Avec plaisir, François
Ariane Le Fort
Date de parution 02/05/2013
Romans français (H.C.)
228 pages - 16.00 € TTC
Marie, professeur d'histoire de l'art à Bruxelles, est tombée amoureuse d'un mécanicien qui vit à l'autre bout du monde. Cette liaison insolite n'est pourtant pas la seule nouveauté de sa vie: son père, François, lui avoue qu’il a un amant et se mère, loin de vouloir divorcer, semble prête à accepter ce tardif coming out.
Au carrefour de toutes les confidences, Marie va devoir mener de front la nouvelle donne familiale : la fragilité de son lien pourtant passionnel avec son nouvel amant, les préjugés de son frère embourgeoisé, la solitude de sa mère et le nouveau visage que lui offre son vieux père, soudain rajeuni par un amour inattendu et exposé en plein jour. Sur un ton léger, mais non dénué de profondeur psychologique, l'auteur nous fait partager, avec humour et émotion, les étrangetés d'une vie moderne, où tragédies et cocasseries se côtoient.
Ariane Le Fort est l'auteur de plusieurs romans dontComment font les autres?, Beau-fils et On ne va pas se quitter comme ça? Elle a acquis une solide notoriété en Belgique où elle a obtenu le prix Rossel en 2003. Elle est chroniqueuse dans plusieurs magazines et professeur d'écriture.
L'auteur
Ariane Le Fort est belge, née à Mons le 18 juin 1960. Elle vit à Bruxelles.
Elle a obtenu le prix Rossel en 2003 pour Beau-Fils. En 2010 elle publie au Seuil "On ne va pas se quitter comme cela". Et en mai 2013 ce magnifique "Avec Plaisir, François"
MON AVIS
Un véritable coup de coeur. Première lecture d'Ariane Le Fort, cocorico, auteur belge qui en 2003 avait obtenu le prix Rossel.
Un roman qui m'a beaucoup émue et touchée. Des phrases magnifiques, d'une sensibilité énorme. Des mots choisis qui s'enchaînent, l'écriture est fluide emprunte d'humour et d'émotion. Sur un ton léger un sujet rarement mis en avant est abordé : l'homosexualité d'un homme vieillissant.
Deux histoires d'amour sont mises en avant.
François, père de Marie, fête se 80 ans, la fête se passe en Suisse. Il restera quelques jours de plus afin de vivre enfin sa passion avec Thomas. Il en sera épanoui, plus heureux comme le remarquera Marie un peu plus tard.
De son côté, Marie vit une autre histoire. Elle a rencontré Milo, mécanicien vivant à l'autre bout du monde, la plupart du temps. Ils se sont vus 15 jours et depuis l'amour est virtuel, échanges de messages et de textos, cet amour supportera -t-il le retour de MILO? n'est-ce qu'un feu de paille?
Nous allons vivre ces retrouvailles, cet amour ou passion naissante, mais comment évoluera cette passion ?? je ne veux en dire trop...
Marie a l'habitude de rencontrer son père de façon régulière au restaurant, car dit-il c'est vraiment l'occasion de se parler vraiment. Le sujet de son amour pour Thomas est difficile à aborder, il a déjà par le passé fait des allusions à ce qu'il ressent, et qu'il veut vivre pleinement à présent. Comment abordera-t-il le sujet, comment Marie, sa mère le vivront-elles ??
Avec beaucoup de finesse, de tact et petit à petit Ariane Lefort traitera le sujet avec énormément de délicatesse et d'amour. Cela viendra de façon très naturelle, spontanée, avec une belle aisance dans la réalité des ressentis des sentiments.
Magnifique, superbe, j'ai adoré. Une , plutôt deux belles histoires d'Amour au sens propre du terme. L'amour de sa mère, de Thomas, de Milo, de François et de Marie, mais aussi la passion et le bonheur lorsque vraiment on partage et vit les choses jusqu'au bout de ses envies.
9,5/10
Les jolies phrases
Le temps d'un voyage Genève-Bruxelles, ma mère avait disparu, comme aspirée
par un trou. Restait cette petite vieille en attente d'être aidée sans qu'elle ait même besoin de formuler la demande.
Baraqué comme un lutteur de foire, le pianiste avait joué Schubert de la même façon qu'un bûcheron amoureux aurait caressé une petite fille, c'était délicat et puissant, sans fioritures, implacable et sans appel, et, en sortant de la salle,mon père avait paru aussi amorti que moi.
Et puis soudain je l'ai vu, au bout du couloir, très loin, je l'ai reconnu instantanément malgré les doutes de mon père sur mes capacités, et bien qu'il se trouvât encore au-delà des portes d'accès au hall j'ai tout de suite vu que tout était intact, l'homme qui m'enchantait, les réjouissances passées et les réjouissances futures. Et ma joie était telle que j'ai failli tomber.
C'était un baiser accompli qui m'emportait exactement là où il voulait m'emmener à la fois effervescent et délicieusement calme, un baiser confiant, conscient de sa force tranquille qui me portait sans résistance. Je n'avais pas la moindre envie que ça s'arrête, pas la moindre, lui non plus d'ailleurs, ce baiser nous plaisait terriblement à nous deux, ça ne faisait aucun doute, on s'embrassait avec une délicatesse et une attention absolues.
C'était totalement inattendu. J'ai soudain éprouvé un sentiment de panique aussi subit qu'incontrôlable et j'ai vu, en un seul coup d'oeil brutal, ces quelques semaines choisies se métamorphoser en années, avec le même effroi que si, miniaturiste, on m'avait demandé de sur-le-champ me mettre à la fresque. Sans préparation d'aucun ordre. Sans même savoir si j'aurais assez de peinture pour la couvrir tout entière.
On ne tenait qu'à un fil, on n'avait pas d'enfant à élever, pas de maison à payer ensemble, pas de passé à préserver ni d'amis communs à se disputer, on n'avait pas grand-chose à sauver, voire rien, et ce rien pourtant pouvait voler en éclats,mais sans provoquer le moindre remous,ou si peu. C'était tellement facile à ce stade, peut-être était-ce encore plus simple d'en rester là plutôt que de poursuivre, ça demandait moins d'énergie.
Rien n'était jamais important, tout passait, simplement. Tout glissait. Zou.
Rien n'était jamais grave. Milo ne s'appesantissait pas. Un grand rire, on passait à autre chose. Zou . Rien n'était grave jusqu'au moment où tout finissait par foirer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire