vendredi 26 septembre 2025

Géographie de l'oubli - Raphaël Sigal

 Géographie de l'oubli  -  Raphaël Sigal














Robert Laffont
Pavillons
Parution : 21 aout 2025
Pages : 144
EAN : 9782221277188
Prix : 17 €

Présentation de l'éditeur

« Elle est là, assise dans le livre comme dans son canapé, pleine d’amour et d’oubli. Elle ne voit pas de quoi ça parle. Je me mets à reconstituer son enfance à partir des quelques lambeaux de son histoire dont j’ai hérité. Je me donne pour règle d’écrire strictement à partir de ce qui, de son histoire, a été déposé en moi. Je m’interdis toute forme de recherche ou d’enquête. Pas de questions non plus à mon père sur sa mère. C’est une manière, me dis-je, de respecter son silence. Ce qu’elle ne m’a jamais dit ne sera pas dit dans le livre.

Comme elle oublie, le livre doit oublier aussi. »

Enfant, la grand-mère de Raphaël Sigal a traversé la Shoah. À la fin de sa vie, alors qu’elle souffre de la maladie d’Alzheimer, son petit-fils entreprend d’écrire son histoire.

Mais comment raconter une vie à partir d’indices épars ? Que faire des oublis et des silences qui se transmettent d’une génération à l’autre ?

Raphaël Sigal






Raphaël Sigal est né en 1983 à Paris. Après des études de littérature Yiddish à Paris, il part faire son doctorat et enseigner la littérature française aux États-Unis. Géographie de l’oubli a pris forme entre New York, Amherst et Paris, au croisement de la recherche, de la poésie et de l’autobiographie.













Mon avis

Raphaël Sigal décide d'écrire sur la vie de sa grand-mère sans fiction, en se basant sur la réalité, sur le peu de choses qu'elle a transmises, pas sur la mémoire mais sur l'oubli.  Je m'explique, sa grand-mère, enfant a traversé la Shoah. Pour vivre elle a pratiqué  l'oubli du survivant  :  "Il a fallu oublier pour continuer à vivre"  ,  se taire, ne pas ouvrir la porte, une façon de ne pas faire porter le poids du trauma.

Elle parle mais ne dit pas, comme d'autres. 

Chantal Ackerman qui en filmant la cuisine de sa mère de façon récurrente dans ses films, veut montrer ce que cache le silence, le non-dit pour mettre fin au silence.

Pareil pour Roberto Benigni dans "la vie est belle" ou encore Perec dans ses écrits.

Mais l'oubli de la grand-mère de Raphaël est double, il y a celui dont je viens de parler mais aussi la perte de mémoire, l'Alzheimer.  Deux oublis dans un seul corps.   Il invente ce mot "Shoalzheimer", en quelque sorte la mort avant la mort.

J'ai beaucoup aimé la lecture de ce livre qui nous questionne et fait réfléchir. 

Réflexion très intéressante car que racontent l'oubli et les silences qui se transmettent de génération en génération et permettent de comprendre que notre corps a le souvenir de ce qui n'est jamais arrivé.

Un texte court, aéré, poétique, à l'écriture fluide entre l'essai, l'autobiographie.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases

Lier le silence de la mémoire à la mémoire du silence.  Non, le silence n'est pas vide.  Il est plein d'un héritage dont il faut parvenir à déchiffrer les signaux brouillés.  

Il a fallu oublier pour pouvoir continuer à vivre.

L'oubli du survivant qui se tait pour ne pas avoir à porter et faire porter le poids du trauma. 

Les femmes de ma famille survivent mal, ou elles survivent en secret, dans le secret de leurs secrets.

Comment survit-on lorsqu'on a survécu ?
Comme un mort-vivant ou un fantôme ?


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