160 pages, 140 x 205 mm
Achevé d'imprimer : 03-02-2014
Littérature française : Romans et récits
ISBN : 9782070137978
Gallimard Collection Blanche
Prix 15.90 euros
PRIX MAURICE-GENEVOIX DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE 2014
Quatrième de couverture
Dans une petite ville du Berry, écrasée par la chaleur de l'été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d'une caserne déserte.
Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit.
Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère.
Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes.
Trois personnages et, au milieu d'eux, un chien, qui détient la clef du drame...
Plein de poésie et de vie, ce court récit, d'une fulgurante simplicité, est aussi un grand roman sur la fidélité.
Être loyal à ses amis, se battre pour ceux qu'on aime, est une qualité que nous partageons avec les bêtes. Le propre de l'être humain n'est-il pas d'aller au-delà et de pouvoir aussi reconnaître le frère en celui qui vous combat?
Mon avis
Un court roman de 154 pages, mais quelle intensité.
Je l'ai dégusté, savouré page après page. Quelle finesse d'écriture. Sans fioriture mais chaque phrase nous amène petit à petit vers la clé de l'intrigue en toute fin de ce court récit.
C'est un huis-clos psychologique étouffant par la chaleur de l'été. Nous sommes en été 1919, un homme, Morval, est enfermé dans la prison improvisée d'un village du Berry.
Mais quel crime a-t-il commis ? C'est tout l'art de Monsieur Jean-Christophe Ruffin, petit à petit, il nous permet de découvrir la personnalité et la psychologie du personnage. Il sait nous faire attendre patiemment pour découvrir le crime reproché.
Trop d'hommes sont tombés sacrifiés pour la nation. Le peuple en a marre mais les derniers procès de guerre, d'outrages contre la nation doivent avoir lieu. C'est pourquoi arrive Hugues Lantier du Grez, officier qui a hâte de retourner à la vie civile. C'est son dernier procès. Tout l'oppose à Morval mais il est intrigué car en arrivant, il entend et rencontre un chien muni d'un collier rouge qui hurle et aboie sans cesse sa détresse, sa fidélité depuis trois jours .
Commence ce torride huis clos psychologique entre les 2 hommes. Ils vont chacun se découvrir et au travers de son histoire, Morlac paysan de son état, idéaliste à la suite de ses nombreuses lectures et son expérience sur le front de Salonique nous fera prendre part à l'horreur et à l'absurdité de la guerre, des sacrifices des hommes et de leur difficulté de réintégrer la vie civile marqués par la guerre. Il est aussi question d'honneur et de fidélité indéfectible de Guillaume le chien qui l'a suivi au front la guerre durant et de la place des animaux durant la grande guerre.
Au départ d'un réel fait divers, Ruffin nous donne un récit construit à la perfection. Un livre magnifique. Un récit passionnant nous apportant un regard humaniste sur les hommes. Superbe.
Encore un grand coup de ♥
Les jolies phrases
Voilà ce qu'avaient produit quatre ans de guerre : des hommes qui n'avaient plus peur, qui avaient survécu à tellement d'horreur que rien ni personne ne leur ferait baisser les yeux.
Dans les bureaux, on avait dû sentir qu'il était mûr pour cet exercice difficile : protéger l'institution militaire, défendre les intérêts de la Nation et, également, comprendre les faiblesses des hommes.
Les différences de date et de lieu qui définissaient chaque individu étaient fondamentales : c'était à elles que chacun devait être ce qu'il était.
Ils avaient cela en commun tous les deux, cette fatigue qui ôte toute force et toute envie de dire et de penser des choses qui ne soient pas vraies. Et en même temps, parmi ces pensées, celles qui portaient sur l'avenir, le bonheur, l'espoir étaient impossibles à formuler car aussitôt détruites par la réalité sordide de la guerre.
Pendant quatre ans, ils sont venus chercher nos gamins pour les tuer, mais maintenant la guerre est finie. Le préfet, les gendarmes et tous les gros planqués qui ont profité, ce serait plutôt à eux de rendre des comptes. S'ils condamnent ce gars-là, ce serait un grand malheur.
Quelques minutes plus tôt, on était prêts à fraterniser, et là, dans l'ambiance de l'offensive, on tuait tout ce qu'on rencontrait.
Au contraire, la seule manifestation d'humanité, celle qui aurait consisté à faire fraterniser des ennemis, à décider la grève de la guerre, à forcer les gouvernements à la paix, cet acte-là était le plus condamnable de tous et nous aurait valu la mort, si nous avions été découverts.
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