mardi 20 septembre 2016

Ce qu'elle ne m'a pas dit - Isabelle Bary


Ce qu'elle ne m'a pas dit

Isabelle Bary



Luce Wilquin
Sméraldine
Septembre 2016
256 pages
ISBN 978-2-88253-525-7
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur



Marie et Alex forment un couple en apparence conventionnel. Elle est une enfant unique et une chercheuse scientifique de 47 ans. Lui est un prof de philo converti en vendeur de soutiens-gorge, issu d’une famille généreuse et démonstrative. De leur union est née Nola, une jeune femme de presque 16 ans, hypersensible et en quête de sens. Leur quotidien semble banal, rythmé par le boulot, les disputes et les fous rires.

Ce petit train-train ronronne paisiblement, ponctué par des touches d’humour, mais certains détails nous montrent des failles. Les failles de Marie, plus précisément, avec lesquelles Alex et Nola semblent tenter de composer. Ayant peur de tout et étant touchée par des TOC, Marie caresse constamment la plume autour de son cou, offerte à sa naissance par son père.

L'auteur

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Isabelle Bary est née à Vilvorde en 1968, d’une maman mi-flamande, mi-anglaise et d’un papa bruxellois francophone.

Comme les chevaux, la lecture et le chocolat, l’écriture a conquis son cœur dès l’enfance, mais la possibilité de la vivre n’est venue que bien plus tard.

Ingénieur commercial Solvay, sa courte vie de « femme d’affaires » prend une tournure particulière en 1994: elle part, un an, sac au dos pour explorer le monde. Quelques années plus tard lui vient l’envie de conter cet événement, Globe Story paraît en 2005 aux Éditions Complicités.

Le virus est ancré. La plume ensuite ne la quitte plus. En 2008, un premier roman : « Le cadeau de Léa » aux Éditions Luce Wilquin (finaliste du Prix Première et du Prix Jean Muno) a séduit de nombreux lecteurs. Son second roman, « Baruffa », paraît en février 2009, chez le même éditeur. Luce Wilquin lui accordera aussi sa confiance pour le troisième « La prophétie du jaguar », paru en février 2011 et encouragé par l’Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique. En mars 2011, les Éditions Luc Pire lui proposent de participer à l’élaboration d’une nouvelle collection ayant pour but de stimuler le goût de lire auprès des voyageurs du train. C’est dans cet esprit que le roman « Braine Blues » paraitra en septembre 2011. Un cinquième roman « La vie selon Hope » est paru début février 2013, aux Éditions Luce Wilquin. Il a remporté le Prix Soroptimiste de la romancière francophone. « Zebraska » paraît en octobre 2014, aux Editions Luce Wilquin, avec le soutien de la Scam. Ce dernier roman connaît toujours un franc succès tant en Belgique que chez ses voisins francophones.

Au fil de l’écriture romanesque, l’auteure participe de façon régulière à l’écriture de plusieurs « collectifs » dont « Marginales », dirigé par Jacques De Decker et « J’écris ton nom », une collection des Éditions Couleurs Livres. En 2006, elle entame avec une amie photographe un travail sur les sans-abri de Bruxelles. Ce projet sur les démunis se concrétise en 2009 sous forme d’un beau livre : « Juste un regard » qui parait en novembre 2010 aux Éditions Avant-Propos.

En 2007, Hervé Broquet (Éditions Couleur livres) lui commande pour sa collection « Dialogues », la rédaction d’un livre sur l’humanité en médecine, avec la collaboration du Dr Jacques Brotchi. « Le malade et le médecin, une commune humanité » paraît en septembre 2008.

« Ce qu’elle ne m’a pas dit » (septembre 2016) est son sixième roman aux Editions Luce Wilquin.

Source : son blog


Mon avis


Marie est une belle blonde quadra aux yeux bleus, elle est mariée à Alex Fransolet.  Leur fille Nola est une belle brune aux yeux noirs.   C’est troublant, on dirait Barbie et Blanche Neige.
C’est une famille bourgeoise d’aujourd’hui avec une ado un peu rebelle. 
Marie a été élevée par sa grand-mère Mamysuzy, elle avait trois ans lorsque ses parents sont morts dans un accident.  C’est peu après le décès de sa grand-mère,  juste après la naissance de Nola il y a seize ans, qu’elle a reçu un dossier bleu contenant deux cahiers … qui lui révélerait ses origines et l’accident de ses parents.

Elle a lu le premier et découvert que son père était d’origine amérindienne.  Elle n’a pas eu la force de lire le second intitulé « l’accident ».  Un passé trop lourd, qu’elle a enfoui dans un de ses tiroirs, reportant toujours le moment de connaître la vérité.  Ne pas savoir, garder le secret… mais ce dossier la rongeait.

Nola a toujours connu ses origines INNUS, mais en grandissant elle éprouvait le besoin d'en savoir plus sur Lily et Maïkan, ses grands-parents.

Un jour, Marie l’a surprise par hasard dans une conversation chat avec Jeronimo, un INNU vivant au Canada. Nola faisait sa petite enquête et voulait savoir.  Plus possible pour Marie de reporter la vérité.  Mère et fille se sont parlées. Marie allait lire ce cahier mais voulait prendre le temps d’apprivoiser son histoire, petit à petit elle partagerait avec sa fille, tentant ainsi de se rapprocher et retrouver cette complicité perdue.

Ce cahier transcrit en italique dans le roman est le témoignage de Mamysuzy, son enquête sur l’accident.  Qu’est-il réellement arrivé à Lily et Maïkan en 1971 ?
Maïkan a des origines « innu », c’est l’occasion d’en apprendre plus sur ces amérindiens qui peuplaient une partie du Canada jadis.  Ils vivaient près de la nature, trappeurs dans les années vingt.  Une  minorité qui a perdu ses terres et ses droits car l’homme blanc a tout fait pour les « désindianiser », pour leur faire perdre leurs traditions, leurs croyances et même leur langue.  Ils ont souffert, été malmenés, victimes du racisme.  Difficile de leur donner une place dans la société.

Alors lorsqu’un métis et sa douce retournent au pays, près du Lac St Jean pour connaître leurs origines et défendre la culture innu, cela ne plaît pas forcément. 

Le secret de famille est distillé savamment tout au long de ce roman choral où Marie, Alex et Nola nous partagent leur ressenti. 
L’écriture est intelligente, vive, dynamique.  Ce secret de famille nous est peu à peu présenté comme un thriller, la tension monte peu à peu , on en a le souffle coupé, on veut savoir.  Cela fonctionne très bien, l’intrigue est bien menée.  La seconde partie se lit d’une traite, vous avez compris j’ai adoré, un joli coup de cœur de la rentrée.

Je pense que ce coup de cœur est partagé par Julie des Petites Lectures de Scarlett dont l’avis de notre LC se trouve ICI.










Les jolies phrases


Pour savoir qui on est, maman on doit savoir d'où on vient.

Ça vaut quoi une vie, Marie, si on ne peut même pas la raconter ?

Je ne veux pas apprendre qui je suis en une nuit.  On met des années à faire ça avec les enfants.


Désormais, ces silences sont comme des lames de rasoir qui cherchent à m’entailler la peau et, pour me défendre, je les utilise en retour. 

Pour Marie, se voiler la face était le seul moyen de nous (Nola, elle et moi) préserver de l’impensable, mais en réalité nous n’étions préservés que d’une chose : la vérité.

Les chandails sont décidément trop petits pour abriter la douleur des gens trahis.  Le mien me serrait si fort, je l’ai enlevé comme on ôte une pelure.

Marie, ne pas savoir qu’on ne sait pas est une chose.  Savoir qu’on ne sait pas est insupportable.

Ne plus avoir le choix, être privée de cette liberté de décider de savoir ou pas me débarrassait d’un poids.  J’ai compris alors que ce jour serait celui d’une délivrance, celui de la fin d’une légende et de sa suite de contraintes, d’artifices et de faux-semblants.  

Ce n’est pas la réalité qui cause nos pires cauchemars, mais l’écart qui sépare cette réalité de la fièvre de notre imaginaire.

Il fallait que tout le monde retrouve sa place.  Et avoir sa place, ce n'est pas que géographique, c'est aussi exister dans le regard de l'autre.  Il ne fallait pas que nous cessions d'exister.










2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu as tout dit : un joli coup de coeur de la Rentrée <3
Excellente pioche !

Titou a dit…

bien tentant !!!!