Retour à Balbec - Renaud Meyer ♥♥♥♥♥
Buchet Chastel
Parution : 21 août 2025
Pages : 160
Isbn : 9782283040614
Prix : 19 €
Prix : 19 €
Présentation de l'éditeur
Virtuose de renommée mondiale, Samuel Pakhchelian s'est lancé un nouveau défi : jouer toute l'oeuvre pour piano de Debussy au cours d'un marathon pianistique de douze heures. Mais le matin de son récital au Carnegie Hall de New York, il renonce, et disparaît de la scène musicale. Dix ans plus tard, Pakhchelian accepte l'invitation d'un festival situé du côté de Balbec, où il passait ses étés en compagnie de sa grand-mère, qui l'a élevé et avec laquelle il entretenait des liens intenses.
Il revient alors sur la plage de son enfance, et rencontre sur la terrasse d'un ancien hôtel une vieille dame qui ressemble étrangement à sa grand-mère. Celle-ci, de son côté, croit reconnaître en lui le petit Samuel, cet enfant aux yeux gris qui venait là autrefois en colonie de vacances. Une relation particulière va se nouer entre cette femme écrivain et le pianiste.
En situant son roman à Balbec, cette station balnéaire inventée par Marcel Proust pour A la recherche du temps perdu, l'auteur nous plonge, tout comme ses personnages, dans une dimension parallèle, un espace-temps suspendu.
Retour à Balbec célèbre, avec un véritable charme, le pouvoir des livres et de l'imaginaire qui sommeille en chacun de nous.
Renaud Meyer
Source : Buchet-Chastel
Mon avis
Il est des livres, on ne sait pourquoi, qui vous enchantent et ne vous quittent plus laissant en vous un souvenir de lecture intense. Ce livre en fait partie, j'ai pris un réel plaisir à le découvrir.
Samuel Pakhchelian, pianiste virtuose avait disparu de façon mystérieuse de la scène musicale en pleine gloire. Impossible de le convaincre de remonter sur scène et pour lui d'avouer le lien fusionnel qui l'unissait à sa grand-mère, décédée lors de son dernier récital. Son décès l'avait ébranlé, poussé à se retirer du monde.
Dix ans plus tard, il accepte l'invitation d'un festival situé du côté de Balbec, où il passait tous ses étés avec sa grand-mère d'origine arménienne. Naturellement il retourne sur la plage de son enfance, son rocher fétiche d'où il regardait la mer et retrouve ses souvenirs heureux.
Son regard est attiré par une vieille dame en terrasse, lui rappelant sa "Mayrig" (mère en arménien, surnom qu'il donnait à sa grand-mère). Il l'aborde, elle pense bien se souvenir de lui, Samuel, "l'enfant aux yeux gris". Exil, pauvreté, honte, des points communs avec son histoire, Samuel sympathise avec cette dame qui veut lui montrer un secret, un piano bien particulier, celui de Gabriel Fauré sur lequel il a composé son requiem.
Une belle relation se tisse entre Samuel et la vieille dame écrivaine. Il va revivre des souvenirs, reprendre goût à la vie et à la création. La musique et la littérature sont mises à l'honneur.
J'ai aimé le parallèle avec l'univers de Proust, dont l'action se déroule à Balbec, lieu imaginaire de "La recherche" et celui de la musique mais aussi cette distorsion du temps qui nous emmène dans deux univers parallèles ouvrant une brèche dans le temps pour y vivre une autre vie.
Oscillant entre réalité et monde onirique, la plume est belle, fluide et très agréable.
Ce roman c'est aussi le pouvoir de la création, le pouvoir des arts comme la musique et la littérature . La frontière est mince entre la réalité et l'imaginaire. Tout est possible et si le hasard n'existait pas, et si tout était vraiment écrit !
Le pouvoir des mots, de la musique qui permettent à Samuel d'explorer ses souvenirs, ses espoirs, ses rêves, de rechercher l'enfant en lui et ses liens affectifs. Une jolie manière d'aborder la thématique du deuil, de la filiation.
C'est un gros coup de cœur , un enchantement, une de ses lectures où le temps s'arrête, où tout devient possible.
A découvrir au plus vite.
Ma note : ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
On ne sait faire que deux ou trois choses dans la vie, avait-elle ajouté. Le reste n'existe pas vraiment. Dans mon cas, la vie ne passe que par l'écriture. L'écriture, jour et nuit.
C'était un été de rien que pour elle et lui. L'été tant attendu de la femme écrivain et de l'enfant aux yeux gris qui avait tant occupé son esprit à elle. Ou bien l'été perdu de Samuel et sa grand-mère, ce grand soleil dans sa vie, qu'il ne pensait plus jamais revoir.
Au fond, toutes les pages qu'elle avait écrites, ces milliers de pages, n'avaient peut-être jamais eu que ce seul but : ramener l'enfant aux yeux gris à la vie, le sortir d'entre les lignes, définitivement, pour le poser dans le lit du fils.
Les mouettes sont comme les écrivains, libres et fragiles, prêtes à se faire foudroyer par le moindre orage. Pas étonnant que Nina, le personnage inventé par Tchekov, ait rêver d'être une mouette.
Notre adoration, l'un pour l'autre, était là bien avant nous, lui avait-elle dit, dans d'autres vies vécues par nous, des vies ignorées, en sommeil, et qui se sont réveillées à la faveur de notre rencontre .
Ce ne sont pas les histoires qui comptent. Ça court les rues, les histoires. C'est la musique qu'il faut trouver. Votre propre musique. Faire sonner les phrases. Et saisir une mélodie au vol. Le reste est un jeu d'enfant.
Elle trouve que la vie n'est décidément pas à la hauteur des livres et que ses rêves sont bien plus grands que la réalité.
Pourquoi ne pas dire combien la vie est parfois pathétique et désolante, parce qu'on aimerait vivre de grandes histoires et que les nôtres nous paraissent toutes petites ? Dire de quelle façon les livres nous sauvent de cette absence et nous délivrent des pesanteurs du monde.


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