dimanche 29 décembre 2013

RETOUR A PATMOS PATRICIA EMSENS

Patricia Emsens Retour à Patmos

Editions de Busclats

Septembre 2013
187 pages
Diffusé par Harmonia Mundi
ISBN 978--2-36166-018-5
15 euros


QUATRIEME DE COUVERTURE



Jean est mort et Marie, sa femme, se rend pour la première fois sans lui à Patmos. Patmos, c’était la maison de Jean, son enfance, ses amis, que Marie va retrouver non sans une certaine crainte. Dès l’arrivée sur l’île, les souvenirs l’assaillent : sa rencontre avec Jean, leur vie, la maladie, sa passion folle pour Pierre, metteur en scène et amant insaisissable avec lequel elle a partagé travail et amour avant que Jean n’entre dans sa vie puis à nouveau, plus tard. Et alors qu’elle avance, incertaine dans cette revisitation du passé, Pierre arrive, rejoignant à Patmos son frère et ses neveux en vacances.

Comme dans une tragédie antique, le destin brouille les cartes, et l’île est un théâtre où se joue la dernière scène d’une histoire qui attendait sa fin.
Patricia Emsens, née en 1954 en Belgique, compose ici un premier roman d’amour sensuel et sensible qui est aussi un hymne à la vie.

Un premier roman dans la sélection du prix Première.

MON AVIS

Un premier roman pour une auteur belge.


Hasard ou coïncidences ?


Marie meunier, femme de théâtre, metteur en scène à ses débuts, costumière au Natuional arrive avec les enfants à Patmos dans la maison de Jean son mari médecin décédé deux ans plus tôt.


Elle arrive avec beaucoup de craintes pour retrouver les amis d'enfance de Jean.  D'emblé les souvenirs l'assaillent.  Elle va revivre savie, ses souvenirs.


Jean a souffert dès son enfance du départ de sa mère pour un autre homme vivant à Athènes.  Il avait sept ans et jusqu'à ses 18 ans il viendra chaque été sur cette île.  Il y verra sa mère chaque été.  Le reste de l'année il vit en Belgique avec son père qui digne souffre en silence.  Cela l'a marqué Jean.  Il est enfermé dans sa douleur, cet abandon a laissé des traces, la cicatrice lui fait encore mal.   Cette histoire, il la contera à Marie lors de leur premier voyage à Patmos en 1993.


"Cette partie de sa vie, était si fragile que personne, même pas lui, ne pouvait y toucher."


Les enfants :


- Grégoire est l'aîné, le fils de Jean et Delphine, une erreur de jeunesse à qui il a voulu donner son nom et être présent.  Marie l'a connu qu'il avait sept ans. il veut faire le tour du monde.


"Il lui avait dit aussi de ne plus jamais parler "d'accident", la vie poussait là où elle pouvait. Parfois entre les pierres. C'est la vie qui décide, pas nous."


- Philippe et Louise.  Ils rencontrent des enfants sur la plage.  Hasard ou coïncidence ?, ce sont les enfants d'Augustin Battistoni, le frère de Pierre (aujourd'hui Dassonville) metteur en scène très célèbre vivant au Canada.  


Pierre débarque sur l'île et toute l'histoire de Marie refait surface.


En effet, Pierre était le grand amour de Marie avant qu'elle ne rencontre Jean.

Et si l'histoire se répétait? Si les cicatrices de Jean se rouvraient, sa crainte de revivre cela, enfermé dans sa douleur. 


Un parcours de vie avec ses joies, ses peines, l'amour, la passion, la trahison, l'abandon, la rupture, la maladie, le deuil, l'amitié, la mort....


Et si .... Que se serait-il passé si : 

- Jean était toujours là ...
- Augustin avec sa femme ?...
- Si Marie n'était pas venue sur l'île ?

Beaucoup de questions.


C'est un tout petit livre, 187 pages .  Il se lit d'un coup, d'une traite.  Les phrases sont courtes, incisives.  Un certain rythme d'écriture nous fait voguer de page en page, de vague en vague sur l'île de Patmos.  

C'est sensible, délicat, rempli de pudeur, de souffrance muette.  L'amour est cruel, la douleur est présente, on la ressent presque.

J'ai vraiment aimé ce premier roman émouvant sans pour autant être mélo.


Je vous le recommande.







LES JOLIES PHRASES


L'amour peut-il être si différent d'un homme à l'autre ? Et si oui, quelle femme est-elle, elle d'un homme à l'autre ?  La même ? Une autre ?


Il a la tête qui tourne.  Comme la terre.  Comme la terre qui tourne autour du soleil.


Elle pense au petit soldat de plomb.  

Elle se demande quelle était la couleur de son uniforme.
Elle se demande si le plomb fond, si le plomb dans l'âme fond complètement ou s'il en reste toujours quelque chose...

Elle hésite à se lever, à marcher pieds nus sur les tomettes rugueuses qui recouvrent les sols et à commencer ainsi à tracer un début de la vie sans Jean.



... Et je m'en veux quand les jours passent et que soudain je me rends compte qu'ils sont passés sans que j'aie pensé à lui, comme si je l'avais oublié.  Je n'oublie pas, Marie.  Je te jure.

- je te crois.  Continuer à vivre, ce n'est pas oublier ses morts.  Je crois même que c'est leur rendre hommage.  Je crois que c'est ce que ton père souhaiterait que nous fassions, vivre, continuer à vivre.  Ici, ailleurs...

La vie poussait là où elle pouvait.  Parfois entre les pierres.  C'est la vie qui décide, pas nous, il faut suivre le courant, avait-il dit.


Elle, aveuglée par son amour d'antan qui n'avait plus rien à voir avec ce qu'elle avait connu.  Le passé ne revient pas.  La route est devant nous, se disait-elle, trébuchante.


Quelque chose lâche, comme un ressort dont elle vient d'entendre le clic sans savoir ce que cela veut dire.  Elle a froid, elle se demande comment il faisait avant pour la réchauffer.  Il y arrivait toujours.  Qui des deux est en panne, elle ou lui, se demande-t-elle.  Elle croit encore que c'est peut-être elle


Septembre 2004, Marie vient de rentrer de Patmos où elle passe tous ses étés avec son mari et leurs enfants.  Elle rêve d'autre choses, elle ne sait pas de quoi.  Avant elle rêvait du théâtre dans une famille où personne ne r^vait.  Elle y est arrivée.  Pourquoi pas le reste ?  Se reconnaîtrait-elle si ce reste arrivait ?


Sa vie est comme une mer démontée qui vient se fracasser aux pieds de Marie.  Elle l'éclabousse.


Quand la digue est si fine, il ne faut pas s'en approcher.  Elle craque pour un rien.  Ce n'est pas le poids qui fait qu'elle craque.  C'est la minceur de la paroi.  Pas une vrai digue.


Jean ne se pose pas de questions. Jean ne la met plus en garde.  L'amarre est rompue.  Leur barque vogue au large.

Son timon flottant au creux d'une main distraite.
Jean ne dit rien.
Le courant les fait dériver.
Il ne sait pas où ils vont.
Il ne veut pas perdre sa femme, elle est tout ce qu'il a.
Il ne veut pas d'une femme qui le trompe.

Mon loup, elle l'appelle, mon loup ! Il a une peau de loup, un sourire de loup, une dent de loup.  Un loup apprivoisé pour elle, rien que pour elle.  Quelle illusion !

Carnassier sous son pelage d'hiver.
Carnassier sous son duvet de printemps.




1 commentaire:

marie a dit…

une lecture dont je garde un bon souvenir!