Lunch-box Emilie de Turckheim ♥♥♥♥♥
Gallimard
La Blanche
Parution : 14 janvier 2021
Pages : 256
Isbn : 9782072897849
Prix : 19.50 €
Présentation de l'éditeur
« La lunch-box est une bête pleine d’appétit. Elle grogne, elle n’en a jamais assez. Elle provoque chez la mère une pulsion de remplissage. Tout le vertige vient de la forme de la lunch-box : n’oublions pas que c’est une valise. C’est chaque matin la répétition du grand départ. La mère regarde son enfant s’éloigner de la maison et elle espère qu’il ne lui manquera rien. Ni pain ni amour. »
Dans la ville rêvée de Zion Heights, sur la baie du détroit de Long Island, un petit monde gravite autour de l’école bilingue : les mères délurées organisent des garden-parties, les pères, souvent absents, suivent de loin les affaires de la vie courante, les couples se font et se défont tandis que les enfants préparent le spectacle de fin d’année. Tous ont pour coqueluche Sarah, la professeur de chant, célèbre pour ses comédies musicales extravagantes. Jusqu’au jour où, par accident, elle bouleversera leurs vies et la sienne, à jamais.
Ce roman lumineux, où l’émotion affleure à chaque page, explore la manière dont chacun, témoin, victime ou coupable, surmonte l’irrémédiable.
L'auteure
Né(e) à : Lyon , le 05/10/1980
Biographie :
Emilie de Turckheim vit et écrit à Paris. Elle publie à vingt-quatre ans Les Amants terrestres.
Étudiante en doctorat de sociologie à Sciences Po, elle est visiteur de prison à la maison d’arrêt de Fresnes et modèle vivant pour des artistes peintres et sculpteurs.
Son expérience de visiteur à la prison de Fresnes lui inspire en 2008 "Les Pendus".
En 2009, elle reçoit le prix de la Vocation pour "Chute Libre", son deuxième roman et le prix Bel Ami 2012 pour "Héloïse est chauve".
Elle est modèle vivant pour des peintres et des sculpteurs, une expérience qu’elle relate dans "La Femme à modeler", paru en 2012.
En 2013, elle publie "Jules et César" et "Mamie Antoinette" aux éditions Naïve.
Elle reçoit le prix Roger Nimier pour "La disparition du nombril" (2014). "Popcorn Melody" est son huitième roman paru en 2015 aux éditions Héloïse d'Ormesson récompensé par le Prix des lycéens d’Île-de-France en 2016.
En 2018 "L'enlèvement des Sabines" chez Héloïse d'Ormesson et "Le prince à la petite tasse" chez Calmann-Lévy .
Source : Babelio
Mon avis
C'est un roman lumineux, magnifique qui nous parle d'un sujet très dur mais universel.
Le récit commence au Mans en France, Sarah Hopkins nous raconte à rebrousse temps son histoire, le drame de sa vie.
Flash-back dans les années 80, Sarah alias Jézu enseigne la musique dans l'école primaire franco-américaine de Zion Heights dans la splendide baie du détroit de Long Island. Elle emmène à l'école six enfants dans son Van deux fois par semaine.
Sarah est un peu la "star" de l'école. En effet, elle est célèbre pour ses comédies musicales, le spectacle de fin d'année, le moment fort de l'école.
Dans la première partie du roman, Emilie de Turckheim, dans ce récit inspiré d'un souvenir d'enfance, nous raconte la vie de cette petite communauté de français expatriés vivant dans un cadre idyllique, une vie un peu à la "Desperate Housewives". Les familles organisent des garden-parties entre voisins, s'investissent pour la fête de l'école, ce sera à qui rivalisera avec ses meilleures pâtisseries, c'est un milieu féminin, les hommes étant souvent absents pour leur boulot. Des couples s'ennuient, d'autres se forment,.. et les mères passent leur temps à remplir les "lunch-boxes" de leurs enfants. La vie... quoi !
Jusqu'au jour de l'irrémédiable, du drame, de l'accident...
C'est un roman polyphonique où chaque personnage a une voix bien spécifique, associée à un style d'écriture. La narratrice principale est Sarah ou Jézu comme vous préférez, elle se rémémore la fatidique journée, l'avant, l'après. Sa culpabilité la torture mais aurait-il pu en être autrement ?
Les masques tombent et chaque narrateur va montrer son vrai visage, sa vraie nature. Tout est dépeint avec beaucoup de psychologie, de finesse, de vraisemblance.
Ce sera la colère, la douleur, la haine, l'acceptation, le cheminement du deuil mais encore l'exclusion, le rejet mais aussi la fatalité, le destin, l'inéluctable.
L'écriture est remarquable, originale, musicale. C'est un récit que l'on lit en apnée.
C'est une caricature de la société américaine, de la vie de femmes esseulées, vivant en vase clos dans un décor de rêves mais aussi la descente aux enfers pour Sarah qui sera rejetée, montrée du doigt, bannie de la société.
Que peut-on faire contre l'inéluctable est la question. Ce récit c'est la peur de chaque mère, l'histoire de la vie synonyme dès le départ de la mort. Le sujet est difficile mais universel et c'est écrit de manière tellement belle, c'est émouvant, touchant.
Touchée en plein coeur , un gros coup de coeur que je vous recommande vivement.
♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Monsieur, dans la vie, il arrive qu'une chose foireuse entraîne une autre chose plus foireuse, et ainsi de suite, jusqu'au moment où, vous allez voir, quelque chose de bon va arriver.
Dès qu'on rencontre un enfant, on se prépare à sa disparition. Je ne le dis pas pour que mon enfer soit moins infernal. C'est comme ça. Les enfants meurent, leur vie est courte. Elle vole autour de nos têtes et ne se pose jamais.
Si un malheur doit arriver, il n'y aura rien à faire.
Pour que votre fille soit belle un jour, vous devez la laisser vous massacrer. C'est la définition de la maternité.
Je n'ai pas tué un enfant. J'ai causé sa mort.
Je me demande simplement comment font les poumons pour continuer à se remplir d'air. Comment fait le coeur pour battre. Pourquoi la vie ne s'en va pas d'elle-même ? Quand deux vieux s'aiment et que l'un meurt, souvent l'autre le suit. La vie a le tact de se retirer.
Quand on raconte des moments qui ne se racontent pas, on a l'air de mentir. Notre histoire était pourtant vraie.
Un accident est un problème de tempo. Un décalage. Il aurait suffi d'un battement supplémentaire de métronome pour que vos vies soient sauvées.
Kelly en savait long sur le mal que peut faire la vie. Elle savait que d'un jour à l'autre amis et voisins peuvent vous jeter des pierres, comme s'ils s'étaient exercés depuis l'enfance et que rien ne leur était plus naturel.
C'était écrit quelque part ? Fatalité, enchaînements d'événements. Comme au théâtre, les drames se trament. Ils ont une génèse. On ne meurt pas sans raison. On ne meurt jamais de vieillesse.
On me détestait comme on déteste les innocents.
En France, quand la fête de l'école approche, il y a deux espèces de mères : les mères qui font tout, et celles, infiniment plus nombreuses qui ne font rien. Pour des raisons statistiques, on appartient en général au second groupe.
Je me suis sentie flotter. J'ai pensé à toute cette agitation. Aux gestes que l'on fait au cours d'une vie.
Á l'importance que l'on donne aux choses sans importance, pendant que les jours s'envolent. Laëtitia m'avait demandé un jour : "Est-ce que le temps continue à exister si tout le monde arrête de compter ?"
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