" lui demande le chien de la ferme, précipitant sans le savoir Poussin 1er dans un tourbillon d'énigmes sans fin. En cherchant les réponses aux multiples questions qu'il se pose, Poussin 1er bouscule les conventions sociales du poulailler. Avec l'aide de sa tante Gallina et de la souris dévoreuse de livres, Poussin 1er empoigne le réel, au sens propre comme au figuré ! Râleur, bagarreur, parfois de mauvaise foi, Poussin nous touche et nous fait rire !


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    EN PARTENARIAT AVEC MY BOOX



    Image par défaut



    LA TOURMENTE DU SERPENT   

    Sébastien CAZAUDEHORE



    Quelque part dans les Highlands de Papouasie Nouvelle Guinée,un Secret s'est perdu... De nombreuses années plus tard, une étrange statuette sans visage est volée dans un grand musée parisien et l'inspecteur Ulysse Treilhard est appelé pour enquêter. L'esprit accaparé par l'étrangeté croissante du crime et par les souvenirs qui ressurgissent d'un passé lointain, il se laisse peu à peu entraîner vers un monde de mystères qu'il ne croyait plus retrouver. Sans savoir s'il poursuit un criminel, une légende ou une force plus grande œuvrant contre lui, Treilhard replonge alors dans les jungles millénaires de Papouasie. C’est dans ces montagnes, au cœur du territoire Huli qu'il cherchera les réponses à cette énigme, intimement liée à son passé.


    ET PUIS AUSSI AUJOURD'HUI PROMO SUR LES LIVRES DE POCHE

    DONC 2 DE PLUS


    Pourquoi être heureux quand on peut être normal?

    JEANETTE WINTERSON





    264 PAGES 
    22/08/2013 EDITIONS POINTS


    Depuis qu’elle a été adoptée par Mrs Winterson, Jeanette a toujours lutté. Contre sa mère et sa morale religieuse stricte, contre ceux qui l’empêchent d’aimer et de vivre comme elle l’entend. Heureusement, elle a rencontré les livres. Et les mots sont devenus ses alliés. Jeanette écrit pour réinventer sa vie, s’extirper du gris, apprendre à aimer et être libre enfin.

    Jeanette Winterson est née à Manchester en 1959. Icône féministe, elle est l’auteur de nombreux romans baroques et irrévérencieux, dont Les oranges ne sont pas les seuls fruits, disponible en Points.

    « Un grand récit profondément vivant, un bréviaire pour la liberté de penser et d'aimer. »
    Télérama

    « Le récit extraordinaire d’une rescapée qui, entre humour et férocité, chutes et rétablissements, sut trouver le chemin de l’amour. »
    Marie-Claire

    Traduit de l’anglais par Céline Leroy


    ET POUR TERMINER JE L'ATTENDAIS DEPUIS LONGTEMPS EN POCHE




    Titre Original
    CERTAINES N’AVAIENT JAMAIS VU LA MER
    Date de parution
    19 Septembre 2013
    Collection
    Littérature Etrangère
    Nombre de pagesFormat
    144 p.108 x 177 mm
    EAN
    9782264060532

    L'écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l'auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux Etats-Unis un homme qu'elles n'ont pas choisi.
    C'est après une éprouvante traversée de l'océan Pacifique qu'elles recontrent pour la première fois à San Francisco leur futur mari. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
    A la façon d'un choeur antique, leurs voix s'élèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées ... leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire ... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre. Et l'oubli.





    Le quatrième mur - Sorj Chalandon - Coup de coeur 9.5/10

    Le quatrième mur   -   Sorj Chalandon


























    Grasset août 2013
    19 euros
    327 pages


    QUATRIEME DE COUVERTURE

    L’idée de Sam était folle. Georges l’a suivie.
    Réfugié grec, metteur en scène, juif en secret, Sam rêvait de monter l’Antigone d’Anouilh sur un champ de bataille au Liban.
    1976. Dans ce pays, des hommes en massacraient d’autres. Georges a décidé que le pays du cèdre serait son théâtre. Il a fait le voyage. Contacté les milices, les combattants, tous ceux qui s’affrontaient. Son idée ? Jouer Anouilh sur la ligne de front. Créon serait chrétien. Antigone serait palestinienne. Hémon serait Druze. Les Chiites seraient là aussi, et les Chaldéens, et les Arméniens. Il ne demandait à tous qu’une heure de répit, une seule. Ce ne serait pas la paix, juste un instant de grâce. Un accroc dans la guerre. Un éclat de poésie et de fusils baissés. Tous ont accepté. C’était impensable.
    Et puis Sam est tombé malade. Sur son lit d’agonie, il a fait jurer à Georges de prendre sa suite, d’aller à Beyrouth, de rassembler les acteurs un à un, de les arracher au front et de jouer cette unique représentation.
    Georges a juré à Sam, son ami, son frère.
    Il avait fait du théâtre de rue, il allait faire du théâtre de ruines. C’était bouleversant, exaltant, immense, mortel, la guerre. La guerre lui a sauté à la gorge.
    L’idée de Sam était folle. Et Georges l’a suivie. 


    L'AUTEUR

    Sorj Chalandon, né en 1952, a été longtemps journaliste à Libération avant de rejoindre Le Canard Enchaîné. Ses reportages sur l’Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le Prix Albert-Londres en 1988. Il a publié, chez Grasset, Le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, prix Médicis), Mon Traître(2008), La Légende de nos pères (2009), Retour à Killybegs (2011, Grand Prix du Roman de l'Académie Française).



    MON AVIS

    Même si la lecture semble très ardue au départ, ce livre est très vite captivant et ne laisse pas indifférent.  C'est un très beau cri d'espoir et d'humanité. Je l'ai vraiment beaucoup aimé.


    Il est vrai que le conflit au Proche Orient n'est pas simple à comprendre, la guerre du Liban fut assez complexe, de nombreux enjeux entrant en ligne de compte. Il n'est pas besoin de rentrer dans toutes les considérations historiques pour vivre pleinement l'histoire.  

    Personnellement j'aime comprendre, c'est aussi un but recherché dans la lecture : ouvrir mes horizons, apprendre ce monde qui nous entoure.  Il n'est pas essentiel d'aller trop loin pour entrer pleinement dans la lecture - Pour ceux qui le souhaitent j'ai fait une petite synthèse sur la guerre du Liban ci dessous - .

    J'ai éprouvé le besoin de prendre du recul avant d'écrire ce petit billet sur ce livre magnifique dont les personnages vivent encore aujourd'hui dans un coin de mon esprit.

    Quelle belle idée : ? utopie ou réalité ?   Permettre à chacun de vivre ensemble le temps d'une représentation d'Antigone de Jean Anouilh, avec pour décor un immeuble en ruines, sur la ligne entre les deux camps.


    "Aller dans un pays de mort avec un nez de clown, rassembler dix peuples sans savoir qui est qui. Retrancher un soldat dans chaque camp pour jouer à la paix.  Faire monter cette armée sur scène. La diriger comme on mène un ballet. Demander à Créon, acteur chrétien, de condamner à mort Antigone, actrice palestinienne.  Proposer à un chiite d'être le page d'un maronite.  Tout cela n'avait aucun sens. Je lui ai dit qu'elle avait raison.  Ses remarques étaient justes.  La guerre était folie ? Sam disait que la paix devait l'être aussi. Il fallait justement proposer l'inconcevable.  Monter Antigone sur une ligne de feu allait prendre les combats de court.  Ce serait tellement beau que les fusils se baisseraient." p100


    Georges n'a jamais connu la guerre mais plutôt les révoltes, il est né en 1950. 

    Sam son ami est grec, juif aussi.  Il a connu l'oppression, est un rescapé de l'holocauste, sa colère il l'exprime par le biais du théâtre.

    Il rêve de jouer "Antigone" à Beyrouth.  Il met deux ans à fixer le casting, petite particularité : ce sont les acteurs des différents camps qui joueront ensemble.

    "Antigone était palestinienne et sunnite. Hémon, son fiancé, un Druze du Chouf. Créon, roi de Thèbes et père d'Hémon, un maronite de Gemmayzé.  Les trois chiites avaient d'abord refusé de jouer "Les gardes" , personnages qu'ils trouvaient insignifiants. Pour équilibrer, l'un d'eux  est aussi devenu le page de Créon, l'autre avec accepté d'être "Le messager".  Au metteur en scène de se débrouiller.  Une vieille chiite avait aussi été choisie pour la reine Eurydice, femme de Créon.  "La nourrice" était une chaldéenne et Ismène, soeur d'antigone, catholique arménienne. " p95


    En janvier 1982, Sam entre en clinique, il est malade, souffre d'un cancer et Georges lui fait la promesse d'y aller et de monter ce spectacle.

    Georges va s'investir à fond dans le projet de son ami et en faire le sien. Il va découvrir la réalité de la guerre, et la vivre de près sur le terrain.  Il va réunir les pires ennemis, tenter de réaliser l'irréalisable.  Avec lui nous vivrons de l'intérieur l'horreur, les massacres de Sabra et Chatila.

    Le sujet est très dur, le récit est bouleversant, prenant les tripes.  L'écriture est forte, juste, elle nous bouleverse, nous traverse, l'horreur est décrite au quotidien et certaines scènes sont insupportables, inimaginables mais outre ce récit de guerre poignant on parcourt un récit magnifique plaidoyer d'espoir, de rêve et une très belle histoire sur l'amitié.

    Un livre qui ne laisse pas indifférent, un coup de coeur de cette rentrée littéraire.

    9.5/10


    La guerre du Liban 

    Un peu d'histoire.  La guerre du Liban a duré de 1975 à 1990 et a fait entre 130 000 à 250 000 victimes.

    Au départ, le pays a servi de refuge à beaucoup de communautés.  Des chrétiens, parmi eux les maronites sont les plus nombreux.  Des musulmans chiites et sunnites et d'autres minorités druzes et juives se côtoient.  Des arméniens, des kurdes, palestiniens se sont réfugiés au Liban.

    La guerre commence en 1975 

    Affrontement des Palestiniens et des Phalanges libanaises maronites de Gemayel.

    La fracture se fait entre les conservateurs chrétiens dirigés par les phalangistes et la gauche libanaise constituée à l'époque par des palestiniens, des Druzes (dans les montagnes du Chouff : Kamal Joumblatt) , des baasistes, des communistes et des musulmans tant sunnites que chiites.


    • Le 06/12/1975 les phalangistes abattent  150 à 200 musulmans et rasent les camps palestiniens. Beyrouth est coupée en deux : chrétiens à l'est, musulmans à l'ouest.


    Les phalangistes font appel à la Syrie qui envoient des troupes dans Beyrouth, elles y entrent en novembre.


    •  mars 1977 : assassinat de Kamal Joumblatt leader Druze,  les alliances changent.


    La Syrie se réconcilie avec les Palestiniens et la gauche libanaise, les chrétiens glissent progressivement vers Israël qui attaquent les palestiniens dans le sud.

    Affrontements entre les Syriens et les Israéliens



    • 1982 Opération Paix en Galilée 


    En juin 82 Israël envahit le Liban avec 100.000 hommes avant de conclure, après de violents combats et le blocus de Beyrouth soumise aux bombardements, un cessez-le-feu avec la Syrie.


    • en août Bachir Gemayel est élu président de la République



    • Il est assassiné en septembre



    • Le 16/09/1982 :L'armée israélienne pénètre illégalement dans Beyrouth Ouest et autorise les phalangistes à pénétrer dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila où ils massacrent 15000 réfugiés.


    Amine Gemayel, le nouveau président demande l'aide de la force multinationale américaine, française et italienne.  La Syrie s'impose au camp arabe et émerge le Hezbollah pro iranien une milice chiite.


    • En septembre 1983 les chrétiens et israéliens s'opposent aux Druzes soutenus par la Syrie.


    Syrie et opposition musulmane s'unissent par le Front du salut national

    Les milices shiites pro syriennes Amal  et pro iraniennes Hezbollah montent en puissance.




    LES JOLIES PHRASES

    J'ai trop souffert pour être malheureux...... mais toi tu peux encore te le permettre.

    Quatrième mur : Une façade imaginaire, que les acteurs construisent en bord de scène pour renforcer l'illusion.  Une muraille qui protège leur personnage. Pour certains, un remède contre le trac.  Pour d'autres la frontière du réel. Une clôture invisible, qu'ils brisent parfois d'une réplique en s'adressant à la salle.

    Le théâtre était devenu mon lieu de résistance. Mon arme de dénonciation. A ceux qui me reprochaient de quitter le combat, je répétais la phrase de Beaumarchais ; "Le théâtre ? Un géant qui blesse à mort tout ce qu'il frappe."

    Il y a des enfants aimés, détestés, des enfants battus, des enfants labourés ou couverts de tendresse.  Moi, je suis resté intact.  J'ai souri souvent, en mimant au théâtre le baiser paternel, deux lèvres sur le front de l'enfant qui s'endort.  Ou la tendresse maternelle sein offert, bras ouverts, les yeux brillants de ventre.  J'étais venu au monde parce qu'une femme avait aimé un homme.  Elle était repartie sans avoir eu le temps de m'aimer.  J'étais une bouche en trop, je suis devenu un coeur en plus.


    La violence est une faiblesse.

    Pour dénoncer la dictature, il avait parlé théâtre. Il avait été porté en triomphe, au milieu des drapeaux rouges, noirs, vietnamiens, chinois, chiliens, palestiniens, basques.  Il avait levé les bras.  Il avait souri. Il avait parlé théâtre.  Au lieu de lever une armée pour sauver un gamin de 16 ans, il avait dérobé son nom pour en faire une compagnie. Il avait pris nos luttes pour en faire des répliques.  Il avait scénarisé notre combat. 

    Il existait. Pour moi, c'était suffisant.  Je pensais que notre amitié se nourrissait de distance et je m'étais trompé.  J'avais perdu 3 ans de lui.


    Aller dans un pays de mort avec un nez de clown, rassembler dix peuples sans savoir qui est qui. Retrancher un soldat dans chaque camp pour jouer à la paix.  Faire monter cette armée sur scène. La diriger comme on mène un ballet. Demander à Créon, acteur chrétien, de condamner à mort Antigone, actrice palestinienne.  Proposer à un chiite d'être le page d'un maronite.  Tout cela n'avait aucun sens. Je lui ai dit qu'elle avait raison.  Ses remarques étaient justes.  La guerre était folie ? Sam disait que la paix devait l'être aussi. Il fallait justement proposer l'inconcevable.  Monter Antigone sur une ligne de feu allait prendre les combats de court.  Ce serait tellement beau que les fusils se baisseraient.

    Je pensais que le phalangiste serait le dernier à m'entendre. Il était le premier à m'écouter. Alors je lui ai raconté Anouilh.  Je lui ai avoué Samuel. J'ai expliqué que mon ami avait eu l'idée de voler deux heures à la guerre, en prélevant un coeur dans chaque camp.  Il écoutait, je crois. 

    C'était effrayant.  C'était bouleversant. Un instant, je me suis dit que j'avais vécu plus en cinq jours que durant ma vie entière. Et qu'aucun baiser de Louise ne vaudrait jamais la petite Palestinienne, retrouvant les mots d'un poète en levant le poing.  J'ai secoué la tête.  Vraiment.  Secoué pour chasser ce qu'elle contenait.  J'ai eu honte.  Je pouvais rentrer demain, laisser tomber, revenir en paix, vite.  Un sourire de Louise et une caresse d'Aurore étaient les choses au monde qui me faisaient vivant. Et je me le répétais. Et je n'en étais plus très sûr. Alors j'ai eu peur, vraiment, pour la première fois depuis mon arrivée.  Ni peur des hommes qui tuaient, ni peur de ceux qui mourraient. Peur de moi.

    Ce n'était ni une trêve militaire, ni un acte politique, seulement un geste d'humanité.

    Ce qu'elles attendent ? A part la mort, je ne vois pas.  Pourquoi la mort? Parce qu'on ne quitte plus la vie autrement.

    J'étais dans la mire de Joseph-Boutros. Dans l'oeilleton du milicien de la tour Risk. Dans la lunette du chiite de la rue de Damas.  Je savais que les doigts hésitaient, caressant l'acier recourbé de la détente. Jamais, de ma vie entière, je ne me suis senti aussi mortel.  Tête haute, bouche ouverte, j'ai marché comme on se rend. Je trébuchais sur la guerre. Je guettais les fenêtres.  J'ai enjambé les reliefs meurtris par les copeaux d'acier.  J'avançais pas à pas dans le verre brisé.  Je ne respirais plus.  Je regardais la façade lunaire du cinéma Beaufort, de l'autre côté de la rue.  Je peinais. Je ne montrais ni peur ni hostilité.  J'étais de ces ombres fragiles dont les fusils se lassent.

    J'ai mis la kippa de Sam sur la tête. Il voulait que le choeur soit joué tête couverte a u nom de tous les siens.  Lui, moi, peu lui importait. La calotte de son père devait se mêler au keffir, au turban, au fez, à la croix et au croissant.

    Personne ne sait ce qu'est un massacre.  On ne raconte que le sang des morts, jamais le rire des assassins.  On ne voit pas leurs yeux au moment de tuer. On ne les entend pas chanter victoire sur le chemin du retour.

    Souvenez-vous de ce que le Choeur nous apprend de la tragédie.  Il dit que la tragédie, c'est propre, c'est reposant, c'est commode.  Dans le drame, avec ces innocents, ces traîtres, ces vengeurs, cela devient épouvantablement compliqué de mourir.  On se débat parce qu'on espère s'en sortir, c'est utilitaire, c'est ignoble. Et si l'on ne s'en sort pas, c'est presque un accident. Tandis que la tragédie, c'est gratuit. C'est sans espoir. Ce sale espoir qui gâche tout.  Enfin, il n'y a plus rien à tenter. C'est pour les rois, la tragédie.

    Le chien reste un chien, Georges. Même élevé par les moutons. Tes acteurs ne sont pas les acteurs, ce sont des soldats.  Toi tu ne le sais pas, mais la guerre s'en souvient.