Géographie de l'oubli - Raphaël Sigal
Pavillons
Parution : 21 aout 2025
Pages : 144
EAN : 9782221277188Prix : 17 €
Présentation de l'éditeur
Comme elle oublie, le livre doit oublier aussi. »
Enfant, la grand-mère de Raphaël Sigal a traversé la Shoah. À la fin de sa vie, alors qu’elle souffre de la maladie d’Alzheimer, son petit-fils entreprend d’écrire son histoire.
Mais comment raconter une vie à partir d’indices épars ? Que faire des oublis et des silences qui se transmettent d’une génération à l’autre ?
Raphaël Sigal
Mon avis
Raphaël Sigal décide d'écrire sur la vie de sa grand-mère sans fiction, en se basant sur la réalité, sur le peu de choses qu'elle a transmises, pas sur la mémoire mais sur l'oubli. Je m'explique, sa grand-mère, enfant a traversé la Shoah. Pour vivre elle a pratiqué l'oubli du survivant : "Il a fallu oublier pour continuer à vivre" , se taire, ne pas ouvrir la porte, une façon de ne pas faire porter le poids du trauma.
Elle parle mais ne dit pas, comme d'autres.
Chantal Ackerman qui en filmant la cuisine de sa mère de façon récurrente dans ses films, veut montrer ce que cache le silence, le non-dit pour mettre fin au silence.
Pareil pour Roberto Benigni dans "la vie est belle" ou encore Perec dans ses écrits.
Mais l'oubli de la grand-mère de Raphaël est double, il y a celui dont je viens de parler mais aussi la perte de mémoire, l'Alzheimer. Deux oublis dans un seul corps. Il invente ce mot "Shoalzheimer", en quelque sorte la mort avant la mort.
J'ai beaucoup aimé la lecture de ce livre qui nous questionne et fait réfléchir.
Réflexion très intéressante car que racontent l'oubli et les silences qui se transmettent de génération en génération et permettent de comprendre que notre corps a le souvenir de ce qui n'est jamais arrivé.
Un texte court, aéré, poétique, à l'écriture fluide entre l'essai, l'autobiographie.
Ma note : 9/10
Les jolies phrases
Lier le silence de la mémoire à la mémoire du silence. Non, le silence n'est pas vide. Il est plein d'un héritage dont il faut parvenir à déchiffrer les signaux brouillés.
Il a fallu oublier pour pouvoir continuer à vivre.
L'oubli du survivant qui se tait pour ne pas avoir à porter et faire porter le poids du trauma.
Les femmes de ma famille survivent mal, ou elles survivent en secret, dans le secret de leurs secrets.
Comment survit-on lorsqu'on a survécu ?
Comme un mort-vivant ou un fantôme ?

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire