Tableau final de l'amour - Larry Tremblay
La Peuplade
Parution : 19 août 2021
Pages : 216
Isbn : 9782924898987
Prix : 18 €
Présentation de l'éditeur
Librement inspiré de la vie du peintre Francis Bacon, Tableau final de l’amour fait le récit d’une quête artistique sans compromis, viscérale, voire dangereuse. Dans une Europe traversée par deux guerres s’impose la vision d’un artiste radical dont l’œuvre entière, obsédée par le corps, résonne comme un cri. S’adressant à l’amant qui lui a servi de modèle – ce « petit voleur inexpérimenté » qui, en pleine nuit, s’est introduit dans son atelier –, le narrateur retrace les errances de leur relation tumultueuse. Avec ce roman, rappelant l’érotisme de Bataille ou de Leiris, Larry Tremblay poursuit son œuvre de mise à nu de l’être humain.
Il ne fallait pas peindre la surface des choses, mais ce qu’elle cachait. Ne pas peindre l’espace, mais le temps. Ne pas peindre ton corps, mais sa mort.
L'auteur
Il a publié plus d'une vingtaine de livres comme auteur dramatique, poète, romancier et essayiste.
Grâce à une succession ininterrompue de nouvelles pièces (Leçon d'anatomie, Ogre, The Dragonfly of Chicoutimi, Le génie de la rue Drolet, Les mains bleues, Téléroman, Cornemuse, Le ventriloque, Panda panda, L'histoire d'un cœur…), son oeuvre est aujourd'hui reconnue au Québec et à l'échelle internationale.
En plus de sa production artistique, il enseigne le jeu et l'écriture dramatique à l'École supérieure de théâtre de l'Université du Québec à Montréal.
Mon avis
C'est un roman inspiré de la vie du très grand Francis Bacon, un peintre majeur dont l'oeuvre m'a toujours fasciné. Un peintre que l'on sent torturé, qui déstructure les corps, les rendant "mous", déformés.
Ce roman car c'est tout l'art de la plume de Larry Tremblay, est une fiction inspirée d'interviews de Bacon. Il met en lumière et en mots son art de peindre.
Écrit à la seconde personne du singulier, ce qui rend l'intensité encore plus forte, il s'adresse à George Dyer, personnage majeur de son oeuvre. Il nous permet de comprendre sa quête personnelle, artistique et amoureuse.
George Dyer est arrivé dans sa vie comme un voleur, une tentative de cambriolage qui se termine dans le lit de l'artiste. Il est celui avec qui il est en recherche, d'amour, de sexe, de violence , son modèle et au final son grand amour.
En partant des traumatismes de son enfance, de la violence des rapports avec son père et les hommes, on peut comprendre ce besoin de peindre, ses tableaux "torturés", lui qui enfant était rejeté et a beaucoup souffert.
En manque d'amour, son besoin de se détruire pour trouver la lucidité dans sa peinture.
Au fil du roman, on va découvrir une partie de son oeuvre, son processus de création et en parallèle de destruction. On suit également sa relation intense et complexe avec George Dyer jusqu'à sa disparition à deux jours de la grande rétrospective de Paris au Grand Palais.
C'est un texte à la fois cru et poétique, parfois déstabilisant tout comme les oeuvres du peintre. La plume est fluide et élégante, très belle. C'est une prouesse de mettre en mots tout l'art du peintre.
J'ai lu ce roman en admirant en parallèle les oeuvres du peintre et en relisant les faits majeurs de sa vie.
Á lire.
Ma note : ♥♥♥♥ 8/10
Les jolies phrases
Tu as ébranlé ma vie comme un coup de poing que je n'ai pas eu le temps de voir arriver.
J'ai su avant même de te connaître que je serais ta perte. J'avais besoin de ta déchéance pour peindre ce que j'avais dans le sang depuis les affres de mon enfance. J'étouffais.
Mais c'était de la chair d'enfant qui recevait la morsure des coups répétés. Et cette chair n'était pas en mesure de comprendre réellement ce qui se passait. Elle confondait le chaud et le froid, la douleur et le plaisir, elle les mariait, les fusionnait et accouchait d'une chose innommable, motte d'existence qui n'était pas tout à fait humaine.
Il ne fallait pas peindre la surface des choses, mais ce qu'elle cachait. Ne pas peindre l'espace, mais le temps. Ne pas peindre les corps, mais sa mort.
..Avoir été mon modèle avait constitué le seul accomplissement valable de ton existence. C'était ta plus grande fierté, tout le reste ne comptait pas. Ça te permettait de survivre, que des milliers d'inconnus à travers le monde regardent ton corps nu, déformé, tordu, vibrant, en slip, tourmenté, fracturé comme un miroir, cravaté, ta beauté coupée en deux, ouvert comme un oeil. Parce que tu avais le sentiment que toi aussi, tu pouvais les voir te regarder. Tu te sentais plus vivant dans mes tableaux que dans ta propre chair.
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