Corine Jamar
Le Castor Astral
ISBN 979102780452
15,90 EUR
176 pages
octobre 2015
Présentation de l'éditeur
Emma, huit ans, handicapée, a droit à un emplacement réservé devant la maison. Sauf que des voitures – de l’innocente familiale au panier à salade, en passant par le corbillard et la Porsche – s’y installent à la place de celle de sa mère. Celle-ci voit rouge et décide de prendre le taureau par les cornes. Si la bataille contre les égoïsmes de tout poil que mène cette jeune mère en colère pour défendre sa fille bien-aimée prend parfois des allures de corrida, l’humour est toujours présent. C’est une des plus jolies formes de l’amour.
« Voilà. Ma fille avait obtenu une place. Oh, ce n’était pas une place au soleil, loin s’en faut, mais c’était une place sûre, qu’elle occuperait toute sa vie. À propos, vous savez ce que m’a dit l’artiste qui a peint ce chef-d’œuvre, je parle de l’emplacement réservé ? Il m’a dit : « Une fois par an, vous devez appeler le commissariat, pour qu’on vienne le repeindre. » Comment ça, le repeindre ? On a découvert des peintures rupestres datant de 32 000 ans et, aujourd’hui, on n’est pas fichu de faire durer plus de 365 jours quatre traits de peinture blanche industrielle ? »
Un bel article concernant le livre c'est ici
Mon avis
Emma a huit ans, elle est handicapée, demande une attention énorme. Elle marche peu, ne parle pas, n'est pas propre et pique de sacrées crises. Pas drôle tout ça! Les aides et assistances sont peu nombreuses ou inexistantes.
Quatre lignes blanches avec un rond bleu viennent d'être dessinées devant la maison : un emplacement réservé qui devrait faciliter la vie de notre maman débordant d'amour.
Oui SAUF que cet emplacement réservé est souvent squatté, occupé par des personnes qui ont juste une déficience de la vue, des aveugles qui ne voient pas le panneau et nient complètement l'handicap.
Notre maman les traque, devient littéralement folle, pète un câble lorsqu'elle constate que l'emplacement est occupé. Un petit mot sur le pare-brise, des petits-mots qui vont crescendo dans le ton et les sommations. Elle guette derrière la vitre et essaie de coincer le fautif. Elle appelle la police pour faire embarquer le véhicule à la fourrière, à des remords aussi...
On voit de tout : du bolide rouge pétant en passant par un quatre-quatre, un combi de police et même un corbillard.... Bien peu de respect, c'est honteux mais c'est malheureusement un quotidien.
Ce qui est génial avec Corine Jamar, c'est que ce sujet grave est traité avec beaucoup d'humour et de dérision. Arme suprême je pense pour affronter cette situation.
Un sujet grave qui fait prendre conscience des problèmes engendrés par le handicap. Les gens nient le plus souvent et pourtant...
Par de courts chapitres, on partage les situations du quotidien, les états d'âmes des parents.
La méprise évitée lors de l'occupation de la place par une autre personne moins valide, l'histoire de l'arroseur arrosé lorsque garée en double file, elle se fait coller un procès-verbal car l'emplacement est occupé par les flics, et bien d'autres situations cocasses mais aussi une réelle prise de conscience des difficultés réelles : peu d'aide pour des soins adaptés, pas d'orthophonie, de kinésiologie, d'hippothérapie, et autres sous prétexte que le QI est trop bas, peu de structures adaptées de proximité, un scanner annuel obligatoire prouvant que le handicap est toujours là....
Avec beaucoup d'humour un récit qui nous fait prendre conscience de notre chance d'être valide et des difficultés de vivre avec un handicap.
La plume dynamique et tendre de Corine Jamar m'a fait passée par plusieurs sentiments à la lecture : colère, rage, compassion, révolte, impuissance mais aussi elle m'a fait rire et sourire. Ce récit est rempli d'amour et de tendresse.
Un joli tour de force et une belle première lecture commune avec ma binôme Julie et les petites lectures de Scarlett
Ma note *****
Les jolies phrases
Tout à l'air normal, la nuit je suis une maman comme les autres qui regarde son enfant comme les autres en train de dormir.
Venez monter la garde, je lui avais dit : venez faire l'épouvantail devant moi, vous avez la tenue idéale.
Ne pas savoir parler n'empêche pas de penser.
Evidemment, on pouvait arguer du fait qu'un mort est, quelque part, un handicapé, puisqu'il n'a plus l'usage ni de ses jambes, ni de la parole, ni du reste, mais bon, me suis-je dit, philosophie d'auditoire n'est pas philosophie de trottoir.
Pourquoi ma fille était-elle handicapée, pourquoi étais-je la mère de cet enfant handicapée ? Pourquoi la nature ou Dieu avait-elle permis cela ? Y a-t-il un sens à la souffrance ? Souffre-t-elle à titre gracieux ou, au moment des comptes, peut-on espérer un petit dédommagement ?
Quel courage elle doit avoir, cette mère, moi, je ne pourrais jamais. Non, mesdames et messieurs, non, le courage c'est quand on choisit. Je n'ai pas eu le choix.
1 commentaire:
Toujours sur la même longueur d'ondes <3
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