samedi 24 septembre 2016

Petit pays - Gaël Faye

Petit pays

Gaël Faye

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Grasset
Parution : 24/08/2016
Pages : 224
Format : 140 x 205 mm
Prix :  18.00 €
Prix du livre numérique: 12.99 €
EAN : 9782246857334

Prix Fnac


Présentation de l'éditeur

En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…


« J’ai écrit ce roman pour faire surgir un monde oublié, pour dire nos instants joyeux, discrets comme des filles de bonnes familles: le parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des bougainvilliers, les siestes l’après-midi derrière les moustiquaires trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les termites les jours d’orages... J’ai écrit ce roman pour crier à l’univers que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, que nous avions des bonheurs qui ne cherchaient qu’à le rester avant d'être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d’exilés, de réfugiés, d’immigrés, de migrants. »


Avec un rare sens du romanesque, Gaël Faye évoque les tourments et les interrogations d’un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu. Nourri d’un drame que l’auteur connaît bien, un premier roman d’une ampleur exceptionnelle, parcouru d’ombres et de lumière, de tragique et d’humour, de personnages qui tentent de survivre à la tragédie.

L'auteur nous en parle



dans la grande librairie


Mon avis

Immense coup de coeur.

Un premier roman pour Gaël Faye qui nous vient au départ du monde de la musique et du rap.

Il est comme son héros franco-rwandais.

Gaby (Gabriel) au début de son livre nous parle d'aujourd'hui. Il est en France, il a trente-trois ans.  Il a du mal à s'intégrer dans le pays de son père et a la nostalgie, l'envie d'un retour dans le pays de son enfance le Burundi.

Il est métis. Son papa est un entrepreneur français et sa maman est rwandaise exilée au Burundi depuis l'âge de quatre ans.

Du haut de ses dix ans, il nous raconte son enfance là-bas à Bujumbura avec sa soeur Ana.  Une enfance idyllique dans un pays superbe, il a l'innocence de l'enfance, tout est merveilleux pour lui et ses potes : Gino, Armand, les jumeaux et Francis , tous des enfants d'expats.

La douceur des mangues volées chez la voisine, leurs 400 coups.

Il ne comprend pas la différence entre les deux ethnies HUTU et TUTSIE.

Il sait que les Hutus sont plus nombreux et ont un grand nez, et que les Tutsis sont grands et maigres au nez fin comme sa maman, et ils cohabitent ensemble.  Mais très vite il sera confronté à la réalité et à la haine entre les deux ethnies.  D'ailleurs chez lui Prothée et Innocent se disputent parfois.

Il comprendra l'ampleur des différents qui les animent lors de la première élection démocratique du Président Ndadaye et quelques mois plus tard le 21 octobre 1993 lors du coup d'état.

Dans le pays d'origine de sa mère commence le génocide et l'horreur.  Il quittera alors de façon brutale le monde de l'enfance.

Un sujet dur, d'il y a plus de vingt ans, j'ai toujours en mémoire le massacre des Casques Bleus au Rwanda.  Un sujet brûlant toujours d'actualité aujourd'hui.

Gaby sera confronté au racisme, à l'exclusion, à l'atrocité de la guerre touchant de près la famille de sa maman.  Il devra fuir son pays, être déraciné.  La difficulté d'intégration, un pied en Afrique, un pied en France, difficile de se sentir chez soi, l'envie, la nostalgie du retour.

Ce sujet difficile est raconté d'une façon magnifique avec une poésie, une écriture nécessaire, indispensable qui m'a envoûtée.  J'ai dévoré ce récit.  Une très très belle découverte, docu, autobio-fiction.

Une plume à suivre qui fera parler d'elle j'en suis certaine.

Ma note  ♥♥♥♥♥





Les jolies phrases

Je viens de si loin que je suis encore étonné d'être là.

La poésie n'est pas de l'information.  Pourtant, c'est la seule chose qu'un être humain retiendra de son passage sur terre.

"Ça va un peu".  Parce que la vie ne pouvait pas aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé.

Quand tu vois la douceur des collines, je sais la misère de ceux qui les peuplent.  Quand tu t'émerveilles de la beauté des lacs, je respire déjà le méthane qui dort sous les eaux.

Plus tard, quand je serai grand, je veux être mécanicien pour ne jamais être en panne dans la vie. Il faut savoir réparer les choses quand elles ne fonctionnent plus.

Beurk ! Il n'y a que les blancs et les Zaïrois pour manger des crocodiles ou des grenouilles.  Jamais vous ne verrez un Burundais digne de ce nom toucher aux animaux de la brousse !  Nous sommes civilisés, nous autres !

Un spectre lugubre s'invitait à intervalle régulier pour rappeler aux hommes que la paix n'est qu'un court intervalle entre deux guerres.  Cette lave venimeuse, ce flot épais de sang était de nouveau prêt à remonter à la surface.  Nous ne le savions pas encore, mais l'heure du brasier venait de sonner, la nuit allait lâcher sa horde de hyènes et de lyacons.

Pour la première fois de ma vie, je suis entré dans la réalité profonde de ce pays.  J'ai découvert l'antagonisme hutu et tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d'un camp ou d'un autre.

Il suffira d'en tuer quelques-uns et tous les blancs de ce pays seront évacuées.  Cela fait partie de leur stratégie.  Les grandes puissances ne vont pas risquer la vie de leurs soldats pour celles de pauvres Africains.


Le Rwanda était devenu un immense terrain de chasse dans lequel le Tutsi était le gibier.  Un humain coupable d'être.  Une vermine aux yeux des tueurs, un cancrelat qu'il fallait écraser.

Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie.

Mon père disait que le jour où les hommes arrêteront de se faire la guerre, il neigera sous les tropiques.






Un petit bonus, en chanson





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