lundi 20 octobre 2025

L'homme qui lisait des livres - Rachid Benzine

 L'homme qui lisait des livres  -  Rachid Benzine





















Julliard
Parution : 21 août 2025
Pages : 128
Isbn : 2260056865
Prix : 18 €


Présentation de l'éditeur

Entre les ruines fumantes de Gaza et les pages jaunies des livres, un vieil homme attend. Il attend quoi ? Peut-être que quelqu'un s'arrête enfin pour écouter. Car les livres qu'il tient entre ses mains ne sont pas que des objets – ils sont les fragments d'une vie, les éclats d'une mémoire, les cicatrices d'un peuple.
Quand un jeune photographe français pointe son objectif vers ce vieillard entouré de livres, il ignore qu'il s'apprête à traverser le miroir. " N'y a-t-il pas derrière tout regard une histoire ? Celle d'une vie. Celle de tout un peuple, parfois ", murmure le libraire. Commence alors l'odyssée palestinienne d'un homme qui a choisi les mots comme refuge, résistance et patrie.
De l'exode à la prison, des engagements à la désillusion politique, du théâtre aux amours, des enfants qu'on voit grandir et vivre, aux drames qui vous arrachent ceux que vous aimez, sa voix nous guide à travers les labyrinthes de l'Histoire et de l'intime. Dans un monde où les bombes tentent d'avoir le dernier mot, il nous rappelle que les livres sont notre plus grande chance de survie – non pour fuir le réel, mais pour l'habiter pleinement. Comme si, au milieu du chaos, un homme qui lit était la plus radicale des révolutions.

Rachid Benzine


Rachid Benzine est islamologue. Il a déjà publié Les Nouveaux Penseurs de l’islam (Albin Michel, 2008) et Le Coran expliqué aux jeunes (Seuil, 2013) qui ont connu un grand succès.






















Mon avis

Il y a un mois que j'ai lu ce livre, et au moment de rédiger ma chronique, Nabil m'accompagne toujours au quotidien.  C'est un livre fort, puissant, magnifique, un livre teinté d'espoir et de résilience.

Julien Desmonges est un photographe français qui circule dans Gaza dévastée, tout est chaos, désarroi, désolation ;  immeubles éventrés, gravats, poussière fumante.  Au milieu de tout cela entre l'étal d'un boulanger et d'un cordonnier, une devanture avec des centaines de livres et un homme âgé s'accrochant à ses bouquins qu'il lit dans les décombres.

'Un vieux libraire accroché encore à ses bouquins qui lit à deux pas des ruines.  Comme si les mots pouvaient le sauver du bruit, de la souffrance, de la mort lente de la ville.'

Julien veut le prendre en photo, Nabil, le narrateur lui suggère de se rencontrer autour d'une tasse de thé et d'écouter son histoire.

'Mais n'y a-t-il pas derrière tout regard une histoire ? Celle d'une vie . Celle d'un peuple parfois.'

Il lui offre des livres ("La comédie humaine" de Malraux  et "La terre nous est étroite et autres poèmes" de Mahmoud Darwich) et lui suggère de les lire et de le revoir le lendemain.


Nabil Al Jaber va lui raconter sa vie, son histoire, celle de son peuple, de son pays. Nabil est né en 1948,  il est Palestinien, il a fait ses premiers pas dans un camp de réfugiés, il a toujours connu l'exode, la résistance, l'enfermement, la peur, la répression.  Il a toujours gardé l'espoir, a appris à accepter , les mots sauvent, aident, le théâtre lui a permis de comprendre la littérature, de saisir le pouvoir des mots salvateurs.

Un roman trop court, puissant, pudique sur la mémoire, la résilience.  Un style sobre et dépouillé, il va à l'essentiel.  Un texte bouleversant qui permet de voir la guerre par le regard de ceux qui la subissent.  Un hommage aux livres, aux mots qui permettent l'espoir, de voir une beauté dans ce monde en perdition.

A lire absolument.

Immense coup de coeur  ♥♥♥♥♥

 
Les jolies phrases

Vous savez, ici, chaque livre a son histoire et sa place réservée. Vous pouvez choisir, bien sûr.  Mais les livres, eux, choisissent aussi les lecteurs.

Le lecteur est un prisonnier consentant, attaché à l'illusion que chaque page tournée le libèrera.

On sous-estime toujours combien une occupation peut se substituer au monde.

Toute leur vie, bien des Palestiniens n'auront connu que ce traitement.  Et toute leur vie également, bien des Israéliens ne se seront représenté les Palestiniens que comme des terroristes.  Ces images inversées expliquent l'impossible réconciliation.

Lis lis jusqu'à perdre la raison.  Mais lis, petit frère, lis.


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