Simon Liberati
Edition Stock
Collection : La bleue
Parution : 19/08/2015
288 pages
Avis de l'éditeur
Vingt-cinq ans plus tard, elle m’inspira mon premier roman sans que je ne sache plus rien d’elle qu’une photo de aparazzi. Bien plus tard encore, c’est elle qui me retrouva à un détour de ma vie où je m’étais égaré.
C’est elle la petite fée surgie de l’arrière monde qui m’a sauvé du labyrinthe et redonné une dernière fois l’élan d’aimer.
Par extraordinaire elle s’appelle Eva, ce livre est son éloge.
Simon Liberati
L'auteur nous en parle
Mon avis
Dans les années 70, Eva Ionesco était "l'objet" de sa mère Eva Ionesco photographe, son modèle dont elle a tiré le portrait et le reste huit années durant. De l'âge de quatre à douze ans, cette Lolita des seventies a dû poser pour sa mère dans des mises en scène morbides, dans des positions dénudées et pornographiques. Cette fée enfant abîmée par sa mère fascine littéralement Simon Liberati.
Il l'avait rencontré furtivement lorsqu'elle était âgée de 12 ans. Elle fut vingt-cinq ans plus tard, la "Marina" de son premier roman, "une petite fille perdue".
Hasard ou coïncidence , trente-cinq ans après leur première rencontre, ils se croisent lors d'une soirée parisienne et se "trouvent". Ils sont faits l'un pour l'autre, Simon en est rapidement convaincu.
Eva devient sa muse, pour elle il est prêt à quitter son premier amour, la littérature qui compte pourtant plus que tout. Comment ? En écrivant Eva, la double Eva : la femme-enfant blessée avec un destin hors du commun mais aussi Eva pleine de grâce et de pureté, son inspiration.
Il écrira son passé en se basant sur des photos, des courriers, c'est ainsi qu'il fera parler Eva. Il écrira une "élégie" l'éloge oisif de sa jeunesse en perdition, la drogue, l'alcool, la prostitution, les pensées suicidaires, un destin hors du commun.
Pour la forme et le plaisir de la lecture je suis partagée, on parle d'un incontournable de la rentrée, une chose est certaine il divise. Beaucoup d'avis sont soit dithyrambiques, remplis de louanges et d'autres sont assassins et détestent.
Pour ma part, j'avoue avoir eu du mal à lire ce court récit, je me suis accrochée, j'ai lu par moment à voix haute et mon sentiment est partagé.
Je n'ai pas aimé cet étalage de culture superfétatoire à mon goût. L'auteur aime à regarder son nombril, il est égocentrique, il ramène tout à lui avec un parisianisme un peu pédant, prétentieux. Je me suis souvent perdue dans les méandres de sa pensée, ne voyant pas toujours l'intérêt d'où il voulait m'emmener. C'était un peu trop décousu à mon goût.
Par contre certains passages m'ont happée grâce à l'écriture riche, raffinée, remplie de finesse et de subtilité.
Merci à l'éditeur pour cette découverte.
Ma note à l'image de ma critique mi figue-mi raison 5.5/10:
Les jolies phrases
L'ancien paraissait suivre le nouveau, la ruine précéder la construction.
Eva ramène par sa seule présence tout ce qui l'entoure à la candeur audacieuse et cruelle de l'enfance, elle qui s'est vue tant de fois abusée tente aujourd'hui d'abuser à sa manière des autres.
... les fracassantes surprises que donne la vie sont précédées d'un mauvais avant-goût, d'une tension préalable. L'amour naît dans la souffrance.
Au début d'un amour on fait des choses qu'on ne refera plus.
C'était un plongeon de l'être dans l'être que seul l'art permet quand il se mêle d'épouser la vie.
Tout se passait comme si nous avions décidé de commencer par le pire afin d'éprouver la solidité de notre amour.
Tu ne m'aimes pas, tu n'as jamais aimé personne, tu m'as épousée pour écrire un livre d'amour.
La seule issue que j'ai trouvé à ce dilemme était de prendre l'objet de mon amour, Eva, et d'en faire un livre.
Le passé d'Eva l'embellit chaque fois à mes yeux. Il lui rend cette densité surhumaine qu'ont les êtres sans âge.
Tu sais, tu peux me quitter, je n'ai pas peur d'être perdue, ça m'est arrivé si souvent.
Le plaisir de l'innocence a des armes ignorées du vice.
Il y a une part de foi dans l'amour qui se prononce de manière délibérée en soi comme un voeu. Il reste secret mais aussitôt énoncé il prend une valeur d'absolu. Il ne s'agit pas de dire "je t'aime" mais d'accepter au fond de soi d'aimer l'autre, c'est à dire de ne plus différencier le sort de l'autre du sien propre.
C'est son secret, son fond mystérieux, cette part très intime d'elle-même, plus intime que l'âme selon certaines sagesses.
Souffrir, s'intéresser, s'ouvrir au monde, c'est le rôle de l'enfant qu'elle torture en la rendant sublime. Ses plus belles photos sont les pires.
Elle criait trop fort pour ma timidité à l'époque, mais ce cri resté en moi a trouvé son écho, puis, encore bien des heures plus tard, l'écho de son écho, et l'amour a pu naître, comme toujours, du souvenir.
Ce tympan qui est au fond de chaque être, et qui marque la limite à ne pas franchir dans tout voyage, celle de la douleur et de la mort volontaire.
Une vie plus qu'une carrière, comment nourrir les ambitions quand on porte l'encombrement d'avoir déjà tant vécu ?
1 commentaire:
Une déception pour nous...
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