samedi 16 avril 2016

Césarine de nuit Antoine Wauters

Césarine de nuit

Antoine Wauters


























Cheyne éditeur
Parution : 2012
ISBN : 978-2-84116-177-5
Prix : 19 € - disponible
Collection :  Grands fonds
Publié avec le concours du Centre national du Livre et du Conseil régional d’Auvergne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Deuxième édition 2013 - Deuxième mille
Pages : 128
Format : 14,5 x 22,5 cm

Prix triennal de Littérature de la Ville de Tournai et prix Marcel Thiry


Extrait

À l’aide de cordes et de lacets, de petites choses à peine visibles qu’on fixe à ses chevilles, on attache la merdeuse. Au lit. À l’anneau suspendu. Au mur de fin crépi et qui érafle assez. On la lie aux mangeoires, au râtelier très sobre afin qu’elle se remplisse. Vide sa soupe et voilà, vide sa soupe et voilà, Césarine en est pleine et Césarine récure. Plonge dans la Javel ses mains comme deux petits pieds. Mal à Césarine. Mal à l’ange aux entrailles, et mal à l’autre enfouie, son enfance.


L'auteur : Antoine Wauters



Antoine Wauters (né en 1981 à Liège) est philosophe de formation. Il a enseigné le français et la philosophie de 2005 à 2008, année où paraissent ses premiers livres, notamment « Debout sur la langue » (Prix Emile Polak de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique, 2008). Convaincu que la littérature se transmet, en plus du support livre, par le corps et la voix, il fait régulièrement des lectures de ses textes, notamment à Bruxelles, Paris, Berlin, Beyrouth… Depuis 2010, il travaille également dans le domaine de l’édition et comme scénariste pour le cinéma (« A New Old Story », court-métrage d’Antoine Cuypers, avec le chanteur Arno, récompensé dans de nombreux festivals).
En 2012 et 2013, Césarine de nuit a été plusieurs fois porté sur scène par la comédienne Isabelle Nanty, en compagnie de l’auteur. Son roman "Nos mères" a remporté le Prix Première 2014.

Source BELA

Mon avis sur "Nos mères" et "Sylvia"



Mon avis


Une publication qui remue et ne laisse pas indifférent.


Césarine et Fabien sont jumeaux, un jour à l'image du "Petit Poucet", leurs parents les abandonnent. On ne veut plus d'eux. Ils ont douze ans à l'époque, ils sont en manque d'amour, c'est le rejet total. Ils sont fusionnels et ensemble ils vont essayer de survivre sous les ponts, sous les tôles.
Ils seront enfermés.  Césarine a frappé un homme de colère.  Ils sont séparés, ils se chercheront...

C'est violent, un récit à la chronologie perturbée, cela déstabilise.  C'est un texte dur avec des "mots doux" dit Antoine Wauters.

Un poème, un conte mais un conte cruel qui nous parle de l'abandon mais surtout d'une révolte de notre société intolérante prête à tout pour que l'on rentre dans les balises.  Une société qui refuse la différence.

Elle rêve d'amour, lui des mots, outil d'évasion, de liberté.

Un texte lumineux.  Une forme inhabituelle, j'ai eu un peu de mal à "rentrer dedans" à trouver le fil d'Ariane mais une fois dedans, je n'ai plus su le lâcher.

J'ai apprécié cette lecture commune dans le cadre du mois belge.

Découvrez les avis de Lili des BellonsMoglub,Anne L, Anne
Ma note  8/10

Les jolies phrases



Des feux.  Dans des  tonneaux.  A la
surface desquels sont  cuits et  dorés
sur la tranche les marrons glanés dans
les rues,  et réchauffés les mains,  les 
doigts,  tout le corps fracassé de nuit.
Des feux. Sous le pont. Dans les ton-
neaux à vin.  Des  feux qui les protè-
gent  d'un  mourir  soudain  dans  le
froid,  d'un finir brusque dans la jeu-
nesse.


Césarine bleue de peur.   Si tout à coup
 elle  court,  car elle  court  tout à coup,
 c'est  pour  échapper  à  l'emprise   des
 fusées,  aux bolides en  cagoule  de  la
 ville  aux  abois,  mordre au  cou,  aux
chevilles, échapper  aux  orvets du  tra-
vail et du temps, boucs filant mauvaise
mine et maladies de mort.  On  brûlera 
Césarine.   On l'attrape  un matin.  Il y
 a longtemps. Il n'y a plus rien.


3 commentaires:

Anne a dit…

Contente que vos ayez toutes apprécié, malgré ma propre froideur vis-à-vis de ce texte !

Lili a dit…

Tu as raison, malgré le sujet difficile, c'est un texte qui parvient malgré tout à être lumineux !

Mina Merteuil a dit…

Avec tous ces extraits, mon envie de lire Antoine Wauters est confirmée ; je crois que je privilégierai malgré tout Sylvia pour une première approche, une plus grande affinité avec ce sujet-là.