dimanche 1 mars 2020

Les billes du Pachinko - Elisa Shua Dusapin

Les billes du Pachinko    -      Elisa Shua Dusapin

Zoé
Parution : août 2018
Pages : 144
ISBN 978-2-88927-579-3
Prix : 15.50 €

Présentation de l'éditeur

Claire va avoir trente ans et passe l’été chez ses grands-parents à Tokyo. Elle veut convaincre son grand-père de quitter le Pachinko qu’il gère pour l’emmener avec sa grand-mère revoir leur Corée natale, où ils ne sont pas retournés depuis la guerre. Le temps de les décider à faire ce voyage, Claire s’occupe de Mieko, une petite Japonaise à qui elle apprend le français. Elisa Shua Dusapin propose un roman de filiation, dans lequel elle excelle à décrire l’ambivalence propre aux relations familiales. Elle dépeint l’intériorité de ses personnages grâce une écriture dépouillée et plonge le lecteur dans une atmosphère empreinte d’une violence feutrée où l’Extrême-Orient joue son rôle.


Pachinko - Wikipedia Pachinko (Concept) - Giant Bomb

L'auteure


Née en 1992 d’un père français et d’une mère sud-coréenne, Elisa Shua Dusapin grandit entre Paris, Séoul et Porrentruy. Diplômée en 2014 de l’Institut littéraire suisse de Bienne (Haute Ecole des Arts de Berne), elle se consacre à l’écriture et aux arts de la scène, entre deux voyages en Asie de l’Est.

Elle nous en parle




Mon avis

Premier roman lu pour le prix Horizon qui récompensera un deuxième roman à Marche en Famenne en mai prochain.


Claire est franco-coréenne, elle a trente ans et vit en Suisse, elle parle français et japonais. Ses grands-parents octogènaires vivent à Tokyo, ce sont des zaïnichis, des déportés coréens. Ils ont émigré ici dans les années cinquante lorsque la guerre civile faisait rage. Ils ne veulent pas parler japonais, la grand-mère sort très peu du quartier coréen, le grand-père exploite une salle de Pachinko, ce jeu qui ressemble à un flipper, avec des tas de petites billes, le seul jeu qui n'est pas considéré comme un jeu d'argent.


Claire est venue pour l'été, elle a répondu à une annonce comme répétitrice de français pour une enfant de dix ans, Mieko Ogawa. Son objectif est d'emmener ses grands-parents dans leur pays natal fin de l'été.


J'ai apprécié retrouver l'univers du Japon, Tokyo, Miyajima que j'ai eu la chance de visiter. Le style est épuré, il correspond bien à l'univers de ce roman et de la culture asiatique. Le Pachinko n'aura plus de secret pour vous, tout comme le vécu de nombreux zaïnichis dans les années cinquante.


Ce roman c'est aussi la recherche de ses racines pour Claire, l'histoire d'une belle amitié avec Mieko, l'occasion de s'immerger dans la culture japonaise et dans la démonstration des sentiments. L'auteure d'origine franco-coréenne nous parle de l'exil, de la terre maternelle mais aussi de la filiation à travers quatre personnages féminins.


Un roman sobre, intimiste qui nous parle de l'exil, des difficultés d'intégration, de communication et des différences culturelles. Il est écrit comme de la littérature japonaise avec poésie, retenue, émotion. De jolis ressentis sur l'amitié, les racines et l'amour. C'est sincère, émouvant.


Un joli coup de coeur que je vous recommande vivement.

What Am I Doing?: My 1978 Nishijin C Pachinko Machine! What companies made pachinko machines? | Pachinkoman
 


Les jolies phrases

J'aime le brouillard. Il empêche de voir loin. Il bouche l'horizon. Il donne l'impression qu'on a le temps, qu'on a le droit de ne rien voir. De ne rien voir venir.


On devrait mourir comme la mue des animaux. Plus on vieillirait, plus la peau s'éclaircirait. A la fin, on verrait tout à l'intérieur de nous, les veines, les os, les sentiments, tout. En même temps la peau ferait un miroir. Et les gens se refléteraient en nous avant qu'on finisse par devenir complètement transparent. A ce moment-là, on irait chez son enfant lui donner son dernier souffle.
- Son enfant ?
- Oui; C'est lui qui vit après.


Pour les Coréens du Japon, il n'y a jamais eu de Nord ni de Sud. Nous sommes tous des gens de Choson. Des gens d'un pays qui n'existe plus.



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