lundi 4 novembre 2013

Certaines n'avaient jamais vu la mer Julie Otsuka ****** 9.5/10



Titre Original
CERTAINES N’AVAIENT JAMAIS VU LA MER
Date de parution
19 Septembre 2013
Collection
Littérature Etrangère
Nombre de pagesFormat
144 p.108 x 177 mm
EAN
9782264060532



Traduit par Carine CHICHEREAU




Résumé


Ces Japonaises ont tout abandonné au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis, sur la foi d'un portrait, un inconnu. Celui dont elles ont tant rêvé, qui va tant les décevoir. Choeur vibrant, leurs voix s'élèvent pour raconter l'exil : la nuit de noces, les journées aux champs, la langue revêche, l'humiliation, les joies aussi. Puis le silence de la guerre. Et l'oubli. 

D'une écriture incantatoire, Julie Otsuka redonne chair à ces héroïnes anonymes dans une mosaïque de la mémoire éblouissante. Un roman bouleversant. 

Traduit de l'anglais (États-Unis)
par Carine Chichereau 


Prix Femina 2012




L'auteur

Julie OTSUKA

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Palo Alto , le 15 Mai 1962 
Biographie :

Julie Otsuka est née en Californie d'une mère américaine d'origine japonaise et d'un père japonais.


Elle fait ses études supérieures à l'université de Yale où elle a été diplômée en art (peinture et sculpture) en 1984.


Avec la parution de "Quand l'empereur était un dieu", paru en 2002, Julie Otsuka fait une entrée remarquée dans le monde de la littérature.


Elle vit aujourd'hui à New-York.


En 2012, son roman "Certaines n’avaient jamais vu la mer" a reçu le PEN / Faulkner Award for fiction.


Le Femina 2012 couronne Julie Otsuka

Le prix du Roman étranger est allé à Julie Otsuka pour Certaines n'avaient jamais vu la mer, publié par Phébus en août 2012. 

source : Babelio

Mon avis

Un épisode que j'ignorais complètement, début du siècle dernier, elles sont nombreuses; ces femmes japonaises qui ont quitté leur pays dans l'espoir de l'Eldorado.

Elles ont tout quitté pour se marier sur base d'une simple photo, d'un portrait, d'une lettre d'un inconnu.


Elles ont fait un très long voyage en mer dans des conditions tout à fait déplorables car il y avait l'ESPOIR.


L'espoir de conditions meilleures; l'espoir de rencontrer l'amour, l'espoir de rencontrer la fortune, l'espoir de rencontrer le bonheur, l'espoir d'avoir une vie meilleure moins dure qu'au pays.


Toutes ces femmes nous parlent de leur vie, de leurs espérances souvent tombées à l'eau, évaporées à peine arrivées sur le sol américain.


Une écriture intéressante, le nous est utilisé.  Elles sont des centaines à nous livrer leur témoignage.  Ecriture agréable et fluide.  Le "nous" m'a un peu lassée au centre du récit mais il est à propos car tout s'enchaîne, un flot de mots, de parcours, ces destinées qui nous sont délivrées.


Un témoignage poignant, émouvant, qui donne envie d'en savoir plus sur cette génération de femmes, leurs conditions.


Elles nous content ; leur première nuit, le rejet de leur famille, la ségrégation, leur désenchantement, la vie, la mort, la maladie, les enfants, la stérilité, les conditions de travail, la transmission ou la perte de leurs traditions et de leurs coutumes.  L'évolution de la nouvelle génération, mais aussi leur internement dans des camps après l'attaque de Pearl Harbour, la méfiance, la suspicion, la peur, les sacrifices endurés.


Leurs vies sont partagées avec beaucoup d'humilité, de réalisme, d'émotions.  Un livre qui marque.  Un grand moment, on aurait aimé que cela dure encore.

Les jolies phrases


Une jeune fille doit se fondre dans le décor : elle doit être là sans qu'on la remarque.

Qu'allions-nous devenir, nous demandions-nous, dans un pays aussi différent ?  Nous nous voyions -  peu de petite taille, armé de ses seuls livres - débarquer au pays des géants.

Tu verras : les femmes sont faibles, mais les mères sont fortes.

Il arrivait qu'il regarde à travers nous sans nous voir, et c'était là le pire.  Est-ce que quelqu'un sait que je suis ici ?

Et nous comprenions que jamais nous n'aurions dû partir de chez nous. Mais nous avions beau appeler notre mère de toutes nos forces, nous savions qu'elle ne pouvait nous entendre, aussi essayions-nous de tirer le meilleur parti de ce que nous avions.

Si tu reviens, nous avait écrit notre père, tu attireras la honte sur la famille toute entière.  Si tu reviens, tes soeurs cadettes ne se marieront jamais.  Si tu reviens aucun homme ne voudra plus jamais de toi. Ainsi donc nous sommes restées dans le quartier japonais avec nos nouveaux maris, où nous avons vieilli avant l'heure.

Quelques unes des nôtres ne parvenaient pas à en avoir, et c'était bien là le pire car sans héritier pour transmettre le nom de la famille, l'esprit de nos ancêtres cesserait d'exister.  J'ai le sentiment d'avoir fait tout ce chemin jusqu'en Amérique pour rien.

Et nos maris avaient beau nous répéter que cela ne faisait aucune différence pour eux d'être pères ou pas - tout ce qu'ils voulaient, disaient-ils, c'était vieillir à nos côtés -, nous ne cessions de songer aux enfants que nous n'avions pas eus. Chaque nuit je les entends qui jouent dehors, dans les arbres.

Je me sens comme une cane qui a couvé les oeufs d'une oie.

Et nous avions beau voir s'accumuler les nuages à l'horizon, nous n'en disions mot pour les laisser rêver.


Ma note 9.5/10

Aucun commentaire: